Kyūbū Reijiro
Données Spirituelles
Grade: Knight of Swords
Ven 22 Sep 2023 - 1:55 - Become the Beast [Pv : Kyoya]
Année 2018 - Reijiro 17 ans.
Mains dans les poches, casque sur les oreilles, le son bien fort qui tabasse les tympans, capuche qui me couvre la tête, je trace dans la nuit. Je rentre d’un combat, encore un ouais, mais surtout encore un que j’ai gagné. Alors ça m’apporte pas de gloire pour le grand public vu que je combat clandestinement, dans des arènes hors du circuit légal, mais je me fais beaucoup de pognon et surtout, j’ai de quoi évacuer ma rage. Et c’est le plus important à mes yeux ces derniers temps, avoir de quoi m’occuper la tronche et me vider l’esprit. Autrement je passerai mes nuits à picoler ou pire, je finirai comme un putain de drogué à m’envoyer de sacrées doses pour m’éteindre et réussir à pioncer. Les combats sont l’exutoire qu’il me faut, je pourrais jamais m’en passer…
Qui dit combat dit tenue de sport qui va avec, un jogging nike de couleur rougeoyante, parce que j’aime pas vraiment passer inaperçu. Le son qui tape dans les oreilles me fait oublier à quel point certaines ruelles peuvent être crades et craignos à cette heure de la nuit. Pour un peu, si j’étais un petit gars sans défense, je craindrai pour ma peau à marcher seul ici. Mais je suis loin d’être un agneau inoffensif, je suis plutôt du genre prédateur qui a les crocs. Mais ce soir j’ai eu ma dose, en témoigne l’hématome qui maquille ma tronche, au niveau de la pommette. Si j’ai étalé en deux rounds l’enfoiré à qui je dois cette marque, il aura quand même réussi à me faire chier au début de combat. Mais c’est ce que j’aime aussi, de prendre des coups. Avoir mal, c’est savoir qu’on est vivant, c’est sentir que l’on est en vie.
Et cette nuit, grâce à ce connard, je me sens plus que vivant.
Gagner un foutu combat dans la cage ça a ce quelque chose d’excitant, de puissant, comme une drogue qui rend accroc et t'empêche de décrocher même quand tes os sont trop vieux pour suivre le rythme. Je pense pouvoir dire que je crèverai dans la cage, que je combattrai là-dedans jusqu’à ce que je sois plus capable d’encaisser une droite, jusqu’à prendre le K.O de trop, celui qui éteindra définitivement l’image et coupera le son pour toujours. Garé boulevard des allongés comme il dirait mon vieux, ce tas de merde ambulant. Bien content de plus l’avoir dans les pattes celui-là, c’est bien lui qui aurait dû crever, pas mes potes…
Je finis toujours inévitablement par repenser à eux, c’est maladif. Le poing se serre dans la poche, les mâchoires se crispent. J’ai la haine. Je sais que c’est aussi fort parce que c’est pas seulement de la rage, de la colère, y’a une grosse part de tristesse aussi, et de culpabilité. Sacré foutu mélange explosif et très merdique pour la tête, ça te garantit des nuits blanches et des sessions à trop penser qui finissent jamais. J’aimerai me les sortir de la caboche, parvenir à plus me bouffer la tête pour ça, arrêter de me reprocher leurs morts, mais c’est impossible. Je sais pas si c’est ma punition pour avoir survécu ou ne pas avoir réussi à les sauver, mais je crois que cette merde me laissera jamais en paix.
Je suppose que même un salopard dans mon genre à ses démons.
Et parlant de démons, parlant de salopards, y’a un putain de cri horrifique qui retenit pas loin de moi, qui va jusqu’à percer ma musique. C’est un appel au meurtre ce truc, un avertissement à la proie qui est sur le point de se faire bouffer. Et la proie, pensez bien que c’est moi. Me demandez pas ce que je leur ai fait à ces enfoirés de saloperies de créatures, mais elles adorent essayer de me grailler. Comme si j’étais un putain de morceau de steak plus juteux que les autres, ou que je schilingue plus fort d’une odeur qui les fait bander, je sais pas. Mais y’a un truc, et franchement c’est lourd.
Enfin, c’était lourd au début, quand j’étais qu’une merde. Depuis que j’ai décidé de rendre les coups, crois-moi que celui qui s’amuse le plus entre eux et moi, c’est bibi. — Bordel, t’es sans doute la plus dégueulasse que j’ai croisé toi… Et il faut dire que Madame a fait un effort sur la présentation. C’est pas seulement grand, c’est laid, profondément laid. Je sais pas c’est quoi le délire avec l’espèce de masque blanc qu’ils ont tous, mais bordel que c’est moche.
Souvent, ça leur donne des airs de glands géants qui se baladent dans la nature, cherchant un trou dans lequel se faufiler.
Je laisse tomber mon sac de sport à mon pied, adressant un regard haineux à la bestiole qui s’avance de quelques pas. Trois mètres au moins, aussi large qu’un char d’assaut, chacune de ses foulées fait trembler le sol. C’est pas pour si peu que je vais chier dans mon froc, ce petit numéro de scène flippante de film d’horreur, j’y ai déjà assisté quelques fois. — De toutes les personnes que tu pouvais bouffer cette nuit, t’as choisis la mauvaise, c’est vraiment con. Parce que j’ai pas l’intention de me faire déchiqueter ici, finir comme un glandu de random de l’Attaque des Titans, c’est pas mon délire. Je lui laisserai bien l’occasion de faire demi-tour et tenter sa chance ailleurs, mais je laisse aucune chance à ces merdes.
— Thunderstorm, mon vieux, on dirait que tu vas avoir ton combat de la soirée toi aussi, héhé. Ma main droite réapparaît à la vue de tous, enveloppée d’un poing américain. Son âme réagit à la mienne et notre énergie explose brutalement, balayant la ruelle d’une vague d’énergie qui traverse la bête et la déséquilibre, sans pour autant la faire chuter. Le poing américain disparaît en un arc électrique qui claque et la foudre vient englober ma dextre, crépitant, impatient de gronder. Thunderstorm est un excité du combat, lui aussi, je peux très clairement le ressentir chaque fois que je libère son pouvoir. Je sais pas comment l’expliquer ni comment c’est possible, mais je sens que ce poing américain est vivant, en quelque sorte.
Une aura dorée m’enveloppe, s’élève vers le ciel. A la fois réconfortante et enivrante, je ressens très clairement la puissance qui est la nôtre et toute la force que je peux déployer. J’adresse alors un sourire carnassier à la bestiole géante, qui braille encore de son cri dégueulasse. — Bah alors, t’attends quoi pour venir me chercher ? Que je la provoque, sans doute, puisqu’elle s’élance vers moi d’une course lente mais puissante, comme un bus sur la voie rapide. Serein, j’adopte une position défensive, prêt à le cueillir.