Il va y avoir du travail

Un long soupir. Le lieu ne ressemblait plus à rien. Un tas de roches disparates, de crevasses et fissures. Des images à rappeler les heures les plus sombres du Seireitei. Il passa sa main sur son visage, presque dépité. Il avançait prudemment, se concentrant un peu plus pour visualiser au mieux les détails du désastre qui lui faisait face. Bien que ni lui ni son équipe n'allait s'occuper de ce chantier il n'en restait pas moins le coordinateur. Les joies des responsabilités. La section de nettoyage comprenait aussi ce genre de petits désagréments, notamment les réparations de bâtisses ou de terrains d'entrainement dans le cas présent.

En approchant il perçut une présence au bout du tas dévasté. En poussant un peu plus son Reiryoku il put sentir une aura conséquente qu'il avait déjà croisée à la l'Hôpital. Le tout nouveau Capitaine de la Onzième Division, tenant du titre de Kenpachi laissé sans possesseur depuis plusieurs années. C'était un endroit appartenant à son quartier après tout, pas étrange de l'y trouver. Mais seul. Ici... Il ne le connaissait que de réputation mais la nostalgie ne lui semblait guère appropriée. Sunken fit quelques bons sur les différents morceaux surélevés, prenant soin d'éviter les crevasses çà et là jusqu'à le rejoindre.

Le Shinigami était assis sur un morceau de roche, dos à lui. Il y avait un énorme sabre disproportionné à la forme étrange plantée dans le sol à côté de lui.

- Vous venez vous recueillir auprès de votre prédécesseur, Kiryū-Taichō ?

Etait-il seulement homme à discuter ou bien une brute sans autre mots que la lame, comme son titre le laissait présager ? Il allait le découvrir bien assez tôt. Mais faire preuve d'une bonne entente entre leurs deux Divisions ne serait pas une mauvaise chose. Les relations entre la Quatre et la Onze n'étaient pas connues pour être les plus cordiales après tout. Essayer d'instaurer une nouvelle ère ? Ambitieux....

Posé sur son rocher, Kaimetsu à ses côtés, le colosse fermait les yeux, s'ouvrant sur ce terrain qui avait été détruit suite au combat entre lui et l'Ogasawara. Il revoyait dans sa tête les coups échangés, la rapidement des mouvements ennemis, la puissance des deux corps qui avait façonné ce champ de bataille. Il lui semblait encore percevoir le bruit des lames qui s'entrechoquaient, des paroles qu'ils avaient échangés.

Shinjiro n'était pas homme à pleurer la mort d'un fier guerrier, ni même à regretter un combat comme celui ci. Pas de peine, pas de nostalgie. Il avait agi en accord avec ses principes et ne regrettait en rien l'issue du combat. Pas même après en avoir discuté avec tant d'autres Capitaines en fonction. Ils ne comprenaient pas. Mais cela n'était pas un problème pour lui.

S'il était là, c'était surtout pour rendre un dernier hommage à ce combat. A son adversaire qui s'était montré à la hauteur du challenge. Sous peu, ce terrain serait remit en état. Il n'y aurait alors plus que les souvenirs des uns et des autres pour savoir ce qui s'était réellement passé ici. La voix dans son dos le tira de ses songes, de ses pensées. Il se redressa alors de toute sa hauteur, pour faire face à celui qui venait de prendre la parole.

Un homme à la chevelure d'argent. Ce constat amusa un instant le Kenpachi. Puis il perçut les cicatrices, comprenant que l'homme face à lui ne possédait plus l'un de ses sens. En dépit de ce handicap physique, il était parvenu jusqu'ici. Et avait perçu sa présence, cela méritait d'être noté. Même si le Kenpachi savait qu'il avait tendance à ne jamais vraiment masquer sa propre aura. Sans doute parce qu'il en était incapable, preuve de la forme de Kaimetsu par ailleurs. Puis il perçut sa division. Tiens donc...

- Se recueillir ? Y'a peut-être un peu de ça. Disons que je voulais mémoriser une dernière fois cet endroit et c'qui s'y est passé. Avant que tout ne retrouve une apparence plus normale.

Il l'observait. Il se dégageait de l'être face à lui une certaine confiance, une force évidente. Mentale. Shinjiro n'était pas le plus sensible en terme "détection" mais il se reposait sur une valeur qui ne lui avait jamais fait défaut : son instinct. L'homme de la Quatrième division face à lui ne manquait pas de ressource.

- Mais du coup, j'peux savoir pourquoi le Vice capitaine de la Quatrième est dans l'coin ?

Il n'avait pas encore fait le lien. Mais une idée lui passa parl a tête et il se marra un instant.

- Hirō a besoin d'moi ?

L'on pouvait noter directement la familiarité avec laquelle le Capitaine de la Onzième parlait d'un collègue. Plus ancien que lui au poste et en âge. Mais on ne sentait pour autant pas de manque de respect. Il était un homme de combat, un Dieu de la guerre. Il ne s'emmerdait simplement pas avec les usages communs.