Moïra Coypel

Arme scellée : C'est un katana. La lame est recouverte d'un fourreau de tissus noirs, on peut y voir trois broderies purpurines. Il s'agit d'un bourgeon, suivie d'une fleur et se termine par des pétales mortes. La garde est en or et a l'apparence d'une roue de chariot. Enfin, le tsuka est recouvert de fils d'or.

Creado. Destino. Cortar. Reinas del hilo : Quand la lame est libérée, Moïra devient plus malingre, une immense cape de ténèbres la recouvrant du visage aux pieds, elle devient quasiment une ombre. Seuls son buste, le bas de son visage et ses bras sont visibles, d'une couleur d'un blanc osseux. Deux visages apparaissent alors sur son torse, celui d'une petite fille à droite et celui d'une vieille femme à gauche. De la bouche de la petite fille, une aiguille accrochée à un fil d'or se libère et danse dans les airs, selon la volonté de Moïra. De la bouche de la vieille femme, des ciseaux bleutés et froids en sortent et tombent entre les mains de l'Arrancar.

(Elément : Ténèbres) : L'aiguille tisse dans les ombres afin de donner vie à celles-ci. Quand Moïra touche le fil, il devient bleu et change la destinée de l'ombre tissée. Quand la mort la guette, elle use de ses ciseaux pour mettre fin à la destinée de l'ombre créée.

Spoiler:

Femme de taille moyenne, elle se distingue par des cheveux blancs qu'elle attache toujours derrière sa nuque. Prunelles écarlates, peau ivoirine, des bijoux ornent les lobes de ses oreilles afin de s'harmoniser avec les restes de son masque. Ce dernier est un collier qui se trouve sous son mention, au niveau du cou. Il remonte de parts et d'autres vers ses oreilles.

Elle porte toujours une tenue classique, d'un blanc immaculé. Jupe surmontée d'un cardigan aux couleurs laiteuses, elle aime recouvrir sa tenue par un lourd manteau noir. Etant attachée à l'apparence, elle a repris certaines modes humaines, après quelques voyages sur place suite à sa libération.

Psychologiquement, elle est instable. Venant de sortir d'un traumatisme, elle garde quelques traits de son passé, notamment par son mépris envers ceux qui ne méritent pas de vivre. Survivaliste, elle veille à se cacher derrière les plus puissants, faisant office d'éminence grise. Elle semble toujours sérieuse, on ne plaisante pas après tout, avec la chance d'exister dans ce monde. Craintive par certains aspects, elle peut perdre ses moyens dans une pièce de petite dimension, c'est ce qui peut lui faire perdre ses moyens. Les grands espaces, les hauteurs... ont sa préférence.

I - Clotho

Cette histoire commence banalement. Trois sœurs, la guerre, la mort.

Mont Tsukuba, quelques temps avant le début de l'Ere Edo.


Un homme remontait la rivière Kinu, observant sa rive avec inquiétude. Le niveau de l'eau était d'un pourpre annonciateur d'une catastrophe. Ses yeux se tournèrent vers la cité qui était à l'aval de la rivière, des colonnes de cendres et de fumée s'en échappaient. Un haussement d'épaules suivit, ce n'était pas son affaire. Il n'était pas là pour cela, lui, un archer de la maison Yuki avait fui le champ de bataille afin de rejoindre les siens au sommet de la montagne.

Sa femme et ses trois filles l'attendaient. Il voulait les mettre en sécurité. Ces temps troublés étaient sujets à des choses dont il ne voulait pas penser. Ses dents se serrèrent et il reprit son ascension. Ce sang dans la rivière... Il venait du village... Il devait faire vite. Il grimpait quatre à quatre le sentier de la montagne, les odeurs de fumée dansant déjà dans ses narines. L'inquiétude montait et elle se révéla prophétique.

Arrivé aux abords du village, un silence avait pris place.

D'un pas lent, son arc à la main, il s'avançait et vit deux corps aux abords de la première maison. Il les reconnut. D'anciens amis, venus souvent manger chez lui, avaient rejoint le Yomi. Sa salive ravalée, ses jambes le remirent en marche. D'autres corps apparaissaient ici et là, telle une procession funèbre et glauque. Soudain, il entendit un craquement et se retourna. Rien.

Puis, un cri déchira l'atmosphère.

Un frisson de plus. Un cri ? Tournant sur lui même, il venait d'entendre une bête hurler. Il savait que la forêt aux alentours regorgeait d'animaux comme des loups, ours ou sangliers... Mais... Là, c'était différent. La sueur perlait sur son front, il ne savait pas trop quoi penser de tout cela. Les assassins devaient être encore dans les parages. Ses yeux cherchaient frénétiquement autour de lui en s'approchant de sa maison. Elle apparut à son tour. Un simple toit de chaume recouvrait des murs laiteux. Il prit sur lui de continuer vers le parvis de sa demeure.

Un pas à l'entrée, ses paupières se levèrent fortement en voyant quatre cadavres. Sa femme, ses filles. Elles étaient là. Leurs corps entremêlés autour de l'âtre et de la marmite qui bouillait encore... Nus.... Ses jambes s'affaissèrent de chagrin et il tomba sur ses genoux. Aucune larme. De la colère, quelque chose passa sa gorge et hurla sans un seul son. Il n'avait pas la force. Son corps avait du mal à le maintenir debout. Lentement, il se releva et se rapprocha des quatre corps sur le sol. Une immense flaque de sang était devenue un vernis pâteux, elles avaient été... Il ne voulait pas le savoir.

Soudain, il ressentit une présence derrière lui. Il se retourna, en reprenant son arc, et encocha une flèche. Rien. Juste le bois des autres maisons qui crépitaient face aux flammes. Après de longues secondes d'observation, il s'assura que personne n'était là. Rassuré, il fit quelques pas et se tourna vers ses filles.

Schlak.

Un soldat s'était glissé derrière lui et venait de le frapper. La lame venait de traverser ses poumons. Du sang giclait de sa bouche. Dans un râle indéfinissable, son corps s'écroulait devant lui alors qu'il restait debout, les bras en avant. Comment ? Il était vivant ? Il avait survécu ? Une chaîne sur la poitrine ? Il n'eut pas le temps de répondre à ses interrogations que trois mâchoires affamées se refermaient déjà sur son âme. C'est ainsi que se termina l'existence de cet homme, de ce père.

II - Lachésis

Trois visages dans un corps de femme. Trois sœurs mortes un même soir.

La créature observait les environs, ce sable de quartz l'indisposait depuis qu'elle foulait cette terre. Un souvenir éphémère revenait parfois à la surface... Cette faim ne s'arrêtait jamais, cette envie de vengeance... La frustration ne s'éteignait jamais. Sans réfléchir, elle tuait tout ce qui passait près de son arbre cristallin. Les souvenirs étaient ce qui lui restait, de ceux qu'elle avait fauché afin de satisfaire sa faim. Son aiguille se faufilait dans les ombres, attirant les Hollows esseulés. C'était à ce moment qu'ils la voyaient, une femme enveloppée d'ombres, deux visages féminins sur sa poitrine.

Le fil du temps tissait son ennui.

Où étaient les Hollows succulents qu'elle avait dévoré pendant des années ? Depuis quelques mois, il n'y avait plus que des âmes sans intérêt. Elle sentait que son arbre douillet n'était plus un bon endroit pour la chasse. Il fallait bouger. Après avoir détruit l'arbre, le Hollow reprit son chemin où tout était blanc, laiteux. Elle n'aimait pas ce désert sans fin mais c'était son monde. Un seul petit lézard hollow, une âme insignifiante, lui avait permis de se substanter un peu... La faim était toujours là, oppressante. C'est là qu'elle vit des ruines. Des créations Hollows ? Elle ne pensait pas cela possible.

Curieuse, elle prit le chemin vers ces étranges édifices quand elle entendit des explosions, des râles de douleurs et plus rien. Tout chasseur apprenait à rester prudent, quand la proie se montrait trop puissante. Aux abords d'un muret, sa tête se redressa et elle vit des dizaines de Hollows en train de se consumer lentement. Trois hommes étaient là, vêtus d'étranges manteaux blancs, ils étaient puissants et elle avait peur. Elle n'avait jamais connu ce sentiment, enfin pas à un tel degré. Qui étaient ils ?

Un frisson... Elle se souvenait de ces rumeurs au sujet des tueurs de Hollows. Que faisaient ils dans ce monde ? Dans leur havre ? Sa chance lui avait permis de les éviter dans le monde matériel ou elle était alors trop faible pour attirer leur attention, la question n'avait pas de sens à cet instant. Elle ne pensait qu'à sa propre survie, comme une mouche dans une toile d'araignée. Un des trois tourna sa tête vers elle. La fuite fut la suite logique de tous ces évènements.

Cette errance fut pourtant un commencement.

La peur d'un plus gros prédateur était ce qui faisait survivre les plus faibles. Le choc fut terrible pour ce territoire. On avait touché le fil de la destinée, on l'avait altéré. Des Hollows y voyaient aussi des opportunités et une grande chasse commençait, seuls les plus forts devaient survivre. La créature se terra dans le recoin d'une vieille souche pendant plusieurs jours, peut-être plus... La faim la tiraillait. Le froid la consumait sur place. Elle sentit quelque chose. Une masse sombre rampait sur le sol et sa réaction fut de plonger dans les ténèbres avant de réapparaître dans le dos de ce Hollow. L'attaque devait être décisive. Cependant, elle n'était pas la seule ! Plusieurs Hollows avaient eu la même faim, la même envie, le premier qui avait bougé avait été la proie. Une masse grouillante de Hollows s'était formée et des cris gutturaux, des sifflements stridents percutaient le sol.

Tout était laid.

Des bulles éclataient dans des méandres d'amas de chairs et de quartz. La masse devenait de plus en plus sombre et s'élevait lentement dans les airs. Un immense masque blanc ornait son visage. Les pensées résonnaient entre apathie et colère, l'abandon des âmes ressemblant à une symphonie digne d'un road movie... Puis, le grand vide. Les ténèbres. Le Styx. C'était l'instant où on attendait un espoir qui semble impossible. Les âmes mourraient les unes après les autres, la loi des séries était imperturbable. La créature entendit une voix, la sienne. Le pied dans la tombe, elle se décidait à gravir les cris et les sentiments qui gravitaient autour d'elle. Le fil d'or qui se trouvait devant elle était son seul chemin, sa seule espérance, du moins si elle en avait eu une un jour.

Une porte entrouverte.

Passant cette ouverture, les pensées s'étaient tues. Autour d'elle, il n'y avait rien. Juste un nom gravé sur le sol de quartz : Moïra Coypel. Était ce le sien ou celui d'un condamné ? Difficile à dire. Elle le prit pour elle, c'était au moins un début. Ses mains délicates, d'une couleur ivoire légèrement sombre, étaient observées par ses propres yeux écarlates. Elle n'avait pas choisie de naître ainsi, c'était le fil qui l'avait conduit ici après tout. Portant encore le lourd manteau de son ancien état, ses mains l'empoignèrent comme le reste de son ancienne vie. Un sentiment d'attachement naissait en elle, tel un enfant, elle le garderait pour se sentir rassurée.

Elle s'endormait.

III - Atropos

(Quelques années après la chute du Roi de Las Noches.)

Telle la mauvaise herbe, elle avait survécu. Mélange de désirs, Moïra voyait le monde avec ses nouvelles couleurs. La guerre rayonnait dans ce désert autrefois silencieux. Ne voulant pas se mêler de ces affaires là, elle se contentait de l'observer. Douce, elle voulait dévorer des âmes dont le fil s'était rompu, celles qui n'avaient pas de raison de rester dans ce monde aux désirs inassouvis.

Son regard fixait l'horizon quand une âme attira son attention. Un Hollow était là, présent. Une proie. Tombant de son arbre, elle se dirigeait vers lui afin de trancher sa vie, de se l'approprier afin que son existence continue à travers elle. L'envie laissait place à la surprise. D'un revirement soudain, ses yeux virent une âme prisonnière d'une étrange cage d'os et de quartz. Qui avait fait ce piège ? Un rire se fit entendre derrière elle, un rire profondément sadique, et à nouveau le néant. Celui-ci fut différent.

La douleur.

Moïra avait survécu a bien des querelles, bien des luttes. Toujours soucieuse d'éviter les affaires des siens, elle avait peu de considération pour les âmes sans intérêt. Depuis qu'elle était sortie de cette antre noire, de son état de Menos Grande, cet aspect avait gagné en puissance. Cependant, en cet instant présent, elle était prisonnière. Enfermée elle aussi dans une cage de tissus qui paralysait tous ses mouvements. Parfois, elle entendait des voix, des sons incompréhensibles...

- Le sujet numéro 110 est sorti ?
- Non, Szayelaporro Sama... Aucune réaction depuis des semaines.
- Bien, continuez les tests.

Des tests. Expérience. Elle était devenue une bête de laboratoire mais elle n'avait rien pu faire pour se défendre. Ce sentiment d'être une mouche dans une toile reprit toute sa quintessence. Comment sortir de là ? Elle ne savait pas. Son fil d'or avait été déchiré en quelques instants et le contrôle de son corps n'était plus qu'un souvenir. Dégénération. Son âme se tordait dans tous les sens, dans différents conflits qu'elle ne connaissait pas elle même. Inerte. Elle l'était alors qu'elle souffrait.

Chute dans l'oubli.

Combien de temps cela dura ? Mois ? Années ? Elle ne le savait pas et elle était loin de toutes les affaires du monde. La nature était changeante, l'ombre respirait dans un coin de son oreille. Elle ne cessait de lui dire qu'elle était sa favorite, qu'elle voulait faire de sa vie un empire. Voix de femme ? Voix d'homme ? C'était inutile de chercher, elle n'avait jamais pu comprendre ce qu'elle était. L'ombre maniait un glaive avec élégance et la chute était toujours la même. Moïra tombait dans le silence à chaque fois. Puis, un jour, elle comprit, cette voix...

C'était la sienne.

Les bandages d'os craquèrent et la libérèrent de sa gangue. Basculant en arrière dans un cri de liberté, elle se retrouva dos à un mur. Les ténèbres, le silence. Elle n'entendait plus rien. Vrai que cela faisait longtemps que ses geôliers n'avaient pas pris la peine de l'observer. Tout autour d'elle, des murs. Au dessus d'elle, une ouverture. Une lumière attira son attention, dans les os déchirés qui étaient à ses pieds. Une lame était plantée là. Quand elle était apparue ? Qui était elle ? La reniflant, elle ne sentit rien. Pas de sang. Comme un miel doux et apaisant, Moïra ressentit que cette étrange épée était une partie d'elle même. Tremblant un peu, sa main saisissait le stuka et des séries de flash de souvenirs étreignirent ses pensées... Tout cela, elle le savait par coeur.

Un sourire.

Levant maintenant la tête vers le ciel, elle se rassurait d'être encore de ce monde. Quelques grains de quartz tombaient dans sa prison. Arquant ses jambes, elle bondissait à l'extérieur et vit des dizaines de trous, la plupart sanctionnés par le désert. Des enceintes blanches avaient été bâti autour de ce cimetière à ciel ouvert mais plus personne n'était là. Ses sens en éveil, elle observait encore, écoutait tout ce qu'elle pouvait saisir. Une fois rassurée, elle quittait ce territoire hostile. Il était temps de s'informer sur ce nouveau monde, sur ce qu'il s'était passé pendant d'aussi longues années... La sensation de reprendre vie était une chose à laquelle elle ne s'était pas attendue. Obsédée du pire, elle devait prendre en compte ce corps qu'elle ne connaissait pas trop.

L'été passa. Interrogeant quelques Hollows, elle comprit que le monde qu'elle avait connu n'était plus tout à fait le même. Le fil prenait des chemins parfois étranges, prolixe dans les atermoiements de la vie qu'il offrait aux âmes.

- FIN -