Welcome to the jungle ! [Pv : Ryo]

— Hm, m’a l’air prometteur c’lui-là ! Kisaragi Ryo, j’ai son papelard sous l’nez, son dossier de nouveau soldat chez les Swords. Récemment, on est venu me les briser pour que j’aille à sa rencontre histoire de l’intégrer à l’unité, lui faire découvrir la maison et lui donner les petits trucs et astuces pour devenir le parfait petit tueur de Hollows. Mais qu’on lui foute la paix un peu à ce gamin bordel, il vient à peine de débarquer qu’il faut d’jà lui mettre la pression avec l’trucs chiants ! J’veux dire, c’est un nouveau on a compris, mais laissez lui l’temps d’se faire à son nouveau jouet déjà, c’pas comme s’il allait crever dès demain.
Quoique… Ça dépend de si on l’a pas déjà envoyé en mission avec l’mauvaise personne, en fait. Une fois comme ça, y’a un p’tit jeune qui s’est fait déchiqueter sur sa première mission contre un Hollow. Son partenaire était pas vraiment d’genre à surveiller les miches de ses potes et ça a été expéditif, un vrai massacre.

Mais avec lui ça va être différent, j’le sens ! J’avais l’flemme de lui tomber d’ssus jusqu’à aujourd’hui, autre chose à branler que d’aller causer avec tous les péquenots qui rejoignent ma section. King ou pas King, j’ai aussi une vie merde. Mais ça, Hanae elle l’pige pas. Hanae, elle vient m’les briser jusqu’à ce que je cède. Et là encore, elle a pas voulu lâcher l’affaire. Que c’est inquiétant que personne se soit chargé de son intégration, qu’il aurait fallu tout lui expliquer dès son premier jour, être sûr qu’il sache bien ce qu’il foutait là et où est-ce qu’il était. La barbe. Je l’aime bien Hanae, c’ma pote un peu bonne dans laquelle j’pas l’droit de taper parce que c’est ma pote. Mais eh, c’qu’elle est chiante parfois !
L’pire, c’est que j’sais bien pourquoi elle est comme ça. Elle a les morts d’pas avoir été nommée Queen. C’le poste qu’elle vise depuis des années, bien avant que l’nouveau King chez les Cups ramène ses miches à l’Ultima. Alors j’peux comprendre que de voir que l’patrons préfèrent embaucher un inconnu que de la placer elle à ce poste, bah ça fout les boules, mais elle devrait pas reporter ça sur ses collègues, c’est lourd. C’est pas ça qui va lui faire obtenir une promotion hein.

Ma section, j’sais la gérer. Jusqu’à présent, personne d’en haut n’est venu me dire que j’faisais d’la merde. ‘Faut dire que y’a pas besoin de faire grand-chose, à part tout démolir quand y’a besoin d’nous. Moi c’que j’pense c’est que tant que l’Boss vient pas en personne m’cramer la gueule ou mon deuxième bras, c’est que j’assure. Donc si j’assure, y’a personne qui doit v’nir me dire comment gérer mes éléments. Encore moins ma façon d’accueillir les nouveaux. Chez moi on dit chacun sa merde, elle ferait bien de pas l’oublier ma p’tite blondasse préférée. — Alors, on m’a dit qu’il s’rait ici l’ptit merdeux. Ici, c’est une piaule qui lui a été filée pour les moments où il a envie d’squatter à la base. Parce que si on force pas l’gars à passer leur vie ici, ‘vaut mieux avoir un endroit où glander quand y’a rien à faire. Comme après la pause bouffe.
Et c’est donc d’un grand coup d’la semelle d’mon panard que j’défonce la porte pour faire irruption. Verrouillée ou pas, j’y ai foutu suffisamment d’puissance pour que le verrou saute et que la porte vienne claquer contre l’cloison intérieure d’la chambre. — YOOO RYOOO ! DEBOUT P’TIT CON, V’LA TON KING, KING KONG, le KING DES KINGS, MAIS SURTOUT L’KING DES SWORDS !

On m’a dit qu’il était potentiellement aussi con que moi, j’ai hâte de savoir ça. — J’ESPERE QUE T’ETAIS PAS EN TRAIN DE TE PALUCHER SALE VICIEUX ! GIAH-AH-AH-AH ! C’est que l’isolement parfois, ça mène à une surconsommation de porno. Et le porno, quand t’es solo dans ta piaule, bah c’est une solution plutôt viable hein.

J'vais être franc, j'étais pas sûr au début. J'l'aime bien, Junichiro, mais c'est quand même pas très net, c't'histoire. Une organisation secrète de mecs qui donnent des pouvoirs magiques et qui prétendre être des super-écolos ? Mouais, j'y crois pas trop. Enfin, surtout la dernière partie : pour les super-pouvoirs, j'peux pas vraiment contester, même si j'ai pas eu de chance au tirage.
J'ai pas l'intention de me barrer, c'est pas mon genre de lâcher les potes, mais c'est quand même le genre de plan où on a tendance à se réveiller à poil dans une baignoire avec des morceaux en moins. J'ai rien contre la scientologie, mais je compte pas laisser un de mes poumons à qui que ce soit d'autre que le cancer.

Enfin, j'dis ça, mais c'était avant de recevoir ma première paye - autre que le pot-de-vin que mon pote m'a filé pour que je reste, je veux dire. Bonus à l'embauche, prime de risque, peu importe : je sais juste que j'ai rarement eu autant de biftons sur mon compte, et ça se fête ! Pas que la bouffe à la cafétéria soit mauvaise, j'm'attendais à pire, mais quand on a les moyens, on mérite mieux que ça.
J'sais même plus depuis quand j'ai plus eu l'occasion de manger de sushis, encore moins à m'en faire péter le bide. Déjà que manger tout court c'était pas tous les jours facile... Avec la thune que je viens de me faire, j'suis pas près de rebouffer des ramen, c'est moi qui vous le dis ! Si j'avais su qu'il suffisait de les laisser me planter un truc douteux dans le bras, j'serais venu plus tôt, j'ai déjà reçu moins pour des tests plus intrusifs.

Et en plus de ça, ils m'ont filé une piaule, ces cons. Ça a beau être qu'une seule pièce, c'est presque aussi grand que mon appart, et sans devoir payer le loyer. Il m'a pas fallu longtemps pour déménager, vous pouvez me croire. Encore moi ça va, j'vivais pas loin, mais j'imagine que c'était un peu plus casse-couilles pour certains de devoir se taper le trajet vers le QG tous les matins.
D'où le fait d'avoir prévu un endroit où crécher. Dans tous les cas, j'vais pas m'en plaindre. Si on me file un truc gratos, c'est pas mon genre de refuser. Par contre, vu que c'est la merde pour trouver un distributeur ici en bas et que j'ai pas encore trouvé la boite à suggestions, j'ai préféré faire quelques courses avant de redescendre. 'Faudrait quand même pas que je manque de trucs à graille, surtout avec le genre d'exercice qu'on me fait faire.

Je rentre sans encombres - les gardes avaient du mal au début, mais ils commencent à avoir l'habitude de voir ma tronche -, juste à temps pour trouver un pauvre taré en train d'essayer de rentrer de force dans ma chambre - et d'y arriver.

▬ PUTAIN, MA PORTE !

Effaré, je porte les mains à mon visage, laissant tomber le sac de courses que je tenais dans une main et la glace à l'eau que j'avais dans l'autre (c'était pour le dessert, vous comprenez ?). Ni une ni deux, je fonce et j'attrape le type par le col pour le plaquer contre le mur avant qu'il puisse aller fourrer son nez dans mes affaires. J'ai peut-être pas grand chose, mais j'y tiens ! I

▬ T'es qui, toi, connard ? que je lui crache dessus en même temps que la fumée de ma clope, le seul truc que j'ai pas lâché dans la panique. Ça t'arrive souvent de foutre en l'air le mobilier des honnêtes gens ? Et si j'faisais pareil avec tes genoux, hein, qu'est-ce que t'en penses ?!

J'ai rien entendu de ce qu'il était en train de brailler quand j'ai débarqué, et pour tout dire, je m'en branle. Qu'il soit torché ou défoncé au plâtre, c'est pas une excuse. Pour une fois que j'avais un endroit où me poser, y fallait qu'il y ait un trou du cul pour venir me le saboter. Qui va payer pour ça, hein ? Putain, il a intérêt à raquer !

Deux surprises en l’espace de quelques minutes. D’une, j’ai beau zieuter dans tous l’recoins d’sa foutue piaule, Mister Smoke est pas là. Genre, vraiment. C’pas juste un p’tit jeu où il s’cache et moi j’dois l’trouver pendant qu’il tape dans ses mains, il est vraiment pas là. Pas d’trace d’son p’tit cul de merdeux, en tout cas. Soit il est vraiment pas là, soit c’t’un putain d’magicier qui sait s’rendre invisible. C’qui serait trop cool, mais c’pas c’qu’on m’a vendu moi. Les erreurs ça arrive hein, mais j’y crois pas trop. Si c’tait un espèce de mentaliste qui peut tromper la vision des autres en jouant à j’sais pas quoi, on me l’aurait probabl’ment pas refourgué d’jà, puis j’en aurais entendu parler bien avant que Blondie vienne m’pleurer dans les pectoraux.
C’qui ouvre grand l’porte à la deuxième surprise, j’entends que ça braille fort sur l’côté, une voix d’mec. J’ai à peine l’temps d’jeter un oeil que y’a une espèce d’furie blonde qui m’tombe d’ssus, m’colle féroc’ment contre l’mur et m’demande des comptes. Ah. Il est là final’ment. P’tit, tignasse d’paille, une sale fiole et une mauvaise tendance à fumer, l’descriptif que j’ai lu colle plutôt bien, j’pense pas m’planter d’cible. J’lui claque un sourire carnassier, ça m’plaît c’que j’vois, il a du caractère l’petiot. — Yo, Ryo. C’justement toi que j’venais voir, j’ai failli être déçu ! Mais après ça, pas moyen, j’l’aime d’jà mon nouveau soldat. — Par contre, t’es gentil, tu m’lâches. Et j’attends pas qu’il obéisse sag’ment, j’le force à casser l’emprise qu’il a sur moi. — Fouu, c’quand même plus respirable quand y’a pas ta fumée d’merde qui s’la joue sexe pas consentant avec mes orifices faciaux !

J’lui sors d’mots scientifiques et tout pour qu’il soit impressionné, s’retrouver chez les Swords, c’est s’retrouver chez d’gens qui ont du vocabulaire mon gars. Et maint’nant que chacun a son intimité, on va pouvoir parler plus calmement. — D’abord, d’solé pour la porte ! C’t’un vieux réflexe d’agent d’terrain, quand tu t’retrouves face à une porte verrouillée, pas l’temps de la crocheter, TU TAPES ET TU ENTRES BONHOMME ! C’est à peu près c’que mon vieux pote, Baker, un ancien soldat d’l’armée de l’Amérique ou une conn’rie du genre, m’a appris du temps où on traînait ensemble. — T’emmerdes pas pour l’réparations, c'est à mes frais, j’verrai avec un gars des Coins pour qu’il en remette une plus solide ! C’est aussi une façon sympa d’lui dire que ça sert à rien d’se foutre sur l’tronche pour ça, qu’on repart d’zéro et on passe à d’choses plus intéressantes. Mais, parce que y’a toujours un mais. — Maint’nant, s’tu veux toujours m’péter l’genoux, j’nous réserve un créneau dans l’salle de l’espace et du temps et on s’tape, pas d’soucis ! - Giah-ah-ah-ah !
J’suppose que d’toute façon, ça finira par arriver tôt ou tard, c’normal pour le King de tester ses hommes.

— Ah, et moi c’est Ganryū. Kichigai Ganryū, King of the Swords. En gros, t’es dans ma section, celle des combattants, et j’suis ton boss. S’il est aussi teubé que moi, j’vais pas chercher à faire trop compliqué pour qu’il assimile bien l’choses. — J’suis v’nu voir comment t’vas, l’autre fois Blondie m’a dit que t’avais l’air un peu paumé, que t’savais pas trop c’que tu foutais là ! Normal. Moi aussi j’savais pas trop c’que j’foutais là en vrai, quand j’ai débarqué avec l’reste d’la bande. Et en vrai, si j’cogite un peu depuis, ça a pas trop changé. J’veux dire, j’ai suivi l’Boss à l’époque parce qu’il a accepté le deal avec l’Ultima Necat, mais j’leur dois rien à ces enfoirés, à part c’bras d’robot. D’puis, qu’est-ce qu’ils ont fait pour moi sans qu’ce soit par intérêt ? Dès l’instant où j’veux plus obéir et aller taper là où ils veulent que j’tape, ils m’foutent dehors. Et par m’foutre dehors, j’entends en p’tits morceaux dans d’sacs poubelles.

J’viens m’coller contre l’mur, l’dos et la s’melle d’une d’mes godasses en appuis contre l’cloison. Bras croisés, j’pousse un soupir. J’sais pas si c’est d’l’ennui ou autre chose, j’suis pas très doué pour cogiter sérieus’ment. Moi, j’préfère causer, alors j’ouvre encore l’bouche.

— T’es arrivé ici par ton pote, l’King Junichiro, c’est ça ? On m’a dit que t’étais pas comme moi, qu’t’étais pas naturel. C’la tendance à l’orga’ d’puis un moment, de créer des soldats plutôt que d’aller l’chercher dans l’rue. 'Fin j’veux dire, ils t’ont foutu un truc dans l’corps pour te transformer en Fullbringer. C’pas un peu chelou comme truc ? Pourquoi t’as accepté ça ? Tu flippais pas qu’ça foire et qu’tu deviennes un légume ? Ou qu’il te pousse d’couilles sur l’front ? Ils s’prennent pour des d’dieux dans leurs labos, mais eh, moi à ta place j’aurais pas eu confiance ! J’leur fait pas vraiment confiance, d’toute, sur aucun point.

▬ De quoi ?

Qu'est-ce qu'il cause, ce type. Ça s'arrête jamais. J'en oublierais presque que j'avais envie de lui casser la gueule. Presque.
D'accord, il est plus mastoc que moi, et alors ? Ce serait pas la première fois que j'étale un type qui fait deux têtes de plus que moi. Ceux qui pensent que c'est impossible ont jamais vu Ken le Survivant.

Et donc, apparemment, ce trou du cul c'est mon nouveau patron. SUPER. J'ai vraiment l'art de me ramasser tous les cassos du périmètre.
J'te retiens Junichiro, t'aurais pu me prévenir.
Bon, j'imagine que ça remet à plus tard le moment où je lui fais bouffer ses dents si j'veux avoir quelque chose à mettre sous les miennes. Fait chier.

▬ Ouais ben voilà, j'suis là, pas besoin de foutre en l'air le mobilier, que je grogne.

Au moins il offre de payer pour les réparations, c'est déjà ça de pris. 'manquerait plus que ce soit retenu sur mon salaire, déjà que je sais pas à combien je vais avoir droit... Je suppose qu'en attendant, j'ai plus qu'à foutre un drap devant et baisser le volume de - de ma musique, ouais, voilà.
Je m'accroupis pour faire mes adieux à ma cible à fléchettes, qui a pris en même temps que la porte. J'avais encore un vague espoir de pouvoir la sauver, mais quand j'ai commencé à compter les morceaux et que ça a dépassé dix, j'ai dû me rendre à l'évidence : ça va pas être facile de la recoller.
Toujours la clope au bec, je soupire :

▬ Putain, heureusement que j'avais pas encore eu le temps d'accrocher des posters...

Y'a trop de mots, mais je retiens quand même quelques trucs. Kichigai Ganryū, King of Swords, tout ça. « Section des combattants », sans déconner ? Je l'aurais pas devinée, celle-là, tiens...
Bon, en même temps, je peux pas totalement lui donner tort : c'est vrai que je pige pas grand chose... Mais je suis pas sûr que c'est avec lui que j'vais mieux comprendre ce qui m'arrive.
Éteignant ma clope sur les débris, je me relève en époussetant mon pantalon. J'ai fait mon deuil, on va essayer de reprendre le fil de la conversation.

▬ C'est ça, ouais. Pourquoi, tu le connais bien ?

Puisqu'il est déjà au courant, j'vais pas me fouler à raconter des histoires. Si Junichiro a été lui raconter, j'imagine qu'il en à rien à foutre que ça se sache, c'est pas comme si l'autre avait pu sortir l'information de son trou de balle.
Remarque, y'a peut-être des gens qui peuvent faire ça ? J'en sais rien.
À l'entendre, la façon dont j'suis arrivé ici est pas normale. Ben tiens, 'manquait plus que ça.

▬ C'est toi qu'es pas naturel, oh. Non mais. C'est qu'il va finir par me vexer, ce con. Quoi, c'est pas comme ça qu'on fait, d'habitude ? La piquouze dans le bras et hop ? Merde alors, j'aurais su... Pensif, je me gratte le menton. On fait comment d'habitude ? C'est en cachets ? En suppositoire ? Non parce que d'accord, la seringue qui brille en bleu fluo c'est flippant, mais je suis pas sûr que ce soit meilleur de se le mettre dans le derche. Je le regarde de bas en haut d'un air soupçonneux. Attends. C'est comme ça que t'as eu ton bras-robot ?

Ça explique tout.