Requête militaire

Ses kakis dans une corbeille, le Sanbantai Fukutaichō avait décidé de venir à pied cette fois. Les quartiers de la Seconde Division étaient aussi froids que la mission qui était la sienne. Mamoru s'avançait et saluait quelques connaissances au gré de ses rencontres. il interrogea quelques personnes et fut déçu que Naoki Fukutaichō n'était pas présente dans ses quartiers en ce moment. Voir Sora ? Non, il n'allait pas l'aider dans ce qu'il espérait.

Croquant un kaki, il continuait sa pérégrination vers les archives de la Division. Il voulait vérifier quelques anciens rapports remontant à l'Ere précédent Soi Fon Taichō. L'histoire de ses membres ne lui était pas inconnu, loin de là. Elle avait connu la trahison de l'une de ses Capitaines, avant que Soi Fon Taichō ne disparaisse à son tour. Ironiquement, ce fut Sora qui succéda à ce beau monde. Comme quoi, tout le monde pouvait se hisser dans le Gotei XIII.

Mais...

Ce "Mais" laconique était suivi de ses propres pensées sur l'état de la Soul Society. Il n'était pas temps cette fois de repenser encore et encore à ses plans. Cette fois, il devait ouvrir trois parchemins sur certains réseaux criminels de cette époque. Alors qu'il entrait dans les archives, il se rendit compte qu'on avait réorganisé tout le système, surement une action de la nouvelle Vice Capitaine. Un sourire se dessina sur ses lèvres et il croqua un autre morceau de fruit.

Arrivant devant un bureau administratif, il vit un shinigami en train de compulser d'énormes rouleaux de parchemins.

- Hinotori Sanbantai Fukutaichō. J'aimerai connaître l'officier de garde pour aujourd'hui et m'entretenir avec lui. Observant alors le Shinigami. Il eut une lueur de souvenir. Oh mais c'est vous Nakidama San, je ne vous avais pas reconnu.... Désolé, la tête en l'air parfois...
- Ne vous inquiétez pas Hinotori San ! C'est Chibiko San qui a la charge d'officier de garde aujourd'hui.
- Ah oui. Chibiko ? N'est ce pas une ancienne de la Onzième Division ?
- Non Hinotori San, c'est sa fille !
- Ooooooh.... une nouvelle alors, pouvez vous m'annoncez ?
- Bien volontiers !

Nakidama San alla informer Chibiko San de la demande d'audience. C'était un ancien de la Division et il prévint cette dernière qu'il était aussi l'ancien Sixième Siège. Son départ datait seulement de quelques années, bien des soldats connaissaient encore ce Shinigami aussi distrait que la blondeur de ses cheveux.

On dit que les responsabilités viennent avec l’expérience. Je venais tout juste d’être promue 4e siège et mis à part l’honneur que cela représentait d’en porter l’insigne après seulement une année de service au sein de la Seconde Division j’attendais toujours de comprendre en quoi cela pourrait bien me servir concrètement.

Dans les faits je devais encore accomplir mon devoir premier, soit être chargée de la logistique et de la distribution des missives entre les différents quartiers généraux là où l’envoi d’un papillon ne suffit pas. En dehors des manœuvres extérieures je passe le plus clair de mon temps sur le terrain d’entraînement. J’échange avec mes camarades, je me mesure aussi à eux histoire de m’affirmer et de ne pas subir les mêmes brimades du temps de l’Académie.

C’est un peu un comble, quand on y pense. Devoir faire ses preuves alors que nos performances montrent précisément une nette avance sur le commun des shinigamis. Parfois je me laisse aller à imaginer combien d’entre eux possèdent ne serait-ce que le Shikai. Un pronostique difficile à établir sans réelle possibilité de le vérifier. Contrairement à mes supérieurs je n’ai pas accès aux dossiers, je dois juste les ranger quelque part.
C’est exactement lors d’un passage en revue des archives, alors que je pensais commettre un suicide en me noyant sous ces interminables piles de feuilles qu’une voix m’interpela. Ça y est, la fin de ma probation, j’allais être envoyée quelque part ! Pas cette fois.

- Pour être honnête, je ne vais pas bouder un peu d’interaction sociale. J’ai parfois l’impression que les étagères me parlent, je vais finir par devenir chèvre ici.

Mon camarade, un certain Nakidama, m’indique la direction à suivre. Il me mentionne très brièvement la nature de cette visite tout en me raccompagnant. Un ancien siège de la Division aujourd’hui Lieutenant de la Troisième. Probablement ici pour consulter des fichiers sur l’historique ou les anciens effectifs sans doute.

Je me présente rapidement face à lui. Ma position nouvelle m’octroie la possibilité de ne plus porter cette immonde tenue de coursier avec une sorte de toit miniature en guise de couvre-chef. En tant qu’officier de garde j’ai droit à certaines libertés. J’affiche donc ici le costume qui m’avait été confectionné à l’occasion de mon passage de grade. Un uniforme somme tout règlementaire mais légèrement personnalisé aux couleurs du clan. En témoignaient la présence du blason brodé au niveau de la poitrine ainsi que les motifs océaniques recouvrant la majeure partie de mes manches.

Bras croisés sous le nombril, j’adresse une révérence polie. Le grelot pendant du bout de la garde de mon Zanpakutō émet un bref tintement qui tranche avec le silence pesant qui règne habituellement dans les couloirs. Il est assez rare en effet de croiser du monde ici. Tous nos effectifs sont occupés, traîner à ne rien faire c’est prendre le risque que notre Capitaine nous jette en cellule pour l’exemple. Ou pire encore.

- Hinotori Fukutaisho. Je n’ai jamais eu ce plaisir. Chibiko Daestra, officier en charge, je serais votre dévouée aujourd’hui. En quoi puis-je vous être utile ?

Rapide et formel, c’est à la fois la marque des Chibiko et de la Seconde. Le temps est précieux, inutile de le gaspiller en bavardages.

Un sourire s'esquissa sur les traits du Sanbantai Fukutaichō. Il connaissait de nom la mère de la personne face à lui mais il n'avait jamais su que sa fille avait rejoint la Seconde Division. Son respect de la tradition était à noter et Mamoru répondit à son tour par une petite révérence courtoise. Il prit quelques instants avant de répondre.

- Chibiko San, je suis désolé de venir vous embêter. Voilà, je voulais chercher les rapports sur des disparitions de Shinigamis, encore non résolues. Je sais que cela est normalement de la charge de la Neuvième Division... Mais, j'aimerai savoir si des personnes "particulières" sont liées à cela.

Marquant sa dernière phrase sur le "Particulière", il souhaitait faire comprendre ce qu'il cherchait. Tout le monde savait que des Shinigamis pouvaient disparaitre et finir dans le "Trou"; s'ils étaient une menace pour la Soul Society. Aucun jugement, aucun appel. La sanction était alors irrévocable. En temps qu'ancien membre de la Division, le Sanbantai Fukutaicho savait que des dossiers étaient quand même faits sur eux. Il n'était jamais précis et y figurait plus des rumeurs qu'autre chose mais Mamoru voulait vérifier certaines choses.

- Nous voudrions nous assurer que certaines disparitions de Shinigamis dans le Rukongai.... comment dire... ne sont pas de leur fait. Je sais que les dossiers ne sont pas d'une grande clarté mais j'aimerai pouvoir les analyser sur les trente dernières années. Ceci n'est pas une mission officielle, enfin pas encore, je veux m'assurer que j'ai tort avant d'en référer à mon supérieur.

Hinotori cherchait des informations bien précises. Dans le flot de sa demande, il était possible de cacher les réelles motivations de ses recherches. Les choses avaient bien progressées dans les forges. L'autre partie du travail ne concernait que lui désormais. Le regard un peu ailleurs, il se reprit en attendant la réponse de l'officier de la Seconee Division.

- Naturellement, veuillez me suivre.

Je lui indique d’un ample geste du bras la direction à prendre, avant de tourner les talons et d’ouvrir la marche. Nos pas résonnent dans les couloirs désespérément vides du quartier général. Habituellement je ne prête guère attention à ce genre de choses, il faut dire que mon quotidien ne me permet pas de vagabondages inutiles. Par chance ces nouvelles responsabilités se conjuguent parfaitement avec le reste de mes activités. Je ne vois personne ou presque certes, mais au moins je n’ai pas à courir partout.

Et puis l’occasion de travailler en compagnie d’un membre de la maison Hinotori ne se représenterait sans doute pas avant longtemps. Cette homme si poli et mystérieux n’en imposait pas et ce malgré son statut de chef de clan. Du moins de par le titre, car il avait délégué son autorité pour des raisons obscures. Il n’en reste pas moins cependant un vassal des Kuchiki. Un autre point commun, puisque nous devions également rendre des comptes à une famille de la haute noblesse, les Tsunayashiro.

Alors que nous passons la porte donnant sur la salle des archives je regagne prestement le petit bureau que l’on attribue aux officiers de garde. J’ouvre machinalement l’épais journal dans un claquement sec qui se perd dans les innombrables rayonnages et, après quelques longues secondes à éplucher les pages je trouve la feuille d’émargement sur laquelle j’inscris avec le plus grand soin date, nature de la visite ainsi que nos deux identités. Mon visage se redresse enfin dans sa direction, l’air sincèrement ravie.

- Pardonnez-moi cette indiscrétion, mais j’aimerais savoir si vous avez déjà des noms en tête, ou des faits, des rumeurs à ce sujet, Hinotori Fukutaisho. Vous comprendrez que chercher des dossiers sur les trente dernières années est une entreprise assez vague. Il peut arriver que certains évènements ou disparitions soient consignés dans des répertoires plus spécifiques. Il serait donc avisé d’écarter le plus gros du travail, moyennant quelques détails supplémentaires.

Je me tourne, une pointe d’anxiété sur le visage, vers les étagères aux allures de murailles infranchissables qui domine ma trop petite silhouette d’intendante novice. Ce n’est pas la première fois que j’occupe ce poste ni même que je mets le nez dans ces archives toutefois le classement à l’échelle de la Soul Society rend la tâche quelque peu… Laborieuse.

Je referme le registre, m’arme de mon meilleur sourire de façade et invite une nouvelle fois le Lieutenant à bien vouloir me suivre. Nous nous engageons entre deux monticules organisés. Tandis que je commence mes recherches dans l’attente d’une éventuelle réponse pouvant m’éviter d’y passer la journée, j’essaye d’attirer sa sympathie en abordant un sujet que je n’espère pas trop malvenu.

- Oserais-je vous demandez comment se portent les affaires de votre maison, si cela n’est pas trop indiscret ? Je ne suis plus vraiment au fait de ce qu’il se passe depuis mon entrée à l’Académie et ma prise de poste récente. J’en viendrais presque à regretter les mondanités, parfois…

Je n’étais pas véritablement sincère, il faut l’avouer. Je me souviens encore parfaitement de ces soirées à rallonge sans réelles distractions pour les enfants de nos âges. L’ennui mortel qui m’habitait, lorsque je ne me forçais pas à converser avec d’autres membres de la noblesse pour passer le temps. Une autre vie, une autre époque.

Les pas résonnaient. Le son était feutré, comme tout ce qui se passait dans cette Division. Mamoru avait l'impression de retourner des années en arrière, comme quand il était un membre de cette Division. Les Shinigamis entraient et sortaient, rangeaient avec un silence de plomb. Passant à travers les rangées, le Sanbantai Fukutaicho vit apparaître un petit bureau où le Siège de la Seconde Division prit place.

Le Shinigami de la Troisième Division entendit la demande de son hôtesse et chercha un petit papier sous son kimono. Sept noms y figuraient, écrites de belle manière. Il tendit alors le document à Chibiko San.

- Voici les Sept Noms que j'ai à disposition. Ils ont tous disparus dans un intervalle de deux ans, à chaque fois dans le Troisième et Quatrième Districts Nord. Selon les faits, on n'a retrouvé que des pièces totalement noircies. Il n'y avait plus la moindre trace de résidus spirituels.

Certains rapports faisaient mention de "combustion spontanée" avec des particules de Hollow présentes. Mais, ces données étaient trop faibles. Mamoru savait que la Seconde Division pouvait maquiller ses actions si elle agissait contre des personnalités nobles, surtout dans ces districts précis. L'expectative lui avait donc commandé de venir ici vérifier cette information, même si cela n'était que sous-entendu. La Nibantai n'allait pas donner directement ses informations, ou le pourquoi du comment, si elle était responsable de ces disparitions. Chibiko San le savait, Mamoru le savait. Il avait juste besoin d'un mot, d'une parole, afin de savoir si cette voix devait être abandonnée.

Au plus profond de lui même, une voix s'éleva.

"Tu joues avec les flammes, elles peuvent te brûler..."

Plissant les yeux un bref instant, il fut surpris d'entendre son Zanpakutō. A son habitude, le Suzaku surveillait ses actions. Même si le simple fait de l'appeler ainsi l'agaçait mais c'était une boutade qui passait encore, surtout avec l'égo démesuré de cette lame de feu et de cendres. Sa main toucha le manche de son Wakizashi pour l'apaiser. Il avait juste besoin de savoir si le Nibantai avait poussé une enquête sur ces crimes. "Voir où en était l'adversaire" était toujours une bonne solution mais il fallait que ce soit fait avec patience.

Soudain, alors que Chibiko San ouvrait son registre pour le regarder, elle posa une question sur sa propre famille. Mamoru fut surpris. Rares étaient les Shinigamis à poser ces questions, souvent importantes pour analyser un homme. Les Hinotori étaient connus pour être des forgerons de talent, vassaux des Kuchikis. Ils avaient pour eux les "Grandes Forges" du Nord qui créaient des objets métalliques pour la guerre mais aussi pour la vie de tous les jours. Cela était la raison de la richesse de sa famille. Le Feu était la source même de leur pouvoir. A cette caractéristique, se rajoutaient la blondeur et la pâleur de leur peau, les Hinotori étaient reconnaissables. Si tant qu'on s'y intéressa. Une évidence lui revint alors en mémoire, les Chibiko étaient aussi une grande famille vassal... au même rang que la sienne.

Un sourire énigmatique se dessinait sur ses traits. Cette femme était plus intéressante et plus subtile que bien des Shinigamis qu'il avait croisé. Hors peut-être la Nibantai Fukutaicho.

- Je reconnais bien là une Chibiko, subtilité et force. Ma foi, les Hinotori se portent bien, nous allons pouvoir avancer dans notre projet de construire une série de cures thermales, dans tout le Seireitei. Vu tout le soin que nos forgerons apporteront, elles seront les meilleures de toute la Soul Society et marcheront en permanence, plus besoin de poêlon pour réchauffer l'eau. Pour l'instant, nous venons à peine de construire les éléments nécessaires aux installations. Dans un futur proche, j'irai proposer ce service aux grandes familles, ainsi qu'aux Division du Gotei. Si le coeur vous en dit, nous pourrons en parler autour d'un thé après cette petite affaire...

Son côté enfantin, joueur, reprenait ses droits. Tout cela l'amusait, la liberté n'avait pas de prix après tout.

- Voilà qui est proprement terrible, comme façon de disparaître. Pouvez-vous me dire d’où vous viennent ces rapports ? S’agirait-il d’affaires auxquelles vous avez participé directement ?

J’observe avec grande attention les différents feuillets que le Vice Capitaine vient de me remettre, mettant ainsi un arrêt à mes recherches précédentes. Les informations qui y sont écrites restent très nébulaires bien que strictement en accord avec ce qu’il m’a annoncé plus tôt. Plusieurs éléments ne manquent pas de soulever ma curiosité maladive.

Le procédé tout d’abord, est assez inhabituel. Je ne suis malheureusement pas en mesure de valider une méthode définie ou proche de ce que notre Division serait capable de faire. Je sais que la Seconde peut dans certains cas avoir recours aux éliminations ciblées cependant il est clair que le modus operandi n’a rien de familier. Nous ne devons jamais laisser la moindre trace. Or ici les scènes décrites témoignent d’un amateurisme évident. Sans parler de ces résidus étranges.

Vient ensuite le rapprochement tant chronologique que géographique des affaires. Une fois de plus rien de commun. Agir de la sorte en laissant systématiquement les mêmes preuves sur place relève d’une volonté concrète d’apposer sa signature, en quelque sorte. L’ensemble me laisse relativement perplexe, d’autant que je n’ai absolument aucun souvenir d’en avoir entendu parler de quelconque manière.

Je laisse mes pensées en suspens le temps d’écouter les réponses du Lieutenant.

- Vous comptez démocratiser les onsen, c’est bien cela ? Noble entreprise, qui saura j’imagine soulever bien des regards à votre encontre. Je tâcherais d’en informer Mère, je suis persuadée qu’elle y verra une belle opportunité. Nous sommes, comme vous le savez sans doute, assez secrets et fermés. Une telle opportunité peut sans nul doute aboutir, et marquer l’histoire de votre clan tout en renforçant son lien avec les autres familles. Je vous souhaite bon courage dans cette entreprise, Hinotori sama.

Je termine ma réponse polie par une révérence appuyée. Il faut dire que l’idée de m’exposer à de parfaits inconnus ne m’avait jamais véritablement paru être un plaisir en soi jusqu’à présent. Aussi l’idée d’avoir une sorte de bain thermal à domicile m’enchante plus que de raison. Malheureusement mon attention se focalisait actuellement davantage sur le sujet principal de sa venue ici.

Je ne doute pas du fait que de telles affaires aient pu atteindre les sphères de la Seconde Division. L’information est pour ainsi dire notre principale préoccupation. Cependant la nature même de cette affaire devait atteindre avant tout les hauts sièges de la hiérarchie. Il ne s’agissait pas de simples disparitions. La mine légèrement refroidie je me tourne donc vers le Vice Capitaine, son document ouvert entre mes mains fébriles.

- Mais pardonnez-moi, revenons-en un instant à votre affaire. Avant que je prenne l’initiative de chercher plus avant, j’aimerais savoir si mes supérieurs sont au courant de vos recherches. Compte tenu de la nature de ces disparitions, il peut s’agir de dossiers sensibles.

- Participer non... Un des disparus était une de mes connaissances. C'est un peu personnel en fait. J'enquête donc juste tout seul pour l'instant.

Le Fukutaichō avait la voix basse. Il ne tenait pas plus que cela à avancer sur ses raisons. Du moins en apparence. Observant les grandes étagères qui les entouraient tous les deux, il pensait à ce moment là aux centaines de milliers d'âmes qui avaient été inscrites ici.

Le visage de la jeune femme exprimait une certaine forme de perplexité, sinon d'incrédulité. Il était clair que tout cela la dépassait un peu. Cependant, elle démontrait une forme de résistance aux demandes. Quelque part, au fond d'elle, elle se demandait le pourquoi du comment. Sans savoir le fond de ses pensées, il mettait cela dans la case d'incrédulité, invitant Mamoru à plus de prudence sur cette "opération".

- Les Onsens sont un art qui se perd. Je veux dire.... Beaucoup ont oublié la portée philosophique et méditative de ce moment dans un bassin chaud. C'est comme nos jardins. On oublie certaines traditions pour en faciliter d'autres... Malheureux mais c'est ainsi. J'espère donc faire revivre l'esprit du feu qui dort dans un Onsen, celui qui réchauffe l'âme de l'intérieur.

Sa main sur le manche de son Zanpakutō, il sentait toute la chaleur qui avivait son âme. Un sourire aux lèvres, il hocha la tête dans l'affirmative en écoutant Daestra.

- Bien évidemment, les protocoles doivent être suivis à la lettre, il ne peut en être autrement.

La règle, la loi, la coutume, la tradition... Il fallait bien les respecter. Injustes ou non. C'était ainsi. Mais là, la situation lui semblait normal pour une fois.

L’espace d’un instant mon esprit se perd dans les songes. Je disparais de la bibliothèque des archives et m’imagine nue en train de me prélasser dans le confort des bains avec pour seul bruit celui de l’eau. Je ferme les yeux quelques instants, et pousse un léger soupir avant de regagner la froideur du réel.

Le Vice Capitaine est là, dans l’attente d’une réaction alors que je tiens toujours fermement contre ma poitrine l’essentiel des notes concernant son affaire.

- Oui, bien entendu. J’en informerais Mère, m’est avis que nos bains privatifs mériteraient quelques travaux. J’avoue que votre vision de la chose porte à rêver, Hinotori Fukutaisho. Il est difficile de trouver du temps pour la méditation parfois. Mais bref, revenons-en au sujet du jour.

Je l’invite d’un geste de la main à me suivre. Nous traversons dans le sens du retour les multiples étagères garnies de parchemins et de livres, dont certains accusent plusieurs siècles. Mes yeux s’abandonnent dans la lecture des différents intitulés et catégories sans qu’aucune ne daigne soulever mon intérêt plus que de raison.

Je remonte l’unique marche me propulsant jusqu’au pupitre de l’accueil, où je dépose délicatement le feuillet qui m’a été offert plus tôt. Ma mine est grave, plus par les détails évoqués par le Lieutenant que par la nature même de son affaire ou le fait que je n’en ai trouvé aucune trace dans les rayons.

- Naturellement, le protocole oui. Vous plus que quiconque ici, savez de quoi il en retourne. J’ai bien conscience que cette affaire vous tient particulièrement à cœur.

Je m’empare d’un carnet se trouvant sur le côté, et m’arme d’une plume. Après un petit signe de l’index indiquant à mon interlocuteur d’attendre je me mets à griffonner les éléments principaux de l’affaire évoquée, le tout enrobé dans des formules de politesse d’usage et de l’éventualité d’un retour du visiteur à mon encontre pour de plus amples recherches.

Une fois finie cette missive je la tamponne machinalement puis la pose en évidence sur le feuillet avant de laisser glisser le tout vers le bord du bureau, en accompagnant mon geste d’un regard compatissant et d’un sourire poli.

- Je crains malheureusement de ne pas pouvoir vous être d’une grande utilité sans l’aval de mes supérieurs directs. Aussi je vous ai quelque chose que vous pourrez transmettre à Shiori Fukutaisho. Elle sera on ne peut plus disposée à vous répondre et potentiellement à donner suite aux recherches. N’hésitez bien entendu pas à revenir vers moi si tel est le cas. Avec davantage de détails et une autorisation préalable, je ferais mon possible.

Mains jointes, accoudée au pupitre je reste ensuite plongée dans mon mutisme habituel. Cette entrevue aura été bien trop courte à mon goût mais très intéressante. Si l’affaire ne me touche pas à titre personnel je ne peux m’empêcher de nourrir une certaine crainte naturelle. L’idée de subir le même sort que ces pauvres gens, même indirectement, me bouleverse.

Opinant aux propos de la jeune femme, Mamoru se disait qu'il n'aurait rien de plus ici pour un temps. De toute façon, sa demande pour les travaux était passée au Conseil des Sages de la Soul Society, il attendait leur réponse avant d'aller plus loin dans ses projets. La question était aussi de savoir ce qu'il ferait si cela était refusé. Il avouait ne pas trop savoir.

- Les 46 doivent encore nous répondre pour les Onsens, j'attends leur réponse et espère une autorisation. Sinon oui, nous avons d'excellents forgerons qui sauront remettre d'aplomb toutes vos voies hydrauliques.

Alors qu'il écoutait les propos de la jeune femme, une idée lui vint. Il n'avait pas encore eu vraiment l'occasion de discuter avec une membre de sa propre caste depuis des années. Sa propre vie dans la Seconde Division l'avait éloigné pendant longtemps de tout cela. Il était peut-être temps de faire une petite fête.... Il hésitait, il n'était pas sûr.

- Hm. Vrai que nos Familles n'ont pas eu l'occasion de se rencontrer depuis longtemps. Nous pourrions en profiter pour réaliser une petite réception avec du théâtre, non ? Ca nous changerait un peu de notre vie militaire. Enfin après, je ne veux pas abuser... J'avoue que je n'ai pas organisé de telles choses, mon intendant le saurait peut-être...

Il s'arrêta. Pensif, il n'aimait pas aborder ce genre de sujet mais connaître ses pairs un peu plus pouvait être assez intéressant pour le futur. Pour le reste, il fit un signe favorable à la question sur sa visite ici.

- Oui, nous nous en remettrons à Shiori San. Pour le reste, nous pouvons nous entretenir un peu de tout cela. J'avoue très mal connaître votre famille, comme vous le disiez, le secret est un trait important de la vôtre.

Un sourire amical terminait ses propos afin de ne pas paraître désagréable.

L’affaire pour laquelle il était venu étant close ou du moins en suspens le Lieutenant Hinotori prit un air plus détendu. J’ose imaginer que le fait de s’entretenir avec un autre membre de la noblesse dans un cadre différent de celui es affaires privées mais toujours sur un terrain cordial ne devait vraisemblablement pas lui être coutumier. Et pour être honnête, ça ne l’est pas non plus pour moi.

Eternellement cantonnée aux exercices quotidiens, aux devoir de shinigami et aux bonnes directives maternelles je ne m’étais guère laissée vivre autrement que par le labeur. C’est pourquoi lorsqu’il se mit à installer l’idée d’une réception comme j’avais pu en vivre du temps de mon enfance la chose ne me laissa pas indifférente.

Certes, je cherchais souvent une raison pour ne pas m’y rendre à l’époque, trop ennuyeux et protocolaire. Cependant le temps faisant son office j’avais évolué, mûri, et surtout gagné suffisamment de faits d’armes pour alimenter des conversations. De quoi peut-être, me faire de nouvelles connaissances.

- En voilà une excellente idée ! J’ai l’impression qu’avec cette période trouble que nous venons seulement de traverser le cœur n’est plus aux célébrations. Cela ferait je pense, une bonne occasion de resserrer les liens qui peuvent unir certaines de nos familles en effet.

Je note l’information dans un coin de ma tête, et prend un air pensif. Il est vrai que depuis la grande guerre qui a ravagé la Soul Society et fauché bon nombre de ses habitants parmi les plus illustres, tout paraît plus terne et morose. Un évènement comme celui proposé plus tôt pourrait certainement apporter du baume au cœur tout en renforçant le sentiment de force qui nous anime encore.

Mon regard s’illumine devant cette perspective, tandis que je rapproche le fauteuil resté en arrière du pupitre afin de m’y glisser. Croisant les bras, j’avise mon interlocuteur.

- Bien, je pense que nous pouvons conclure notre entretien sur cette note positive. Pour le reste je vous laisse voir avec mes supérieurs hiérarchiques. J’attendrais de vos nouvelles, et vous remercie d’être venu me rendre visite, Hinotori Fukutaisho.