Too Spicy for your Heart

Le repos du guerrier. Un passage nécessaire cette fois. Orias avait beaucoup trop négligé sa propre santé, sa propre forme au profit d’une masse de travail qui ne baissait jamais. De nombreux Agents disparaissaient, perdaient la vie ou désertaient. Et lui devait rester et tenir la barque. Naviguer toujours tout droit, de manière à ce que la fragilité du miroir ne vienne pas à causer leur perte. Tous les plans que l’Ultima Necat mettait en place ne pouvaient perdurer si cet immense secret s’éventait. Le monde lui-même était-il capable de survivre à une pareille vérité ? Car sans même tenir compte de ce qu’il adviendrait de leur organisation, le monde des hommes pouvait s’avérer en lui-même trop fragile pour pouvoir rester debout face à pareil coup de pied dans la fourmilière.

Il fallait qu’Orias se fasse à cette nouvelle vie également, enfin. Rester à l’écart de ce monde ne lui avait pas causé de tort jusqu’ici. Au contraire, en l’observant d’un point de vue décalé, comme s’il n’en faisait pas partie lui-même, il lui était plus facile de jauger de la manière dont le troupeau avançait. Pourquoi vouloir en faire partie alors ? Parce que, sans doute, il avait besoin d’avoir sa propre vie également, à son tour. Et désormais, l’Astromancien avait une porte d’entrée véritable sur cette ère. Un cadeau du ciel, une étoile brûlant pour lui, une ancre dans cette époque pour qui il devrait bien faire quelques efforts s’il ne voulait pas la rendre malheureuse.

Le roux ne serait sans doute jamais tout à fait à l’aise dans cette ère, ce monde. C’était beaucoup trop différent, et il ne lui était pas permis d’oublier le fait que son âme avait déjà connu la mort. Et contrairement aux autres, il en avait non seulement le souvenir, mais il lui avait été dénié de pouvoir tout reprendre à zéro par une nouvelle naissance, comme c’était le cas pour Recca. Combien de vies vécues depuis sa Chouette ? Impossible de le savoir. Mais son âme, une fois au moins, avait effectué le cycle, et vivait une nouvelle vie comme si c’était la première, la dernière, la seule, tout simplement.

Alors, une journée de repos avait été planifiée avec elle. Dans le Nord de Tokyo, il y avait apparemment plusieurs quartiers qui pourraient l’intéresser. Ce qu’on appelait le vieux Tokyo, comportant les quartiers les plus anciens. L’on y trouvait des quartiers familiaux, mais aussi des musées et des parcs, où trouver le calme et l’histoire, pour les quelques siècles qui lui manquaient. Mais aussi un quartier dédié à la culture « geek » et à l’électronique, des points desquels il était entièrement étranger. Beaucoup de choses à voir, à apprendre, à appréhender, en principe. Ou tout simplement se concentrer entièrement sur le repos ? L’avis de Recca serait sans doute primordial pour le guider dans cette journée.

Spoiler:

Cela semble presque irréel de se retrouver là, tranquillement dans les rues de Tokyo comme si de rien n’était. Comme si quelques jours plus tôt, ils n’avaient été en plein combat, risquant leur vie pour l’avenir de l’humanité. Le regard ambré de la rouquine se tourne un instant vers son compagnon et elle cligne des yeux. Cela aussi semble irréel. Qui aurait cru il y a quelques mois de cela qu’elle se tiendrait là aux côtés d’un homme jusqu’à avoir glissé sa main dans la sienne ? Cette scène, elle a l’impression de l’observer de loin. A-t-elle vraiment le droit de vivre elle aussi ? Et surtout, vivre heureuse ainsi ? Doucement, elle raffermit sa prise sur sa main pour se raccrocher à cette réalité. Aujourd’hui ils ne sont qu’Orias et Recca, couple ordinaire, autant que faire se peut.

Que font les couples ordinaires ? De ce qu’elle a pu lire ou observer, ils sortent au cinéma, au restaurant, partagent un fameux dessert ou une glace dans le salon de thé dédié, se promènent dans les parcs… Y a t’il une seule de ces choses qui lui corresponde et qui ne la mette pas d’office mal à l’aise ? Si peu habituée à cette vie pleine d’insouciance, elle semble un peu perdue sur ce qu’ils pourraient bien faire. Heureusement son King lui fait part de ce qui pourrait l’intéresser et elle n’a plus qu’à choisir dans la liste. En une journée, ils auront bien le temps de faire une ou deux choses, alors pour commencer en douceur, c’est au musée d’histoire qu’ils passeront la matinée.

A aucun moment elle ne lâche la main de son âme sœur. Parfois même, elle semble davantage intéressée par lui que par les vestiges du temps passé. Certains mots lui brûlent les lèvres, gonflant son cœur comme un ballon de baudruche, mais elle n’est pas prête à les prononcer. Elle sait pourtant que le temps leur est compté, que pour eux, l’espérance de vie est bien plus courte alors lorsqu’on peut en profiter, il ne faut pas hésiter. Néanmoins, c’est ainsi, elle a trop peur d’y laisser des plumes et cette crainte ne s’évanouira pas en un simple claquement de doigts.

« Alors, t’apprend des trucs ? »

Tandis qu’ils observent le passé, Recca pense à l’avenir. Quelle est censée être la prochaine étape dans un couple ? Si l’envie de brûler les étapes ne manque pas, elle garde pourtant une réserve qui la retient d’aller trop vite. Dans leur situation, il est difficile de ne pas se demander de temps en temps s’il l’apprécie vraiment pour ce qu’elle est ou s’il ne voit en elle que le souvenir de ce qu’elle a pu être pour lui dans une autre vie.

« J’ai l’impression d’être un imposteur qui essaie de vivre normalement. » Dit-elle à voix basse pour que lui seul puisse entendre.

- Moui...

Difficile de s’affirmer. Combler tout ce qu’il a manqué semblait impossible, et… de pas si grand intérêt que cela. C’était comme essayer de remplir un puzzle avec des pièces qui ne lui appartenaient pas. Le vide qu’il ressentait, quant à l’hérésie de se trouver dans une époque si lointaine de la sienne, ne pouvait pas être remplie aussi simplement qu’en découvrant des vestiges de choses qu’il n’avait pas connues.

- Je crois que ce n’est pas pour moi, finalement. C’est… bizarre. J’ai à la fois envie de savoir, et en même temps, quand je suis devant… tout ça… je ne sais pas quoi en faire. Pas quoi mémoriser, comme si rien de cela n’avait d’importance au final.

Il semblait embêté, mais peut-être qu’il n’était pas le seul au fond. À ce qu’elle lui soufflait, elle ne se sentait pas tout à fait à sa place elle non plus. Mais la concernant il ne s’agissait pas du musée, ou de l’époque. La situation sans doute était trop inhabituelle. Il pince les lèvres un instant, comme en réflexion. Opine du chef.

- Tu as raison. C’est trop normal. Allons plutôt dans un de ses bars où les serveuses portent des oreilles de chat et où les desserts hors de prix semblent tant déborder de crème que l’on ne voit même plus de quoi il s’agit en dessous !

Une bonne manière de changer complètement d’ambiance, et peut-être de se détendre un peu. Ils étaient passés devant plusieurs de ces « boutiques atypiques », et bien sûr c’étaient les concepts les plus décalés qui avaient attirés son attention. Et dire que leur première rencontre s’était terminée dans un bar avec des bouteilles à la place de verres… autre ambiance, c’est sûr ! Mais peut-être que là aussi, elle aurait ce sentiment ?

- Si tu ne te sens pas à ta place, alors imagine ce que je peux bien ressentir...

Tout pour lui était étranger. Et force était de constater qu’au final, ce n’était pas vraiment que tout était étranger pour lui, mais que lui était étranger à tout. L’intrus. Et rien sans doute ne changerait tout à fait cela. Mais une crêpe fourrée de plusieurs milliers de calories devrait pouvoir aider un peu...

La position du rouquin est complexe et Recca comprend les raisons. Ce n’est pas son époque, pas sa vie. Il n’a plus ses amis, et aux yeux du monde, il n’existe pas, n’a pas d’identité, pas de papiers. Certes, l’organisation pourrait lui en fournir, mais il n’en a pas l’usage. Alors tout cela, à quoi bon ? Surtout quand on sait que la mort peu frapper au prochain tournant… Du trop normal, il propose de tester du complètement décalé. Rien que de s’imaginer tous les deux dans ce genre de bar la fait rire doucement.

« Sérieusement ? Et pourquoi pas. On ne perd rien à essayer. »

Ce n’est pas son genre du tout. Ou du moins, elle ne s’était jamais imaginé aller dans un tel endroit, ni même n’en a eu l’envie. Elle soupire, le regarde puis passe ses bras autour de sa taille, l’enlace l’espace d’un instant. Blottie contre son torse, elle se laisse aller à fermer les yeux quelques secondes. Un temps qui lui paraît long et trop court à la fois car elle craint de le déranger alors qu’elle voudrait davantage profiter de cette étreinte. Silencieusement, elle s’était fait une réflexion qu’elle voyait se vérifier présentement.

« Là. C’est l’endroit où je me sens le plus à ma place. »

Malgré tout, elle peine à sourire franchement. La partie d’elle qui a peur d’être rejetée par lui a besoin d’être rassurée. Bon, s’il est prêt à aller dans un bar avec des serveuses à oreilles de chat, ça doit bien vouloir dire qu’il tient à elle non ? Quoi qu’il en soit, ils doivent quitter le musée, inutile de s’éterniser davantage. Alors ils sortent et se dirigent vers le bar le plus proche et se commandent un de ces desserts de couple à partager, fourni avec deux cuillères. Recca sourit amusée. Certes le cadre est des plus loufoques, mais finalement, elle est heureuse d’avoir l’occasion de faire cette expérience au moins une fois, de manger quelque chose de bon, avec l’homme de son coeur et de le partager avec lui.

« Je ne me vois pas venir ici tous les jours, mais c’est pas si mal ! »

Elle rit doucement, puis, après quelques bouchées et un moment à réfléchir, elle prend un air très sérieux, regardant Orias intensément.

« Et si on emménageait ensemble ? »

Bombe lâchée. Paf !

Bon. Un câlin dans un lieu public, il n’a pas trop l’habitude. Mais il lui tapote le dos en réponse, lançant un petit coup d’œil hasardeux aux alentours. Avec sa tête d’occidental, ils devaient avoir l’air de touristes. Quelques regards forcément, mais hé, ça devrait pouvoir passer. Pas que de son temps il n’aimait pas un petit câlin, mais rarement ce genre de choses se faisait dans un endroit bondé. Toutefois, ce sont les mots de Recca qui dissipent instantanément son sentiment d’être encore moins à sa place. De gêner, d’être gêné, de ne pas se fondre dans le moule et à la fois, quel moule bon sang ?! Juste là, un instant, ils ne sont plus là, et il redevient un peu lui-même, insouciant. Pose un baiser sur le sommet de son crâne, en la serrant un peu plus contre lui de la main. Pas un mot, pas besoin, tout est là, tout est dit.


Transition. Un bar à chats. Mais sans chat. Enfin, si. Mais pas vraiment. Enfin, bref, c’est compliqué. Il goûte une bonne cuillère de ce que leur a commandé Recca. Trop sucré, comme tout ce qui pouvait s’acheter en cette époque. Son palais s’y était fait globalement, au fil des années. Mais des bombes de sucre comme ça, c’était toujours un peu plus compliqué. Pourtant il n’en montre rien, opine avec un petit sourire. Il va juste picorer doucement, sans trop abuser sur les doses. C’est surtout la discussion qui va être intéressante de toute manière. Elle lui pose une question d’ailleurs…

- Mais on mange déjà ensemble là non ? Attends...

Ah. Elle avait pas dit « manger », hein ? Ça l’avait si bien pris à contre-pied qu’il en avait eu une illusion auditive et son cerveau avait remplacé le terme trop étonnant par quelque chose de plus classique, il fallait croire.

- Tu veux dire, hum… Comme dans « vivre ensemble » ? Quitter, heu… mon immeuble actuel pour aller dans… bah… la maison ?

Orias vivait à l’Arcānum. Mais même « de son vivant », il n’avait que trop peu eu l’habitude d’un toit à lui au-dessus de sa tête. C’est que c’était pas donné à tout le monde d’avoir une maison, surtout dans une famille où la piraterie, c’était jamais fini.

- T’es sûre d’en avoir envie ? Si ça se trouve, je ronfle et je pue des pieds, beurk !

Il a l’air plus amusé qu’autre chose à ces déclarations. La « bombe lâchée » avait de quoi générer quelques angoisses, c’est que ça faisait beaucoup de changements inattendus d’un coup d’un seul. Et il n’avait même pas eu le temps de questionner les étoiles à ce sujet. Mais une part de lui en a envie, forcément. S’endormir et se réveiller à ses côtés, et tout le reste… Tout le reste ? « Tout le reste », oui, même s’il ne se rend pas bien compte de ce que ça représente...

La coupe de glace se vide peu à peu et elle ne fait pas vraiment attention au fait que c’est elle qui mange la plus grosse partie parce que la discussion accapare toutes ses pensées. Et pour cause, la proposition lancée n’est pas si anodine. Et sur le coup, elle avait trouvé cela naturel. Mais maintenant qu’elle le voyait tourner cela à la rigolade, la rouquine ne peut s’empêcher de se dire que c’était certainement trop précipité de sa part. Si elle avait ses raisons, à présent sa résolution vacille. Peut-être que lui n’est pas prêt, que ça le met mal à l’aise, ou qu’il ne veut pas. Après tout ils ne se connaissent pas tant que cela. Et puis à son époque on devait certainement se faire la cour pendant longtemps non ? Enfin, elle suppose, n’en sait rien. Et comme il s’agit d’une grande première pour elle, elle ne sait pas non plus ce qu’il convient de faire ou comment s’y prennent ses contemporains.

La cuillère qu’elle avait en main s’arrête à mi-chemin, comme suspendue dans le temps, puis elle est reposée dans la coupe. Recca joint ses mains devant elle, sur la table. Il aurait été peut-être plus léger de répondre à l’humour par l’humour avec un « si ça se trouve c’est moi qui ronfle ». Néanmoins son air reste sérieux. Pas grave non plus, un brin confus certainement. Qu’est ce qui lui a pris ? Quelques mois plus tôt, jamais elle n’aurait penser faire un jour ce genre de proposition. Jamais elle n’aurait pensé être autant attirée par un homme. Elle commençait à comprendre pourquoi tant de couples se formaient. Même si c’est une hérésie, même si on risque de se brûler les ailes, c’est plus fort que soit.

« Toi, plus que quiconque, tu sais que la mort peut survenir n’importe quand pour nous. Les risques sont plus grands… Qui sait combien de temps il nous reste ? Alors… Oui. Oui j’ai envie de profiter de chaque instant qui me reste pour t’avoir à mes côtés. »

Elle soupire, comme si elle avait besoin de prendre une grande inspiration après avoir débité tous ces mots sans prendre la peine d’inspirer. La jeune femme reprend la cuillère, mais ne mange pas davantage, semblant plutôt jouer à gratter la glace du bout de son couvert.

« Après… Maison, maison, c’est vite dit. Ça peut être un grand appart, un truc en banlieue, ou même un yacht. Et puis on peut avoir chacun sa chambre si t’es pas à l’aise au début. »

Car elle n’exclue pas l’idée qu’il puisse avoir envie de se garder un espace personnel. Et elle ne souhaite pas qu’il ait la sensation d’étouffer.

« Mais j’comprendrais si tu trouves que c’est trop tôt ou trop dingue. Et d’un autre côté, peut-être que ça nous ancrerait davantage dans cette réalité. »

- Chacun sa chambre ? Tu voudrais m’enlever la meilleure partie ?

Face au sérieux de Recca, Orias reste souriant, son air affable ne le quittant que trop rarement tant il était ancré en sa façon d’être. Il se penche vers elle, et mime autant son air sérieux que sa gestuelle. Même s’il apportait un brin de dérision dans tout ce qu’il faisait, cela ne voulait pour autant pas dire qu’il n’était pas sérieux.

- Assurément, j’ai déjà une étoile qui m’incite à accepter. Celle qui brille le plus, et spécialement pour moi. Il demeure cependant un très gros souci à régler. Je ne suis pas persuadé que tu sois prête à aborder ce sujet, mais il le faut… tu préfères dormir de quel côté du lit ?

Le coin de ses lèvres s’étire, et machinalement il replie ses jambes sous lui. La Chouette n’aurait pas manqué de lui administrer un coup dans le tibia, d’oser plaisanter d’un sujet aussi sérieux, et de jouer ainsi avec elle. Mais ce n’était bien sûr pas la Chouette qui se trouvait face à lui, il n’en doutait pas. Juste un réflexe inconscient – et qui sait, peut-être qu’au travers du cycle des réincarnations, elle avait préservé ce type d’habitude ?

- Je ne me préoccupe pas du type d’habitat que ce sera. J’aimerais juste que ce soit… assez à l’écart de la ville. Pas trop loin parce qu’il nous faudra pouvoir revenir ici rapidement en cas d’alerte. Mais assez pour que les lueurs les plus importantes puissent s’exprimer. Et puis si je peux m’installer côté fenêtre c’est mieux, oui...

Une fenêtre, une paie qu’il n’en avait plus eu ! Au point qu’il s’était fait installer des écrans reproduisant le ciel étoilé en direct dans son bureau. Il pioche un peu de glace, plutôt liquide désormais. Avant de déclarer, perplexe :

- C’est quoi un Yôth ?

Se serait-elle inquiétée pour rien ? Une vague de chaleur l’enveloppe comme elle se sent rassurée. La rousse sourit, sincèrement heureuse. Même ses taquineries ne sauraient le lui retirer. Son coeur accélère alors qu’il se penche vers elle. Jeune, novice, un rien la met en émoi. Le fait d’être considérée comme l’étoile qui brille le plus la touche. Elle écoute attentivement ensuite lorsqu’il évoque son gros souci. Ce dernier n’étant que de l’ordre du détail, elle fait une petite moue amusée. Effectivement elle lui aura bien envoyé un coup de pied dans la cuisse, mais elle se retient. Avec le temps, il est certain qu’elle aura moins de scrupules pour ce genre de chose !

Elle ne répond pas tout de suite, écoute ses critères qui ne l’étonnent pas. Elle le connaît quand même assez pour avoir deviné que ceux là seraient important pour lui. Ils sont différents de ce que voudraient la majorité des gens. Son King est différent des autres et c’est ce qu’elle aime chez lui entre autres choses.

« Un Yacht ? C’est exactement ce qu’il nous faut ! C’est assez à l’écart de la ville et en même temps on peu se rapprocher au besoin. Et puis si tu te mets côté hublot ça règle notre souci. Je prendrais l’autre côté du lit ! Attend, je vais te montrer à quoi ça ressemble ! »

Sur son smartphone, elle pianote, fait glisser, jusqu’à ce que des images de bateau de plaisance s’affichent. Elle tourne son mobile vers lui, tout sourire.

« Boooon… C’est plus moderne que ce que tu dois connaître, mais hé, c’est confortable, on n’a pas besoin de plus grand n’est ce pas ? C’est parfait je trouve ! »

Elle attend de voir ce qu’il en pense avant de planifier la suite.

« J’ai des économies déjà. Et comme c’est largement moins cher qu’une maison ou un appart, ce sera facile d’en avoir un. Si tu veux on peut déjà aller voir ceux qui sont à vendre.Pas forcément aujourd’hui, même si j’ai un peu hâte quand même… Après on peut poursuivre la journée plus… tranquillement. Aller au cinéma peut-être ? Ou simplement se promener dans un parc ? »

- C’est le yacht… yacht qu’il nous faut ?

Pour lui, en ce moment même, il s’agissait juste d’un type d’habitat, un type d’immeuble sans doute dont il n’aurait encore jamais entendu parler. C’était donc à l’écart de la ville, d’accord, donc il semblait qu’il ne s’agisse pas d’une de ces tours modernes où l’on empilait les « villageois » comme des poules. Elle mentionna aussi le terme de « hublot » et ainsi réussi à le perdre. S’il était un navigateur confirmé en tant que timonier ayant fait ses armes dans la piraterie, il était des termes modernes ainsi dont il ne pouvait avoir connaissance, ne s’étant pas franchement penché sur le vocabulaire de la navigation moderne. Il avait plus l’habitude des sabords – même s’il n’y avait pas besoin d’en avoir mille milliards de mille – en guise d’ouverture dans un navire. Autant dire jusqu’à ce qu’elle lui montre des images, l’Astromancien était complètement sur la mauvaise piste.

- Ooooh. Mais c’est… c’est… un espèce de gros navire sans voile ? Et il va falloir qu’on pille combien de bâtiments de la marine marchande pour s’offrir un truc comme ça ? De tous temps ça n’a jamais été donné un navire !

Bon ça il savait pas vraiment, celui qu’ils avaient eu avec Halphas, ils l’avaient volé aussi. C’était peut-être une idée d’ailleurs…

- On peut peut-être juste… en prendre un ? Comme, heu… un prêt très longue durée ?

Parce que même si elle justifiait d’économies, ça lui paraissait pas donné du tout. Bon, il n’avait pas trop idée de l’étendue du patrimoine de la jeune femme, mais il savait assez que ce n’était pas le genre d’achat que l’on décidait du jour au lendemain. De son temps, c’était surtout les états et les marchands qui s’en procuraient afin de pouvoir faire commerce… et pour lutter contre ceux qui venaient voler leurs profits sur mers. Enfin… la vie était bien différente, et ça ne semblait pas un souci du tout aux yeux de Recca, alors… sans doute valait-il mieux lui faire confiance.

- Et si… et si on se baladait au parc en discutant de ces yacht ? Autant profiter qu’on sorte un peu pour rester dehors !

Le cinéma n’était pas vraiment une expérience qui lui faisait envie, de ce qu’on lui en avait raconté. Peut-être que lorsque l’on y était, c’était une expérience, mais là comme ça sur papier, autant prendre l’air encore un peu !

Conclusion pour moi, j’en relancerai un nouveau très bientôt