Maybe you don't but...

Il faisant les cents pas, depuis un moment. Bon, forcément ça attirait les regards, c’est qu’un Capitaine ça ne passait pas franchement inaperçu, mais il s’en tapait un peu. Certains pourraient se poser des questions, s’interroger sur les raisons de sa présence, et même lancer quelques rumeurs. Mais lui allait et venait devant le quartier général de la Dixième Division. Elle avait reçu un message, savait donc qu’il était venu la chercher à la sortie de sa division. Bon, elle savait pas trop pourquoi par contre, il l’avait pas dit dans sa note. Et d’ailleurs… est-ce qu’il savait vraiment lui-même ?

Depuis leur passage sur terre, y avait forcément pas mal de choses qui lui passaient en tête. Mais c’était un peu tendu d’aborder ce qu’il s’était passé alors qu’il n’était plus Loona désormais. Il avait réfléchi à plusieurs manières de lui en parler, d’aborder tout ça, mais à chaque fois il s’imaginait devoir gérer une furie lui infligeant une punition divine pour le châtier d’avoir osé se faire passer pour quelqu’un d’autre et lui mentir ainsi. Bon, au moins il avait une base d’introduction, qu’il lacherait dès lors qu’il verrait son joli minois débarquer.

- Voilà la plus belle, le giga-canon ! C’est ta promotion qui t’rend aussi radieuse ou juste le plaisir de m’voir ? J’te dirais bien « félicitations, c’est mérité », mais j’pense tu devrais être bien plus haut en vrai ! T’imagines si on avait tous les deux un Haori, trop la classe ! Bah c’pas grave, si t’as froid aux bras je te prêterai le mien, t’as vu comme je suis trop un bon ami ?!

Et de se marrer, cherchant sans doute à se détendre un peu dans une actualité franchement tendue sinon.

Oublie pas de lancer ton init, même si j’ai fait que 2 XD

Le message avait trouvé sa destinataire dans l’une des salles d’entraînement de la Dixième division. En compagnie d’une autre Shinigami, Mizuki s’essayait à de nouvelles techniques. Le messager a dû patienter qu’elles en ait terminé avant de pouvoir remettre le mot. Chacune avait son Shikai d’actif et en observant bien, l’on pouvait se rendre compte que l’adversaire de la nouvelle 4ème siège semblait complètement épuisée comparée à cette dernière. Il y a quelques temps maintenant, Mizuki avait apprit à se servir de son Bankai. Et lors de son acquisition, elle avait compris que son pouvoir dépassait ce qu’elle pensait qu’il était à la base. La Blanche imaginait qu’elle n’était qu’une force pure de destruction. Mais telle une balance, un équilibre, elle est également capable de lier les choses. Et cet aspect de son pouvoir n’est pas dépendant de l’état dans lequel son Zanpakutō se trouve. Tellement de possibilités s’offrent à elle. Son Bankai change la forme de son arme et décuple sa puissance, entre autres. Cela lui ouvre des portes. Celle qu’elle veut essayer d’emprunter ce jour là ne nécessitait pas la forme brisée finale de Kokuouheika.

Sa claymore aux symboles lumineux en main, elle se concentre pour utiliser l’énergie concentrée détenue dans l’un de ses symboles runiques lumineux. Le symbole s’éteint, mais l’énergie se déplace, entre en Mizuki. D’ordinaire, elle l’utilise directement pour elle-même, mais cette fois, elle n’en fait rien. L’énergie se déplace en elle, jusqu’à sa main libre tendue vers son adversaire du jour. Puis soudainement elle en jaillit en un rayon de lumière turquoise. Un peu à la manière d’un cero si l’on voulait un élément de comparaison. A la différence que l’énergie de Mizuki ne blesse pas la Shinigami. Cette dernière est surprise, mais finit par sourire et se redresser. Elle semble aller mieux, moins épuisée en tout cas. Voilà qui était un résultat des plus satisfaisant.

« Nous en avons terminé pour aujourd’hui merci ! »

Enfin elle prit connaissance du mot laissé par son meilleur ami. Sourire aux lèvres, elle ne se ferait pas prier pour répondre positivement à l’invitation. Alors qu’elle l’approche, elle conserve son sourire, partagée entre le bonheur de le voir et ses flatteries. Le temps où elle lui sautait au cou pour le saluer est révolu. Elle en crève d’envie pourtant, mais le fait d’avoir mûri la freine. Elle essaie d’être un peu plus réfléchie, un peu plus… adulte.

« Hé, beau-gosse ! C’est pour ça qu’t’es mon meilleur ami ! J’sais que j’peux compter sur toi. »

Elle sourit en coin et attrape les pans du Haori entre ses mains.

« Un jour j’en aurai un tu verras ! »

Ses mains glissent sur son torse, vérifiant qu’il est bien redevenu lui-même. Et puis, ce contact, elle en a besoin. Les derniers événements ont été une grande cause de stress. Cette giga menace sortie d’on ne sait où… Elle en avait toujours froid dans le dos et par conséquent, besoin de se sentir rassurée. Et pour cela, il n’y a que lui qui puisse la rassurer. Comme si elle était convaincue qu’à deux ils pourraient tout affronter.

« Haaa Bichon c’que tu m’as manqué ! C’était cool de partir avec les filles hein, mais j’préfère être avec toi. Tiens d’ailleurs, faut que j’te dise. J’ai rencontré une fille de ta division. Loona, tu connais ? Elle est raide dingue de toi, fait gaffe… Et non c’est pas un canon ! »

- Même plus droit à un p’tit câlin, teh !

Bien sûr Kenshirō ne manque pas d’observer l’évolution de leur situation. Et s’il a l’air d’en plaisanter à l’instant, cela lui manque à n’en pas douter. Que restait-il de leur binôme, arpentant le Rukongai en quête de puissance, de notoriété, de gloire ? Et surtout, bien sûr, d’une vie meilleure. N’y étaient-ils pas parvenus ? Le Kyōken était désormais Capitaine de l’une des treize Divisions, et Mizuki venait d’obtenir une promotion également. Ils avaient de meilleurs quartiers, des finances sans doute assez confortables pour couvrir leurs besoins qui n’avaient sans doute rien d’extravagants. Était-il plus heureux pour autant, que lorsqu’ils partageaient un peu de nourriture volée, ou qu’ils dormaient l’un contre l’autre afin de préserver un peu de leur chaleur ? C’était avant qu’ils ne rejoignent un dojo, soit bien longtemps déjà. Ils étaient devenus adultes depuis. Et il ne se sentait pas plus heureux qu’alors… car en son coeur, il connaissait la peur désormais.

- Une femme indépendante, je vois. Au pire tu défies le Capitaine de Shinjiro, tu le déglingues et PAF, Capitaine de la Onzième. C’est facile en vrai.

Il se marre un peu nerveusement. Clairement ce n’était pas aussi simple, non. Enfin, Kenshirō connaît pas vraiment le niveau du type. Mais il est Capitaine de la Onzième quand même, le supérieur direct de Shinjiro. Enfin pour le moment il pense déjà plus trop à tout ça. Le Haori, ça s’est vite éclipsé dans son esprit quand elle a passé sa main contre lui. Une tension nouvelle, et des pulsions bien sûr réprimées – ça ferait mauvais genre en cet endroit. Et cette sensation est tout aussi rapidement balayée par la mention à « Loona ». Ahah, au moins ça le rassurait, elle n’y avait vu que du feu et sa couverture était préservée. Super, il pourrait toujours tenter de caser sa dernière dose de féminité lors de bains, comme prévu.

- Ahah, ouais, c’est une fille cool quand même hein ? Il paraît que vous devez prendre un bain chaud toutes les deux, j’ai hâte. Enfin, je veux dire, elle a hâte, ouais, héhé !

Bon, il allait devoir faire gaffe et se remettre dans le délire de la dissociation, sinon, en fumée les rêves de « picoti picota entre filles ».

- À propos de ça… je suis au courant de c’qui vous est arrivé sur Terre, du coup. C’est pour ça que je viens. Je pense qu’il faut qu’on bosse sur… notre collaboration, tu vois ? On est forts individuellement, et on se connaît par coeur, pas vrai ? Pourtant, si on devait se battre côte à côte, on serait rien de plus que deux individus qui se battent l’un à côté de l’autre. J’voudrais qu’on soit une vraie équipe. Qu’on profite du fait qu’on s’connaisse si bien. Comme ça, si on doit recroiser ces saloperies… on les extermine !

De la détermination. Bien sûr, Kenshirō ne pouvait se laisser abattre bien longtemps, et cette source d’inquiétude se devait d’être transformée en assurance.

- J’ai réservé une salle d’entraînement pour nous. J’ai pas vraiment d’autre plan que d’se mettre sur la tronche jusqu’à ce que ça nous file une idée, un truc exploitable en mêlant nos capacités, tu vois le genre ?

Pareille démarche avait déjà été arrangée avec Shinjiro, bien que dans un style tout à fait différent. Et s’il était impossible de développer de pareils dispositifs avec tout le monde, en avoir au moins avec les deux Shinigami dont il était le plus proche s’imposait clairement à son esprit.

Comme t’as l’initiative, je te laisse nous mener directement à la salle d’entraînement et commencer le combat

Shingen sourit amusée de le voir râler parce qu’il n’a pas eu son câlin habituel. Elle essayait juste de jouer les grandes, mais est-ce vraiment utile de faire tant de chichis avec lui ? Tant pis pour cette fois.

« J’prendrais pas la place dont rêve Shinjiro. J’irai à mon rythme, à ma manière. Mais l’jour où j’deviens Capitaine, t’auras plus qu’un câlin ! »

Elle lui adresse un clin d’oeil en le laissant imaginer ce qui pourrait lui passer par la tête. En parlant de Loona, elle pensait qu’il finirait par lui avouer la supercherie, mais il s’y accroche encore. Certainement à cause de cette histoire de bain. Ce n’est pas la première fois qu’il essaie de l’y emmener. En vrai elle ne serait même pas contre l’idée c’est juste que l’occasion ne se présente pas au bon moment. D’ici là qu’ils trouvent ce fameux bon moment, elle peut en jouer. A son tour de le titiller un peu.

« Hum. Oui c’est vrai. Aaaaah Quel dilemme ! Moi qui voulait y aller avec toi… En plus on avait dit que je te frotterai le dos. J’peux pas revenir sur la parole que je lui ai donnée hein. Comment faire ? Tu ne voudrais pas venir avec nous ? J’suis sure qu’elle n’y verrait pas d’inconvénient ! C’est rare que j’y aille, l’occasion risque d’pas s’représenter d’si tôt... »

Elle sourit en grand, curieuse de voir comment il va se dépatouiller de cette affaire. En ce qui la concerne, tout lui va. Évidemment elle a bien sa préférence, mais au final cela reste du temps passé avec lui alors elle ne fera pas la fine bouche.

Programme de la journée, entraînement et ça lui va. Il y a justement quelque chose qu’elle aimerait bien lui montrer. Elle ne commencera pas par « ça » gardant un petit effet de surprise en plein combat, mais elle a hâte de voir sa réaction. Ils se rendent sur place et elle programme le décor de la salle. Une forêt aux arbres teintés de couleurs automnales apparaît. Les feuilles mortes jonchent le sol sec. Tout à fait de saison !

« Bon, j’suis prête ! Je vais te montrer tout ce que j’sais faire, et si un truc te donne une idée… C’est parti ! Technique n°4, Byakurai ! »

Elle a tendu sa main dans sa direction et rassemblé son énergie spirituelle. A l’incantation, une décharge en jaillit. Elle se met ensuite à courir vers lui et une fois assez proche, lui balance son pied dans l’omoplate. Ce n’est qu’alors qu’elle sort son katana de son fourreau et l’attaque. Petite joueuse pourra-t-il dire Mais ce n’est que le début.

Il se fige un moment. Dans l’euphorie, il a failli « tope-là » sur la proposition de bain chaud à trois. C’était un plan parfait en vrai, le truc trop bien. Mis à part le léger détail, très léger, qui consistait à ce qu’il soit lui-même les deux tiers de cette potentielle réunion. Alors pendant un instant, son regard se perd complètement dans le vague. Il ne peut pas refuser. Il ne peut pas accepter. Du coup, Kenshirō meurt un peu cérébralement parlant. Enfin, un peu plus que d’habitude encore. Jusqu’à ce qu’une diversion s’impose d’elle-même, lorsque finalement Mizuki les guide jusqu’à la salle réservée. Cela eu le mérite de le dégeler si bien qu’il reprit ses fanfaronnades habituelles d’un :

- J’aime bien cette tenue, c’est nouveau ? Ça moule bien tout c’qui faut comme y faut en tout cas, ça paie la coquetterie !

Il peut pas trop dire qu’il sait qu’elle s’est acheté des trucs sur terre en tout cas, et en plus il sait même pas si elle porte quoi que ce soit de rapporté de cette expédition. Mais hé, le petit compliment sera pas perdu.

En tout cas, le cadre est rapidement posé – apparemment elle était inspirée – et le combat pourrait ainsi débuter en forêt. Mizuki incante et durant ce temps Kenshirō tire sa lame pour contrer le Kidō un peu trop évident. Œil pour œil, dent pour dent, il se met à incanter de son côté mais entre le blabla et la concentration ça fait de lui une cible facile. Les vrais gars doués en Kidō se démerdent pour les balancer dans les meilleurs moments, puis ils incantent vite de ouf, ils doivent pas faire des efforts de mémoire et en plus se concentrer pour concentrer son énergie comme il faut et tout. En bref, ça se sentait que c’était pas trop son truc, surtout en prenant des coups de pied dans la tronche, forcément ça aide pas.

Enfin, après avoir reculé face aux frappes de Mizuki, il parvient enfin à concentrer cette boule de feu au bout de sa lame qu’il lui envoie d’un mouvement brusque. Le temps qu’elle se charge de cela, il invoquerait le pouvoir de son Shikai, qu’elle connaissait déjà très bien, et lui enverrait dans la foulée sa version transformée, ses Corbeaux comme il les appelait, qui tournoieraient dangereusement vers elle.

Avec cette histoire de bains publics, elle l’a piégé et ils s’en retrouve si coincé qu’il préfère ne rien dire. Ou bien il ne sait pas quoi dire. Bref, ce n’est pas grave, cela l’amuse beaucoup. Changeant de sujet, il lui complimente sa tenue et elle opine en souriant.

« Ouais c’est quand j’suis allée chez les vivants. Ils ont plein de trucs trop cool, tu d’vrais voir ça. Je t’emmènerai un de ces jours. Oh mais attend. J’t’ai ramené un souvenir. »

Elle lui donne une petite bourse en velours, remplie de coquillages qu’il l’a vue ramasser sur la plage, les choisissant avec grand soin. Voilà de quoi lui prouver qu’il a été dans ses pensées une bonne partie du voyage. En réalité le contraire aurait été compliqué puisqu’elle savait que c’était lui qui était là à ses côtés. Mais cela, il ne le sait pas, ou ne l’a pas encore compris.

Le combat est des plus classiques, quoiqu’elle ne se souvient pas l’avoir déjà vu utiliser celle là. Cette boule de feu rouge qu’il concentre au bout de sa lame.

« C’est nouveau ça ? »

Elle prend tout de plein fouet pour tester la puissance d’une part et de l’autre parce que c’est toujours sa stratégie lorsqu’elle se bat. Et effectivement, ça pique un peu, enfin ça brûle quoi.

« A mon tour ! J’ai appris tellement de choses depuis la dernière fois.J’ai compris la nature réelle de mon pouvoir. J’ai toujours pensé que ce n’était qu’une sorte de grosse batterie qui me chargeait à bloc. Mais c’est plus que ça. »

Son sabre devient une grosse claymore aux symboles fluorescents lorsqu’elle en libère le pouvoir. Elle puise dans l’énergie de cette dernière, l’absorbant comme il a pu la voir faire un nombre incalculable de fois. La Blanche fonce sur son ami. Si lui est plutôt du genre à se battre à distance, elle en revanche préfère le corps à corps. Alors elle frappe de sa lame émoussée. Pourtant elle ne peut s’empêcher de penser que ce n’est pas cette proximité là dont elle a envie en cet instant. Elle regrette de ne pas l’avoir enlacé un peu plus tôt. C’est de sa faute, elle n’en a fait à sa tête alors elle ne peut s’en prendre qu’à elle, mais voilà, ça la distrait. Elle doit en revenir à l’instant présent.

« Je pensais que Kokuouheika ne savait que me renforcer et briser les choses. Mais j’ai découvert qu’il brise pour mieux lier les choses entre elles. Cette puissance qui me rend plus forte, c’est quand je me lie à lui. Il me fait don de sa force. Et ce coup là, que je connais depuis longtemps pourtant... »

Elle frappe une dernière fois et si l’arme touche Kyoken, alors il verra son énergie aspirée, le contact créant un lien entre lui et le Zanpakutō.

« Aspire ton reiryoku. »

Un contact physique créant un lien. Voilà le niveau où elle était avant, mais c’est terminé. Elle a passé un cap. Et personne ne le sait. Pour l’instant !

« Ce lien jusqu’à présent j’avais besoin d’un contact physique pour m’en servir. Ce n’est plus le cas. J’ai hâte que tu voies ça. Donnes tout c’que t’as bichon ! »