Hyakurai Yasuzake
Données Spirituelles
Grade: Capitaine de la 13e Division
Sam 26 Nov 2022 - 16:37 - [FINIE] Hyakurai Yasuzake, Jūsanbantai Taichō
Hyakurai Yasuzake
Race Shinigami
Âge 168 ans
Grade Capitaine de la Treizième Division
Pouvoir
Shuenaijin (Amant du banquet). Sous sa forme scellée, Shuenaijin est un sabre d’une simplicité presque atterrante. Le forme, la courbe, la lame, la garde… Au contraire de nombreux autres Zanpakutō, Shuenaijin semble n’avoir jamais changé depuis son acquisition par Yasuzake.
Seule légère modification, le fourreau et la garde ont pris une teinte ocre, proche de la couleur des gourdes à Sake.
Shikai. Takika ni tsurumu, Shuenaijin (Rejoins-moi sous la cascade, Amant du banquet). Pendant qu’il dit sa phrase d’activation, Yasuzake se saisit du fourreau de Shuenaijin et le porte contre ses lèvres pour mimer d’en boire cinq gorgées. A la cinquième, le fourreau explose en un nuage de vapeurs d’alcools.
Le sabre lui-même prend dès lors la forme d’une hache d'un mètre de long. Arme au style de combat très agressif, elle permet à son manieur de transformer son reiatsu en alcool et de s'en servir au combat.
Bankai. Shuenaijin Fuhengi Hatago (Auberge du sacrifice éternel de l'Amant du banquet). Tandis qu’il prononce la phrase de commande, Yasuzake jette sa hache dans le sol entre ses pieds et écarte les bras en souriant. Son reiatsu modifie alors l’environnement autour de lui pour créer une grande auberge où aura lieu la suite de l’affrontement.
L’effet le plus basique de Shuenaijin Fuhengi Sandai est de disperser le reiatsu de Yasuzake dans l'aire d'effet du bankaï. Ce reiatsu, qui a les mêmes propriétés que du sake, va lentement accroitre l’ébriété des alliés et ennemis du capitaine. Bien qu’il faille un peu de temps pour que les effets deviennent réellement problématiques, sortir de l’auberge ne les annule pas purement et simplement. La personne touchée est effectivement ivre.
La vitesse à laquelle l’alcoolémie progresse varie légèrement d’une personne à l’autre, mais l’habitude (avoir déjà été exposé plusieurs fois au bankai), l’endurance physique et l’alcoolisme tendent à en ralentir la progression.
Seule légère modification, le fourreau et la garde ont pris une teinte ocre, proche de la couleur des gourdes à Sake.
- Shuenaijin, forme spirituelle:
Shikai. Takika ni tsurumu, Shuenaijin (Rejoins-moi sous la cascade, Amant du banquet). Pendant qu’il dit sa phrase d’activation, Yasuzake se saisit du fourreau de Shuenaijin et le porte contre ses lèvres pour mimer d’en boire cinq gorgées. A la cinquième, le fourreau explose en un nuage de vapeurs d’alcools.
Le sabre lui-même prend dès lors la forme d’une hache d'un mètre de long. Arme au style de combat très agressif, elle permet à son manieur de transformer son reiatsu en alcool et de s'en servir au combat.
- Shuenaijin, forme shikai:
Bankai. Shuenaijin Fuhengi Hatago (Auberge du sacrifice éternel de l'Amant du banquet). Tandis qu’il prononce la phrase de commande, Yasuzake jette sa hache dans le sol entre ses pieds et écarte les bras en souriant. Son reiatsu modifie alors l’environnement autour de lui pour créer une grande auberge où aura lieu la suite de l’affrontement.
L’effet le plus basique de Shuenaijin Fuhengi Sandai est de disperser le reiatsu de Yasuzake dans l'aire d'effet du bankaï. Ce reiatsu, qui a les mêmes propriétés que du sake, va lentement accroitre l’ébriété des alliés et ennemis du capitaine. Bien qu’il faille un peu de temps pour que les effets deviennent réellement problématiques, sortir de l’auberge ne les annule pas purement et simplement. La personne touchée est effectivement ivre.
La vitesse à laquelle l’alcoolémie progresse varie légèrement d’une personne à l’autre, mais l’habitude (avoir déjà été exposé plusieurs fois au bankai), l’endurance physique et l’alcoolisme tendent à en ralentir la progression.
- Shuenaijin, forme bankai:
Description
22 décembre 2022, 18h24. Quartiers de la première division.
Il suffit que trois capitaines voient la libération d’un bankai pour statuer sur la possibilité d’un shinigami d’obtenir le fameux manteau blanc. Juste trois, rien de plus.
Assis en tailleur sur un tapis, se rongeant l’ongle du pouce droit sous le coup du stress, Yasuzake attend. Il attend et il entend ce qui se dit dans la pièce d’à côté. Il entend son ancienne capitaine, Kuchiki Rukia, plaider qu’il n’est pas prêt pour être capitaine – et entendez bien : il est tout à fait d’accord avec elle. Yasuzake ne veut pas devenir capitaine. Ca n’a aucune forme d’intérêt à ses yeux. Devenir capitaine, c’est avoir plus d’hommes sous ses ordres, c’est s’attacher à plus de monde, c’est risquer de les perdre tous. Encore.
Et Yasuzake, sous ses traits anormalement froids, tirés au couteau, et son air jovial – ce qui vous donne un contraste des plus perturbant… Eh bien il en a marre, de les perdre tous. L’orphelinat, la trahison d’Aizen, l’intrusion du Wandenreich, même la bataille contre le Sanguinaire – bien qu’il n’y soit pas allé. Tout s’est effondré autour de lui, souvent. Et s’il n’ira pas jusqu’à perdre foi en la vie, l’existence et le grand plan de l’univers dont les shinigamis ne sont qu’acteurs parmi tant d’autres, si l’on pouvait lui donner un peu de répit, lui laisser le temps de panser les blessures de son cœur… Eh bien il en serait très reconnaissant.
La voix de Hirako Shinji tranche celle de Rukia. Ils ne peuvent pas se le permettre. Ils ne peuvent plus attendre que les capitaines veuillent bien prendre leur poste. Cela fait cinq que tous sont partis, que tout a été perdu. Il n’est plus possible d’attendre.
Ca aussi, Yasuzake le comprend bien. Mais il n’a pas les épaules, purement et simplement. Il a les compétences militaires, il le sait. Il n’est pas le meilleur des shinigamis, mais il a confiance en lui et en ses compétences. Son corps, ses muscles secs, son regard bleu-gris qui perce le monde alentours et en analyse le moindre mouvement… Des décennies d’entraînements et de combat sont passées par là. Renier ses capacités, se seraient les renier elles, et tous ceux qui les ont traversées.
Sauf qu’être capitaine, ça ne signifie pas seulement être le meilleur combattant. Loin de là. Cela signifie avoir la responsabilité d’un pan entier du Seireitei. Pire encore, puisqu’ils parlent de le positionner à la treizième. Il n’y aura donc pas que des shinigamis qui dépendront de lui, mais aussi des contacts dans le monde réel. Il serait le gardien de l’héritage de l’amitié qui liait Ichigo Kurosaki, ses amis mortels et le monde des âmes.
Comment pourrait-il en être le gardien ? Comment pourrait-il se porter garant… Non. Ce n’est pas possible, il n’a pas les épaules.
Il inspire. C’est Kyōraku Shunsui qui prend la suite. Il comprend les arguments de tous. Aaaaaaah Kyōraku… Il ne l’avouera jamais, mais Yasuzake a été très longtemps enamouré du capitaine de la première divisio. Sa promotion à ce poste n’a d’ailleurs absolument rien arrangé. Bien qu’ils soient de milieux au combien éloignés, le capitaine n’a jamais traité Yasuzake comme un enfant de la rue. Loin de là. Ils ne se connaissent évidemment pas aussi bien que les capitaines entre eux, cela va sans dire. Mais l’appartenance de Yasuzake à la Treizième Division couplée au pouvoir de son shikai – la création d’alcool – lui ont permis d’échanger à plusieurs reprise avec le Capitaine Commandant.
Yasuzake admire cet homme, qui a su dépasser les peines de son cœur pour guider les shinigamis après la mort de Yamamoto Genryūsai. Il admire qu’il ait eu le courage de prendre la suite d’un homme si grand, si fort, si impossiblement comparable au commun des shinigamis… Yasuzake n’est vraiment rien à côté de ça. Rien.
Son comportement est trop léger la majorité du temps, mais sans avoir l’élégance du Capitaine Commandant ; ses traits sont très européens, mais sans avoir la grâce de ceux de Rojuro Otoribashi ; sa maitrise de l’art du combat est réelle, mais sans comparaison possible avec les capitaines présents ou passés.
Il se trouve à l’entre deux. Il l’a toujours été. A la fois trop et trop peu, ni bon ni mauvais, ni sage ni révolté, ni droit ni fourbe. Humain au possible, lui diriez vous… Mais ça n’est pas ce que l’on attend d’un capitaine. On veut qu’il soit un étendard de la Soul Society, le pinacle de ce que devrait un shinigami. Et cela, notre cher Yasuzake ne peut pas l’être.
Il peut organiser des fêtes, devenir l’âme d’une soirée et s’assurer qu’aucun ne soit laissé de côté. Il peut même être un soutien indéfectible. Il l’a été pour la Kuchiki… Sauf que pour être un soutien, il faut quelque chose à soutenir… Et les capitaines ne soutiennent pas, ils sont le cœur d’une division et sont soutenus par leurs subordonnés.
La porte s’ouvre, Rukia le regarde. Elle expire lentement et s’écarte. Yasuzake se lève. Le fameux haori blanc attend sur le bureau de Kyōraku, qui sourit à Yasuzake. Ils se regardent un instant, le nouveau capitaine comprend. Il entre dans le bureau, où se trouvent les trois hommes du conseil de guerre. Yasu les domine tous par la taille.
« Hyakurai Yasuzake, nous avons statué sur tes compétences et en sommes venus à la conclusion que tu réunis toutes les compétences nécessaires à la direction de la treizième division. J’ai donc l’honneur de t’en nommer capitaine. As-tu quelque chose à y redire ? »
Yasuzake regarde Kyōraku un instant. L’homme a le rire dans l’œil. Il aime ce qu’il se passe, Yasu en mettrait sa main à couper. Il inspire, soupire.
« Non. Je vous remercie. »
Un clin d’œil du capitaine commandant, qui d’un mouvement de tête invite le nouveau capitaine à prendre son Haori. Yasu s’exécute, soupire derechef et, les politesses échangées, s’en va.
Il n’a plus qu’à rejoindre ses quartiers, annoncer à tous qu’il sera désormais la tête pensante de la division… Et s’assurer que ses cheveux et son bouc soient toujours parfaitement taillé. Oui, certains ont pu se permettre de la négligence par le passé, il le sait. Mais il sait aussi qu’il n’a pas leur statut ni leur assurance.
S’il doit avoir l’air sérieux et tiré à quatre épingles, ne serait que pour se sentir un peu plus légitime dans sa position, et bien il l’aura. Que voulez-vous ?
Il suffit que trois capitaines voient la libération d’un bankai pour statuer sur la possibilité d’un shinigami d’obtenir le fameux manteau blanc. Juste trois, rien de plus.
Assis en tailleur sur un tapis, se rongeant l’ongle du pouce droit sous le coup du stress, Yasuzake attend. Il attend et il entend ce qui se dit dans la pièce d’à côté. Il entend son ancienne capitaine, Kuchiki Rukia, plaider qu’il n’est pas prêt pour être capitaine – et entendez bien : il est tout à fait d’accord avec elle. Yasuzake ne veut pas devenir capitaine. Ca n’a aucune forme d’intérêt à ses yeux. Devenir capitaine, c’est avoir plus d’hommes sous ses ordres, c’est s’attacher à plus de monde, c’est risquer de les perdre tous. Encore.
Et Yasuzake, sous ses traits anormalement froids, tirés au couteau, et son air jovial – ce qui vous donne un contraste des plus perturbant… Eh bien il en a marre, de les perdre tous. L’orphelinat, la trahison d’Aizen, l’intrusion du Wandenreich, même la bataille contre le Sanguinaire – bien qu’il n’y soit pas allé. Tout s’est effondré autour de lui, souvent. Et s’il n’ira pas jusqu’à perdre foi en la vie, l’existence et le grand plan de l’univers dont les shinigamis ne sont qu’acteurs parmi tant d’autres, si l’on pouvait lui donner un peu de répit, lui laisser le temps de panser les blessures de son cœur… Eh bien il en serait très reconnaissant.
La voix de Hirako Shinji tranche celle de Rukia. Ils ne peuvent pas se le permettre. Ils ne peuvent plus attendre que les capitaines veuillent bien prendre leur poste. Cela fait cinq que tous sont partis, que tout a été perdu. Il n’est plus possible d’attendre.
Ca aussi, Yasuzake le comprend bien. Mais il n’a pas les épaules, purement et simplement. Il a les compétences militaires, il le sait. Il n’est pas le meilleur des shinigamis, mais il a confiance en lui et en ses compétences. Son corps, ses muscles secs, son regard bleu-gris qui perce le monde alentours et en analyse le moindre mouvement… Des décennies d’entraînements et de combat sont passées par là. Renier ses capacités, se seraient les renier elles, et tous ceux qui les ont traversées.
Sauf qu’être capitaine, ça ne signifie pas seulement être le meilleur combattant. Loin de là. Cela signifie avoir la responsabilité d’un pan entier du Seireitei. Pire encore, puisqu’ils parlent de le positionner à la treizième. Il n’y aura donc pas que des shinigamis qui dépendront de lui, mais aussi des contacts dans le monde réel. Il serait le gardien de l’héritage de l’amitié qui liait Ichigo Kurosaki, ses amis mortels et le monde des âmes.
Comment pourrait-il en être le gardien ? Comment pourrait-il se porter garant… Non. Ce n’est pas possible, il n’a pas les épaules.
Il inspire. C’est Kyōraku Shunsui qui prend la suite. Il comprend les arguments de tous. Aaaaaaah Kyōraku… Il ne l’avouera jamais, mais Yasuzake a été très longtemps enamouré du capitaine de la première divisio. Sa promotion à ce poste n’a d’ailleurs absolument rien arrangé. Bien qu’ils soient de milieux au combien éloignés, le capitaine n’a jamais traité Yasuzake comme un enfant de la rue. Loin de là. Ils ne se connaissent évidemment pas aussi bien que les capitaines entre eux, cela va sans dire. Mais l’appartenance de Yasuzake à la Treizième Division couplée au pouvoir de son shikai – la création d’alcool – lui ont permis d’échanger à plusieurs reprise avec le Capitaine Commandant.
Yasuzake admire cet homme, qui a su dépasser les peines de son cœur pour guider les shinigamis après la mort de Yamamoto Genryūsai. Il admire qu’il ait eu le courage de prendre la suite d’un homme si grand, si fort, si impossiblement comparable au commun des shinigamis… Yasuzake n’est vraiment rien à côté de ça. Rien.
Son comportement est trop léger la majorité du temps, mais sans avoir l’élégance du Capitaine Commandant ; ses traits sont très européens, mais sans avoir la grâce de ceux de Rojuro Otoribashi ; sa maitrise de l’art du combat est réelle, mais sans comparaison possible avec les capitaines présents ou passés.
Il se trouve à l’entre deux. Il l’a toujours été. A la fois trop et trop peu, ni bon ni mauvais, ni sage ni révolté, ni droit ni fourbe. Humain au possible, lui diriez vous… Mais ça n’est pas ce que l’on attend d’un capitaine. On veut qu’il soit un étendard de la Soul Society, le pinacle de ce que devrait un shinigami. Et cela, notre cher Yasuzake ne peut pas l’être.
Il peut organiser des fêtes, devenir l’âme d’une soirée et s’assurer qu’aucun ne soit laissé de côté. Il peut même être un soutien indéfectible. Il l’a été pour la Kuchiki… Sauf que pour être un soutien, il faut quelque chose à soutenir… Et les capitaines ne soutiennent pas, ils sont le cœur d’une division et sont soutenus par leurs subordonnés.
La porte s’ouvre, Rukia le regarde. Elle expire lentement et s’écarte. Yasuzake se lève. Le fameux haori blanc attend sur le bureau de Kyōraku, qui sourit à Yasuzake. Ils se regardent un instant, le nouveau capitaine comprend. Il entre dans le bureau, où se trouvent les trois hommes du conseil de guerre. Yasu les domine tous par la taille.
« Hyakurai Yasuzake, nous avons statué sur tes compétences et en sommes venus à la conclusion que tu réunis toutes les compétences nécessaires à la direction de la treizième division. J’ai donc l’honneur de t’en nommer capitaine. As-tu quelque chose à y redire ? »
Yasuzake regarde Kyōraku un instant. L’homme a le rire dans l’œil. Il aime ce qu’il se passe, Yasu en mettrait sa main à couper. Il inspire, soupire.
« Non. Je vous remercie. »
Un clin d’œil du capitaine commandant, qui d’un mouvement de tête invite le nouveau capitaine à prendre son Haori. Yasu s’exécute, soupire derechef et, les politesses échangées, s’en va.
Il n’a plus qu’à rejoindre ses quartiers, annoncer à tous qu’il sera désormais la tête pensante de la division… Et s’assurer que ses cheveux et son bouc soient toujours parfaitement taillé. Oui, certains ont pu se permettre de la négligence par le passé, il le sait. Mais il sait aussi qu’il n’a pas leur statut ni leur assurance.
S’il doit avoir l’air sérieux et tiré à quatre épingles, ne serait que pour se sentir un peu plus légitime dans sa position, et bien il l’aura. Que voulez-vous ?
Histoire
3 février 1855, 2h34, non loin de l’orphelinat Hyakurai.
La femme avance lentement. Très lentement. La vie l’a épuisée, la soirée d’autant plus. Pas facile la vie de putain. Elle tient un enfant contre son sein. Son enfant. Il n’est pas né depuis plus d’une heure, mais les fins cheveux blonds qui clairsement sont sans équivoque.
Il est son fils. A lui. Hors de question de le garder. Et puis quand bien même il ne serait pas son fils. Que pourrait-elle faire de lui ? Une putain reste une putain, avec ou sans enfant. Et que vous le croyez ou non, il y aura toujours de la demande… et elle sera l’offre.
Elle traverse les ruelles, épuisée. Toya lui a parlé d’un orphelinat, le Hyakurai. Les cent bourgeons. C’est là-bas qu’elle se dirige. Ils ne garderont l’enfant que pour ses premières s’il ne montre aucun talent particulier… Mais s’il parvient à aller jusqu’à ses dix ou sept ans, il pourra s’en sortir. Il aura sûrement le regard froid de son père et ses cheveux blonds, des raretés qui lui permettront au moins de vendre son corps.
Oui. C’est mieux ainsi.
Elle arrive finalement devant le bâtiment, une vieille barraque en ruine qui avait sûrement du cachet il y a deux siècles. Elle toque une fois. Deux fois. Rien. Absolument rien. Les honnêtes gens dorment à cette heure-ci.
Elle ouvre la porte, observe la pénombre. Ici un fauteuil, là des meubles on ne peut plus utilitaires.
Elle hésite un instant, refuse. Elle pose l’enfant ainsi qu’une note, qu’elle avait prévu au cas où. C’est Toya qui a écrit. Ce que la mère ne sait pas, c’est que Toya a fait une faute dans les kanjis… L’enfant s’appellera donc Yasuzake, « sake bon marché ».
Mais ça… Ni la mère ni Toya ne le sauront jamais. Et Yasu ne pourra donc jamais retrouver sa mère.
5 juin 1864, 14h33, dans la cour du Hyakurai.
L’agitation est à son comble pour les plus grands. Bien qu’ils ne puissent pas encore prétendre à l’académie shinigami, un instructeur vient tous les six mois pour contrôler la qualité de leur Reiatsu.
Le Hyakurai ne gardent pas ceux qui échouent au test deux fois de suite. Ainsi, certains sont excités, d’autres inquiets. Les derniers, dont Yasuzake fait partie, ne comprennent pas trop de quoi il retourne. Eux ont la chance d’être né avec un reiatsu de qualité rare.
Ils n’en ont pas forcément beaucoup, ils ne savent pas forcément s’en servir… Ils l’ont, voilà tout.
L’instructeur, dès qu’il le remarque, le fait savoir à la directrice de l’établissement et à ses propres supérieurs. Ces enfants sont mieux traités que les autres. Premiers servis aux repas, moins de corvées. Plus de cours, aussi. Ils sont d’ailleurs les seuls à qui l’on apprend le fonctionnement du Seireitei : les divisions, les capitaines, les Zanpakutō, etc.
Ils doivent être prêts pour l’académie. Ils doivent montrer que le Hyakurai est toujours aussi efficace pour trouver les shinigamis de demain.
Yasuzake a compris la vérité derrière cette affaire, même s’il n’ose pas en parler à ses camarades. Il a entendu la directrice un soir, après qu’elle avait bu. Quelqu’un là-bas, chez les shinigamis, finance l’orphelinat. Pour chaque shinigami préformé, elle reçoit une avance.
Sait-il de qui il s’agit ? Evidemment pas. Mais il sait que c’est vrai, que le Hyakurai n’est qu’une usine. Il refuse néanmoins de trop s’en formaliser : c’est grâce à cela qu’il est nourri depuis l’enfance, qu’il s’est fait quelques amis – bien que la majorité ne sache pas réfléchir par eux-mêmes – et qu’il pourra devenir un shinigami.
D’autant qu’à choisir entre cette vie et une éternité à la rue, autant prendre la direction via laquelle il peut manger tous les jours.
18 septembre 1870, 7h24, devant l’académie shinigami.
Yasu est arrivé le premier, avant tous les autres. Sa première année de formation ne commencera que dans quelques heures, mais il ne pouvait plus rester à l’orphelinat. Plus depuis la maladie qui a tout pris, tout ravagé. Tout tué.
Un parasite du Reiatsu. Qui aurait pu y croire ? Qui y aurait pensé, pour être tout à fait honnête. Tout n’a pas été brisé. Il n’est pas mort, par exemple. Mais il ne devrait pas être seul ici. Ils devaient être six, dont lui, Hyakurai Yasuzake, le moins talentueux d’entre eux… De la chance. C’est tout ce dont il a disposé. Une chance que personne n’a compris, pas même lui.
Tout ce qu’il en a tiré, c’est la nécessité de partir loin, le plus vite possible. Ne plus jamais retourner au Hyakurai, ne plus jamais en entendre parler.
Ne pas chercher à en savoir plus sur le shinigami qui le finance. C’est inutile.
18 septembre 1870, 9h, dans l’amphithéâtre principal.
La salle est pleine. A craquer. Quelques professeurs sont présents sur l’estrade, en ligne. Déjà grand pour son âge, Yasu s’est vers le fond, pour ne pas gêner et parce qu’à quoi bon ? Le simple fait de ne plus dormir au Hyakurai lui suffit.
Il y a beaucoup de monde. Certains sont très ouvertement nobles – la stature, le regard, l’élégance… Ces choses ne trompent pas – et d’autres ne sont que des parvenus, comme lui. Rien de mieux qu’une diversité extrême pour s’assurer de sélectionner les meilleurs fruits. C’est ainsi que fonctionnait le Hyakurai et même s’il aimerait croire que cela sera différent ici, Yasu sent bien que ce sera la même chose.
« Un peu de calme s’il vous plait. »
La voix est basse, profonde. Légèrement caverneuse. Ichikai Tanro, l’un des instructeurs en chef. Yasuzake a appris son nom plus jeune, ainsi que son parcours, mais il n’y pense pas. Pour être tout à fait honnête avec vous, c’est l’homme derrière Ichikai qui obnubile notre jeune étudiant.
Immense haori rose par-dessus le blanc, deux sabres sur le côté de la ceinture, longs cheveux et fine barbe de trois jours… Kyōraku Shunsui, capitaine de la huitième division, possesseur d’un Zanpakutō jumeau, l’un des deux seuls au monde ; un génie parmi les génies.
Yasuzake penche la tête sur le côté : l’homme est superbe, accompagné de sa lieutenante, Lisa Yadômaru. Elle est légèrement en retrait et son regard glisse sur le capitaine. Yasuzake plisse les yeux, remarque les faux plis dans le hakama de la lieutenant.
Il fronce les sourcils, le nez. On ne la lui fera pas. Pas à lui.
«Rassurez-vous jeune gens. » Le capitaine, qui s’est avancé. « Je ne vous tiendrai pas longtemps. »
Ca n’est pas lui qui, traditionnellement, s’occupe du discours d’admission des nouveaux étudiants, mais celui de la septième division. Ce dernier n’étant pas disponible, c’est à lui qu’a été demandé de parler brièvement.
Il laisse son regard se balader dans la salle, croise celui de Yasuzake, du moins c’est ce que le shinigami en devenir ressent. Le jeune est sous le charme, alors qu’il a une idée assez précise de l’âge du capitaine. Cent fois le sien, pour être exact.
« Comprenez que les six prochaines années vont déterminer votre avenir, votre éternité. Vos professeurs vont vous entraîner au mieux, vous apprendre le combat, la sorcellerie, l’art et la tactique. »
Une pause, un rire léger pour la conclure. Il continue un peu, raconte deux ou trois anecdotes sur sa propre expérience ici, sur l’importance de la régularité, mais aussi du bien être et du bon temps. Tout n’est qu’équilibre, selon lui.
Yasuzake l’observe et sait déjà ce qu’il doit faire : triompher de l’académie, des six années de formation, découvrir les pouvoirs de son shikai, postuler et rejoindre la huitième division.
Quoi de plus simple ?
4 avril 1897, 16h34, quartiers de la Treizième division.
Le printemps déploie son manteau sur le Seireitei depuis quelque temps maintenant. Le calme est réel, absolu. Partout ? Non. Loin de là : Shiba Kaien est venue chercher Yasu dans ses quartiers, pendant un jour de permission qui plus est. Le jeune génie, qui a commencé l’académie après Yasu pour la terminer avant lui, est stressé au possible et, bien qu’il fasse au mieux pour dissimuler tout cela Yasu a compris que cela avait rapport avec leur capitaine.
L’idée d’avoir fauté dérange Yasu. Le capitaine Ukitake est un amour. Littéralement. Il est du genre à se plier en quatre malgré la maladie, à s’assurer que chacun ait sa place et s’y sente à l’aise.
De mémoire d’homme, le capitaine n’a jamais réprimandé qui que ce soit sans une bonne raison, et c’est là ce qui terrifie le plus notre cher Yasuke. Il ne sait pas ce qu’il a bien pu faire. Il est toujours à l’heure, s’assure de ne manquer de respect à personne, travaille aussi sérieusement que nécessaire sans non plus mourir sous le travail.
Non, ça n’est pas possible. Ah moins que… Non. Yasu se mord la lèvre tandis que le vice-capitaine lui jette un regard en coin. Non. Rien ne sert de se faire du mourrons pour rien et puis… Il s’interrompt, finit par poser la question :
« Vice-capitaine Kaien, qu’est-ce qui…
— Le capitaine Ukitake requiert tes services, il est en "réunion" avec le capitaine Kyōraku. »
Yasu s’arrête, incrédule.
« Quoi ?
— Oui.
— Vraiment ?
— Définitivement.
— Errrrrrrr. »
Le vice-capitaine rit sans comprendre. S’il avait su, Yasu aurait fait un peu plus d’efforts quant à son apparence… Bwarf, tant pis.
Ils arrivent bientôt dans le jardin sur lequel donne le bureau du capitaine Ukitake. Ce dernier lance un regard à la fois gêné et embêté à Yasu. Il sait qu’il était en congé. Il sait aussi que Yasu aime passer du temps seul dans ces moments-là. Le capitaine va pour s’excuser, Yasu lève une main pour l’en empêcher.
C’est inutile, il ne lui en veut pas. Comment le pourrait-il ?
Yasu regarde le capitaine Kyōraku, qui tend une coupelle de sake. Un rire plus tard, Yasu dégaine son sabre et porte le fourreau contre ses lèvres. « Takika ni tsurumu, Shuenaijin ! » L’instant d’après, son sabre est une hache européenne et le fourreau a disparu.
Il met la hache au-dessus de la coupe et un fin trait de sake y tombe.
« Où sont vos bouteilles, capitaine ? »
Le capitaine Ukitake a un rire gêné avant de désigner trois bouteilles sur la gauche. Yasuke s’y dirige tandis que la conversation entre les capitaines reprend.
Yasu ne parvient à quitter du regard le capitaine de la huitième division une seule seconde. Il ne le regarde qu'en coin, évidemment. Avec une certaine discrétion.
Et il y parvient, dans une certaine mesure. Seul le Capitaine Ukitake a vu que Yasuzake regardait, mais il ne dira rien. Ca n'est pas son genre.
1951, lendemain des rites funéraires de Shiba Kaien, 13h44, quartiers de la Treizième division.
Le monde est triste. Le ciel ne se découvre pas, mais refuse au Seireitei la pluie qui pourrait laver son âme et ses peines. Les fleurs sont ternes, comme délavées par les larmes de la treizième division.
Shiba Kaien, vice-capitaine de son état, est mort. Il a emporté avec lui un fragment de la treizième division et cette fracture, cette légère fissure, restera présente à jamais. Rien ne saura la combler. Pour l’instant du moins. Il est trop tôt pour qu’ils imaginent la vie autrement.
La Kuchiki est dans son clan, à panser les blessures de son cœur, pires que toutes les autres. C’est elle qui a porté le coup final. C’est elle qui portait le sang du vice-capitaine sur le visage… Et c’est sûrement elle qui prendra sa suite.
Ce doit être horrible, Yasuzake le sent au plus profond de ses tripes. Les actes de la jeune seront questionnés, on la croira coupable et, noble ou non, elle portera les stigmates de cette mort pendant longtemps. Plus qu’elle ne peut l’imaginer.
Seul dans sa chambre, Yasuzake aimerait faire quelque chose pour elle. Pour elle et pour tous les autres. Il connaît cette tristesse. Il l’a sentie dans ses tripes et ne la souhaite à personne. Le capitaine Ukitake s’est retiré, probablement pour voir son ami de toujours, le vice-capitaine n’est plus, la Kuchiki ne viendra pas.
Yasuzake inspire un instant : que faire ? Il ferme les yeux et la voix de Shuenaijin fait écho en lui. Il adore son Zanpakutō, il aime son côté joueur, il aime ses idées… La seule chose…
« Tu sais ce que nous pourrions faire, n’est-ce pas ? » Un sentiment d’ivresse glisse en Yasuzake, rampe sous sa peau. « Nous pourrions les faire boire, tous… Et puis toi aussi. Ne voudrais-tu pas t’oublier encore une fois ? T’adonner aux bras de l’alcool ? Tu sais que je connais tous tes penchants… »
Le seul problème est que Shuenaijin est un alcoolique notoire qui se complet à faire boire tous ceux qu'il peut.
« Allez, laisse-toi faire mon grand et fort Yasuzake. Tout ira bien, je te le promets ! »
Yasuzake inspire. Il ne doit pas laisser Shuenaijin faire. Il le sait. Cet abruti finit toujours par rendre tout le monde si ivre que tous vomissent tout ce qu’ils ont et que personne ne se souvient. Non. Non il ne faut pas.
…
1951, surlendemain des rites funéraires de Shiba Kaien, 09h57.
Lorsqu’il est revenu de chez son ami, le capitaine Ukitake n’a pu constater qu’une seule chose en voyant l’état du bâtiment principal de sa division : ses subordonnés, la majorité du moins, ont abusé du Shikai de Yasuzake.
Ce dernier a d’ailleurs été retrouvé quelque part entre la treizième et la huitième division.
Personne n’avouera jamais la raison de se déplacement. Personne n’avouera surtout que la raison a été avalée dans un black-out général.
28 décembre 2020, 9h35, quartier de la Première Division.
Ça a été prouvé : 98% des membres de la treizième division détestent le mois de décembre. Pourquoi ? D’abord parce que le mois de décembre – par Noël et le Jour de l’An – excite les humains, et donc rend instable l’équilibre de leur monde. Ensuite parce que leur plus haut classé doit faire un rapport annuel à son supérieur direct.
Et s’il peut paraître anodin de faire un rapport à son capitaine, faire un rapport au Gunjiseiken en étant vice-capitaine reste terrifiant.
Droit comme un piquet, terrifié par toutes ces légendes vivantes – pour certaines plus jeunes !! – Yasuzake est sur le point de commencer. Il a beaucoup de choses à dire, aujourd’hui… et s’il pouvait éviter tout impair il…
« Nous vous écoutons, Vice-capitaine Yasuzake. »
Il déglutit difficilement, arrache un sourire à la Kuchiki. Par chance il la connaît depuis longtemps.
« Les choses évoluent dans le monde des humains. Les nombreux reiatsus présents à Tokyo en attirent d’autres. Je sais que cela avait déjà été conjecturé, mais les humains appréhendent de mieux en mieux le Reishi. Très honnêtement, je ne suis pas en mesure d’interpréter ces faits, mais la douzième division est sur le coup, et nous faisons au mieux pour leur fournir toutes les données qui leur semblent nécessaires à la pleine compréhension de la situation. »
Il continue les détails techniques que tous récoltent et qu’il compulse depuis maintenant trois ans. La guerre contre le Sanguinaire a vraiment tout changé. Tant de gradés sont tombés qu’aujourd’hui encore, le Gotei 13 peine à s’en remettre.
Malgré l’émergence de nouveaux capitaines, des officiers comme Yasuzake se retrouvent encore à presque diriger des divisions entières. Ils prennent évidemment leurs ordres du Gunjiseiken… Mais ils sont seuls décisionnaires en cas de crise.
« En l’état actuel des choses, les forces de la treizième division suffisent à observer le monde des hommes. » Il s’arrête un instant, fronce les sourcils. Pourquoi penser ainsi ? Il lance un regard incertain vers son ancienne capitaine. D’un hochement de tête, elle l’invite à continuer. « Il y a eu beaucoup de tragédies. On n’aurait pas pu éviter l’inévitable, j’en conviens… Mais je crois que la treizième division n’est pas adaptée à sa mission. Elle ne l’est plus, en tout cas. Pas après Sosuke Aizen, le Wandenreich et le Sanguinaire. » Son débit de parole augmente, malgré lui. « Nous devons nous adapter pour mieux comprendre ce qu’il se passe en dehors du Seireitei et, pour être tout à fait honnête, je ne sais absolument pas quoi faire. »
Il les regarde tous, retient sa respiration malgré lui.
« Aidez-moi à comprendre ce que je suis censé faire. S’il vous plaît. »
Yasuzake a à peine fini sa phrase que l’adrénaline redescend. Il expire fébrilement, laisse son regard aller de la Kuchiki au Capitaine Comandant, puis de nouveau à elle. Elle sourit il hoche la tête. S’incline.
« Tu peux y aller Yasuzake, je viendrais à la treizième la semaine prochaine pour faire le point avec toi.
— Je vous remercie. »
Et il quitte la pièce sous le regard amusé du Conseil. Il n’y a que lui à ignorer qu’il sera le prochain capitaine de la treizième division.
Il ne lui manque qu’un Bankai.
La femme avance lentement. Très lentement. La vie l’a épuisée, la soirée d’autant plus. Pas facile la vie de putain. Elle tient un enfant contre son sein. Son enfant. Il n’est pas né depuis plus d’une heure, mais les fins cheveux blonds qui clairsement sont sans équivoque.
Il est son fils. A lui. Hors de question de le garder. Et puis quand bien même il ne serait pas son fils. Que pourrait-elle faire de lui ? Une putain reste une putain, avec ou sans enfant. Et que vous le croyez ou non, il y aura toujours de la demande… et elle sera l’offre.
Elle traverse les ruelles, épuisée. Toya lui a parlé d’un orphelinat, le Hyakurai. Les cent bourgeons. C’est là-bas qu’elle se dirige. Ils ne garderont l’enfant que pour ses premières s’il ne montre aucun talent particulier… Mais s’il parvient à aller jusqu’à ses dix ou sept ans, il pourra s’en sortir. Il aura sûrement le regard froid de son père et ses cheveux blonds, des raretés qui lui permettront au moins de vendre son corps.
Oui. C’est mieux ainsi.
Elle arrive finalement devant le bâtiment, une vieille barraque en ruine qui avait sûrement du cachet il y a deux siècles. Elle toque une fois. Deux fois. Rien. Absolument rien. Les honnêtes gens dorment à cette heure-ci.
Elle ouvre la porte, observe la pénombre. Ici un fauteuil, là des meubles on ne peut plus utilitaires.
Elle hésite un instant, refuse. Elle pose l’enfant ainsi qu’une note, qu’elle avait prévu au cas où. C’est Toya qui a écrit. Ce que la mère ne sait pas, c’est que Toya a fait une faute dans les kanjis… L’enfant s’appellera donc Yasuzake, « sake bon marché ».
Mais ça… Ni la mère ni Toya ne le sauront jamais. Et Yasu ne pourra donc jamais retrouver sa mère.
5 juin 1864, 14h33, dans la cour du Hyakurai.
L’agitation est à son comble pour les plus grands. Bien qu’ils ne puissent pas encore prétendre à l’académie shinigami, un instructeur vient tous les six mois pour contrôler la qualité de leur Reiatsu.
Le Hyakurai ne gardent pas ceux qui échouent au test deux fois de suite. Ainsi, certains sont excités, d’autres inquiets. Les derniers, dont Yasuzake fait partie, ne comprennent pas trop de quoi il retourne. Eux ont la chance d’être né avec un reiatsu de qualité rare.
Ils n’en ont pas forcément beaucoup, ils ne savent pas forcément s’en servir… Ils l’ont, voilà tout.
L’instructeur, dès qu’il le remarque, le fait savoir à la directrice de l’établissement et à ses propres supérieurs. Ces enfants sont mieux traités que les autres. Premiers servis aux repas, moins de corvées. Plus de cours, aussi. Ils sont d’ailleurs les seuls à qui l’on apprend le fonctionnement du Seireitei : les divisions, les capitaines, les Zanpakutō, etc.
Ils doivent être prêts pour l’académie. Ils doivent montrer que le Hyakurai est toujours aussi efficace pour trouver les shinigamis de demain.
Yasuzake a compris la vérité derrière cette affaire, même s’il n’ose pas en parler à ses camarades. Il a entendu la directrice un soir, après qu’elle avait bu. Quelqu’un là-bas, chez les shinigamis, finance l’orphelinat. Pour chaque shinigami préformé, elle reçoit une avance.
Sait-il de qui il s’agit ? Evidemment pas. Mais il sait que c’est vrai, que le Hyakurai n’est qu’une usine. Il refuse néanmoins de trop s’en formaliser : c’est grâce à cela qu’il est nourri depuis l’enfance, qu’il s’est fait quelques amis – bien que la majorité ne sache pas réfléchir par eux-mêmes – et qu’il pourra devenir un shinigami.
D’autant qu’à choisir entre cette vie et une éternité à la rue, autant prendre la direction via laquelle il peut manger tous les jours.
18 septembre 1870, 7h24, devant l’académie shinigami.
Yasu est arrivé le premier, avant tous les autres. Sa première année de formation ne commencera que dans quelques heures, mais il ne pouvait plus rester à l’orphelinat. Plus depuis la maladie qui a tout pris, tout ravagé. Tout tué.
Un parasite du Reiatsu. Qui aurait pu y croire ? Qui y aurait pensé, pour être tout à fait honnête. Tout n’a pas été brisé. Il n’est pas mort, par exemple. Mais il ne devrait pas être seul ici. Ils devaient être six, dont lui, Hyakurai Yasuzake, le moins talentueux d’entre eux… De la chance. C’est tout ce dont il a disposé. Une chance que personne n’a compris, pas même lui.
Tout ce qu’il en a tiré, c’est la nécessité de partir loin, le plus vite possible. Ne plus jamais retourner au Hyakurai, ne plus jamais en entendre parler.
Ne pas chercher à en savoir plus sur le shinigami qui le finance. C’est inutile.
18 septembre 1870, 9h, dans l’amphithéâtre principal.
La salle est pleine. A craquer. Quelques professeurs sont présents sur l’estrade, en ligne. Déjà grand pour son âge, Yasu s’est vers le fond, pour ne pas gêner et parce qu’à quoi bon ? Le simple fait de ne plus dormir au Hyakurai lui suffit.
Il y a beaucoup de monde. Certains sont très ouvertement nobles – la stature, le regard, l’élégance… Ces choses ne trompent pas – et d’autres ne sont que des parvenus, comme lui. Rien de mieux qu’une diversité extrême pour s’assurer de sélectionner les meilleurs fruits. C’est ainsi que fonctionnait le Hyakurai et même s’il aimerait croire que cela sera différent ici, Yasu sent bien que ce sera la même chose.
« Un peu de calme s’il vous plait. »
La voix est basse, profonde. Légèrement caverneuse. Ichikai Tanro, l’un des instructeurs en chef. Yasuzake a appris son nom plus jeune, ainsi que son parcours, mais il n’y pense pas. Pour être tout à fait honnête avec vous, c’est l’homme derrière Ichikai qui obnubile notre jeune étudiant.
Immense haori rose par-dessus le blanc, deux sabres sur le côté de la ceinture, longs cheveux et fine barbe de trois jours… Kyōraku Shunsui, capitaine de la huitième division, possesseur d’un Zanpakutō jumeau, l’un des deux seuls au monde ; un génie parmi les génies.
Yasuzake penche la tête sur le côté : l’homme est superbe, accompagné de sa lieutenante, Lisa Yadômaru. Elle est légèrement en retrait et son regard glisse sur le capitaine. Yasuzake plisse les yeux, remarque les faux plis dans le hakama de la lieutenant.
Il fronce les sourcils, le nez. On ne la lui fera pas. Pas à lui.
«Rassurez-vous jeune gens. » Le capitaine, qui s’est avancé. « Je ne vous tiendrai pas longtemps. »
Ca n’est pas lui qui, traditionnellement, s’occupe du discours d’admission des nouveaux étudiants, mais celui de la septième division. Ce dernier n’étant pas disponible, c’est à lui qu’a été demandé de parler brièvement.
Il laisse son regard se balader dans la salle, croise celui de Yasuzake, du moins c’est ce que le shinigami en devenir ressent. Le jeune est sous le charme, alors qu’il a une idée assez précise de l’âge du capitaine. Cent fois le sien, pour être exact.
« Comprenez que les six prochaines années vont déterminer votre avenir, votre éternité. Vos professeurs vont vous entraîner au mieux, vous apprendre le combat, la sorcellerie, l’art et la tactique. »
Une pause, un rire léger pour la conclure. Il continue un peu, raconte deux ou trois anecdotes sur sa propre expérience ici, sur l’importance de la régularité, mais aussi du bien être et du bon temps. Tout n’est qu’équilibre, selon lui.
Yasuzake l’observe et sait déjà ce qu’il doit faire : triompher de l’académie, des six années de formation, découvrir les pouvoirs de son shikai, postuler et rejoindre la huitième division.
Quoi de plus simple ?
4 avril 1897, 16h34, quartiers de la Treizième division.
Le printemps déploie son manteau sur le Seireitei depuis quelque temps maintenant. Le calme est réel, absolu. Partout ? Non. Loin de là : Shiba Kaien est venue chercher Yasu dans ses quartiers, pendant un jour de permission qui plus est. Le jeune génie, qui a commencé l’académie après Yasu pour la terminer avant lui, est stressé au possible et, bien qu’il fasse au mieux pour dissimuler tout cela Yasu a compris que cela avait rapport avec leur capitaine.
L’idée d’avoir fauté dérange Yasu. Le capitaine Ukitake est un amour. Littéralement. Il est du genre à se plier en quatre malgré la maladie, à s’assurer que chacun ait sa place et s’y sente à l’aise.
De mémoire d’homme, le capitaine n’a jamais réprimandé qui que ce soit sans une bonne raison, et c’est là ce qui terrifie le plus notre cher Yasuke. Il ne sait pas ce qu’il a bien pu faire. Il est toujours à l’heure, s’assure de ne manquer de respect à personne, travaille aussi sérieusement que nécessaire sans non plus mourir sous le travail.
Non, ça n’est pas possible. Ah moins que… Non. Yasu se mord la lèvre tandis que le vice-capitaine lui jette un regard en coin. Non. Rien ne sert de se faire du mourrons pour rien et puis… Il s’interrompt, finit par poser la question :
« Vice-capitaine Kaien, qu’est-ce qui…
— Le capitaine Ukitake requiert tes services, il est en "réunion" avec le capitaine Kyōraku. »
Yasu s’arrête, incrédule.
« Quoi ?
— Oui.
— Vraiment ?
— Définitivement.
— Errrrrrrr. »
Le vice-capitaine rit sans comprendre. S’il avait su, Yasu aurait fait un peu plus d’efforts quant à son apparence… Bwarf, tant pis.
Ils arrivent bientôt dans le jardin sur lequel donne le bureau du capitaine Ukitake. Ce dernier lance un regard à la fois gêné et embêté à Yasu. Il sait qu’il était en congé. Il sait aussi que Yasu aime passer du temps seul dans ces moments-là. Le capitaine va pour s’excuser, Yasu lève une main pour l’en empêcher.
C’est inutile, il ne lui en veut pas. Comment le pourrait-il ?
Yasu regarde le capitaine Kyōraku, qui tend une coupelle de sake. Un rire plus tard, Yasu dégaine son sabre et porte le fourreau contre ses lèvres. « Takika ni tsurumu, Shuenaijin ! » L’instant d’après, son sabre est une hache européenne et le fourreau a disparu.
Il met la hache au-dessus de la coupe et un fin trait de sake y tombe.
« Où sont vos bouteilles, capitaine ? »
Le capitaine Ukitake a un rire gêné avant de désigner trois bouteilles sur la gauche. Yasuke s’y dirige tandis que la conversation entre les capitaines reprend.
Yasu ne parvient à quitter du regard le capitaine de la huitième division une seule seconde. Il ne le regarde qu'en coin, évidemment. Avec une certaine discrétion.
Et il y parvient, dans une certaine mesure. Seul le Capitaine Ukitake a vu que Yasuzake regardait, mais il ne dira rien. Ca n'est pas son genre.
1951, lendemain des rites funéraires de Shiba Kaien, 13h44, quartiers de la Treizième division.
Le monde est triste. Le ciel ne se découvre pas, mais refuse au Seireitei la pluie qui pourrait laver son âme et ses peines. Les fleurs sont ternes, comme délavées par les larmes de la treizième division.
Shiba Kaien, vice-capitaine de son état, est mort. Il a emporté avec lui un fragment de la treizième division et cette fracture, cette légère fissure, restera présente à jamais. Rien ne saura la combler. Pour l’instant du moins. Il est trop tôt pour qu’ils imaginent la vie autrement.
La Kuchiki est dans son clan, à panser les blessures de son cœur, pires que toutes les autres. C’est elle qui a porté le coup final. C’est elle qui portait le sang du vice-capitaine sur le visage… Et c’est sûrement elle qui prendra sa suite.
Ce doit être horrible, Yasuzake le sent au plus profond de ses tripes. Les actes de la jeune seront questionnés, on la croira coupable et, noble ou non, elle portera les stigmates de cette mort pendant longtemps. Plus qu’elle ne peut l’imaginer.
Seul dans sa chambre, Yasuzake aimerait faire quelque chose pour elle. Pour elle et pour tous les autres. Il connaît cette tristesse. Il l’a sentie dans ses tripes et ne la souhaite à personne. Le capitaine Ukitake s’est retiré, probablement pour voir son ami de toujours, le vice-capitaine n’est plus, la Kuchiki ne viendra pas.
Yasuzake inspire un instant : que faire ? Il ferme les yeux et la voix de Shuenaijin fait écho en lui. Il adore son Zanpakutō, il aime son côté joueur, il aime ses idées… La seule chose…
« Tu sais ce que nous pourrions faire, n’est-ce pas ? » Un sentiment d’ivresse glisse en Yasuzake, rampe sous sa peau. « Nous pourrions les faire boire, tous… Et puis toi aussi. Ne voudrais-tu pas t’oublier encore une fois ? T’adonner aux bras de l’alcool ? Tu sais que je connais tous tes penchants… »
Le seul problème est que Shuenaijin est un alcoolique notoire qui se complet à faire boire tous ceux qu'il peut.
« Allez, laisse-toi faire mon grand et fort Yasuzake. Tout ira bien, je te le promets ! »
Yasuzake inspire. Il ne doit pas laisser Shuenaijin faire. Il le sait. Cet abruti finit toujours par rendre tout le monde si ivre que tous vomissent tout ce qu’ils ont et que personne ne se souvient. Non. Non il ne faut pas.
…
1951, surlendemain des rites funéraires de Shiba Kaien, 09h57.
Lorsqu’il est revenu de chez son ami, le capitaine Ukitake n’a pu constater qu’une seule chose en voyant l’état du bâtiment principal de sa division : ses subordonnés, la majorité du moins, ont abusé du Shikai de Yasuzake.
Ce dernier a d’ailleurs été retrouvé quelque part entre la treizième et la huitième division.
Personne n’avouera jamais la raison de se déplacement. Personne n’avouera surtout que la raison a été avalée dans un black-out général.
- 2003, durant l'attaque des Streinritters:
28 décembre 2020, 9h35, quartier de la Première Division.
Ça a été prouvé : 98% des membres de la treizième division détestent le mois de décembre. Pourquoi ? D’abord parce que le mois de décembre – par Noël et le Jour de l’An – excite les humains, et donc rend instable l’équilibre de leur monde. Ensuite parce que leur plus haut classé doit faire un rapport annuel à son supérieur direct.
Et s’il peut paraître anodin de faire un rapport à son capitaine, faire un rapport au Gunjiseiken en étant vice-capitaine reste terrifiant.
Droit comme un piquet, terrifié par toutes ces légendes vivantes – pour certaines plus jeunes !! – Yasuzake est sur le point de commencer. Il a beaucoup de choses à dire, aujourd’hui… et s’il pouvait éviter tout impair il…
« Nous vous écoutons, Vice-capitaine Yasuzake. »
Il déglutit difficilement, arrache un sourire à la Kuchiki. Par chance il la connaît depuis longtemps.
« Les choses évoluent dans le monde des humains. Les nombreux reiatsus présents à Tokyo en attirent d’autres. Je sais que cela avait déjà été conjecturé, mais les humains appréhendent de mieux en mieux le Reishi. Très honnêtement, je ne suis pas en mesure d’interpréter ces faits, mais la douzième division est sur le coup, et nous faisons au mieux pour leur fournir toutes les données qui leur semblent nécessaires à la pleine compréhension de la situation. »
Il continue les détails techniques que tous récoltent et qu’il compulse depuis maintenant trois ans. La guerre contre le Sanguinaire a vraiment tout changé. Tant de gradés sont tombés qu’aujourd’hui encore, le Gotei 13 peine à s’en remettre.
Malgré l’émergence de nouveaux capitaines, des officiers comme Yasuzake se retrouvent encore à presque diriger des divisions entières. Ils prennent évidemment leurs ordres du Gunjiseiken… Mais ils sont seuls décisionnaires en cas de crise.
« En l’état actuel des choses, les forces de la treizième division suffisent à observer le monde des hommes. » Il s’arrête un instant, fronce les sourcils. Pourquoi penser ainsi ? Il lance un regard incertain vers son ancienne capitaine. D’un hochement de tête, elle l’invite à continuer. « Il y a eu beaucoup de tragédies. On n’aurait pas pu éviter l’inévitable, j’en conviens… Mais je crois que la treizième division n’est pas adaptée à sa mission. Elle ne l’est plus, en tout cas. Pas après Sosuke Aizen, le Wandenreich et le Sanguinaire. » Son débit de parole augmente, malgré lui. « Nous devons nous adapter pour mieux comprendre ce qu’il se passe en dehors du Seireitei et, pour être tout à fait honnête, je ne sais absolument pas quoi faire. »
Il les regarde tous, retient sa respiration malgré lui.
« Aidez-moi à comprendre ce que je suis censé faire. S’il vous plaît. »
Yasuzake a à peine fini sa phrase que l’adrénaline redescend. Il expire fébrilement, laisse son regard aller de la Kuchiki au Capitaine Comandant, puis de nouveau à elle. Elle sourit il hoche la tête. S’incline.
« Tu peux y aller Yasuzake, je viendrais à la treizième la semaine prochaine pour faire le point avec toi.
— Je vous remercie. »
Et il quitte la pièce sous le regard amusé du Conseil. Il n’y a que lui à ignorer qu’il sera le prochain capitaine de la treizième division.
Il ne lui manque qu’un Bankai.
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