C'EST LA BAGARRE !!!

- Putain, j'suis chaud comme la baise !!

Expression détournée de sa prononciation habituelle mais ce n'était pas la première fois qu'il se plantait de la sorte, sa culture "expressions populaires" ayant été fortement impactée par Kamui alors qu'il était dans sa bande à l'époque. Cet endroit, ce n'était pas n'importe lequel évidemment. Une salle d'entraînement qui permettait aux shinigamis de se foutre joyeusement sur la tronche sans craindre de détruire quoi que ce soit. Avec la petite touche en plus qui permettait d'en changer le décors.

Debout en plein milieu de la salle, Shinjiro faisait des moulinets avec les bras, s'échauffant pour ce qui allait suivre. Une tradition à respecter en sommes. Un petit échange amical avec celui qui avait été son partenaire d'entraînement des années durant, l'aidant à se renforcer et à atteindre ce niveau qu'il possédait aujourd'hui. Une confrontation avec Kyōken.

Les deux hommes avaient l'immense avantage de pouvoir se taper dessus sans qu'il n'y ait la moindre réelle animosité. Une rivalité saine qui avait été utile pour eux et que le colosse ne comptait pas abandonner pour l'heure. Car progresser, il en avait encore besoin. Faire mieux. Il sentait qu'il approchait peu à peu d'un de ses objectifs. Maintenir son shikai de manière permanent. Il sentait qu'il se rapprochait du but. Ah. Quelqu'un arrivait. Avant même de lui laisser le temps de crier son propre cri de guerre, le colosse beugla !

- C'EST LA BAGAAAAAAAAAAAAAAAAAAARRE !!!!!

La chose était annoncée avec son calme habituel. Un large sourire présent sur le visage de l'Argenté. Il en profitait car généralement, les échanges avec son compagnon étaient assez musclés et il n'y avait aucune raison que cela soit différent aujourd'hui. Dans l'esprit de Shinjiro, une seule chose comptait. Passer un cap. Passer cette nouvelle étape. Et son ami pouvait l'y aider.

@Kyōakusei Kenshirō

Tōshi no Budōkan. Ces salles d’entraînement avait quelque chose de pratique quand même hein, y avait pas à dire. Bon, ça n’avait pas forcément été facile d’y attirer Shinjiro les premières fois. C’est que c’est un peu « magique » en quelque sorte. Alors il avait dû lui trouver un bobard du style « mais non, c’est une grotte cachée, on pourra s’entraîner tranquillement ». Si bien que depuis il programmait toujours leur salle pour qu’elle ait cette apparence lorsque c’était lui qui devait s’en charger, même si le colosse avait – sans doute ? – compris et accepté la vérité depuis lors. « Ici, on pourra s’y donner à fond sans avoir à retenir les coups et sans s’attirer de problèmes pour avoir tout pété ». Ça, c’est vrai que c’était un excellent argument qui ne pouvait que faire mouche avec lui aussi.

Le rendez-vous avait été pris cette fois par Shinjiro. Kyōken avait reçu quelque chose d’assez sommaire mais néanmoins d’un clarté absolue. Un papier d’emballage un peu gras, avec une inscription en majuscules hachées qui disait juste : « BAGAAAAAAARRE ». Ça se refuse pas hein ? Les invitations romantiques comme ça, forcément qu’il ne peut que répondre présent. Il avait bien récupéré depuis son combat avec Mizuki, et commençait à s’ennuyer un peu de l’inactivité – la paperasse ce n’était évidemment pas trop son truc.

- C’est la bagarre, c’est la bagarre… Que des belles paroles moi je dis, t’es prête à danser ma jolie ?

Tire sa lame droite dépourvue de garde de son fourreau.

- Tu m’as chauffé, en piste ma mignonne !

Voilà le champion qui déboulait enfin, visiblement emballé par le combat qui allait suivre lui aussi. Il aurait été étonné du contraire bien sûr mais il était carrément motivé à l'idée de pouvoir l'affronter cette fois encore. Il sortait déjà son Zanpakutō, preuve qu'ils allaient encore une fois bien s'amuser. Il était toujours étonnant de parler d'amusement alors qu'ils s'apprêtaient à se foutre sur la tronche mais on ne se changeait pas.

- Oh ça, j'espère que t'es bien chaud ouais. Parce que j'vais t'faire la totale.

Un sourire de pure joie sur son visage alors que lui même dégainait son Zanpakutō. En d'autre circonstance, en face d'un autre adversaire, il se serait posé la question. Lui qui se battait autant avec sa lame qu'avec ses poings. Mais face à lui, pas question de tergiverser. Kaimetsu réagissait à l'aura du colosse alors que ce dernier prononçait la formule de libération de son shikai. La lame prit sa forme véritable, celle qu'elle appréciait le plus sans le moindre doute.

Et déjà se lançait-il en avant d'un shunpo. Arrivant pile face à son adversaire. Pas question d'attaque dans le dos ou d'une feinte pour ensuite passer sur le côté. Cette fois, c'était du frontal. Lâchant sa lame qui se planta près de lui, Shinjiro débutait son ballet.

Une série de petits coups visant les genoux, les bras, les zones susceptibles de limiter les actions futures de son adversaire s'il parvenait à l'atteindre. Une combinaison suivit immédiatement après d'une bonne droite dans les gencives. Puisqu'il avait profité de son shunpo pour arriver jusqu'à lui, autant essayer de suite de prendre la main sur le combat non ?

- T'endors pas ma poulette, c'est que j'ai un grand besoin de câlin moi !!

Les courtoisies étaient lancées, mais ça ne durait jamais vraiment longtemps. Boh, pas qu’ils ne s’amuseraient pas à se lancer quelques vacheries dans la tronche ça et là bien sûr, mais c’est toujours plus dur de causer quand t’as du sang plein la bouche. Il a déjà assez affronté le Colosse pour savoir de quoi il était capable. Et connaissant sa stratégie du jour, il savait que cela lui arriverait bien vite. Pas étonnant que l’autre lui balance de pas se mettre à roupiller, vu comme il avait été passif sur cette première offensive. Cela ne lui ressemblait pas vraiment. De coutume il sautille de partout, se déplace sans arrêt. Mais là il reste passif. Pas comme s’il se contentait d’être un sac de frappe. S’il encaisse, il tente quand même de ne pas se faire démolir gratuitement. Mais un Shinjiro qui fonce de front, pas encore tout à fait échauffé, ça laissait forcément plus de failles pour la contre attaque.

- Que les corbeaux se repaissent du festin sanglant, Raikōenjīro !

Son moment c’est maintenant ! Shinjiro a laissé son arme pour administrer ses coups constituant une gêne certaine, mais il avait dû attendre cette droite décernée pour s’offrir le meilleur créneau. Le moment précis où sa main maîtresse se trouverait le plus loin de son arme fichée dans le sol. Alors son sabre devient haladie que l’argenté connaît bien. Coutumier des Shunpo à très courte portée, il en effectue un premier maladroit, contraint par la première offensive de Shinjiro, avant d’adresser une frappe de sa lame courte visant l’aine. Son prochain Shunpo, immédiat, tente de se placer entre le géant et sa lame. S’il sait que ce dernier peut la manipuler, il la craint moins ainsi pourtant que dans ses mains pour le moment. Et là, tâchant de profiter de la surprise, d’administrer un autre coup à revers, visant l’abdomen cette fois.

- Allez, montre-moi c’que t’as dans les tripes ! Enfin, me gerbe pas dessus non plus, fais pas l’con...

L’humour, en dernier recours, pouvait peut-être le désarçonner également ?

Il connaissait suffisamment Kyôken pour savoir ce qui allait suivre. Cette technique, il l'avait déjà subi plus d'une fois. Rapide et précise, elle ne laissait généralement pas de place à l'hésitation sous peine de le regretter. Fort heureusement, Shinjiro pouvait compter sur sa propre force physique. Renforcer son corps n'étant pas quelque chose de difficile pour celui qui s'entraînait depuis si longtemps. Se servant de sa propre vitesse, il essaya tant bien que mal de se sortir de cette impasse.

Seulement ce ne fut pas suffisant. En dépit de ses efforts, la manœuvre de son adversaire était trop précise pour lui permettre de s'en soustraire. Le coup de l'abdomen fut celui de trop. Lui coupant le souffle, le faisant reculer de quelques pas sous l'impact. Evidemment, si le colosse connaissait son ami, la réciproque était aussi là. Se déplacer entre lui et sa lame au moment de son attaque l'avait avantagé. Bien vu.

- C'est quand même un peu d'la triche de se foutre entre Kaimetsu et moi ! M'enfin... Pas grave.

Il leva simplement la main vers la lame, avec un sourire. Le magnétisme étant son pouvoir, il n'était pas difficile de la faire revenir vers lui. Elle s'arrachait du sol pour revenir directement dans sa main, se mettant de nouveau en garde. Sacré coup qu'il venait de subir mais il était temps de passer un cap.

De nouveau un déplacement rapide. Arrivant sur son flanc droit, le colosse attrapait sa lame par la troisième poignée, effectuant un mouvement latéral pour tenter de trancher dans le vif du sujet. Ici, trancher son pote de combat. Avec suffisamment de force et de vitesse pour le surprendre. Une aura argentée l'enveloppant dans le même temps pour tenter de l'handicaper un peu plus. Une sorte de petit jeu pour lui.

Comme il s’y attendait, Shinjiro récupéra sans mal son Zanpakutō, bien que sa stratégie s’avéra payante au point que le colosse lui-même reconnaisse la gêne que cela avait causé. Boh, c’était trois fois rien, l’on ne pouvait clairement pas parler d’un avantage décisif qui venait d’être pris. Même pas un avantage tout court, juste un fait de jeu qui aurait son importance ou non, l’avenir le dirait. Ils se connaissaient assez que pour connaître ce genre de petites choses et pouvoir chercher à les exploiter. C’était aussi pour cela qu’ils s’entraînaient si souvent ensemble après tout : repérer leurs points faibles pour pouvoir les combler. Ce dernier d’ailleurs ne perd pas de temps pour contre-attaquer, et ne désirant pas réellement être tranché en deux – il n’était pas trop chaud pour essayer cette expérience encore – Kenshirô chargea sa lame d’énergie spirituelle, prêt à dévier le coup reçu. Pas assez pour totalement s’en prémunir mais au moins atténuer la blessure – et surtout qu’il ne s’agisse que d’une plaie et pas d’un démembrement, ça ferait tâche si tôt.

Dans sa tête, il visualise plusieurs possibilités. Plusieurs séquences de combat, et leurs conséquences. Ce n’est pas son genre, et cette réalisation cause un trouble certain qu’il chasse en secouant la tête. Il avait perdu la majorité de ses combats contre Shinjiro, si bien qu’il se mettait à réfléchir beaucoup plus, à penser à de nouvelles stratégies, et si cela avait du bon car lui permettait de progresser, il ne fallait pas non plus que cela remplace son instinct. Kyōken était ce genre de combattant après tout ! Presque dans une routine, il scinda alors son haladie en deux dagues desquelles il s’évertua à frapper l’argenté maintenant qu’il s’était déplacé sur son flanc. Puis après quelques frappes, s’éloigna d’un bond, dépliant ses dagues dans le mouvement pour s’armer de ses emblématiques Corbeaux. Luisant d’une lueur carmine, imbibés de son pouvoir, il les lança alors vers son rival. S’il était touché, il ne sentirait rien, n’aurait pas de blessure apparente, même s’il en serait tout autant affecté. Mais ce ne serait plus une surprise pour lui qui en connaissait si bien les effets pour les avoir souvent subits...

Evidemment, il s'était attendu à une réplique cinglante. Surtout étant donné la proximité des deux hommes. Alors qu'il scindait sa lame, Shinjiro sut qu'il allait devoir encaisser. Les assauts débutaient tandis qu'il cherchait une faille mais elle n'arrivait pas. Trop rapide, il parvenait à l'atteindre. Mais le colosse savait qu'il devait se dépêcher. Cet assaut était simple mais serait obligatoirement suivi par quelque chose de plus conséquent. Alors que son compagnon s'écartait, il ne prit pas la peine de réfléchir. Il tendit le bras, libérant son pouvoir, laissant sa lame se gorger instantanément de son reiatsu. Laissant son aura prendre possession des lieux.

- BAN-KAI !!!!!! ZENMETSU !

Plutôt que d'exploser autour de lui, son énergie auréolait seulement Kaimetsu. L'immense Zanpakutō se liquéfiait, formant une masse sombre autour de lui, une petite mare dont il était le centre de gravité. De multiples billes métalliques s'élevaient de ce liquide pour tourner autour du colosse, formant un champ protecteur mouvant. Un champ qui ralentissait les attaques ennemies sans pour autant les arrêter, ce qui n'était pas leur but initial. Était-ce trop tôt pour libérer le stade ultime de son don ? Pas vraiment aux yeux du colosse qui souhaitait encore un peu plus approfondir la relation et les techniques qu'il possédait sous cette forme.

Bien lui en prit alors qu'il remarquait les Corbeaux arriver sur lui. Aidé par les billes métalliques qui l'entouraient désormais, il tenta d'esquiver l'attaque en se déplaçant, les petits satellites le suivant partout où il allait pour renforcer sa défense. Mais pas assez rapidement malheureusement. Impact il y eu en dépit des sphères. Mais aucune blessure. Seulement les effets sur son corps et sa psyché étaient bien présents eux. Maudits pouvoirs. Pour autant, le colosse souriait. Il avait toujours trouvé cette attaque splendide.

Sauf que c'était à lui désormais de jouer. Il levait ses mains alors que la mare à ses pieds semblait comme aspirer sa propre énergie pour se nourrir de ce qui allait suivre. S'il grimaçait au contact, cela ne perturbait pas pour autant sa concentration. Il allait déployer ce mouvement en deux temps. Trois lances fusèrent du liquide pour tenter d'empaler l'adversaire. Du moins aurait-ce été le cas dans un combat classique. Ici évidemment il minorait l'attaque pour ne pas blesser gravement son allié. Mais ce n'était pas fini alors qu'il effectuait un nouveau geste. Certaines des billes métalliques autour de lui semblaient se fondre les unes aux autres pour finalement former quatre disques dentelés, projetés à vive allure vers celui qui lui faisait face.

Kyôken comprendrait rapidement une chose : ces disques, s'il était touché, auraient un effet sur lui au fur et à mesure que le combat continuerait. Comme si le magnétisme de l'arme avait contaminé son corps.

Un Bankai, comme ça, « direct ». Pas le temps de niaiser, hein ? En vrai, Kyōken avait hésité un peu plus tôt. Foutue cervelle, ferait mieux de pas toujours l’écouter, nan ? Maintenant le voilà à devoir faire la course, ce qui signifiait clairement que ce n’était pas lui qui dictait le rythme. Bon, normal, c’était le colosse qui avait ouvert le bal. Mais son occasion de prendre l’avantage était-elle passée en même temps que son hésitation ? Une fois de plus allait-il être condamné à regarder son rival prendre l’avantage sur lui ? Pas sans se battre jusqu’au bout en tout cas, comme il en avait l’habitude ! Mais pour cela encore fallait-il être toujours en état de contre-attaquer !

Alors il esquive les lances qui n’auraient pu que lui causer trop de dégâts, en effectuant de multiples déplacements à très courtes portées, ne parvenant par contre pas à empêcher les disques d’entamer sa chair. Tant pis. Au moins est-il toujours debout. Puis il était meilleur avec la gueule en sang, c’était connu.

- Rah mais il pue ce Bankai ! J’connais cette odeur, attends… ah ouais ! Il empeste la trouille ! C’est normal t’inquiète. En vrai, ça fait que commencer...

Bon, fallait quand même une fameuse paire de couilles pour la ramener alors qu’on était dans un sale état contre un adversaire avec lequel on avait l’habitude de perdre. C’est aussi ça, le Kenshirō-style ! D’un mouvement habile, il transforme les Corbeaux en dagues à nouveau, avant de les assembler dans un éclat de lumière et de puissance.

- BANKAI !

- Mugen no Shinkusenjō no Sekai !

Le climat change du tout au tout. L’atmosphère se teint de cuivre, alors que se mettent à pleuvoir une grande quantité d’épées et de lames en tout genre. L’aire de combat prend des airs de véritable champ de bataille. Les mains libres désormais, il en lève une impérieusement, une panoplie d’armes se dressant autour de lui parmi lesquelles des répliques de ses corbeaux. Toutes se mettent à rougeoyer, avant d’être projetées vers Shinjiro dans un torrent à même de mettre à mal ses défenses.

- La trouille ?

Il ne pouvait qu'apprécier la répartie de son partenaire. Un autre que lui n'aurait certainement pas joué les fanfarons mais Kyôken l'ouvrait aussi pour prouver qu'il n'était pas sorti du combat, qu'il pouvait aisément continuer. Et cela, le colosse le savait. Son partenaire de combat disposait des ressources nécessaires pour résister. Mais aussi et surtout pour frapper fort à son tour. Rester prudent était la priorité, sans quoi il risquait de le payer cher.

Voilà que son propre bankai entrait en scène. Et avec lui, une pluie de lames et de mort qui ciblaient toutes les personnes qui auraient le malheur de se trouver sur le terrain. Shinjiro le savait. Il allait prendre cher, très très cher. Ces lames s'opposaient aux billes de métal qui l'enveloppaient. Mais elles étaient trop nombreuses, dépassant largement la défense de l'Argenté. Même sa bulle magnétique ne durerait pas longtemps alors qu'il subissait. Il bougeait mais pouvait-on éviter la pluie simplement en courant ?

Il devait réagir. Profitant d'une accalmie, il laissait son reiatsu se répandre en lui, s'écoulant dans son corps mais aussi dans la mare à ses pieds. Il grimaçait alors que l'énergie déployée semblait le pénaliser lui aussi. Un sacrifice pour pouvoir frapper plus fort. Même s'il sentait que le pouvoir de son bankai lui échappait. Renforcé par son reiatsu, il releva de nouveau les mains vers Kyôken. De nouveau les lances sortirent de la mare, plus puissantes. Plus terribles, nimbées de son énergie. Alors que des chaînes apparaissaient pour maintenir sur place l'adversaire, contraignant ses mouvements futurs.

Seulement il le savait. Une fois l'attaque passée, son bankai cesserait. Sa lame reprendrait sa forme shikai. Restaut à espérer que cela suffise et qu'il puisse tenir. Son adversaire du jour était fort. Très fort.

- J'peux encore tenir comme ça toute la journée hein. Et toi ?

Qui fanfaronnait maintenant ? Pas très crédible, le sixième siège.

Il lui avait mis cher. Et c’est déjà c’était une récompense. Mais tout concentré à sa défense pour ne pas sombrer sous la contre-attaque, il compris rapidement qu’il ne pourrait pas maintenir son Bankai plus longtemps. Question de survie, ses propres lames risquaient par trop de l’achever, si toutefois il parvenait à s’en tirer. Son Bankai était encore jeune, pas assez maîtrisé, et Kyōken peinait encore à faire s’emboîter ce nouvel ajout à son arsenal et son style d’antan. Il était capable de frapper très fort, mais s’épuisait d’autant plus rapidement. Simple contre-temps, le temps de trouver de quoi outrepasser cette limite provisoire pour briller à nouveau.

Heureusement, sa vitesse est telle qu’il n’a pas besoin de son Bankai pour se défendre, et alors que la pluie de lames cesse déjà pour qu’il ne se retrouve qu’avec ses Corbeaux en mains. Il multiplie comme à son habitude les Shunpo à très courte distance, donnant l’impression de très nombreuses téléportations, et devant à ses réflexes de n’avoir été totalement empalé. Son état était critique, sans l’ombre d’un doute. Et pourtant…

- C’est ça ouais, que de la gueule ! Regarde, j’te fais une fleur, comme t’es pas foutu de garder ton Bankai plus longtemps, je range le mien aussi. J’ai pas besoin de ça pour te foutre ta branlée, ça serait pas fair-play ! Juste un conseil… reste à terre !

Ses Corbeaux sont lancés une fois de plus, en y concentrant son pouvoir tant que leur rougeoiement était concentré sur les tranchants, beaucoup moins visibles mais plus redoutables. Les chaînes qui le maintenaient pouvaient peut-être restreindre ses mouvements, mais pas sa volonté à toute épreuve qui s’exprimait là par la plus pure manifestation de son pouvoir.

- RESTE… À TEEEEEERRE !

Beugle-t-il cette fois tout en faisant éclater son Reiatsu, finissant de le libérer. Presque au bout de ses forces, il y relâche à nouveau détermination à vaincre, les effets de sa pression spirituelle se faisant plus pesant encore. Alors, il court vers sa cible, en récupérant ses lames revenues à lui, tâchant d’en finir avec Shinjiro d’un dernier enchaînement.

C'est avec un sourire qu'il accueillit les propos de son ami. Il ne se faisait pas d'illusion, lui aussi cramait un max d'énergie en maintenant ainsi son propre Bankai. Faut dire que l'un comme l'autre étaient encore novices dans ce domaine même s'ils continuaient de s'exercer.

Mais il n'avait pas le temps de s'extasier. Renforçant son corps comme il le pouvait, il resserra fermement sa main sur une des poignées de Kaimetsu afin de s'en servir comme d'un rempart, d'une défense qui limiterait ce qui suivait déjà. Laissant la seconde libre pour dévier les attaques de Kyôken. Lui et ces maudits corbeaux. Lui et ses maudites capacités magiques. Il beugla dans sa direction, comme un ultime défi.

- C'EST MOOOOOORT !!!!!!!!!

Alors qu'il sentait son corps s'engourdir, il puisa dans sa propre énergie pour dévier une partie des coups qui pleuvaient sur lui. Seulement si son corps était résistant, il ne l'était pas assez face à ce déluge de technique. Il grimaçait alors qu'il subissait, parvenant néanmoins à limiter les assauts. A repousser la frappe alors que son ami sautait sur lui. Profitant qu'ils soient si proches pour enchaîner lui aussi avec ses propres techniques.

Ciblant certaines parties du corps de Kyôken avec son sabre cette fois ci. Les jambes pour l'empêcher de bondir comme une gazelle, pour lui couper ses ailes. Tandis qu'en pivotant sur le côté, il projetait avec force sa propre lame pour lui aussi essayer d'en finir. Comme s'il utilisait une batte et non pas un sabre. Poussant un dernier cri rageur.

- TU VAS ARRÊTER DE TE RELEVER BORDEL !!!!!

- Commence déjà par essayer de me toucher !

Arrêter de se relever ? Non, il ne tomberait pas. Un point auquel il se raccrochait de toutes ses forces. Cette fois-ci, il ne tomberait pas ! Qu’importe qu’il cherche à l’handicaper, à limiter ses mouvements. Ce n’était pas comme s’il se sentait encore l’énergie de bondir en tous sens. Le combat arrivait à son terme, à n’en pas douter, et en ce qui le concernait il en était arrivé à un stade où c’était d’une volonté de fer qu’il parvenait à poursuivre l’affrontement. Ainsi qu’il espérait bien progresser et prouver un jour qu’il était le meilleur. Non pas seulement à lui, mais à tous. Personne ne le surpasserait plus, dès qu’il aurait compris comment utiliser ses formidables talents à leur plein potentiel ! Car ça ne se jouait qu’à des détails, pas vrai ? Il était le meilleur, c’était un fait dont il ne pouvait qu’être persuadé. Il le prouverait, en temps et en heure…

C’est grâce à cette force, cette mentalité inébranlable qu’il demeurait debout, et chargeant ses lames d’énergie – du peu qui lui en reste – détourne les coups tant bien que mal. Il ne l’a pas touché, comme il l’avait dit. Mais les blessures accumulées l’avaient bien trop entamé. Et il se sent comme grignoté de l’intérieur, sur le point de vaciller. Dans un dernier effort, il concentre ce qu’il lui reste de force, et dans un hurlement la projette autour de lui. Sans précision, sans objectif, ce n’est sans doute rien de plus pour son adversaire qu’un halo lumineux qui ne saurait le blesser. Lorsque cette manifestation s’achève, il tient un sabre dépourvu de garde dans les mains. Même plus capable de maintenir son Shikai. La pointe de sa lame touche le sol, comme si elle l’aidait à se maintenir là. Son Reiatsu n’est sans doute plus perceptible. Vaincu, oui. Vaincu, mais toujours debout. Sans même plus la force d'une dernière réplique cinglante, à un souffle de s'écrouler.

C'était terminé. Terminé mais pas sans problème. Cette fois, il avait été plus proche que jamais de perdre et il le sentait. Son ami ne tombait pas et c'était tout à son honneur. Le colosse regardait ses mains. Il n'en pouvait plus. Mais il le sentait aussi : il avait senti une différence dans la sensation entre lui et son Zanpakutō. Il poussa un long soupir, faisant un pas vers son ami. La douleur lui arracha une grimace. Décidément, il avait pris cher.

Mais il poussait vers celui qui se montrait digne. Lui aussi paraissait à bout de force. S'il avait été face à un autre adversaire, il l'aurait laissé là. Il n'aurait pas pris la peine de l'aider. Mais lui, il était un frère. Il avait tout donné et il était exclu qu'il s'écroule après avoir tant donné, avoir fait en sorte de rester digne. Il passa son bras sous le sien, et les deux compères avançaient lentement vers l'entrée de la salle. Un petit sac s'y trouvait. Une sorte de trousse de premiers secours.

Shinjiro se laissait tomber. Kyoken ferait bien ce qu'il voulait. Il trifouillait la trousse et en sortit des bandes. Ainsi qu'un étrange baume qu'on lui avait filé et qui était susceptible de faire passer ses courbatures. Au contact, il sentait déjà que ça allait mieux. A moins que ce ne soit qu'un placebo ? Son regard se posait sur son pote. Pas sûr que lui aussi ait la force de parler. Et clairement, ce n'était pas obligatoire. Ils n'en avaient pas besoin.

Pas besoin de se montrer présomptueux. Pas besoin de fanfaronner. Il ferma les yeux, doucement.

- Je manque encore d'endurance.

Un simple constat. Rapport à son Bankai forcément. Il allait devoir travailler là dessus.

Fin de combat.
Premier tour de soin : +750/jauges

Shinjiro ne l’a sans doute pas remarqué, mais Kenshirō est loin de pouvoir réaliser quoi que ce soit encore. Ce n’est que lorsqu’il lui passera le bras sous le sien pour l’aider qu’il comprendra. En effet, Kyōken s’effondrera alors, maintenu uniquement par la force qu’il restait encore à Shinijro, lui-même n’ayant plus assez de jambes, ni même de conscience, pour faire le moindre pas. Aussi, lorsqu’il le poserait, il s’étalerait simplement. Le repos du juste ! Point rassurant, il respirait toujours. Et vu qu’il était affalé un peu de traviole, se mettrait sans doute à respirer fort, genre ça ronfle carrément. Mais bon, c’est pas qu’il ronfle hein, juste qu’il respire fort. Bah oui, personne ronfle, c’est comme ça !

Sa conscience est loin de là. Rêve-t-il ? Ou bien s’agit-il là d’un franc cauchemar ? En surface, rien ne se discerne à ce sujet en tout cas. Il restera là un bon moment, même après que Shinjiro se soit lassé et s’en soit retourné à ses occupations, sans doute, ou trouver du repos ailleurs. Puis bon, Kenshirō était un grand garçon, il se démerderait bien pour se faire rafistoler dès lors qu’il aurait assez récupéré...

Repos :
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