Tu veux un rapport ?

Ces derniers temps, on pouvait dire qu'il n'avait pas rechigné à la tâche, se pliant en quatre afin de pouvoir répondre aux différentes demandes de mission. En tant qu'enquêteur, il se mettait vraiment la pression tout seul afin de pouvoir résoudre un maximum d'affaires. Ou en tout cas d'être une vraie présence pour sa division, afin de soulager ceux qui avaient plus de mal. Il y avait aussi une autre part de sa personnalité qui le poussait à agir ainsi : la peur du jugement. Il le savait mieux que quiconque : qu'importe le siège, on en demandait toujours beaucoup à ceux qui avaient une position intermédiaire. Et étant donné son passif et ses idées considérées parfois comme "en dehors de la réalité", Tetsu se devait d'être irréprochable dans son travail.

Car Tetsu était ce que l'on pouvait appeler un paranoïaque. Pour lui, certaines des plus hautes instances étaient contrôlées en partie par une organisation de l'ombre qui, si elle ne cherchait pas forcément à dominer le Gotei, se permettait toutefois de s'imposer par le truchement de corruptions, de menaces, et parfois même de disparition. Il le savait. Le sentait jusqu'au plus profond de son âme. Pour autant, il devait aussi admettre que ces derniers temps, les affaires suivies étaient classiques. Peut-être que cette fameuse organisation restait tranquille pour le moment après tout ?

Et en parlant d'affaires, c'était précisément l'une d'elle qui poussait le dixième siège à se rendre dans les bureaux de la Neuvième. Bureaux qu'il connaissait parfaitement. Cette fois, ce n'était pas le Lieutenant mais belle et bien sa Capitaine qu'il devait voir. Il avait eu une idée pour résoudre une des affaires sur laquelle il était seulement, il devait avant tout voir cela avec la jeune femme. Forte, elle l'était. Et il la respectait. Mais il craignait aussi de la voir en tête à tête. Arrivant à proximité, il déclina son identité afin de faire savoir à Tomoe Nozomi qu'il était arrivé :

- Pouvez-vous dire au Capitaine Tomoe que Furihata Tetsu est arrivé ?

Elle savait qu'il devait venir, il lui en avait fais part pour s'assurer de pouvoir la rencontrer. C'est que les capitaines avaient leurs propres occupations, il ne pouvait débouler sans prévenir. Un dossier entre les mains, il patienterait le temps nécessaire. Un simple coup d'oeil lui permit de contrôler si tout était en place. Vêtement impeccable, coiffure OK. Il était prêt.

De toutes les corvées liées au rang de Capitaine, l’une de celles que Nozomi appréciait le moins était nettement la gestion des membres de la Division. Les raisons pouvaient être nombreuses. Préoccupations sans importances, plainte sans fondement. Souvent, les interrogations qu’ils lui présentaient avaient des réponses tellement évidentes que le dérangement n’était en rien justifié. Mais elle donnait le change, non sans rappeler qu’il était inutile de venir la voir pour les affaires les plus banales, les autres officiers étant là pour ça.

Ce qu’elle n’avouerait jamais était également le fait que plus les échanges se multipliaient, plus le risque de ne pas tenir sa parole envers nous était élevé. Elle avait enfoui cet aspect d’elle au plus profond de son être, mais nous n’étions pas dupes. Et, pour cette raison, nous nous délections d’avance du moindre de ces échanges. 
Oui, cela faisait en quelque sorte de nous de simples spectatrices d’un spectacle dont elle pouvait être une victime potentielle. Nous assumions complètement. Celui de ce jour promettait d’ailleurs d’être intéressant. Le cas qui se présentait à elle avait en effet une certaine réputation.

Le Dixième Siège de sa Division pouvait être en effet défini en quelques mots bien simples. Excès de zèle. Son sérieux ne pouvait être remis en doute, et c’était sa principale qualité. De là à dire que c’était possiblement la seule… Sa proportion à toujours imaginer une théorie farfelue derrière la plus simple des affaires faisait de lui un cas unique, sujet de nombreuses discussions au sein de la division de la Justice.
Ainsi, lorsqu’il faisait en forte d’être certain de pouvoir rencontrer sa Capitaine, elle s’attendait forcément à devoir y passer encore bien trop de temps. La question était toujours la même. Qu’allait-il encore inventer ? Elle ne doutait pas qu’un jour ce comportement lui apporterait des ennuis. Voire pire, apporterait des ennuis à la Division.

Tirée de sa réflexion par l’annonce de l’arrivée du concerné, Nozomi le fit entrer dans son bureau. Glissant le regard sur le dossier qu’il apportait, elle ne doutait pas un seul instant que cela risquait encore d’être spécial. 
Son accueil fut le même que celui réservé à presque tous ceux franchissant la porte de cette pièce. Un air neutre, marquant en un sens à la fois le côté solennel de la rencontre, mais également la distance existante entre les interlocuteurs. 

>> Installe-toi. Je suppose que l’affaire t’amenant devant moi est d’une grande importance ? En tous cas, je vois que tu es encore bien préparé. Soit, je t’écoute.

Un ton empreint de formalisme, mais légèrement teinté d’arrogance pour qui saurait suffisamment faire attention. Elle n’avait pas envie d’être là, mais le sérieux de son rang prenait le dessus. L’invitation à s’installer et s’expliquer était réelle, tout comme le serait l’écoute.
A lui de s’en montrer digne.

Cette aura, cette sensation, tout ceci jouait sur ses nerfs alors qu'il pénétrait dans la pièce, faisant face au capitaine. Tetsu aurait préféré ne pas être là à cet instant précis mais il n'avait pas le choix. En vérita, Nozomi n'était pas le capitaine, voire même la Shinigami, la plus impressionnante du Gotei 13. Physiquement parlant, elle était même tout à fait banale. Seulement il se dégageait d'elle un p'tit quelque chose que le Furihata ne parvenait pas à saisir. Il se souvenait encore de la nuit où cette ombre avait cherché à le tuer. Et encore aujourd'hui, il n'était pas tout à fait convaincu que la Tomoe n'était pas cette ombre. Seulement c'était avant son ascension à ce rang. Et depuis plus rien ne s'était passé. Coïncidence ? Hum-hum.

Quoi qu'il en soit, il s'approcha, déposa le rapport pour que Nozomi puisse le consulter et se posa sur le siège comme elle le lui avait proposé. Il s'aperçut alors que ses lunettes, une fois n'est pas coutume, était retombé un peu sur son nez. Il les réajusta en se servant du majeur de sa main gauche. Faisant dans le même temps un doigt d'honneur à la jeune femme. Seulement pour qui connaissait Tetsu, on devinait que ce n'était qu'un hasard s'il utilisait ce doigt. Il avait pris ce tic depuis plusieurs années et chaque membre de la Neuvième division s'y étaient désormais habitués.

- Merci de me recevoir, Capitaine. En effet, je pense qu'il était important de pouvoir venir vous voir au sujet de la mission qui est la mienne. Le rapport est sur votre bureau. Classification B-236. Comme le stipule le règlement, lorsqu'une mission requière potentiellement l'intervention conjointe de deux divisions, il est nécessaire d'obtenir l'autorisation des Capitaines concernés.

Précis, Tetsu se rendait même pas compte qu'il pouvait agacer les autres de par la rigueur de ses propos. Il aurait tout autant pu dire "besoin de votre autorisation pour une mission" plutôt que de partir dans son monologue. Il reprit toutefois :

- La mission en question concerne le vol de plusieurs armes. Au cours de l'enquête, il s'est avéré qu'un déserteur était à la tête du gang concerné par le délit et qu'il souhaitait revendre le tout au Rukongai. Nous sommes parvenus avec nos équipes à mettre la main sur la totalité de la bande et ils ont été envoyés dans les quartiers de la Seconde division. Vu l'ampleur du délit, il semble qu'ils prennent le relais. Seulement le chef nous a échappé. J'aimerai que notre division aille au bout de l'enquête et que l'on puisse mettre la main sur ce chef. Pour cela, il me faudrait l'autorisation d'interroger les prisonniers.

Et puisqu'ils étaient à la Seconde division, seule la Capitaine de la Neuvième pouvait donner mandat à un de ses hommes pour se rendre là-bas de manière officielle. Les missions communes n'étaient pas si courantes et étaient forcément encadrées.

- Si je puis me permettre... Je suis convaincu que notre division est capable d'aller au bout de l'enquête. Cette arrestation est une belle réussite mais je ne peux m'empêcher de penser que la mission est incomplète. Qu'en pensez-vous ?

La première chose qu’il fit, avant même de s’installer comme invité, fut de déposer le dossier sur le bureau de sa Capitaine. Il serait exagéré de dire qu’elle était curieuse de voir ce dont il s’agissait, mais le sérieux qu’elle prenait à effectuer sa tâche fit qu’immédiatement elle le tira à elle et commença à en parcourir les pages le temps que son subordonné lui explique la situation. Une mission conjointe, telle était son idée.
Encore une fois, l’implication du 10e siège n’était clairement pas à mettre en doute. Sans ses trop fréquentes frasques, il aurait même été très possible que son grade soit plus élevé que ce qu’il était en ce jour. Le tout était maintenant de voir s’il donnait encore de bien trop grandes proportions à une affaire bien plus simple que ce qu’il pensait.

Attentivement, elle écoutait en parcourant les pages. La seule réaction qu’il pouvait constater par moment était des froncements de sourcils. De là à savoir si c’était suite à sa lecture ou aux dires du Shinigami…
Un peu un mélange des deux en vérités. Certains points l’interpellaient réellement. Si bien que, pour la première fois depuis qu’il était arrivé, la Capitaine fixa directement Tetsu dans les yeux, toujours une expression neutre sur le visage.

>> Je me demande juste… Si nous étions chargés de l’enquête, pourquoi les prisonniers ont-ils été envoyés à la Deuxième et non ici ?

Le ton était assez notamment teinté d’un léger reproche. Si les frontières des attributions entre les deux divisions pouvaient parfois être floues, il était facile qu’une l’une empiète sur l’autre en cas d’inattention d’un des membres. Aux yeux de la noble, c’était assez nettement le cas ici. Les paroles du binoclard étaient assez claires. Il s’agissait de son enquête. Il souhaitait aller jusqu’au bout.
Alors, pourquoi avoir manqué de rigueur ?

>> Cela aurait été plus simple qu’ils soient envoyés ici. Enquête officielle en cours au sein de nos rangs, il aurait suffi d’insister un peu plus. A moins qu’il y ait une implication de la Seconde plus importante que tu as omis de me donner. Je pourrai bien sûr prendre la peine de lire en intégralité ce rapport, mais je profite d’avoir son autour face à moi pour gérer en direct.

Cette fois, un bref sourire. Ce rapport, elle le lirait bien entendu au complet dès qu’il quitterait le bureau, et ce même s’il se mettait à lui lire page par page.

>> Surtout qu’il n’est pas toujours évident de réussir à interroger des hommes ayant été remis à la Deuxième, et ce même si j’en donne personnellement l’autorisation…

Cette division avait régulièrement leur propre méthode et si les collaborations étaient régulières entre les deux aspects de la Justice, chacune mettait des limites afin de ne pas se laisser marcher dessus. Et elle craignait véritablement que, pour cette fois, la Neuvième eût perdu la main...

Ah... Elle mettait le doigt sur le problème principal et Tetsu se renfrogna sur son siège. En même temps il était de son devoir de pousser son investigation pour comprendre. Il est vrai qu'une mission inter division demandait des efforts des deux côtés et qu'il était bon de l'éviter lorsque c'était nécessaire. Qui avait merdé ? Difficile de le dire. Une chose était sûre, c'est qu'en qualité d'inspecteur de la dite enquête, il lui appartenait d'en assumer la responsabilité. Au même titre que Nozomi assumerait si Tetsu se plantait sur un dossier.

- Disons que j'ai peut-être sous entendu que... Euh.

Allez, droit au but. Comme l'OM. D'où lui venait cette réflexion, il ne le sut pas. Sans doute une réminiscence de son passé.

- J'ai peut-être glissé à un moment que l'affaire pouvait être plus importante qu'un simple vol, Capitaine. Voyez-vous, on parle de sabres, de lances. Zanpakutō ? Il n'y a qu'un pas en vérité. Imaginez que ce groupe mette la main sur les Zanpakutō de Shinigamis ? Imaginez l'ampleur du réseau qu'il faudrait pour écouler ce genre de chose. Je ne pouvais pas ne pas prendre mes précautions.

Surtout si les "Hommes de l'Ombre" étaient derrière. Mais après la mission, il avait compris que cela n'était pas un sujet si grave. Pour autant, il s'était donné les moyens de réussir et en cela, on ne pouvait pas le lui reprocher. Seule la réussite de la mission importait pour lui, même si cela nécessitait un peu plus de zeles.

- Je me suis trompé, je dois l'admettre. Et j'aimerai corriger mon erreur en récupérant les informations nécessaires pour mettre la main sur ce chef. Qu'importe finalement l'ampleur du réseau, on ne peut laisser un criminel se sortir des griffes de la justice.

Alors qu'il paraissait mal à l'aise il y avait encore une minute, son regard se durcit. La Justice primait à ses yeux plus que tout. On ne pouvait lui enlever cela. Qu'importe ses actes passées, il était focalisé sur la sécurité du Seireitei.

- Faites-moi confiance, Tomoe-Taichō. Si vous me donnez l'autorisation, je peux vous assurer que j'obtiendrai de la Seconde division le droit d'interroger personnellement ces prisonniers. Notre honneur en dépend et je ne permettrais pas qu'on taxe notre division de laxiste. Je conduirais alors l'opération pour attraper la tête pensante de l'opération.

Evidemmet, il pouvait se tromper et tomber sur un mur une fois là-bas. Mais simplement supposer sans tester, ce n'était pas dans sa nature. Et il espérait sincèrement que sa Capitaine ne soit pas frileuse au point de ne pas donner l'autorisation juste pour ne pas s'opposer à ceux de la Seconde division. Il était aussi de son intérêt à elle que la Neuvième reprenne la main non ?

- Enfin. Si vous me le permettez évidemment.

Dis oui, dis oui, dis ouiiiii !!!!

De toute évidence elle avait touché juste. Au moins, il semblait en avoir conscience vu son air embêté. Le voir aussi mal à l’aise était presque drôle, lui qui jusque là présentait un air sérieux. Un peu plus et cela pourrait légèrement faire ricaner sa supérieure. Surtout son début de tentative de se justifier, avant de juste laisser aller.
Son explication faisait du sens au moins. Enfin… Un minimum, car en vérité elle retenait surtout que l’enquête lui avait échappé. Se faire marcher dessus, on y revenait encore.

>> Bien, espérons que cela ne te serve de leçon. Au final cela reste au sein du Gotei 13, c’est l’essentiel. Mais retiens qu’il faut toujours contrôler l’information. Tout enquêteur digne de ce nom sait exactement ce qu’il peut révéler ou non.

L’emploi des termes n’était pas anodin. Notre porteuse jouait avec lui, avec le zèle dont il faisait preuve. Pas gratuitement. La vision était plus globale, et lointaine. Malgré ses défauts elle voyait du potentiel, et appuyer ses erreurs ne pouvait que lui donner envie de ne pas les reproduire. L’apprentissage par l’échec, sans pour autant directement révéler qu’il avait en effet du potentiel. C’était généralement la pire chose à faire avec ce genre d’individu…
Nous trouvions cependant que c’était malgré tout une erreur de la part de la Capitaine. Encadrer plus directement un tel élément serait de nature à limiter les risques. Nous ne doutions pas de notre point de vue, mais étions malgré tout curieuses de voir qui aurait finalement raison.

La cheffe de la Justice referma le dossier, le repoussant légèrement sur son bureau, avant de s’adosser un peu plus à son siège, sans lâcher du regard son interlocuteur. Maintenant un silence de quelques instants. Démontrant une réflexion de sa part.

>> En premier lieu, il convient en effet d’approuver le fait que cette enquête n’est pas à négliger. La laisser à ce stade ne serait qu’affirmer une sensation d’inachevé. Ce qui n’est ni sérieux, ni de nature à laisser une bonne image…

Elle était en vérité plus concernée par le fait de laisser une affaire glisser complètement entre les mains d’une autre Division, l’image n’ayant jamais été la préoccupation première de celle-ci. Apporter des résultats par contre était tout autre chose. Surtout que, comme tous ses homologues, elle n’était au final qu’une jeune Capitaine dans une armée en reconstruction.
La faiblesse de sa division pouvait donc lui retomber dessus, et c’était la dernière chose qu’elle souhaitait à ce moment.

>> Je ne te donne pas l’autorisation que tu demandes.

De nouveau, un bref instant de silence. Volontaire, bien entendu. Afin que l’information entre bien dans l’esprit du 10e siège. Puis, quelques instants après, sa voix s’éleva de nouveau.

>> Je t’en donne l’ordre. L’ordre de te rendre à la 2e division afin de continuer ton enquête. Afin d’interroger les prisonniers. Bien entendu, dans le respect le plus strict des règles et des éventuelles exigences qui se présenteraient sur place.
Par contre, comme il s’agit d’un véritable ordre de ma part, cela veut aussi dire que j’attends des résultats. Ne pas y parvenir serait donc un véritable échec qui serait noté. Toute réflexion à ton sujet me parvenant de la part de la Seconde Division également. J’attends un comportement exemplaire de mes hommes.

S’il n’avait pas la pression, cela serait certainement chose faite. La voix de la noble était d’un calme absolu, en adéquation à son rang, renforçant tout autant le côté solennel. La nuance entre ce qu’il était venu demander et ce qu’il obtenait était importante. A lui de la voir et d’en tenir compte.

Il avait effectivement conscience de tout ceci et ce n'était pas sans raison qu'il faisait son mea culpa. Les intérêts de sa division primaient sur ses sentiments personnels, ceux qui connaissaient le Furihata ne pouvaient avoir aucun doute à ce sujet. Nozomi était juste dans son jugement, même s'il aurait évidemment préféré que cela se passe autrement. La peur de décevoir n'étai pas son plus grand obstacle ici. C'était surtout la peur de ne plus pouvoir se rendre utile qui le dérangeait. Si la Tomoe décidait que Tetsu n'était plus utile dans les missions, elle pouvait simplement l'évincer. Il ne le souhaitait pas.

Quoi qu'il en soit, il allait apprendre de cette erreur, il n'y avait pas le moindre doute à ce sujet. Il tendait l'oreille, reportant son attention vers elle. Celle qui représentait la Justice. Mais alors que sa décision arrivait, le coeur du dixième siège manqua un battement. Elle le lui refusait ? Réellement ? Les quelques instants suivants parurent durer des minutes, la tête de Tetsu moulinant à vive allure. Si elle refusait, il ne lui restait plus qu'une solution. Passer outre les ordres au risque de se faire arrêter plus tard. Chose qu'il voulait éviter absolument.

Ou alors elle refusait parce qu'elle était liée à l'homme recherché ? Non, non ce n'était pas possible. Il devait y avoir autre chose derrière ce refus. La réalité reprit place. Et il souffla de soulagement lorsqu'il comprit qu'elle changeait simplement le terme. "Un ordre". Cela ne changeait pas grand chose pour le Furihata. Elle souhaitait simplement apposer sa marque, sa griffe sur lui en agissant ainsi mais cela ne le dérangeait pas.

- Si j'admets avoir fauté sur le principe, je souhaite néanmoins éclaircir une chose Capitaine. Mon professionnalisme et mon sérieux ne sauraient être remis en cause dans les missions qui me sont attribuées. Je crois avoir prouvé par le passé qu'il n'y a rien de plus important à mes yeux que les valeurs de notre division.

Il préférait que cela soit dit. Il comprenait la réprimande et la pression qu'elle cherchait à lui mettre dessus et ne contestait absolument pas sa légitimité. Il y avait toutefois un monde entre une erreur et un problème de comportement volontaire.

- Il est donc bien évident que je me conformerai aux règles et aux exigences de la Seconde division. Tout comme je suis convaincu que je parviendrai à atteindre le résultat escompté.

Tout problème serait noté ? Cela signifiait-il qu'elle avait déjà un début de rapport le concernant ? La suspicion apparut dans le regard du siège. Et si... Et si toute cette affaire avait été monté de toute pièce pour le discréditer lui ? Finalement, ce n'était pas si idiot que cela. Après tout, Nozomi avait rapidement sauté sur l'occasion de le mettre en garde. Plutôt que de le protéger. L'avait-elle dans le nez ?

- Puis-je vous poser une question, Capitaine, avant de prendre congé ? Je comprends que j'ai pu vous décevoir en laissant la Seconde division prendre le relais sur une mission qui nous incombait. Toutefois j'aimerai votre avis sur la collaboration entre nos deux divisions. Existe t'il une sorte de dualité entre nos deux groupes ? Je n'ai que très peu travaillé avec eux par le passé et j'aimerai justement éviter un impair. Mieux saisir ce qu'on attends d'eux, et réciproquement, me permettrait d'être plus autonome.

Spectatrices, un rictus vint se poser sur notre visage à la réponse de l’enquêteur. Il était de toute évidence piqué au vif. Une réaction immédiate de défense, n’ayant certainement pas apprécié le jeu de notre partenaire. Elle était certainement face à un perfectionnisme qui, même s’il reconnaissait sa faute, n’appréciait pas avoir l’impression que l’on mette en doute ses compétences.
Ou non, pas ses compétences. C’était plus subtil que ça. Son sérieux. Il admettait l’échec, mais certainement que l’on pense qu’il n’ait pas tout fait pour réussir. Ce qui revenait plus ou moins à admettre qu’il n’avait pas les capacités de ses ambitions en un sens. Intéressant cas dont il s’agissait. Une petite note de confiance en soi sur la fin malgré tout. A moins qu’il ne s’agisse que d’une image pour rattraper les mots précédents ?

Un peu plus et elle aurait pu émettre un soupire. Jamais la Capitaine n’avait remis en doute son sérieux, il n’y avait donc nul besoin de se justifier. Pourtant, ce fut sa première réaction. Heureusement qu’elle fut capable de ne rien laisser transparaître, sinon la conversation aurait pu devenir plus usante.
Non pas que sa dernière question ne soit véritablement mieux. Demander aussi directement son avis à sa Capitaine sur leurs frères d’armes ? S’attendait-il à ce qu’elle ne lui dise qu’elle ne les appréciait pas et qu’il fallait les surveiller ? Déjà, ce n’était en rien sa pensée. Ensuite, même si c’était le cas, ce ne serait certainement pas le genre de chose qu’elle révélerait à un simple Dixième Siège avec lequel elle s’entretenait véritablement pour la première fois.

>> J’entends cet éclaircissement, mais je peux assurer qu’il n’était pas nécessaire. Je n’ai pas douté un seul instant de ton professionnalisme. Bien au contraire. Ce rapport, ainsi que les autres rédigés par le passé, en sont des témoins.

Sur l’instant, elle se retint d’ajouter que c’était peut-être même le contraire et qu’elle espérait qu’il soit un peu moins investit dans sa tâche. Cela ferait cependant désordre et était certainement le pire conseil qu’un Capitaine pouvait donner à l’un de ses hommes.

>> Mais même avec toute la meilleure volonté du monde, rien ne garantit les résultats. Tu ne doutes pas y parvenir ? Je ne demande qu’à le voir.
Je te rassure cependant, même si j’attends un succès, ce n’est en rien une tâche véritablement difficile. Tu souhaites savoir mon avis sur la Deuxième Division ? Déjà, as-tu bien conscience de ses attributions ?

En un sens, la Seconde et la Neuvième Division pouvaient être vues comme complémentaires, certaines attributions pouvant parfois se mêler. D’où des collaborations ponctuelles entre les deux. Principalement en raison de l’existence de l’Onmitsukidō, pleinement intégré à la première des deux.
Si celle dont Nozomi avait la charge pouvait être, par simplification, vue comme la Justice, celle visible de tous, celle dirigée par le Capitaine Igarashi pouvait être considérée comme celle de l’Ombre. Les affaires étaient moins publiques, et les verdicts rendus avant même qu’une soit réellement ouverte.

>> Pour faire simple, nos attributions peuvent se compléter. Ce pour quoi des collaborations peuvent survenir, comme dans le cas présent. Mais les façons de faire, le cœur de leur travail, ainsi que parfois leurs supérieurs directs, peuvent varier.
Du moment que tu respectes les protocoles, il ne devrait y avoir lieu d’aucun impair. Je pense que tu pourrais d’ailleurs éventuellement leur poser la question miroir. Je m’avance peut-être, mais il y a moyen que leur réponse soit similaire à la mienne.

C’est-à-dire globalement vague.

Il entendait les premières remarques, qui ressemblaient plus à des éclaircissements qu'autre chose, et écoutait la suite. Nettement plus intéressante. Car à ses yeux, s'il connaissait les différences entre les deux groupes, il lui semblait toutefois que la frontière pouvait être mince entre les attributions des uns et des autres. Il se souvenait d'avoir entendu un jour un shinigami de la Neuvième admettre à haute voix que leur division ne servait que de faire-valoir pour ceux de la Seconde. S'il n'avait pas apprécié la remarque, il avait été surpris de constater que d'autres partageaient cet avis.

D'ailleurs, il n'était pas question ici de savoir qui était meilleure que l'autre. Mais bien de clarifier une situation parfois ambiguë. Sa Capitaine était ici depuis un moment et connaissait les rouages. Il savait aussi qu'elle appartenait à une famille Noble et que ses membres étaient éduqués pour prendre les meilleures décisions possibles. Pour autant, il n'enviait pas cette place.

- Oui, j'ai bien connaissance des attributions de chacune, Capitaine.

Ce qui était vrai. Mais il était tout de même intéressé par la vision de la Tomoe à ce sujet. Il ne connaissait sa capitaine que très peu en réalité et n'avait clairement pas multiplié les rencontres passées. Pas sans raison d'ailleurs. Elle lui faisait froid dans le dos depuis qu'elle avait essayé de le faire disparaître. De le faire taire suite aux suppositions qui étaient les siennes depuis plusieurs années. Il en était sûr même s'il ne l'avait pas prouvé.

- Il y a des chances en effet. Bien, si tout est en règle, je vais donc me retirer pour pouvoir préparer la suite des opérations. J'aimerai pouvoir mettre la main sur le fuyard au plus vite. Je vous remercie, Capitaine, de me permettre de régler la situation. Je veillerai à vous fournir un rapport clair et détaillé de la suite des opérations.

Il se savait sur la sellette avec cette mission mais était assez sûr de lui pour pousser le truc jusqu'au bout. Et il avait aussi hâte de pouvoir sortir de ce bureau. Il se redressait donc, saluant cette dernière, attrapant le rapport fondamental pour la suite et prit congés.

Non sans se dire, alors qu'il partait, qu'il allait devoir se montrer prudent. Si la Seconde division rapportait qu'il avait fais n'importe quoi, elle lui mettrait clairement la misère et il était convaincu qu'elle n'attendait que ça.

[Fin du rp]