A place for my head

Il faudrait sans doute à Dante un certain temps d’adaptation avant de se faire à ces nouvelles règles qu’il découvrait. Avant qu’il ne prenne repère à Los Abismos, il ne s’agissait que de solitaires et de meutes. Une organisation à la hauteur d’un Seigneur Loup, un monde qu’il n’avait pas de mal à décrypter. Chacun pour soi, d’une certaine manière. Les meutes n’étaient depuis devenue qu’un clan parmi d’autres. Les solitaires et les meutes, regroupées sous la bannière du Roi Jaguar. Qui ne régnait même pas, s’alliant à trois autres clans pour dominer ensemble un Hueco Mundo si différent de tout ce qu’il avait connu.

Cette situation povuait cependant le servir. Sa quête de pouvoir personnelle ne pourrait en effet se compléter que par l’acquisition de nouvelles connaissances, le déploiement de nouvelles technologies. Adjoindre la puissance d’un intellect à la force de ses poings. Et ainsi devenir un guerrier complet, qui ne pourrait plus être vaincu. Quelle ironie pour celui qui, avant de briser son masque, n’espérait que trouver le trépas parmi les plus profondes ténèbres du Hueco Mundo.

C’était d’ailleurs là qu’il se rendait. Quittant la forteresse délabrée de Las Noches. Et marcher dans le désert. L’objectif était de rejoindre le puit la plus proche – à sa connaissance – pour rejoindre les cavernes souterraines qui elles-mêmes finiraient par lui permettre de s’enfoncer dans les entrailles du désert. Là, il retrouverait son ancien laboratoire. Dante ne comptait pas le dépouiller complètement, mais afin de lancer le nouveau il lui fallait bien récupérer un peu de matériel de départ. Ensuite ? Ensuite, découvrir de quoi les humains étaient fait, bien évidemment.

Marchant à ses côtés, Aámon, son épais loup noir, dont le flair les guidait vers la prochaine « bouche » du Yermo.

Blessée, elle l'était. Et pas seulement physiquement. Son orgueil en avait prit un sacré coup et savoir qu'elle ne devait sa survie qu'à une créature masquée, cela la rongeait de l'intérieur. Certes, le principal était effectivement d'être encore en vie. Seulement digérer cette défaite serait compliquée, elle le savait.

Lentement, mais sûrement, elle se dirigeait vers l'une des entrées qui lui permettraient de rejoindre son propre royaume. Là, elle pourrait panser ses plaies. Et prévoir la suite. Car contrairement aux autres, Riful se moquait bien des principes des autres clans. Si La Cámara les regardait tous de si haut, cela ne la dérangeait pas. Un Arrancar, quelque soit son clan, méritait simplement de mourir.

Fort heureusement pour elle, en dépit des brûlures qui marquaient son corps, elle possédait une grande capacité de régénération et déjà certains des rubans qui constituaient la partie basse de son corps se remplaçaient. Les morceaux morts tombant sur le sol tandis qu'elle approchait de l'issue. Au regard des plaies qu'elle avait, elle avait été contraint de réduire sa taille à celle d'une enfant, ou peu s'en faut. Elle marqua toutefois un arrêt alors que face à elle, deux entités approchaient.

Blessée comme elle l'était, elle n'avait pas perçu leur approche. Elle qui était si près du but. Quelques tentacules s'activèrent autour d'elle, comme pour se mettre en position de défense. Seulement la douleur était trop grande. Dans son état, le prochain combat lui serait fatal. Elle voulut alors jouer la carte de l'intimidation...

- Hors de mon chemin, avant que je ne décide de vous détruire !

Mais elle le sentait, elle le savait. Elle ne tromperait personne dans son état.

Post de repos

Un léger grondement d’Aámon. La cause ? Une silhouette enfantine, dont le corps semble être couvert de sombres rubans, en approche. Couverts ? Il observe. Se fie à ses sens, et ceux de son loup. Ce ne sont pas des bandages, bien qu’elle en aurait de toute évidence besoin. L’évidence tend à penser qu’il s’agit là de son corps à proprement parler, compte-tenu des blessures et des mouvements ordonnés qui peuvent s’observer. Sa vue et son pesquisa l’informent de cela. Et par ses oreilles, il perçoit la menace mais n’y donne suite. Si son regard est vide, d’un sourire ses canines se dévoilent.

- Curieuse menace que celle-ci. Peut-être suis-je là spécifiquement pour la destruction ? La tienne semble en bonne voie. À moins qu’un atout se cache dans ta manche que pour oser défier le Seigneur-Loup ?

Cela semblait téméraire, mais il faut savoir qu’en d’autres temps, il aurait attaqué sans sommation, ni chercher à discuter. Le Dante du présent, quant à lui, aimait comprendre et apprendre, et cela ne pouvait se faire qu’en évitant de terrasser tout ce qu’il croisait.

- Je te propose plutôt ceci : apprends-moi quelque chose que j’ignore, et j’accepterai de poursuivre ma route sans plus me soucier de toi. N’est-ce pas là une démonstration de grandeur d’âme ?

Il avait trop longtemps vécu loin du monde, et tout était bon à prendre. Peut-être même qu’il tiendrait parole s’il s’estimait assez satisfait, qui sait ?

Le Seigneur Loup ? S'il est vrai qu'elle ne se sentait pas forcément d'attaque pour détruire, elle savait aussi qu'elle serait capable de donner ce qui lui restait pour se défendre. La Destructrice ne se laisserait pas emporter dans la mort sans réagir, son égo l'en empêcherait. Pour autant, elle se détendit. S'il l'avait réellement souhaité, il aurait déjà attaqué. Même blessée, une bête restait dangereuse. L'approcher en toute discrétion aurait alors été la meilleure des solutions.

Lui apprendre quelque chose qu'il ignorait ? Une requête stupide selon son propre avis. Comment pouvait-elle lui apprendre une telle chose sans savoir ce que lui même connaissait ? Sans même un indice sur qui il était en dehors de cette appellation étrange. Seigneur Loup. Cela signifiait tout et rien en réalité. Rassemblant ses forces, elle reprit un peu de "hauteur", dardant ses yeux blancs sur les deux créatures.

- Et comment puis-je savoir ce que tu ignores alors que tu m'es parfaitement étranger ?

Un peu de mépris dans ses propos. Même blessée, la Belle ne se laisserait pas démonter si facilement. Seigneur ou pas, cela ne lui importait que peu. Des titres, ils en possédaient tous. Elle la première. Des titres qui étaient bien souvent des reliefs de leur vie passée.

- Mais voici une chose que tu ne sais pas. Je suis Riful et j'appartiens au clan de La Escuria. Et toi, quel clan est le tien ?

Elle le sentait, il était un solitaire comme elle. Mais il se dégageait quelque chose d'ancien de sa personne. Elle eut un sourire. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas ressentie ce genre d'odeur. Peut-être même qu'il n'appartenait à aucun clan, finalement ? Rare mais pas impossible.

- Sais-tu au moins de quoi je parle ? Las Manadas, La Escuria, La Cámara ou même El Rebaño... Est-ce que ces noms te parlent ?

Si tel n'était pas le cas, alors cela en dirait beaucoup sur lui. Et notamment qu'il n'était pas d'ici. Ou pas depuis longtemps.