Eiichi Noda
Données Spirituelles
Grade: Jack of Coins
Mar 18 Avr 2023 - 0:41 - Site B2
"Nous arriverons dans 3 minutes monsieur Eiichi."
"Merci Ayami."
L'intérieur brinquebalant de la cabine n'était éclairé que d'une faible lueur rougeâtre, et pourtant Noda pouvait voir d’ici la nervosité difficilement camouflée d'Ayami. Sa subordonnée n'avait jamais apprécié les trajets en hélicoptère, et il était certain que la tempête de neige qui se déchaînait autour de l'habitacle ne contribuait pas à la rassurer, mais elle tenait à ne pas laisser son président en la seule compagnie d'un rival direct à sa position de bras droit. Après tout, c'était bien l'ambitieux Okamoto Kichiro qui avait reçu la pleine charge de la rénovation du fameux site B2 que le duo s'apprêtait à visiter. La tablette de la jeune femme s'illumina, et elle y jeta un bref coup d'oeil avant d'annoncer, soucieuse de rappeler à son patron l'ampleur de ses talents, la bonne nouvelle qu'elle venait de recevoir.
"Les familles se sont mises d'accord sur la possibilité d'un rendez-vous et commencent à réfléchir aux potentiels lieux, monsieur."
"Excellent, tu as fait vite, comme toujours."
"Ce n'était pas particulièrement compliqué monsieur. Je sélectionnerais personnellement votre garde à notre retour à la tour."
"Inutile, je n'emporterais que les hommes d'Ultima Necat."
Encore ces fichus arrivistes ! Ayami commençait sérieusement à en avoir plus qu'assez de ces mystérieux agents qui semblaient s'emparer peu à peu de ses prérogatives. Elle respectait l'autorité de son employeur, bien sûr, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que quelque chose de plus étrange se tramait. Elle n'avait pourtant pas lésiné sur les ressources, mais chaque piste qu'elle explorait semblait à chaque fois juste hors d'atteinte, comme si quelqu'un, ou quelque chose était au courant de ses efforts et se jouait d'elle, la testait. Mais dans quel but ?
Plongée dans ses pensées, la jeune femme fut prise de court par la bouffée d'air froid qui s'engouffra dans l'appareil. Les deux passagers, tous deux vêtus d'épais manteaux, se levèrent et descendirent de l'hélicoptère après que les pales se soient arrêtées. Là, ils purent apercevoir une silhouette masculine aux larges épaules au travers de la tempête.
“Bienvenue sur le Mont Hotakadake, vous devez être là pour visiter les plages tropicales, je me trompes ?”
Kichiro était l’exact opposé d’Ayami, et ce selon tous les paramètres possibles et imaginables. Si la seconde était l’exact modèle de la femme d’affaires japonaise classique, bien que plutôt jeune pour les fonctions qu’elle occupait, le premier était un véritable colosse à la peau mate qui détonnait en avec ses collègues. Il en jouait même, et adoptait un comportement aux antipodes de la réserve sociale commune aux Nippons, faisant preuve en permanence d’une épuisante exubérance. En dépit de ce drôle de comportement, il restait terriblement efficace et compétent, et c’était bien là les seules caractéristiques que recherchait Eiichi Noda chez ses employés. Ayami avait en revanche à cœur de garder un environnement de travail sérieux et respectueux, volonté qu’elle ne tarda pas à exprimer d’un ton qui, même au beau milieu du blizzard, semblait particulièrement glacial.
“Nous ne sommes pas au karaoké, Okamoto, montre nous ce que nous sommes venu voir et cesse de faire l’idiot.”
“Chef oui chef.”
Le subalterne se rapprocha du duo fraîchement désembarqué avec un sourire particulièrement irritant pour sa supérieure directe, puis se tourna vers leur grand patron.
“Nous allons prendre la petite porte, monsieur. La grande nécessite encore quelques réglages.”
Sans attendre de réponse car conscient qu’il n’en aurait aucune, le superviseur se mit en marche, suivit de ses chefs. Le trio emprunta un chemin à peine visible sous les épaisses couches de neige et arriva finalement sur une petite plateforme découverte et qui comportait, en son centre, une sorte de sas couvert. Les deux portes métalliques s’ouvrirent sans bruit, laissant le petit groupe pénétrer dans la pénombre qu’elle abritait. Derrière eux, l’ouverture se referma prestement, et une lumière timide s’alluma difficilement au-dessus de leurs têtes.
“J’ai conscience que vous n’accordez de toutes façons pas grande attention à ce genre de détails, mais c’est tout à fait temporaire, rassurez-vous.”
“Je n’ai rien dit.”
“Ah oui ? Je me demande bien de qui peut émaner le mépris que je viens de ressentir.”
Un sourire moqueur apparut sur le visage du responsable du site alors qu’il verrouillait son regard sur celui de sa supérieure hiérarchique. Ayami se contenta de soupirer discrètement en retour, et, bien vite, ce qui était en réalité une cabine d'ascenseur entama sa descente dans le cœur de la montagne.
“Nous aurons bientôt terminé les nouvelles excavations. Il ne devrait plus nous rester qu’à installer quelques cloisons et à étendre le réseau électrique, que nous avons d’ailleurs déjà modernisé. Nous avons par ailleurs fait de sérieuses économies sur les coûts initialement prévus.”
“Bon travail Kichiro. J’ai bien fait de retenir ton profil pour cette mission.”
Les portes de l'ascenseur s’ouvrirent, et les businessmen furent accueillis par un véritable régiment de techniciens et d’ouvriers tous affairés à la tâche. Si certains prirent le temps de vaguement hocher la tête sur leur passage, la majorité ne sembla même pas les remarquer. C’était une bonne chose, Noda n’aimait pas que ses subalternes lui lèchent les bottes quand ils avaient mieux à faire.
“A vrai dire, nous avions grandement surestimé l’ampleur des travaux. Le bunker n’avait pas été construit pour accueillir 20 000 personnes bien sûr, mais il ne faut pas oublier qu’un membre de la famille impériale ou du gratin de l’état-major de 1940 prend plus de place qu’un citoyen lambda. Beaucoup plus de place. J’ai pris la liberté de rediriger une partie de nos économies sur le salaire des cadres. Ils ne seront jamais trop bien payé pour leur silence.”
Lentement, le sourire du colosse s’évapora alors qu’il semblait tiraillé par une curiosité dévorante. En vertu de l’expérience de l’homme d'affaires, il y avait fort à parier que cette expression soit volontaire, mais Noda se laissa prendre au jeu.
“Quelque chose te perturbe, Kichiro ?”
“Eh bien, et avec tout le respect que je vous dois, j’ai du mal à comprendre en quoi Mitusbishi a besoin d’un service de sécurité aussi large. Un tel nombre nous amènerait au niveau de Blackwater, pardon, d’Academi, et à la moitié des forces de Wagner. Le conglomérat a fait des marges records en six mois sous votre direction, et je me demande simplement ce qui peut bien vous pousser à dilapider ces profits et à creuser dans les caisses pour une armée privée dont nous n’avons pas besoin.”
Ayami aurait préféré formuler cette remarque avant, mais son ego lui empêchait désormais de se placer derrière l’observation d’un subordonné et d’un rival. Pour autant, elle partageait assurément les doutes de Kichiro sur cette mystérieuse entreprise.
“Cette armée ne sera pas placée sous mon contrôle direct, ni sous celui du conglomérat. J’ai récemment intégré une organisation dont l’importance pour l’espèce humaine, sa survie et son… indépendance, est capitale.”
Ce fut au tour de l’habituellement stoïque bras droit de l’héritier d’intervenir avec une stupéfaction qu’il lui était rare de ressentir, encore plus d'exprimer.
“Son indépendance monsieur ? De qui donc ?”
“Je vous demande encore un peu de patience. Pour l’heure, je tiens à m’assurer que vos pensées sont focalisées sur vos objectifs respectifs. Une fois le projet Égide lancé, tout vous sera révélé.”
Joignant ses mains dans son dos, le patron se positionna face à la grande porte du bunker que des techniciens étaient en train de tester. La lumière qui se dégagea soudain depuis l’extérieur éblouit momentanément les deux subalternes, sans qu’elle ne semble déranger leur chef.
“Oui… vous méritez bien votre place au soleil.”
"Merci Ayami."
L'intérieur brinquebalant de la cabine n'était éclairé que d'une faible lueur rougeâtre, et pourtant Noda pouvait voir d’ici la nervosité difficilement camouflée d'Ayami. Sa subordonnée n'avait jamais apprécié les trajets en hélicoptère, et il était certain que la tempête de neige qui se déchaînait autour de l'habitacle ne contribuait pas à la rassurer, mais elle tenait à ne pas laisser son président en la seule compagnie d'un rival direct à sa position de bras droit. Après tout, c'était bien l'ambitieux Okamoto Kichiro qui avait reçu la pleine charge de la rénovation du fameux site B2 que le duo s'apprêtait à visiter. La tablette de la jeune femme s'illumina, et elle y jeta un bref coup d'oeil avant d'annoncer, soucieuse de rappeler à son patron l'ampleur de ses talents, la bonne nouvelle qu'elle venait de recevoir.
"Les familles se sont mises d'accord sur la possibilité d'un rendez-vous et commencent à réfléchir aux potentiels lieux, monsieur."
"Excellent, tu as fait vite, comme toujours."
"Ce n'était pas particulièrement compliqué monsieur. Je sélectionnerais personnellement votre garde à notre retour à la tour."
"Inutile, je n'emporterais que les hommes d'Ultima Necat."
Encore ces fichus arrivistes ! Ayami commençait sérieusement à en avoir plus qu'assez de ces mystérieux agents qui semblaient s'emparer peu à peu de ses prérogatives. Elle respectait l'autorité de son employeur, bien sûr, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que quelque chose de plus étrange se tramait. Elle n'avait pourtant pas lésiné sur les ressources, mais chaque piste qu'elle explorait semblait à chaque fois juste hors d'atteinte, comme si quelqu'un, ou quelque chose était au courant de ses efforts et se jouait d'elle, la testait. Mais dans quel but ?
Plongée dans ses pensées, la jeune femme fut prise de court par la bouffée d'air froid qui s'engouffra dans l'appareil. Les deux passagers, tous deux vêtus d'épais manteaux, se levèrent et descendirent de l'hélicoptère après que les pales se soient arrêtées. Là, ils purent apercevoir une silhouette masculine aux larges épaules au travers de la tempête.
“Bienvenue sur le Mont Hotakadake, vous devez être là pour visiter les plages tropicales, je me trompes ?”
Kichiro était l’exact opposé d’Ayami, et ce selon tous les paramètres possibles et imaginables. Si la seconde était l’exact modèle de la femme d’affaires japonaise classique, bien que plutôt jeune pour les fonctions qu’elle occupait, le premier était un véritable colosse à la peau mate qui détonnait en avec ses collègues. Il en jouait même, et adoptait un comportement aux antipodes de la réserve sociale commune aux Nippons, faisant preuve en permanence d’une épuisante exubérance. En dépit de ce drôle de comportement, il restait terriblement efficace et compétent, et c’était bien là les seules caractéristiques que recherchait Eiichi Noda chez ses employés. Ayami avait en revanche à cœur de garder un environnement de travail sérieux et respectueux, volonté qu’elle ne tarda pas à exprimer d’un ton qui, même au beau milieu du blizzard, semblait particulièrement glacial.
“Nous ne sommes pas au karaoké, Okamoto, montre nous ce que nous sommes venu voir et cesse de faire l’idiot.”
“Chef oui chef.”
Le subalterne se rapprocha du duo fraîchement désembarqué avec un sourire particulièrement irritant pour sa supérieure directe, puis se tourna vers leur grand patron.
“Nous allons prendre la petite porte, monsieur. La grande nécessite encore quelques réglages.”
Sans attendre de réponse car conscient qu’il n’en aurait aucune, le superviseur se mit en marche, suivit de ses chefs. Le trio emprunta un chemin à peine visible sous les épaisses couches de neige et arriva finalement sur une petite plateforme découverte et qui comportait, en son centre, une sorte de sas couvert. Les deux portes métalliques s’ouvrirent sans bruit, laissant le petit groupe pénétrer dans la pénombre qu’elle abritait. Derrière eux, l’ouverture se referma prestement, et une lumière timide s’alluma difficilement au-dessus de leurs têtes.
“J’ai conscience que vous n’accordez de toutes façons pas grande attention à ce genre de détails, mais c’est tout à fait temporaire, rassurez-vous.”
“Je n’ai rien dit.”
“Ah oui ? Je me demande bien de qui peut émaner le mépris que je viens de ressentir.”
Un sourire moqueur apparut sur le visage du responsable du site alors qu’il verrouillait son regard sur celui de sa supérieure hiérarchique. Ayami se contenta de soupirer discrètement en retour, et, bien vite, ce qui était en réalité une cabine d'ascenseur entama sa descente dans le cœur de la montagne.
“Nous aurons bientôt terminé les nouvelles excavations. Il ne devrait plus nous rester qu’à installer quelques cloisons et à étendre le réseau électrique, que nous avons d’ailleurs déjà modernisé. Nous avons par ailleurs fait de sérieuses économies sur les coûts initialement prévus.”
“Bon travail Kichiro. J’ai bien fait de retenir ton profil pour cette mission.”
Les portes de l'ascenseur s’ouvrirent, et les businessmen furent accueillis par un véritable régiment de techniciens et d’ouvriers tous affairés à la tâche. Si certains prirent le temps de vaguement hocher la tête sur leur passage, la majorité ne sembla même pas les remarquer. C’était une bonne chose, Noda n’aimait pas que ses subalternes lui lèchent les bottes quand ils avaient mieux à faire.
“A vrai dire, nous avions grandement surestimé l’ampleur des travaux. Le bunker n’avait pas été construit pour accueillir 20 000 personnes bien sûr, mais il ne faut pas oublier qu’un membre de la famille impériale ou du gratin de l’état-major de 1940 prend plus de place qu’un citoyen lambda. Beaucoup plus de place. J’ai pris la liberté de rediriger une partie de nos économies sur le salaire des cadres. Ils ne seront jamais trop bien payé pour leur silence.”
Lentement, le sourire du colosse s’évapora alors qu’il semblait tiraillé par une curiosité dévorante. En vertu de l’expérience de l’homme d'affaires, il y avait fort à parier que cette expression soit volontaire, mais Noda se laissa prendre au jeu.
“Quelque chose te perturbe, Kichiro ?”
“Eh bien, et avec tout le respect que je vous dois, j’ai du mal à comprendre en quoi Mitusbishi a besoin d’un service de sécurité aussi large. Un tel nombre nous amènerait au niveau de Blackwater, pardon, d’Academi, et à la moitié des forces de Wagner. Le conglomérat a fait des marges records en six mois sous votre direction, et je me demande simplement ce qui peut bien vous pousser à dilapider ces profits et à creuser dans les caisses pour une armée privée dont nous n’avons pas besoin.”
Ayami aurait préféré formuler cette remarque avant, mais son ego lui empêchait désormais de se placer derrière l’observation d’un subordonné et d’un rival. Pour autant, elle partageait assurément les doutes de Kichiro sur cette mystérieuse entreprise.
“Cette armée ne sera pas placée sous mon contrôle direct, ni sous celui du conglomérat. J’ai récemment intégré une organisation dont l’importance pour l’espèce humaine, sa survie et son… indépendance, est capitale.”
Ce fut au tour de l’habituellement stoïque bras droit de l’héritier d’intervenir avec une stupéfaction qu’il lui était rare de ressentir, encore plus d'exprimer.
“Son indépendance monsieur ? De qui donc ?”
“Je vous demande encore un peu de patience. Pour l’heure, je tiens à m’assurer que vos pensées sont focalisées sur vos objectifs respectifs. Une fois le projet Égide lancé, tout vous sera révélé.”
Joignant ses mains dans son dos, le patron se positionna face à la grande porte du bunker que des techniciens étaient en train de tester. La lumière qui se dégagea soudain depuis l’extérieur éblouit momentanément les deux subalternes, sans qu’elle ne semble déranger leur chef.
“Oui… vous méritez bien votre place au soleil.”
