En troisième page

Sur la table, une bouilloire encore fumante attend de remplir les deux tasses en porcelaine disposées près d’elle. Une jeune femme aux longs cheveux blancs s’en empare avec délicatesse et verse le breuvage brûlant sans en renverser une goutte. La première tasse est tendue à l’autre demoiselle et la seconde est rapprochée d’un tas de feuillets. Les paragraphes qu’ils contiennent sont d’écriture et de longueur différentes. Certains plus lisibles que d’autres, plus soignés aussi, cela va généralement de pair.

- Hum… Non pas celui-là non plus...

La page que l’Immaculée tenait en main se retrouve déposée sur une pile écartée du reste. La table ressemble à un champ de guerre pour articles. Ses yeux bleus les balayent sans qu’aucun ne semble attirer son regard. Elle soupire. Choisir les articles qui vont paraître dans le prochain numéro n’est pas son passe-temps favori, mais heureusement, elle ne doit pas faire ce travail seule, elle peut compter sur son adjointe pour avoir de bonnes idées et tomber sur la perle rare.

- Est-ce que l’association des femmes Shinigami nous a apporté son article ? Ils sont toujours intéressants.

Ses mains fines et pales se referment sur la tasse qu’elle porte ensuite à ses lèvres pour boire une gorgée. Il commence à se faire tard et elle se demande si son protégé est bien rentré puis combien de temps encore elle aura à travailler avant de pouvoir se reposer un peu. Les journées défilent, s’enchaînent, et veiller tard est devenu une habitude. La Shugoshin est loin de s’en plaindre ayant toujours aimé être occupée, occupée pour ne pas trop avoir à penser ou à réfléchir.

Ses pensées vagabondent pourtant en cet instant où elle s’octroie une minute pour profiter des arômes délicats de sa boisson chaude. Sa comparse porte toujours un ruban rouge dans les cheveux, elle aussi d’ailleurs, bien que parfois il soit bleu, accordé à sa tenue. Fine observatrice, elle remarque que la teinte est très légèrement différente de d’habitude, l’éclairage peut-être ?

- Hum. Il est nouveau ce ruban ?

Ou peut-être que c’est juste elle qui est fatiguée.

Cela faisait quelques temps que j’avais vu cette annonce passer entre nos mains au sein des archives de la Seconde. Une missive de recrutement comme on en voit souvent passer, sauf que cette dernière ne manqua pas d’attirer mon attention. Il était question de constituer une ligne éditoriale visant à produire et publier ce que l’on peut appeler une Gazette, ou journal relatant des nouvelles de notre monde comme des autres.

L’occasion parfaite pour moi d’allier l’utile à l’agréable, puisqu’en plus d’être de nature très curieuse j’adorais plus particulièrement m’informer de choses et d’autres ou me documenter sur des sujets qui d’ordinaire n’aurait jamais pu éveiller mon attention.

C’est ainsi que je me retrouve aujourd’hui en bonne place, sous les ordres et conseils directs ce celle qui est à l’origine de tout ceci. La rédactrice en chef et Troisième Siège de la Huitième Division : Shugoshin Akemi. Je suis pour ainsi dire son bras droit, ce qui nous offre le luxe de partager quelques moments de sérénité à l’abri des regards et du tumulte de nos occupations habituelles. Une bouffée d’air frais bienvenue.

- Hm ?

Trop absorbée par la lecture d’un brouillon traitant d’une excursion sur Terre ayant menée à des découvertes singulières je ne retiens qu’en surface la nature de la question que l’on me pose. Je relève la tête, surprise de voir qu’on me tend une tasse de thé brûlant. Je repose machinalement le feuillet et m’empare avec soin le récipient avant de souffler dessus à de multiples reprises, le temps d’organiser mes mots tout en sortant du brouillard qui couvre encore mon cerveau endolori par tant de lecture.

- A vrai dire, je crains qu’il n faille encore attendre un peu. La Commandante en second du Kidōshū et Directrice de l’Association ne m’a fait parvenir que des idées… Farfelues. Enfin, j’imagine que l’horoscope devrait en intéresser plus d’un. En revanche, cette manie de vouloir faire un calendrier en nous déguisant… C’est à n’y rien comprendre…

Je ne m’étais que très peu entretenue avec Yane Yoru ces derniers temps mais je sais que certains de ces projets lui tenaient à cœur. En plus de gérer l’Association la voilà qui voulait également mettre un pied dans l’édition en soumettant toutes sortes de concepts. Je ne sais pas si je dois être admirative ou terrifiée devant cette femme. Pourquoi pas les deux.

Entre deux gorgées je tourne regard vers mon interlocutrice. Je peux sentir le poids de la journée peser sur mes pupilles. Entre mes obligations, mes entraînements quotidiens et les diverses tâches administratives j’en viens presque à regretter le temps où je pouvais souffler en compagnie de mes camarades. Il arrive parfois que je me fasse même du souci pour eux, maintenant qu’ils se retrouvent dispersés aux quatre vents.

Une nouvelle question vient cependant sonner le glas de mes pérégrinations mentales. Un sujet trivial, mais fort amusant et qui rejoint précisément mes pensées.

- Oh, ça. On peut dire que vous avez l’œil. Il me vient d’une amie qui m’est chère, et que je ne vois malheureusement qu’en de rares occasions depuis notre sortie de l’Académie. Cela permet, en quelque sorte, de la garder en pensées avec moi. J’ai conscience que c’est un peu niais, mais il est important de se raccrocher à ce genre de choses. Vous avez des amis également, j’imagine ? Des personnes à qui vous tenez particulièrement ?

Une façon comme une autre de briser la glace tout en essayant de se sortir du travail envahissant.

Tasse chaude entre les mains, la Shugoshin se réchauffe tout en écoutant la réponse donnée. Ce qu’elle souhaite pour la gazette, ce n’est pas forcément un tas de papier hyper sérieux et barbant. Certes il est important d’avoir ce genre d’articles informatifs, mais elle souhaite également que certaines pages puissent être moins guindées tout en restant un minimum acceptable. Cela doit rester un magazine tout public même en essayant de satisfaire le plus de goûts possibles. Alors les idées farfelues… Pourquoi pas, il faut voir !

- Oui je pense aussi, et même juste par curiosité que l’on y croit ou pas ça peut être amusant. Un calendrier ? Hum...

La jeune femme imagine ce genre de chose plutôt à part et qui n’aurait pas besoin de la gazette pour exister par lui-même. Mais malgré tout, elle ne se ferme pas à l’idée et, pensive, elle réfléchit à des solutions tout en avalant quelques gorgées. Un peu de théine pour avoir de l’énergie, c’est bien. Pas aussi efficace qu’un café, mais ces derniers ont un goût affreux.

- J’imagine que l’on peut faire des pages plus épaisses pour accueillir un calendrier et mettre cela en plein milieu du magazine. Par contre, des déguisements ? Quel genre ?

Sous-entendu qu’il faut que ça soit politiquement correct. Pas trop dénudé en somme.

- Il faudrait des photographies d’hommes aussi si l’on se lance là-dedans, que ce soit mixte. Notre public est varié, il faudrait dans l’idéal que ça intéresse le plus grand nombre.

Elle sourit doucement à l’explication donnée, touchante. Pour sa part, bonne question… La sociabilisation n’est pas son point fort. Elle se plonge à corps perdu dans le travail, ses tâches et ses devoirs. Sa bienveillance lui permet de bien s’entendre avec les autres en général, mais cela va rarement au-delà. La Shugoshin a l’impression de ne pas avoir ce genre d’ami très proche en tout cas. Il y a son frère, mais ce n’est pas pareil, c’est la famille, particulier donc. Et puis il y a Shūsui bien sûr, mais là encore, on ne peut pas dire que ça compte. L’âme d’un Zanpakutō c’est très particulier.

- Oui un peu, mais nous ne sommes pas aussi proches que vous semblez l’être. J’ai perdu de vue mes amis, collègues, de la Quatrième lorsque j’ai été transférée ici. Il y a Ogasawara Kōga-sama aussi, mais je suis son garde du corps, c’est un peu particulier comme lien. En-tout-cas, on ne m’a jamais fait de cadeau, vous en avez de la chance.

De toute évidence j’avais dû mal exprimer le fond de ma pensée. Si je ne suis pas contre l’idée d’un calendrier, j’éprouve en revanche quelques réserves quant à la nature de ce dernier. Heureusement, cela reste encore qu’un projet vague du moins, jusqu’à ce que cette chère Yane Yoru n’en décide autrement. Le simple fait d’y repenser m’arrache un soupir.

- A vrai dire je n’ai absolument rien contre la participation de tiers dans l’élaboration d’articles ou de contenu divers. Cependant j’ai pour habitude de rester méfiante, voyons-y une déformation professionnelle. Je doute que comme moi, vous soyez intéressée à l’idée de me voir en tenue d’écolière humaine sur la double page centrale de notre Gazette. Et pourtant, l’idée a bien été évoquée par la commanditaire.

Je lance un regard interrogateur à mon interlocutrice, j’espère sincèrement y trouver une forme de compassion et non d’approbation. Même si, dans le fond, rien ne m’oblige réellement à jouer les muses dévergondées pour le compte de celle qui semble nourrir de bien curieux fantasmes artistiques. Et puis, elle n’oserait pas faire pression sur une fille de noble famille histoire d’arriver à ses fins, n’est-ce pas ?

Je chasse l’image qui me trotte dans la tête et m’empare de la tasse encore brulante, me concentrant davantage sur le moyen de la refroidir. Ses ardeurs à elles pouvaient être aisément contenues. Akemi rebondit en évoquant que si cela devait ce mettre en place, ce qui me fait légitimement blêmir, il faudrait alors que le casting soit mixte. Une enclume tombe lourdement sur mes épaules. Je n’ai pas envie de m’offrir dans un accoutrement inapproprié à tous les pervers de la Soul Society, aussi devoir m’imposer les photographies du gratin masculin et musculeux du Gotei achève ma détermination. Si le concept semble la séduire, que puis-je y faire ?

Je ne dit absolument rien, consciente que mes arguments ne sauraient de toute manière changer grand-chose à l’heure actuelle. Je l’écoute donc plutôt s’attarder quelques instants sur un tout autre sujet. Des relations nébuleuses, la sensation de ne pas avoir de réelle place. Une chose que je ne connais que trop bien.

- Ma foi je compatis à votre situation. Notre famille est vassale du Tsunayashiro depuis des lustres, je ne sais que trop combien il est difficile de statuer sur la nature des relations inter-claniques. Assurer le rôle de Yojimbo nous empêche irrémédiablement tout contact trop personnel, pour des raisons évidentes. Quant à vos anciens camarades et bien, j’imagine qu’il ne tient qu’à vous de les confronter. J’aurais très bien pu être dans votre position aujourd’hui, si mes amis n’avaient pas fait montre d’une certaine… Insistance. Et avec du recul, je ne leur en veut pas.

Tous autant qu’ils sont, je dois reconnaître que sans leur initiative commune je serais à priori retombée dans une forme de solitude maladive. Mais à se faire violence, j’ai pu surmonter cela et même si je ne jouis pas d’une aisance naturelle à côtoyer mes semblables le fait d’avoir su créer des liens malgré moi est une aide au quotidien.

Akemi rit doucement à l’idée de voir Daestra en tenue d’écolière. Cette Yoru a de bien étranges idées. Est ce qu’au moins cela intéresserait du monde de voir ce genre de cliché ? Cela ne coûte rien d’en discuter en tout cas, puis il y a toujours la possibilité de surveiller tout cela de près. Akemi ne s’inquiète pas trop, car au final, ce sont elles deux qui auront le dernier mot. Quoiqu’il en soit, bien que tout cela la fasse rire, elle comprend que ce ne soit pas le cas de la principale intéressée. Malheureusement pour l’Immaculée, elle n’y connaît pas grand-chose en relations sociales et elle a bien du mal à comprendre ce que la Commandante en second peut bien avoir en tête précisément avec son idée farfelue.

- Vous n’êtes pas obligée de participer. Il est évident que nous aurons un droit de regard sur les clichés. Si des photos ne nous conviennent pas, nous les retirerons. Si l’Association des femmes Shinigami souhaite que nous publiions son calendrier, elle devra se plier à nos exigences.

Même si Akemi a tendance à être plus laxiste sur les pages réservées aux choses plus divertissantes, elle a tout de même une limite de décence. Et puis elle espère ainsi que sa collègue soit un peu plus rassurée. Aucun portrait d’elle en tenue d’écolière ne sera publié. Charge à elle de voir si elle se prête tout de même au jeu pour calmer la folie de Yoru ou pas.

- Les modèles doivent être totalement consentants, sinon ce n’est pas bien. Cela étant dit, lorsque je choisis les articles, je vais au-delà de ma simple opinion. Nous n’avons pas tous les mêmes goûts.

De la suite de la discussion, la jeune femme reste un moment pensive. Effectivement, elle devrait aller voir ses anciens amis, c’est une très bonne idée. Et elle s’en occupera au plus vite d’ailleurs dans les jours à venir. Mais ce n’est pas ce point précis qui la laisse perplexe. Évidemment, elle a été éduquée de telle sorte qu’elle soit rester à sa place lorsqu’elle est en face d’autres nobles, en particulier les Ogasawara. Néanmoins, elle ne dirait pas que les raisons de la nécessité de garder une certaine distance avec eux, soient évidentes. Elles lui échappent à cet instant en tout cas. Pour elle, c’est juste normal, une question de respect peut être, d’infériorité aussi ? Est ce à cela que Daestra pense ? Et son protégé alors, qu’en pense-t-il ? Akemi se souvient de leur rencontre officielle où il lui avait demandé de l’appeler par son prénom et où elle avait catégoriquement refusé parce que ça la mettait justement mal à l’aise.

- Pourquoi ? Pourquoi doit-on éviter tout contact trop personnel ? C’est quelque chose que je fais naturellement, mais je ne vois pas pourquoi à vrai dire… Vous allez répondre et ça va certainement me paraître évident, mais là… Je dois être trop fatiguée certainement...

Les paroles d’Akemi vis-à-vis de cette histoire de costume inapproprié me rassurent en partie par la tournure qu’elle m’expose. Dans les faits il est clair que le dernier tampon d’approbation doit être appliqué par l’une de nous deux, c’est pourquoi je suis bien aise de constater qu’elle partage mon avis sur ce point en particulier. Cependant elle émet une nuance qui ne manque pas de me faire réagir.

Si le projet demande effectivement à ce que les participants soient totalement dévoués et consentants, je ne peux m’empêcher de croire qu’il existe un monde où certaines personnes peuvent agir de manière détournée et insidieuses pour arriver mettre leur sombre plan à dessein. Ladite vice commandante du corps des Nécromanciens en serait bien capable.

Je porte une double casquette, et suis malgré moi aussi sous ses ordres en quelque sorte. Elle pourrait donc très bien m’imposer la chose. L’idée me donne des frissons, je décide alors de reporter mes pensées sur la tasse dont la chaleur consume progressivement mes pauvres mains fragiles.

- Soit, nous pouvons nous entendre là-dessus. Soyons ouvertes mais consciencieuses. Il est clair que dans le cadre d’une publication à destination d’un public relativement large tout n’est pas susceptible d’être validé. Les ambitions de la Vice Commandante ne sont toutefois pas à prendre à la légère. Je resterais prudente.

Je chasse rapidement le sujet, il est bien plus intéressant de nouer des échanges autour de nos propres aspirations qu’alimenter les lubies d’une personne qui n’a aucune raison légitime de monopoliser la séance par ses simples idées farfelues. Je prête donc une oreille attentive aux confidences de mon interlocutrice directe, tout en sirotant le thé qui m’a été offert plus tôt.

La jeune femme émet des doutes, une incompréhension discutable que je garde de relever sur l’instant. Tous ne sont pas forcément au courant des traditions imposées par certaines maisons nobles. Par ailleurs, chacune possède ses propres valeurs, il est ainsi difficile de dépeindre un schéma lisible du concept abordé.

Je prends de longues secondes à organiser ma pensée dans ce silence qui retombe lentement. Le sujet est délicat.

- Pour être honnête il s’agit davantage d’un principe que d’un devoir au sens propre. Un accord tacite entre les familles dominantes et leur vassal. Un Yojimbo ne doit pas s’enticher de son maître, cela finirait irrémédiablement par obscurcir son jugement et altérer ses capacités. Au sein de notre clan, cela serait tout bonnement impensable. Pour autant vous vous devez aussi de vous familiariser avez eux, mais dans un cadre strictement protocolaire.

Je me rends rapidement compte que tout ça peut paraître très vague. J’essaye donc de me reprendre en usant d’exemples plus parlants.

- Imaginez nouer un lien trop fraternel ou émotionnel avec votre protégé. Le sentiment prendra nécessairement la part belle sur votre raisonnement. Dans un cas certes extrême mais envisageable, vous pourriez même en venir à ne pas justifier du sacrifice de votre propre vie ce afin d’éviter de générer de la peine ou de la tristesse. Ce qui, en l’état, constituerait une infraction aux codes que l’on nous impose. Les risques ainsi que les conséquences en seraient que trop grandes, voyez-vous. Mais je le répète, tout ceci ne concerne qu’une partie des familles. Chacune adopte ses propres lois sur la question.

Je me renfonce dans mon siège après avoir posé la tasse sur le bureau qui nous sépare. J’adresse à mon interlocutrice un regard bienveillant, nullement accusateur ou moralisateur. Nous sommes tous libres d’y voir des travers après tout, et le sujet se porte forcément vers le débat. Ce qui me convient parfaitement.

Tasse chaude toujours en main, elle écoute les explications données sur cette histoire de distance entre un Yojimbo et son maître. Le principe, elle le comprend, mais l’exemple donné ne concorde pas avec sa propre façon de penser. Pour sa part, plus elle tient à une personne, plus elle est disposée à se sacrifier pour elle, car la vie de l’être aimé compte plus qu’une tristesse ou un deuil qui ne serait que passager au final. Cela étant, il ne s’agit que d’un avis personnel, alors il ne saurait être décrié comme unique vérité. De toute façon, elle a bien d’autres exemples en tête en faveur de ce principe. Imaginons que ce soit le maître qui s’interpose pour protéger son Yojimbo, ce serait contre productif et donc inacceptable. Comme le dit si bien sa vis à vis, de toute façon, c’est propre à chaque famille.

- Je vois, je comprends.

Doucement, elle prend une gorgée de thé en se demandant quelle est la position de son clan à ce propos. Il ne lui semble pas avoir eu de directive précise sur le sujet, mais cela est normal d’une certaine façon. Dès le plus jeune âge, on apprend aux Shugoshin que c’est leur devoir et un honneur de protéger les Ogasawara. La question ne se pose pas de savoir si c’est bien ou mal. C’est ainsi tout simplement. D’autant plus qu’échouer signifie disgrâce et un sort terrible leur est alors réservé. Autant dire que l’on préfère largement réussir. Mais étrangement, ce n’est pas par peur du châtiment. Il y a une fierté et un orgueil chez les Shugoshin qui est cultivé et les protectrices semblent davantage chercher à rivaliser de prouesses entre elles.

- Je ne connais pas le point de vue de ma famille. Je crois que la question n’a jamais eu à se poser, car nous sommes des femmes protégeant majoritairement des femmes. Les hommes Ogasawara ne font pas vraiment appel à nous, ils doivent estimer qu’ils n’en ont pas besoin ou occasionnellement seulement. Mon cas est donc assez rare. On nous apprend à respecter la hiérarchie, à rester à notre place. Le reste n’est qu’une question de confiance je dirais.

C’est intéressant de voir comment les autres familles fonctionnement. Certains clans n’ont pas de vassaux. Est ce que cela leur semble inutile, ou bien ne sont ils pas assez important pour en avoir ? La noblesse est pleine de particularités et de mystères. La jeune femme repose sa tasse et commence à rassembler les articles éparpillés pour les remettre en ordre.

- Comment cela se passe pour vous, avez-vous un maître attitré ou bien cela dépend-il des occasions ?