Le calme ou la tempête ?

Il avançait dans les couloirs de ses nouveaux quartiers, son Haori posé sur les épaules et attaché au niveau des clavicules. Il n'enfilait pas ses bras dans les manches et ne voulait pas ne pas en avoir. Dans les couloirs il croisait quelques hommes qui s'étonnaient de voir un Capitaine qu'ils ne connaissaient pas déambuler ici. Lorsqu'il avançait et leur présentait son dos - et donc le signe le Onzième Divisions - la plupart laissaient s'échapper un son d'étonnement. La plupart s'inclinaient, le scandant d'un court et bref "Taichō !". Il s'arrêta devant une porte coulissante, scrutant rapidement autour de lui avant de poser la main sur le bois et fixa un des hommes qui le toisait d'un air médusé. Matsukaze le fixait de ses grands yeux dorés, les sourcils froncés. Le Shinigami baissa le regard.

- Toi, va me chercher le Vice-Capitaine Kiryū.

L'homme acquiesça avant de partir en courant. Le Capitaine en profita pour ouvrir la porte et découvrir l'endroit qui allait être sa deuxième maison... Et bien qu'il s'attendait à ne pas trouver un bureau "traditionnel", un endroit un peu poussiéreux et quasiment vide. Quelle ne fut pas sa surprise que de voir un vrai bureau, déjà, positionné dans la partie gauche. Poussiéreux, certes, et pas droit mais fonctionnel avec un fauteuil qui serait sans aucun doute trop grand pour lui. Un vestige de Zaraki Kenpachi sans aucun doute. Mais le plus étonnant restait le reste de la pièce : Un nécessaire d'entrainement complet avec blanc, altères, barres, chaines, cordes, etc... Et un morceau de papier au mur, cloué, sur lequel était inscrit "Shinjiro" et une flèche pointant vers le matériel. Il ne put qu'esquisser un sourire en voyant cela, partagé entre la consternation et le respect. Le Vice-Capitaine ce servait de cette pièce comme salle d'entrainement donc. Sans doute pour y être tranquille, aucun membre de la Division n'oserait pénétrer dans cet endroit qu'ils devaient considérer comme sacré. Mais en même temps... le Vice-Capitaine ne se voyait-il pas déjà propriétaire des lieux ? Probablement. Mais cela, il s'en doutait déjà.

Il ôta son Haori et le haut de son Shihakushō, les jetant nonchalamment sur l'immense chaise qui était désormais la sienne. Il la ferait changer comme bien d'autres choses dans ce bâtiment sans aucun doute. Un long chemin s'ouvrait à lui et il allait devoir le parcourir armé de patience et de Fumihazusu, évidement, pour l'aider à remettre les choses sur la voie de la droiture. Mais pour l'instant, en attendant l'arrivée de son Vice-Capitaine pour le rencontrer officiellement, il allait se permettre d'utiliser son matériel. Après, lui avait bien utilisé son bureau. Bon échange de procédé, non ?

Il essayait de se souvenir de l'allure de Shinjiro, pas certain de l'avoir réellement croisé à l'époque ou il était encore Cinquième Siège à la Huitième. Il allait devoir se contenter du matériel à sa disposition pour s'imager la personne, en sachant pertinemment que les apparences pouvaient être trompeuses : il en était la preuve vivante.

De longues minutes où l'Ogasawara profita des installations pour un bref entrainement, n'ayant aucun mal à utilisé les différents poids posés ça et là. Il fallait dire que pour supporter son propre Zanpakutō le jeune Capitaine avait du pousser son corps dans les extrêmes. La porte s'ouvra alors, Matsukaze lâcha les poids en tournant la tête, expirant un grand coup. Un large sourire se dessina sur son visage en voyant l'imposante stature qui bloquait la lueur du jour à l'extérieur.

- Ah ! Kiryū Shinjiro ! Heureux de te rencontrer enfin. J'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir profité de ton matériel en attendant hein. Enfin, c'est bien le tien non ?

Il pointa du doigt la petite affiche sur le mur avant de faire volte face et se diriger vers son bureau pour récupérer son Haori et le poser nonchalamment sur ses épaules. Il fit quelques pas avant de s'asseoir sur le bureau en tailleur. Il frappa dans ses mains.

- Bon, j'imagine que tu es au courant de ma venue, on a du te prévenir mais je me voulais me présenter à toi officiellement avant que nous allions ensemble voir tous les autres. Ça et discuter un petit peu...

Son sourire disparut, ses yeux toujours grands ouverts semblèrent s'assombrir légèrement alors que son visage devenait plus sérieux. Il pencha légèrement la tête sur le côté, cette dernière se faisant alors supporter par sa main droite, accoudé sur son genou.

- Je suis Ogasawara Matsukaze, Capitaine de la Onzième Division. Dis-moi, Shinjiro, tes hommes et toi allez-vous me poser des problèmes ?

L'or fixait l'argent.

Le shinigami avait finalement trouvé le colosse en train de parler avec les autres et avait donné le message comme on le lui avait demandé. La première réaction du colosse fut de se redresser complètement, imposant le silence d'emblée dans la salle où il se trouvait à ce moment là.

Il faut dire qu'il se dégageait alors de sa personne une sensation étrange. Ceux qui commençaient à le connaître le savaient. Le colosse était d'humeur bagarreuse. Et la raison ne faisait aucun doute à ceux qui l'entouraient. Jamais l'Argenté n'avait masqué ses ambitions et son amour des traditions de la Onzième. Le fait de voir enfin un Capitaine revêtir le Haori était un signe du destin pour lui. Il était temps.

Le brouhaha reprit alors que Shinjiro prenait la direction du bureau qu'il avait lui-même investi. Les shinigamis commençaient déjà à parier sur le temps qu'il restait à leur nouveau chef. Kaimetsu dans le dos, il ne lui fallut pas longtemps pour rejoindre l'endroit en question. Et alors qu'il entrait, écoutant les mots de bienvenue de son Boss, il ne put s'empêcher de l'observer plus en détail.

L'homme possédait des prédispositions, c'était une évidence. Son corps était dessiné, preuve d'une pratique constante. Sa confiance en lui était palpable et il ne semblait éprouver aucune crainte à être au contact du colosse. Alors même que ce dernier pouvait être catalogué comme "impressionnant".

- C'est bien le mien, ouais. Mais c'est de bonne guerre, alors j'm'en cogne.

On pouvait dire clairement qu'il y avait de la familiarité dans ses propos. Mais Shinjiro avait tendance à s'adapter à celui qui se trouvait en face. Ici, percevant une certaine liberté de parole, il pouvait faire de même et s'exprimer comme il en avait l'habitude. Le Ogasawara finalisa enfin la présentation en se nommant. Shinjiro avait évidemment eu la primeur de l'information mais n'était pas disposé à paraître impressionné par le nom de famille affiché. Pour beaucoup, la Noblesse était digne du plus grand respect. Pour le colosse néanmoins, les choses étaient beaucoup plus simples : ils saignaient comme eux, il n'y avait donc pas de raison de les respecter plus que les autres.

La dernière question arracha toutefois un large sourire sur le visage du Kiryū. On y arrivait donc si rapidement ? La question pouvait se poser, il le comprenait. Et puisqu'on lui donnait l'occasion de répondre, il ne s'en priverait certainement pas. Le mec avait des couilles en tout cas. Seulement...

- Ca commençait tellement bien. Et bim, troisième phrase, déjà une erreur.

Bras croisé, il s'adossait au mur alors qu'il continuait de s'exprimer.

- "Tes hommes" ? Ne devrais-tu pas dire "mes hommes", Capitaine ? Ou alors j'sais pas, peut-être que tu crois qu't'es supérieur et que t'as l'impression d'pas appartenir au même monde que nous ? T'es Capitaine de la division la plus particulière de toute la Soul Society. Ici, on ne reconnait que la force. S'ils me suivent, c'est qu'ils ont reconnus ma valeur. Que j'ai fais en sorte de me montrer digne de leur respect. Mais toi... On sent direct que t'es pas un gars de chez nous. Et tu le confirmes dès ta première prise de parole. Pas bien malin.

Il laissa le silence s'installer quelques instants, continuant de l'observer. Les deux hommes ne cillaient clairement pas, ce qui était déjà bien pour l'Argenté.

- J'parlerai pas pour eux mais pour moi. J'te poserai pas de problème. T'es mon Capitaine et j'respecte la hiérarchie. Mais tu vois, tu vas devoir aussi prouver que t'es pas un simple nom sur un putain d'papier. Sans doute que j'risque ma tête mais Ogasawara ou pas, je m'en tape le cul par terre. Ca te donne zéro légitimité ici. J'vais être très franc avec toi. Si j'estime que t'es pas à la hauteur, alors j'appliquerai l'une des plus anciennes lois du Gotei.

Il se redressait enfin, s'approchant de quelques pas. Son ombre arrivait déjà sur l'homme. Il savait qu'il n'impressionnerait jamais un Capitaine de la sorte. Ce n'était même pas sa volonté à dire vrai. Mais à la Onzième, il existait une règle. Un Commandement pourrait-on dire.

- Si j'estime que t'es pas à la hauteur, je prendrai ta tête. Je prendrai ton Haori. Et j'ferai en sorte qu'on oublie ton visage et ton nom dans la seconde !

De la franchise. Pourquoi ne le faisait-il pas maintenant finalement ? Seulement par respect et pour voir de quoi était capable son nouveau boss.

- J't'en parle ici librement parce qu'on est que toi et moi. J'te manquerai pas de respect devant nos gars si tu fais de même avec moi. Comme je l'ai dit, t'es l'boss. Et je respecte ça. Maintenant c'est à moi de te poser la question. Que comptes-tu faire de la Onzième ? Que sais-tu de nous depuis que l'ancien Kenpachi n'est plus là ?

Cela l'intéressait réellement.

Kiryū Shinjiro. Il en imposait, c'était un fait. Il incarnait, physiquement en tout cas, pleinement l'image d'un Shinigami de la Onzième Division et encore plus d'un siège. De prime abord si l'ont devait deviner lequel des deux pouvait être le Capitaine de cette Division - en imaginant qu'ils n'aient aucun signe distinctifs - nul doute que l'on parierait plus sur le Colosse aux cheveux d'argent que le Flamboyant au regard d'or. Et pourtant...

Un affrontement.

Dès leurs premiers échange le climat sembla indiquer un duel en quelque sorte et cela l'Ogasawara s'y était préparé. Logique après tout, cette Division était littéralement la plus pure expression de la loi du plus fort. Et lorsque Shinjiro fit le premier pas dans cette confrontation, Matsukaze ne put s'empêcher de sourie. Il avait raison sur bien des points et cela le rassurait grandement. Son Vice-Capitaine n'était donc pas qu'un simple outil destiné à trancher sans réfléchir. Bon point. Il l'écoutait avec attention sans le quitter du regard, le suivant dans ses mouvements en relevant lentement son visage au fur et mesure qu'il s'approchait de lui jusqu'à en masquer la lueur du jour. Il était grand.

Matsukaze inspira en quittant sa position nonchalente, redressant son dos avant de faire un petit bon pour se tenir sur ses deux jambes et faire face à Shinjiro. Il agita son index plusieurs fois dans sa direction avec un air plus que satisfait.

- Exactement. Tu parles d'une erreur, moi j'y vois plutôt de la clairvoyance et tu l'as parfaitement décrite : force, valeur, respect. Jusqu'à aujourd'hui ce sont tes hommes oui. Ils ne me connaissent pas plus que ne je les connais, hormis sur le papier. Comment pourraient-ils me respecter et m'estimer comme étant leur Capitaine ? Quoi, juste parce que le Conseil Militaire a accepté de me nommer ici ? Allons. Je pourrais clamer haut et fort que ce son mes hommes, oui. Me les approprier de force, certainement comme la plupart de mes prédécesseurs... Mais je ne suis pas eux.

Une expiration nasale, presque un rire. Il commençait à faire quelques pas, contournant le Vice-Capitaine pour observer brièvement son immense Zanpakutō dans son dos. Voilà donc ce qui servirait à exécuter sa promesse. Les rapports ne mentaient donc pas. Il continua son petit tour pour revenir face à lui. Il était temps d'attaquer les choses sérieuses. Aussi francs l'un que l'autre.

- Je suis heureux que nous soyons sur la même longueur d'onde. Plus que tu ne l'imagines... Dis moi Shinjiro, tu parles de cette tradition. C'est donc que tu y es attaché... Comment l'appliquer s'il n'y a aucun Capitaine ? Sache que mon nom n'est en aucun cas un bouclier.

Il écarta les bras. Son insinuation était lourde de sens

- Tu me facilites le travail, la communication entre nous est bien meilleure que je ne pouvais l'espérer. Tu veux savoir ce que je compte faire de cette Division ? Je veux la sublimer. La Onzième est sur le déclin depuis la disparition de Zaraki Kenpachi, c'est un fait et je l'ai vu de mes propres yeux lorsque j'officiais encore à la Huitième.

Les deux Divisions intervenaient souvent de concert après tout. Leurs rôles se complétaient parfaitement, l'Achilée servant d'appui non négligeable et de renfort de poids.

- Cependant les derniers rapports indiquent un peu plus de... structure si je puis dire. Nul doute que ta nomination y est pour beaucoup mais cela ne peut suffire et je suis sûr que tu en es conscient. Je suis un maître d'armes, Shinjiro, je compte bien les instruire au Zanjutsu et ce à niveau bien supérieur. Je veux que la fonction de cette Division puisse se lire à la seule manière dont chacun de ses Shinigami pose la main sur son Zanpakutō. Le respect qu'ont tes hommes pour toi, je veux que toutes les Divisions l'aient pour Onzième.

Pour que cela ne puisse plus jamais arriver.

Ils s'observaient et si l'on ne pouvait pas encore parler de respect mutuel, au moins pouvait-on clairement dire qu'il n'y avait pas de sens caché dans les propos des deux hommes. L'Argenté avait parlé avec ses tripes, comme il en avait toujours eu l'habitude. La plupart du temps, et il y était évidemment pour quelque chose, on le cataloguait comme étant une brute sans cervelle. Les qualificatifs dont on l'attribuait souvent étaient "singe", "gorille" et d'autres synonymes du même genre. Mais le colosse était plus que cela. Et les autres l'apprenaient souvent à leur dépends.

Il comprenait une chose. La volonté de l'homme à se démarquer de ses prédécesseurs. En soi, cela se justifiait et SHinjiro n'avait pas spécialement d'avis là dessus. De là à y voir une pirouette pour échapper à la critique du Vice Capitaine, il n'y avait qu'un pas. Au moins, il y a une chose qu'il devait admettre : Matsukaze ne se démontait absolument pas et cela faisait plaisir au colosse. Le pourquoi paraissait évident. Il serait plus plaisant de lui arracher la tête s'il y avait de la résistance après tout.

- Disons que sur ce point, j'te crois. Mais quand même, n'oublie pas qu'ils ne se poseront pas ce genre de questions. Si tu veux être respecté, devenir notre boss, il te faudra montrer que t'en veux. Que t'es là par choix.

Elle était finalement ici, la vraie différence. Ce n'était en rien une obligation d'affectation, juste pour remplir une case vide. S'il ne s'était s'agit que de cela, le colosse aurait très bien pu prétendre au poste depuis longtemps après tout. D'ailleurs la remarque le fit sourire.

- En effet. Il s'agit d'une tradition que je respecte et c'est d'ailleurs l'unique raison pour laquelle la place était vacante avant ton arrivée. Tu dois t'en douter nan ? Sur le papier, j'peux déjà prétendre au rôle car j'possède les atouts principaux. Et j'connais quelques Capitaines qui auraient sans doute votés pour moi également. Mais c'est pas ce que j'recherche. J'veux devenir le Kenpachi. Pas un simple Capitaine comme les autres. Cela ne m'intéresse pas. Je ne reconnais que la force. Et c'est avec elle que j'atteindrais mon but. C'est dommage pour toi... Mais je ne ferai pas dans le détail quand ça arrivera.

Faire preuve d'une telle ambition pouvait évidemment surprendre, surtout affichée de la sorte face au Capitaine actuel. Ce dernier ne pouvait plus douter. Le colosse était forcément dangereux pour lui car le jour où il le déciderait, il pourrait le défier dans un combat à mort. Techniquement il pouvait le faire dès aujourd'hui. Alors pourquoi attendre ? Car ravir la place à un nouveau venu dès le premier jour manquait de panache.

Le couperet ne manquerait toutefois pas de tomber un jour ou l'autre. Il allait devoir apprendre à vivre avec cela. Mais pour l'heure, il se montrait "sage". Il écoutait. Un maître d'arme ? Voilà une information intéressante à dire vrai. Si le colosse se débrouillait plus que bien en zanjutsu, il paraissait évident que sa vraie spécialité était le Hakuda. Rare étaient ceux à pouvoir rivaliser avec lui dans cet unique domaine. Renforcer la spécialisation de la Onzième en lui ajoutant un nouvel expert avait quelque chose de prometteur pour le Kiryū.

- Nous faire passer un cap, hein ? Hum... Pourquoi pas, après tout. Faut que tu saches que j'suis plutôt doué en Zanjutsu mais ma vraie spécialité, c'est le Hakuda. Si on s'démerde bien, on pourrait faire en sorte que nos gars deviennent des cadors dans les deux spé.

Il ne niait pas que pour le moment, solo, il ne pouvait pas réellement faire mieux. Il était ici depuis trop peu de temps pour corriger le tir sur la réputation de la Onzième. De là à parler de déclin, il ne l'aurait pas fait. Sans doute à cause de l'égo et de la fierté qu'il avait à être ici.

- J'vais te laisser le bénéfice du doute et voir c'que t'as à amener à notre division. De toute façon, t'as déjà du piger que la franchise ne serait pas un problème entre nous. Quant à l'obéissance, te fais pas d'bile. Comme j'te l'ai dit, j'respecte la fonction.

Il se tût. Un point restait néanmoins peu clair.

- Par contre, si j'admets que t'es mon Capitaine pour le moment... Je ne t'accorde pour autant pas le droit de porter le titre de Kenpachi. L'prends pas mal mais t'as encore rien prouvé.

Question de principe.

Ambitieux et il ne s'en cachait nullement. Un des avantage à rejoindre un tel monde, celui de la force, restait bien évidemment l'absence de messes-basses, de chemin détournés et de langues masquées. Enfin... presque. En tout cas bien moins que dans son monde d'origine et cela n'était pas pour lui déplaire. Selon lui il possédait déjà toutes les qualités pour être Capitaine. Mieux encore, devenir le Kenpachi. La vision de l'Ogasawara différait un peu à ce sujet. Bien trop jeune. Et puis il ne le connaissait pas encore assez, ne l'avait pas vu en, action pour exprimer son avis haut et fort. Juste des rapports. Mais en tout cas il en avait le panache, çà oui. Cependant... Il lui manquait quelque chose. Autre qu'un supérieur à battre lors d'un duel à mort bien entendu.

Matsukaze l'écoutait avec assiduité, plissant parfois les paupières comme pour montrer son intérêt à certaines paroles. Il commençait à échafauder des plans, voyant cette complémentarité qui pourrait naitre des compétences d'un tel Vice-Capitaine. Ajustant rapidement sa vision des choses et ses prédictions. Il ne l'avait fait pour le moment, ne sachant pas quel serait l'état d'esprit de ses futurs hommes. mais il commençait à entrevoir un chemin rayonnant. Oui. Et pêut-être même, la lumière au bout du tunnel...

Il ne put s'empêcher de réprimer un rire en pouffant face aux dernière paroles de l'Argenté, visiblement amusé par cette tirade. Sa main s'était placée près de son visage, l'index contre les lèvres. Ses yeux était encore grands ouverts.

- Fascinant. Figure-toi que j'ai annoncé au Conseil Militaire que je ne porterai pas ce titre. Pour des raisons évidentes que tu as résumé en grande partie. Cela aurait été insultant pour la Onzième Division et pour mon successeur. Je vais cependant clarifier un petit point : ne crois pas qu'il sera aisé de me prendre la vie. Je suis venu ici en me doutant qu'aucun homme de la Division ne serait assez lâche pour venir me défier le premier jour. Quel mérite à occire un Capitaine qui n'a encore rien fait, rien prouvé..? Je dois avouer que je suis déjà satisfait de voir qu'ils ont un sens moral, une loyauté certaine...

Cependant il s'y était préparé. Fumihazusu était attaché à son obi, en tant que Capitaine de l'Achillée il s'octroyait ce droit au delà de la loi du Seireitei, quand bien même il n'était pas le Kenpachi... En tout cas, à ses propres yeux, nul doute que d'autres le nommeraient ainsi dans son dos, peut être même en face. Cela arrivera. Mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'il l'incarnait. Cela il en avait conscience plus que n'importe qui. Plus que Shinjirô même.

- Une de mes ancêtre a dit un jour "Ne crois pas en un Roi, crois en un Royaume." Cette parole m'accompagne depuis longtemps et j'en comprends encore plus le sens aujourd'hui. Le jour où l'un d'entre vous me défiera, toi, n'importe qui d'autre... Je serai sans pitié. Tu veux devenir le Kenpachi, Shinjiro ? Soit. Certainement bien d'autres ont ce rêve. La seule différence entre vous et moi, aujourd'hui, c'est que ce n'est pas juste rêve : je serai Kenpachi et je mourrai Kenpachi.

Il allait le devenir, oui. Quand ? Cela n'était pas important pour le moment, mais la flamme dans ses yeux ne pouvait s'empêcher de danser au point qu'il pouvait la voir dans les pupilles de son Vice-Capitaine. Il en était obligé, même. Et pas seulement pour lui... Il leva son menton rapidement sans le quitter des yeux.

- Pourquoi, toi ?

Il était de voir s'il étaient bel et bien sur la même longueur d'onde.

Oui. Pourquoi toi ?

Il poussa simplement un soupir en écoutant les premières paroles, faisant un "non" de la tête. Et dire qu'il s'en était presque sortie alors que la discussion était mal partie. Franchement, c'était à croire que ce Capitaine le faisait exprès. L'expression disait "tendre le bâton pour se faire démolir". Elle était des plus appropriés ici. Comment pouvait-il dire cela sans sourciller ? De la lâcheté ?

- J'crois que t'as pas bien pigé. J'vais devoir me montrer plus clair, je pense. Va falloir que tu piges un truc... Y'a rien de lâche à te défier aujourd'hui, qu'importe que t'aies rien prouvé aux nôtres. On t'a filé le titre de Capitaine hein. C'pas n'importe quoi. Cela signifie qu'aux yeux du Gotei, tu possèdes l'un des postes les plus importants. Tu crois qu'ils le filent au premier venu ? Rien que le titre déjà me permettrait aujourd'hui de détacher ta tête de ton corps.

On sentait peu à peu la colère poindre dans le ton du colosse. Même sans le connaître, il était aisé de comprendre que ce sujet était sensible et que le comportement de l'Ogasawara n'était pas raccord à ce qu'il attendait. Il baissa le ton lorsqu'il prononça les dernières paroles. On sentait la menace.

- A moins que t'estimes que ce grade n'a aucune valeur ?

Sa vie se jouait ici et maintenant, on le percevait clairement dans l'attitude du colosse. Et ce n'était ni un problème de loyauté - contrairement à ce qu'avancer l'Ogasawara - ni un souci de sens moral. Sans qu'il le veuille réellement, on percevait une légère aura argentée envelopper sa lame dans son dos. L'aura restait pour le moment sur Kaimetsu. Mais l'on pouvait y voir un indicateur de son humeur. Humeur qui ne s'arrangeait pas avec la suite de la discussion.

Suicidaire aurait presque été un mot adéquat. Il serait Kenpachi, lui ? Il mourrait Kenpachi ? Mais quelel folie de dire cela alors que sa mentalité était aux antipodes de ce que l'on attendait d'un véritable Dieu de la Guerre. Le colosse ne retenait désormais son bras que pour une seule et unique raison : le premier jour ne devrait pas être aussi le dernier d'un Capitaine. Et surtout, il n'obtiendrait pas ainsi le rôle qu'il désirait avec tant d'ardeurs.

- Juste un rêve ? Ne me confonds pas avec les autres, Capitaine. A ce rythme là, tu vas mourir avant ton premier mois, qu'importe que tu n'aies rien prouvé. Tu n'auras jamais ce titre. Je ne te laisserai pas le salir.

Cette fois, on avait clairement passé un cap. Shinjiro s'était senti insulté par les dernières paroles de son vis à vis. Par son questionnement. Son doute. Pourquoi lui, avait-il demandé ? Mais la réponse était tellement évidente.

- Pourquoi moi ? Parce que j'suis habité par les valeurs de la Onzième. Parce que je mourrais pour chacun des gars qui composent notre unité. Parce que je suis l'incarnation d'un véritable Dieu de la Guerre...

Il se tût. L'aura d'argent semblait brûler dans son regard. En le voyant ainsi, on oubliait facilement qu'il était sorti de l'Académie il y a à peine quelques mois. Sur le papier, la plupart des Shinigami qu'il croisait possédaient largement plus d'expérience que lui. Seulement cela ne suffisait pas à ses yeux.

- D'ici quelques semaines, je me présenterai à toi pour te défier devant toute notre division. En attendant, je respecterai tes ordres en tant que Capitaine. Mais ne t'habitue pas au titre. Je te l'enlèverai en même temps que je prendrai ce Haori.

On pouvait le traiter de fanfaron. De grande gueule. Il n'avait cependant jamais été aussi sérieux qu'en cet instant précis. Se sentir insulter, c'était une chose. Percevoir que leur "chef" ne représentait finalement que peu les valeurs désirés, à la limite pourquoi pas. Mais entendre un tel personnage s'exprimer comme il l'avait fait quant au titre de Kenpachi, en le traitant de rêveur, voilà quelque chose qui conclurait cette discussion.

- Si tu n'as rien d'autre à me dire, j'peux me casser ?

Quelques semaines, et il s'opposerait à lui. Il n'avait rien caché de ses intentions, il s'était même senti insulté. Avait perçu une forme de distance entre ce Capitaine et ceux qui composaient l'unité. On ne pourrait pas lui reprocher d'avoir été franc.

De même que désormais, Matsukaze savait à peu près quand le couperet tomberait. Le calme ou la tempête ? Il avait opté pour la tempête.