The Hot Wind Blowing

La réunion était passée. Si elle avait réservée son lot de surprise, le sujet de cette dernière n’était pas celui anticipé. En vrai, elle aurait été surprise que le complot se mettant en place soit évoqué, même si l’absence d’un des membres du Conseil, que nul n’avait évoqué au final, avait forcément un rapport. Mais il s’agissait pour elle de la principale actualité qui aurait pu justifier un tel rassemblement.
Si seulement…
La réalité fut tout autre, plusieurs dangers extérieurs semblant se profiler. Et si tous ne se révéleraient peut-être pas en être au final, il y avait beaucoup de choses à prendre en compte. Et autant d’actions à faire.
Ce qui l’amenait à la suite.

Un certain immobilisme. Telle était sa conclusion. Nulle action ne serait réellement entreprise si ce n’était de la collecte d’informations. Etape bien entendu nécessaire, elle en convenait. Mais pas forcément suffisante en elle-même, pas de la façon entendue. Du moins à ses yeux.
Ainsi qu’à priori celle d’un des Capitaines qu’elle connaissait au final le mieux. Igarashi Sora était l’un des plus anciens de cette nouvelle génération et leurs attributions respectives pouvaient les amener à collaborer de façon régulière. Et s’ils s’étaient en effet croisés à plusieurs reprises durant ces dernières années, ce ne fut que récemment que les choses avaient prises une autre tournure.
Une dont ils se seraient certainement bien passés, l’un comme l’autre à n’en pas douter. Ils se devaient cependant de composer avec.

Et tout cela l’amenait à ce jour. Une simple convocation sous couvert d’une affaire commune entre leurs divisions. Comme dit, cela arrivait, ce n’était pas surprenant donc. Etant à l’initiative de cette demande, la rencontre aurait lieu dans les quartiers de la Neuvième. Vu l’intervention d’un membre de l’Onmitsukidō dans cette nuit fatidique, elle aurait de toutes façons douté que le chef de ce corps soit très à l’aise dans ses propres quartiers. Et surtout confiant sur le côté privatif d’une telle rencontre.
Elle de son côté avait normalement toujours la main-mise sur ses hommes. Ou en tous cas n’avait pas de raison d’en douter, tout en s’assurant que nul ne vienne les déranger. Et s’il y avait bien un point sur lequel les soldats de la Neuvième osaient tenir tête à leur Capitaine, ce n’était pas ce dernier.

Ainsi, le message transmis, elle attendait son invité. Pas impatiemment à faire les cent pas dans son bureau. Simplement installée derrière ce dernier, continuant à vaquer à ses occupations habituelles. Même si ce point, nécessaire à ses yeux, était bien plus intéressant que le quotidien d’un Capitaine.

Quand la réunion s'était finalement terminée, Sora n'avait eu d'autre hâte que de la quitter. De repartir aussi vite qu'il était arrivé.
S'il n'entretenait déjà que difficilement des rapports cordiaux avec ses pairs en temps normal, son humeur du moment ne s'y prêtait que d'autant moins, et plus il aurait à les côtoyer, plus le risque d'une nouvelle esclandre serait élevé.
Il avait joué son rôle, tenu sa place comme l'on s'attendait à ce qu'il le fasse ; sur ce point-là au moins n'aurait-on rien à lui reprocher - mais il ne fallait pas lui en demander davantage.

Par chance, personne n'avait jugé bon de le faire - à l'exception des rares consignes données par le Gunjiseiken, qui lui étaient moins adressées à lui qu'elles ne l'étaient à sa Division. Lui n'était que le messager ; c'était bien là la seule « responsabilité » qu'on veuille encore lui confier, à ce qu'il semblerait.
Des ordres qui, de son point de vue, se résumaient à ne rien faire, ou trop peu - surtout alors que le danger menaçait sur tous les fronts. À croire que leurs « chefs » attendait que l'on force à nouveau l'entrée de leur monde comme l'avaient fait les Quincys pour se décider à agir.
D'accord, ils étaient en sous-effectifs, et risquaient de l'être encore un bon moment, mais était-ce une raison pour se terrer pendant que leurs ennemis ourdissaient leur perte d'un côté et de l'autre ? Pour ne faire qu'observer, qu'attendre que malheur survienne - que leur fosse commune s'emplisse encore un peu plus - avant de faire quoi que ce soit ?
S'il pouvait à la rigueur admettre que l'on ne veuille pas trop s'avancer concernant les humains - et encore -, pour ce qui était des Arrancars et autres créatures du désert, qu'avaient-ils à perdre à s'assurer qu'ils ne redeviendraient pas un danger ?
La Soul Society proactive d'antan lui manquait, alors même qu'il ne l'avait que trop peu connue. Le vieux Yamamoto n'aurait sans doute pas cautionné cette posture ; dommage qu'il ait cassé sa pipe, c'en aurait au moins fait un pour se secouer.
S'ils continuaient dans cette voie, l'attentisme les tuerait. Tout simplement.

À défaut de mieux, limité comme il l'était dans ses mouvements - au sens figuré, encore qu'au rythme où allaient les choses, le propre n'aurait su tarder -, Sora soupesait l'idée de débloquer lui-même la situation, d'une manière ou d'une autre ; il avait quelques idées pour ce faire.
Peut-être l'avait-on progressivement dépouillé de la plupart de ses privilèges, soi-disant « par précaution », mais au moins était-il encore Capitaine jusqu'à nouvel ordre ; en profiter tant qu'il le pouvait encore ne serait peut-être pas une mauvaise idée.

Cette réflexion occupait encore son esprit lorsqu'il avait reçu l'invitation - pardon ; la demande de consultation - de la Capitaine Tomoe, et elle ne l'avait toujours pas quitté lorsqu'il arriva sur place. Ce n'était pas comme s'il avait mieux à penser, et se concentrer sur ça lui évitait de trop songer au reste : il avait tout à gagner à ne pas se changer les idées.
Il n'avait prévenu personne avant de venir. La Neuvième Division - ou du moins sa Capitaine - devait savoir qu'il arrivait ; quant à la sienne, étant donné le peu qu'il pouvait encore faire, sans doute son absence n'y serait-elle que peu remarquée - à supposer qu'elle le soit ; ce n'était déjà pas gagné.
Et même si ses hommes finissaient par le réaliser, étant donné son humeur du moment - légitimement massacrante -, sans doute ne seraient-ils pas mécontents qu'il parte se promener et leur laisse un moment de répit, quelles qu'en soient les raisons.
Qu'importe de quoi il était suspecté, que ce soit vrai ou non ; cela ne voulait de toute façon pas dire qu'il allait se tenir à carreau et se retenir de les cogner si leur attitude le justifiait. Tant pis si son dossier n'en était que plus chargé.

Et puisqu'il était encore Capitaine, n'en déplaise à ceux qui voulaient le voir tomber, c'était avec son manteau blanc sur le dos qu'il se présenta devant celle de la Neuvième Division dans son bureau. D'égal à égal, tant que cela pourrait encore durer ; plus très longtemps, à en juger par les derniers développements.

▬ Capitaine Tomoe. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? fit-il en refermant derrière lui la porte glissante qu'il n'avait pourtant pas été invité à franchir - pour la bonne et simple raison qu'il n'avait pas pris la peine d'y toquer.

Mais cela, personne n'osait plus l'approcher d'assez près pour avoir pu le vérifier.
D'une certaine manière, il y avait du bon à être un pestiféré.