Push your Limits [PV Reijiro]

Une chaise au milieu de l'immense salle vide de tout. Il attend.

Habillé d'un de ses habituels costumes sombres, gants et chaussures de cuir noir, son Tachi repose sur le flanc de la chaise, rangé dans son fourreau. Les longs cheveux ramenés en arrière, attachés, une apparence soignée qui ne laisse que la cicatrice au coin de sa lèvre de visible. Un œil couleur océan, un œil couleur abysse, son regard est posé sue l'entrée de la pièce.

Aujourd'hui, il doit rencontrer son Knight.

Le monde est petit. Il ne pensait pas retrouver Reijiro ici, et pourtant... Pourtant il aurait dû s'en douter, en un sens. Déjà lors de leur première rencontre, Reijiro était encore un jeune presque-adulte avec un potentiel certain. Déjà il savait se battre, déjà il voyait les monstres, déjà il était capable de briser leur masque. La Foudre à sa commande, c'était un combattant encore débutant sur la scène spirituelle, mais déjà quelqu'un qu'il ne fallait pas sous-estimer. Alors c'est finalement naturel, que son chemin l'ait mené jusque vers la section combat de l'Ultima Necat.

Parce qu'il est assez fort.
Parce qu'il est assez engagé.
Parce qu'il haït les Hollows avec une intensité assez extrême pour faire le bout du chemin.

Mais il se demande. Assez fort pour rejoindre les Swords, assez fort pour mériter cette place à son flanc... Mais assez fort pour les épreuves à venir ? C'est ce qu'il entend déterminer aujourd'hui. Kyoya voit comme les choses bougent vite et fort dans le monde des esprits. Bien assez tôt, la Soul Society les découvrira. Déjà, l'Acuerdo est un ennemi, et déjà, il y a la question de ces Abyssaux. La quiétude des quelques derniers siècles n'est plus. Tokyo est désormais l'épicentre d'une concentration d'esprits et dangers du monde par-delà le voile, alors naturellement, ils doivent être prêts.

Ils ne peuvent plus attendre.

C'est ce qui traverse son esprit, quand il voit le Knight arriver. Lentement, il se lève, et la chaise se dématérialise alors en une nuée métallique qui disparaît dans l'air.

- Reijiro. Il le salue d'un léger signe de tête, puis l'avise du regard. Sur ses traits, un fin sourire, à peine perceptible. - Tu en as fait du chemin, depuis cette nuit dans la ruelle... Depuis les combats dans la cage.

Kyoya organise toujours ces petits rassemblement sur son temps libre, parfois. Mais... Mais son temps libre n'est plus ce qu'il était.

- Tu sais pourquoi je t'ai fait venir ici aujourd'hui. Est-ce que tu es prêt ?

Kyoya sait quand parler et quand agir. Ici, aujourd'hui, maintenant, c'est un contexte de peu de mots.
Épée et Foudre seront leurs voix respectives, pour la conversation à venir.

Journée particulière, mine particulière.
Pas envie de sourire aujourd’hui, pas envie de faire de blague, pas le temps non plus. C’est sans perdre de temps que je me dirige vers la salle en question, main droite dans la poche de mon pantalon, visage fermé, concentré.

Focalisé sur ce qui m’attend, focalisé sur ce qui va arriver.
Depuis qu’il est arrivé à l’Ultima, je savais que ce moment finirait par arriver, je m’y suis préparé, je l’ai attendu. Je l’ai souhaité, surtout. Des années en arrière, ce type me sauvait le derche face à un Vasto Lorde. Des années en arrière, on lattait la gueule de ce même Vasto Lorde, comme un binôme improvisé, comme un duo momentané et qui pourtant, s’était bien trouvé. Pourtant à l’époque, ni l’un ni l’autre ne travaillait pour l’Ultima Necat. Ni l’un ni l’autre ne s’était encore engagé auprès de l’agence.
J’ai été le premier à franchir le pas, le premier à devenir un membre des Swords, unité de combat au sein de l’organisation. Sans trop de surprise, j’ai toujours eu le profil du combattant, de l’enfoiré qui cogne plus fort que le connard d’en face. De combattant, ils ont fait de moi un guerrier capable de tenir tête aux pires des Holllows, capable de faire face aux Arrancars. J’ai confiance en ma force, je sais quel niveau j’ai atteint.

Mais y’a des types sur cette terre qui valent bien plus encore.
Kyoya en fait partie. J’ai été sur le cul de le voir débouler du jour au lendemain chez l’Ultima, de le voir finalement nous rejoindre. Qu’il se soit directement installé sur le trône du King of Swords n’a pas été surprenant, par contre. C’était à mes yeux la seule place qui lui revenait ici et j’ai aucun doute qu’il saura se montrer bien plus efficace que son prédécesseur.
Mais tout ça mis de côté, ça faisait un bail qu’on s’était pas recroisé, Kyoya et moi. Chacun ayant ses activités, ses obligations, ses objectifs. Alors quand il est venu me trouver pour me proposer le grade de Knight, j’ai pas mis longtemps à accepter. Si ça n’avait pas été lui, je leur aurais gentiment dit de me foutre la paix et de me laisser Nine. Mais je lui dois la vie à ce type, je lui dois même plus que ça. C’est grâce à lui si j’ai poussé ma maîtrise de Thunderstorm, grâce à lui si je suis devenu suffisamment puissant pour avoir de la valeur aux yeux d’une organisation comme l’Ultima, s’ils ont fini par me remarquer.

Et je suis foutrement content d’être son bras-droit, aujourd’hui. Je suis foutrement content de pouvoir repartir au combat à ses côtés.
Mais avant d’aller massacrer du Hollow, y’a ce petit quelque chose à régler, ce petit quelque chose à faire.

Je passe la porte de la salle, se dévoile à moi le néant, et au milieu de ce rien, cet homme. Le King of Swords. — Yo, Kyoya. Je réponds à son salut d’un signe de la main. Pas de grade entre nous, on se connaissait bien avant. Ce qui empêche pas le respect mutuel, ou de son rang.
En effet, l’époque des combats clandestins date un peu. J’ai pas mal évolué depuis, ouais. — Ça fait un bail, ouais. Mais tu sais, un petit combat dans la cage comme à l’ancienne, de temps en temps je dis pas non. J’esquisse un sourire carnassier, amusé. Le combattant que j’étais n’est pas totalement éteint, y’a ce petit frisson de se battre uniquement avec ses poings et sa technique, seul face à son adversaire, dans une cage d’acier, acclamés par une centaine de personnes. C’est quelque chose que l’Ultima pourra jamais remplacer, clairement.

Si je sais pourquoi je suis ici ?
— Si tu savais depuis combien de temps j’attends ce moment… Mes poings se ferment, l’excitation commence à se lire sur ma tronche, mon sang bouillonne. — Je veux voir à quel point je suis devenu fort. Mais surtout…. — Mais surtout, je veux voir quel fossé nous sépare !

J’aurais jamais cru que notre premier combat l’un contre l’autre se déroulerait dans des conditions pareilles, mais je crois que j’aurais pas pu espérer mieux en y réfléchissant bien. — Alors sois gentil, te retiens pas.

- Je peux m'arranger pour te trouver une place au Main Event de la prochaine carte, si tu y tiens.

Un rictus. Le King en rit, mais Reijiro sait que la proposition n'est pas seulement une plaisanterie. Kyoya garde un œil sur les affaires du Cercle, quand bien même son investissement n'est plus le même qu'à une autre époque. De nos jours, il gère un, peut-être deux événements par an... Une façon comme une autre de se divertir, une habitude, un rituel. Et parfois, une opportunité. Après tout, c'est grâce à ces jeux clandestins qu'il a découvert Reijiro. C'est au détour d'une affaire de triche dans la cage qu'il a rencontré la Six of Cups. Tout ça pour dire...

On ne sait jamais ce que la cage réserve, et c'est ce qu'il aime.

- Tu m'en veux encore pour le « gamin », c'est ça?

Son sourire s'étire, doucement joueur. Reijiro fait partie de ces gens qui ont le luxe de voir ce qui peut se cacher derrière la froide neutralité du Kyoya des journées de travail. En un sens... Il se voit lui dans ses jeunes années, par certains aspects. Le Kyoya d'avant les siècles, d'avant l'Éternité. Guerrier plus fougueux, plus émotif. Déjà à l'époque, il avait forgé sa discipline, mais il restait cet aspect plus sauvage qu'il a fini par cacher derrière un rideau de contrôle. Il y a ça, puis il y a le vécu partagé. Alors il se rappelle, oui. « Gamin », c'est le premier mot qu'il a utilisé pour s'adresser à lui. Le temps est passé, depuis.

- Je n'avais pas l'intention de te ménager. Il parle, et pour se joindre aux mots, les gestes : il lève Mugen devant son visage, à l'horizontale, encore rangée dans son fourreau. D'un geste lent, maîtrisé, il tire la lame, dévoile son tranchant acéré. -  « à quel point je suis devenu fort », tu dis...

Le fourreau tombe au sol, il cligne des yeux.
Un instant plus tard, il est sur Reijiro, à portée, la lame prête à frapper. - Montre-moi. Rapide, trop pour que ça soit humain, et pourtant Reijiro ne reconnaîtra pas de Bringer Light, le déplacement rapide propre à leur race. Non, quand Kyoya est rapide, c'est à la force de son corps hors-norme, pas à la force d'une manipulation spirituelle. Va de même pour sa force : précis, rapide, puissant, son premier coup part depuis le bas, tandis que son dos est voûté, que ses genoux sont pliés. En diagonale, la lame vise à trancher le torse, commencer à la taille pour finir du côté de l'épaule opposée. L'air se déplace dans le sillage du coup, témoin de sa force. Subtilement, la mâchoire de Kyoya se serre sous une douleur fantôme.

La douleur d'un corps poussé à puiser dans ses limites.

Il suit le mouvement de la lame, ses jambes l'amènent d'un pas de côté sur le flanc droit du Knight... Tandis qu'une seconde paire de jambes se déportent sur le flanc gauche. Reijiro pourra voir : un clone métallique qui se forme depuis le mouvement de Kyoya, une silhouette qui lui ressemble, et qui mime son mouvement dans le sens opposé. Alors quand le Kurosawa de chair ramène sa lame pour l'abattre, le Kurosawa de métal fait de même. Mugen fermement maintenue entre ses deux mains, la frappe vise l'épaule du bout de la lame. Le coup porte, impacte, et le sol renforcé de la salle d'entraînement se brise sous la force du coup.

Un enchaînement simple en apparence. Mais ce qui est simple ne l'est finalement pas, lorsque l'on parle des frappes d'un guerrier pluri-centenaire par son expérience et par sa force.

Reijiro sentira la puissance excessive de ces coups. Il a demandé à ce que Kyoya ne se retienne pas, alors Kyoya ne se retient pas. Mieux : il commence fort. Il veut voir comment son Knight se débrouille face à un assaut si soudain, investi de tant de force si tôt dans le combat.

Jadis, lors de leur premier combat, il a eu le loisir de voir son attaque. Cette fois-ci, il est curieux de sa défense.

— Je dis pas non. Sourire carnassier qui déforme ma tronche tandis que je cogne mes poings l’un contre l’autre. Il savait déjà quelle réponse serait donnée à sa proposition, de toute façon. Un combat en Main Event chez lui ? C’est un grand combat garanti, il fait pas les choses à moitié le Kyoya, j’ai déjà eu l’occasion d’aller zieuter du côté du Cercles à quelques reprises et même déjà combattu dans une de ses cages. Mais c’est clairement pas pour ça qu’on est là et je vais pas m’attarder là-dessus, lui non plus d’ailleurs.
— Tseuh. Quand t’as une idée du nombre de putain d’années qu’il a déjà passé sur terre l’ancien, se faire traiter de gamin c’est plus bien important. On parle quand même d’un type qui est plus vieux que la plupart de mes ancêtres réunis, si ce n’est pas tous. Je me souviens plus de jusqu’à quand il remonte, un millier d’années il me semble, une connerie du genre. Il a dû en voir de belles saloperies en autant de temps, je sais pas comment il a pas encore fini totalement blasé. A sa place je crois pas que j’aurais tenu le coup, je serai devenu un de ces cinglés cherchant à détruire le monde parce que l’humanité m’a profondément déçu.

Il n'a pas l'intention de me ménager ? Alors qu’il se ramène, je l’attends.
Première fois que je le mire sortir Mugen contre ma poire, c’est différent que de le voir tirer sa lame au clair contre un Hollow. Tu le sens réellement le danger de mort, même si je sais très bien qu’il ira pas jusque-là. Alors oui, y’a l’excitation du moment qui augmente et toute envie de sourire qui s’évapore.
A la place de quoi, je me prépare à encaisser le choc qui va suivre. Parce que j’ai pas l’intention d’être le premier à frapper, je veux encaisser de plein fouet un de ses coups et savoir si je suis capable de rester debout. Quand il disparaît momentanément de mon champ de vision, je sais déjà qu’il va réapparaître au contact dans la foulée, prêt à frapper. Et je serre les dents, mais ne bouge pas. Des coups j’en ai pris durant toutes ces années de combats, ces années de survie. Du sang j’en ai versé, mes os ont été brisés un bon nombre de fois, ma peau recousue à la pelle, la mort je l’ai frôlé. Et maintenant ? Maintenant je veux savoir ce que c’est que d’affronter un Roi.

L’acier tranche à la diagonale et s’enfonce dans la chair, traçant un vilain sillon qui fait gicler le sang et grincer les dents. La force du coup me fait glisser sur le sol vers l’arrière, j’ai du mal à retenir un cri de s’échapper. Saloperie de merde, ça pique autant que je l’aurais pensé. Et c’est pas terminé.
Un dédoublement et quelques mouvements plus tard, il remet ça d’une double frappe du bout de son arme qui en plus de me laminer les épaules, fracassent le sol à la retombée. Un fin nuage de poussière se soulève tandis que du sang s’écoule des mes nouvelles plaies. — Pas mal pour un vioque… que je glisse d’un sourire moqueur légèrement déformé par la douleur lancinante des taillades toutes fraîches. Je douille un peu ouais, mais je suis habitué à souffrir. La douleur c’est une partie intégrante d’un combattant, il va m’en falloir plus pour abandonner, pour m’empêcher de riposter.

Et en parlant de contre-attaquer, je libère mon pouvoir sans trop tarder, mon poing américain explosant en arcs électriques tandis que je me jette sur le King. Moi aussi je cherche le flanc, abaisse ma silhouette pour mieux décrocher un énorme crochet du gauche en direction des côtes. Et comme il m’a fait l’honneur de cogner fort, je vais faire en sorte de cogner aussi fort. Alors dans ce coup de poing, je mets le paquet. Enchaîne immédiatement en enveloppant mon bras droit de foudre, pour mieux saisir Kyoya au visage de ma dextre et rabattre le tout avec rage en direction du sol. L’idée étant d’y encastrer sa jolie petite fiole de quelques mètres, avant de relâcher une violente décharge électrique histoire de clôturer en beauté l’enchaînement.

L’électricité frappe et éclate en une multitude d’éclairs qui s’éparpillent dans la pièce, n’épargnant pas mon bras qui en subit le contre coup. Je me recule d’un bond, reprenant un peu de distance, reste concentré. Clairement pas suffisant pour en venir à bout et à mon avis, le retour de flammes va piquer.

Dire qu'il est surpris serait un mensonge.

Reijiro encaisse plus qu'il ne défend. Il sait son Knight solide, cependant... Il se demande combien de temps est-ce qu'il va pouvoir se permettre de laisser passer les coups. Il ne lui jettera pas la pierre, cependant. « La meilleure défense, c'est l'attaque » fait aussi partie de ses tactiques. Mais aujourd'hui, ici ?

Il ne va pas jouer les choses de cette façon.

Le poing américain disparaît, la foudre gronde. Kyoya a déjà vu ce spectacle, il sait à quoi s'attendre. Alors quand le poing arrive, son mouvement est subtil, vif, mais presque imperceptible : il bouge dans le même sens que la frappe, son corps se plie avant l'impact pour réduire la force derrière le coup. Ça cogne, mais Reijiro pourra le sentir : le coup n'a pas porté. Pas autant qu'il aurait dû. Puis, plus que le sentir, il pourra le voir. Après un coup pareil, il devrait au moins y avoir une grimace de douleur, les yeux qui se plissent, la mâchoire qui se serre...

Rien. Kyoya ne lui donne rien, sinon ce regard qui fixe intensément.

Le King perçoit le mouvement. C'est rapide, mais pas assez pou le prendre par surprise : la main va pour chercher son visage, et il sent l'électricité courir sur sa peau... Mais il ne laissera pas Reijiro poursuivre. Avant que son adversaire ait le temps d'investir sa force à la mettre au sol, l'Éternel se libère.
Se montre sous son vrai jour.

Une explosion d'énergie soudaine, sans préavis, assez forte pour repousser le Knight... Assez forte pour brûler sa peau, sans doute. En face de lui, il pourra voir son King investi d'une aura d'énergie verte, un courant de Reiryoku pur qui entoure sa silhouette, qui danse dans l'air comme une force instable, dangereuse. S'il est attentif, il pourra voir depuis le col de la chemise de Kyoya : quelque chose qui semble bouger sur sa peau... Un tatouage mouvant, une forme. Des formes. Un motif serpentin.

Une fraction de secondes, il ne bouge pas, toujours ce regard fixe.

Puis, il bouge.
Il pousse son corps jusque dans ses limites, pour aller plus vite encore. Son pouvoir désormais libéré, il n'est plus restreint par les entraves du temps. Un mouvement, et il avale la distance qui les sépare. La lame prête à frapper, Reijiro pourra voir la lame préparer un coup à l'horizontale, une frappe qui vise le tronc... « Une frappe trop téléphonée », pourrait-on se dire. Et pour cause, ce n'est pas la lame qui frappe en premier : plus bas, le jeu de jambe de Kyoya bouge d'un mouvement surnaturel, et il décoche un coup de pied dans l'intérieur du genou. Une frappe pour surprendre, déséquilibrer...

Une ouverture pour la lame qui vient chercher sa cible.

L’enfoiré ne fait pas semblant, tseuh. Mon enchaînement n’a mené à rien, c’est comme si j’avais brassé de l’air devant lui et perdu de l’énergie inutilement. Et j’ai horreur de taper dans le vide, horreur de pas sentir la chair et les os de ma cible se tordre sous mes coups. Kyoya ou pas, King ou pas, ça me gonfle. La tronche que je tire laisse aucune place au doute et il me connaît de toute façon suffisamment assez pour me comprendre. Est-ce que ça l’amuse de montrer que je suis pas capable de le toucher ? Comme l’impression que oui, comme l’impression qu’il veut appliquer une leçon, sa leçon. Ce qui inévitablement m’énerve encore plus, eh.
Je lâche une insulte dans mon crâne tandis que j’observe ce déploiement d’énergie dont il m’honore. La vache, ça a été si soudain que j’ai pas pu y faire grand-chose pour m’en défendre. Juste été rejeté en arrière avec quelques brûlures sur le corps en accompagnement. Mais c’est pas celles-ci qui me font craindre ce que je zieute, mais plutôt ce que cette énergie va permettre. Parce que je m’y connais en déploiement de puissance brute, j’ai moi-même quelques petits tours du genre.

Alors je sais immédiatement ce que je suis censé faire, quand il s’apprête à revenir me taillader la carcasse. Mais ce salopard est si rapide, beaucoup trop rapide, pour que je déploie ma défense à temps. Mon Reiryoku se déploie une fraction de secondes après avoir encaissé son coup de latte, qui me fait plier le genou et aurait pu me laisser à la mercie du tatoué si j’avais pas prévu le coup. Cette fois, sa lame ne va rien venir tailler du tout, elle va simplement se heurter à une bonne couche de Reiryoku mordorée sans parvenir à passer au travers. Et un petit sourire de déformer mes lèvres.
— T’es foutrement rapide, j’ai du mal à suivre... Mais je vais pas chercher à le suivre sur ce terrain, encore moins à rivaliser. On sait tous les deux qui est le plus rapide de nous deux, tout comme on sait lequel manie le mieux le sabre. En revanche, pour ce qui est de cramer la gueule de l’autre je pense avoir des arguments à faire valoir.

Je prends de la distance d’un bond, me réceptionnant sur une main tandis que mon Reiryoku explose. La foudre crépite, les éclairs grondent, éclatent tout autour de moi. Comme je le disais, doper mes capacités physiques et spirituelles, moi aussi je sais faire. Petite démonstration ici. Je lève ma main droite que je tends en direction du sabreur, le pouce et le majeur qui se touchent. Mon énergie spirituelle s’intensifie alors que je claque des doigts, propulsant une étincelle foudroyante, petite mais extrêmement rapide. Cette étincelle va exploser au contact de sa cible et relâcher un violent foudroiement.

Love and Thunder

La défense du Knight se renforce.

Le sabre ne trouve pas la chair, et le regard de Kyoya s'illumine. Reijiro est solide, il le savait déjà... Mais en vérité, ça fait finalement bien longtemps qu'ils ont pas réellement combattus ensembles. Si ça avait été le Reijiro de leur première rencontre, le résultat aurait été bien différent. En un sens, il est fier de ce bras droit qu'il considère en quelque sorte comme son poulain. Pour lui... Pour lui, voir un autre progresser, c'est toujours une expérience particulière.

La nature de son pouvoir fait qu'il n'y a virtuellement aucune limite à sa progression, mais qu'il progresse lentement, très lentement au fil des années, décennies, siècles. Alors voir le gouffre entre le Reijiro d'il y a cinq ans et celui d'aujourd'hui... ça le fait sourire.

La nouvelle génération est entre de bonnes mains.

Reijiro prend de la distance. Hors de portée du sabre, hors de portée des coups rapprochés... Mais toujours capable de commander la foudre. Kyoya observe le déchaînement de puissance d'un oeil averti. Quand la décharge électrique arrive, il envisage de l'esquiver... Mais il préfère jauger de la puissance de l'assaut directement. Jauger de la force de son Knight...

Et se défendre par après d'une autre façon.

La foudre le frappe de pleins fouet, et il en sent tous les effets, toute la terrible puissance.
Les dents du Kurosawa se serrent, la douleur traverse son corps. Sa peau est brûlée, son costume en partie amoché... La chemise déchirée, et alors Reijiro pourra voir pleinement : il pourra voir le tatouage de serpent, voir les huits corps serpentins qui semblent bouger sur la peau du King, presque comme s'ils étaient vivants... Puis il pourra voir quelque chose. Une espèce de plaque circulaire à même la peau de Kyoya, attachée à son torse. Il pourra voir les brûlures du King se résorber petit à petit, une régénération progressive qui laisse des traces de l'assaut, mais qui réduit amplement les dégâts. Et enfin...

Il pourra voir la plaque s'actionner.

C'est comme un moteur qui s'enclenche. Un grondement d'énergie, alors que des veines noires gonflent sur la peau de Kyoya tout autour de l'étrange dispositif. C'est comme si cet étrange outil se nourrissait de sa force, de son sang... De son énergie. Sur les traits de l'Éternel, une grimace de douleur évidente.

D'un geste, il va chercher dans la poche intérieure de son costume... Pour en sortir un disque. à première vue, la forme pourrait être similaire à celle du dispositif collé à son torse : un espèce de disque à l'apparence futuriste, un gadget technologique au but encore flou... Un indice, cela étant.

Sur les bords du disque collé à la peau de Kyoya, une espèce de jauge verte qui s'épuise...
Sur les bords du disque dans sa main, une jauge bleue qui se remplit.

Normalement, le disque entre ses mains est un drone de reconnaissance, destiné aux cieux. Normalement, la frappe qui va suivre descend depuis entre les nuages... Mais cette fois-ci, Kyoya n'actionne pas les propulseurs du disque. Il le maintient par sa poignée au centre, il fixe son adversaire... Et il lève le bras.

- à mon tour.

Les mots sortent de sa bouche, et un énorme faisceau d'énergie rouge-orangé gronde en guise de réponse. Une vague brûlante, qui part du disque entre les mains de Kyoya, pour se diriger à toute vitesse vers le Knight. Son aura va même entourer le faisceau d'un halo verdâtre, pour renforcer sa puissance.

Le King ne commande pas la foudre, mais il a quelques joker dans sa manche, lui aussi. Et s'il faut payer le prix d'un peu de sa force pour lever une vague qui engouffre tout dans un brasier d'enfer...

Alors ainsi soit-il.
Ce sera une démonstration pour Reijiro. Kyoya ne l'attaquera pas avec sa plus puissante arcane lors d'un simple combat d'entraînement... Mais il peut lui montrer un avant-goût de sa force de frappe en conditions réelles.

Un aperçu de sa pleine puissance.

— Bordel mais c’est quoi ça ? Je tire la tronche, plissant des yeux, grimaçant. Je pense pas que je sois en train d’halluciner, y’a comme des foutus serpents qui s’agitent sur le corps du Roi. Le gars a carrément un tatouage animé, genre qui bouge vraiment et qui en plus a pas l’air d’être là que pour la déco’, c’est de là qu’il tire une grosse partie de sa puissance ? Et le pire, c’est qu’il a l’air d’être plus frais qu’avant qu’il se prenne mon attaque pleine tronche. Ce qui me fait grincer des dents, je vais pas aller loin s’il est capable de soigner les blessures que je lui inflige. Et je vais aller encore moins loin s’il nous la joue Tony Stark.
— T’es un humain ou un foutu robot en fait ? Que je lui lâche sur un ton presque dépité sur le moment, mais qui me fascine en réalité. Ce type a pas eu peur de modifier son propre corps pour engendrer plus de puissance, pour être plus performant encore, pour pousser son efficacité au combat. Dans un sens chapeau, c’est dans ce genre de moment que je me souviens pourquoi je le respecte autant. Pourquoi je le considère comme mon mentor. Ce gars, c’est une machine de guerre, du genre vraiment.

Il pousse la démonstration plus loin, tirant un deuxième disque de son costume que j’ai partiellement réduits en poussière. Un deuxième disque qui semble réagir à celui qui orne son torse, lumière et vibration en appuis. Je sais pas trop ce qu’il me réserve, mais j’ai l’instinct du combattant, l’instinct du guerrier et quand il me dit que ça pue pour ma gueule, j’ai tendance à écouter. Alors tandis que du côté des jouets de Kyoya, une jauge se vide et l’autre se remplit, moi je déploie une nouvelle fois mon Reiryoku en une couche protectrice et prépare aussi bien mon corps que ma tête à faire face à une grosse offensive.
Alors quand l’énorme tir d’énergie dégueule du disque, je plante solidement mes panards dans le sol, place mes avant-bras devant ma petite gueule et serre les dents. Hors de question de me défiler, hors de question de me chier dessus et chercher à l’éviter. D’une c’est pas possible et de deux, j’en ai pas envie. Quand ces salopards d’Arrancars viendront nous gerber un tas de Ceros à la fiole, je pourrais pas jouer les ballerines à les esquiver. Car en esquiver un reviendra à le laisser s’écraser au beau milieu de la ville, emportant avec lui bon nombre d’innocents. Et ça, c’est juste mort. Alors je me plante droit et j’encaisse.

Bon, cette merde manque de me balayer purement et simplement.
Repoussé sur plusieurs dizaines de mètres, je sens que je m’enfonce toujours un peu plus profondément à mesure que je recule. Si bien que lorsque le rayon d’énergie s’évapore, le sol de la salle m’arrive au-dessus des genoux.
Et je m’écroule immédiatement, un genou à terre, me rattrapant de mes mains pour éviter un effondrement total. Si j’ai réussi à ruiner partiellement le costume de Kyoya, la partie supérieure du mien n’existe tout simplement plus. Le corps entièrement brûlé, c’est évidemment le haut qui a pris le plus. Mes bras en tremblent, la fumée qui s’échappe de ma peau sévèrement brûlée, le sang qui s’écoule de ma bouche, la vision qui se trouble.

J’ai du mal à respirer, du mal à reprendre mon souffle.
Je ferai pas de commentaire sur ce qui vient d’arriver, j’en ai pas la force sur le moment. Je laisse s’écouler les secondes, laisse le soin à ma carcasse de se remettre de ses émotions. J’aurais bien besoin du remède miracle qu’il a utilisé tout à l’heure, teh. Je respire encore, j’ai encore les yeux ouverts, je peux même sentir l’odeur de ma peau roussie. C’est bon signe, ça veut dire que je suis pas mort. Et si je suis pas mort, c’est que je peux continuer le combat.

Et j’ai quelque chose à lui rendre.

SUPA SAYAJIN 2

Putain de merde, je douille. J’ai douillé. Mais la souffrance alimente ma rage et ma rage alimente ma force. Alors je me redresse, force sur mes jambes pour me relever, bien droit. Enveloppé de mon Reiryoku qui m’entoure comme une aura mordorée, j’avance. La foudre crépite à chacun de mes pas, claque dans l’air et sur le sol, j’avance. Remonte jusqu’au niveau du sol en empruntant le chemin à l’envers, remontant ce que j’ai été forcé de descendre. Regard noir, poings serrés, j’avance.
La colère est un moteur pour moi, j’ai jamais cherché à la repousser, à la chasser de mon esprit. Elle ne m’aveugle pas, elle permet de me surpasser. Alors j’avance, jusqu’à être revenu à ma position de départ.
Il est toujours là, lui aussi. Pas un mot, juste un regard, nos regards qui se croisent. Aucun n’aurait fait l’insulte à l’autre de prendre ce duel à la légère, le déferlement de puissance dont cette salle d’entraînement est spectatrice en témoigne, il n’y a pas de triche ici.

La foudre gronde à nouveau, mon sang bouillonne.
On se quitte pas des yeux.
Je m’élance d’un bond, avalant rapidement la distance pour venir le chercher sur son terrain. D’un cri rageur, frappe son bide d’un coup de genou. J’ai appris de lui, je continue d’apprendre de lui. J’ai développé mon propre style de combat, mais le sien m’a influencé et continuera de le faire tant que l’un de nous vivra.
Alors ce coup de genou n’est pas un simple coup envoyé pour faire mal. Il est là pour distraire et diminuer sa garde, si ce n’est passer outre avec le coup de pied qui suit. Du genou droit j’ai cogné, du pied gauche j’ai enchaîné. Vise le bas de la mâchoire, frappe avec force dans le but de le propulse dans les airs.

Là, se déchaîne à nouveau Thunderstorm.
Après avoir chargé mon pouvoir dans ma dextre, je l’expulse brutalement sur Kyoya. La foudre s’abat sur sa tronche, déchirant la zone dans un violent foudroiement.

Fatal Foudre

- Je suis ce qui brise les masques.

Une réponse laconique, mais Reijiro comprendra.
« Les masques ». C'est comme ça qu'il les appelle, parfois. Soit ça, soit « Yokai », et « Hollow » depuis son intégration à l'Ultima Necat. Kyoya a passé des siècles sans la supervision d'une organisation, sans utiliser de terminologie universelle. Il avait ses propres mots pour les choses du monde spirituel. Les masques, ce sont les Hollows. S'il est un humain ou robot ? Ni l'un ni l'autre. Mieux encore : peu importe.

Il est ce qu'il doit être pour exterminer la menace. Peu importe la forme que ça doit prendre.

Quand la menace prenait les formes des pestes dans ses champs, il était le fermier avec ses outils.
Quand la menace prenait la forme de combattants en armes blanches, il était le guerrier à la lame.
Quand la menace prenait la forme de soldats qui crachent le feu. Il était le guerrier au fusil.
Alors quand la menace prend la forme de monstres masqués venu dévorer les âmes, il transcende ce que veut dire « être humain » pour égaliser, surpasser, puis finalement écraser.

Il sera un surhomme, il sera un monstre, il sera un cyborg, et il sera bien plus encore.
Le disque libère sa puissance, il y a ce sifflement sourd dans l'air, il y a ce déchirement de puissance. Il repousse son Knight sur plusieurs mètres, il creuse le sol, il brûle la chair... Mais il ne brise pas l'homme. Reijiro tombe, mais il ne tombe pas de tout son corps : seulement un genou. Il tombe, mais il se relève... Il n'a pas dit son dernier mot.

Kyoya n'en attendait pas moins.

Il le regarde remonter le sillon de béton creusé, immobile. Il apprécie du regard cette nouvelle aura de puissance autour du Knight... Sur ses traits, un léger sourire, à peine perceptible. Il est prêt. Quand son disciple vient charger au corps-à-corps, Kyoya lache Mugen. Le premier coup arrive, mais le genou du King se lève en opposition. À ce coup, son adversaire pourra le sentir : la forme de Kyoya qui s'est solidifiée à l'excès. C'est comme taper dans un mur de métal... Comme essayer de briser un diamant. Le coup de pied est bloqué par une main, et là aussi, cette solidité hors norme. La force de l'impact suffit à soulever le Kurosawa du sol, mais... Mais c'est comme s'il n'avait pas réellement souffert de cet enchaînement.

Puis la suite arrive. Là, dans les airs, le King est une cible parfaite, et Reijiro ne tarde pas à saisir l'occasion. Un grondement, la foudre se déchaîne de mouvement, un éclair frappe. Sur les traits de Kyoya, une nouvelle grimace de douleur, tandis que la brûlure se fait ressentir... Mais ça n'est pas assez, définitivement pas assez. Sans sa défense subtile, il aurait eu du mal à retenir un grognement de douleur, du mal à ne pas tomber au sol. À ne pas lui aussi au moins ployer genou. Là ? Là... Il a simplement mis sa main en opposition à l'éclair, son bras a brûlé, la douleur est venue. Mais rien de plus, quand enfin ses pieds retrouvent le sol.

- Tu pourrais vaincre ce Vasto Lorde d'il y a 5 ans, aujourd'hui. Seul. Il se remémore. À l'époque, ils avaient dû être deux. À l'époque, Kyoya lui-même n'était pas aussi puissant. Pourtant, ce n'était qu'il y a 5 ans. Une broutille, dans sa vie. La différence ? Entre temps, Kyoya a repoussé ses limites. - Mais dis-moi. Comment penses-tu que tu t'en sortirais, face aux Arrancars de l'Espada? Une pause. - Ceux qui ont attaqués la ville?

Il se demande... Lui-même, il se pose la question. Il ne connaît pas leur niveau à tous. Mais il en a combattu un. Le supposé Primera. Lui ? Lui, il sait que Reijiro n'aurait pas pu le vaincre.

Kyoya approche à pas lents, toujours cette aura de puissance qui l'entoure. Ils sont puissants. Plusieurs d'entre eux sont traîtres. Eux aussi, ils ont compris qu'ils doivent nous craindre maintenant. Un autre pas. Un second, un troisième. Sans doute qu'eux aussi, ils cherchent à gagner en puissance.

Et toi, est-ce que tu fais tout ce que tu dois faire pour te dépasser?
Il ne le dit pas par les mots, mais il fixe. Puis, il approche, la marche laisse place à un sprint rapide, trop rapide. Sans Mugen, ses deux mains sont libres... Sa main droite part comme pour donner un crochet dans les côtes, mais son poing n'est pas totalement fermé. Au dernier moment, quelque chose : rapidement, une forme métallique se matérialise dans la main du King, tout en même temps que son coup part : Un poignard, qui change la frappe qui arrive. D'un crochet au corps, l'on passe à un coup de couteau sous l'aisselle... Il l'a dit : les ennemis seront traîtres.
Ce ne sont pas les bêtes sans cervelle comme des Hollows de base étage. Leurs adversaires ont une intelligence proche de l'humain, alors ils peuvent manipuler, tromper.

Comme lui il peut sortir un revolver depuis son dos, d'un mouvement rapide. Lever son bras, viser le torse, et...

Et au lieu d'une balle, c'est une explosion d'énergie verdâtre qui détonne. Une munition spéciale qui explose à bout portant, un torrent d'énergie spirituelle qui explose, comme un Cero.

Un coup comme pourrait le faire un masque-brisé, ou un Hollow.

Je grince des dents, pestant intérieurement.
Je sais que je me suis un peu foiré, que j’aurais pu faire mieux. Mais dans mon état, difficile d’en contrôler sa puissance avec précision. Je grince des dents, aussi, parce que j’ai l’impression que la plupart de mes attaques tapent dans le vide. Du moins, j’ai bien conscience qu’elles touchent, mais les dégâts sur le corps du King laissent à désirer. Un manque de puissance évident, je cogne pas assez fort, les défenses qu’il oppose font sacrément le boulot. Y’a qu’à voir la différence entre nos deux états pour comprendre qui s’en sort le mieux. Il est fort, sacrément fort.
Oui, j’ai gagné en puissance moi aussi. Oui, je pense aussi que je suis capable de plier le Vasto Lorde de l’époque contre qui j’avais aucune chance en solo. C’était un autre temps, je découvrais à peine mes pouvoirs, ce dont j’étais capable. Et c’est lui qui m’a trouvé, c’est de là que tout est parti. Et aujourd’hui encore, il est là. Et je commence à comprendre le message qu’il cherche à me faire passer.

Haletant, grimaçant, le corps ensanglanté, brûlé, fatigué, je lui fais face, l’esprit toujours aussi affûté. Pas moyen que je lâche, pas tant que je tiendrais encore debout, entraînement ou pas. Est-ce que je fais le poids contre l’Espada ? Il paraît que c’est l’élite des Arrancars, un peu comme le sont les Kings et Queens à l’Ultima. Est-ce que je suis capable d’en étaler un ? J’en sais rien. J’en sais foutrement rien, en fait. Parce que je les ai pas vu de mes propres yeux, parce que j’ai pas goûté à leur puissance, mais si ils sont aussi puissants qu’un King… Si ils sont du niveau de Kyoya… le gouffre qui nous sépare…
J’ai pas de réponse à donner, en réalité. Ou plutôt, je connais la réponse mais je n’ai pas envie de la donner, question de fierté. Admettre que je suis pas à leur niveau ? Admettre que je suis plus faible que ces chiens ? Jamais. — Qu’est-ce que je dois faire pour devenir plus fort, hein ? C’est ce qu’il semble vouloir, que je monte encore d’un cran. C’est ce qu’il semble vouloir, disposer d’un Knight en mesure de faire face à l’Espada sans y laisser sa peau.

Chercher à gagner en puissance…
J’ai un peu laissé ça de côté, je crois, depuis quelque temps. Me suis enfermé dans mon rôle de Nine, à enchaîner les missions, les combats, les chasses. A me contenter du niveau auquel je me suis hissé, celui qui m’a valu cette place chez les Swords. Mais est-ce que j’ai réellement atteint mon plein potentiel ? Chercher à gagner en puissance… Je pense pas être à mon maximum, Kyoya non plus ne le croit pas. Que je me sorte les doigts si je veux pas crever dans la guerre qui approche, c’est ce qu’il va falloir. C’est probablement pour me faire comprendre mon problème qu’il a organisé cet entraînement, ce test. Ou plutôt, cette révélation.
Je voulais constater de l’écart entre le King et le Knight, je suis servi. J’ai constaté, je constate encore. Kyoya ne manque pas de démonstration efficace pour te faire comprendre tes erreurs, en voilà une autre qui se pointe à grands pas.

Il s’est approché rapidement, trop rapidement encore une fois.
Sa vitesse est un problème avec lequel j’ai du mal à composer, moi qui me pensait rapide, encore une fois il sait me montrer que j’ai beaucoup de progrès à faire. Le poing menace de frapper brutalement tandis que ma défense se remet en place, tentant de diminuer les dégâts. Sauf que le poing ne frappe pas, à la place c’est une lame qui vient s’enfoncer dans la chair, sous l’aisselle. Un coup de pute qui parvient à passer outre ma défense, la prenant de vitesse.
Un hurlement qui mélange douleur et rage, une main qui passe sous le bras pour appuyer instinctivement contre la plaie, ma défense de Reiryoku qui se met en place dans le même temps. Kyoya qui pointe un flingue en direction de ma tronche.

Je bronche pas, lui claque un regard qu’il comprendra aisément. Rien à foutre de ta merde, tire.

Foutue explosion d’énergie qui éclate brutalement contre mon bouclier énergétique, le souffle de déflagration à bout portant est si fort qu’il me repousse en arrière, sans pour autant m’avoir endommagé de quoique ce soit. Chose que pourra constater le Roi une fois que la visibilité sera revenue, rien. Absolument rien.
Sauf ce coup de couteau d’enculé que tu m’as mis comme un chien. Mais pour ça aussi, j’ai capté le message. Avec les Arrancars, le vrai ennemi, on joue pas à la loyale, on fait ce qu’il faut pour tuer. Mais ça tu vois, je le savais déjà. Je suis dans cet état d’esprit depuis bien avant notre rencontre.

Je suis à bout physiquement, quasiment cuit.
Mais il me reste cette combativité et ce surplus d’énergie qui demande qu’à être utilisé, après avoir été déployé sous la forme de cette aura flamboyante. J’ai pas de flingue avec moi, mais j’ai un truc qui pourrait avoir le même effet, en plus brutal peut-être.
D’un bond, je me jette sur Kyoya. Je suis peut-être pas aussi rapide que lui, mais je me défends. Et ça, de façon toute aussi naturelle que lui, ce qu’il devrait apprécier.
Me voilà face à lui, comme en suspens dans les airs, à hauteur de sa tête. Déclenche une énorme frappe circulaire de ma jambe droite, une qui va chercher à le cueillir au niveau du cou. Pour des êtres plus faibles, la force de l’impact suffirait à le faire voler la tête des épaules, décapités nets. Mais avec Kyoya, si je parviens à lui plier suffisamment fort le cou pour lui provoquer un torticolis pour le restant de la semaine, ce sera déjà bien.

Retombe sur mes pieds, épuisé, sachant parfaitement que ce sera pas suffisant pour l’emporter. Mais je suis jamais du genre à lâcher le morceau si facilement.
Respire bruyamment, la vision trouble, le corps endolori. Les secondes qui s’écoulent.
Comment penses-tu que tu t'en sortirais, face aux Arrancars de l'Espada ?
Immobile, posture offensive, cette phrase me revient en tête. Sens mon corps qui flanche, chancelle, et avant même que j’ai pu amorcer un mouvement pour retrouver mon équilibre, je m’écroule en arrière. L'aura qui enveloppe mon corps s'évapore, la foudre s'arrête et le poing américain revient prendre sa place contre mes phalanges.
Sans doute qu'eux aussi, ils cherchent à gagner en puissance.

Moi aussi, je dois continuer de gagner en puissance…

Le Knight questionne, le Knight résiste, le Knight tient bon. Mieux encore, le Knight attaque.

Kyoya observe l'approche de Reijiro, immobile. Il voit le coup arriver, et il n'y a qu'un subtil mouvement pour y répondre : Il met sa nuque en évidence, comme pour dévoiler la cible que semble viser son adversaire... Le coup frappe, mais Reijiro pourra le sentir de nouveau : cette impression de frapper quelque chose de quasi indestructible, comme fait d'un matériau trop solide pour que ça soit naturel. La force de l'impact suffit à doucement faire bouger Kyoya, mais ne suffit pas à le blesser... Alors, l'aura verdâtre se meurt, en même temps que l'aura dorée disparaît.

Inutile de pousser plus loin.

Il avise le Knight du regard. Kyoya s'en sort bien mieux que son subalterne, en cette fin de combat. Ses blessures sont superficielles, s'il fallait comparer à la peau brûlée et aux entailles qui zèbrent la peau de Reijiro. Pour autant, il n'a pas menti : il ne s'est pas retenu. En ça, Kyoya est aussi proche de ses limites, de ce que son énergie peut lui permettre de faire... La puissance déchaînée lors de cet affrontement presque trop rapide, il n'aurait pas pu la maintenir encore bien longtemps.

Un geste, le King tend la main vers l'arrière, et Mugen lévite dans les airs pour revenir dans sa main d'un mouvement rapide.

Un autre geste, et il range la lame dans son fourreau. Quelques pas, pour s'approcher, jusqu'à s'asseoir en tailleur prés du Knight étalé au sol. Un regard qui scrute, qui jauge, un court silence. Puis...

- Tu pourrais le vaincre seul, oui. Et pourtant, quand je te regarde, je vois la même chose qu'il y a 5 ans. Quand bien même il pourrait vaincre le Vasto Lorde seul, il y a ce quelque chose, cette impression qui n'a pas changée... - Du potentiel. Quelque chose à dépasser.

Mais ça, Reijiro l'a sans doute compris depuis.

- C'est une bonne chose. ça veut dire que tu peux évoluer. Tu n'a pas atteint ton plateau. Il n'est pas encore à ce stade où la progression deviendra autrement plus difficile. Où ses efforts ne seront pas récompensés comme avant, où il devra donner plus, pour gagner moins. - Tu n'as toujours pas subit l'opération, n'est-ce pas ? Pour dépasser les limites de ton pouvoir.

L'Enhanced Fullbring, comme ils aiment l'appeler. Une fois encore, la technologie aide à dépasser les restrictions de l'humanité. Il a été sceptique, un moment. Mais juste un moment, très brièvement. Rapidement, il a compris l'intérêt. Il a toujours évolué avec son temps, sans pour autant oublier les leçons de l'Avant. C'est ce qui fait qui il est aujourd'hui.

- Penses-y. ça, ou autre chose... Chacun sa route vers le pouvoir. Mais tu es au croisement, aujourd'hui. Tu dois choisir ta voie, et pousser pour arracher à ce monde ce qu'il te doit.

Un regard plus sérieux, alors que quelques derniers mots sortent de sa bouche.

- Mes projets vont me mener chez les Masqués, bientôt. Quand je laisse Tokyo sans ma protection, je veux savoir que je la laisse entre de bonnes mains.

Des mains capables de se renfermer en poings qui briseront les envahisseurs.

Douloureux. C’est ce que je retiens de cette fin de combat, c’était douloureux. Ils sont peu à avoir pu me malmener à ce point, à m’avoir poussé dans cet état, mais concernant ce type, c’est juste pas surprenant. Ce n’est pas pour rien que j’ai cherché à devenir son élève, à faire en sorte qu’il me transforme en quelque chose comme lui, une machine de guerre que rien ni personne ne pourrait arrêter. Quelque chose qui ne faillit jamais, qui pourra défendre la terre et ses habitants jusqu’au bout, contre n’importe quoi. Et comme il le dit si bien, j’ai encore du chemin à parcourir, faut que je me donne plus, bien plus.
Quelque chose à dépasser… Ouais, je sais. Quelque part, depuis que je suis entré chez les Swords, je me suis imposé une limite. Ou plutôt, je me suis enfermé dans une espèce de suffisance, parce que j’ai pas besoin de plus pour éclater le crâne de la grande majorité des merdes qu’on extermine. Sauf que c’est bon contre le Hollow de basse menace, voir l’intermédiaire et quelques forts, si je pousse un peu. Mais contre les Vasto Lorde, je fais quoi si c’est plus suffisant ? Est-ce que j’ai vraiment envie de crever comme une merde parce que je me suis embourbé ? Parce que j’ai pas cherché à péter le plafond que j’ai moi-même construit ?

Non, clairement pas.
Je peux encore évoluer, oui. J’en ai conscience, je sais même très bien comment. En m’entraînant plus dur, c’est clair, mais en surpassant mes limites. Et y’a des moyens très efficaces ici, à l’Ultima, pour exploser le plafond de verre de ses capacités. — Non… pas encore. Subir l’opération, repousser les limites de son propre pouvoir pour l’amener au stade supérieur. Un peu comme les transformations de ces Arrancars, justement. C’est vachement puissant cette merde, même si c’est technologique, donc tendance à me freiner. Autant j’ai jamais dit non à une petite arme gadget pour éclater plus d’ennemis, autant me procurer l’Ehanced, j’ai toujours hésité.
Kyoya a franchi le pas plus vite que moi, alors qu’il était déjà plus balèze à l’époque. Regarde où ça l’a mené, il est inarrêtable l’enfoiré. — C’est pas que je veux pas la faire, c’est surtout que je pensais pas en avoir besoin… Question de fierté, très mal placé mais je suis un combattant, un guerrier, je voulais devenir le meilleur par mes propres moyens. Sauf que c’est pas ma fierté qui va me garder en vie, ou qui va me permettre de gagner contre l’Espada.

Je sais bien ce que je dois faire, je crois que le plus dur c’était de l’accepter. Mais je crois aussi que c’était le but de ce combat, dans l’idée, pour Kyoya, que de me forcer à l’accepter. — Une sortie chez les salopards et je suis même pas invité ? J’en serais presque déçu, mais je sais pourquoi il me laisse ici. Comme il l’a dit, y’a besoin que quelqu’un garde la maison en son absence, surtout maintenant que le climat est aussi tendu du derche. Tokyo reste une priorité parmi de nouvelles qui se sont imposées, envoyer le King et le Knight en même temps au Hueco Moundo, c’est pas forcément la meilleure strat’. Il compte sur moi pour assurer la protection de la ville durant son absence.
— Je ferais ce qu’il faut pour assurer, t’inquiètes. Tu peux partir peinard. Pas besoin de lui donner ma parole, quand je parle, c’est réel. Je vais faire le nécessaire pour garder cette ville en sécurité, que ce soit un Hollow à la con ou un foutu Arrancar, ou même une de ces nouvelles merdes abyssales qui se sont pointées récemment. — Ramène-moi un masque par contre, pour Halloween ça fait un déguisement de dingue. Un léger ricanement qui s’échappe d’entre mes lèvres, laissant apercevoir mes dents rougies par mon propre sang qui s’en écoulait encore récemment. Mon rire est vite stoppé par la douleur, qui me fait toussoter, sursauter un instant. — Allons te remettre sur pieds, on continuera cette discussion après. Je peux pas vraiment dire non, j’ai du mal à respirer et j’aimerai bien arrêter d’avoir la sensation de brûler vif. — Ok, mais il va falloir m’aider un peu pour marcher. Tenir solo debout sur mes pattes, là tout de suite, c’est pas possible.

Soutenu par Kyoya, on file jusqu’à l’une des salles d’infirmerie de l'Arcānum.
Cette base est juste incroyable, je crois que je m’en lasserai jamais. Y’a juste tout ce qu’il faut ici pour les accrocs du combat. Tu peux te coller une session ultra vénère en un contre un, comme rarement t’as connu, et une petite heure plus tard, t’es debout sur tes guiboles comme si rien n'était arrivé. M’enfin d’abord, il faut passer par la case régénération.

On se pointe dans la salle de soins sans prévenir, moi à moitié effondré contre Kyoya, pissant le sang et quasiment à poils, des blessures toutes fraîches zébrant un corps déjà bien fourni de ce côté là. Le King qui m’empêche de tomber, lui-même avec son costume dans un sale état, le visage un brin marqué par la violente dépense d’énergie. Tu sens les deux mongoles qui y sont pas allés de main morte, mais très satisfaits d’eux-même. C’est l’infirmière en cheffe qui nous accueille, nous reconnaît évidemment. Dans ce genre d’endroit on connaît bien les Swords, spécialement nos deux petites têtes. — King Kurosawa… Knight Kyūbū… vraiment… elle voit bien à nos tronches qu’on s’est beaucoup amusé, qu’on est est fiers. — Désolé Shiyumi, il fallait fêter nos retrouvailles ! C’est que ça faisait longtemps mine de rien qu’on s’était pas recroisé. — Vous savez pourtant tous les deux qu’il existe un programme pour vous taper dessus sans vous amocher physiquement… C’est vrai. Mais pas cette fois. — Ce combat devait se faire physiquement, pas virtuellement. Une réponse approuvée par Kyoya, qui y va même de sa petite remarque dont il a le secret. — Cette fois en plus je ne l’ai presque pas amoché. Elle pousse un soupir exaspéré, avant de nous désigner les cuves dans son dos, quelques mètres plus loin. — Vous connaissez la chanson, déshabillez-vous et plongez là-dedans…

Kyoya m'aide à me rendre jusqu'à la cuve et avant qu'il se dirige vers la sienne, je lui tends le poing fermé, l'invitant à taper du sien contre le mien. Sourire en coin. — Beau combat, bien joué King.
On se retrouve ensuite plongé dans une cuve contenant un liquide spécial, je sais pas trop de quoi c’est fait, mais je sais ce qu’il fait sur le corps. C’est magique, tu plonges dedans, on te branche deux ou trois électrodes, on te branche à un masque et tu te retrouves immergé dans le liquide. Cuve refermée, y’a plus qu’à laisser le produit faire son effet, régénérer ton corps. Ce truc soigne toutes sortes de blessures, même les plus graves. Une fois que tu ressors de là, t’es comme neuf, ou presque. Le repos fait ensuite le reste, pour terminer la récupération complète.

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