Réparations de la française (PV : Alice)

Soutenant sa camarade de fortune, Tanjô pénétra dans son laboratoire. Heureusement que les portes étaient automatiques car la jeune fille, bien que jeune et svelte, pesait son poids. Il n'y avait pas d'urgence vitale mais elle avait tout de même subit quelques violents coups et perdu pas mal de sang. Il allait falloir la rafistoler rapidement sinon elle risquait de garder des séquelles pendant un moment. Une fois passé la zone des expérimentations et des cages de cobayes, ils arrivèrent au bloc opératoire. Au centre, une table d'examen trônait fièrement, surplombée d'une lampe et de nombreux instruments. Tanjô avait des notions de médecine mais préférait laisser la machine s'occuper de ce genre de choses.

La section des Cups disposait d'un matériel de pointe en matière de chirurgie réparatrice. Il n'était pas rare que les membres des Swords ou des Clubs reviennent blessés de leurs missions. Le dispositif scannait le corps et détectait les lésions internes comme externes avant d'établir un diagnostique. Par le biais d'aiguilles et de lasers, il procédait alors à la réparation des tissus et permettait une cicatrisation rapide.

D'un geste un peu maladroit, Tanjô libéra Alice pour la laisser se mettre à son aise. De son côté, il se dirigea vers l'écran de contrôle pour observer les résultats des analyses.

-Installez-vous. Ne vous inquiétez pas, le scan est parfaitement indolore. Le soin par contre... Mais on verra ça plus tard, détendez-vous.

La journée avait été très mouvementée et Tanjô voulait se concentrer sur la tâche en cours pour éviter que son esprit ne parte dans toutes les directions. Entre les arrancars, leurs menos qui détruisaient tout et l'arrivée de ces abyssaux... Il allait devoir faire un rapport aux patrons pour savoir les mesures à prendre à l'avenir pour éviter de se faire prendre au dépourvu. Les abominations n'apparaissaient pas sur le radar, ils étaient donc vulnérables à d'éventuelles attaques. Si seulement il avait pu ramener un échantillon de ces créatures pour l'étudier...

-Comment vous sentez-vous, Alice? Psychologiquement, je veux dire, physiquement, je me doute que c'est pas la joie. C'était votre premier vrai combat, il me semble.

En attendant les résultats des examens, Tanjô ouvrit le réfrigérateur et en sortit une poche de sang qu'il se dépêcha de s'injecter. Ses cellules se régénéraient toutes seules mais il fallait bien remplacer le sang perdu.

Repos :
PV : Full
EP : Full
ES : Full

Elle avait fait la fière devant les arrancars, mais en passant les portes de la base, ses jambes avaient lâché. Bilan des dégâts ? Voyons voir, exposition à six auras de terreur, trois ceros tirés à bout portant et touchant de plein fouet, des tentacules ayant cherché à reproduire un hentai, mais en bien plus gore … Ouais, la grande forme. Plus sérieusement, elle ne pouvait pas dire qu’elle ait été autant blessé durant le reste de sa vie, ou même ait eu autant d'informations à gérer en même temps.

“[Oh, bonjour G.l.a.d.o.s. …]”

Alice n’était pas plus rassurée que cela en voyant la machine qui s’occupera d’elle, encore plus en apprenant que cela sera sans doute douloureux … Est-ce qu’elle devrait garder ses vêtements sales pour une opération ? Sans doute que la machine les retirerait si c’était si important. Elle pouvait donc enfin se poser, et respirer, pas trop profondément, car cela lui donnait l’impression d’inhaler du verre pilé.

“[Plus facile à dire qu’à faire.]”

Elle attendait à moitié une réponse, et se souvenait qu’elle n’était pas en France. Oui, la journée a été très longue, on lui en pardonnera. Elle ne traduit pas pour autant, ils avaient beau risqué leurs vies ensemble, il restait son supérieur et cette remarque était déplacée.

“Merci.”

Le scanner semblait long, et comme elle n’avait toujours pas été injectée d’anesthésique, que même le scientifique cherchait à faire la conversation, elle ne pouvait en déduire que la suite allait être … Désagréable.

“Et bien… Je ne sais pas. Mon premier affrontement s’est soldé par la mort de tout civil dans un rayon indéterminé, à l’apparition [D’abominations] plus terrifiante que les hollows que je pensais être notre seul menace, à celle de plus terrible créature que je ne peux pas imaginer sans vouloir vomir et à la fuite de notre adversaire.”

La fantassin listait tout ça entre deux inspirations, sans y mettre plus d’intonation, ne pouvant sans doute le faire. Elle voulait exprimer sa colère, contre elle-même, surtout contre le Tres, mais elle était contenue par son état, et bouillonnait sans possibilité de sortir.

“Comment devrais-je me sentir après avoir été un [paillasson] ? Y retourner serait du suicide, et je n’aurais rien pu faire de toutes manières.”

Cette situation était juste, infernale à vivre, lorsque l’on s’était fait la promesse de protéger l’humanité contre ces lunatiques.

Repos
Santé : 1225/1800
Énergie Physique : 1197/1000
Énergie Spirituelle : 1550/1300

Le king of Cups arracha d'un geste nonchalant sa perfusion. Ses blessures s'étaient déjà toutes résorbées. Il notait ce que disait la jeune Clubs sur un carnet. De toute évidence, elle était encore sous le choc et le contraire aurait été étonnant. L'affrontement avait causé de très nombreuses victimes et pour quelqu'un qui n'avait pas fait la guerre cela pouvait être traumatisant. Le bilan de cette intervention était désastreux. Les victimes se comptaient par centaines parmi la population civile. Les arrancars étaient véritablement des monstres. Le savoir était une chose, le constater de ses propres yeux en était une autre.

Elle se sentait impuissante, visiblement frustrée d'avoir dû laisser partir le responsable de ce massacre. Il n'y avait pourtant pas à rougir, ils avaient tout de même eu affaire au troisième espada. Si les Swords avaient été présents, ils auraient sûrement pu l'abattre sans difficulté.

-Ne vous sous-estimez pas. Vos pouvoirs s'éveillent à peine et vous avez survécu à de terribles adversaires. Avec de l'entraînement, vous gagnerez en puissance et vous pourrez leur tenir tête. Ne cherchez pas à sauter les étapes.

Combien de soldats de son armée avaient péri en cherchant à affronter un adversaire hors de leur portée ? Il ne saurait les compter. Alors qu'avec de l'entraînement et une bonne stratégie, ils auraient pu remporter la victoire. Ses pensées furent interrompues par les bips du scanner qui venaient de terminer l'analyse. Les yeux du scientifique parcoururent l'écran à une vitesse prodigieuse. De nombreuses lésions cutanées, des ecchymoses, sept côtes cassées et une hémorragie interne au niveau de la rate, probablement due à une des explosions. Sans compter la faible quantité d'énergie spirituelle qui lui restait.

-Parfait. C'est bien ce que je pensais, vous êtes complètement déglinguée. Ne bougez pas, ça ne prendra que quelques minutes.

Il appuya sur un bouton et les bras mécaniques se mirent à s'agiter. Des ciseaux découpèrent les vêtements aux zones atteintes et des lasers s'activèrent et commencèrent à brûler les tissus morts et à suturer toutes les coupures. Bientôt, des seringues allaient injecter du reichi pour permettre aux organes et aux os de se reconstruire. Pendant l'opération, Tanjô en profita pour taper un rapport sur les créatures mystérieuses. Il devait noter toutes ses impressions tant que les souvenirs étaient encore frais.

Des Abyssaux, comme ils se nommaient eux-mêmes, commandants des créatures dénuées de raison nommées abominations. Au moins trois d'entre eux possédaient une puissance prodigieuse et pourtant, il n'émanait pas une once de reiatsu de leur organisme. Une nouvelle forme de vie donc, probablement en dehors du cycle des âmes.

-Dîtes moi Alice. Avez-vous remarqué certains détails sur les Abominations ou les abyssaux ? Une particularité qui vous aurait frappé ?

Cela lui demandait beaucoup d’effort de ne pas rouler des yeux, bien évidemment qu’il y avait des étapes à tout, elle ne pouvait pas devenir fullbringer du jour au lendemain et mettre une tête à l’espada très comme ça, cela ne voulait pas dire que cela en était plus facile d’accepter cette situation.

Passons donc à plus pressant, son état de santé. Elle ne voyait pas les résultats du scanner, mais en entendant ce que disait le scientifique, elle pouvait assumer que ce n’était pas jojo. Enfin, elle n’aurait pas eu besoin du scanner pour le savoir. Les bras s’activaient, et Alice déglutissait bruyamment.

“Je vais nulle part …”

Ce n'étaient pas quelques aiguilles qui allaient lui faire peur … C’était plus la chose la plus effrayante qu’elle n’ai vu. En y pensant, voilà les questions qui fâchent. Qu’est-ce qu’elle avait retenu sur ces trois créatures cauchemardesques. Elle était focalisée sur l’espada, alors les abominations lui étaient passés un peu par dessus la tête, la voix de leurs trois maître par contre.

“Ils étaient trois, le roi, un que ce dernier a appelé Tolusambre, et le collecteur, qui semble s’appeler Alhambro. Si je devais assumer, c’est celui-là qui a envoyé les plus petites atrocités.”

Elle devait arrêter de parler, le temps que la machine se mette en route. C’était la deuxième fois qu’elle était injectée de reishi, la sensation lui était toujours autant étrangère. C’était comme avoir de l’air liquide qui fluctue dans un système de circulation irréel. Mais les coutures commençaient à faire mal, trop mal pour parler en même temps. Ce n’est qu’une fois terminée qu’elle pouvait reprendre ce qu’elle disait.

“Quelque chose me perturbe dans ce que leur roi a dit, Celicanto je crois. D’abord, il dit qu’ils ont été enfermés, on s’enferme rarement tout seul, et comme on ne les connaît pas plus que ça, a doit être vieux, genre shinigami vieux. et, je crois que ce sont plus que des atrocités random.”

C’était surtout la fin de son discours qui la faisait tiquer. Les accueillir dans ses lueurs mortes …

“Il semble convaincu que l’on peut devenir comme eux, d’une manière ou d’une autre. Peut-être une étape oubliée du cycle des âmes, au mieux.”

Repos
Santé : 1800/1800
Énergie Physique : 1000/1000
Énergie Spirituelle : 1300/1300

La jeune blessée parvenait à reconstituer certains éléments qui manquaient au scientifique. Entre deux interruptions le temps de supporter la douleur des soins octroyés, elle récitait ce dont elle se souvenait. Tanjô notait tout ce qu’elle disait, quand bien même cela répétait ce qu’il avait noté de ses propres observations. Deux esprits valent mieux qu’un et chaque détail de ses souvenirs qui était confirmé par la Club pouvait être considéré comme fiable. De plus, elle soulevait quelques hypothèses pour le moins intéressantes.

Il était vrai que le roi, Celicanto, avait parlé d’une liberté nouvellement retrouvée. Cela impliquait qu’ils avaient été enfermés. À cela s’ajoutaient des questions évidentes. Enfermés par qui ? Pourquoi ? Mais également où et quand ? Qui était assez puissant pour maîtriser et forcer des êtres aussi puissants à vivre reclus ? Étaient-ils enfermés dans un monde n’étant ni la Soul Society, ni le Hueco Mundo, ni le monde des humains ? Existait-il un autre monde encore inconnu ? Et depuis quand y étaient-ils pour qu’aucune information sur eux ne leur soit parvenue jusqu’à ce jour ? Beaucoup d’interrogations pour si peu de réponses.

-Je ne pense pas qu’il ait sous-entendu que l’on pourrait devenir « comme eux ». Par le terme « leurs mortes », je suppose qu’il voulait plutôt dire qu’il pourrait nous assimiler. Nous manger pour le renforcer si vous préférez. Enfin ce n’est que mon avis, nous n’avons aucune certitude à ce stade.

La machine émit un long sifflement et les bras se relevèrent pour revenir à leur position initiale. Les soins étaient terminés. Cela n’avait pas été si long finalement, les technologies de l’Ultima Necat étaient vraiment impressionnantes d’efficacité. Tanjô était presque jaloux de ne pas être l’inventeur de cette merveille. Il appuya sur une touche de son bracelet et Seon, son assistante personnelle entra avec des vêtements de rechange pour les deux Fullbringers. Les explosions avaient fait des dégâts et l’ensemble de Tanjô était en piteux état. Pire encore pour Alice qui avait subi plusieurs déflagrations de plein fouet et dont le module de soin avait découpé certaines parties. Seon resta ainsi immobile et finit par mettre un coup derrière la tête de son maître.

-Aïe ! Qu’est-ce qui te prend ?
-Quittez la pièce enfin ! Comment voulez-vous qu’elle se change si vous êtes là ?
-Ha merde, j’oubliais ça.

Il y a mille ans, la pudeur était une chose bien moins importante qu’aujourd’hui et Tanjô avait encore du mal à adopter ce réflexe. Il saisit donc sa tunique et quitta la pièce un instant. Une fois la porte refermée, il se changea et confia ses anciennes affaires à Seon. Celle-ci hocha la tête, bien décidée à les jeter. Ceci fait, il retourna dans le bloc.

-Bien, vous êtes totalement guéries. Je suppose que vous allez devoir faire un rapport à votre supérieure ?

Enfin la fantassin pouvait se relever, et sentir, autre que quelques crampes, picotements et légères brûlures, que son corps était de nouveau sur pieds. La technologie était quelque chose d’effrayant par moment, elle avait l’impression d’être de nouveau prête à se battre, et de n’avoir gardé aucune séquelle. Le reishi était une ressource vraiment inestimable.

“Une chose est sûre. L’espada Tres en sait bien plus que nous. Cela semble même su par ses compagnons qui sont venu lui sauver le cul.”

Une raison supplémentaire de pourquoi elle regrettait de ne pas avoir pu le capturer. Il était une mine d’information sans fond, aussi bien sur l’anatomie des arrancars, sur le fonctionnement de leur ressurecion, que sur cette nouvelle menace. Ce qui est certain, c’est qu’elle appuiera sur l’importance de mettre la main sur un espada le plus tôt possible pour faire la lumière sur cette situation, à défaut d’un de ces monstres.

Venait la question du rapport, c’est vrai qu’elle allait devoir y passer. De préférence, elle voulait que cela se passe par écrit plus que de vive voix, elle ne voulait pas être associée à ce massacre de près ou de loin, il n’y avait rien à être fière dans sa performance. Cependant, c’était là son devoir. Une armée fonctionnelle était une armée où toutes les informations possibles et imaginables remontent aux bonnes oreilles.

“[Merci beaucoup]”

Très gentille cette assistante IA, mais elle ne pouvait s’empêcher de grincer des dents en la voyant se comporter si casuellement avec son présumé créateur. Elle avait déjà commencé à retirer sa chemise défoncée lorsque la machine l’avait fait remarquer, cela ne la gênait nullement.

“Il n’y a pas de mal, c’est son laboratoire, je serais mal venu de me plaindre après qu’il m’ait sauvé.”

Heureusement pour elle, le collier, la pièce la plus importante de son attirail, n’avait aucun problème. Et évidemment, la balle non plus.

“Encore merci, monsieur. Sans vous aujourd’hui, il n’y aurait rien resté de moi à réparer.”

Ce savoir lui donnait la migraine, que la mort puisse toquer du jour au lendemain sans rien demander, mais c’est son quotidien, désormais.

"Je m'assurerais de vous contacter si par miracle, j'apprends quelque chose sur ces monstres, ou arrive à en capturer un. Mais je me dois de partir, la situation est urgente et mon rapport ne peut attendre si longtemps."

Elle saluait le scientifique, puis l'intelligence robotique, la seule chose qui fasse un peu près sens dorénavant dans son monde, ironiquement, avant de partir en prenant les lambeaux de ses anciens vêtements. La journée était loin d'être finie.

Une fois certain que tous les détails sur la situation avaient été méticuleusement retranscrits sur papier, Tanjo tendit nonchalamment son carnet à Seon. Elle savait qu'elle allait passer les prochaines heures à tout entrer dans l'ordinateur pour que les données soient digitalisées et envoyées sur un serveur crypté. Il serait trop bête que tout cela se perde à cause d'un simple incendie ou d'une tasse de café renversée. Le scientifique prit un instant pour observer Alice qui avait finit de se changer. Ce n'était pas à sa taille mais ça ferait l'affaire. Aucune tâche brune n'apparaissait, signe que toutes les plaies étaient bien refermées. Pour les problèmes internes, c'était une autre histoire.

-Ne me remerciez pas, vous avez fait votre part, je fais la mienne. Je n'aurais probablement pas réussi à repousser cet arrancar et à gérer cette abomination tout seul.

C'était même certain. Il aurait pu affronter l'arrancar, éventuellement en un contre un mais avec cette horreur venue d'un autre monde dans les pattes, aucune chance. La jeune française était sur le départ pour aller rendre son rapport. Elle promit de le tenir au courant si jamais elle apprenait quoi que ce soit sur les Abyssaux.

-J'y compte bien. Nous allons devoir tous coopérer si l'on veut avoir une chance face à cette nouvelle menace. De même, si vous crachez ou pleurez du sang dans les prochains jours, n'hésitez pas à me prévenir.

Les déchirures internes pouvaient avoir des répercussions bien longtemps après. Enfin, de toute façon, ils auraient probablement l'occasion de se croiser dans l'Arcānum. D'un geste de la main, il ordonna à Seon de la raccompagner. Il avait encore beaucoup de choses à gérer avant la fin de la journée. Réparer le détecteur que l'apparition de cette Arrancar sortie de nul part avait fait buger, analyser toutes les traces de reiatsu qui persistaient sur le champ de bataille mais également savoir où avaient bien pu se planquer les Swords et les Clubs ? Ca aurait dû être leur rôle de repousser ces envahisseurs et non pas à lui.