Shunshō Hirō
Données Spirituelles
Grade: Capitaine de la 4ème division
Ven 2 Sep 2022 - 9:54 - Shunshō Hirō - 春宵 火浪
Shunshō Hirō - 春宵 火浪
Race Shinigami
Âge 245 ans (environ)
Grade Capitaine de la 4ème division.
Pouvoir
Shikai - Éclot, Fukuhana
Manteau végétal recouvrant le corps du shinigami permettant de booster ses compétences curatives et de lutter contre certaines afflictions. Sous son shikai, ses soins prennent la forme de fleurs aux multiples couleurs.
Bankai - Épanouis toi, Fukuhana
Le manteau végétal est accompagné de deux orbes qui lévitent de chaque côté du Capitaine, tel un soleil et une lune. Chaque orbe possède un pouvoir particulier, tantôt lié à la vie, tantôt à la mort.
Manteau végétal recouvrant le corps du shinigami permettant de booster ses compétences curatives et de lutter contre certaines afflictions. Sous son shikai, ses soins prennent la forme de fleurs aux multiples couleurs.
Bankai - Épanouis toi, Fukuhana
Le manteau végétal est accompagné de deux orbes qui lévitent de chaque côté du Capitaine, tel un soleil et une lune. Chaque orbe possède un pouvoir particulier, tantôt lié à la vie, tantôt à la mort.
Description
Je sais tout de toi, Hirō. Tu es semblable à ton nom, une flamme errante réchauffant les cœurs, éloignant la noirceur. Pourtant, toi aussi tu as longtemps erré, peinant à t’extirper des ombres dans lesquelles tu étais plongé. Aujourd’hui, cette part de toi est aussi un peu en moi. Elle est la face sombre de nos âmes entremêlées. Mais de cela, tu ne montres rien car le monde brisé dans lequel j’ai évolué s’est apaisé. A présent, les fleurs recouvrent ces plaines verdoyantes mais demeure le vestige de celui que tu étais dans cette tour brisée.
Cette tour dans laquelle je m’étais réfugiée pendant tant d'années.
J’ai tant crié mon nom qui ne parvenait à t’effleurer. Encore et encore à hurler ce que tu ne cessais de repousser. Toi qui avais perdu ton monde par la lame d’un Zanpakutō, comment avais-je pu croire que tu m’entendrais ? Que tu m’écouterais ? Tu ne daignais pas même me porter à ton côté. Alors j’ai attendu, encore et encore, si longtemps à observer ton monde brisé avec tes ombres pour seules alliées.
Mais ce monde n’est plus. Apaisé, il resplendit avec douceur. Avec chaleur. A ton image, il réconforte et émerveille, s’émerveille des curiosités qu’il peut croiser, avec lesquelles il peut se lier. Tu te gorges des autres comme peuvent le faire ces plantes qui s’épanouissent à la lumière et au contact de l’eau. Ils sont ta raison d’être, et préserver leur vie, la mission que tu chéris.
Celle pour laquelle tu vis aujourd’hui. Et je suis là avec toi pour que tu l’accomplisses.
Éclos, Fukuhana.
Un sourire glisse sur mes lippes alors que ta voix parvient jusqu’à moi, entonnant le chant de ma libération. Sur tes épaules vient s’épanouir un manteau verdoyant de feuille et de fleur qui recouvre ton corps, faisant disparaitre à la vue de tous le Haori blanc de capitaine qui te sied pourtant. Dans des gestes maintes fois répétés, tu attaches ta longue chevelure pâle comme la lune et reprends ton examen concentré. Tes prunelles améthystes examinent ton patient souffrant alors que viennent naître sur les plaies béantes, des myosotis à la teinte blanche. Elles naissent de notre pouvoir et parviennent à faire cesser le flot du sang qui ne cessait de s’écouler.
Ensemble, nous parvenons à le stabiliser, apaiser le mal qui sévit. Dans ton cœur, le soulagement se dispute à l’épuisement et à d'autres sentiments qui demeurent emprisonnés. Aujourd’hui n’est pas un jour ordinaire pour toi.
Hirō…
Tu me rassures d’un sourire et de quelques paroles que je suis seule à entendre. Ton regard se porte sur la shinigami face à toi, une de tes subordonnées avec qui tu échanges. Ta voix est douce mais ferme, expert dans ton domaine, la jeune femme se laisse guider par tes mots. Ici, dans ce monde, tu es la plus haute autorité pourtant, tu n’as pas tant changé. Tu dégages cette aura particulière qui attire les gens telle les corolles d’une fleur pâle attirant les regards. Iréelle. Une fleur rare s’épanouissant par delà le sang que tu devrais pourtant verser.
Mais tu n’es pas un combattant. Tu ne l’as jamais été.
La shinigami face à toi acquiesce finalement à tes ordres donnés, et prend le relais auprès de ce patient. Tu demeures plusieurs minutes encore seul, le regard perdu dans des pensées que tu ne peux me cacher. Silencieusement, le manteau disparaît alors que la lame à ton côté réapparaît. A présent, tu ne m’oublies jamais.
Tu devrais y aller.
Tu sembles reprendre conscience à mes mots murmurés. Un sourire de nouveau s’épanouit sur tes lèvres.
Tu as raison. Merci pour ton aide Fukuhana.
Aucun son ne s’échappe de mes lèvres, mais tu sens parfaitement ma satisfaction. Ta mission est la mienne, par extension. Après tout, je suis née de ton désir de préserver la vie. Tu es mon maître et je suis l’esprit de la lame qui en est né. Indissociable.
Je suis la fleur bénie de la flamme errante.
Cette tour dans laquelle je m’étais réfugiée pendant tant d'années.
J’ai tant crié mon nom qui ne parvenait à t’effleurer. Encore et encore à hurler ce que tu ne cessais de repousser. Toi qui avais perdu ton monde par la lame d’un Zanpakutō, comment avais-je pu croire que tu m’entendrais ? Que tu m’écouterais ? Tu ne daignais pas même me porter à ton côté. Alors j’ai attendu, encore et encore, si longtemps à observer ton monde brisé avec tes ombres pour seules alliées.
Mais ce monde n’est plus. Apaisé, il resplendit avec douceur. Avec chaleur. A ton image, il réconforte et émerveille, s’émerveille des curiosités qu’il peut croiser, avec lesquelles il peut se lier. Tu te gorges des autres comme peuvent le faire ces plantes qui s’épanouissent à la lumière et au contact de l’eau. Ils sont ta raison d’être, et préserver leur vie, la mission que tu chéris.
Celle pour laquelle tu vis aujourd’hui. Et je suis là avec toi pour que tu l’accomplisses.
Éclos, Fukuhana.
Un sourire glisse sur mes lippes alors que ta voix parvient jusqu’à moi, entonnant le chant de ma libération. Sur tes épaules vient s’épanouir un manteau verdoyant de feuille et de fleur qui recouvre ton corps, faisant disparaitre à la vue de tous le Haori blanc de capitaine qui te sied pourtant. Dans des gestes maintes fois répétés, tu attaches ta longue chevelure pâle comme la lune et reprends ton examen concentré. Tes prunelles améthystes examinent ton patient souffrant alors que viennent naître sur les plaies béantes, des myosotis à la teinte blanche. Elles naissent de notre pouvoir et parviennent à faire cesser le flot du sang qui ne cessait de s’écouler.
Ensemble, nous parvenons à le stabiliser, apaiser le mal qui sévit. Dans ton cœur, le soulagement se dispute à l’épuisement et à d'autres sentiments qui demeurent emprisonnés. Aujourd’hui n’est pas un jour ordinaire pour toi.
Hirō…
Tu me rassures d’un sourire et de quelques paroles que je suis seule à entendre. Ton regard se porte sur la shinigami face à toi, une de tes subordonnées avec qui tu échanges. Ta voix est douce mais ferme, expert dans ton domaine, la jeune femme se laisse guider par tes mots. Ici, dans ce monde, tu es la plus haute autorité pourtant, tu n’as pas tant changé. Tu dégages cette aura particulière qui attire les gens telle les corolles d’une fleur pâle attirant les regards. Iréelle. Une fleur rare s’épanouissant par delà le sang que tu devrais pourtant verser.
Mais tu n’es pas un combattant. Tu ne l’as jamais été.
La shinigami face à toi acquiesce finalement à tes ordres donnés, et prend le relais auprès de ce patient. Tu demeures plusieurs minutes encore seul, le regard perdu dans des pensées que tu ne peux me cacher. Silencieusement, le manteau disparaît alors que la lame à ton côté réapparaît. A présent, tu ne m’oublies jamais.
Tu devrais y aller.
Tu sembles reprendre conscience à mes mots murmurés. Un sourire de nouveau s’épanouit sur tes lèvres.
Tu as raison. Merci pour ton aide Fukuhana.
Aucun son ne s’échappe de mes lèvres, mais tu sens parfaitement ma satisfaction. Ta mission est la mienne, par extension. Après tout, je suis née de ton désir de préserver la vie. Tu es mon maître et je suis l’esprit de la lame qui en est né. Indissociable.
Je suis la fleur bénie de la flamme errante.
Histoire
Des cieux azurés s’étendant à perte de vue. Un soleil haut et éclatant. Une brise qui fait danser les feuilles des ginkgos qui bordent le chemin que je traverse et qui captivent un instant mon attention. Les flots du temps s’écoulent comme ce vent léger. Mes lippes s’ourlent d’un doux sourire en réponse alors que la nostalgie embrume mon être.
Ce temps qui continue de glisser entre mes doigts. Insaisissable.
Mes paupières s’éteignent, un sourire en coin venant habiller mes lèvres. Le temps s’écoule. Invariable. Mes pas reprennent, la rêverie s’éteint pour ne plus laisser qu’un homme avancer sur son chemin. Mon regard pourtant s’attarde sur chaque détail qui accompagne ma marche. Cet arbre dont les feuilles dansent au gré du vent. Ces fleurs offrants aux résidants leurs éclats chatoyants. L’écho du ruissellement de l’eau rythmant le shishi odoshi claquant. Et là, dans cet endroit où seuls des cailloux résidaient il n'y a pas si longtemps se présente à mes yeux un parterre d'œillets aux teintes délicates. Des dégradés harmonieux qui m’attirent à l'instar de ce papillon qui déposera ses ailes sur les premiers pétales venues. Mes doigts s’avancent, effleurent ces corolles et le temps suspend son vol.
« Je t’attendais. » Cette voix familière me sort brusquement de ma contemplation silencieuse. Mon regard se tourne finalement vers le coupable de mon trouble. Un homme de haute et noble stature, droit, le regard noir et franc, des cheveux sombres parcemés de pales et attachés lâchement. Un kimono simple aux teintes bleues marines l’habille, là où j’ai gardé ma tenue de fonction, le haori blanc désignant mon rang recouvrant mes épaules. Il est le yin là où je suis le yang. Il est mon bienfaiteur. Mon professeur. Mon ami. Takatsukasa Shun. Nulle surprise ne s’affiche sur mon visage, puisque après tout, je me trouve dans le jardin de sa demeure. Je lui offre cela dit un sourire avant de m’accroupir face aux fleurs. « Elles sont très belles. Elles n’étaient pas là l’année dernière.» Je sens son regard sur moi alors que mes doigts viennent saisir délicatement l’un des œillets épanouies. « Oui. Tu as de la chance, elles ont éclos il y a quelques jours. » Mes prunelles s’éteignent un instant et devant mes paupières closes s’attardent l’ombre d’une silhouette. Un sourire. Lorsque mon regard se pose de nouveau sur les fleurs, l’éclat de mes yeux s’est teinté de nostalgie.
Les œillets seront toujours des fleurs à part pour moi.
Je me redresse lentement, offrant à mon hôte désigné, un sourire en guise de salut. « J’ai pris quelques douceurs. » Il observe mon baluchon de tissus, amusé, m’invitant à le suivre jusque dans sa demeure. « Tu as amélioré ta recette ?» Un rire s’échappe de mes lèvres en réponse. « Tu sais bien que non. » Son sourire est plus franc mais se teinte d’une émotion que je connais trop bien. Elle enfle dans mon cœur alors que mes prunelles attrapent une dernière fois les pétales délicats des œillets en floraison.
Non, ce ne serait plus pareil si je l’améliorais.
Une servante s’approche de mon ami qui lui donne ses ordres avant que nous nous dirigions tranquillement vers l’engawa de sa demeure pour nous y installer. L’attention me touche. D’ici, le jardin sera un tableau qui agrémentera agréablement notre conversation. La dame s’approche de moi alors que je lui remets mes effets. « Il y a également une boîte avec une tisane pour votre maîtresse. Une petite cuillère pour une tasse d’eau chaude. Idéalement après ses repas. Il est important qu’elle ait mangé avant de la boire. » Elle récupère précieusement le sac de tissus et se penche bien bas. « Bien Monseigneur. » Je lui offre un sourire pour toute réponse, habituée à la politesse des serviteurs de la maison des Takatsukasa. Lorsque je m’assoie face à mon hôte, il me gratifie d’un sourire reconnaissant. « Merci Hirō. » Un sourire en retour. « C’est dans mes prérogatives, tu n’as pas à me remercier. » Après tout, depuis que j’avais évolué au sein de la 4ème division, j’étais devenu par la force des choses leur médecin attitré. Mon évolution n’avait rien changé à cela.
C’était la moindre des choses.
« Comment va-t-elle ? » La mine grave de mon ami se fend d’un soupir et dans la tension de son corps, j’entraperçois tout son mal. Dans ses yeux se perdent l’éclat du chagrin et de l’impuissance. « Cela dépend des moments. Elle est toujours absente la plupart du temps, le regard fixé dans un ailleurs qui m’est inaccessible. Mais parfois, elle revient à elle et il lui prend des envies qui me rappelle celle qu’elle était. » Il pointe de la main le parterre d'œillets que nous apercevions de notre place. « C’est elle qui a voulu que nous les plantions. Elle était si heureuse lorsqu’elles ont éclos. Je l’ai aperçu quelques fois les contempler en silence avec ce sourire au lèvre qui me rappelle tant de choses. » Mes prunelles se teintent d’un rien de tendresse mêlé de peine.
Himeko, la femme de mon ami, n’était plus la même depuis le jour où ils ont perdu leurs enfants. Depuis une vingtaine d'années à présent, elle avait sombré dans une profonde mélancolie de laquelle personne ne parvenait à l’extirper. Pas même moi, avec toutes mes connaissances et mes compétences médicales, n’étaient parvenu à soigner l’âme de celle à qui je devais tant. Je ne désespérais pas pour autant.
« C’est une belle amélioration. Il y a quelques années, nous ne parvenions même pas à la faire sortir de sa chambre. A présent, elle marche dans les jardins et elle s’intéresse aux fleurs. C’est encourageant. » Il m’offre un sourire en retour, mais je sens sa lassitude et sa fatigue alourdir le poids qui pèse déjà sur ses épaules. Un noble dont la femme est ainsi affligée doit subir une double peine. Seul face au monde, il ne peut se relâcher face à nul autre que lui-même, sans personne à qui se confier dans l’enceinte de sa propre demeure. Tout du moins, c’est ce qu’il s'évertue à penser. « Je reviendrais l’examiner demain matin si cela te convient. Tu pourras être là ? » Il réfléchit un instant avant d'acquiescer. « Je dois être à l'académie avant 10h, donc si tu peux venir avant, je serai présent.» Mon sourire se fait plus prononcé. « Parfait. J’en profiterai pour t’examiner également. »
Un rien de surprise glisse sur son faciès mais bien vite, il secoue lentement la tête pour refuser poliment. « Je vais bien, ce n’est pas nécessaire. » Sur cette réponse que j’attendais, la servante revient nous servir le thé et ramener dans une jolie assiette, les quelques manjus que j’avais confectionnés. L'assiette est toujours plus élégante et raffinée que mes créations, ce qui a l’habitude de m’amuser. Cette fois ne fait pas exception. « Merci. » La dame s’incline et nous laisse de nouveau, mes prunelles s’attardent quelques instants sur la tasse dans laquelle le breuvage verdoyant mousse encore. Mes doigts viennent la récupérer, mon nez apprécie l’odeur avant de goûter le thé du bout des lèvres. Je repose la tasse avec douceur. « Excellent, comme toujours. »
Mon hôte sourit mais ce sourire disparaît bien vite quand je reprends là où nous nous en étions arrêtés. « Je t’examinerai demain matin Shun. Et si tu refuses, je ferai part de mes inquiétudes à ta hiérarchie. Tu seras donc convoqué à l’hôpital et tu seras soumis à un examen médical complet par une équipe médicale compétente. Peut-être même du capitaine lui-même, si il n’a pas d’urgence à gérer. » Je lui offre mon plus beau sourire, et en retour, son visage imite à la perfection un homme venant de croquer à pleine dent dans un citron. Il sait parfaitement que je suis capable de mettre ma menace à exécution. Je l’avais déjà fait il y a plusieurs années, et à l’époque, je n’étais qu’un bas siège dans la 4ème division. Le retentissement serait bien différent maintenant que je suis capitaine, et Shun n’est pas assez stupide pour l’ignorer. « Évitons nous à tous deux de perdre du temps en papier et en circonvolutions mon ami. »
Il soupire, abandonnant la partie en se repliant derrière sa tasse de thé qu’il vient porter à sa bouche. « J’oublie parfois à quel point tu peux être retord, Hirō. » Un léger rire s’échappe de mes lèvres à ses mots. « Je vais prendre ça pour un compliment. » Il est probablement l’un de ceux qui me connaît le mieux au Seireitei. Nombreux sont ceux qui pensent que je ne suis qu’un médecin avenant et sociable, et ça ne me dérange pas qu’ils continuent de le penser.
« Tout se passe bien à l’académie ? » Autant reprendre sur un sujet plus neutre. Je le vois glisser vers moi une oeillade avant de me répondre. « Oui. Il y a de bons profils dans les promotions avancées. » Une lueur d’intérêt vient éclairer mes prunelles alors que je me penche légèrement en avant. « Oh ? Des profils doués en Kidō ? » Il sourit, porte sa boisson à ses lèvres et prend le temps de boire tranquillement avant de daigner me répondre. « Il y en a quelques un oui. » Cela m’oblige un instant à l’introspection.
La division 4 est rarement celle qui attire le plus de profils, mais ceux qui peuvent évoluer le plus rapidement en son sein sont ceux qui ont des facilités en Kidō. Bien sûr, ils ne sont pas les seuls et en réalité, toutes âmes intéressées est la bienvenue mais ma division, pour ainsi dire, intéresse peu. « Il faudrait que je vienne te rendre une visite. Ça fait un moment que je ne m’y suis pas rendu. » Mes paroles le font sourire. « Des difficultés de recrutement ? » J’hausse les épaules, un rien désabusé mais néanmoins habitué par cette réalité. « Rien de bien différent de d’habitude. » Il n’est pas sans savoir les réputations des différentes divisions. Néanmoins, parler avec ces shinigamis à venir permet parfois de leur montrer une autre voie possible. Une voie qu’ils n’entrevoient pas toujours. Moi même, je ne l’avais pas perçu à l’époque, cette autre voie. Une voie qui n’est pas foncièrement faite de combat et de lame, avec lesquelles je n’ai jamais été le plus à l’aise. D’autant plus à cette époque où leur simple vue me rebutait.
Enfin, la cinquième division m’avait tout de même bien accueilli et être au côté de mon bienfaiteur, celui qui m’avait poussé à devenir un Shinigami m’avait rassuré. Rassuré… ce n’est peut être pas le meilleur terme en réalité.
Qu’aurai je pû faire d’autre à l’époque, que de suivre une voie qu’on avait déjà tracée pour moi et dans laquelle je n’avais qu’à avancer. Sans réfléchir. Sans penser.
« Tu as beaucoup changé depuis que nous nous connaissons. Qui aurait cru lorsque nous nous sommes rencontrés que tu atteindrais ce rang. » Mon regard se pose sur mon ami dont les prunelles contemplent, sans réellement le voir, le jardin qui nous fait face. Aujourd’hui plus qu’un autre jour est propice à la nostalgie. A la réminiscence. Un chagrin diffus berce mon cœur et mon visage se teinte de couleurs semblables aux siennes. « Oui. C’était il y a 230 ans à présent. » Mes doigts glissent sur la tasse dans laquelle se repose mon breuvage et mon esprit se perd dans les souvenirs. Malgré le temps passé, malgré les années, je n’ai rien oublié de ce jour. « Déjà. » Je lui offre un sourire qui a perdu de son éclat. « Oui, le temps passe vite. »
Le silence s’étire. Indéfini.
Un anniversaire que j'honore chaque année. L’anniversaire d’une rencontre mais surtout d’une séparation… Et la disparition d’un monde qui s’est brisé entre mes doigts, mais qui a fini par renaître après de longues années d’errance dans un monde qui avait perdu son sens. Tant de choses se sont passées depuis ce jour, et aujourd’hui encore, il ne m’est pas si aisé de me souvenir de chaque embranchement de mon parcours. Mais elle, je ne pourrais jamais l’oublier, car c’est pour elle que je vis.
Mon regard jusqu'alors plongé dans mes souvenirs finit par accrocher les petites brioches que j'ai cuisiné. Mes doigts attrapent la plus proche avant que je ne vienne tranquillement y goûter. Je ne peux pas vraiment dire que je suis un excellent pâtissier mais cela la contentait. La ravissait même. Elle adorait la pâte de haricot rouge et moi, j’aimais juste lui faire plaisir. Goûter à ces brioches fourrées me ramène plus de deux cent ans en arrière, dans une maisonnée du Rukongai entourée de tant d’autres si semblables et pourtant, en tout point différente. Je peux presque l’entendre.
Objectivement pourtant, il ne l’était pas vraiment. Mais cela n’avait pas d’importance pour elle. Mes pensées continuent de dériver jusqu’à ce que la voix de mon ami ne me fasse reprendre le fil du temps. « Et pour toi, comment ça se passe dans ta division ? » Il me faut quelques secondes pour assimiler sa question et éparpiller les souvenirs qui embrument encore mon esprit. « Et bien, je dirais que ça tourne pas trop mal jusque là. » Il hausse un sourcil circonspect. « Jusque là ? » Je dodeline un moment de la tête en croisant les bras sur mon torse. « Disons que pour le moment, je n’ai pas de rébellion sur les bras, ou de rapport qui implique des problèmes majeurs au sein de ma division. Ce qui est plutôt positif ! » Le petit sourire qui orne ses lèvres me fait bien comprendre que ma réponse l’amuse. « C’est une façon de voir les choses. » Je secoue mon index en l’air. « Une très bonne façon, si tu veux mon avis. » Je préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Bien sûr, il y a des frictions et des problèmes qui nécessitent que je doive intervenir mais c’était la vie de gradé et je m’y étais fait. Après tout, je l'avais choisi en mon âme et conscience, cette voie.
Je viens reprendre ma tasse entre mes doigts pour reprendre un peu du breuvage avant de continuer, l’air plus sérieux. « Je ne me plains pas. Ce n’est pas toujours facile, mais je connais bien ma division. Ils se sont habitués à ma façon de faire et ça se passe bien. Et maintenant que j’ai un Vice Capitaine, je peux retourner beaucoup plus régulièrement à l’hôpital et à l’orphelinat.» Avant ma promotion, je passais le plus clair de mon temps dans le premier et mon temps libre dans le second. Depuis, mes priorités avaient dû évoluer car il fallait s'occuper du vide que la capitaine avait laissé. Sa mort était arrivée si brutalement qu’elle avait jeté sur la division tout entière un malaise indiscernable. Kotetsu Isane était une figure emblématique de la 4ème, tout comme avait pu l’être la Capitaine Retsu Unohana avant elle. Leurs disparitions avaient été un coup dur.
Pour avoir servi sous ses ordres de nombreuses années, il n'est pas aisé d'être comparé à elles.
« Tu aurais dû nommer un vice capitaine bien plus tôt.» Je grimace. « Je sais, on n'a pas arrêté de me le répéter. » Mais je devais légitimer mon propre statut avant de pouvoir imposer un subordonné à ma division. Je n'étais pas mes prédécesseurs. Après tout, je n’étais qu’un siège à l’époque et pas parmi les plus hauts qui plus est. Mais les avis avaient évolué depuis, même si je ne pouvais pas toujours faire l’unanimité.
La conversation continue, suivant les flots de nos pensées et de nos envies. Ce jour est marqué par ce même rituel que je répète inlassablement. Encore et encore. Alors vient le temps où je prends congé, car cette journée n’est pas finie. Mon ami m’accompagne, sa servante prenant soin de me rendre les quelques manjus restants dans mon ballotin de tissus. Je lui offre un sourire pour tout remerciement et je me dirige vers la sortie en passant par les jardins. Mon regard s’attarde toujours sur ces fleurs dont je veux capturer les couleurs une dernière fois.
« Tu penses qu’elle les aurait aimés ? »
Mon regard se déporte sur la propriétaire de cette voix. Une femme ravisante à la longue chevelure sombre laissée lâche et vêtue d’un kimono simple recouvert par un Haori aux couleurs automnales contemple ce même parterre de fleur, assise sur l’engawa de la demeure. Elle semble si fragile sous ses lourdes couches de vêtements, son corps semblant trop faible pour en supporter le poids… Elle semble faire peu cas de mon observation, son regard entièrement tourné sur les œillets dansants. « Ta fille aimait ces fleurs. » La surprise laisse place à un sourire doux. Nostalgique. Nous échangeons avec mon ami, un regard équivoque. Je sens l’espoir glisser dans son être. Cet espoir que je n’ai jamais voulu perdre.
Finalement, mes prunelles contemplent les corolles chatoyantes. Ces fleurs qu’elle aimait tant et dont elle avait hérité le nom. « Oui, elle les aurait adorées Himeko. Merci d’avoir pensé à elle. » Un sourire glisse sur ses lèvres. évanescent. Satisfait. « Bien. » Elle redevient silencieuse, telle une poupée aux traits fins figés dans une position d’attente, mais l’espoir, lui, perdure. « Je reviendrai demain. Passez une bonne fin de journée tous les deux. » Mon ami acquiesce là où sa femme continue de contempler ces fleurs qu’elle a planté pour ma fille.
Son attention me touche, d’autant plus en ce jour. Elle aurait adoré ce jardin, elle qui aimait tant les fleurs.
Lentement, je dépose sur une assiette de porcelaine les deux manjus que nous n’avions pas mangés avec Shun. Ils étaient pour elle. L’odeur de l’encens que j’ai allumé me rappelle mille et un souvenirs. Chaque année, ce rituel demeurait semblable en tout point. Agenouillé devant sa tombe, faisant peu cas de la poussière sur mon Hakama ou mon Haori, j’offre un sourire à la planche de bois sur laquelle est gravé son nom.
« Bonjour Nadeshiko, je t’ai ramené tes manjus préférés. »
Je sens dans mon dos une présence que je connais bien. Ses bras recouverts de verdures enlacent mon cou alors qu’elle vient puiser dans mon reiatsu l’énergie nécessaire pour faire naître autour de la tombe quelques œillets colorés. Ils dansent dans la brise de cette fin de journée, offrant à mes sens leur douce fragrance et agrémentant les lieux de leur beauté.
Merci Fukuhana.
Elle demeure silencieuse, reste de longues minutes à contempler les lieux à mes côtés avant qu’elle ne retourne dans mon monde intérieur, me laissant seul sur la tombe de ma fille.
Une année de plus qui s’achève sur ce même rituel. Et mon esprit se perd dans mes souvenirs. Des souvenirs si lointains à présent qui pourtant, ne se sont pas fait éclipsés par d’autres. Ils sont toujours là. Dans un coin de mon esprit.
Dans un coin de mon cœur.
Ce temps qui continue de glisser entre mes doigts. Insaisissable.
Mes paupières s’éteignent, un sourire en coin venant habiller mes lèvres. Le temps s’écoule. Invariable. Mes pas reprennent, la rêverie s’éteint pour ne plus laisser qu’un homme avancer sur son chemin. Mon regard pourtant s’attarde sur chaque détail qui accompagne ma marche. Cet arbre dont les feuilles dansent au gré du vent. Ces fleurs offrants aux résidants leurs éclats chatoyants. L’écho du ruissellement de l’eau rythmant le shishi odoshi claquant. Et là, dans cet endroit où seuls des cailloux résidaient il n'y a pas si longtemps se présente à mes yeux un parterre d'œillets aux teintes délicates. Des dégradés harmonieux qui m’attirent à l'instar de ce papillon qui déposera ses ailes sur les premiers pétales venues. Mes doigts s’avancent, effleurent ces corolles et le temps suspend son vol.
« Je t’attendais. » Cette voix familière me sort brusquement de ma contemplation silencieuse. Mon regard se tourne finalement vers le coupable de mon trouble. Un homme de haute et noble stature, droit, le regard noir et franc, des cheveux sombres parcemés de pales et attachés lâchement. Un kimono simple aux teintes bleues marines l’habille, là où j’ai gardé ma tenue de fonction, le haori blanc désignant mon rang recouvrant mes épaules. Il est le yin là où je suis le yang. Il est mon bienfaiteur. Mon professeur. Mon ami. Takatsukasa Shun. Nulle surprise ne s’affiche sur mon visage, puisque après tout, je me trouve dans le jardin de sa demeure. Je lui offre cela dit un sourire avant de m’accroupir face aux fleurs. « Elles sont très belles. Elles n’étaient pas là l’année dernière.» Je sens son regard sur moi alors que mes doigts viennent saisir délicatement l’un des œillets épanouies. « Oui. Tu as de la chance, elles ont éclos il y a quelques jours. » Mes prunelles s’éteignent un instant et devant mes paupières closes s’attardent l’ombre d’une silhouette. Un sourire. Lorsque mon regard se pose de nouveau sur les fleurs, l’éclat de mes yeux s’est teinté de nostalgie.
Les œillets seront toujours des fleurs à part pour moi.
Je me redresse lentement, offrant à mon hôte désigné, un sourire en guise de salut. « J’ai pris quelques douceurs. » Il observe mon baluchon de tissus, amusé, m’invitant à le suivre jusque dans sa demeure. « Tu as amélioré ta recette ?» Un rire s’échappe de mes lèvres en réponse. « Tu sais bien que non. » Son sourire est plus franc mais se teinte d’une émotion que je connais trop bien. Elle enfle dans mon cœur alors que mes prunelles attrapent une dernière fois les pétales délicats des œillets en floraison.
Non, ce ne serait plus pareil si je l’améliorais.
Une servante s’approche de mon ami qui lui donne ses ordres avant que nous nous dirigions tranquillement vers l’engawa de sa demeure pour nous y installer. L’attention me touche. D’ici, le jardin sera un tableau qui agrémentera agréablement notre conversation. La dame s’approche de moi alors que je lui remets mes effets. « Il y a également une boîte avec une tisane pour votre maîtresse. Une petite cuillère pour une tasse d’eau chaude. Idéalement après ses repas. Il est important qu’elle ait mangé avant de la boire. » Elle récupère précieusement le sac de tissus et se penche bien bas. « Bien Monseigneur. » Je lui offre un sourire pour toute réponse, habituée à la politesse des serviteurs de la maison des Takatsukasa. Lorsque je m’assoie face à mon hôte, il me gratifie d’un sourire reconnaissant. « Merci Hirō. » Un sourire en retour. « C’est dans mes prérogatives, tu n’as pas à me remercier. » Après tout, depuis que j’avais évolué au sein de la 4ème division, j’étais devenu par la force des choses leur médecin attitré. Mon évolution n’avait rien changé à cela.
C’était la moindre des choses.
« Comment va-t-elle ? » La mine grave de mon ami se fend d’un soupir et dans la tension de son corps, j’entraperçois tout son mal. Dans ses yeux se perdent l’éclat du chagrin et de l’impuissance. « Cela dépend des moments. Elle est toujours absente la plupart du temps, le regard fixé dans un ailleurs qui m’est inaccessible. Mais parfois, elle revient à elle et il lui prend des envies qui me rappelle celle qu’elle était. » Il pointe de la main le parterre d'œillets que nous apercevions de notre place. « C’est elle qui a voulu que nous les plantions. Elle était si heureuse lorsqu’elles ont éclos. Je l’ai aperçu quelques fois les contempler en silence avec ce sourire au lèvre qui me rappelle tant de choses. » Mes prunelles se teintent d’un rien de tendresse mêlé de peine.
Himeko, la femme de mon ami, n’était plus la même depuis le jour où ils ont perdu leurs enfants. Depuis une vingtaine d'années à présent, elle avait sombré dans une profonde mélancolie de laquelle personne ne parvenait à l’extirper. Pas même moi, avec toutes mes connaissances et mes compétences médicales, n’étaient parvenu à soigner l’âme de celle à qui je devais tant. Je ne désespérais pas pour autant.
« C’est une belle amélioration. Il y a quelques années, nous ne parvenions même pas à la faire sortir de sa chambre. A présent, elle marche dans les jardins et elle s’intéresse aux fleurs. C’est encourageant. » Il m’offre un sourire en retour, mais je sens sa lassitude et sa fatigue alourdir le poids qui pèse déjà sur ses épaules. Un noble dont la femme est ainsi affligée doit subir une double peine. Seul face au monde, il ne peut se relâcher face à nul autre que lui-même, sans personne à qui se confier dans l’enceinte de sa propre demeure. Tout du moins, c’est ce qu’il s'évertue à penser. « Je reviendrais l’examiner demain matin si cela te convient. Tu pourras être là ? » Il réfléchit un instant avant d'acquiescer. « Je dois être à l'académie avant 10h, donc si tu peux venir avant, je serai présent.» Mon sourire se fait plus prononcé. « Parfait. J’en profiterai pour t’examiner également. »
Un rien de surprise glisse sur son faciès mais bien vite, il secoue lentement la tête pour refuser poliment. « Je vais bien, ce n’est pas nécessaire. » Sur cette réponse que j’attendais, la servante revient nous servir le thé et ramener dans une jolie assiette, les quelques manjus que j’avais confectionnés. L'assiette est toujours plus élégante et raffinée que mes créations, ce qui a l’habitude de m’amuser. Cette fois ne fait pas exception. « Merci. » La dame s’incline et nous laisse de nouveau, mes prunelles s’attardent quelques instants sur la tasse dans laquelle le breuvage verdoyant mousse encore. Mes doigts viennent la récupérer, mon nez apprécie l’odeur avant de goûter le thé du bout des lèvres. Je repose la tasse avec douceur. « Excellent, comme toujours. »
Mon hôte sourit mais ce sourire disparaît bien vite quand je reprends là où nous nous en étions arrêtés. « Je t’examinerai demain matin Shun. Et si tu refuses, je ferai part de mes inquiétudes à ta hiérarchie. Tu seras donc convoqué à l’hôpital et tu seras soumis à un examen médical complet par une équipe médicale compétente. Peut-être même du capitaine lui-même, si il n’a pas d’urgence à gérer. » Je lui offre mon plus beau sourire, et en retour, son visage imite à la perfection un homme venant de croquer à pleine dent dans un citron. Il sait parfaitement que je suis capable de mettre ma menace à exécution. Je l’avais déjà fait il y a plusieurs années, et à l’époque, je n’étais qu’un bas siège dans la 4ème division. Le retentissement serait bien différent maintenant que je suis capitaine, et Shun n’est pas assez stupide pour l’ignorer. « Évitons nous à tous deux de perdre du temps en papier et en circonvolutions mon ami. »
Il soupire, abandonnant la partie en se repliant derrière sa tasse de thé qu’il vient porter à sa bouche. « J’oublie parfois à quel point tu peux être retord, Hirō. » Un léger rire s’échappe de mes lèvres à ses mots. « Je vais prendre ça pour un compliment. » Il est probablement l’un de ceux qui me connaît le mieux au Seireitei. Nombreux sont ceux qui pensent que je ne suis qu’un médecin avenant et sociable, et ça ne me dérange pas qu’ils continuent de le penser.
« Tout se passe bien à l’académie ? » Autant reprendre sur un sujet plus neutre. Je le vois glisser vers moi une oeillade avant de me répondre. « Oui. Il y a de bons profils dans les promotions avancées. » Une lueur d’intérêt vient éclairer mes prunelles alors que je me penche légèrement en avant. « Oh ? Des profils doués en Kidō ? » Il sourit, porte sa boisson à ses lèvres et prend le temps de boire tranquillement avant de daigner me répondre. « Il y en a quelques un oui. » Cela m’oblige un instant à l’introspection.
La division 4 est rarement celle qui attire le plus de profils, mais ceux qui peuvent évoluer le plus rapidement en son sein sont ceux qui ont des facilités en Kidō. Bien sûr, ils ne sont pas les seuls et en réalité, toutes âmes intéressées est la bienvenue mais ma division, pour ainsi dire, intéresse peu. « Il faudrait que je vienne te rendre une visite. Ça fait un moment que je ne m’y suis pas rendu. » Mes paroles le font sourire. « Des difficultés de recrutement ? » J’hausse les épaules, un rien désabusé mais néanmoins habitué par cette réalité. « Rien de bien différent de d’habitude. » Il n’est pas sans savoir les réputations des différentes divisions. Néanmoins, parler avec ces shinigamis à venir permet parfois de leur montrer une autre voie possible. Une voie qu’ils n’entrevoient pas toujours. Moi même, je ne l’avais pas perçu à l’époque, cette autre voie. Une voie qui n’est pas foncièrement faite de combat et de lame, avec lesquelles je n’ai jamais été le plus à l’aise. D’autant plus à cette époque où leur simple vue me rebutait.
Enfin, la cinquième division m’avait tout de même bien accueilli et être au côté de mon bienfaiteur, celui qui m’avait poussé à devenir un Shinigami m’avait rassuré. Rassuré… ce n’est peut être pas le meilleur terme en réalité.
Qu’aurai je pû faire d’autre à l’époque, que de suivre une voie qu’on avait déjà tracée pour moi et dans laquelle je n’avais qu’à avancer. Sans réfléchir. Sans penser.
« Tu as beaucoup changé depuis que nous nous connaissons. Qui aurait cru lorsque nous nous sommes rencontrés que tu atteindrais ce rang. » Mon regard se pose sur mon ami dont les prunelles contemplent, sans réellement le voir, le jardin qui nous fait face. Aujourd’hui plus qu’un autre jour est propice à la nostalgie. A la réminiscence. Un chagrin diffus berce mon cœur et mon visage se teinte de couleurs semblables aux siennes. « Oui. C’était il y a 230 ans à présent. » Mes doigts glissent sur la tasse dans laquelle se repose mon breuvage et mon esprit se perd dans les souvenirs. Malgré le temps passé, malgré les années, je n’ai rien oublié de ce jour. « Déjà. » Je lui offre un sourire qui a perdu de son éclat. « Oui, le temps passe vite. »
Le silence s’étire. Indéfini.
Un anniversaire que j'honore chaque année. L’anniversaire d’une rencontre mais surtout d’une séparation… Et la disparition d’un monde qui s’est brisé entre mes doigts, mais qui a fini par renaître après de longues années d’errance dans un monde qui avait perdu son sens. Tant de choses se sont passées depuis ce jour, et aujourd’hui encore, il ne m’est pas si aisé de me souvenir de chaque embranchement de mon parcours. Mais elle, je ne pourrais jamais l’oublier, car c’est pour elle que je vis.
Mon regard jusqu'alors plongé dans mes souvenirs finit par accrocher les petites brioches que j'ai cuisiné. Mes doigts attrapent la plus proche avant que je ne vienne tranquillement y goûter. Je ne peux pas vraiment dire que je suis un excellent pâtissier mais cela la contentait. La ravissait même. Elle adorait la pâte de haricot rouge et moi, j’aimais juste lui faire plaisir. Goûter à ces brioches fourrées me ramène plus de deux cent ans en arrière, dans une maisonnée du Rukongai entourée de tant d’autres si semblables et pourtant, en tout point différente. Je peux presque l’entendre.
Ils sont délicieux papa !
Objectivement pourtant, il ne l’était pas vraiment. Mais cela n’avait pas d’importance pour elle. Mes pensées continuent de dériver jusqu’à ce que la voix de mon ami ne me fasse reprendre le fil du temps. « Et pour toi, comment ça se passe dans ta division ? » Il me faut quelques secondes pour assimiler sa question et éparpiller les souvenirs qui embrument encore mon esprit. « Et bien, je dirais que ça tourne pas trop mal jusque là. » Il hausse un sourcil circonspect. « Jusque là ? » Je dodeline un moment de la tête en croisant les bras sur mon torse. « Disons que pour le moment, je n’ai pas de rébellion sur les bras, ou de rapport qui implique des problèmes majeurs au sein de ma division. Ce qui est plutôt positif ! » Le petit sourire qui orne ses lèvres me fait bien comprendre que ma réponse l’amuse. « C’est une façon de voir les choses. » Je secoue mon index en l’air. « Une très bonne façon, si tu veux mon avis. » Je préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Bien sûr, il y a des frictions et des problèmes qui nécessitent que je doive intervenir mais c’était la vie de gradé et je m’y étais fait. Après tout, je l'avais choisi en mon âme et conscience, cette voie.
Je viens reprendre ma tasse entre mes doigts pour reprendre un peu du breuvage avant de continuer, l’air plus sérieux. « Je ne me plains pas. Ce n’est pas toujours facile, mais je connais bien ma division. Ils se sont habitués à ma façon de faire et ça se passe bien. Et maintenant que j’ai un Vice Capitaine, je peux retourner beaucoup plus régulièrement à l’hôpital et à l’orphelinat.» Avant ma promotion, je passais le plus clair de mon temps dans le premier et mon temps libre dans le second. Depuis, mes priorités avaient dû évoluer car il fallait s'occuper du vide que la capitaine avait laissé. Sa mort était arrivée si brutalement qu’elle avait jeté sur la division tout entière un malaise indiscernable. Kotetsu Isane était une figure emblématique de la 4ème, tout comme avait pu l’être la Capitaine Retsu Unohana avant elle. Leurs disparitions avaient été un coup dur.
Pour avoir servi sous ses ordres de nombreuses années, il n'est pas aisé d'être comparé à elles.
« Tu aurais dû nommer un vice capitaine bien plus tôt.» Je grimace. « Je sais, on n'a pas arrêté de me le répéter. » Mais je devais légitimer mon propre statut avant de pouvoir imposer un subordonné à ma division. Je n'étais pas mes prédécesseurs. Après tout, je n’étais qu’un siège à l’époque et pas parmi les plus hauts qui plus est. Mais les avis avaient évolué depuis, même si je ne pouvais pas toujours faire l’unanimité.
La conversation continue, suivant les flots de nos pensées et de nos envies. Ce jour est marqué par ce même rituel que je répète inlassablement. Encore et encore. Alors vient le temps où je prends congé, car cette journée n’est pas finie. Mon ami m’accompagne, sa servante prenant soin de me rendre les quelques manjus restants dans mon ballotin de tissus. Je lui offre un sourire pour tout remerciement et je me dirige vers la sortie en passant par les jardins. Mon regard s’attarde toujours sur ces fleurs dont je veux capturer les couleurs une dernière fois.
« Tu penses qu’elle les aurait aimés ? »
Mon regard se déporte sur la propriétaire de cette voix. Une femme ravisante à la longue chevelure sombre laissée lâche et vêtue d’un kimono simple recouvert par un Haori aux couleurs automnales contemple ce même parterre de fleur, assise sur l’engawa de la demeure. Elle semble si fragile sous ses lourdes couches de vêtements, son corps semblant trop faible pour en supporter le poids… Elle semble faire peu cas de mon observation, son regard entièrement tourné sur les œillets dansants. « Ta fille aimait ces fleurs. » La surprise laisse place à un sourire doux. Nostalgique. Nous échangeons avec mon ami, un regard équivoque. Je sens l’espoir glisser dans son être. Cet espoir que je n’ai jamais voulu perdre.
Finalement, mes prunelles contemplent les corolles chatoyantes. Ces fleurs qu’elle aimait tant et dont elle avait hérité le nom. « Oui, elle les aurait adorées Himeko. Merci d’avoir pensé à elle. » Un sourire glisse sur ses lèvres. évanescent. Satisfait. « Bien. » Elle redevient silencieuse, telle une poupée aux traits fins figés dans une position d’attente, mais l’espoir, lui, perdure. « Je reviendrai demain. Passez une bonne fin de journée tous les deux. » Mon ami acquiesce là où sa femme continue de contempler ces fleurs qu’elle a planté pour ma fille.
Son attention me touche, d’autant plus en ce jour. Elle aurait adoré ce jardin, elle qui aimait tant les fleurs.
*~*~*~*~*~*~*
Lentement, je dépose sur une assiette de porcelaine les deux manjus que nous n’avions pas mangés avec Shun. Ils étaient pour elle. L’odeur de l’encens que j’ai allumé me rappelle mille et un souvenirs. Chaque année, ce rituel demeurait semblable en tout point. Agenouillé devant sa tombe, faisant peu cas de la poussière sur mon Hakama ou mon Haori, j’offre un sourire à la planche de bois sur laquelle est gravé son nom.
« Bonjour Nadeshiko, je t’ai ramené tes manjus préférés. »
Je sens dans mon dos une présence que je connais bien. Ses bras recouverts de verdures enlacent mon cou alors qu’elle vient puiser dans mon reiatsu l’énergie nécessaire pour faire naître autour de la tombe quelques œillets colorés. Ils dansent dans la brise de cette fin de journée, offrant à mes sens leur douce fragrance et agrémentant les lieux de leur beauté.
Merci Fukuhana.
Elle demeure silencieuse, reste de longues minutes à contempler les lieux à mes côtés avant qu’elle ne retourne dans mon monde intérieur, me laissant seul sur la tombe de ma fille.
Une année de plus qui s’achève sur ce même rituel. Et mon esprit se perd dans mes souvenirs. Des souvenirs si lointains à présent qui pourtant, ne se sont pas fait éclipsés par d’autres. Ils sont toujours là. Dans un coin de mon esprit.
Dans un coin de mon cœur.
HRP
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Dernière édition par Shunshō Hirō le Sam 10 Sep 2022 - 16:29, édité 8 fois