Asteria est toujours au bout de sa piste de glace, autrefois utilisée comme patinoire improvisée. Son air est grave. De ses yeux humides, des larmes chaudes s’échappent, coulent le long de ses joues. L’écart de puissance entre les deux amies est sans appel et elle le sait. Elle va la perdre et ce sera de sa faute. Jusqu’à la fin de ses jours elle devra vivre avec ce poids et ça la pèse. Son coeur brisé à jamais, elle ouvre grand ses ailes, comme suspendue dans le temps durant ces longues secondes de répit qui lui sont accordées pendant qu’Alice se débarrasse de ses stalagmites. Lentement, elle écarte les bras, tel un ange déchu prêt à accueillir sa sentence sans aucune résistance. Face à l’inévitable issue de ce combat, elle accorde à son amie l’occasion de la punir pour le crime qu’elle va commettre.
« Je suis tellement, tellement désolée... »
Ses larmes ne cessent de couler. Comme en écho à leur tristesse, le ciel se déchire et la pluie tombe sur le champ de bataille, balayant ses joues, emportant sur son passage les perles de chagrin.
Asteria s’élance, avec toute la vitesse que lui confère l’art de glisser avec adresse dur la glace. Elle est si vive, qu’il est presque impossible d’éviter la totalité de ses attaques. Ses assauts sont nombreux et sa lance tranche, transperce. L’Argentée manie son arme avec élégance, comme une majorette le ferait avec son bâton. Mais plus que tout, ce sont des points stratégiques qui sont visés, des organes vitaux, des artères… Comme promis, elle s’emploie à ce que cela soit rapide afin que son ennemie du jour souffre le moins possible. Elle-même est touchée et son sang s’écoule là où les balles ont pénétré sa chair, mais la douleur n’est rien en comparaison de celle qui broie son coeur.
Si la vie lui permet, les années passant, elle espère trouver la paix. «
Tous ces moments, se perdront dans l’oubli, comme les larmes dans la pluie. » Il est temps, pour l’une d’elles, de mourir.