Fin de procédure

Quartiers de la Neuvième Division

Mamoru avançait pas à pas, portant l'habit rouge et or de sa famille. Ce n'était pas le Vice Capitaine de la Troisième Division qui s'avançait dans la rue mais le chef des Hinotori. Quelques serviteurs l'accompagnaient pour présenter des cadeaux, afin de remercier son hôtesse de sa réception. Personnellement, il n'avait pas l'habitude de mettre en avant son héritage familial mais, depuis son retour, quelques rumeurs circulaient sur la disparition d'un Shimura. Le secret qui entourait cette mort avait attisé sa curiosité. Il devait toutefois marcher sur des œufs. Le Conseil de guerre avait mis toute cette affaire dans un coin bien secret du Gotei XIII.

Sora était aussi de la partie à ce que l'on lui avait dit. Si deux Capitaines avaient œuvré à la disparition d'un Noble, la question du pourquoi s'était répandu dans les petites discussions que les Nobles pouvaient avoir entre eux. Evidemment, il était aussi un Vice Capitaine, tenu de ne pas se mêler d'affaires des autres Divisions. Une fois tous ses facteurs réunis, sa curiosité le poussait à tenter de creuser un peu sans le dire.

Enfin, terminant son topo sur ses petites ambitions, il y avait aussi la querelle entre son Capitaine et celui de la Neuvième Division. Sa mémoire lui jouait des tours, il se rappelait juste de propos sur un comportement d'un gars de sa Division qui faisait l'objet d'une enquête de la Neuvième. Etant absent pendant une longue période, cette affaire avait dû se régler d'elle même. Dans le doute, il voulait lever les questions éventuelles et les incompréhensions. Il allait voir lors de cet entretien.

Le voyage se terminait, la façade des baraquements de la Neuvième apparaissait sous ses yeux.

Après quelques présentations et quelques papiers signés, Hinotori et sa petite suite entraient dans ce "temple de la justice militaire". Les Shinigamis entraient et sortaient avec des dossiers sous le bras, ca sentait le papier de riz et l'encre par moments. Suivant l'un des aides de camp du Capitaine de la Neuvième Division, on le fit finalement entrer dans une petite pièce. Ses serviteurs déposèrent sur le sol des petites malles et ils s'assirent dans un coin de la pièce.

L'aide de camp lui demanda d'attendre dans cette pièce.

Les jours passaient et le repos ne venait pas. Officiellement, les journées de Tomoe Nozomi n’étaient pas forcément de tout repos, ses responsabilités étant doubles. Capitaine de la Neuvième Division et Cheffe d’une famille de haute noblesse. Elle n’était certes pas à la tête d’une des quatre Grandes Familles, mais cela restait malgré tout notable. Et il était hors de question de négliger un quelconque aspect. Officieusement… Et bien elle avait fort à faire, sur des sujets pouvant la dépasser.
Ainsi, afin de gérer les choses au mieux, il y avait bien une règle qu’elle s’appliquait. Elle avait beau être Capitaine et Cheffe de clan, elle s’assurait au maximum de n’en être qu’un seul à la fois. Nombreux étaient ceux évitant de mélanger la vie privée et la vie professionnelle.
Il s’agissait là d’une application de ce principe en un sens.

Ainsi, lorsqu’on vint lui annoncer la venue du Vice Capitaine de la Troisième Division dans le but de s’entretenir avec elle, ce fut la Capitaine qui soupira du fait de ces visites imprévues. Lorsqu’on lui indiqua qu’il n’était pas en tenue de Shinigami et venait avec des présents, ce fut cette même Capitaine qui prit une expression agacée. Deux possibilités à cela.
La première, il avait une affaire à confier à la Neuvième Division en tant que représentant de sa famille. Auquel cas les cadeaux pourraient être perçus comme des pot-de-vin. Ce qui était bien entendu une très mauvaise façon d’engager les choses.
Il pouvait également, en tant que membre de cette même famille, venir voir la dirigeante d’un autre clan noble, les présents ayant alors plus de sens. Cependant, n’étant nullement le lieu, ce serait là aussi un très mauvais démarrage.
Enfin, il y avait également l’hypothèse qu’il vienne bien en tant que Vice-Capitaine de la Troisième Division et qu’il entende utiliser son statut de noble afin d’avoir un traitement de faveur. Ce qui, bien entendu, était de très loin la pire des trois solutions.
Bien entendu, l’absence de plus précision ne permettait pas de faire de conclusion. Ce qui impliquait qu’il n’y avait qu’une solution. Voir directement.

>> Dites lui de venir. Seul.

Une insistance fut faite sur le dernier mot, ne laissant nulle place au doute. Ses hommes et ce qu’ils apportaient ne devaient pas bouger. Elle avait même envisagé de le faire renvoyer, mais se gardait la décision finale pour le moment où elle en saurait plus.
En attendant que le concerné ne se présente devant elle, son nez fut de nouveau plongé dans les occupations desquelles elle avait été tirée.

Seul.

Après la demande de l'officier, il fit signe à sa suite de rester dans la pièce alors qu'il se mit à suivre le shinigami de la Neuvième Division. La présentation de présents était une coutume dans la Haute Noblesse. Le fait de ne pas vouloir la présence de sa suite était un signe qu'elle refusait poliment, par avance, ces derniers. C'était subtil et efficace. Toutefois, l'impromptu de sa visite pouvait en être aussi la cause. Souriant devant ce petit jeu d'échecs qui venait à peine de commencer, il réfléchissait à sa propre introduction face à elle.

Passé la garde privée du Capitaine de la Neuvième, on le fit entrer dans son bureau. Elle était là, à travailler sur ses dossiers et levant à peine les yeux vers lui. Il s'assit sur un coussin que l'un des secrétaires lui assigna d'un geste de la main. Une salutation lui fut offert alors qu'il se tournait vers l'objet de sa visite.

" Tomoe Nozomi Sama, Kyû Ban Tai Taichō, mes hommages. " Cela fut suivi d'un inclination cérémonieuse que le Hinotori avait appris après de longues heures de leçon et aussi de lattes de boken. " Veuillez excuser l'impromptu de ma visite et je vous remercie de bien avoir accepter ma demande. Ma suite vous laissera des présents qu'un chef de famille offre à un égal, tel le vœu de l'ordre divin de ce monde. "

Quelques secondes, un éphémère instant passa. Il voulait se concentrer sur la raison de sa présence. Mamoru avait ressassé pendant tout le trajet son approche mais, maintenant qu'il y était, un léger vertige l'assaillait. Le chemin de crête qu'il allait prendre demanderait tact et subtilité, pas forcément ses meilleures qualités. Son père lui avait appris ce genre de jeux et il regrettait amèrement de les avoir tellement négligé. Sa curiosité presque maladive l'avait amené ici, il allait devoir se lancer maintenant.

Il toussa un instant de plus.

" Ma présence ici concerne quelques points que je voulais soulever avec vous. Dans un premier temps, je voulais vous faire part des inquiétudes de quelques grands seigneurs de notre société. Ils n'apprécient pas qu'un crime reste impuni, surtout quand cela les concerne vous imaginez bien. C'est pourquoi je suis ici, en partie en leur nom, ma famille étant vassale des Kuchikis. Je suis sûr que vous comprenez que ces inquiétudes ne doivent pas se répandre... La peur apporte le désordre, le sentiment d'injustice aussi... Ils souhaitent rester dans la discrétion et ne feront pas de remarques publiques, pas encore du moins, vous connaissez les usages. Mais ils parlent entre eux et ma famille en a été avisé. " Passant un silence. " J'imagine que votre Famille a dû entendre aussi parler des Shimura. C'était il y a quelques mois, imaginez ma surprise de prendre part à ce genre de conversations... "

Le regard était resté impassible pendant un long moment de sa présentation. Toutefois, tel un joueur d'échec un peu trop maladroit, il ne put s'empêcher de brûler quelques étapes. Il voulait la surprendre. Revenir sur une affaire que tout le monde croyait enterrer depuis des mois n'était pas une mince affaire. Son regard était fixé sur les traits de son hôtesse, en citant le nom des Shimura. Après tout, le propre nom des Tomoe était cité dans ce crime... Une tâche sur un nom aussi honorable serait désagréable, non ?

Les premiers mots tendirent à donner raison à la seconde hypothèse. L’individu s’était trompé de lieu et souhaiter parler à la noble qu’elle était. Si on n’oubliait pas le fait qu’il venait sans s’annoncer, chose qui n’était guère appréciée qu’importe le lieu, il était évident de dire que les choses démarraient de bien mauvaise façon.
Si garder les apparences était chose à laquelle elle était coutumière, il y avait également des points qu’elle préférait être bien clairs. Notamment entre un soldat oeuvrant pour la Soul Society et une noble oeuvrant pour sa famille.

>> Vous êtes ici dans les quartiers de la Neuvième Division, pas la demeure des Tomoe. Par conséquent, vous êtes face à la Capitaine, pas à la Cheffe de famille. Chaque chose a place, et ici n’est pas celle de vos présents.

Le message devait être clair.
Elle avait redressé les yeux, fixant son interlocuteur sans laisser transparaître la moindre pensée. Si elle l’avait déjà vu, noblesse oblige, elle n’avait jamais cherché à faire plus ample connaissance avec lui. Si bien que cette rencontre était la première véritable où une appréciation pouvait se faire.
Partir avec des points négatifs n’était donc pas forcément appréciable. Confirmer ceux-ci l’était encore moins. Pourtant, ce fut bien ce qu’il fit. Avec une subtilité totalement absente, il fit part de l’objet de sa présence. Et, bien que n’étant toujours pas visible sur son visage, la surprise était bien présente en Nozomi.

Elle-même était consciente des rumeurs, notamment à son sujet. Et elle ne doutait pas un instant quant au fait que cela soit son cas également. Qu’espérait-il alors ? Qu’elle se livrerait à ce sujet au premier venu ? Qu’elle partagerait tout à la première conversation.
Seul un idiot pourrait penser ainsi. Si elle pouvait supposer qu’un Vice-Capitaine n’était justement pas imbécile, il ne fallait pas oublier que l’individu anciennement à la tête de sa division en était un. Peut-être cela avait déteint ?
Raison de plus alors pour ne pas laisser le doute subsister.

>> Cette affaire n’est pas entre mes mains. Et quand bien même cela serait le cas, il n’y aurait aucune raison que j’en partage des détails. Si tel est l’objet de votre présence, je suis désolée de vous annoncer que vous pouvez d’ors et déjà faire demi-tour.

La forme restait digne de son rang. Le ton également. Ni colère, ni sympathie. Seul le côté impérieux pouvait être noté. Un individu doté d’un minimum de perception comprendrait qu’il n’y avait que peu d’intérêt à continuer sur cette lancée, les chances de succès étant égales à zéro.

Un sourire se glissait sur les traits de Mamoru.

La réaction cinglante et glaciale était attendue. Vrai qu'il y avait pas été avec subtilité, comment le faire avec ce sujet de toute façon ? La question avait été posée et ses yeux ambrés fixèrent ceux de son hôtesse, avant que ses paupières se baissent en signe de respect.

" Nous savons parfaitement que cette affaire n'est pas entre vos mains. " Il posait un silence. Nous nous adressons aussi bien à la Justice qu'au seigneur de clan. Cette humble requête de notre part ne demande pas des informations sur la procédure en cours, ce serait inconvenant. Mais... Les grands seigneurs de notre monde se demandent ce que tout cela veut dire. Ils veulent être rassurés. Si des chefs de clans subissent ce genre d'incidents sans justice.... alors que de nombreux mois sont passés depuis.... c'est désagréable pour leur quiétude.

Le ton était mesuré mais ferme. Capitaine ou non, si elle le renvoyait sans réponses, les Grands seigneurs de la Soul Society auraient une réponse bien précise de l'attitude des accusés. Deux Capitaines étaient mêlées à cette affaire et rien n'avait avancé depuis, c'était comme enterrer en grande pompe la mort d'un chef de clan.

" Cependant, oui, si ce sujet ne peut aller plus loin, c'est regrettable mais nous comprenons votre volonté. Je préviendrai les grands seigneurs de votre réponse. Cette question est donc réglée. Autant passé au second point, qui concerne plus spécifiquement ma Division et la vôtre. Le Capitaine Aizome a laissé derrière lui un rapport non complet. C'était sur une affaire concernant deux de mes hommes, je n'ai pas revu votre enquêteur depuis... l'affaire est elle classée ou je dois m'attendre à d'autres investigations ? Si oui, mes archives vous sont ouvertes concernant ces deux hommes. "

Au premier coup d'oeil, Mamoru avait compris que ce Capitaine avait la culture du secret. C'était normal vu les lourdes accusations qu'on portait contre elle, selon les rumeurs. Le Vice Capitaine avait espéré en savoir plus, juste savoir grosso modo ce qu'il s'était passé mais il se prit un mur d'office... Qu'à cela le tienne, il aurait ses réponses auprès d'autres seigneurs, ils avaient bien des entrées dans la Soul Society ! Le chef des Hinotori était étonné que Tomoe Taichō ne se rende pas compte du discrédit qui pouvait tomber sur sa famille... Un meurtre d'un chef de clan... Ce n'était pas rien.

Pour la suite, c'était plus une démarche d'apaisement. Il avait entendu son ancien Capitaine pester contre celle qui lui faisait face, sans comprendre véritablement la raison de tout ceci. C'était pas son travail après tout. Mais là, seul aux commandes, il devait prendre des dispositions pour que tout soit en ordre.

" C'est aussi une très vieille affaire, j'en conviens. Mon Capitaine a disparu lors de ma mission dans le monde humain. Des mon retour, j'ai pris les devants afin d'apurer tous les problèmes de la Troisième Division, notamment celle qui concerne la justice... D'où ma question sur ce point. J'espère que vous vous souvenez de cette affaire, sans vous importuner plus que de raisons. "

Le ton s'était adouci et était plus conciliateur. L'affaire était banale maintenant... Pour l'autre sujet, il gardait ses questions pour quelqu'un d'autre...

>> Comme je l’ai dit, chaque chose a sa place, n’oubliez donc pas où se trouve la vôtre, Hinotori Mamoru.

Son ton avait changé. Si la colère n’était toujours pas présente, la patience avait réellement totalement disparu. Pendant un instant, la Capitaine et la Cheffe d’un Clan de Haute Noblesse ne faisait qu’une, cette dernière s’étant redressée.
Plus encore que son ton était son aura. Son Reiatsu s’était intensifier, au point que toute sa division devait savoir que quelque chose se passait. Elle ne la dirigeait pas spécialement vers son interlocuteur, l’intensité de ce dernière n’étant pas au point de faire plier un Vice-Capitaine.
Mais il ne pourrait l’ignorer.

>> Nous savons tous deux que vous n’êtes nul représentant des autres nobles. Que vous souhaitiez assouvir une curiosité personnelle est une chose, mais ne faites pas l’affront de prétendre parler au nom des grands seigneurs. Si ces derniers souhaitaient en savoir plus, ils sauraient très bien à qui s’adresser et ce ne serait pas à moi.

Ni en temps normal, encore moins en ce moment. Pourquoi s’adresser à une qui serait directement concernée alors qu’ils pouvaient avoir l’oreille du Conseil ou directement de la Chambre des 46 ? Elle ne savait pas ce à quoi jouait le Vice-Capitaine, mais il était certains qu’il se ridiculisait en se prêtant des responsabilités qui n’étaient pas les siennes. Même avec les rumeurs à son sujet, un mot de la part de la Cheffe des Tomoe et ce serait la quiétude des Hinotori qui serait compromise.

Ce point mis au clair, ce ne fut pas pour autant que les choses redescendirent. Le poids de son Reiatsu s’allégea quelque peu, mais ce ne fut pas pour autant qu’il disparu. La suite ne serait très clairement pas de bonne entente.
Pourtant, un soupir pu se faire entendre avant qu’elle ne prenne la parole.

>> Des affaires, il y en a plein concernant de nombreux Shinigami de toutes les divisions. Mais pour que vous veniez me voir en personne et que vous l’évoquiez, je ne peux que supposer qu’il s’agit de la même pour laquelle Nagatsuki Aizome était venu me voir. Auquel cas je vous invite alors à mieux organiser le rangement de vos bureaux, ce dernier s’étant bien assuré de faire le rapport le plus complet et s’était chargé lui-même, sans rien demander, de « punir » le concerné.

Si l’ancien dirigeant de cette division, qu’elle se refusait de considérer comme un vrai Capitaine, était venu démontrer en personne qu’il n’était qu’un gamin incompétent, son second n’était définitivement guère mieux.

>> Mais, comme il n’y avait qu’un seul de vos hommes dans cette affaire, il se peut également que vous parliez d’autre chose, auquel cas je vous invite à respecter les procédures et prendre le contact de ma division avec un peu plus de précision que « une affaire concernant deux de vos hommes ».

L'utilisation d'un pouvoir contre un Vice Capitaine d'une autre Division. Ce n'était pas prévu par le blondinet, il observait la Capitaine sans l'interrompre. Son corps tremblait de froid et de rage. Ce genre de pratique démontrait qu'elle cachait des choses et ne voulait pas du tout en parler, au point de l'intimider au plus haut point.

Il se leva sans un mot.

Il ne comptait pas abuser plus longtemps de la personne qui avait agi de la sorte. Certes, le pari de se faire passer pour un représentant des Grandes Maison n'était pas parvenu à son objectif. Il devenait clair qu'elle avait des soutiens au plus haut niveau, l'informant de tout ce qu'elle devait savoir.

D'un simple signe de la tête, il concluait donc cette discussion sans chercher à en rajouter. Il comprenait tout d'un coup l'opinion que son Capitaine avait d'elle. Cependant, Mamoru avait joué, il avait perdu. Elle était protégée en haut lieu, le savait et ce n'était pas un Vice Capitaine comme lui qui pourrait agir. Mamoru comprenait par certains aspects quelle était sa place et elle était pas bien haute parmi les puissances de ce monde.

Contrarié, même s'il le cachait, par sa naïveté, il se promettait d'agir différemment et de laisser les affaires de la sorte entre les mains des personnes concernées.

" Ne vous inquiétez plus Tomoe Taichō, vous n'entendrez plus parler de ma Division. Pour le reste, oui, je ne représente rien... Je le reconnais, je ne suis pas grand chose comparé à votre rang. J'ai perdu et vous laisse donc. "

Mamoru quittait les lieux sans dire un mot.

Fin du RP ! Merci (j'ai essayé XD)