Quelque chose de neuf avec du vieux (Pv Nathaniel)

Son exploration du désert blanc en quête de réponse sur ses questionnements s’étaient révélé sans succés. Peut-être aurait-elle pu en apprendre plus dans les ruines, mais elle n’avait pas envie de chercher la merde avec l’arrancar ayant annoncé les lieux comme siens. Jouer le jeu de ces gens là n’étaient pas dans ses projets, mourir non plus.

Elle devait trouver la réponse ailleurs. Peut-être favoriser la tradition orale, à moins qu’il y ait quelque part des traces écrites ? Mais même si elle en trouvait, ce n’était pas dit qu’elle aurait l’autorisation de les lire.

Hors ne pouvait pas rester sans rien faire, l’inaction était inconcevable dans le hueco mondo lorsque l’on était en bas de l’échelle alimentaire. Il fallait toujours réfléchir, toujours manger, toujours trouver de nouvelles manières d’attaquer ou de s’enfuir. De cette constante réflexion, Hors avait fait naître une nouvelle technique. Peut-être qu’elle existait avant, mais si elle la découvrait sans influence extérieure, c’était comme si elle l’avait créée, non ?

Elle l’avait nommée Gonzui, l’aspiration d’âme, et l’avait essayé sur des adjuchas assez costauds. Sans trop se répandre en détails, elle associait la capacité d’attirer les âmes et de pouvoir les consommer pour régénérer son corps tout en endommageant son ennemi. Cela avait quelques défauts, cela ne soignait pas de beaucoup et ne faisait que très peu de dommage permanent, mais que cela fasse les deux en même temps était là le plus important.

La louve était assez fière de cette technique, encore que sa fierté est très récente, venant de la maîtriser pleinement contre sa proie du jour. Cet adjuchas avait une carapace très solide, mais malheureusement pour lui, l’humanoïde était son contre presque parfait. Cependant, il était chanceux, car elle n’utilisait que des techniques à distance, ou du moins usant d’énergie, comme des ceros et sa nouvelle technique, il n’était donc pas mordu. Elle n’était même pas sûre que les dents de sa forme lunaire puissent arracher quoi que ce soit de cette noix de coco géante.

“Je suis de bonne humeur adjuchas. Je pardonne que tu aies cherché à me manger et te laisse partir, si tu te t’arrache le bras. Je ne te laisserais pas partir sans avoir manger, et si tu es celui qui te blesse, tu ne devrais pas rester bloqué à l’étape d’adjuchas.”

C’était le maximum qu’elle pouvait concéder, et c’était simplement parce que sa faim se faisait moindre. Elle n’avait pas l’audace de se considérer comme une bonne saint maritain. Entre ça ou la mort, l’adjuchas avait fait son choix, ce qui laissait à Hors le luxe de se nourrir en s’asseyant dans le sable. Si elle ne se nourrissait pas en changeant de localisation, ce qui serait recommandé après avoir signalé autant sa présence, c’était simplement par envie d’attirer un de ses semblables pour tester une nouvelle fois sa technique sur un autre type de chasseur.

“Je devrais faire attention, si j'attirais plus fort que moi, rien ne dit qu’ils auront ma clémence.”

Dans le doute, elle masquait donc sa propre présence avec ses talents de camouflage. Dans une majorité des cas, cela lui laissera le temps de partir ou de se décider à attaquer.

Spoiler:

Allongé sur cette étendue sablonneuse, dans ce monde nocturne qui m’étiole, je ferme les yeux et dans mes rêves, m’imagine danser, voler. Des instants de douceur, des moments de paix dont je peux bénéficier moyennant une certaine solitude. Il n’y a pas que du mauvais à être seul, particulièrement lorsque l’on appartient à un peuple belliqueux, sauvage, dont l’instinct dominant est celui du prédateur, celui qui fait couler le sang, qui tue tant par plaisir que pour assouvir une faim insatiable. Alors oui, lorsque je me retrouve comme maintenant, seul, allongé sur le sable, je ne ressens aucune émotion négative. Bien au contraire… cette absence de colère en moi, cette absence de violence me permet d’être en paix avec moi-même et de chaque jour, réussir à lever la tête.
Depuis que j’ai oublié que j’étais fou, qu’il y a des dizaines d’années en arrière, je n’étais qu’un Adjuchas comme un autre, guidé par ce but obsessionnel de survivre, de dévorer mes congénères pour accélérer mon évolution. Grâce à la Grande Prêtresse et son rituel salvateur, je m’en suis sorti, me suis libéré de mes chaînes et c’est pour moi en ce jour la plus belle des sensations.

Mais tous n’ont pas eu cette chance, tous n’ont pas eu le droit à la même opportunité, j’en ai bien conscience. Nombreux sont les hollows que l’on croise au Hueco Mundo qui ne cherchent qu’une chose, évoluer, devenir plus fort. Est-ce que je suis surpris lorsque mes capteurs sensoriels s’agitent en détectant deux sources d’énergie spirituelle qui semblent s’entrechoquer ? Aucunement. Il suffit de passer quelques heures ici, approximativement dirons-nous, le temps qui passe ici est une chose relative tant les étoiles et la nuit ne veulent jamais laisser la place à la lumière du jour. Il suffit de passer du temps dans le Yermo pour en ressentir régulièrement, de ces affrontements de Reiatsus.
Pas un soupir qui ne sort de mes lèvres, pas un son qui vient briser le silence des lieux. Je me contente simplement de me relever, affichant ce visage désintéressé, désabusé. Les antennes qui pendent de chaque côté de mes oreilles se redressent, s’agitent un instant. Le temps de repérer avec plus de précision la direction du combat, je suis parti.

Quelques sonidos sans trop forcer sur la cadence, simplement histoire de me rapprocher avant que tout soit terminé. Je veux voir de mes propres yeux les êtres qui s’adonnent à de telles futilités, observer ce qu’il en est.
Seulement semblerait-il que ce soit déjà terminé, qu’un vainqueur se soit déjà imposé, les protagonistes s’étant d’ailleurs volatilisés. Pour le vaincu, il n’est pas idiot de s’imaginer de quelle façon on a pu le forcer à se volatiliser. En revanche, en ce qui concerne le gagnant, probablement a-t-il préféré déguerpir des lieux avant qu’un autre hollow opportuniste ne profite de la situation. Il n’est pas rare ici d’assister à ce genre de retournement, où le vice et les coups bas sont légion, où aucune morale n’a de place. Seulement la loi du plus fort, du plus fourbe, seulement le gain. Au Hueco Mundo, tout est permis pour s’assurer un repas supplémentaire.

Puisque je me suis libéré de cette faim, il y a bien longtemps que je ne me suis pas retrouvé impliqué dans un scénario pareil. Et on dirait qu’il n’y a plus rien à voir cette fois non plus, juste une grande quantité de sang tâchant le sable blanc du Yermo. Par prudence, je m’assure qu’il n’y a réellement plus personne de vivant dans la zone, mes antennes analysant le coin en projetant des vagues de mon propre reiatsu.

Hors agitait ses oreilles, ce qu’elle avait entendu était assez inquiétant. Le bruit d’un sonido. Elle venait de terminer le bras si gentiment laissé par sa proie en échange de sa vie, et voilà déjà qu’un gros bonnet venait d'apparaître à vitesse supersonique. Si ce n’était que ça, la louve lunaire ne serait pas inquiète, rapide ou non, elle restait particulièrement dure à détecter, mais fuir ici n’était pas une option, car sa curiosité l’en empêcherait.

“Un sans masque bestial.”

Un qui affichait bien plus de traits animalistiques que le secunda, si bien que si l’on pouvait confondre ce dernier, cet arrancar là était définitivement d’El Rebãno. Quelle chance, elle allait pouvoir demander quelques trucs qui lui brûlait la langue. Néanmoins, la chasseuse était assez prudente dans sa démarche, elle n’allait pas cesser son camouflage et courir comme ça vers le danger. Temps qu’il ne la voyait pas, elle devait approcher tran-

Pourquoi il se tournait dans sa direction ? Il arrivait à sentir sa présence ? Cela devait être ces fichues antennes sur sa tête. Hors voyait dans son regard qu’elle était découverte. Bon, tant pis pour la réflexion, maintenant elle n'a qu’à cesser son camouflage. Elle qui était si bien installée à se prélasser sur le sable, elle se relevait sans trop d’effort, tapotant ci et là son corps pour en chasser le sable blanc.

“Tu n’es pas exactement ce que je pensais attirer en restant dans les parages, je m’attendais à moitié à ce que le balourd que j’ai laissé repartir revienne avec des “amis”, mais cela reste une agréable surprise.”

Elle descend de sa petite dune, arrivant au niveau de l’arrancar avec les bras levés. Elle ne voyait pas l’intérêt de se battre contre un sans masque, ils sont en dehors du jeu de la survie, il n’y avait aucun avantage à les vaincre.

“Les tiens sont difficiles à trouver en dehors de leurs terres, et je préfère ne pas aller là où je ne suis pas invitée. Je m’appelle Hors, Hors Delaluna, Adjuchas. A qui ai-je l’honneur ?”

Si les rebano n’étaient pas réputé pour leur calme qui se rapprocherait beaucoup de ce que Hors considérait un comportement décent et social, elle ne viendrait pas aussi facilement au contact Peut-être qu’elle allait le regretter, mais si ce type avait à la fois le sonido et un moyen de la détecter, fuir était impossible.

Prudence est mère de sûreté, n’est-ce pas ? l’Arrancar n’aurait pas pu être plus d’accord que dans cette situation, lorsque de sa technique de détection, ses antennes captèrent la présence d’un semblable. Celui-ci semblait vouloir se dissimuler à lui, préférant rester caché afin de ne pas être vu. Un comportement quelque peu étrange en ce monde où la moindre rencontre avec un Hollow était prétexte à montrer les crocs et faire couler le sang. Se pouvait-il qu’il était tombé sur une personne partageant une idéologie similaire à la sienne ? La violence uniquement en cas d’extrême nécessité, les mots et la réflexion primant avant tout. Dialoguer, un mot que bien peu des siens semblaient connaître, si ce n’est pour invectiver ou menacer. Situation particulière, donc.
Nataniel se tourna en direction de l’individu dont il avait repéré la présence, sans parvenir pour le moment à poser le regard dessus. Curieux et attentif, il resta un moment figé, les yeux braqués droit devant, attendant que l’intéressé daigne se montrer, si seulement il avait l’intention de le faire. Si ce n’était pas le cas, il n’avait nulle l’intention de forcer le destin en le poussant à sortir de sa cachette. Il respecterait sa décision, quoiqu’il arrive.

Et ce fut du haut de sa dune qu’une silhouette s’éleva, rapidement accompagnée d’une voix féminine. Longue chevelure orangée d’une brillance pouvant rivaliser avec l’éclat de la lune, elle s’avance jusqu’à lui, ne semble pas le craindre plus que de raison. Et le Fausto comprend dès ses premières paroles que l’énergie ressentie tout à l’heure était bien celle de son interlocutrice. Un piège ? Ainsi donc elle cherchait à le faire venir jusqu’ici pour l’attaquer et probablement, le dévorer ? Préférant garder le silence pour le moment, il se contente d’écouter, tâchant de déterminer s’il était en danger ou si ce qui était sous-entendu ne resterait que des mots. Une Adjuchas, une bien renseignée pensa-t-il, elle qui semblait avoir deviné le clan d’appartenance du Fracción.
Pas une réelle difficulté en soi au vu des caractéristiques uniques des siens, l’absence de masque, l’absence de trou sur leur corps, leurs caractéristiques animales… encore fallait-il le savoir, ce qui n’était pas à la portée de tous les Hollows. Hors Delaluna semblait avoir une conscience un minimum éveillée, donc. Une bonne chose pour quelqu’un dans sa condition, sa survie et son évolution en dépendait drastiquement. Probablement ne se sentait-elle pas en danger du fait qu’il était un membre du Troupeau dont les membres étaient réputés pacifistes, éloignés de toute violence injustifiée. Elle n’avait pas tort. — Nataniel Fausto, Fracción d’El Rebaño comme vous l’avez si justement deviné. Et allons, tout l’honneur est pour moi. Il lui adressa un fin sourire, appréciant la possibilité de pouvoir échanger sans menace sous-jacente.

Il laissa planer un moment de silence durant lequel son appendice caudale vint s’enrouler autour de son corps sans le toucher, se contentant de l’envelopper comme un manteau humain l’aurait fait. Un moyen de témoigner à cette Hors Delaluna qu’il n’était pas animé d’intention hostile. — Et toute personne est la bienvenue au sein de notre Cité, si tant est qu’elle sait se montrer respectueuse de nos terres et des nôtres, naturellement. Comme vous devez le savoir, nous ne sommes pas du genre à mordre le premier individu venu, ce n’est pas ce que nous enseigne Isielle-sama. Sans doute que cela devait être plus le genre de ces sauvages de Las Manadas, prêts à se jeter sur le premier pauvre étranger s’aventurant trop proche des ruines de Las Noches. Lui-même n’y mettait jamais les pieds, le risque de finir en charpies étant trop grand. Pourtant ce palais effondré devait en valoir le détour, célèbre bastion Arrancars d’une époque où le Hueco Moundo répondait à un seul et unique Roi.
Du regard, il balaya les alentours, avant de reporter son attention sur l’Adjuchas. — Est-ce que je t’ai interrompu au milieu d’une partie de chasse ? Quoi de plus normal pour un hollow dans sa condition ? Manger et encore manger, dans le seul et unique but de progresser, de continuer d’évoluer, de se transcender. Fut une époque il avait été à sa place, sombre époque où il répandait le sang, répondant à un besoin primaire, obsédé à l’idée de régresser, que tout s’arrête d’une seule et unique malheureuse morsure.

Nataniel, pourquoi ce nom sonnait étrangement normal pour un arrancar ? C’était mieux que d’être nommé comme une direction, vous me direz. L’adjuchas gardera ses réflexions pour elle donc, positives comme négatives. Surtout parce que son attention était attirée par l’étrange queue de l’arrancar. C’était une aiguille à la fin ? Pourquoi est-ce qu’il avait une queue même, n’était il pas une espèce de fourmie ? Hors était débordante de jalousie, elle aussi aimerait avoir sa queue sous forme humanoïde, cela aiderait beaucoup à garder son équilibre.

“Chanceux …”

Mais elle ne pouvait pas continuer d’envier autrui lorsqu’il disait des informations qu’elle n’avait pas. Hors savait que son côté de l’espèce était assez pacifique, mais pas à ce point ? Qui laisserait des créatures comme les adjuchas entrer dans sa cité ? Il précise bien qu’il faut être “respectueux”, ça peut-être assez vague, mais ça valait le coup d’y aller faire un tour un jour.

“Ne mets pas tant de confiance en mes connaissances, je ne sais que ce qui importe à ma survie, j’apprends vos mœurs et le nom de votre, hum reine j’imagine, à l’instant.”

Elle avait trop de souvenir pour en avoir qui ne servait pas sa survie ! Enfin, vu qu’elle avait plus trop de mal à détruire un adjuchas lambda, elle devrait commencer à retenir ce genre de choses. Cela lui éviterait de devoir dépendre entièrement de sa chance lorsqu’elle rencontrait un autre clan. C’était vraiment un coup de chance qu’elle ai rencontré Al Jera en vérité, sinon, plus de Hors.

“Hm ? oh nan nan, je fais ma gourmande en vérité, je crois que j’ai mangé toute une vie il y a quoi, trois jours ? Quatre peut-être. Sacrée histoire en vérité, j’m’étais perdu du côté du palai, croisé un arrancar qui raffole d’insecte, va savoir pourquoi vu qu’il n’a plus besoin de manger, et avant que je comprennes trop ce qu’il se passait, j’étais devenu un membre honorable de sa tribu. Résultat des courses, j’ai jamais aussi bien mangé de ma vie. Enfin, autant manger, car le goût n’était pas là.”

Et voilà qu’elle s’était perdue dans son souvenir, n’en revenant qu’une fois qu’elle avait fini de le raconter en omettant énormément de détail. Par oubli ou par choix de ne pas trop en dire sur le novela et sa meute.

“D’un autre côté, la chasse ne s’arrête jamais vraiment tant que l’on reste un adjuchas, surtout lorsqu’on a évité de se faire mordre comme moi; Mais après avoir passé cent ans à faire ça, je n’en suis plus à une décennie près.”

Elle jetait un coup d’oeil à son propre corps avant de retourner le regard vers l’arrancar d’El Rebaño, maintenant qu’elle y pensait, elle ressemblait beaucoup à ce genre d’arrancar, ou c’était ce type qui ressemblait beaucoup à un adjuchas comme Hors.

“Mais cela me rends curieuses, à part bien sûr l’absence de masque, j’ai l’impression que tu ressembles plus à quelqu’un comme moi qu’à un arrancar. Je pensais que les rebano tendent plus vers le secunda, pas vers quelque chose d’aussi animal. Ou peut-être que c’est moi qui est trop différente de mes pairs ?”

Même après deux cents ans d’existence, il y avait toujours plus de questions à se poser, cela ne s’arrêtera donc jamais, et tant mieux, hors compte continuer à penser pour longtemps.

“Maintenant que j’en vois un de plus prêt, c’est vrai que ça fait bizarre de voir un des miens sans trou et sans masque. on penserait voir une autre espèce complètement. C’est très dérangeant.”

— Le nom de ma Reine ? Isielle-sama n’est pas notre Reine, nous ne sommes pas ses sujets. Nous sommes le Troupeau et elle est notre Grande Prêtresse, celle qui nous guide dans la bonne direction et s’efforce de nous maintenir sur la bonne voie. Les Rois au Hueco Moundo sont dépassé, vous savez, il y a bien longtemps qu’ils ont prouvé ne pas être à la hauteur pour mener notre peuple… L’histoire de la race parlait pour lui, il n’y avait qu’à reprendre l’historique de ces fameux Rois ayant régné sur le Monde Creux et ce qu’ils avaient accompli pour se rendre compte qu’ils n’étaient pas une solution viable, ou du moins pas pour le maintien d’une paix durable nécessaire à leur propre survie. — Depuis que l’Acuerdo a vu le jour, notre peuple se porte bien mieux qu’à l’époque, c’est une certitude. La loi du plus fort n’est pas ce dont nous avons besoin, c’est l’unité qui nous fera perdurer, j’en suis convaincu.

Il s’était laissé aller dans ses paroles, développant probablement plus que de nécessaire le fond de sa pensée concernant un sujet sur lequel on ne lui avait pas demandé son avis. Mais il était ainsi, Nataniel Fausto, jamais le dernier pour entretenir la discussion, curieux de nature et appréciant les bonnes rencontres, l’échange quand il était respectueux, avec d’autres de son espèce. Chose rare ici, il avait sous les yeux un Adjuchas, un pur, qui ne cherchait pas simplement à déchiqueter le moindre de ses congénères lui passant sous les griffes, mais qui était capable de tenir une conversation. Dans son souvenir, quand il s’était retrouvé à la place de Hors Delaluna à l’époque, c’était à peine s’il prononçait trois mots sur une quinzaine de jours, passant son temps à se nourrir pour se rapprocher du prochain stade de son évolution. Non clairement, il se retrouvait face à ce qu’il considérait être un petit phénomène, comment ne pas vouloir en profiter ?

Il écoutait attentivement l’histoire qu’elle lui contait, bien qu’il était difficile de suivre, donnant l’impression par moment qu’il lui manquait des morceaux de l’histoire ou certains détails pouvant éclaircir certains passages. Perdu du côté du palais ? Elle devait parler de l'Hybris, probablement, celui qui s’élevait depuis les pics rocheux. Dangereux pour quelqu’un de sa condition d’y traîner si tant est que l’on était pas prêt à arracher son masque, les habitants du palais se révélant être très peu accueillants envers les êtres inférieurs. Un Arrancar friand d’insectes, membre d’une tribu ? La description ne lui disait rien, mais rien de très surprenant, s’il s’agissait d’un membre de l’Assemblée, Nataniel n’en connaissait que très peu. — Eh bien il semblerait que vous vous soyez fait un ami au bout du compte, une bonne chose dans votre condition, avoir un Arrancar en soutien pourrait bien vous être salvateur dans ce désert impitoyable… Il n’était pas bien rassurant, mais le Yermo représentait un terrain hostile pour tous, particulièrement ceux n’ayant pas fini d’évoluer. Il se souvenait encore de la crainte angoissante de régression à la moindre morsure d’un autre Adjuchas lorsqu’il en était lui-même à ce stade. Bénéficier de la protection d’un Arrancar pouvait représenter un sacré atout. — Je ne pensais d’ailleurs pas les membres de la Cámara si accueillants. C’était une bonne chose en soi, tous ne suivaient pas la même voie que leur meneur.

La réflexion qui suivit lui étira un léger sourire, effectivement en comparaison avec la Segunda Espada, il paraissait bien loin de l’aspect humanisé que l’on retrouvait chez les Arrachés. — Il est vrai que je suis un cas particulièrement poussé chez les miens, j’en ai croisé peu qui tendaient vers une forme aussi proche de l’animal plutôt que de l’humain. Si nous conservons des caractéristiques animales, ce n’est généralement pas autant, pas autant que moi tout du moins. La confusion ne le surprenait guère, Hors n’était pas la première à lui faire part de sa surprise. — Peut-être cela a-t-il un rapport avec ma condition de base Adjuchas avant de recevoir le rituel de la Lune ? Je ne sais pas… Pour tout vous avouer, je ne m’en suis jamais posé la question. J’apprécie cette forme, j’apprécie cette absence de trou et de masque, elles symbolisent une absence de faim et de primitivité. Elles scellent cet ancien moi, cette version monstrueuse que j’ai pu être, derrière de lourdes portes infranchissables, me garantissant une condition bien plus en adéquation avec ce que je veux être. Le monstre répugnant qu’il était, esclave de ses pulsions, esclave de sa faim, rien qu’une vulgaire bête destiné à faire couler le sang et dévorer les siens. Qui pouvait bien se satisfaire de si peu ? — Si vous êtes différente, dame Delaluna, c’est par votre façon de pensée. Très peu d’Adujchas s'embarrassent avec de telles questions dans votre condition. La différence est une bonne chose, si vous voulez mon avis.

Alors peut-être que son apparence pouvait déranger, comme le soulignait Hors, mais il n’y prêtait nulle attention. En tant que membre d’el Rebaño, sa différence faisait sa fierté. — Il arrive que l’on nous considère comme une espèce différente, de par notre apparence ou notre façon d’être, mais qu’importe ? Faut-il attendre d’un être primitif qui ne jure que par la violence et le sang de comprendre notre état ? Connaître la paix intérieure est la meilleure chose qui puisse arriver à notre espèce…

Tiens, un cours d’histoire, c’était toujours bon à prendre. Mais est-ce qu’il y avait une si grande différence entre roi et grande prêtresse ? De la description qu’il en faisait, cela restait un rôle de dirigeant, à part pour de la nomenclature, quelle était la réelle différence ?

“J’avoues ignorer ce qui change tant entre une reine et une grande prêtresse, si ce n’est l’aspect religieux, et même là, j’ai rencontré des gens arborant ce type d’adoration envers les anciens roi du hueco mondo.”

Cela ne devait être qu’une aversion pour le nom de roi, cet arrancar semblait adament sur la supériorité du consilio comparé à la royauté, mais la louve était quelque peu sceptique de cette affirmation. Est-ce que les choses étaient vraiment meilleures, ou était-on tout simplement trop jeunes pour se rappeler de bien meilleurs régimes?

“La différence ne m'apparaît pas évidente, surtout avec la jeunesse de notre nouveau régime, démasqué Fausto. On continue de se dévorer, de vivre à la belle étoile ou sous des abris naturels, à vrai dire, à part ton espèce, la seule différence que l’on avait était notre alliance avec les mortels, mais cela n’a pas duré bien longtemps.”

Le contrat qu’ils avaient passé avec les humains était si mal foutu à leurs yeux, si désavantageux pour les créatures qui étaient censés être celles qui ont concédé le plus à leur proie, que cela ne pesait que très peu dans la balance des améliorations offertes par le consilio. Elle n’en niera pas néanmoins que tout cela était sans doutes du à sa relative jeunesse.

“Même si j’imagine que ma petite aventure prouve que des exceptions existent, les hollows restent des créatures très sectaires. Preuve en est, nous sommes divisés en quatre clans non par raison de nos différentes facultés, mais de nos différences raciales. Notre unité en temps que “Peuple Hollow” est bien mince.”

Mais même s’il avait raison sur l’importance de ne pas complètement couper les ponts entre Adjuchas/Vasto Lorde et Arrancar, il semblerait qu’il se soit mépris sur les acteurs de l’histoire. Si bien que Hors elle aussi se sentait perdu. La raison de cette confusion, étant que dans une coïncidence absolue, elle réalisait qu’elle avait également une espèce d’alliée parmi La Cámara. Même si cela faisait un petit moment maintenant qu’elle n’avait pas vu la grue de glace, probablement qu’elle avait beaucoup de choses à dire au secunda, raison de ses rares visites.

“Huh, attends, La Cámara ? Quel rapport avec La Cámara ? Je parlais de Las Manadas. A titre personnel, j'évite les terres de La Cámara. Je ne vais qu’où je suis sûre d’être, si pas voulu, au minimum tolérée. Si ces démasquées veulent vivre en isolation et seul, je respecte leur choix.”

La raison était très proche de celle justifiant la grimace qu’elle arborait sous son masque en entendant les explications de Nathaniel, et en entendant le dégoût derrière la description qu’il donnait de sa vie d’adjuchas. Cela touchait très proche de ce que Hors pensait de sa propre forme Diurno, et cela ne passait pas très bien.

“Il semblerait alors que tu ne sois pas aussi fort que tu le laisses apparaître, quel dommage.”

Hors, comme tout hollow, était attiré par la force, bien évidemment, mais s’il semblait que ses confrères comme l’était ce démasqué avant ne pensait que très peu aux implications d’un tel mot, la louve avait été doté d’un esprit assez affuté pour retourner ce mot dans tout les sens. Qu’est-ce qui était la force pour elle, et qu’est-ce qui rendait quelqu’un fort ? Elle en était venu à la conclusion que la force était l’aptitude de faire ce que l’on voulait, et d’empêcher ce que l’on ne voulait pas. C’était une description large, mais c’était au final, la plus proche de la réalité. En ce sens, Nathaniel n’était pas fort, parce qu’il n’a pas accompli ce qu’il voulait seul, il a dû recourir à des subterfuges et une aide extérieure.

La suite n’aidait que plus à se dire que, peut-être, la miséricordieuse Riful n'étendait pas sa gentillesse aux démasqués pour une raison plus que valide. Peut-être c’était simplement elle qui en attendait trop de ses confrères adjuchas, mais entendre son espèce se faire ainsi rabaisser par quelqu’un qui n’en serait guère supérieur s’il n’avait pas eu un concours de circonstance favorable faisait bouillir son sang.

“Nous ne naissons pas tous avec la force mentale ou la chance de pouvoir résister à l’appel de notre nature. Je ne me considère pas aussi différente de mes pères que tu le penses, ni n’en tire une quelconque fierté, car cela n’est aucunement dû à mes propres efforts. J’ai eu la chance de naître avec un pouvoir trompant mon évolution, je sais que sans, je ne serais guère plus civile que les nôtres que tu appelles “primitif”.”

C’était facile de regarder ses origines avec mépris, de se sentir supérieur à tout ce que l’on était hier. Peut-être était-ce car Hors était une adjuchas depuis longtemps, malgré n’avoir jamais été mordu, ou alors c’était car son pouvoir lui donnait beaucoup à réfléchir, mais elle n’éprouvait de ses précédentes formes que gratitude, si ce n’est une certaine gêne comme un adolescent venant pour la première fois au lycée avec ses parents.

“Ne pouvoir se morfondre en regret et en philosophie est, à mon sens, une bénédiction, étant donné ce que l’on doit faire pour survivre. Parfois, réfléchir est une malédiction, une qui me suit et me suivra bien longtemps, et m’a fait considérer le pire de nombreuses fois. J’espère qu’un jour tu ne te contenteras pas de garder ton passé enfermé, Arrancar, mais que tu apprendras à l’accepter et à le remercier de t’avoir gardé en vie jusqu’au jour où tu as pu pleinement en profiter.”

L’interrogation de l’Adjuchas laissa Nataniel quelques instants silencieux, réfléchissant à ce que son interlocutrice venait de dire. Quelle différence y avait-il entre une autorité se faisant appeler Reine et une autre Grande Prêtresse ? Effectivement, la différence pouvait paraître mince, voire totalement inexistante pour qui n’était pas familier de cette nouvelle méthode de diriger. Pour autant, la réponse à formuler n’était pas aussi évidente que l’on aurait pu le penser, ce qui avait plongé Nataniel dans un moment de réflexion intérieure. — Eh bien… là où la Reine ou le Roi règnent sur un royaume qu’ils ne partagent avec personne d’autre, leur seule autorité gouverne. Les anciens Rois gouvernaient seuls, pas de contestation possible de leur autorité. Ici, l’Acuerdo garantit une voix à chacun des clans membres cet accord, une opportunité de se faire entendre, de décider. Certes, on pouvait avancer l’argument qu’en finalité, la décision revenait entre les mains de ces quatre figures d’autorités qu’étaient les Chefs de clans, mais au moins il n’était pas détenu par une seule personne. — Quant à Isielle-sama, elle nous guide vers notre salut, cherche à nous préserver, non nous utiliser comme de vulgaires pions sacrifiables sur commande, comme le font les Rois. Nous ne sommes pas de la chair à canon, nous ne sommes pas sacrifiables, nous ne sommes pas ses esclaves. Chaque vie du Troupeau compte. Là était toute la différence, subtile probablement d’un œil extérieur, mais cruciale pour quelqu’un comme le Fausto.

Il écouta la suite, les problèmes évoqués par Hors, ceux qui ne semblaient pas avoir changés depuis que le Consilio avait pris les commandes, qu’un accord de paix avait été trouvé entre les clans. Il écoutait, mais ne pouvait pas être d’accord avec elle cette fois, ne voyant pas les choses sous le même angle. — Vous semblez essentiellement parler de problèmes concernant les âmes solitaires, je me trompe ? Au sein de l’Acuerdo, nous ne nous dévorons pas, l’Espada veille à ce qu’aucun conflit ne vienne perturber l'entente entre les clans. Et nous vivons sous des toits, de ce que j’en sais, cela vaut pour la majorité d’entre nous, à l’Acuerdo. Peut-être à la limite, les membres de la Escoria ne doivent pas bénéficier de ce luxe, eux qui ont établi leur territoire au beau milieu de la Forêt des Menos… La Cité Rupestre regorgeait d’habitations, suffisantes pour chacun d’eux si besoin et il lui semblait que même les sauvages du clan Las Manadas pouvait s’abriter de l’extérieur.
— Notre unité est certes mince, mais existante et persistante. Ce pacte passé entre les différents clans a pour but avant tout de pouvoir maintenir cet accord entre nous afin de présenter un front uni lorsque le danger menacera ce monde. Et jusqu’à présent, ils y parvenaient, quoiqu’on en dise. — Je déplore tout autant que vous l’impossibilité des nôtres à ne faire qu’un, qu’il faille un pacte pour nous maintenir un tant soit peu soudé, mais dans l’histoire de notre race, je crois que c’est déjà une belle avancée… Il préférait largement ceci à l’époque où seule la loi du plus fort l’emportait au Hueco Mundo, où le moindre pas dans le Yermo pouvait signer votre fin définitive.

Il ne réagissait cependant pas concernant cette alliance avec les humains, qui, si à l’époque elle avait pu paraître prometteuse et encourageante pour une paix durable entre les mondes, semblait depuis avoir dangereusement vacillé sur la mauvaise pente. A vrai dire, la situation critique entre son peuple et celui des humains, représenté par l’Ultima Necat, l’inquiétait sérieusement. Il espérait que le Consilio prendrait rapidement les mesures nécessaires à ce sujet, depuis que l’alliance avait été rompu, les humains représentaient leur principale menace. Il n’eut pour autant pas le loisir de se perdre en réflexion à ce propos, les paroles de la jeune femme Hollow le ramenant dans la discussion actuelle. Las Manadas ? Alors le palais qu’elle avait mentionné n’était pas celui de l’Hybris, mais de Las Noches ? Voilà qui déjà, éclaircissait quelque peu le voile persistant sur l’histoire qu’elle lui avait raconté. — Veuillez m’excuser, dame Delaluna, la confusion s’est faite à mon esprit lorsque vous avez mentionné un palais. J’ai imaginé à tort qu’il s’agissait de l’Hybris. Et qui pouvait l’en blâmer ? Las Noches n’avait de palais que le nom depuis qu’il ne restait que de malheureuses ruines.
Mais malgré ses excuses, la situation semblait lui échapper. Alors qu’il ne comprenait pas pourquoi elle semblait déçu de découvrir qu’il n’était pas aussi fort qu’elle se l’était imaginé, et qu’est-ce qui pouvait bien représenter la force à ses yeux, le ton sembla monter et la discussion perdre de son calme. Ce qui avait l’air d’en être la source étant les propos qu’il avait tenus concernant les hollows qui n’avaient pas encore connu l’arrancarisation. Pourquoi prendre de la sorte une simple constatation de la réalité ? Leur état primitif n’était pas une insulte proféré dans le vide, c’était un fait avéré. Il laissa tout de même le soin à son interlocutrice de s’exprimer jusqu’au bout, de détailler le fond de sa pensée.

— Je ne garde rien enfermé, bien au contraire, si j’ai atteint cet état de paix intérieure c’est bien parce que j’ai su me libérer de mon passé, de ce qui me tenait attaché… Résister à cette faim tiraillante est loin d’être une chose aisée, nous le savons que trop bien… Cependant il existe des solutions. J’en suis la preuve. D’autres le sont également, parvenant à se contrôler par des procédés qui diffèrent. Que ce soit naturellement ou non, par la force de son propre mental ou via un masque arraché, seul importe le résultat final. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle puisse comprendre sa façon de pensée, elle qui n’en était pas à ce stade de son évolution. — Je suis cependant d’accord avec vous sur une chose, Dame Delaluna, parfois d’être capable de penser se révèle être terriblement tortueux pour l’esprit… Combien de fois il en avait fait les frais ?

Peut-être que la femme-louve était simplement vieux jeu, mais à ses yeux le consillio n’était au final que quatre rois se partageant le trône. Elle ne voyait pas de cohérence dans cette institution, la simple existence de La Cámara remettait en question le principe de coexistence des hollows. Du moment qu’ils ne se prennent pas de l’idée d’éradiquer tout ce qu’ils méprisaient, les choses vont plus ou moins bien, mais si des tensions devaient apparaître, cela serait probablement avec eux.

“Je ne suis pas certaine que La Cámara veuillent entendre quelconque avis autre que le leur, mais soit. Je ne suis pas particulièrement contre ce régime de toutes manières.”

Sa description de sa prêtresse ne lui laissait vraiment que l’impression qu’elle n’était en réalité, qu’une reine comme une autre. Une bonne reine certe, mais une reine quand même. En soit, elle comprenait que les précédents exemples n’aient guère était très flatteurs du titre de roi, cela ne servait donc à rien de continuer. Ce n’était pas tant qu’Hors voulait prouver qu’elle avait raison après tout, elle n’avait à prouver son intelligence à quelqu’un d’autre, elle ne cherchait qu’à pousser sa réflexion. Cette conversation lui donnait quelques bonnes réponses et des pistes à explorer, c’était plus que la plupart de ses rencontres avec ses congénères, mais si elle se pensait approcher la question d’un angle neutre, il lui était évident que l’arrancar en face d’elle avait bien trop d’estime envers sa cheffe pour n’avoir aucun biais.

“Tu la décris en tout cas dans un tableau bien flatteur. Cela serait rude de ma part de continuer après avoir compris ça.”

Malheureusement, erreur tactique de la part d’Hors, elle n’avait en effet que très peu d’expérience des autres clans, si ce n’était celui du Novela. La situation était meilleure qu’il lui semblait, tant mieux au final, non ? Même si cela voulait dire que la forêt des menos était celle qui avait le plus de retard sur ses compères, en même temps il n’y avait pas de tempête en dessous du désert. Heureusement qu’elle avait un masque, la gène aurait été difficile à cacher sans.

“Il semblerait que ma compréhension de notre espèce soit quelque peu datée. Je tacherais de corriger cela prochainement.”

Sa quête pour trouver les anciennes méthodes de logement ayant mené à la construction des multiples ruines garnissant le Yermo semblait maintenant bien futile du coup. Quoique, les bricks restaient plus confortables que les tentes. Au moins qu’il ait lui aussi assumé plus qu’il n’aurait dû lui retirer un peu de la gêne de leur précédent échange. La louve pouvait comprendre la méprise, mais c’était mal connaître le comportement des Camaras face aux hollows. A moins qu’elle soit encore une fois un peu trop datée ? La grue des glaces était une Camara après tout, et elle était assez facile à vivre, si on supportait qu’elle semblait parfois considérer l’adjuchas comme un animal de compagnie qu’une égale. Ce n’était pas forcément exclusif à eux, Riful aussi la considère comme un enfant, mais elle était une vasto lorde après tout, en comparaison, Hors était un poussin. C’était simplement quelque chose qui venait avec le fait d’être faible.

Venait le sujet qui fâche, et cela commençait sur les chapeaux de roues pour la louve qui avait très bien entendu les mots de l’homme insecte. Il avait bien utilisé le mot “scellé”, en aucun cas n’avait-il parlé de se libérer de quoique ce soit. C’était peut-être bien sa correction qui était vraie, qu’est-ce qu’elle en savait après tout, elle n’a jamais été une arrancar, cela se voyait bien, mais s’il n’utilisait pas les bons mots, on ne pouvait lui reprocher de ne pas comprendre la bonne chose.

“Je ne vais pas deux fois faire l’erreur d’assumer de ce que je n’ai pas vérifié de mes yeux, mais je ne fais que danser avec les chansons que tu me donnes arrancar. S’il n’est nullement question d’enfermer ta première nature, pourquoi en parler en disant l’avoir “scellée derrière de lourdes portes en fer” ? Je ne me targue pas d’avoir la vérité absolu, j’aime plus le processus de la réflection plus que la réponse, le débat plus que le résultat, autant soit-il que j’ai les bons outils pour débattre sans me couvrir de honte.”

Résister à la faim, un concept impossible pour leur espèce sans le plus long rite de passage à l'âge adulte du monde, ou sans tricher. Face à un tel handicap, bien évidemment que trouver des hollows civils n’était pas chose aisée. La louve haussait simplement des épaules, s’asseyant sur le sable, si la conversation allait devenir plus approfondie qu’elle ne l’était déjà, autant le faire assis. C’était la base des choses, quand les choses devenaient sérieuses, il fallait s’asseoir. Ils étaient des monstres, pas des sauvages, du moins Hors se complait à penser qu’elle avait quelques manières.

“Si seul le résultat comptait, pourquoi ne pas dès maintenant forcer tous les adjuchas présent au hueco mondo à arracher leur masque ? Si nous étions tous des arrancars, de la lune ou non, cette faim qui nous sépare n’existerait plus et il serait plus facile de travailler à partir de là à la création d’une société. J’ai déjà dit que je préférais le processus au résultat, tu ne t'étonneras surement pas à voir ma position sur la question.”

Si seulement d’autres Adjuchas pouvait apprécier autant qu’elle la discussion, elle s'ennuierait bien moins lorsqu’elle attendait que la fatigue la quitte dans les tréfonds de la forêt de quartz.

“Pas que je tiens particulièrement à ce que tu le fasses, plutôt mourir que de perdre mon masque pour de telles raisons. Je suis très bien comme je suis.”

— Pour le moment, ils ne posent pas de problème, c’est une bonne chose. Nataniel pouvait comprendre les réticences de son interlocutrice quant à l’idée de ce pacte entre les clans, comment ne pas présenter de doutes lorsque l’on parlait d’une telle alliance ? Pour beaucoup, cela avait été un miracle que l’accord tienne les premiers jours sans qu’une guerre ouverte n’éclate, et plus le temps s’était écoulé sans qu’il ne soit fichu en l’air et plus le miracle avait pris, s’était épaissi, pour désormais sembler assez solide pour y croire. Mais évidemment, d’un point de vue extérieur tout cela pouvait paraître bien futile, voué à l’échec.
Un fin sourire coupable étirait les lèvres de l’Arrancar de la Lune, conscient qu’il n’était pas l’être le plus objectif pour parler de la Grande Prêtresse, tant il lui vouait une admiration et une dévotion importante. Elle représentait son renouveau, la porte vers son évolution ultime et jamais il ne pourrait oublier ce qu’elle avait réalisé pour lui.

— Cela ne fait rien, vous évoluez seule dans ce désert, vous ne pouvez pas vous tenir au courant de l’avancée de toute chose. Si je peux vous aider à mieux cerner la situation, c’est avec plaisir. Il inclina légèrement la tête vers l’avant, respectueusement.
S’il ne témoignait d’aucune animosité envers Hors, il remarqua dans leur échange une certaine incompréhension sur leur façon de pensée, tout du moins sur la position de Nataniel sur sa condition de hollow. La dernière réponse de l’Adjuchas à l'apparence féminisée le démontrait très clairement, les propos du Fausto la plongeait dans la confusion et présentait une certaine difficulté à y voir clair. Les mots trahissaient peut-être même un certain agacement, mais il n’y fit pas attention, préférant réfléchir à la situation. Est-ce qu’il s’était lui-même embrouillé dans ses explications ? Cela n’était pas impensable, tout n’était pas très clair dans sa propre tête non plus. Songeur, il garda le silence un moment, se remémorant ce qu’il avait déclaré plus tôt. — Hm, je me suis sans doute mal exprimé en effet…

Il préféra s’asseoir à son tour avant de pousser ses explications, adoptant une position en tailleur, son appendice caudale venant s’enrouler autour de sa taille, le bout venant reposer sur ses genoux. — Ce que je voulais dire, Dame Delaluna, est que certes j’ai mentionné l’enfermement de ces pulsions prédatrices derrière de lourdes portes, mais que cela a pourtant été libérateur pour moi. Elles ne sont pas prisonnières en moi tout autant que je ne suis plus esclave de leurs caprices, les portes fermées et scellées, je m’en suis éloigné, délesté. Mon passé n’est pas enfermé, il est au contraire bien loin derrière et ne m’intéresse plus. Je suis entièrement tourné vers l’avenir. Est-ce qu’il avait été plus clair ? Il en doutait fort, mais ne savait pas comment l’expliquer de manière précise. — Veuillez m’excuser si cela reste encore trop obscur à vos yeux, je pense que chacun d’entre nous traite ce processus d’une manière qui lui est propre et tenter de mettre des mots dessus n’est pas chose évidente.

Quant à la question d’imposer l’arrancarisation à tous, il ne s’était jamais vraiment posé la question. Là encore, il lui fallut observer le silence quelques instants pour prendre le temps de réfléchir à sa position. — Je ne pense pas que ce soit une solution. Forcer tout le monde à s’arrancariser ne règlera pas le problème de comportement, d’une part, je connais des Arrachés bien plus cruels et sauvages que des Masques Entiers… D’autre part, j’imagine mal que forcer notre race à adopter tel ou tel comportement se fasse réellement sans qu’un conflit de grande ampleur éclate, nombreux seront les réfractaires. Et on ne pourrait pas les blâmer, conserver son libre arbitre demeurait une des rares choses qu’ils conservaient de leur ancienne nature humaine. Bien qu’il leur faille traverser un long désert d’errance pour s’en rendre compte et parvenir à la récupérer entièrement… — Enfin, nous pourrions être surpris…

Regardant l’arrancar sans trou s’asseoir à côté d’elle, Hors soupirait simplement. C’est vrai que passer trop de temps dans le désert la séparait quelque peu des évolutions sociales de son espèce. Elle se faisait une note mentale de ne pas négliger à l’avenir les regroupements dans la forêt de quartz.

“Ne t’excuses pas, je doute que je puisses comprendre tout cela sans l’expérimenter moi-même, ce que je me refuse à faire.”

Puis elle se voyait mal utiliser une épée. Elle était néanmoins d’accord sur le fait qu’une arrancarisation de force provoquerait énormement de grabuges. Voir une guerre. Cela serait tout sauf une bonne idée de lancer de tels projets.

“Puis arrancariser tout le hueco mondo soulèverait probablement plus de problème que de solutions.”

Même si ce n'était pas la pire chose qui pouvait arriver à son espèce, en vérité.

"En soit, c'est peut-être mieux que de finir mangé par quelqu'un d'autre. Donc je ne suis pas totalement fermé à l'idée non plus comparé à certains. Je dirais même que c'est préférable pour les plus faibles d'entre nous."

Sur ces mots, elle se relevait. Pas qu’elle s’ennuyait, mais elle avait des hollows à chasser, et la présence d’un arrancar à ses côtés ne faciliterait pas sa chasse. Époussetant ses guenilles et sa fourrure, la louve tendait la patte vers l’arrancar fourmie.

“J’ai appris pas mal de choses de notre petite conversation en tout cas. En espérant que cela ne soit pas la dernière.”

Pas qu’il ait l’air particulièrement faible, puis s’il fait partie des arrancars de la lune, cela devrait aller pour lui parmi les siens. Mais sait-on jamais, un malheur est vite arrivé. Sans épiloguer plus que ça néanmoins, L’adjuchas s’en allait retourner à la chasse. Ce n’était pas en tapant la discussion qu’elle finira par être une vasto lorde, une fois débarrassé de la fin, elle aura tout le temps de discuter.