Les Elites

Le Palais de L'hybris était devenu sa demeure, sa maison, et ce depuis un moment maintenant. Un sentiment que son statut de Primera avait exacerbé même s'il n'y avait pas de lien entre son rang et son droit de vivre en ce lieu. Les Elites de ce monde se regroupaient ici. C'est du moins ce qu'il aimait se dire. Ici, la pollution visuelle n'avait pas lieu d'être. Ou alors qu'occasionnellement, le temps seulement pour ces viles créatures de se voir arracher leur masque et de devenir meilleur, de devenir autre chose. Pas forcément digne de respect néanmoins mais c'était là un autre sujet.

Borick appréciait cet endroit et le sentiment qui se dégageait des lieux. Une sécurité qui n'avait rien d'une chimère. Et à laquelle il contribuait par sa simple présence. Il savait que certains le jalousaient. Là où d'autres auraient prit peur, lui vivait ce fait sans pression. Il n'était pas nouveau pour lui de susciter l'admiration des autres et son grade actuel ne changerait jamais ce fait.

Tranquillement, main dans les poches, l'Immaculé approchait doucement de la destination désirée. Une aile du palais qui permettait d'avoir une visibilité sans pareille sur le monde extérieur. Un petit passage qui conduisait au dehors tout en restant à l'abri des vicissitudes de ce monde. Du haut de ces fameux Pics, le Palais dominait la région comme La Cámara dominait les Hollows et les Arrancars de basse naissance. Il ne voyait pas les choses autrement, même s'il adaptait son discours parfois pour paraître moins condescendant. Non pas par bonté d'âme bien sûr. Seulement il avait appris avec l'expérience qu'il était plus facile d'obtenir ce qu'on désirait en faisant preuve d'intelligence. La force était une chose importante, certes, mais moins pratique au quotidien.

Alors qu'il approchait, il perçut une silhouette féminine qui était déjà présente là où il souhaitait se rendre. Absolument pas contrarié pour un sou, il s'approcha et prit la parole afin de s'annoncer, afin de ne pas effrayer ou de pas faire fuir la personne en question.

- Je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait déjà une personne présente. C'est un de mes endroits préférés. J'aime la vue qu'elle donne sur le reste de ce monde. Puis-je rester un moment à tes côtés ?

A bien y regarder, il la connaissait déjà de vue. Il faut dire qu'il parcourait les couloirs de ce palais depuis un moment maintenant. Quel était son nom déjà ? Il cherchait dans sa mémoire, afin de ne pas commettre d'impair. Il était important pour lui de connaître les âmes qui vivaient en ce lieu, surtout les plis anciennes. Ah, oui. Cela lui revenait désormais.

- Tu es Aviela Garaitz si je ne m'abuse ? Nous n'avons jamais vraiment eu l'occasion d'échanger toi et moi. Il est peut-être temps de réparer cette hérésie, qu'en penses-tu ?

Aimable, Borick semblait parfaitement à l'aise dans l'art de la discussion. En dépit de son Zanpakutō visible au niveau de sa taille - aussi immaculé que ne l'était ses propres vêtements - rien ne laissait croire que cet homme puisse représenter un danger autre que d'inonder de parole une charmante personne.

Nombreux étaient ceux à ne voir du Hueco Mundo que l’immensité vide du désert. Un paysage composé de sable blanc à perte de vue sous le couvert d’un ciel nocturne duquel n’émane jamais le moindre rayon de soleil. Un monde aussi creux que le cœur même de ses habitants et dont cette composition était à l’origine même de son nom. Certes, le paysage avait grandement changé ces dernières années sous l’influence de ses Rois successifs. Aizen et Las Noches. Kyōaku et le Palais de l’Hybris.
Ce monde avait évolué sans moi et peut-être que ne pas avoir pu être témoin de l’entièreté de ces événements était l’un de mes seuls regrets. J’avais laissé un monde sans véritable organisation, un monde primitif dans lequel je n’avais réellement ma place, entourée de vermine. La simple poursuite de la survie était le vecteur de ses habitants, et ses maîtres n’avaient que rarement dépassé le stade du Hollow. Aujourd’hui, les Arrancar étaient bien plus nombreux. En un sens, je me démarquais donc encore moins en apparence. Mais, au moins, nous étions suffisamment nombreux pour nous regrouper au-dessus de la vermine.

Dans le statu quo, possiblement fragile, généré par l’Acuerdo, les occupations pouvaient paraître rares. A l’abri des murs du palais, Aviela n’avait pas à s’inquiéter de sa survie. Un être bien moins primitif que nombre de ses congénères comme elle pouvait donc savourer une sorte de tranquillité, bien que cela puisse facilement s’approcher de l’ennui par moment.
Contempler le Monde Creux n’était pas forcément l’activité la plus passionnante du monde. Sauf quand, à la plus grande surprise de la concernée, cela permettait de faire des rencontres des plus intéressantes.

Seuls les imbéciles ignoraient le nom de Borick. El Emperador. La Primera Espada. Plusieurs appellations pouvaient lui être attachées. En dehors des quatre chefs de clans, il pouvait être perçu à ce jour comme l’un des Arrancar les plus importants foulant ces lieux. Et, si l’on en croyait son titre, le plus puissant, là encore à l’exception des actuels dirigeants.
Le genre d’individu qu’il était intéressant de connaître. Et, si possible, pas dans ses ennemis. La Sorcière n’avait, jusque là, jamais eu l’occasion de s’entretenir avec lui. Elle fut même légèrement surprise en l’attendant arriver, n’étant finalement que peu sur ses gardes à l’abri des murs du Palais. Passé cet étonnement, elle esquissa un salut, une légère révérence digne de son rang, alors qu’il entamait la conversation. Etrangement, il la connaissait, lui épargnant le besoin de se présenter. Sans surprise, il ne le fit pas lui-même, sans nul doute habitué à ne pas avoir à le faire.

>> Ce serait un honneur d’avoir El Emperador à mes côtés. Je ne m’attendais pas à ce que vous me connaissiez cependant, n’étant qu’une âme parmi d’autres au sein de ce palais.

Bien sûr, je ne doutais pas de mon potentiel, du fait que ma place était au-dessus du commun de ces êtres. Mon absence n’avait cependant guère facilité les choses, la nécessité de s’habituer de nouveau à ce monde, de se tenir à jour des évolutions. Puis jamais je n’avais brigué d’être l’une des Espada, la démonstration de force que cela impliquait me paraissant être un bien trop grand rappel de notre ancienne nature primitive, et ce pour un gain bien négligeable.
Pourtant, il était bien connu que Borick n’était nullement un simple animal soucieux de montrer qu’il était plus puissant que les autres. Il serait donc bien idiot de ne pas saisir l’occasion de comprendre un peu mieux l’Empereur s’étant soumis à l’autorité de l’Acuerdo, et plus particulièrement de Melchom.

>> Pour ma part, ce n’est pas tant la vue elle-même qui m’intéresse. Malgré le temps, le Hueco Mundo reste globalement fidèle à lui-même. J’aime cependant constater son évolution. Que comme nous, et ce malgré le vide qu’il symbolise, il ne reste pas sur place.
C’est d’autant plus marquant lorsque l’on a loupé une partie de ces changements. Ils nous sautent encore plus aux yeux quand on n’a pu en être un témoin direct. Parfois, j’envie ceux ayant pu les vivre pleinement…

Au final, c’était ce qu’elle aimait le moins dans ce statut de Revenante qu’elle avait. Avoir été laissée sur le côté.
Un contant rappel que l’univers n’avait besoin d’elle pour avancer.
Un constant rappel qu’elle n’avait été supérieure aux autres.
Et, surtout, un constant rappel que cette deuxième vie devait en être autrement.

- Oh, tu es bien loin de n'être qu'une âme parmi d'autre, j'en suis convaincu.

Il lui adressait un petit sourire alors qu'il s'approchait. L'Immaculé n'était pas homme à se souvenir de chaque personne qu'il croisait, moins encore quand il ne leur adressait pas la parole. Mais si le nom de cette femme lui était revenu, c'est qu'elle représentait quelque chose.

D'ailleurs, alors qu'elle reprenait la parole, l'Empereur l'écoutait avec attention, notamment quelques petites choses qui avaient leur importance. Il comprit rapidement pourquoi son nom lui était revenu de la sorte. Elle appartenait à la caste des Revenants. Ceux qui étaient revenus à la vie suite à la venue de l'ancien Maître du Palais. Ce qui rendait cette rencontre d'autant plus passionnante. Il n'avait encore jamais réellement étudié la question, se concentrant sur d'autres choses. Mais si le destin lui permettait d'être en contact avec l'un de ces Arrancars, alors il ne bouderait pas sa chance.

- Il ne faut pas envier ceux qui ont vécus pleinement ces années là. Pour la plupart, ils se terraient, n'acceptant pas ce changement. Ne le comprenant pas. Ou préférant fomenter leur propre projet dans leur coin, afin de sortir de l'ombre au moment propice.

D'ailleurs il avait lui-même été dans cette dernière catégorie. Lui qui n'avait jamais réellement accepté que d'autres créatures que les Arrancars puissent avoir droit de vie ou de mort sur les leurs. Ce droit appartenait de naissance aux Elites. Mais aux élites de ce monde. Pas à ces shinigamis. Ni à ces humains qui se pensaient au dessus de la masse sous prétexte que l'Acuerdo avait accepté une trêve.

- Tu es ce que les autres nomment "Revenante", n'est-ce pas ? J'appelle cela une bénédiction, pour ma part. Non pas pour vous, car je suppose qu'il doit être difficile de faire face à ces changements sans avoir eu d'impacts sur eux. Mais j'estime que les nôtres ont de la chance de voir ressurgir de telles âmes. Pour être tout à fait franc, j'ai tendance à ne pas trop m'attarder avec ceux qui peuplent le palais.

Il ne se reconnaissait pas dans l'attitude de certains. Certes ils étaient Arrancar. Mais la véritable noblesse, le vrai pouvoir, il ne s'acquérait pas en s'arrachant un masque et en se soumettant. La véritable noblesse se trouvait ailleurs.

- Mais tu es différente de la plupart. Puisque nous sommes là à échanger toi et moi, peux-tu m'en dire plus sur toi ? Que penses-tu de cela ?

Il désignait l'étendue désertique mais en se faisant, il mettait surtout l'accent sur la différence qui existait entre ceux qui vivaient ici au Palais et la masse de vermines rampantes qui devait lever les yeux pour observer la véritable Lumière de ce monde. Eux.

Quoi de plus plaisant qu’une fausse modestie qui fonctionnait ? Diminuer soi-même sa valeur pour que les autres se chargent de la vanter. Même avec le plus puissant des Espada, cela fonctionnait. Bien sûr, il ne la connaissait pas véritablement, il ne s’agissait donc en rien d’une véritable louange. Il était même possible que cela ne soit qu’un faux compliment. Mais, pour le coup, elle prenait ça avec plaisir, comme une approche réussie.
Et permettant à la conversation de s’entamer véritablement sur un sujet bien plus intéressant. Et particulier, même pour elle qui était pourtant la principale concernée. Sa nature même actuelle d’âme ayant eu droit à une nouvelle vie. Elle en ignorait le fonctionnement exact, un tel procédé restant, à sa connaissance, unique. Non pas dans le sens où elle était la seule, loin de là, mais nul autre que Kyōaku n’avait fait tel exploit.

>> Au moins n’ont-ils pas connu l’ultime échec. Même sans pouvoir m’en souvenir, je n’ignore pas être morte à un moment donné. Quand les principaux moteurs de notre espèce sont la survie et l’évolution, échouer au premier des deux est un sentiment d’impuissance que j’aurai aimé ne jamais connaître…

Plus que les envier directement, c’était ce simple constat qu’elle avait du mal à digérer. Peut-être se serait-elle terrée dans son coin, évitant de faire trop de vagues, profitant à sa façon pour tirer profit de toute chose, comme elle l’avait toujours fait.
Comme elle comptait le faire. A défaut d’avoir accompli l’un des objectifs primaires une première fois, elle comptait bien ne pas laisser la chance passer une seconde fois. C’était également la raison de sa présence en ces lieux, en ce groupe. Elle avait déjà rejoint ce genre de réunion par le passé, pour mieux la quitter ensuite. Si elle avait renoncé à conserver une vie solitaire, c’était dans le but d’en tirer parti.

>> Au moins avons-nous une nouvelle chance de marquer le monde de notre nom. Notre meneur l’a déjà fait, à nous de prouver qu’il n’est pas le seul à en être capable. Cela peut être vu comme de l’arrogance, mais je ne compte pas être une seconde fois laissée sur le côté. Et je pense avoir les moyens de mes ambitions.

C’était de l’arrogance, sans nul doute, surtout lorsque notre interlocuteur était l’un de ceux s’étant hissés aux sommets. Mais elle me semblait tellement justifiée. Des Arrancar incapables de marquer l’histoire, j’en avais vu, j’en voyais encore tous les jours. Nombreux étaient ceux qui ne méritaient pas une telle évolution, qui auraient dû rester parmi les faibles.
En cela, La Cámara pouvait être décevante. Trop ouverte. Etaient-ils vraiment supérieurs s’ils acceptaient même les misérables parmi eux sous la seule condition qu’ils aient réussi à arracher leur masque ? A mes yeux, pas vraiment.

>> Malgré les apparences, les faibles ont toujours cherché à une autorité à laquelle se soumettre. Qu’ils l’acceptent ou non. Il est déplorable que des Shinigami soient à l’origine des premiers grands changements de ce monde, mais cela a le mérite d’avoir fait bouger les choses. Maintenant, il ne reste qu’à ancrer cette idée, à faire que de véritables meneurs mettent fin à ce monde primaire dominé par des bêtes ne vivant qu’au travers de leur instinct.

Volontairement, elle n’avait pas affirmé l’Acuerdo comme ce changement nécessaire. Pour elle, il ne s’agissait au mieux que d’un passage, une étape vers la suite, mais qui ne pouvait perdurer. Ce monde avait entamé son évolution, mais était encore bien loin de l’avoir terminé.

>> Mais je m’égare. Je n’oserai demander à la Primera Espada de me révéler tous ses secrets, cela ne serait qu’idiotie de ma part, mais je serai bien curieuse d’en avoir un aperçu. Ce que vous, vous pensez de notre monde tel qu’il est aujourd’hui ?

Un sentiment d'impuissance qu'il comprenait. Même s'il ne pouvait se mettre dans la tête de la Revenante. Si lui-même n'avait pas connu la mort, il la côtoyait d'assez près pour savoir qu'il ne désirait pas sombrer entre ses bras. Son existence était loin d'être achevée et il espérait bien ne pas avoir le malheur de tomber trop tôt. En un sens, elle avait eu de la chance. Elle avait certes échoué mais on lui donnait une seconde chance que la plupart n'aurait jamais. Comme si elle avait été bénie, en quelque sorte. Il gardait néanmoins sa réflexion afin de ne pas la brusquer.

D'ailleurs elle semblait en partie avoir le même cheminement de pensée que lui. Quant au fait qu'elle puisse afficher ainsi sa motivation à maquer ce monde, il ne pouvait le lui reprocher. L'ambition était une chose courante au sein de La Cámara. Et l'afficher n'était pas si rare en réalité. Seulement pour la plupart, ils n'avaient pas les moyens de porter leurs ambitions jusqu'au bout du chemin. Il était donc curieux de voir si elle, elle y parviendrait.

- Je partage en partie ton avis. Il est vrai qu'il est dommage que l'impulsion provienne de nos ennemis naturels. Pour ma part, je crains toutefois que notre espèce ait bien du mal avec la notion d'autorité. Ces créatures inférieures qui ne sont régies que par leur plus bas instincts ne comprennent que la violence malheureusement et je crains qu'il ne faille garder à l'esprit qu'elles ne nous serviront jamais mieux qu'en qualité de chair à canon. Des pièces sacrifiables sur un échiquier bien plus grand.

Sa condition était telle qu'il ne pouvait de toute façon pas faire confiance à ces créatures. Quant aux Arrancars, cela dépendait. Arracher son masque ne signifiait pas pour autant être digne d'intérêt aux yeux de l'Empereur. Sa vision était peut-être un peu alarmiste mais il savait qu'il ne se trompait pas pour autant.

- Ce que je pense de ce monde ?

Il eut un petit sourire. Ce n'était pas la première fois qu'il participait à une telle conversation. Un jeu qu'il appréciait. Apprendre sans trop en dévoiler. Mais sur ce sujet, il n'avait jamais caché ses pensées. Seule son ambition était masquée. Afin de ne pas paraître plus dangereux qu'il ne l'était déjà.

- Je dois dire que j'étais partagé au départ. S'il est important de voir notre peuple reprendre les rênes de ce monde, je trouve l'émergence de quatre clans importants problématique. L'Acuerdo tempère les esprits des plus véhéments mais je sais d'expérience qu'il ne s'agit là que d'un remède temporaire. Les plus violents ne pourront contenir indéfiniment la violence. N'oublions pas que pour la plupart, ce sont plus des animaux qu'autre chose.

Ses propos paraissaient incisif, il s'en doutait. Et sans doute que face à un autre que cette femme, il se serait modéré. Mais ici, il ne le souhaitait pas.

- Et je dois dire que je n'apprécie que moyennement la présence de ces humains sur notre territoire. Je ne vois pas ce qu'on y gagne. Des parasites, voilà ce qu'ils sont. Je pense que ce monde est perfectible et qu'il nous appartient de le modeler comme nous le voulons. Pour cela... Et bien il faudrait déjà que ces bêtes comprennent où est leur véritable place.

Ces bêtes... Parlait-il des Hollow et des Arrancars de basse distinction ou des humains ? Peut-être un peu des deux. Il passa sa main dans ses cheveux, observant la jeune femme. Ce qui allait suivre, il n'en pensait pas un mot. Seulement il était important de sonder l'état d'esprit d'Aviela.

- J'espère que mes propos ne te choquent pas.

Jamais je n’en aurai attendu autant. Je pouvais m’attendre à ce que la Primera Espada ne partage une partie de ses pensées auprès d’une simple Fracción tout juste rencontrée. D’autres n’auraient, pour leur plus grande erreur, vu en moi qu’une fourmis croisant leur chemin, à peine digne d’y accorder un intérêt. C’était ce statut qui, pour l’heure, me permettait d’évoluer au sein de l’ombre. M’habituer à ce monde sans encombre pour, le jour venu, de nouveau me placer en pleine lumière.
Une ambition bien simple, le tout était de jouer le jeu jusqu’à ce que vienne ce moment. Et la direction que prenait cette discussion était de nature même à me satisfaire. Le sourire que j’affichai à ses derniers mots montraient bien la satisfaction que je tirai de notre échange. Et qu’en aucun cas l’Empereur ne me choquait.

>> Oh, il est autre chose que ces bêtes comprennent. La peur, primaire, naturelle. Celle-là même qu’ils ressentent au plus profond d’eux sans vouloir se l’avouer. Celle-là même qu’ils essayent de réprimer, d’ignorer. Certains vont tenter d’élever la voix pour la cacher aux yeux des autres. Mais au final, ils ne peuvent rien faire contre elle. Tapie dans leur esprit, elle les force à s’agenouiller face à leur supérieur. Pas besoin de violence pour lui. Simplement d’être le prédateur.

Ils avaient évolués, sans nul doute. Le fragment de masque que tous, ou presque, arboraient en était le symbole. Ils n’étaient plus les êtres primaires évoqués. Mais ce ne serait que se voiler la face que de penser qu’il n’en restait rien. L’évolution ne consistait pas à entièrement effacer ce que l’on était. Simplement d’utiliser ce qui avait été acquis pour devenir autre chose de plus grand.
C’était pour cette raison qu’elle n’avait pas hésité un instant quand s’était présenté le jour de choisir son appartenance. La Cámara partageait cette pensée avec elle. Ils étaient les seigneurs de ce monde et les Hollows les sujets. Cette règle était inéluctable à ses yeux.

>> Prenons l’un des grands chefs de nos clans, Grimmjow. Il représente parfaitement ce que je dis. Bien sûr, sa puissance est à ce jour véridique et, face à lui, je serai sans nul doute cette proie incapable de s’élever. Mais, de ce que j’ai appris, lui-même s’est agenouillé face à un Shinigami, intégrant ce qu’était l’ancienne Espada. Et même pas à votre niveau…
Et malgré tout, voyez où il se trouve aujourd’hui ?

Parler ainsi d’un des plus puissants représentants de leur race pouvait être dangereux. Au sein de Las Manadas la conséquence aurait été probablement la mort. En ce lieu, face à cet interlocuteur, elle espérait plus de retenue. Au pire il la recadrerait, lui rappellerait où se trouvait sa place. Peut-être même serait-ce lui qui serait choqué des propos tenus.
Mais elle en doutait fortement. Cela ne collait pas à l’image qui se dégageait de cet échange. Une simple discussion entre élites, bien que se prétendre à son niveau était quelque chose qu’elle ne ferait pas, ou en tout cas pas à haute voix. Mais il fallait dire que, ce qui avait débuté comme une simple discussion banale, prenait une tournure plus solennelle. Jusqu’à aborder un sujet qui pouvait être Ô combien sensible.
Les intrus sur leurs terres.

>> Quant à ces humains... Laisser les proies s’installer chez nous, exploiter notre demeure. Et en échange de quoi ? Sacrifier les leurs afin de nous servir des buffets ? Que croient-ils faire ? Nous apprivoiser ?
Nous ne sommes certes plus de simples bêtes, mais nous restons, jusqu’au plus profond de notre être, les prédateurs, le sommet de la chaîne alimentaire. Cette mascarade ne peut qu’amener à leur faire oublier ce fait.

Là encore un avis bien prononcé. Et peut-être plus dangereux. L’Acuerdo avait passé cet accord, et non juste un clan. L’être face à elle n’était autre que le premier des garants des lois de l’entente entre les clans. Il existait un monde où cette discussion n’était qu’une occasion de la sonder, et de la punir si le besoin se montrait.
Mais, là encore, elle en doutait. Ce pourquoi de son unique œil visible elle fixa sans fléchir l’individu, toujours un vaste sourire sur ses lèvres.

>> Mais voyez-vous, le sujet est tel que j’en oublierai presque auprès de qui je partage ces pensées. A mon tour j’espère ne pas vous avoir choquer. Je crains ne guère apprécier la suite si tel était le cas...

Certains pourraient trouver dangereux de s'exprimer ainsi, face à un ou une inconnu(e) mais l'Empereur n'y voyait aucun mal. Les pensées qu'il exprimait n'étaient pas secrètes. Pas réellement. Et on ne pouvait lui reprocher un tel discours au sein de La Cámara. Après tout, ils étaient déjà réputés pour leur élitisme, ce n'était donc pas surprenant que la Primera s'exprime de la sorte.

Quant à la jeune femme, il en était de même. D'ailleurs son sourire exprimait à lui seul ce qu'elle pensait de cet échange et il en était ravi. Il était toujours plaisant de tomber sur quelqu'un qui assumait réellement son titre et ce qu'elle représentait aux yeux des autres. Un charisme naturel. Il n'avait pas besoin d'aller chercher bien loin finalement pour tomber sur une personne ayant une philosophie si proche de la sienne.

- N'aies crainte, il en faut plus pour me choquer. S'il est vrai que ces propos pourraient apparaître comme inappropriés auprès de beaucoup, je ne suis pas du genre à me formaliser pour si peu. Moins encore quand ces propos font échos à mes propres pensées.

Il préférait la rassurer à ce sujet. Qu'elle ne se sente pas pris au piège face à la Primera Espada. Ses remarques concernant Grimmjow étaient d'ailleurs exactes. De mémoire, il avait était le numéro six de l'ancienne organisation. Mais aujourd'hui, certains le considéraient comme le Rey véritable. Si Borick ne partageait pas cet avis, il ne pouvait nier la puissance de celui-ci. A ce jour, il était clairement l'une des créatures les plus puissantes du Monde Creux et le défier, c'était courir au devant de sa propre mort.

Pour les humains, la question était plus sensible, comme il l'avait précisé lui-même. Sans doute que les Grands de ce monde avaient une raison de les laisser ainsi faire. Pour sa part, et en sa qualité d'Espada, il se devait d'appliquer l'Acuerdo. Entre les clans mais aussi avec ces humains. Pour autant, il n'oubliait pas une chose importante. Son propre projet qui consistait à kidnapper et faire parler un de ces humains. Pour comprendre.

- Je comprends ta colère concernant ces humains. Mon statut m'oblige effectivement à veiller à ce que L'Acuerdo soit respecté. Il n'empêche que je suis curieux de comprendre ce qu'ils recherchent eux même. Mais pour cela, encore faudrait-il qu'on est l'occasion d'en discuter avec eux. C'est qu'ils nous évitent, la plupart du temps. Sans doute ont-ils leur propre consigne.

Il eut un sourire. Il suffisait que l'un d'eux fasse un pas de travers et cela justifierait son action. Il lui appartenait désormais de les pousser à faire ce fameux pas, sanas éveiller les soupçons.

- Mais nous nous égarons. Pour le moment, patientons. Je suis persuadé que ce pacte ne tiendra pas éternellement avec ces humains. As-tu eu l'occasion de parler avec les membres des autres clans ? Ton avis m'intéresse concernant ces derniers. Il est rare que je prenne autant de plaisir à discuter avec une consœur après tout, je ne bouderai donc pas mon plaisir aujourd'hui. Que comptes-tu faire de cette nouvelle vie qui t'a été offerte ?

Ces deux là semblaient faire la paire. L'avenir risquait de devenir fort intéressant avec une telle personne à ses côtés.

Je me demandais une chose. A ses yeux, cette discussion était-elle aussi intéressante qu’elle l’était au mien ? Les informations partagées étaient des plus appréciables, si véridiques. A l’entendre, il n’était de toute évidence pas un simple pion arborant avec fierté son numéro. Il semblait presque que cela pouvait être un fardeau, le contraignant à agir d’une façon n’étant pas forcément la sienne, l’obligeant à tolérer ce qu’il ne souhaitait pas. Des liens portés volontairement, mais des liens malgré tout.
Je pourrais presque apercevoir un parallèle entre nos deux personnes, toute proportion gardée. Deux êtres ayant intégré l’Acuerdo dans un but bien autre que sa défense, et le suivant dans nos propres intérêts, presque comme un tremplin. Si ce constat était vrai…
Et bien El Emperador était un allié que je devais absolument me faire.

Rien ne bougerait donc en l’état avec la vermine terrestre. L’Acuerdo avait décidé, il était donc nécessaire de l’écouter. Pour le moment au moins. En apprendre plus sur leurs intentions véritables serait forcément appréciable. Et il serait étonnant qu’ils n’aient pas offert plus que ce qui était connu à leurs dirigeants, l’intérêt qu’ils semblaient tirer de cet échange paraissant bien trop déséquilibré à son goût.

>> Peut-être est-ce outrepasser ma place, mais je serais honorée de vous accompagner si un jour vous deviez échanger avec ces humains. La curiosité m’habite au moins tout autant que vous.

Si cette demande était outrepasser sa place, elle l’avait déjà fait à de nombreuses reprises durant cette conversation et elle n’était plus à ça près. Cette modestie n’était qu’une question de forme, une formalité afin de bien marquer la différence entre leurs rangs. Même elle n’ayant pas la plus haute estime de l’Espada ne pouvait nier qu’il était nécessaire de respecter le titre. Ce seul fait pourrait être de nature à lui réfléchir à cette possibilité un jour.
Elle en était cependant bien loin, satisfaite dans son rang actuel. Le temps de retrouver ses marques, il était bien de n’être personne, de rester dans l’ombre. Mais ses flammes étaient trop vives pour rester indéfiniment étouffées.

>> Mes échanges en dehors de ce palais restent limités à vrai dire. Je suis en effet encore en train de retrouver mes marques. Mais que dire à part l’évidence ? D’un côté il a les bêtes n’ayant pu saisir ce que représentait l’évolution. De l’autre des êtres entourés de mystères, au point de se demander s’il s’agit réellement d’Arrancar. Et il y a les déchets… L’Acuerdo repose sur un équilibre fragile entre ces différents peuples, mais cela ne peut qu’être temporaire. A la fin, seule l’Elite se tiendra au-dessus. Je ne compte pas laisser échapper cette opportunité.

Oh, bien sûr que je ne prononcerai pas de tels mots face à n’importe qui. Mais n’était-il pas le plus puissant des représentants de l’Assemblée ? J’osais espérer que son avis soit à peu près similaire au moins. Notre supériorité était après tout bien réelle, surtout par rapport à ceux de La Escoria. Je n’allais pas taire ce qui me paraissait comme l’évidence alors que d’autres n’hésitaient pas proclamer celui qui était pour eux leur Rey véritable.
Nous n’étions pas un unique groupe, mais quatre clans majeurs dont les chefs étaient parvenus à une entente fragile. Cela ne voulait pas dire que nous devions obligatoirement nous apprécier.

Il eut un sourire en entendant sa première proposition. Elle n'était évidemment pas la seule à vouloir sur cette voie et l'Empereur savait que plus ils seraient, mieux cela serait pour préserver sa propre anonymat. Et puis elle lui ressemblait plus qu'il ne l'aurait cru initialement, ce qui faisait d'elle sans conteste une pièce pouvant devenir un élément majeur à l'avenir. Borick avait besoin de soutien. De compagnons. Car côté serviteurs, il avait déjà de quoi faire. Aviela pouvait clairement l'aider, il le sentait.

- Et bien c'est avec grand plaisir que je t'inviterai lorsque ce sera le cas. Qui sait, cela pourrait même arriver plus vite qu'on ne le pense.

Des mots énigmatique qui soulignait en partie que son projet prenait déjà la voie désirée. Capturer un humain ne serait pas le plus difficile. Le faire parler par contre. Mais Farasha étudiait cette partie là et l'Immaculé avait confiance en son serviteur le plus fidèle. Si en plus de cela, il pouvait compter sur les talents - encore inconnus - de la jeune femme face à lui, alors ce serait parfait.

- Voilà des mots qui ont du sens. Une vérité que même au sein de ces murs, certains n'assument pas réellement.

Oui, La Cámara devait dominer les autres. Mais pour cela, encore fallait-il que les Arrancars de ce clan en soient tous dignes. Et ce n'était clairement pas le cas. Si ménage il devait y avoir au sein du Monde Creux, cela devait avant tout débuter au sein de leur propre clan. Une vérité absolue, qui ne pouvait souffrir d'aucune contestation possible. Mais une vérité qui était aussi dérangeante pour quiconque entendrait ce discours sans le partager. De là à penser qu'il soit un dissident, il n'y avait qu'un pas. Seulement ce n'était pas le cas. Borick était seulement déterminé à prendre la place qui était la sienne. Et pour cela, les déchets ne devaient pas venir l'encombrer.

- Je vais peut-être même te surprendre mais j'ai l'intime conviction que si le ménage doit être fait, il doit débuter par La Cámara elle-même. Que l'on accepte quiconque arrache son masque est pour moi un problème de compréhension de ce que l'on représente réellement. Tu le verras par toi même. Et peut-être alors que tu repenseras à mes mots. Mais certains de ceux qui vivent entre ces murs ne le font que pour s'assurer une paix toute relative, non pas parce qu'ils possèdent quelque chose qui font d'eux des êtres dignes d'intérêts.

Il se rendait compte évidemment que de tels propos pouvaient le desservir. Mais ici, entre elle et lui, un certain climat de confiance s'était instauré naturellement. Puis l'un comme l'autre pouvaient nier les propos en cas de problème, même si la crédibilité était plutôt du côté du Primera, qui était irréprochable sur son comportement et ses actes depuis qu'il était ici. Son regard se fit plus sérieux.

- C'est sans doute présomptueux de ma part de penser cela. Mais je suis convaincu que tu pourrais m'aider à purifier ce clan. A le rendre digne de ce qu'il devrait être. En dépit de mon statut de Primera Espada, je ne peux pas être partout. Et ce grade est aussi un frein pour ceux que je croise, qui se méfient naturellement de moi. Mais toi. Oui toi, tu pourrais être utile pour déceler ceux qui cachent leur jeu. Ceux qui ne méritent pas de rester ici. Accepterais-tu de me prêter ta force, ton concours, pour ce projet ? La Cámara doit réellement être une élite. Pas un simple mot pompeux.

Il dévoilait une de ses cartes, afin de voir le jeu de sa partenaire. Mais quelque chose lui disait qu'elle et lui, ils pouvaient former une belle équipe.

Et ainsi, sans l’avoir prévu, elle parvenait à une situation des plus appréciables pour elle. Le besoin d’orienter une quelconque conversation ne s’était pas faite nécessaire, les deux individus ayant, en apparence du moins, une mentalité similaire sur certains points. Tout comme la Bruja, l’Emperador avait visiblement des plans en tête. Plans en partie partagés, comme une intention assez évidente de vouloir faire le ménage au sein de leur propre tribu, mais certainement d’autres qu’il devait garder pour lui, du moins pour le moment.
Elle même ne serait pas de ceux à abattre toutes ses cartes à la première occasion, il serait donc idiot que celui ayant un véritable ascendant entre les deux le fasse.

>> Arracher son masque est un facteur d’évolution, mais il n’est pas le seul. Y survivre démontre certes un minimum plus de valeur que de nombreux êtres, il serait idiot d’oublier que certains le faisant n’ont même pas réussi à atteindre le plein potentiel avant cette opération, et donc ne le ferons jamais. Ils voient cela comme une opportunité de surpasser leurs seigneurs, mais ne font qu’oublier leur place.

Tout ce discours était destiné bien entendu aux bien trop nombreux Adjucas ayant arrachés leur masque en vue de se croire plus puissants que des Vasto Lorde. Cette forme d’évolution, marchant aux frontières des Shinigami, était vue par bien trop comme transcendant leur rang précédent. Ce n’était pas entièrement faux, le moindre Arrancar valant généralement plus que ceux qui n’osaient pas tenter l’expérience, et encore plus que ceux y succombant.
Cela ne retirait pas la barrière qui existait entre ceux ayant atteint l’ultime forme des Menos et qui voyaient en le retrait de leur masque une nouvelle possibilité d’évolution.
Comme elle au final.

>> Cette pensée étant partagée, je ne serais qu’une idiote de refuser une telle proposition. Et s’il y a bien une chose que je refuse d’être, c’est justement une imbécile. De par mon rang, je vais en effet passer plus inaperçue que la Primera Espada, et en effet je pourrai donc voguer en des territoires vous étant inaccessibles.
Mais, il y a une chose qu’il me semble nécessaire de mettre au clair.

Une phrase démontrant une certains intention de négocier, ce qui serait sans nul doute une tentative étrange alors qu’elle ne possédait de toute évidence pas l’avantage dans cet échange. Si elle s’exprimait trop fermement, il pouvait tout simplement retirer son offre et elle perdrait tout. Le gain en valait-il le risque ?
Oui. Assurément.

>> Cela va vous paraître étrange, mais j’accepte à une seule condition. Je ne serais pas une simple subordonnée, mais plutôt une partenaire. Bien sûr, l’avantage resterait votre, je ne vais pas prétendre posséder un rang et une influence que je n’ai pas. Mais j’ai, de ma première vie, bien trop courbée l’échine pour de nouveau le faire aussi facilement.

Je m’étais abaissée pour survivre et, même si j’avais réussi à en tirer avantage sur la durée, je refusais que cela se produise de nouveau ainsi. Je m’étais déjà rangée au sein de La Cámara en ce sens, cela suffisait.
Si je devais conspirer au-delà, cela serait sans m’écraser devant un autre ainsi.

Il l'écoutait parler, constatant qu'en bien des points ils étaient similaires. Il était toujours intéressant de pouvoir échanger avec ceux qui faisaient preuve d'intelligence. En cela, Aviela sortait clairement du lot. Et elle avait visé juste en mettant en avant son propre statut. On se méfierait clairement moins d'elle, bien qu'elle appartienne à La Cámara, que de lui qui était également Primara Espada.

Il eut même un sourire amusé alors qu'elle enchaînait sur l'une des conditions au fait de proposer son aide. Demander une contre partie ne lui paraissait pas idiot. Après tout, il s'agissait pour souvent d'échange de service non ? C'était aussi ainsi que l'on parvenait à asseoir son autorité. La force ne devait pas suffire, jamais. Car elle seule ne permettait pas de gouverner.

Et s'il savait qu'il avait clairement l'avantage dans cette tentative de négociation, il savait aussi que son intérêt était bien au delà. S'imposer à elle par l'autorité n'aurait alors aucun sens, allant même en contradiction avec l'ensemble de la discussion précédente. Il n'était pas fou. Et son égo n'était pas présent au point de l'obliger à se montrer comme étant au dessus des autres.

- Je comprends ta remarque et entends que l'on ne désire pas être considéré comme un simple serviteur.

Là aussi, cela démontrait un certain égo chez Aviela. Mais un membre de La Cámara ne pouvait nier en posséder une bonne part. Après tout, la base même de leur groupe étant d'être supérieur aux autres, dire le contraire aurait été se mentir à soi même.

- Sache que ce n'est pas ce que je souhaite non plus. J'ai besoin de partenaires. Savoir réfléchir par soi même, savoir prendre des initiatives. Que le fait de suivre un projet soit une volonté commune et non pas un choix imposé. Voilà des qualité que je recherche et qui seront plus utiles que le simple fait de suivre un ordre. Des serviteurs, j'en ai à loisir. Je n'en ai pas besoin de plus.

Il eut un léger sourire. Son pouvoir lui permettait de bénéficier d'une force de frappe conséquente, sans avoir à se salir les mains. Les serviteurs n'étaient donc pas un problème. Mais un allié ? C'était nettement plus rare en réalité.

- J'ai besoin d'une alliée. Est-ce que cela te satisfait ?

Et puis il verrait rapidement ce qu'elle valait. Surtout si elle l'accompagnait sur Terre. Il sentait aussi que le rendez-vous touchait doucement à sa fin. En réalité, si elle acceptait ses propos, alors un pacte tacite serait signé.

Cette condition aurait pu sceller la fin de cette discussion. La différence de rang entre eux pouvait justifier à elle seule que la demande soit mal accueillie. Une Fracción osant se poser à un rang comparable à la Primera Espada ? Plus d’un l’aurait certainement remise à sa place simplement car elle avait osé imaginer pareille chose.
C’était le genre d’attitude à laquelle elle s’attendait provenant des bêtes composant les autres clans. Affirmer leur puissance par leur numéro, ne pas voir au-delà de ce classement en partie arbitraire. Bien tristes êtres qu’ils étaient.
Les membres de La Cámara savaient se placer au-dessus de telles considérations.

Elle aurait pu admettre le blesser dans son orgueil.
Elle aurait pu comprendre qu’il veuille une certaine hiérarchie dans ce genre d’alliance.
Elle en aurait simplement été surprise. Ce n’était pas l’imagine qu’il avait donné jusque là. Sinon, jamais elle n’aurait tenté. Elle aurait certainement accepté, admettant la différence de rang entre eux, se soumettant. En apparence seulement. Leur relation aurait été toute autre. Son seul but aurait été de l’utiliser et sa valeur aurait grandement diminué à ses yeux.
Il était donc évident qu’une telle issue lui convenait parfaitement.

>> Je pense qu’en effet nous avons un accord. Je pense même qu’une telle alliance ne peut que présager de bonnes choses.

Les accords étaient en quelque sorte devenus habituels au sein de ce monde. Ils avaient, même si tacites, menés aux clans, qui eux-mêmes avaient donné naissance à l’Acuerdo. Etait-ce donc si étonnant qu’en leur sein, d’autres prennent naissance ?
Certains pourraient grandement bouleverser les choses. D’autres pourraient être faits dans le but de maintenir le statut actuel, ce dernier devant étrangement forcément convenir à certains.
Celui qui venait de naître en ce jour ? Il était encore un peu tôt pour se prononcer. Elle ne pouvait que présager qu’il serait surprenant qu’il ne soit sans effet réel. Elle espérait même que ce qui allait découler de cette rencontre serait l’une des plus grandes choses survenues dans ce monde creux.
Mais cela serait possiblement quelque peu présomptueux. Même s’il était toujours bon d’avoir de l’ambition.

>> Si cela est acté, je pense que la suite sera donc lorsqu’il sera nécessaire de passer à l’action. Je ne doute pas que vous ayez déjà quelques plans en têtes, je serais donc prête le jour où il sera temps de les mettre en œuvre.

La fin de cette rencontre approchait à ses yeux. Les choses étaient scellées et elle serait surprise qu’il y ait plus à dire. Nul doute qu’il se soit assuré d’avoir tous les renseignements nécessaires avant de faire sa proposition, et nulle question supplémentaire ne lui parvenait pour l’heure.
Elle ne pensait déjà pas que, de cette simple contemplation sans réel but, une telle chose aurait pu en découler.

Il était forcément d'accord avec elle. De grandes choses, il en était persuadé. Savoir mette de côté les rangs et les titres pour obtenir satisfaction n'était pas à la portée de tous mais tout orgueilleux qu'il soit, Borick connaissait aussi la valeur d'une aide telle que celle que lui proposait Aviela. Aucun regret donc à avoir ici. La fin de cette discussion était désormais actée et il n'y avait plus aucune raison de rester là. Il lui adressait donc un sourire, inclinant très légère ka tête dans sa direction.

- C'est exactement ce que je souhaitais entendre. Je ne manquerai pas de revenir vers toi très rapidement, juste le temps de régler quelques affaires avant. Aviela, ce fut un véritable plaisir que d'échanger avec toi aujourd'hui. Je te souhaite une bonne fin de journée.

Et déjà se détournait-il d'elle afin de quitter la place. Les projets plein la tête. Et une nouvelle alliance en poche. Beaucoup d'Arrancar se trompait sur une chose : la place dans l'Espada n'était en rien un gage de respect. Ni de force d'ailleurs. Ce qui comptait, c'était surtout les liens que l'on nouait. Un Puissant se devait d'avoir du réseau, des personnes sur qui compter. Et peu à peu, l'Immaculé se constituait son groupe personnel. Son projet murissait tranquillement et il était temps de passer à l'étape supérieure.

Il allait devoir attraper Farasha pour lui faire part de l'identité de sa nouvelle alliée. Il était important que son fidèle serviteur l'apprenne au plus tôt lui aussi. Sourire aux lèvres, il disparut.

Projet "Menos Grande" en cours.

[Fin rp]