(no) King of Mine

Bon, donc en gros, c’était là que les choses sérieuses allaient commencer. Enfin, plus ou moins. Il n’était pas encore question de partir en mission. Mais j’avais passé le test, vu que je crois que c’en était un, et j’étais donc maintenant membre de leur organisation là, l’Ultime quelque chose. Note à moi-même, noter le nom quelque part.
Et en vrai, je n’étais pas encore certaine de tout ce que cela impliquait. A me penser seule, j’avais au final beaucoup trop déconnecté de mon véritable monde. Qu’est-ce qui se passait vraiment ? Comment les choses ont évoluées ? Y a d’autres Quincy ? D’autres de mon époque ?
Vraiment, il allait falloir me remettre à la page…

La jeune femme avançait dans les couloirs de l’Arcānum, une carte dessinée à la main. Un simple coup d’oeil permettait de voir qu’elle n’était pas à l’aise. Comme une jeune enfant un premier jour d’école. Il fallait dire que c’était plus ou moins le cas.
Elle venait à peine d’être véritablement acceptée au sein de l’Ultima Necat, de recevoir son rang. On lui avait alors indiqué d’aller se présenter à son supérieur, Orias, le King of Coins. Le titre l’avait forcément faite un peu tiquer. Elle s’était cependant gardé tout commentaire sur le coup. Elle avait juste demandé où le trouver.
D’où le plan. Son interlocuteur avait d’abord tenté de lui expliquer. Devant l’air visiblement perdue qu’elle avait affiché, il s’était alors contenté de griffonner sur une feuille de papier.

Et, au prix de quelque de détours, la voilà devant la porte tant recherchée.
Pas tant la porte elle-même que ce qu’il se trouvait derrière. Ou devait se trouver. Un doute commença à l’habiter. Elle revérifia son plan. Les couleurs à côté. Et toujours l’absence de certitude. La première impression était souvent la plus importante. Et il était hors de question quelqu’un comme elle ne se loupe à ce sujet.
Ce fut à ce moment là qu’elle se rendit compte qu’être restée aussi longtemps éloignée de sa véritable nature la stressait un peu. Nul doute que cela reviendrait vite. En attendant, sa confiance habituelle n’était pas réellement présente. Prenant le temps de souffler, elle demanda ensuite confirmation à quelqu’un traversant le couloir où elle se trouvait, puis revint se placer devant la porte.
Puis, sans même prendre le temps de frapper, sans même prendre le temps de s’assurer que quelqu’un soit présent, elle ouvrit la porte de ce qui devait normalement être le bureau recherché.

>> Mikami Rinwa, Seven of Coins, nouvelle recrue sous vos ordres !

Ouais, bon… Premier loupé, je sais. Bien sûr qu’ils savent mon vrai nom, et on m’a bien dit que ce serait lui qui serait utilisé. Mais ça fait plusieurs années que je ne l’ai pas utilisé. Normal de se tromper non ?

- Alexa ? Je l’ai rangé où le dossier de… heu… Lizbeth ?
- Je ne connais pas de Lizbeth.
- Mais si, allez, l’autre là, la nouvelle !

Silence. Alexa n’était pas programmée pour faire autre chose qu’entamer des actions concrètes à des demandes claires. S’il demandait qu’elle lui fasse apporter un verre, tout la mécanique et la robotique se mettrait en place pour… demander à un Agent disponible de lui apporter de l’eau ? Bon, en vrai il en sait rien. Juste que quand il demande, Alexa fait. Et que pour quelqu’un qui n’a strictement aucune idée de comment on utilise un ordinateur ou de ce qu’il faut faire concrètement devant un écran, c’était quand même vachement pratique. Enfin, ça l’était moins lorsque l’on oubliait le nom de la personne dont il se devait de parcourir le dossier. Il l’avait eu entre les mains pourtant, il en était persuadé, mais alors qu’Alexa, justement elle, lui avait rappelé son rendez-vous… impossible de remettre la main dessus !

C’est qu’il était un peu dissipé dernièrement. Enfin, plus que d’habitude. Avec Recca, ils avaient emménagé ensemble, sur un bateau. Recca appelait ça un « Yôte ». C’est vrai qu’appeler ça un bateau ou un navire, ç’aurait été trop compliqué, autant inventer de nouveaux mots simples autant à prononcer qu’à écrire, ça fonctionnerait très bien. Orias se creuse alors la tête. Ses yeux se perdent un instant sur l’un des grands écrans placés aux murs, incrustés de manière à ce que l’on pense à des fenêtres. Ils diffusaient des images en temps réel enregistrées en surface, comme s’il y était, que cette pièce se trouvait à quelques dizaines de mètres au-dessus du sol plutôt que dessous. Le plus prodigieux écran prenait presque tout le plafond, carte du ciel fidèle et haute-définition afin qu’il puisse y voir ses précieuses étoiles. Enfin, ça c’est surtout pour placer le décor du coup.

Son regard vague ne le reste pas, et soudainement il a une illumination. Son corps se redresse, porté par l’allégresse d’une mémoire remplissant à nouveau parfaitement son travail. Se rappeler d’un nom oublié, cela faisait tout de même partie des meilleures sensations qui existaient.

- Alexa ! Ca y est, j’ai compris d’où vient le problème ! Elle s’appelle pas comme ça ! Indique-moi où se trouve le dossier de Sibylle s’il-te-plaît !
- Je ne connais pas de Sibylle !
- Raaaaah !!

Rah, comme rageur. Si près du but. Sa mine est déconfite alors qu’il laisse s’abattre de dépit ses deux poings sur le bureau. Moment parfait pour qu’une porte s’ouvre. Et lui de se reprendre, comédien, se parant de son plus beau sourire.

- Salut et félicité, chère Minois ! Hum, attendez, non, c’était pas ça non plus pourtant. Voyez-vous, mon système connaît, comment dire, une petite avarie… et m’indiquait que vous vous appeliez Sybille Lizbeth. Bon, on est d’accord, c’est ridicule, c’est pas ça du tout – enfin, c’est pas trop éloigné non plus, hein ? – mais par contre là ça n’a plus rien à voir du coup. Est-ce qu’il se plante vraiment à ce point-là ?

La variante du « je demande pour un copain ». Fallait bien la tenter !

Sybille Lizbeth ? D’où ça sort ça ? Ils avaient mal noté mon nom ? Où peut-être qu’il s’attendait à voir quelqu’un d’autre. Lui-même n’avait pas l’air sûr.
Ouais, à y réfléchir, l’erreur venait forcément de lui ! Avant même que je décide de les rejoindre, ils connaissaient mon vrai nom ! Ou alors il avait du mal à lire. C’était une autre possibilité. Me semblant pour le coup assez probable. Mince… Sur qui j’étais encore tombée moi ?

La jeune Quincy millénaire toussa afin de se racler la gorge, s’avançant alors de quelques pas. Après une telle entrée, elle tenta de reprendre un peu de sérieux, se tenant bien droite. Le contraire de ce que l’attitude de l’homme face à elle laissait présager, et peut-être était-ce pour cette raison qu’elle adopta une telle approche.
Peut-être aurait-il une meilleure appréciation de sa personne si elle démontrait tout le sérieux dont-elle capable ? A condition que cela ne tienne. Ce qui n’était pas choses gagnée d’avance.

>> Alors, comment dire… C’est compliqué, mais pas tant que ça. Je m’appelle Sibylea Liesith – pas Sybille machin – mais aussi Mikami Rinwa.

Voilà, il lui suffisait de prendre la parole pour mettre fin à ce sérieux. Même sa posture fut d’un coup plus décontractée.
Elle attrapa alors l’une de ses mèches, l’enroulant autour de son doigt. Et son visage, radieux à son arrivée avant de prendre un air caricaturalement sérieux, afficha alors une expression plus embêtée, comme si elle avait fait quelque chose de mal et venait d’être prise sur le fait.

>> Mon vrai nom c’est Sibylea. Et c’est ainsi que je voulais me présenter à vous. Mais quand je me suis réveillée, seule et sans mes camarades, je me suis retrouvée à utiliser le nom de Rinwa pour me cacher. Donc, comme je l’ai utilisé pendant six ans, baaaah… Disons que c’est dur de reprendre l’habitude…

Une certaine peine dans sa voix, bien réelle. Quand le réflexe nous fait utiliser un autre nom que celui dont on est si fière dans un contexte où il est possible de l’employer, il y a de quoi ne pas apprécier. Elle se devait de travailler ce point, elle en était bien consciente. Elle le souhaitait.
Ce point passé, elle se racla de nouveau la gorge, plus afin de reprendre contenance qu’autre chose. Comme un rappel de son passé, elle se tint de nouveau droite, ses pieds se resserrant en un bruit sec. Une posture presque militaire, contrastant avec le franc sourire presque enfantin qu’elle affichait désormais.

>> Reprenons ! Sibylea Liesith, G – The Gift ! Je vous ai rejoins afin de retrouver mes frères et sœurs et les guider ! J’ai été affectée au rang de Seven of Coins !

Bon, là je crois que j’avais tout bon. Peut-être même était-ce un poil trop complet. Vaut mieux trop que pas assez non ? On va dire que oui.

Deux noms. C’est bizarre. C’était genre comme une identité secrète ? Ou un synonyme mais avec les noms ? Un pseudonyme, voilà, c’est ça. C’était quasi modo pareil. Et elle enchaîne. Explique. Il y avait une vraie bonne raison à cela du coup, même s’il n’opterait personnellement que pour l’un des deux. Il avait parfois – paraît-il – de menus problèmes à se souvenir de noms un peu compliqués. Y a même certains de ses Agents pour lesquels il n’était pas toujours certain de leur place dans sa propre hiérarchie. Son cerveau fonctionnait différemment, voilà tout. Il associait d’autres choses, et quoi qu’il en soit, n’oubliait jamais un visage. Enfin, rarement. Parfois. Peut-être. Quoi qu’il en soit, il convenait donc qu’il revienne sur l’explication donnée.

- Je comprends. À l’époque où je faisais des razzia sur les côtes africaines, on m’appelait pas Orias, mais « grand serpent blanc ». Quelque chose à voir avec la spiritualité je pense, un animal totem, un truc comme ça, je n’ai jamais compris exactement. Bon, je me serais plutôt vu renard mais ce n’est pas moi qui choisi… Je privilégierai donc Sibylea sur le principe, ou Agent Seven lorsque la situation l’exigera. À moins que vous n’ayez une contre-indication ?

Il ne cherchait pas non plus à lui imposer la situation. On lui avait dit que dans cette époque, c’était pas bien quand un homme expliquait quelque chose à une femme – ce qu’il pigeait pas trop, mais bon – alors il ne voulait pas qu’on vienne lui reprocher de décider à sa place comment elle s’appelait, la manière par laquelle elle pourrait se définir ou quoi que ce soit du genre hein, surtout pas.

Puis il se gratte un peu la tempe. S’il avait eu un dossier de papier devant lui, il en aurait sans doute tourné les pages un peu nerveusement. Il ne se souvenait pas d’une mention à une famille nombreuse. Du coup il semble un peu embêté.

- Ah bah, la famille c’est important c’est sûr. Vous en avez beaucoup des frères et sœurs ? Vous êtes l’ainée, c’est ça ? Vos parents doivent être fiers de vous, sans doute, heu, j’imagine, enfin, je sais pas, j’ai jamais été très famille moi vous savez… Mon père était le grand Acham le Roux alors… il avait d’autres rats à fouetter, sur un navire, forcément.

Se fait un peu pensif, son attention perdant tout focus l’espace d’un instant...

>> Sibylea c’est parfait ! C’est mon vrai nom après tout ! La seule et unique !

Un air de fierté pouvait se lire sur son visage. Cette phrase avait pourtant été prononcée comme pour se convaincre elle-même, comme pour repousser Rinwa. Et également car elle n’avait pas grand-chose à répondre sur le reste de déclaration sur son supérieur. Peut-être car elle n’avait pas tout compris cette histoire de serpent et de renard. Ou le rapport avec elle.
En fait, elle avait du mal à comprendre cet homme.

Voilà, il recommençait. A deux reprises il se mettait à parler de lui. Pourtant, c’était moi le sujet. Pourquoi vouloir tout ramener à sa petite personne ? En plus pour dire des trucs qui n’avaient pas de sens. Pour moi en tous cas. « Côtes africaines ». « Acham le Roux ». Ça devait me parler ? Non car je voyais pas. Vraiment.
Mais ce serait malpoli de le dire. C’était mon chef après tout. Donc je me contentais de prendre un air sérieux et de ponctuer de « Ah d’accord ». Tout simplement.
L’illusion était parfaite. En tous cas, jusqu’à ce que je puisse vraiment dire quelque chose.

>> Avant j’en avais beaucoup ! Genre, euh… Beaucoup ! Mais on était qu’une vingtaine à être importants. J’étais pas l’aînée par contre. Certainement la plus jeune même. Mais ils sont morts maintenant.
Comme moi.
Comme Sa Majesté.

Enfin, elle le supposait, arborant soudainement une expression bien plus triste. Le simple fait que les Quincy soient si peu nombreux, que Sa Majesté ne lui ait montré nul signe de vie et que, au contraire, les Shinigami existent toujours, étaient des témoins de l’échec de leur combat sacré. Si elle n’avait pas de souvenir précis, elle était bien consciente s’être battue dans le monde de ces soi-disant Dieux de la Mort.
Et sa conclusion était simple : elle avait justement trouvé ladite mort. Elle et tous les siens. Les raisons exactes de son retour étaient certes choses qu’elle ignorait, mais elle ne pouvait s’empêcher de dire que c’était pour un but bien précis.
Le simple fait d’y repenser fit de nouveau naître un sourire sur son visage tandis qu’elle redressait le torse.

>> Mais je suis de retour maintenant ! Et si je n’ai pas trouvé le Lichtreich, j’ai vu qu’il y avait encore des Quincy ! Donc j’ai de nouveaux frères et sœurs. Et maintenant, je suis peut-être bien l’aînée vu que je suis une vraie Quincy. Donc, comme notre Père n’est plus là, c’est normal pour moi de les guider non ? Enfin, une fois que je les aurais trouvé…

C’était ça le soucis. Et pour ça que j’avais rejoins ce groupe. Pour en apprendre plus sur tout ça. Et remplir ce nouveau rôle étant le miens.

- Sa Majesté ? Un autre Roi ? Ah, ça pustule ces trucs-là ! D’ailleurs en parlant de pustules, vous avez réussi à éviter les épidémies, les guerres et la famine, c’est bien. De mon temps aussi, ça chiait des moutardes dans tous les sens, mais c’était pour compenser que les trois quarts finissaient pas l’année.

S’il avait capté la référence à la mort de son interlocutrice, il ne releva pas. Mais peut-être n’était-ce pas tout à fait innocent qu’il évoque une époque où les maladies pouvaient faire de véritables hécatombes dans les familles plus que nombreuses qui parsemaient la campagne d’antan. Et… oui, bon, il en rajoutait des caisses très certainement, une vingtaine c’est franchement beaucoup même pour ces antiques standards, et ça claquait pas non plus à tour de bras – en tout cas pas à ce point là – mais ça lui permettait d’évoquer une réalité datée.

- En tout cas, qu’on en parle, laissez-moi vous glisser un petit conseil… quand le lit est rêche, c’est que la paille n’a pas été changée depuis longtemps. Mais bon, de nos jours on fait de très bonnes literies vous savez, si la vôtre ne vous convient pas, je peux faire prévenir l’intendance et… ah bah, en quelque sorte c’est nous, on devrait pouvoir s’arranger du coup !

Bon, c’est qu’il avait tendance à oublier un peu que c’était une partie du rôle de sa section, même si la tâche relevant de peu d’intérêt était confiée à une équipe d’Agents de bas niveau, dans une certaine autonomie. Il allait pas se mêler des cantiniers non plus, alors bon, les lits…

- C’est un choc, n’est-ce pas ? Cette époque, ce temps. Il n’est pas le nôtre, tout ne cesse de venir nous le rappeler… Enfin bon, n’assombrissons pas trop cette conversation, la nostalgie n’est pas un très bon guide. Je suis au regret en tout cas de n’avoir pas vraiment d’informations à vous donner sur d’autres Quincy. L’on en dénombre que bien peu. J’ai bien eu un Agent sous mes ordres qui l’était. Comment s’appelait-il déjà… Rose et creuse… Aloi ? De bon aloi peut-être, mais ça devait être quelque chose en ce goût. Ca sonnait un peu germanique. Rosencreuz, je pense. Ca vous parle ? Enfin de toute façon je ne saurais pas vraiment vous guider à lui. C’est qu’il a, comment dire… quelque peu… « disparu » ! Vous vous en rendrez rapidement compte, c’est quelque chose qui arrive souvent en nos rangs. S’il n’y a plus rien à craindre de la famine, et fort peu des épidémies, les guerres n’ont de cesse de remuer le monde, de tout temps. Et celle, cruciale, concernant le monde spirituel fait plus rage qu’aucune autre...

Sa tendance à osciller très naturellement entre une certaine forme de bouffonnerie et un sérieux des plus affables avait souvent de quoi désarçonner, tant la frontière entre les divers aspects de sa personnalité se faisait fine, diaphane.

- Je vous souhaite en tout cas de trouver les vôtres et les guider, sous la bannière de l’Ultima Necat, n’est-ce pas ? Car si je connais désormais vos objectifs personnels, que pensez-vous de ceux de l’organisation en laquelle vous êtes engagée désormais ?

Si j’estimais avoir du mal à rester concentrée sur un sujet par moments, je devais avouer avoir trouvé mon maître en cet instant. Même un esprit comme le mien, pour qui vagabondait pouvait être une seconde nature, il pouvait être difficile de suivre l’intégralité des dires de cet homme. Et surtout d’en comprendre le sens.
Ouais, vraiment… Principalement ça.
Ma supposition était que sa vie fut certainement des plus passionnantes et qu’il avait un tas de choses à raconter. Et qu’il se plaisait à le faire, même si lui seul pouvait comprendre.
Ainsi, je me contentais de hocher la tête à la plupart. Notamment cette histoire de lit. Dans un premier entretien hiérarchique, cela pouvait être déplacé.

Heureusement pour la jeune femme, des sujets plus faciles à suivre, et à répondre, furent ensuite évoqué. Déjà, elle arrivait à conclure une chose de tout cela. Il n’était certainement pas si différent d’elle. Non pas un Quincy, mais un mort marchant de nouveau parmi les vivants. Elle avait bien compris ne pas être seule. Si elle n’avait pas vraiment saisi la raison, il aurait été étrange que cela soit le cas après tout.
Savoir que son chef actuel avait vécu une expérience possiblement similaire à elle pouvait être rassurant. Même si elle ne pouvait déterminer quand il avait vécu par le passé. Non pas que cela l’aurait grandement, l’histoire n’ayant jamais été son plus grand fort.

Mais, si elle s’apprêtait à faire un commentaire, la suite fut bien plus intéressante encore. Du genre à la faire taire de surprise, notamment. En vérité, ce fut plus un mélange de sentiments, allant de la joie à la déception. Il évoqua le nom d’un Quincy ayant été sous ses ordres. Nom qu’elle pu identifier car il avait vécu à la même période qu’elle.
Elle ne le connaissait pas plus que ça, n’ayant jamais été particulièrement proche de lui, mais savoir qu’une autre personne de sa vie était présente en ces jours était chose qu’elle ne pouvait espérer. Encore fallait-il le retrouver…

>> C’est un de mes frères ! Bon, pas un dont j’étais vraiment proche, mais quand même… Merde, il aurait pas pu tenir un peu plus longtemps…

Si son sort exact semblait ne pas être connu d’Orias, ses mots étaient forts de supposition. La guerre était toujours là et il y avait fort à parier que le Quincy en question en soit devenu l’une des victimes. Pour quelqu’un qui, de ce qu’elle se souvenait, avait une attirance pour la mort, la connaître par deux fois était au final assez comique.

>> Bon, au moins, si on au moins deux à être venus, possible que y en ait d’autres. Faudra que je creuse ça… Donc ouais, pour ça je vais bosser pour l’Ultima Necat. Pour répondre à votre question… Je vais être sincère, j’ai pas trop d’avis pour le moment. Je viens de la découvrir. Son but est bien hein, c’est sûr, mais j’en sais pas encore assez. Et je peut-être pas tout retenu non plus...
Mais le bien des humains et tout, ça me parle. Surtout que j’arrive au bon moment me semble. J’aurai eu plus de mal à vivre une alliance avec les monstres. Un bon Hollow est un Hollow mort. Comme un Shinigami.

Un sourire innocent contrastant avec de tels mots orna son visage. Il était évident que ce serait un point sur lequel il serait bien difficile de transiger pour elle. Sa nature et son passé l’empêchait tout simplement.

Pas d’une fidélité à toute épreuve donc. C’est bien sûr l’information principale dont Orias prend compte. Bien plus cruciale que le délire l’amenant à appeler les Quincy « ses frères », et qu’il ne relèverait pas plus. C’est qu’il avait déjà tenté d’en faire des caisses pour qu’il ne voie plus l’utilité d’en rajouter désormais. Faire le crétin était souvent une arme pour Orias, une stratégie afin de trier le vrai du faux. Lorsque les gens sont éberlués, pris à contre-pied, il y a une tendance qui se profile. Combien en avait-il déjà arnaqué ainsi ? Insoupçonné !

Bien sûr, cela n’avait rien à voir ici. Et ne pouvait en aucun cas fonctionner de la même manière. Après tout, il était le Roi des Pièces. Occupait donc une fonction où l’on s’attendait forcément à ce qu’il ait une carte dans sa manche. À ce qu’il y ait bien au fond une raison pour qu’on l’ait placé et maintenu à cette fonction. Y avait-il donc une réelle raison à ce qu’il s’obstine, sinon l’habitude d’une vie et le fait que cela l’amusait ?

- Bien des vies sont mises dans la balance, en effet. Les uns, les autres… On est tous « l’autre » de quelqu’un après tout. Les nôtres, les leurs…

Périront tous ceux qui le devront afin d’accomplir la grande vision qu’ils avaient pour le monde. Les Hollow qui avaient rompu leur pacte. Les Shinigami s’ils tentaient de se mêler de leurs plans. Où les hommes et femmes qui s’avéreraient être des freins. Malgré sa bienveillance naturelle, Orias avait été un pirate. Il n’aurait pas de larme à écraser pour le « frère Quincy disparu », d’autres avant lui et après lui adviendraient encore. Mais autant rester évasif.

- Je n’ai pas vraiment d’autres questions à vous poser. Il faudra peut-être que je me plonge un peu plus dans votre dossier pour apprendre vos compétences et ce que je pourrais en faire. À moins que vous préféreriez m’en parler par vous-même ? Si ce n’est pas le cas, vous avez également l’opportunité de me poser vos questions si vous en avez. Sinon je ne vous retiendrai pas plus longuement !

Et de nouveau la jeune femme était perdue dans les réponses de son supérieur. Elle pourrait tenter de comprendre cette histoire d’autres, mais tenter était peut-être justement le mot d’importance. Pourquoi prendre la peine si le résultat n’était même pas garanti ? En plus, cela en valait-il réellement la peine ?
Il ne lui fallut qu’un instant avant d’en arriver à une conclusion des plus brèves. “Non”. Elle doutait que cela avait un sens. Comme beaucoup de chose dites ce jour, dans ce bureau. Voir beaucoup de choses dites par son supérieur de façon générale. Il fallait bien avouer qu’elle ne s’était pas réellement à cela de la part d’un “Roi”. Cela la confortait dans son idée qu’elle n’avait réellement qu’un seul Seigneur, même si les deux hommes n’étaient bien entendu en rien comparables.

Mais, surtout, cette entrevue semblait toucher à sa fin. Bien sûr, il offrait une façon de continuer la discussion. Elle pourrait alors se lancer dans une vaste explication de pourquoi elle était un véritable cadeau pour ce monde, et comment cela se traduisait exactement. Sauf que cette explication, elle avait dû la faire en rejoignant cette organisation. Et donc Orias l’avait à disposition dans son dossier, comme il le précisait.
Alors à quoi bon faire de la répétition ? Au pire, s’il subsistait des questions, il pourrait alors venir les lui poser directement.

>> Oh je vais vous laisser étudier ça en paix. Vous donner tout le temps nécessaire pour comprendre le véritable sens de mon titre. Et si vous avez besoin d’en savoir plus, et bien vous pourrez toujours venir me demander. Voir constater de vos propres yeux !

Ses compétences n’étaient, étonnamment d’ailleurs, pas les plus flamboyantes parmi les siens, le cadeau qu’elle pouvait faire n’étant pas quelque chose de visuel. Pourtant, une démonstration ne serait pas chose qu’elle refuserait. Surtout qu’il fallait bien avouer qu’elle n’avait guère eu l’occasion d’exploiter sa Sainte Lettre ces derniers temps, faire preuve de capacités aussi particulières n’étant que peu compatible avec l’identité de Rinwa.

>> Mais j’espère que cet entretien vous en aura déjà bien appris ! Cela a été mon cas en tous cas. Enfin, je crois…

Légère hésitation qu’elle ne cacha guère. Bien sûr qu’elle avait appris, mais de là à véritablement pouvoir en tirer des conclusions. L’attitude pour le moins surprenante de son supérieur l’avait quand même quelque peu décontenancée, malgré l’assurance dont elle pouvait habituellement faire preuve.
Ce qui avait pour effet de renforcer encore plus sa curiosité. Si en savoir plus sur les siens restait une priorité absolue, mieux saisir son supérieur ainsi que l’organisation laissant un tel homme à ce rang semblait pour le moins intéressant également. Il devait certainement être compétent, mais le doute pouvait rester permis.

>> Pour l’heure, je me permets donc de tirer ma révérence.

Chose qu’elle fit en effectuant une véritable révérence à l’intention du roux avant de joindre les actes à la parole et d’en effet quitter le bureau. Au moins, la première étape de son intégration au sein de l’Ultima Necat était faite, il était temps de passer à la suite.

J'aurai pu rebondir sur les pouvoirs, mais bon, ça a assez trainé par ma faute, donc autant clôturer ! xD