upon pillars of sand (centiryon)

Difficile de dire cela fait combien de temps que tu es ici. Que tu as rejoint La Cámara. Difficile à dire parce que tu as perdu toute notion du temps il y a déjà bien longtemps de ça. Quelques mois ? Années ? Qu’est-ce que ça représente, dans l’entièreté d’une vie ? Qu’un grain de sable dans le désert. Tout ce que tu sais c’est que ce n’est pas toujours facile que de t’y faire, à cette nouvelle vie. Celle où tu as accepté de rejoindre l’un des clans. Où tu as ployé le genou face à un nouveau dirigeant.

Un nouveau dirigeant qui n’était pas le Porteur de Flammes.
Le seul à qui tu avais juré fidélité, jusqu’à dernièrement.

Tu as toutefois appris rapidement les règles. Dont l’une, très importante semblerait-il : pas de hollows trop près du palais. C’est la raison pour laquelle tu as perdu beaucoup de ces gens qui, jusqu’ici, t’avaient voué une confiance aveugle. Parce que nombreux sont morts, lorsqu’ils ont pris la décision d’arracher leur masque. Quant aux autres… C’est de nouvelles possibilités qui s’offrent à eux. Peux-tu vraiment leur en vouloir ? Non. Alors tu ne peux que continuer ta vie, et ce, dans les rangs de cette nouvelle faction. Peut-être que tu y trouverais quelque chose à faire ? Un nouvel objectif ?

Parce qu’il est vrai que l’ennuie s’est installée, depuis quelques années. Que voilà trop longtemps que tu es dans ce monde. Tu as besoin de nouveauté. De changement. De trouver ce que tu comptes faire dans les prochaines années. Prochains siècles. Parce qu’aussi lasse que tu peux être, tu ne comptes pas t’arrêter maintenant, la vie, bien qu’ennuyeuse par moment, t’apparaissant comme bien plus amusante, fascinante même, que la mort.

Alors tu as commencé à sortir un peu plus. À vaquer à différentes occupations. Un peu de tourisme ? Tu n’irais pas juste que là. Et alors que tu t’éloignes du palais, il y a cette ombre qui attire ton attention. Tes prunelles perçantes se dirigeant vers la source du mouvement, tu t’arrêtes dans ta marche.

- Hm. Tu l’observes, lui qui porte toujours son masque. Lui qui porte toujours son masque et qui a l’audace de s’approcher du palais. Du territoire appartenant à La Cámara. - J’ai connu des hollows audacieux, mais rarement aussi inconscients. Tu dis ça en le prenant de haut, prunelles fixées sur celui qui se trouve à quelques mètres de toi. Silhouette fine, presque discrète. Vasto Lorde ? Peut-être Adjuchas. Intelligent. C’est tout ce que tu peux en déduire.

- Que viens-tu faire par ici ? Techniquement, il n’a pas encore enfreint aucune règle.
Alors tu peux te permettre de te montrer curieuse.

Comme à son habitude, Centiryon veillait à la sécurité de la forêt des Menos et franchement, tout était paisible...enfin, au possible. Appuyé contre un tronc de quartz, le Vasto Lorde avait les yeux fixés sur le sol, plongé dans ses pensées. Depuis que la reine n'est plus et que les grands dérangements ont cessé, Centiryon appréciait le semblant de paix qui régnait à présent dans les poches souterraines du Désert Blanc. Malgré ce sentiment de sécurité, le chevalier ressentait un désir, un désir d'exploration et d'accomplissement qui ne s'étaient jamais manifestés dans son esprit lorsque la reine était encore de ce monde. Était-ce elle qui limitait son libre-arbitre? Il ne le saura jamais, maintenant qu'elle n'est plus de ce monde. Parlant de la reine justement, celle-ci avait brièvement parlé de plusieurs créatures habitant le Hueco Mundo ainsi qu'un monde extérieur comportant un très, très grand nombre d'humains. Il n'a jamais vu d'humains, mais d'instinct, il connaissait le moyen de voyager vers ce monde lorsque l'envie lui prendrait. En attendant, Centiryon remonta à la surface, histoire de choisir sa prochaine destination.

Dehors, le ciel noir accueillit le chevalier, en compagnie d'une lune pleine, sa partenaire de toujours. Ce lieux d'éternelle noirceur était le théâtre de nombreux conflits et d'innombrables affrontements. Pour Centiryon, cet endroit était tout sauf sécuritaire et pour être honnête, il ignorait complètement ce qui le poussait à l'explorer. Il connaissait l'emplacement de Las Noches, mais ce qui l'intéressait était l'ancienne place forte de celui qui a tué la reine. Il se faisait surnommer le sanguinaire et selon quelques adjuchas qu'il a rencontré dans les souterrains, sa forteresse serait encore debout aujourd'hui. Pire, elle serait occupée par une faction de Hollows évolués. Cette ambition ne lui disait rien qui vaille. Quelle folie pouvait bien pousser ces inconscients à exploiter l'ancienne demeure de cet envahisseur? Étaient-t-ils au courant? Après tout, l'ignorance peut parfois pardonner certains gestes irréfléchis. Selon ses souvenirs, la place forte se trouvait...vers le sud-ouest...en principe.

En chemin, Centiryon croisa des Hollows moins évolués. Ils étaient au nombre de huit et s'enfuyaient de quelque chose. Tous sont passés près du chevaliers sans le voir, mais sans le toucher non plus. Derrière eux se trouvait un Mille-patte géant, probablement leur poursuivant. Nullement impressionné, le Vasto Lorde resta de marbre. Cette créature ne communiquait pas et il était impossible de raisonner avec un tel monstre. La plupart des hollows plus évolués auraient tendance à regarder ce genre d'individu de haut, mais pour Centiryon, il n'émanait de lui que de la pitié. Une existence comme celle-là devait être insupportable. Esquivant la charge de son ennemi, le chevalier bondit vers le ciel, dégainant son aiguille. Enlignant sa cible, il planta violemment soin arme dans la tête du monstre qui disparut quelque instants plus tard. Il fallait se remettre en route, à présent.

Près d'une heure plus tard, Centiryon arriva en vue de la forteresse. Celle-ci était surélevée et au sommet de..ce qui ressemblait à une montagne. De toute évidence, cet endroit avait été modifié pour plaire aux goûts et aux besoins de l'envahisseur. En observant de plus près, Centiryon pouvait dénoter les avantages de l'emplacement stratégique. Pas étonnant que des Hollows aient investi l'endroit. Ne désirant pas trop s'approcher, il se contenta d'observer à distance. Ses yeux dorés parcouraient les murs de la structure qui lui faisait penser à Las Noches. Après tout, lui aussi était la création d'un autre envahisseur. Le chevalier allait continuer son exploration, quand une voix féminine l'empêcha d'aller plus loin. "J’ai connu des hollows audacieux, mais rarement aussi inconscients." Oui, elle avait sans doute raison. Venir ici était dangereux, même qu'il fut la cible d'une attaque en chemin. Il ne pouvait lui en vouloir de dire la vérité, mais le ton condescendant qui résonnait au fond de sa voix lui laissait croire qu'elle se moquait de lui."Que viens-tu faire par ici ?" Une question bien pertinente, mais même lui n'avait pas la réponse pour le moment. Pas de doutes possibles, il s'agissait certainement de l'une des résidentes de cette forteresse. Le chevalier finit par faire face à son interlocutrice.

Une certaine surprise pour Centiryon. Cette créature ne ressemblait en rien à tout ce qu'il avait pu voir jusqu'à maintenant. Son aura ne mentait pas, il s'agissait sûrement d'un hollow, mais sa forme humanoïde, ses yeux, sa peau claire et son masque étrange laissèrent le Vasto dans le doute. S'agissait-t-il d'un hollow évolués qui aurait brisé son masque? Franchement, cette expédition devenait de plus en plus intéressante. Mais elle lui a posé une question, pas vrai?...La voix de Centiryon se faisait grinçante, un peu comme le bruit d'un insecte qui chante." Je ne fais que vagabonder. Je ne suis pas une menace."

Le bas de ta robe traîne sur le sol, marquant ton passage dans le sable de cet imposant désert. Tu t’approches du nouveau venu, de celui que tu as identifié comme un intrus, avant de t’arrêter à quelques pas de lui. Un peu surélevée, le prenant littéralement de haut, tandis qu’il y a une touche de moquerie dans ta voix. Tu en as connu beaucoup, des Hollows qui ne faisaient pas preuve d’instinct de survie. Cependant, même ceux-ci savent de ne pas trop s’approcher d’ici. Que ça pourrait être dangereux. Parce que s’il n’a pas encore enfreint les règles…

Ce n’est pas comme si vous attendiez que faute soit commise pour punir.

Il te répond, confirmant alors tes premières impressions. Une créature dotée d’intelligence, donc. Capable de parler. D’analyser une situation. De se présenter comme n’étant pas une menace. Il y a un petit rire qui s’échappe de tes lèvres, semblant presque… Amusée ? Tu trouves ça mignon. - Je le sais bien. Et il y a de la suffisance, dans ta voix. Tu sais qu’il ne représente pas une menace. Comment le pourrait-il ? Il n’est qu’un insecte.

- Ne sais-tu pas qu’il est dangereux de vagabonder par-ici ? Tu fais un pas dans sa direction. - Pour ceux comme toi, je parle. Tu le désignes d’un vague geste de la main. - Sauf si c’est que ça t’intéresse ? De perdre ton masque ? Après tout, s’il n’est actuellement qu’un insecte caché derrière son masque… Peut-être qu’il aspire à plus ?

À plus de puissance ?
À une nouvelle forme ?

Tu n’as pas perdu tes vieilles habitudes, même si ton culte n’est plus vraiment. Cette trop grande gentillesse que tu as, à chercher à guider les âmes égarées. C’est, tout du moins, ainsi que tu vois la situation. Tu es cette lumière dans la nuit qui guide le papillon. Celle qui pourrait lui montrer la voie pour lui offrir une vie plus… Intéressante ? Que de simplement vagabonder dans le Hueco Mundo. - Tu viens d’où ? Pour tenter d’un peu mieux le comprendre. De cerner la créature qui te fait face.

Pour savoir quel feu la ferait brûler.

La donzelle s'approcha légèrement de l'intrus, sans la moindre crainte. Cette attitude désinvolte qui frôlait la mégalomanie était un comportement dangereux aux yeux du chevalier. Plutôt que d'y voir du narcissisme, Centiryon y dénota plutôt de l'inconscience ou un manque total d'instinct de survie. Il l'ignorait, mais ceux qui perdaient leur masque y gagnaient une puissance incommensurable et c'est probablement pour cette raison qu'elle venait vers lui d'un pas si sûr, croyant avoir affaire à un être inférieur. Soit, mais comme il l'a dit lui-même, le Vasto ne cherchait pas l'affrontement. Il resta de marbre face aux avertissements de l'arrancar. Le danger était partout, en quoi cet endroit était si différent? "Même sans la reine, je ne craints rien. Affronter le danger fut toujours ma mission...et elle n'a jamais changé malgré sa disparition".

Étrangement, l'humanoïde lui offrit une chance de posséder cette puissance, de perdre son masque. Cette proposition semblait très étrange. N'étaient-t-ils pas jaloux des secrets que renfermait cette évolution? Ont-t-ils découvert un moyen de s'élever? Une illumination? Il faudra poser la question, car malheureusement, aussi curieux puisse-t-il être, Centiryon ne ressentait pas l'attrait pour la puissance et perdre son masque ne faisait pas partie de ses priorités pour le moment. En faite, il ignorait pourquoi vouloir le perdre en premier lieux. "Pourquoi? Pourquoi aspirer à cette forme? Cette question n'a jamais vu le jour dans mon esprit et cette ambition...je ne l'ai jamais connu. Votre vision des choses est excessivement différente de la ruche. Sans elle pour me guider..j'ai bien peur d'avoir besoin de réponses.."

La dernière question fut dure à entendre. Contrairement à la plupart de ses semblables, Centiryon n'était qu'une sentinelle, un drône aux service d'une entité qu'il pensait éternelle. Pourtant, la réalité est toute différente. Plus rien n'existait et il fut laissé à lui-même pendant bien longtemps. Un exilé, oui, c'est ce qu'il était maintenant. Devait-t-il raconter son histoire? Pourquoi? Elle ne semblait même pas le considérer comme un être vivant, alors pourquoi lui prêterait-t-elle son oreille?"Je viens...je ne sais pas. Mes souvenirs se résument à un seul endroit...le nid de la colonie, maintenant détruit..Nous avons tout perdu."

Émettant un léger sifflement de dépression, Centiryon se mura dans le silence, se contenant de regarder le sol en hochant la tête. Sa cape qui volait au vent était le seul vestiger de sa personne qui bougeait encore. Il semblerait que le chevalier n'ait pas encore digéré la mort de son ancienne souveraine.

Il y a encore tant de ces âmes perdues. Ces âmes en peine. Celles qui ne savent pas où avancer sans être guidées par quelqu’un d’autre. Toutes ces âmes qui ne savent pas réfléchir par elles-mêmes, dont l’existence n’a d’importance qu’au travers les actions d’une autre plus importante. Tu as longtemps été cette reine dont il parle, pour des âmes un peu comme lui. Mais fut une époque, tu étais celle à suivre le roi. Celle qui n’a pas su quoi faire, suite à la disparition du roi. Celle dont la vie a perdu tout son sens, lorsqu’il s’est volatilisé.

Fut une époque, tu étais un peu comme lui.
Seule, et perdue.

Mais depuis ? Les années sont passées. Décennies. Siècles. Et tu as recommencé à exister. D’abord avec une autre reine pour te guider. Puis seule. Jusqu’au jour où tu es devenue reine. Où tu as déployé tes ailes pour guider tous ceux dont le chemin s’est perdu en même temps qu’elle. - À quoi sert d’affronter le danger s’il n’y a plus personne à protéger ? Que tu lui demandes, à celui qui t’a partagé la perte de sa reine. Sa disparition. - Pourquoi mettre ta vie en danger et ne plus craindre la menace, alors qu’il n’y a plus que toi-même pour s’inquiéter de ta survie ? Sans personne pour le guider, sans personne à s’attendre de lui qu’il affronte ce danger… À quoi bon continuer d’y faire face ?

Tu n’as pas perdu tes habitudes. Celles de guider ces âmes perdues. Celles dont l’existence n’a guère d’importance. Celles qui ont cessé d’exister en même temps que leur raison de vivre. - C’est dommage. Lorsqu’il te dit ne pas avoir de réponse, concernant la perte de son masque. - C’est… Grisant ? De s’affranchir de son masque. De découvrir tout ce potentiel que tu ne sais même pas que tu possèdes. De s’armer face à la menace, d’une arme autrefois réservée qu’aux Shinigamis. Ce Zanpakutō qui tombe à ta taille et témoigne d’une puissance que tu as su acquérir au fil des années.

Tu t’intéresses à lui. Un peu. D’où il vient. Pour en savoir un peu plus concernant cette ruche dont il parle. Sa reine. Et tu entends l’âme qui souffre d’une lumière perdue, désormais coincé dans l’obscurité d’une existence aux raisons encore floues. - Si tu es encore en vie c’est que tu n’as pas tout perdu. Qu’il peut encore faire quelque chose de sa vie.

Car il a encore l’infini qui s’offre à lui.