La Loi de la Onzième

Le brouhaha était impressionnant. L'espace de combat avait été pris d'assaut par les shinigamis de la Onzième division en peu de temps. Tout autour du terrain, ils formaient un étrange bataillon. Excités, les yeux rivés droit devant, ils attendaient l'arrivée des deux acteurs principaux de ce spectacle. Le Capitaine Ogasawara Matsukaze, en poste depuis peu de temps mais qui avait déjà fait parler de lui au cours de plusieurs missions et par sa prise en main express d'une division qui n'était pas la sienne à l'origine. Un membre de l'illustre famille Ogasawara, reconnue par tous.

Face à lui, l'instigateur de ce défi officiel. Le Vice Capitaine Kiryū Shinjiro, l'Argenté comme on l'appelait affectueusement. Lui qui avait rapidement prit en main cette division particulière, en l'absence d'un réel Capitaine aux commandes par le passé. Lui qui était reconnu pour sa puissance physique et son amour des combats.

Deux redoutables adversaires. Certainement les deux meilleurs combattants de cette division pourtant réputée pour abriter les plus terribles soldats du Gotei. Aujourd'hui allait se jouer un chapitre important de leur histoire. Car ce combat qui allait avoir lieu ne serait pas qu'une opposition de style ou de force. Les enjeux étaient grands et impacteraient toute la division. Le brouhaha cessa soudainement. Alors que le Colosse entrait sur le terrain.

Doucement, la mine dure, il approchait alors que dans son dos trônait l'immense Kaimetsu. Les yeux rivés vers le fond du terrain d'où le Capitaine allait surgir. Avec une précaution qu'on ne lui connaissait pas, il enleva son brassard de Vice-Capitaine, ainsi que sa veste, pour les déposer sur une pierre à proximité. Torse nue, Kaimetsu désormais dans sa main droite, il s'approcha jusqu'au centre du terrain. Une aura d'argent semblait déjà l'envelopper lui et sa lame. Les choses sérieuses allaient débuter.

- Vous connaissez tous les enjeux de ce combat !!! Aujourd'hui, nous allons faire respecter l'une des Lois les plus importantes de notre division. En faisant ce que nous savons faire de mieux... COMBATTRE !!!!

Il leva haut la main droite, Kaimetsu au dessus de sa tête, tandis que les voix de toute la division lui répondait en choeurs, frappant des pieds sur le sol, hurlant pour répondre au Lieutenant Kiryū. Le bruit cessa alors qu'il redescendait sa main.

- Moi, Shinjiro, revendique le titre de Kenpachi. Ainsi que celui de Capitaine de la Onzième division. Je défie donc Matsukaze. Ici et maintenant, je vous prends tous pour témoin. Plus de grade. Plus de famille. Juste deux hommes qui vont s'affronter en mettant en jeu leur fierté, leur vie. Le gagnant rafle tout. Le perdant meurt !

Son regard passa sur la foule et s'arrêta sur le Capitaine. Il leva alors sa main gauche, poing fermé, qu'il plaça sur son coeur.

- Faisons honneur à notre division. Je suis prêt à mourir pour elle.

Et ceux qui les observaient ne pouvaient pas croire le contraire. Le Colosse allait jouer sa vie sur cet ultime combat. Afin de respecter la Loi principale de la Onzième division. Il lui adressa un léger sourire, murmurant à sa seule intention.

- C'est maintenant que tu vas devoir faire tes preuves. Car moi, j'compte bien prendre ton Haori. Et ta tête.

Le défi était lancé.

Il s'agit d'un défi officiel. Voici les termes de ce combat :

- Combat à mort
- Le vainqueur prendra le rôle de Capitaine de la Onzième division ainsi que le titre de Kenpachi
- Initiative Shinjiro : 7

La première pluie, il se souvenait bien de ce jour. Le Vice-Capitaine Kiryū était entré dans son bureau après avoir demandé audience, dans les formes. Sa silhouette était couverte de gouttelettes qui glissaient sur son shiakusho et sa peau. Il arborait le même air sévère que pour leur première rencontre. En l'appercevant ainsi, le Capitaine avait compris que ce n'était pas pour un rapport suite à sa virée sur terre, non... Mais plutôt pour une promesse.

Il pleuvait en ce premier jour de l'automne, oui.

Quelques jours pour se préparer, faire ça dans les règles, laisser à chacun l'occasion de récupérer de leurs péripéties, que leur affrontement soit de ceux à pleine puissance. Car c'était un défi que Shinjiro avait lancé à Matsukaze. La plus vieille coutume de la Onzième Division, il la lui avait jetée au visage il y a quelques semaines. Cela devait arriver un jour ou l'autre bien qu'il eut espéré qu'il vienne plus tard... Au moins après avoir pu faire bouger les choses un peu plus. Et encore que. Il lui suffisait de sortir vainqueur pour continuer son œuvre.

Deux cent. C'est le nombre nécessaire pour que leur combat soit approuvé, autant de juges que de soldats... Pourtant il étaient plus en ce jour, presque toute la Onzième DIvision était présente et certainement des contingents des autres. Le Gunjiseiken devait porter son regard sur ce duel, forcément, de loin. Il y avait un certain brouhaha provenant du terrain où l'affrontement allait avoir lieu, tous impatients parlaient, pariaient, hurlaient pour faire connaitre leur avis sur celui qui sortirait vivant de ce combat. Au fur et à mesure qu'il se rapprochait il pouvait entendre le nom de son adversaire scandé par la foule. Il était déjà là.

C'était à son tour désormais. Lorsque son pied se posa sur le terrain, une feuille jaunie par le temps se déposa juste à côté, portée par les vents depuis un arbre qui tirait peu à peu sa révérence. Un pas. Un autre. Les paroles devenaient des murmures. Certains se mirent alors à hurler son titre ou son nom. Parfois les deux. Rapidement ils se turent, lorsque la voix de l'Argenté s'éleva avant de reprendre de plus belle pour répondre à ses paroles pleines d'ardeur. Matsukaze ferma les yeux, faisant craquer sa nuque en penchant sa tête vers la droite. Lorsque ses pupilles se rouvrirent son regard se fit instantanément dur, brulant d'une ardeur comparable au discours prononcé par son Vice-Capitaine.

- Nous aurions pu faire de grandes choses ensemble, Shinjiro, mais je suis honoré de faire vivre cette illustre tradition face à toi aujourd'hui.

Il n'y aura pas d'avenir où l'un combattrait au côté de l'autre.

- J'accepte ton défi.

Il n'y aura pas d'avenir où les soldats de la Onzième bénéficieront de l'enseignement commun de l'arme et du corps.

- Ecoutez-moi bien ! Pour la première et dernière fois, Shinjiro et moi allons vous offrons une leçon commune. Ne perdrez pas une miette de ce qui va se dérouler sous vos yeux. Ne les clignez pas... Mais je vous conseille à tous et toutes de reculer un peu plus.

Sa voix s'était faite plus forte pour ces dernières paroles. Celles d'un Capitaine. Celle d'un maitre d'armes. Il ne quittait pas son Haori. Le colosse souhaitant le lui prendre après tout... Alors qu'il essaye de le faire. Lentement il tira Fumihazusu hors de son fourreau avant de prendre une posture de garde, empoignant à deux mains son Zanpakutō, ses pieds fermement ancré au sol. Il n'entendait plus les cris de la foule, ressentant seulement els vibrations régulières dans le sol provoquées par leurs gestes, frappant du pieds les un après les autre en rythme.

- Approche.

L'automne était là.

Ce fut un sourire carnassier qui répondit aux dernières paroles du Capitaine. Lui aussi connaissait toute l'importance de cette ultime leçon qu'ils donneraient aux hommes et aux femmes de la Onzième division. Une leçon des plus importantes, qui aujourd'hui comme demain resterait dans les mémoires. Si la Onzième n'était pas réputée pour posséder en son seing de grands utilisateurs de Kidō, le nécessaire avait été fait pour que d'autres prennent le relais.

Ainsi, des barrières s'érigèrent tout autour de la zone. Pas pour protéger les deux combattants ou les infrastructures, non. Mais pour préserver les observateurs de ce combat. Il n'y avait aucun doute à avoir au regard des compétences de ces deux là : sans ces barrières, le risque que les shinigamis soient touchés était trop grand. Ils ne pouvaient se le permettre.

"Approche". C'est bien ce qu'il comptait faire. Le contraste était saisissant entre ces deux là, en cet instant précis. Le colosse, torse nu, symbole de son grade au sol derrière lui était face à celui qui portait toujours cet Haori tant recherché. Son regard toutefois ne laissait planer aucun doute : Matsukaze était prêt à s'enflammer.

- Il est temps.

Poussant sur ses jambes, le colosse usa alors d'un shunpô pour prendre de la vitesse. Pour accroître la puissance du prochain coup qui suivrait inexorablement. Se déportant sur son flanc droit, il arma son bras, celui qui portait Kaimetsu. Et il projeta la lame avec violence, lui donnant une trajectoire toute particulière en réalité. Mais puisqu'il était déjà sous sa forme libéré, Kaimetsu réagissait déjà aux impulsions de son possesseur. Le magnétisme allait entrer en scène, afin de changer la trajectoire et de surprendre son adversaire.

Une entame, un test. Une première passe d'arme pour évaluer la réaction de son vis à vis. Car ici et maintenant, plus rien d'autre ne comptait. L'Argenté n'ayant de yeux que pour cet homme qui lui faisait face. Il avait du respect pour ceux qui assumaient leur rôle.

Les membres du Kidōshū s'avançaient aux quatre coins du terrain, répondant aux paroles du Capitaine. Petit à petit la foule reclait de quelques pas laissant place aux Nécromanciens pour faire en sorte qu'aucun d'eux ne soient touché par ce qui allait se dérouler ici bas. Ils psalmodiaient des paroles que la plupart des spectateurs ne comprenaient pas et n'avaient certainement jamais entendu de leur vie. Il était rare d'entendre des incantations dans ces quartiers... Des flammes violettes et plates naquirent en ligne, entourant la zone juste après que leurs mots se turent. Elles grandissaient encore et encore, si bien que tous levèrent les yeux au ciel, quittant brièvement les combattant du regard.

La flamme se stoppèrent avant de disparaitre, laissant un champ de vision clair pour tous. Le haut du terrain n'avait pas été couvert sur demande de l'Ogasawara, pour éviter tout problème concernant la stabilité du mur de protection... Et puis personne n'avait à être protégé d'en haut non ? Tout était en place et Shinjiro n'allait pas attendre plus longtemps pour faire le premier pas.

Matsukaze se tenait fermement sur ses appuis, le buste légèrement en avant et son Zanpakutō de biais. Il observait les mouvements de l'Argenté, chacun de ses pas, les mouvements de ses bras et ceux de son arme démesurée. Il la projeta d'un coup sec et puissant, Kaimetsu fendait l'air en se dirigeant vers le Capitaine, enfin... pas totalement. Forcément, il connaissait les capacités de son adversaire bien qu'il ne l'ait jamais vu en action. Impressionnant, si l'arme semblait l'atteindre par la gauche, comme un coup possédant un certain effet. Aussi, l'Ogasawara ajusta la position de son pied en arrière, prêt à réagir. Lorsque l'arme fut proche de lui il se décala instinctivement mais déjà le Colosse usait de son pouvoir. Elle ne l'atteint pas du côté droit, non, mais avait disparu pour attaquer dans son angle mort. Matsukaze plaça son arme au dessus de son épaule sans quitter des yeux Shinjiro. Le choc fut lourd, le métal résonnant en laissant derrière lui on long silence. La foule se tut. Les deux armes se tenaient l'une contre l'autre. Dans un mouvement circulaire des deux bras le Capitaine emporta Kaimetsu pour la renvoyer vers son propriétaire, bien qu'il n'en avait pas besoin après tout.

- Bankai.

Sans perdre une seconde il leva son arme vers le ciel, cette dernière quittant sa main et s'évaporant au fur et à mesure qu'elle se soulevait. Lorsque le sabre avait disparut on entendit un claquement au dessus d'eux. S'en suivit alors d'un bruit cinglant, celui du métal fendant l'air. En levant le regard l'on pouvait voir un trait enflammé descendre à toute allure jusqu'à ce qu'il se plante dans le sol dans un craquement assourdissant, resonnant plusieurs secondes alors que le sol se fissurait. Les flammes se tarirent aussitôt dévoilant un immense bâton de métal ornementé.

- CHIMIMО̄RYО̄ NO KAMIGATA !

L'Ogasawara fit quelques pas pour se rapprocher de son arme avant de la saisir d'une main. Il la fit quitter le sol, soulevant au passage terre et poussière. Il la fit pivoter pour la placer dans son dos, faisant s'enflammer les deux bouts dans le mouvement, provoquant au passage un bruit sourd. Dès qu'il se stoppa elles disparurent.

- Je t'ai dit APPROCHE !

Qu'il puisse ainsi se préserver des attaques du colosse, il s'y était attendu. Il ne s'agissait que d'une mise en bouche et Shinjiro reconnaissait évidemment la valeur du Capitaine de sa division. Par principe, il était normal de pouvoir s'adapter au pouvoir de Kaimetsu surtout qu'à force de combattre, il commençait à être reconnu par beaucoup.

Mais qu'il libère si rapidement son Bankai, voilà qui avait de quoi surprendre. Sourire aux lèvres, Shinjiro observait l'arme se changer, le pouvoir de Matsukaze évoluer. Un pur bonheur de pouvoir le voir s'épanouir de la sorte alors que des vies étaient en jeu. Les leurs de surcroit. Une seule question se posait néanmoins pour lui : devait-il répondre à cela par le sien ? Par principe, Shinjiro aimait la force par dessus tout. Il ne libérait alors son ultime pouvoir que lorsqu'il y était contraint. Pour s'adapter. Car son pouvoir avait des effets qu'il n'appréciait que peu.

- Alors comme ça, on claque le Bankai direct. T'es en train de m'faire une Kyōken mon pote. Mais j'avoue que c'est impressionnant ton truc.

Seulement, sa décision était prise à ce sujet. Pas si tôt. Pas sans qu'il y soit contraint. Le colosse était un Dieu de la Guerre et en cela, c'est lui qui dictait le rythme. Un sourire carnassier apparut sur son visage alors qu'il se mettait en garde, sans Kaimetsu toujours proche du Capitaine. Pas utile encore de la ramener. C'est lui qui marcherait vers elle. Vers lui.

- Par contre, va falloir me pousser à faire de même l'ami. Parce que, tout de suite, j'ai franchement pas envie de libérer Kaimetsu. Allez, assez parlé. Il est l'heure de niquer des daronnes !

Il tapa simplement dans ses mains. Autour de lui, une aura d'argent l'entourait désormais. Il grimaça un instant car développer ce Reiatsu était quelque chose de contraignant physiquement. Seulement le jeu en valait la chandelle tant cela pouvait accroître la puissance de ses coups. S'il possédait ce surnom, c'était en partie grâce à cette technique d'ailleurs.

D'un bond, il fondit vers l'homme. L'allonge de son arme était grande et il ne mésestimait pas le moins du monde la puissance de l'Ogasawara. Seulement, il était un expert du corps à corps. Cela signifiait qu'il avait l'habitude de faire avec ce genre de circonstance particulière. Deux coups partirent simultanément : Une grosse "claque" en direction de l'épaule proche de lui, suivi d'un simple coup à l'estomac pour faire reculer le lascar. Seulement une petite surprise attendait notre cher Capitaine.

Ses mains. Une étrange aura se dégageait d'elles. Une sensation bizarre qui rappelait étrangement le pouvoir de Kaimetsu. Très rapidement, plus que l'oeil pouvait voir d'ordinaire, Shinjiro visa certaines zones précises du corps de Matsukaze. Il comprendrait rapidement que le magnétisme, associée à la dextérité au corps à corps du Vice Capitaine, pouvait être une arme très polyvalante. D'un bond toutefois, le colosse se mit hors de portée de l'immense lame. Prêt à réagir au contre qui arriverait forcément au regard de leur proximité.

Il le ressentait, sous son Shihakushō ses muscles étaient tendus. Dans sa main le contact du métal encore chaud dégageait une légère fumée. Tout son corps était en tension et son regard brulant ne quittait pas des yeux son opposant. Il effectua un mouvement de bras et recadra ainsi sa posture du garde, l'immense bâton frottant alors contre le sol en laissant derrière lui une fine trainée de flammes.

- Te pousser à le faire ? Je ne suis pas là pour te divertir. Fais ce que tu veux.

Le Vice-Capitaine frappa dans ses mains. Il semblait être prêt à répondre à Matsukaze et utiliser un peu plus son plein potentiel. Il cherchait à provoquer son Capitaine c'était évident, à le piquer pour qu'il sorte de ses gonds et enflammer un peu plus l'affrontement. Il n'en avait pas besoin. L'instant d'après ils se trouvaient enfin face à face. Le colosse lui balança son bras, dans un habile mouvement de bâton Matsukaze repoussa la main qui allait le frapper sur l'épaule. Seulement cela n'allait pas suffire. Son subordonné était un expert du corps à corps, plus efficace avec ses poings qu'avec une arme. Il semblait agir d'instinct. Son coup était repoussé ? Soit. L'Ogasawara ne put contrer la deuxième attaque. Même s'il manipule son Zanpakutō avec facilité il reste contraignant par sa taille et lourd. Aussi, lorsque le poing de Shinjiro vint s'écraser contre son estomac il ne pu s'empêcher d'avoir le souffle coupé par un gerbe de sang qui lui remontait la gorge. Le coup le fit reculer sur quelques mètres, il freina la course en plantant son arme dans le sol, ajoutant de nouvelles fissures au sol dans le fracas du choc.

Il cracha le sang qui était remonté dans sa bouche, profitant de pouvoir inspirer à nouveau juste avant que l'autre ne lui bondisse dessus pour continuer son assaut mais... pas du même acabit. Les coups provoquaient d'étranges ondes de choc mais ne lui provoquaient aucune douleur réelle. Bien trop étrange vu la puissance du précédent coup et de la puissance de l'Argenté. Il ressentait en lui comme des vagues d'énergie très perturbantes, comme si ses muscles étaient ankylosés. Cela le fit sourire alors qu'une goute de sang quitta la commissure de ses lèvres pour couler jusqu'à son menton. Il prit un profonde inspiration alors que le Fukutaisho s'était reculé. Sans attendre un peu instant, Matsukaze poussa un hurlement, contractant tous ses muscles en faisant appel à la puissance de Chimimōryō no Kamigata. L'épreuve était douloureuse, le poids de son arme se faisait ressentir mais sa puissance, elle, était décuplée. Hors de question d'être gêné.

- Essaye un peu d'éviter ça. Himotte...

De son bras droit il souleva brusquement son arme, le bruit du métal et de l'air s'entrechoquant résonna dans tout le terrain avec de faire naitre une trainée de flammes.

- KEIBATSU !!!

Le déplacement créait de petits claquements ponctuels dans l'air alors que le feu sur l'arme semblait se décupler au fur et à mesure. Le bout du bâton frottait le terre battue, soulevant poussière et laissant derrière lui les stigmates enflammés. Matsukaze effectuait avec cette manœuvre un grand balayage latéral en partant du sol. Le coup ne semblait pas ralenti par le poids démesuré de l'arme mais le Capitaine sentait la chair de ses mains bruler au contact du métal chauffé. Soit, qu'il essaye en effet d'échapper à ce coup. Car lorsqu'il aura terminé son mouvement entre eux se trouvera une mer de flammes.

BANKAIIIIIII - ZENMETSU !!!!!!

Plutôt que d'exploser autour de lui, son énergie auréolait seulement Kaimetsu. L'immense Zanpakutō se liquéfiait, formant une masse sombre autour de lui, une petite mare dont il était le centre de gravité. De multiples billes métalliques s'élevaient de ce liquide pour tourner autour du colosse, formant un champ protecteur mouvant. Un champ qui ralentissait les attaques ennemies sans pour autant les arrêter, ce qui n'était pas leur but initial.

La raison d'un tel changement d'attitude ? Les compétences martiales de son adversaire. Ce qui lui arrivait dessus n'était pas à prendre à la légère, surtout en observant les flammes et cette chaleur qui devenait de plus en plus intense. S'il ne connaissait rien des pouvoirs de son Capitaine, le colosse avait un léger avantage dans cette situation. Il avait récemment combattu un autre Bankai, utilisant le feu lui aussi. Il savait comment gérer. Du moins en partie, tant la puissance était redoutable.

La sphère magnétique l'enveloppait déjà tandis que les billes de métal semblaient former un mur protecteur, balayé par ce souffle ardent mais ayant toutefois joué son rôle à merveilles : limiter les effets sur son corps. En dépit de cette protection, le corps du colosse se souleva du sol, tandis que sa chair ressentait pleinement ce feu. S'écrasant plus loin avec violence, il sentit le contre coup dans tout ses membres. Des brûlures sur les bras, le visage tuméfié, il avait subi un sacré assaut, il ne le niait pas. Seulement il était l'Argenté. Il se redressa alors.

- Voilà, c'est ça que j'attendais. Finalement, tu m'as pas laissé le choix. J'suis pas un grand fan du Bankai de base mais disons qu'il fait le taff. 'Fin, j'parle, j'parle, et j'te montre pas. Tu vas dire après que j'ai qu'une grande gueule. Mouhahahahahahaha !!!

La particularité du sien se dévoilait face au regard de Matsukaze. Mais il ne se limitait évidemment pas qu'à un symbole protecteur. Il était aussi la Destruction. La Mort. Un large sourire apparut sur son visage alors qu'il approchait. Un mur de flamme face à lui ? Qu'importe, ce n'était rien. Puisant dans son énergie, il le traversa. Purement et simplement. Et s'il sentit quelques brûlures, ce n'était rien comparé à l'assaut précédent. Il avait connu pire. Bien pire. Cela l'impacterait un peu mais finalement, pas tant que cela.

- Inmetsu !

De plus en plus de sphères métalliques s'élevaient de la mare qui ne cessait de suivre le colosse. Il était une planète entouré de ces sattelites particuliers. Les billes tournaient autour de lui de plus en plus rapidement. Il leva simplement les mains, de part et d'autre de son corps, comme pour transférer de sa propre énergie vitale à ces sphères d'acier.

Les billes changeaient peu à peu de couleur pour devenir blanches, couleur de l'Argenté. Et le mitraillage commença. Les billes fusèrent mais ne frappèrent pas de suite. Entourant l'homme à une vitesse stupéfiante. Cherchant à bloquer toute échappatoire. Et alors il abaissa les mains. L'enfer s'abattit sur la zone.

Cette aura. Il la connaissait, dès leur première rencontre l'Argenté l'avait laissée s'exprimée, visiblement irrité par le discours de son Capitaine qu'il ne portait pas dans son coeur - preuve en est de cet affrontement - et avait donc laissé cette énergie envelopper son corps. Il la connaissait, oui, et pourtant cette fois elle semblait différente. Une fois son pouvoir libéré ce n'était plus une simple couleur qui faisait briller son arme, non. Il avait quelque chose en plus... Un frisson parcouru l'échine de l'Ogasawara.

Puissance.

Des billes de métal étaient nées de la liquéfaction de l'arme. Une telle portée allait être difficile à gérer, même en usant de vitesse. Autant essayer d'éviter des goutes de plus. Le potentiel destructeur d'un tel pouvoir était démesuré, au moi aussi grand que celui de Flamboyant bien que plus erratique. La tension dans ses muscles commençait à devenir douloureuse, pas assez pour le géner mais il la remarquait. Peut-être cet afflux d'énergie qui l'avait forcé à prendre un peu plus conscience de son propre corps, se concentrer sur ce qu'il ressentait. Ce qu'il allait ressentir. Il allait falloir percer les défenses du Vice-Capitaine, passer outres ces billes qui pouvaient forcer un rempart pour le protéger. Pas une minute à perdre.

- Ça va piquer.

Un message pour lui ou pour Shinjiro ? Les deux. Il n'allait pas attendre plus longtemps. Impossible d'éviter ce qui allait lui tomber dessus alors... comme on dit, la meilleure défense c'est l'attaque. Quand bien même il arriverait à éviter ou parer quelques projectiles d'autres allaient le toucher. Il allait se concentrer. Faire en sorte qu'aucune ne vienne toucher sa tête. C'était sa seule option. Il s'élançait en brandissant son arme, déjà l'assaut se faisait sentir. Il se faisait pilonner de toute part, percuté par le métal dans toutes les directions. Un hurlement alors qu'il faisait basculer son arme, de ses deux bras il la manipulait pour effectuer des tours de plus en plus rapides, des manœuvres frappant dans tous les sens dans un déluge de de flammes, de poussière, de morceaux de terre et de métal volant dans tous les sens. Les spectateurs ne pouvaient plus rien voir, tout n'était que chaos.

- HHHAAAAAAAAAAA !!!

Les coups étaient multiples et violents, il sentait ses muscles se déchirer, sa peau se faire trouver, ses cotes se faire briser. Mais il n'arrêtait pas. Il continuait ses mouvements cherchant à frapper Shinjiro, peut être pas autant que ce dernier ne le touchait non, mais certainement plus fort. Et dans un dernier mouvement...

- KABUTOWARI !!!

Comme pour se donner du courage. Empoignant son bâton de deux mains il le leva en l'air avant de le faire s'abattre avec fureur sur son adversaire. Le bruit des flammes était devenu des explosions. Jusqu'à une dernière alors que l'impact se fit entendre. Une onde de choc vint lui fissurer les avant bras et souffla jusqu'à rebondir contre les parois élevées plus tôt pour protéger les témoins. Sous la violence du coup le terrain s'était vu complètement déformé, des blocs de terre et de roches s'étaient élevées ça et là, des crevasses vallonnaient la zone. Ce n'était plus un terrain d'entrainement.

La poussière retombait. Matsukaze recula de quelques pas, affichant une grimace. Il cracha du sang, haletant. Son Haori était en lambeaux, son Shiakusho ne couvrait que la partie gauche de son buste. Il planta Chimimōryō no Kamigata dans le son, s'en aidant pour se redresser un peu plus. De son autre main il s'essuya la bouche. Chaque mouvement était pénible.

- Allez Shinjiro. On continue.

Je ne suis pas mort.

Flamme et métal s'emmêlaient, les techniques s'enchaînaient à une vitesse proprement stupéfiantes et il était difficile pour les observateurs de comprendre toute l'étendue de ce qui se qui se déroulait sous leurs yeux. Une seule certitude : Capitaine comme Vice Capitaine déployaient une puissance à faire pâlir d'envie la plupart des combattants. Les barrières érigées contenaient les résidus d'énergies mais les Nécromanciens le savaient : ils ne devaient pas relâcher leur attention.

Shinjiro pouvait compteur sur Kaimetsu pour assurer sa propre protection, en dépit des flammes et des ondes de choc que chaque impact générait. Si le terrain avait été modelé par les coups portés, le corps du colosse subissait aussi clairement les chocs. Les billes de métal et sa technique au Zanjutsu lui avaient néanmoins permit d'encaisser et de réduire l'impact, sans quoi il aurait été dans un état encore plus catastrophique. Avoir un style de combat résolument tourné vers l'encaisse n'aidait pas.

Le déluge s'était atténué et les deux hommes s'observaient. Bâton et feu. Alors que lui portait dans sa main droite une copie de Kaimetsu qu'il avait formé en utilisant le métal de son arme. On sentait que ce n'était pas la "vraie" mais elle avait été utile dans sa combinaison défensive. Du bras, il s'essuya le sang qui coulait de ses multiples entailles au visage, tout sourire.

- Evidemment qu'on va continuer. Et tu veux que j'te dise ? Ca faisait vraiment longtemps que j'm'étais pas éclaté comme ça.

Un compliment très clairement. Ses bras étaient lourds, il le sentait. Mais son pouvoir lui permettait de lutter même dans ces circonstances. De nouveau, son aura explosa. La terre sous ses pieds tremblait alors qu'il se mettait en position. Libérer son plein potentiel lui permettait notamment de frapper plus longtemps que ses adversaires.

De nouveau, les billes s'élevèrent autour du colosse. La suite, il la connaissait. Mais avant, il allait apporter une petite touche particulière. De la mare surgirent subitement plusieurs lances qui prirent pour cible le Capitaine. Malheureusement, le colosse avait mal anticipé l'état du terrain et une énorme partie de son attaque fut bloquée avant même d'atteindre sa proie.

Seulement pas question de rester sur un pseudo échec alors que les billes recommençaient leur pilonage. Et au milieu de cette pluie terrifiante, l'ombre de l'Argenté fusait vers l'Ogasawara. Désarmé, il plongeait vers lui et débutait alors une série de mouvement puissant, précis, afin de déstabiliser son adversaire. Terminant sur une droite magistrale en pleine mâchoire. Enfin, s'il y parvenait.

- MANGE TA DAROOOOOOONNE !!!!!!!

Un poète. Cette incursion en plein milieu de cet enfer avait eu des répercussions même sur lui évidemment. Mais il fallait souffrir pour savoir faire mal aux autres. Ou un truc du genre.

Il se tenait là, droit, empoignant son Zanpakutō sous la forme d'un immense bâton de métal. Toujours haletant. Récupérant son souffle avec douleur. Chaque inspiration tirait sur ses côtes brisées. Ses vêtements commençaient déjà être poisseux de par le sang qui coulait de ses plaies. Il avait un léger acouphène, un choc trop près de l'oreille. Les paroles de son adversaire lui parvenaient assez étouffées mais il les comprenait. Il parlait beaucoup.

- Allez, ça suffit Fumihazusu.

Il ferma les yeux un bref instant. Un légère vibration dans son arme creusa quelques fissures dans le sol avant qu'un souffle émane du métal, soulevant de la poussière tout autour de lui. L'instant d'après il ne restait qu'un bâton de combat plus ordinaire, en bois cerné de diverses moulures de métal le décorant avec finesse.

Il allait avoir besoin de se mouvoir avec plus d'aisance, son corps était salement amoché et manier un objet aussi grand que son Bankai allait l'handicaper face aux techniques de l'Argenté qui couvrait un trop grand terrain. Ainsi, même dans la douleur il allait avoir une plus grande liberté d'action et saurait entre autre mieux utiliser son jeu de jambes, comme un bon maître martial. Les billes s'élevaient déjà tout autour de lui, prêtes à le pilonner de nouveaux mais chose nouvelle il ressentit une légère vibration dans le sol. Parfait. Matsukaze concentra son Reitasu dans ses jambes et ses bras, commençant à effectuer un mouvement circulaire avec son arme. L'instant d'après ce n'était plus un seul Matsukaze qui faisait face à Shinjiro mais une dizaine, tous faisant tourner leur arme devant eux. Des pics de métal se dirigèrent vers chacun d'entre eux et tous furent contrés au même moment.

Le Capitaine était partout. Le Capitaine n'était nulle part.

Cependant la suite allait être bien plus difficile à contrer. Les mouvements aléatoires des sphères de métal étaient bien plus difficiles à contrer que ceux de pics avançant en ligne droite. Il réussit à a en repousser quelques une, mieux que la dernière fois donc mais les impacts restants lui semblèrent plus plus douloureux que les premiers. Enfin... sur ce qu'il ressentait encore. Son visage était gonflé par endroit, sa vision du côté gauche obstruée par le fait que sa pommette et son arcade étaient tuméfiées. Il pu cependant appercevoir Shinji s'approcher de lui - le vrai - et tenter de la frapper en employant son étrange énergie. Ces coups là n'étaient pas aussi dangereux que les autres qu'il avait pu recevoir, aussi il se laissa atteindre. Un. Deux. Trois. Quatre... Mais le cinquième lui... Il vit les muscles de son adversaire se contracter et vint placer immédiatement Fumuihazusu entre lui et la main qui tentait de lui décrocher la tête.

Et dans un dernier pas de Shunpo l'Ogasawara vint se trouver juste derrière l'Argenté.

- Toi et tes foutues billes... Je n'aurai pas pu imaginer pire et meilleur adversaire pour ce combat. Tu sais, on pense souvent que mon pouvoir se réfère au flammes mais il n'en n'est rien. Elles ne sont qu'une conséquence de ce qui fait réellement la force de mon âme. Celle du poids.

Un grondement sourd se fit entendre dans toute la zone, parvenant non sans mal aux oreilles des specteurs. Matsukaze était venu aussi près que possible de son adversaire pour que celui-ci puisse ressentir au plus proche la violence de son Reiatsu imprégné du poids de Fmihazusu. Le poids qu'il portait depuis tant d'années, qu'il soulevait.

Le poids que l'un d'entre eux allait porter très bientôt, au delà d'un nom, au delà d'une fonction... un titre.

Qu'il scelle de nouveau son Bankai n'était en rien une surprise pour le colosse. Tout capitaine qu'il soit, l'énergie était importante et faire face au Colosse ne permettait pas de la dépenser sans raison. Lui plus que quiconque comprenait désormais toute la dangerosité des attaques du géant d'argent. Et ce dernier ne jugeait pas d'ailleurs. Restait la question de savoir ce qu'il ferait lui. Et pour l'heure, il n'était pas question évidemment de briser le sien.

Alors qu'il passait dans son dos, Shinjiro perçut ses paroles. Et comprit d'instinct que la suite ne serait pas si aisée. Tant mieux en un sens, car ravir le titre de Capitaine de la Onzième sans challenge n'aurait pas été quelque chose d'appréciable à ses yeux. Pour ceux qui observaient comme pour les deux acteurs, il était primordiale de faire respecter cette loi sacrée. Qui avait plu de valeur que leur propre vie.

Personne n'était au dessus de ce règlement. Et alors un poids immense s'abattit sur lui. Une puissance telle qu'il fléchit les genoux sous la surprise. Mais clairement pas suffisante pour que cela amène à le faire tomber. Le colosse était l'exemple même de la résilience. Et puisque son adversaire en valait la peine, il n'allait pas se laisser aller à la facilité. Il se tourna vers lui, le regard dur. Mais avec un respect qu'il n'avait pas encore montré jusque là.

- Et l'on pense souvent à tort que ma seule façon de combattre, c'est de déployer ma force brute, sans restriction. Toi comme moi, nous sommes bien plus que ce que les gens voient.

S'il sentait ce poids lui peser sur les épaules, cela ne l'empêcherait sûrement pas de déployer sa force. S'il devait en finir ainsi, il le ferait. Et s'il résistait une ultime fois, alors il lui réservait sa technique phare. Seulement il préférait éviter d'en arriver là. Pour lui permettre de garder quelque chose de ce corps si précieux.

Autour de lui, les billes s'activaient de nouveau. Seulement certaines ne purent suivre alors que la force de Matsukaze les maintenaient au sol. Mais cette gravité ne serait pas suffisante. L'enfer s'abattait de nouveau sur lui. Sur eux même. Mais le contrôle du colosse était meilleur désormais. Des billes furent même propulsées du sol pour tenter de le perforer par en dessous.

Et parmi les attaques, une lame constituée de ce métal se traçait son propre chemin, tenue par la main gauche du colosse. Le colosse connaissait le corps humain. Cette fois, il visait purement et simplement les tendons de l'Ogasawara, afin de l'empêcher de fuir. Il se déplaçait encore trop rapidement à son goût pour le laisser agir à sa guise. Quant à sa main droite ? Elle aussi, elle jaillit dans la direction du Capitaine, paume ouverte.

Visant clairement la trachée pour la lui écraser avec force. Et déjà autour de Shinjiro, une étrange aura apparaissait. Plus terrible. Plus puissante encore. S'il survivait à ce déluge de coup, alors la suite serait différente. Et il ne garantissait plus alors que l'on retrouve le corps de son adversaire.

SHinjirô se penchait mais restait debout sous l'impulsion de l'énergie de son Capitaine. Une puissance brute s'exprimait, une volonté aussi. Le Shinigami qui lui faisait face était animé d'une vitalité hors norme, sans aucun doute portée par son ambition personnelle. Celle de devenir le plus puissant. Celle de le montrer aux yeux de tous. Respecter cette tradition sacrée à ses yeux et celle de tous ceux qui observaient la scène derrière leur mur d'énergie.

Alors ils se faisaient face, leurs regards s'entrechoquaient alors que l'un comme l'autre exprimaient leurs pensées sur ce que l'on pouvait attendre d'eux. Sur ce que l'on voyait d'eux. Matsukaze, un noble de cette illustre famille, placé à la tête d'une Division où les gens comme lui n'avaient rien à faire en temps normal. Il était porté par une vision, l'ambition folle de faire briller un sabre qui s'était émoussé au fil des ans. Redorer un blason, que les murmures ne soient plus moqueries, que les chuchotements ne soient plus craintes. L'espoir.

Les billes vibraient à nouveau, certaines n'arrivaient pas à quitter le sol sous la pression exercée par l'Ogasawara mais les autres commençaient à tournoyer autour d'eux. Il allait à nouveau exécuter son ballet chaotique, alors lui de faire de même avec sa technique. De nouveau il semblait être légion, des Matsukaze emplissaient le terrain dévasté, tous agitant leur arme en des mouvements circulaires. Ils étaient une vingtaine cette fois, il poussait sur ses jambes avec plus de vivacité, puisant dans les maigres ressources qu'il lui restaient. Il serait bien plus difficile pour Shinjiro de l'atteindre et il vit le Colosse tenter de lui rompre les ligaments au niveau des chevilles. Un clone disparu sous ce choc, Matsukaze esquivant le coup de justesse. L'Argenté parvenait à le suivre pourtant, il se jetai sur la dernière position réelle de son adversaire, avec une microseconde de retard, laissant l'occasion à Matsukaze de dévier le coup visant à lui ôter le souffle avant de disparaitre à nouveau. Pourtant, comme toujours, des billes l'avaient heurté.

Il haletait, épuisé. Il ne ressentait plus réellement la douleur tant elle était partout. Ses muscles le tiraient. Ses os brisés se mouvaient. Et lui, en face ? Oh il était amoché oui, bien sûr... Mais sa vitalité semblait encore vive. Son corps avait enduré beaucoup, que ce soit par les coups de Matsukaze ou les contre-coup de son pouvoir métallique. Mais la chose était claire à ses yeux désormais. Il n'y avait qu'une issue possible. Il le savait. Depuis le premier jour il le savait.

La mort.

Il avait son rêve oui, une tentative de donner du sens à une perte bien trop tragique. Mais peut être aussi celui d'une délivrance. Il avançait alors vers lui, par des pas calmes cette fois, son arme frottant avec nonchalance contre le sol irrégulier.

- Ta technique est bonne, tes mouvements sont précis... Mais j'aurai pu t'enseigner plus. Tu aurais pu être meilleur. Oh tu le seras oui, plus tard. Je n'en ai aucun doute. Mais pour l'heure tu vas devoir faire un choix. Car comme nous l'avons dit, les Shinigami de la Onzième Division attendent de nous quelque chose de précis. C'est une charge. Un poids que tu vas devoir porter. Je ne te demande qu'une seule chose : poursuis ce que j'ai commencé. La voie que j'ai choisi pour l'Achillée est la bonne. Maintenant tu vas devoir leur donner ce qu'ils veulent. Ce qu'ils voient de toi. La puissance brute.

Et je vais t'en donner l'occasion.

Un énième pas de Shinpo pour revenir en arrière et déjà Fumihazusu fusait sur Shinjiro à toute vitesse, prêt à le percuter... Mais pendant la course de son arme, Matsukaze psalmodiait une litanie en sous voix. Sa main se levait, son poignet formait un angle étrange. Brisé. Il ne s'en était pas rendu compte. Une étincelle au bout de ses doigts.

- Bakudō no Jūsan : Fushibi.

Porte ton poids. Je vais porter le mien.

Il y avait survécu. Mais même lui savait que ce n'était qu'un bref répit. Il méritait évidemment les honneurs pour avoir lutté de la sorte face à ce qui se faisait certainement de mieux au sein des Armées de la Soul Society. Et s'il était capitaine, ce n'était forcément pas sans raison. Seulement il avait brigué la mauvaise division. Il était arrivé avec sa volonté de changement, au sein d'un groupe qu'il ne comprenait pas réellement. C'était cela en réalité qui avait raccourci son existence.

Il comprenait, en l'écoutant prononcer son dernier discours, qu'il avait réellement cherché à améliorer les choses ici. Mais il s'y était mal pris. Autour d'eux, un silence désormais absolu qui tranchait avec le brouhaha précédent. Les attaques s'étaient calmées. D'ailleurs, le colosse avait scellé son propre Bankai, alors que Kaimetsu était réapparue dans son dos. Plus de billes, plus de métal au sol. Rien d'autre qu'un homme assumant ses multiples blessures, prêt à achever le valeureux guerrier face à lui. Et les shinigamis autour ne s'y trompaient pas : cela allait arriver.

Car en dépit du respect entre eux, la Loi de la Onzième imposait un final d'exception. La mort de l'un d'entre eux. Il allait lui répondre mais il sentait aussi qu'il en avait sans doute encore un peu sous le pied. Seulement la suite... Oui, cette contre attaque... Elle déclencha la colère du colosse.

Alors que le bâton allait l'atteindre, Shinjiro ne put réagir. Englué dans ce qui semblait clairement être un sort de Kidō. Paralysé par le sort - plus de surprise que lié à la puissance de ce Bakudō - il ne put rien faire sur l'assaut qui le percuta de plein fouet, le faisant reculer de quelques pas. Quelle force encore pour un mourant. Mais plus assez. Le bâton retomba au sol, mollement. Mais la douleur n'existait plus. Car la colère l'avait désormais remplacé.

L'explosion de Reiatsu qui suivit fit littéralement volé en éclat les fils orangés, propulsant également l'arme de son adversaire au loin. L'intégralité de son corps était entourée d'une aura d'argent, puissante, qui secouait le sol autour de lui. Son regard ne quittait plus le Capitaine, plus loin. Et doucement, lentement, il s'approcha. Pas après pas. Chacun d'eux secouant le sol à son passage. Il marchait. Et son poing droit, fermé, semblait cumuler une grosse partie de ce Reiatsu qui se dégageait de lui. Plus il approchait, plus Matsukaze ressentirait la colère du géant. Et son Reiatsu paralysant.

- Je leur donnerai ce qu'ils veulent. Mais je ne suivrais certainement pas la voie qui est la tienne. Je tracerai mon propre chemin et ils suivront. La Onzième n'est pas morte. Bien au contraire. Quant à toi... Et bien on va arranger ça immédiatement.

Pas après pas, il était arrivé face à lui. Autour d'eux, plus rien ne comptait. Mais il paraissait évident que la puissance qui se dégageait en cet instant de Shinjiro n'avait plus rien de comparable avec son pouvoir précédent. Ici, même Kaimetsu ne pouvait soutenir la comparaison. Et Matsukaze, plus proche que les autres, allait en ressentir tous les effets. Il murmura alors pour que seul lui puisse entendre.

- Finir sur un Bakudō. Je ne peux pas laisser cela passer. Sois toutefois fier. Car cette technique est ce que j'ai de plus puissant.

Toute l'aura était désormais centralisé dans le poing. Il recula son bras. Toujours en observant l'homme face à lui. Et le coup partit. Fort. Visant le sternum de son adversaire. Générant à l'impact une terrible onde de choc qui risquait de détruire ou de déchirer pas mal de chose sur son passage.

Quant au résultat sur un corps humain ? On allait bientôt le savoir.

Il régnait un silence de mort dans l'assemblée, tout autour d'eux. Juste après que le sort ait été lancé, après que la surprise avait pu s'entendre depuis leurs bouches. Car tous avaient les yeux rivés sur celui qui avançait et celui qui se tenait droit.

Sa vision tremblait, devenait floue parfois. Il n'avait pas vu ce qu'il venait de se passer, replacé dans l'instant présent par la décharge de Reiatsu qu'il venait d'encaisser. Shinjiro s'approchait, apparemment libéré du sort qui l'avait contraint. Ou visiblement pas. Il chancela, se rattrapa en mouvant sa jambe au dernier moment. D'instinct il laissa sa propre énergie parler, comme pour contrer celle de l'Argenté. D'ailleurs tout était gris autour de lui. Etait-ce du à son pouvoir ou au fait qu'il était à deux doigts de l'inconscience ?

Il y mettait toute sa volonté pour résister à ce déluge de fureur. C'est ce qu'il avait cherché en même temps. le provoquer... volontairement cette fois. Pour lui. Pour eux à l'extérieur de ce terrain dévasté. La dernière chose qu'il pouvait faire pour mener à bien sa propre ambition. Car pour un royaume il fallait un roi. Et pour le roi, il fallait que le royaume puisse croire en lui. Ce geste, il le savait, allait provoquer sa fin. Mais il l'endossait en pleine conscience, en sachant pertinemment que celui qui lui faisait face ne pourrait avoir d'autre choix que d'agir face à cet affront. Qu'il en comprenne le sens profond ou non.

L'interdit.

Les mots ne lui parvenaient plus, un sifflement sourd lui harcelait les tympans. Mais déjà l'autre était face à lui. Immense. Puissant. Dévastateur. Matsukaze ne percevait qu'une masse brillante. Ses jambes se déplacèrent lentement, la jambe d'appui légèrement en arrière. L'instinct face au danger. Son regard était haut, comme s'il ne quittait pas les yeux de son adversaire. Il ne le voyait plus vraiment. Son poing était armé, dégageant une puissance phénoménale.


Un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Ha..na..bi...

Puis le coup. La main du Capitaine tenta de le repousser sans s'en rendre compte. Un effet dérisoire face au déluge que son Vice-Capitaine avait concentré en un point unique. Son poing. Le contact. Un bruit sourd, semblable à ceux qu'émettait Chimimōryō no Kamigata. Une onde de choc qui fit trembler jusqu'à l'énergie qui contenait leur duel. Une seconde. Puis deux. Le poing de Shinjiro se trouvait contre le buste de Matsukaze.

La fin.

Terrible. Son torse disparut. Sans un bruit. Sans un reste. Il ne restait que le haut de son corps, au dessus de ses pectoraux. Son épaule gauche et le bras qui allait avec. Celui brisé. Les restes tombèrent au sol. Du bas il ne restait qu'à partir du nombril. Ses jambes tenaient encore leur posture de défense.

Et lui, conscient pour une dernière seconde, avait les yeux grands ouvert. Toujours aussi vifs et flamboyants. Son visage était maculé de son propre sang. Ses lèvres bougèrent mais aucun son n'en parvint.

Fin du combat. Ogasawara Matsukaze est mort.

La violence de l'impact fut à la hauteur de cette fin de combat : mémorable. Alors que le corps se disloquait complètement, emporté par l'onde de choc qui réduisit à néant une partie des membres, Shinjiro observait. L'onde se répercuta sur les différents murs des Nécromanciens, laissant le souffle les atteindre comme symbole de la puissance de ce coup.

Alors le colosse se décrispa. A nouveau, ce silence. Les observateurs n'avaient finalement vu qu'une partie du corps de leur ancien Capitaine disparaitre. Difficile de là où ils étaient de voir l'étendu des dégâts. Et les barrières restaient en place pour le moment.

Lentement, il se dirigea vers l'endroit où il avait déposé sa propre veste Shinigami pour l'attraper et se rendre de nouveau au dessus du corps de l'Ogasawara. Alors qu'il se penchait sur le corps, il rassembla les quelques restes éparpillées et les recouvrit de sa propre veste. Prélevant néanmoins au passage, et discrètement, la tête encore intacte de celui-ci qu'il enveloppa dans les restes du Haori ensanglanté de l'Ogasawara. Un dernier regard sur ces yeux encore ouvert. Fier jusqu'au bout hein.

D'un signe de la main, il donna ordre aux Nécromanciens de libérer la foule. Peu à peu, les hommes et les femmes de la division approchèrent. Entourant l'espace que le colosse et son adversaire avait utilisé pour ce combat. Un silence respectueux, une dernier hommage, alors que les lames sortaient de leur fourreau pour se dresser haut dans le ciel. Un hommage au défunt. Un hommage également au nouveau Capitaine qui allait désormais devoir assurer la suite.

- Emportez le corps du Capitaine Ogasawara Matsukaze avec le respect qui lui est du. Qu'on puisse redonner ses restes à sa famille. Même si ma dernière attaque a quelque peu abimé l'tout.

C'était peu de le dire en voyant les effets de l'onde sur l'entièreté du corps. Il ne restait finalement que peu de chose. Pas même la tête. Les Shinigamis poussèrent un cri à l'unisson et les premiers s'activaient déjà à rassembler les morceaux encore éparpillés. Tandis que les voix commençaient de nouveau à s'élever. Partageant leurs impressions, facilitant le colosse. Mais ce dernier n'entendait rien d'autre que le bruit de fonds.

Un court instant, il ferma les yeux. Il y était arrivé. Enfin. Ce moment qu'il avait tant attendu, tant désiré, était enfin là. Lui. Kiryū Shinjiro, devenait aujourd'hui le Capitaine de la 11e Division. Et contrairement à son prédécesseur, il assumerait l'intégralité de sa charge. Avec le titre de Kenpachi qui allait avec.

- Ce soir, on fera la fête. Mais avant... Faut qu'j'aille voir les docs' !

Certains rirent fusèrent. Peu à peu, l'ambiance plus classique de la Onzième reprenait place.

Un beau combat. Une belle mort. Et un nouveau Capitaine.