Al Jera
Données Spirituelles
Grade: Novena Espada
Ven 25 Aoû 2023 - 18:45 - Tous les oiseaux font de leur mieux
Al Jera Sanjunior Gorrionito
Race Arrancar (Vasto Lorde)
Âge 888 ans
Grade La Novena Espada - Chef de meute de Las Manadas
Pouvoir
Le Zanpakutō de base ressemble à un katana basique avec un manche noir et une lame cyan, la garde et les symboles du manche venant imiter cette teinte. Malgré les quelques entailles présentes sur la lame, celle-ci est bien trop émoussée et épaisse pour espérer couper quoi que ce soit. Sous cette forme, Al Jera agrippe en réalité la lame du creux de sa main droite pour combattre avec le manche, préférant cogner et donner des coups directs avec l'extrémité inférieure de son arme. À noter que celle-ci se porte à la taille sans fourreau.
"Flotte au gré du vent, Cobalto Pluma."
Pour activer sa Resurrección, Al Jera enfonce son katana dans son avant-bras gauche. Le sabre disparaît alors dans une matière ressemblant à un amas de plumes vaporeuses turquoise, pendant qu'une série de transformations s'opèrent : d'imposantes serres viennent peu à peu remplacer les jambes de l'Arrancar, tandis que deux filets de médaillons orange se matérialisent pour devenir une queue. Enfin, vestiges de son ancienne forme, un œil osseux vient s'apposer sur sa paupière droite tandis que de fines ailes d'un blanc ivoire se substituent à ses bras. Lorsque la forme est complète, les plumes protègent ses ailes, son œil droit et tout l'arrière de son corps, s'interposant si une offensive est lancée.
La véritable nature des "plumes" de Cobalto Pluma se révèle si l'adversaire fait l'erreur d'attaquer frontalement : il s'agit d'un corps gazeux hautement toxique au contact, provoquant des léthargies musculaires et physiques mais pouvant également paralyser le Reiatsu. Al Jera peut utiliser ses longues ailes pour attaquer à portée étendue, et peut également utiliser ses plumes comme projectiles pour atteindre une cible plus éloignée. Il peut enfin les combiner avec son Cero et avec son Gran Rey Cero, ce qui fusionnera également les effets des deux pouvoirs.
- Forme scellée:
"Flotte au gré du vent, Cobalto Pluma."
Pour activer sa Resurrección, Al Jera enfonce son katana dans son avant-bras gauche. Le sabre disparaît alors dans une matière ressemblant à un amas de plumes vaporeuses turquoise, pendant qu'une série de transformations s'opèrent : d'imposantes serres viennent peu à peu remplacer les jambes de l'Arrancar, tandis que deux filets de médaillons orange se matérialisent pour devenir une queue. Enfin, vestiges de son ancienne forme, un œil osseux vient s'apposer sur sa paupière droite tandis que de fines ailes d'un blanc ivoire se substituent à ses bras. Lorsque la forme est complète, les plumes protègent ses ailes, son œil droit et tout l'arrière de son corps, s'interposant si une offensive est lancée.
- Cobalto Pluma, forme libérée:
La véritable nature des "plumes" de Cobalto Pluma se révèle si l'adversaire fait l'erreur d'attaquer frontalement : il s'agit d'un corps gazeux hautement toxique au contact, provoquant des léthargies musculaires et physiques mais pouvant également paralyser le Reiatsu. Al Jera peut utiliser ses longues ailes pour attaquer à portée étendue, et peut également utiliser ses plumes comme projectiles pour atteindre une cible plus éloignée. Il peut enfin les combiner avec son Cero et avec son Gran Rey Cero, ce qui fusionnera également les effets des deux pouvoirs.
Description
"Qu'est-c'qui t'arrive, boss Junior ? Tu dis jamais non à un jour de r'pos, d'habitude. Pourquoi ce b'soin d'aventure là, tout d'suite?"
L'Arrancar blond, après un petit rire à peine masqué, se tourne vers le second de sa meute. D'un regard complice, il répond d'un ton fraternel et protecteur, presque rassurant.
"Le ciel du désert de Las Noches a l'air particulièrement beau, aujourd'hui. On va faire un tour."
En guise de confirmation, l'un des deux petits passereaux squelettiques qui volette autour de la Novena Espada sifflote gaiement.
Al Jera, parvenu à se hisser comme l'un des chefs de meute les plus respectés de la zone, n'est pourtant pas l'Arrancar sauvage et rebelle par excellence ; un piètre connaisseur pourrait même grossièrement le prendre pour un membre de La Cámara. Malgré sa musculature svelte et sèche, il n'est pas bien grand, pas imposant à quiconque voudrait juger purement sur l'apparence. La majorité de ses résidus de simple Hollow, son trou y compris, sont dissimulés par sa veste légère et ample, cachant les parties osseuses qu'il a gardées sur sa nuque et sur son dos, ne laissant apparente qu'une petite structure blanc ivoire s'apparentant à un bout de monocle en bas de son œil droit. Bien qu'ayant, comme la plupart de ses comparses, un goût à peine camouflé pour le combat et pour la chasse, il ne cherche jamais le conflit ni le provoque de lui-même, s'efforçant de garder à l'esprit ses responsabilités. En ces temps de bouleversements, une altercation non réfléchie pourrait détourner son attention de problèmes de plus grosse ampleur, et quelques secondes suffisent parfois pour qu'il soit trop tard.
Mais il suffit parfois de peu de choses pour invoquer l'estime autour de soi. Peut-être une forme de simplicité, de décontraction presque innocente, comme si cette concentration de Reiatsu qui apparaissait aux yeux des autres habitants du Hueco Mundo n'était qu'une paire d'ailes, légères et libres, devenant cependant une paire de serres aux griffes acérées s'il est question de menaces envers ses compagnons de meute ou ses Fracciones. Il emmène généralement ces deux dernières avec lui quelle que soit sa destination, mais peut décider de les confier à une personne de bonne volonté s'il décide que les événements sont trop dangereux pour elles. Cet instinct de protection seul réveille son aspect animal, qui dans des cas de risque extrême le rendrait difficile à raisonner. Il pourrait même devenir abject, voire cruel, une fois définitivement poussé dans ses retranchements.
Cette dualité, la paix pour lui-même et la guerre pour ceux qui comptent, est aussi représentée par le symbole sur son torse. C'est elle, probablement, qui l'a hissée au stade où il en est aujourd'hui.
Interrompu dans son excursion par le passage d'une épaisse scolopendre squelettique, le blondinet se surprend à laisser couler un filet de bave du côté de sa bouche. Il se reprend, tentant de contrôler son appétit toujours présent pour les Hollows insectoïdes : il n'est pas question de céder à la gourmandise. Suivant la bestiole du regard malgré les appels d'alerte de son bras droit, il finit par se heurter à un gros gaillard. Le visage à moitié osseux de l'autre se durcit davantage et, courbant légèrement le dos, il s'adresse à celui qui vient de bousculer sa propre promenade.
"Eh, je peux savoir qui t'es, toi ? Pour une fois qu'on a un peu de calme, il faut qu'un petit impertinent de merde vienne me casser les noix. Tu veux finir la gueule dans le sable, en fait."
Appuyé par les gazouillements des deux petits oiseaux qui accélèrent, comme pris de panique, leur voletée tournoyante autour de lui, l'Arrancar blond se contente de secouer frénétiquement les avant-bras d'un geste exprimant la négation. En arborant un grand sourire qui se veut tranquillisant, il rétorque.
"Non, non, tu y es pas, je cherche pas les problèmes. C'est ma faute, en vérité, je penserai à surveiller mes pas la prochaine fois."
Bien qu'il ne souhaite pas mettre qui que ce soit en porte-à-faux, le second remarque tout de même que le mastodonte semble ne pas avoir connaissance du statut de son chef. Remarque qu'il s'empresse de formuler à voix haute dans une tentative ratée de discrétion. L'autre réplique instantanément.
"Non, je vois pas qui c'est, ton pote ! Et quoi encore, y a quelque chose que je devrais savoir ? Éclairez-moi bande de pignoufs, je vous attends."
La Novena Espada ne l'avait pas vraiment relevé, mais l'observation de son compagnon est pertinente. Amusé par le décalage de la situation, il laisse passer un court instant de silence, puis se met à pouffer. Tentant de retenir son esclaffement sans succès, il lève frénétiquement la tête au ciel et finit par rire à gorge déployée, d'une voix adulte mais paradoxalement enfantine. Alors que d'abondantes larmes lui montent aux yeux, il s'empresse de les essuyer et de se justifier auprès du passant en rogne.
"C'est vrai, tu vois pas qui je suis ? Ça devrait pas me surprendre autant, mais ça faisait un moment qu'on m'avait pas sorti ça. Désolé, c'est vraiment pas contre toi, je t'assure. En tout cas, je suis heureux de t'avoir croisé, aujourd'hui !"
Une autre Espada aurait facilement pu le prendre mal et voir cette inculture comme une entache à son rang. Il faut dire aussi que certains passent leur deuxième vie à tenter d'atteindre cet objectif, ce qui n'a pas forcément été le cas pour lui. Lui, il veut se détendre, il veut jouer. Cette fois, il a gagné, mais certains ignorent encore tout de cette victoire. La bonne étoile du jour a permis cette rencontre opportune, alors autant en profiter.
L'Arrancar blond, après un petit rire à peine masqué, se tourne vers le second de sa meute. D'un regard complice, il répond d'un ton fraternel et protecteur, presque rassurant.
"Le ciel du désert de Las Noches a l'air particulièrement beau, aujourd'hui. On va faire un tour."
En guise de confirmation, l'un des deux petits passereaux squelettiques qui volette autour de la Novena Espada sifflote gaiement.
Al Jera, parvenu à se hisser comme l'un des chefs de meute les plus respectés de la zone, n'est pourtant pas l'Arrancar sauvage et rebelle par excellence ; un piètre connaisseur pourrait même grossièrement le prendre pour un membre de La Cámara. Malgré sa musculature svelte et sèche, il n'est pas bien grand, pas imposant à quiconque voudrait juger purement sur l'apparence. La majorité de ses résidus de simple Hollow, son trou y compris, sont dissimulés par sa veste légère et ample, cachant les parties osseuses qu'il a gardées sur sa nuque et sur son dos, ne laissant apparente qu'une petite structure blanc ivoire s'apparentant à un bout de monocle en bas de son œil droit. Bien qu'ayant, comme la plupart de ses comparses, un goût à peine camouflé pour le combat et pour la chasse, il ne cherche jamais le conflit ni le provoque de lui-même, s'efforçant de garder à l'esprit ses responsabilités. En ces temps de bouleversements, une altercation non réfléchie pourrait détourner son attention de problèmes de plus grosse ampleur, et quelques secondes suffisent parfois pour qu'il soit trop tard.
Mais il suffit parfois de peu de choses pour invoquer l'estime autour de soi. Peut-être une forme de simplicité, de décontraction presque innocente, comme si cette concentration de Reiatsu qui apparaissait aux yeux des autres habitants du Hueco Mundo n'était qu'une paire d'ailes, légères et libres, devenant cependant une paire de serres aux griffes acérées s'il est question de menaces envers ses compagnons de meute ou ses Fracciones. Il emmène généralement ces deux dernières avec lui quelle que soit sa destination, mais peut décider de les confier à une personne de bonne volonté s'il décide que les événements sont trop dangereux pour elles. Cet instinct de protection seul réveille son aspect animal, qui dans des cas de risque extrême le rendrait difficile à raisonner. Il pourrait même devenir abject, voire cruel, une fois définitivement poussé dans ses retranchements.
Cette dualité, la paix pour lui-même et la guerre pour ceux qui comptent, est aussi représentée par le symbole sur son torse. C'est elle, probablement, qui l'a hissée au stade où il en est aujourd'hui.
Interrompu dans son excursion par le passage d'une épaisse scolopendre squelettique, le blondinet se surprend à laisser couler un filet de bave du côté de sa bouche. Il se reprend, tentant de contrôler son appétit toujours présent pour les Hollows insectoïdes : il n'est pas question de céder à la gourmandise. Suivant la bestiole du regard malgré les appels d'alerte de son bras droit, il finit par se heurter à un gros gaillard. Le visage à moitié osseux de l'autre se durcit davantage et, courbant légèrement le dos, il s'adresse à celui qui vient de bousculer sa propre promenade.
"Eh, je peux savoir qui t'es, toi ? Pour une fois qu'on a un peu de calme, il faut qu'un petit impertinent de merde vienne me casser les noix. Tu veux finir la gueule dans le sable, en fait."
Appuyé par les gazouillements des deux petits oiseaux qui accélèrent, comme pris de panique, leur voletée tournoyante autour de lui, l'Arrancar blond se contente de secouer frénétiquement les avant-bras d'un geste exprimant la négation. En arborant un grand sourire qui se veut tranquillisant, il rétorque.
"Non, non, tu y es pas, je cherche pas les problèmes. C'est ma faute, en vérité, je penserai à surveiller mes pas la prochaine fois."
Bien qu'il ne souhaite pas mettre qui que ce soit en porte-à-faux, le second remarque tout de même que le mastodonte semble ne pas avoir connaissance du statut de son chef. Remarque qu'il s'empresse de formuler à voix haute dans une tentative ratée de discrétion. L'autre réplique instantanément.
"Non, je vois pas qui c'est, ton pote ! Et quoi encore, y a quelque chose que je devrais savoir ? Éclairez-moi bande de pignoufs, je vous attends."
La Novena Espada ne l'avait pas vraiment relevé, mais l'observation de son compagnon est pertinente. Amusé par le décalage de la situation, il laisse passer un court instant de silence, puis se met à pouffer. Tentant de retenir son esclaffement sans succès, il lève frénétiquement la tête au ciel et finit par rire à gorge déployée, d'une voix adulte mais paradoxalement enfantine. Alors que d'abondantes larmes lui montent aux yeux, il s'empresse de les essuyer et de se justifier auprès du passant en rogne.
"C'est vrai, tu vois pas qui je suis ? Ça devrait pas me surprendre autant, mais ça faisait un moment qu'on m'avait pas sorti ça. Désolé, c'est vraiment pas contre toi, je t'assure. En tout cas, je suis heureux de t'avoir croisé, aujourd'hui !"
Une autre Espada aurait facilement pu le prendre mal et voir cette inculture comme une entache à son rang. Il faut dire aussi que certains passent leur deuxième vie à tenter d'atteindre cet objectif, ce qui n'a pas forcément été le cas pour lui. Lui, il veut se détendre, il veut jouer. Cette fois, il a gagné, mais certains ignorent encore tout de cette victoire. La bonne étoile du jour a permis cette rencontre opportune, alors autant en profiter.
Histoire
"Le ciel du Hueco Mundo ? Qu'est-ce qu'il a de spécial ? Je le trouve barbant à en mourir, honnêtement."
Al Jera rit de plus belle. S'exprimer ainsi sur quelque chose qui le dépasse autant, ce caïd a de l'assurance. Il s'oppose aimablement à son point de vue.
"Barbant, à ce point ? J'aime ce ciel. On dit que lors du règne de Sōsuke Aizen, le plafond du palais imitait le ciel bleu du monde humain. Comme un jour sans réelle fin, une lumière éternelle."
Le gaillard s'enquiert directement, désireux de savoir où son confrère de Las Manadas veut en venir.
"Bah... C'est mieux, non ? J'aurais pas dit non à un soupçon de rappel de ma vie d'avant. Enfin, pas dit que j'aurais eu ma place dans son armée pour commencer. Mais un bon horizon bleu, de temps en temps, ça me manque."
Le blondinet lève haut son sourcil, déconcerté par ce raisonnement.
"Mieux, tu trouves ? Barragan Luisenbarn, avant lui, était pas de cet avis. De son temps, le palais avait pas de toit, il estimait que c'était pas nécessaire. Pas vraiment la peine de parler de Kyōaku, vu l'état actuel de la Cámara, c'est presque comme s'il était jamais parti.
Moi, je rejoins notre roi originel. Je préfère largement un ciel bien réel, aussi noir et brumeux soit-il, qu'une pâle copie de ce que j'ai connu et de ce qui appartient plus à ma réalité. D'ailleurs y compris ces derniers temps, même quand les vivants ont eu l'occasion de se rapprocher de nous, ils l'ont fait pour finir par installer des barrières. On parle de deux mondes que tout oppose, qu'on le veuille ou non. Ce qu'il y a au-dessus de nous ici me convient. "
Ignorant les œillades menaçantes du bras droit de son camarade du désert, l'autre réagit à ces deux dernières phrases assez subitement, comme pris d'une pensée qu'il s'en veut de ne pas avoir eue plus tôt.
"Tu étais une sorte de savant ou de chercheur, je me trompe ? Tu empestes l'intellectuel à plein nez."
La Novena Espada souffle du nez suite à cette réflexion indiscrète, mais perspicace. Posant son regard sur celui qui se tient assis à ses côtés sur le sable, adossé à l'une des ruines de la forteresse, il hoche doucement la tête.
"Bingo. J'étais astronome. Pour éviter la déportation, j'ai juré allégeance à la cour du vizir et je me suis mis à travailler pour lui. Ça remonte à un bout de temps, maintenant."
Le mastodonte acquiesce, reconnaissant le contexte historique dont l'Arrancar blond lui parle.
"La Reconquista espagnole, pas vrai ?"
Surpris, plus positivement que négativement, par ce sursaut de culture générale, il se hâte de répondre par l'affirmative.
"Tu es un jeune Hollow, hm ? Bravo pour avoir atteint une si belle Arrancarisation aussi vite ! On avait pas l'habitude de l'appeler comme ça, mais oui.
Comme mes travaux avançaient pas aussi bien que je le voulais, le cadi se méfiait déjà de moi. Et lorsqu'ils ont appris que je continuais à utiliser mon nom chrétien, mon destin était écrit. Mon âme voulait pas se détacher de ma bibliothèque, et quand je suis finalement devenu Hollow, j'en ai emmené une bonne vingtaine avec moi. Ma frustration était si grande que j'étais devenu fou de rage. Je pensais qu'à massacrer ceux qui cherchaient à rentrer dans ma chambre de recherches. Tout ça a cessé le jour où un vice-capitaine est débarqué. Il a bien failli me mettre au tapis en un coup, mais le sort m'a été favorable. Je regrette de l'avoir attaqué, évidemment, mais ça m'a au moins assez secoué pour que je me décide enfin à traverser un garganta et à me replier ici."
L'Arrancar au demi-visage osseux se contente de répondre d'un "Hm" résigné. Tous les Hollows ont bien un vécu qui les a menés vers cette sombre voie. Comme Al Jera lui retourne la question, il raconte à son tour son histoire, plus sobrement.
"C'est pas forcément clair, mais j'imagine que j'étais forgeron ou quelque chose du style. J'aurais probablement fini par me tuer à la tâche. Toute façon nos histoires se ressemblent toutes un peu, quand on y pense. Frustration, attaque, Shinigami, pouf."
Le chef de meute hausse le menton comme pour essayer de visualiser dans le ciel noir ce qu'il vient d'entendre. Comme il est lancé dans un discours sur l'évolution des êtres spirituels post-mortem, il continue.
"Tu vois, à l'instant, quand je t'ai félicité pour être devenu Arrancar en aussi peu de temps ?"
L'autre confirme que c'est bien ce qu'il a entendu de sa bouche il y a quelques minutes.
"Je suis Arrancar depuis assez récemment. En fait, tu l'es probablement depuis plus longtemps que moi."
Le caïd écarquille son unique œil, abasourdi par la révélation.
"Hein ? Même avec ta.. Avec tes..."
Al Jera, bien qu'ayant envie de rire une fois de plus, s'efforce de se retenir par respect pour le grand gaillard. Il s'explique d'un ton empreint de mélancolie et d'une pointe de nostalgie.
"La morale de l'histoire était claire pour moi : j'étais devenu une sorte d'Hollow ornithomorphe, comme un gros passereau blanc, ce qui m'offrait des ailes et l'espoir de pouvoir atteindre des horizons plus élevés alors même que j'étais bloqué dans cette forêt souterraine. Et j'étais pas non plus représenté par un prédateur, ce qui me ramenait vers l'impossibilité d'accomplir quoi que ce soit de grand, si d'aventure j'arrivais à survivre en premier lieu.
Tout me rappelait les limites auxquelles j'avais fait face de mon vivant, en somme. Le plus drôle, c'est que l'emblème de la taïfa dont je dépendais, le symbole même de ceux qui m'avaient exploité, oppressé et assassiné, était apparu bien en évidence sur mon torse."
Le lascar reste bouche bée face à ce flot d'informations, comme s'il avait du mal à croire ce qu'il entendait. Les discussions aussi profondes et lucides sur des sujets aussi psychologiquement développés sont rares dans les environs. L'Arrancar à l'esprit volatile, se passant de mentionner son trou de Hollow présent sur la base de son bras droit, reprend.
"J'ai pas tenu très longtemps en tant que simple Hollow, dévorant tout sur mon passage, en particulier les Hollows en forme d'insecte. Les pauvres avaient aucune chance contre la fringale qui dictait mes actions. Quand je me suis assemblé à d'autres âmes pour devenir un Gillian, il faut croire que la soif de découverte et d'exploration que j'avais conservée malgré tout a pris le pas sur les autres instincts forts qui m'entouraient. Le masque du géant est devenu le mien, gardant mon bec et mon visage de forme aviaire, et ma personnalité a subsisté.
Il m'a fallu, encore bien plus tard, passer Adjuchas pour avoir l'occasion de parcourir plusieurs recoins de ce plan de l'existence aux propriétés particulières, et enfin constater que la Terre sur laquelle j'étais né était vraisemblablement ronde, tu te rends compte ?"
Dans un éclair d'autodérision, le blondinet se désopile brusquement, riant de son propre retard sur les découvertes du monde des humains. La situation, avec du recul et telle qu'il l'avait formulée, lui paraît hilarante. Reprenant le fil de la conversation par l'une des conditions auxquelles il peut s'identifier, le mastodonte partage au chef de meute son sentiment.
"Tu m'étonnes, c'est un vrai délire, cette manière-là de passer d'une forme de Hollow à un autre. Quand j'étais un Gillian, les voix des autres voulaient pas la fermer. Elles me rendaient dingue. Si seulement cette terrible dalle te prenait pas constamment quand t'es Adjuchas, je pense que ça aurait été un putain de soulagement pour moi."
Alors que le second d'Al Jera se contente de lever les sourcils d'un air approbateur, le Novena Espada se permet d'apporter une nuance.
"La faim, véritablement, ou cette crainte de la décroissance définitive vers ce qu'on voit comme un échelon inférieur ? Un peu des deux, j'imagine. Je crois qu'on est rassurés par ce qui se rapproche plus de ce qu'était notre condition d'être humain, en fait."
L'autre rebondit, curieux d'avoir la suite du récit de son comparse du désert.
"J'ai pas eu la chance de savoir ce que ça faisait d'être Vasto Lorde. J'ai brisé mon masque par accident bien avant ça. C'est pour ça que je nourris peu d'espoir quant à la possibilité de devenir une vraie force armée de l'Acuerdo. Mais toi, me dis pas que t'as pas connu cette phase ? Je veux bien croire que t'es un Arrancar récent, même si ça me troue de le concevoir, mais y a des limites."
Le détenteur de Cobalta Pluma regarde son interlocuteur dans le blanc des yeux quelques secondes avant de satisfaire son appétence d'informations.
"Oh, j'ai été Vasto Lorde, mais ça a été très court. En fait, la majeure partie de ma "vie" ici, je l'ai passée en tant qu'Adjuchas. Une sorte de version plus élancée, plus intimidante et beaucoup plus colorée de ma forme Hollow de base. Et comme tu dis, c'est pas l'étape la plus agréable : impossible de te reposer, surtout lorsque tu dois en plus assumer ton désir presque incontrôlable d'examiner tous les recoins du désert. J'ai failli finir en pâture à énormément de reprises, en vérité, que ce soit en m'exposant à des meutes trop puissantes ou trop nombreuses pour moi ou, plus récemment, en m'approchant trop près des nobles de La Cámara. Heureusement que les machines de cette Grande Cataracte étaient pas encore en place. Pas une minute pour souffler, je te le fais pas dire.
C'est aussi pour ça que je refusais catégoriquement de tenter d'arracher mon masque tant que j'avais pas transcendé la condition d'Adjuchas. Je jugeais ça beaucoup trop risqué, et même lorsqu'il m'a semblé avoir vu tout ce que j'avais à voir sur cette terre, je continuais à fantasmer sur de nouvelles trouvailles, peut-être même des recoins que j'aurais été le seul à découvrir. C'est comme si peu à peu, mon envie d'expédition devenait mon poison."
Le gros costaud souffle du nez suite à cette remarque.
"J'ai enfin trouvé un moment d'accalmie lorsque j'ai pris mon courage à deux mains, après des siècles à consommer des Hollows insectes et autres créatures plus imposantes. Je te rassure, c'est une vilaine habitude qui relève du passé, maintenant."
Sans s'en rendre compte, Al Jera vient d'attraper une guêpe squelettique et est en train de dévorer son dard au moment précis où il dit ses mots. Si la discussion était allé dans ce sens, il se serait défendu en disant qu'il déguste désormais les bestioles de manière récréative et qu'il ne s'agit plus d'un besoin primaire. Mais la discussion ne va pas dans ce sens.
"Comme je passais près de l'arène où les prétendants au titre d'Espada se réunissent pour combattre et acquérir la gloire qu'ils convoitent, j'ai attendu patiemment l'un d'entre eux à la sortie, et je l'ai attaqué sans merci pendant un long moment, qui m'a pourtant paru durer une microseconde. Lorsque j'ai senti qu'il se débattait de moins en moins, j'ai directement refermé mon bec sur la partie supérieure de son crâne. Là, il s'est écroulé. Je me suis bien sûr dépêché d'engloutir le reste de son corps, mais avant que je puisse finir, je sentis déjà mes serres s'allonger, le sable s'éloigner de mon champ de vision et mon appétit sans limites enfin s'affaiblir.
Là, j'ai senti que c'était le moment. Que quelque chose, quelque part, voulait que je continue à subsister et à progresser, au fond. J'ai pas attendu avant de me retirer plus loin, d'attraper mon masque avec ma serre et de l'extirper d'un coup sec."
L'autre grimace et réagit instantanément, connaissant nettement la sensation que l'Arrancar blond évoque.
"Aïe."
La Novena Espada sourit d'un air compatissant.
"Douloureux, hein ? Peut-être la pire souffrance que j'ai jamais eue à endurer, et je compte clairement mon assassinat dans le lot. Mais lorsque vient le calme après la tempête... Quel sentiment de puissance et d'apaisement, si on se concentre là-dessus, pas vrai ? Quelle satisfaction ! Finies les personnalités cohabitant dans le même corps, finie la lutte perpétuelle pour rester en un morceau, finie cette insatiété insupportable.
Juste un dernier souci à régler, me concernant. Alors j'ai fait une première chose. Enfin, une deuxième chose. J'ai détaché définitivement ce goût néfaste, maladif et irrationnel pour l'aventure de mon âme, et c'est comme ça que ces deux petites canailles agitées sont nées."
Le blondinet lève les yeux, désignant d'un hochement de tête bref les deux petits passereaux osseux qui tournoient et qui sifflotent joyeusement au-dessus de lui.
Le demi-visage s'exclame d'un "oh", comme si l'une des interrogations coincées dans son esprit venait de s'envoler.
"D'accord, les pigeonneaux sont tes Fracciones ! Je comprends mieux. Mais attends, si t'as des Fracciones, ça veut dire que t'es..."
D'un coup, l'autre devient comme livide. Lui laissant un temps pour compléter sa phrase avant de réaliser qu'il ne le fera pas, le chef de meute s'esclaffe de nouveau, posant la main sur son ventre.
"Ça y est, tu as tilté ? Tu es un sacré numéro, toi ! Même si j'aime pas trop m'en vanter, c'est un fait. Pour être franc, tout part de lui."
L'Espada désigne du doigt son fidèle acolyte, qui reste silencieux et garde une expression amorphe derrière le masque blanc ivoire qui couvre sa mâchoire.
Le gros lascar tourne timidement la tête vers le bras droit, qui commence à craquer ses phalanges en toisant de manière insistante dans sa direction. L'Arrancar volatile convainc son confrère de se calmer d'un simple geste de la paume, et s'explique encore une fois.
"J'ai rencontré Domuyo et sa petite clique quelques jours après ça. Comme ses amis avaient le ventre vide à en mourir, ils ont de suite essayé de lancer l'assaut contre moi. Je leur en ai pas vraiment voulus, au final.
On a fini par parcourir le désert ensemble avant de s'installer définitivement près de ce qui était autrefois Las Noches. Au fur et à mesure, on a croisé quelques autres âmes en perdition. On les a recueillies, et on a décidé de faire de cet emblème celui du clan Gorrionito, notre meute. C'est un tout petit clan, je dirais qu'on est pas plus de quinze, et seulement quatre Arrancars dans le lot. Les autres sont encore des Adjuchas pour le moment."
L'autre, s'impatientant, n'ose piper mot, mais son bouillonnement transparaît à travers une perlée de sueur. Son vœu finit par enfin être exaucé.
"C'est peu après que Domuyo a finalement réussi à me motiver pour m'inscrire au tournoi de sélection des Espadas. Je te mens pas, les seuls êtres que j'avais combattus de front jusqu'ici étaient des Hollows basiques ou des membres de meutes de Las Manadas, alors j'étais pas serein."
Retrouvant sa langue, le gros gaillard répond comme un journaliste impétueux qui a enfin l'occasion de passer à la question suivante.
"C'est exactement ce que j'étais en train de penser, ouais ! T'es malade de concourir à ce genre d'événements sur un coup de tête ? T'aurais sérieusement pu dire adieu à ton existence, que ce soit ici ou ailleurs !"
Le détenteur de Cobalto Pluma plonge la main dans le sable, comme pour raviver ce sentiment d'accroche dont il avait eu besoin le jour J, et qui avait pris forme sous les traits de ses compagnons de meute et de ses deux passereaux. Il avait d'ailleurs confié les deux petits volatiles à son second pour l'occasion.
"Sincèrement ? La première et dernière de mes inquiétudes, c'était de me faire attraper en sortant par un Adjuchas aussi inconscient et téméraire que je l'étais à l'époque ! Le reste m'importait peu. Même après avoir remporté mon match et être devenu l'aspect "Altération" de la mort, je savais que j'aurais pas l'aura de la Louve ou même du type aimanté, mais ça m'affolait pas plus que ça."
Après un nouveau rire presque puéril de la part de l'Arrancar ailé, l'autre se décide à recentrer la conversation sur le sujet initial.
"N'empêche que je vois vraiment pas ce que ce ciel a d'extraordinaire. Y a même pas d'étoiles, d'ailleurs."
Le regard d'Al Jera s'illumine d'un coup.
"Pas d'étoiles, en effet. Formidable, non ? Toutes les questions que j'ai passé ma vie terrestre à étudier n'ont plus lieu d'être. Où est-elle, à quelle distance, quelle taille fait-elle, quelle forme a-t-elle, est-elle encore vivante, quel nom peut-on lui donner ? Autant de zones dans mon esprit qui connaissent enfin la paix. Quelle libération..."
L'autre hoche la tête, comme pris dans le discours de sa nouvelle rencontre.
"Ouais. Et puis y a quand même cette lune, après tout. D'ailleurs, on sait toujours pas si c'est vraiment un astre, une projection ou autre chose ?"
Le blondinet observe le mastodonte du coin de l'œil, d'un regard discret bien que complice, presque mesquin. Lui le sait. Lorsqu'il a été débarrassé de son masque complet de Hollow, il a décrété de lui-même qu'il était désormais suffisamment fort et endurant pour partir en excursion aérienne jusqu'à atteindre cette nouvelle lune. Ce que lui et ses deux passereaux ont fait. Mais de ce vestige de son ancien attrait malsain, il ne dira rien. Cette histoire n'est pas pour aujourd'hui.
"Faut vraiment qu'on décolle main'nant, boss Junior. On a des affaires a régler, et j'pense que c'te pause aura suffi pour vous dégourdir un p'tit peu les serres. Laissons c'type là et rentrons au camp'ment."
L'ancien astronome confirme d'un "oui" sec et énergique, avant de se lever d'un saut et de suivre son acolyte, accompagné de près par ses deux petites Fracciones volantes et laissant derrière lui un gros mastard médusé, incapable de se lever. Le Novena Espada s'interrompt cependant dans sa marche, et tourne partiellement la tête vers son camarade du désert, le mettant en garde.
"Oh, les effets de Cobalto Pluma devraient prendre fin d'ici une petite minute. Je te déconseille de me sauter dessus pendant que j'ai le dos tourné, ça te va ?"
Le gaillard baisse la tête, ayant presque honte de son offensive ratée.
"Peu importe. Je regrette d'avoir essayé de te faire la peau. T'es plutôt cool."
Se retournant et continuant son chemin, l'Arrancar blond lève lascivement son bras au ciel, geste traduisible par "sans rancune". Alors que son second l'alarme quant à sa facilité à sympathiser et à dévoiler ses secrets au premier venu, le chef de meute réplique comme il le peut en lui rappelant d'arrêter de l'appeler "boss Junior".
Al Jera observe d'un coup d'œil le trou en forme d'étoile forgé dans son Zanpakutō. Après tout, la vie suit son cours à Las Manadas.
Al Jera rit de plus belle. S'exprimer ainsi sur quelque chose qui le dépasse autant, ce caïd a de l'assurance. Il s'oppose aimablement à son point de vue.
"Barbant, à ce point ? J'aime ce ciel. On dit que lors du règne de Sōsuke Aizen, le plafond du palais imitait le ciel bleu du monde humain. Comme un jour sans réelle fin, une lumière éternelle."
Le gaillard s'enquiert directement, désireux de savoir où son confrère de Las Manadas veut en venir.
"Bah... C'est mieux, non ? J'aurais pas dit non à un soupçon de rappel de ma vie d'avant. Enfin, pas dit que j'aurais eu ma place dans son armée pour commencer. Mais un bon horizon bleu, de temps en temps, ça me manque."
Le blondinet lève haut son sourcil, déconcerté par ce raisonnement.
"Mieux, tu trouves ? Barragan Luisenbarn, avant lui, était pas de cet avis. De son temps, le palais avait pas de toit, il estimait que c'était pas nécessaire. Pas vraiment la peine de parler de Kyōaku, vu l'état actuel de la Cámara, c'est presque comme s'il était jamais parti.
Moi, je rejoins notre roi originel. Je préfère largement un ciel bien réel, aussi noir et brumeux soit-il, qu'une pâle copie de ce que j'ai connu et de ce qui appartient plus à ma réalité. D'ailleurs y compris ces derniers temps, même quand les vivants ont eu l'occasion de se rapprocher de nous, ils l'ont fait pour finir par installer des barrières. On parle de deux mondes que tout oppose, qu'on le veuille ou non. Ce qu'il y a au-dessus de nous ici me convient. "
Ignorant les œillades menaçantes du bras droit de son camarade du désert, l'autre réagit à ces deux dernières phrases assez subitement, comme pris d'une pensée qu'il s'en veut de ne pas avoir eue plus tôt.
"Tu étais une sorte de savant ou de chercheur, je me trompe ? Tu empestes l'intellectuel à plein nez."
La Novena Espada souffle du nez suite à cette réflexion indiscrète, mais perspicace. Posant son regard sur celui qui se tient assis à ses côtés sur le sable, adossé à l'une des ruines de la forteresse, il hoche doucement la tête.
"Bingo. J'étais astronome. Pour éviter la déportation, j'ai juré allégeance à la cour du vizir et je me suis mis à travailler pour lui. Ça remonte à un bout de temps, maintenant."
- Señor Al Jera Sanjunior Gorrionito, monde des vivants, 1132:
Le mastodonte acquiesce, reconnaissant le contexte historique dont l'Arrancar blond lui parle.
"La Reconquista espagnole, pas vrai ?"
Surpris, plus positivement que négativement, par ce sursaut de culture générale, il se hâte de répondre par l'affirmative.
"Tu es un jeune Hollow, hm ? Bravo pour avoir atteint une si belle Arrancarisation aussi vite ! On avait pas l'habitude de l'appeler comme ça, mais oui.
Comme mes travaux avançaient pas aussi bien que je le voulais, le cadi se méfiait déjà de moi. Et lorsqu'ils ont appris que je continuais à utiliser mon nom chrétien, mon destin était écrit. Mon âme voulait pas se détacher de ma bibliothèque, et quand je suis finalement devenu Hollow, j'en ai emmené une bonne vingtaine avec moi. Ma frustration était si grande que j'étais devenu fou de rage. Je pensais qu'à massacrer ceux qui cherchaient à rentrer dans ma chambre de recherches. Tout ça a cessé le jour où un vice-capitaine est débarqué. Il a bien failli me mettre au tapis en un coup, mais le sort m'a été favorable. Je regrette de l'avoir attaqué, évidemment, mais ça m'a au moins assez secoué pour que je me décide enfin à traverser un garganta et à me replier ici."
L'Arrancar au demi-visage osseux se contente de répondre d'un "Hm" résigné. Tous les Hollows ont bien un vécu qui les a menés vers cette sombre voie. Comme Al Jera lui retourne la question, il raconte à son tour son histoire, plus sobrement.
"C'est pas forcément clair, mais j'imagine que j'étais forgeron ou quelque chose du style. J'aurais probablement fini par me tuer à la tâche. Toute façon nos histoires se ressemblent toutes un peu, quand on y pense. Frustration, attaque, Shinigami, pouf."
Le chef de meute hausse le menton comme pour essayer de visualiser dans le ciel noir ce qu'il vient d'entendre. Comme il est lancé dans un discours sur l'évolution des êtres spirituels post-mortem, il continue.
"Tu vois, à l'instant, quand je t'ai félicité pour être devenu Arrancar en aussi peu de temps ?"
L'autre confirme que c'est bien ce qu'il a entendu de sa bouche il y a quelques minutes.
"Je suis Arrancar depuis assez récemment. En fait, tu l'es probablement depuis plus longtemps que moi."
Le caïd écarquille son unique œil, abasourdi par la révélation.
"Hein ? Même avec ta.. Avec tes..."
Al Jera, bien qu'ayant envie de rire une fois de plus, s'efforce de se retenir par respect pour le grand gaillard. Il s'explique d'un ton empreint de mélancolie et d'une pointe de nostalgie.
"La morale de l'histoire était claire pour moi : j'étais devenu une sorte d'Hollow ornithomorphe, comme un gros passereau blanc, ce qui m'offrait des ailes et l'espoir de pouvoir atteindre des horizons plus élevés alors même que j'étais bloqué dans cette forêt souterraine. Et j'étais pas non plus représenté par un prédateur, ce qui me ramenait vers l'impossibilité d'accomplir quoi que ce soit de grand, si d'aventure j'arrivais à survivre en premier lieu.
Tout me rappelait les limites auxquelles j'avais fait face de mon vivant, en somme. Le plus drôle, c'est que l'emblème de la taïfa dont je dépendais, le symbole même de ceux qui m'avaient exploité, oppressé et assassiné, était apparu bien en évidence sur mon torse."
- 888:
Le lascar reste bouche bée face à ce flot d'informations, comme s'il avait du mal à croire ce qu'il entendait. Les discussions aussi profondes et lucides sur des sujets aussi psychologiquement développés sont rares dans les environs. L'Arrancar à l'esprit volatile, se passant de mentionner son trou de Hollow présent sur la base de son bras droit, reprend.
"J'ai pas tenu très longtemps en tant que simple Hollow, dévorant tout sur mon passage, en particulier les Hollows en forme d'insecte. Les pauvres avaient aucune chance contre la fringale qui dictait mes actions. Quand je me suis assemblé à d'autres âmes pour devenir un Gillian, il faut croire que la soif de découverte et d'exploration que j'avais conservée malgré tout a pris le pas sur les autres instincts forts qui m'entouraient. Le masque du géant est devenu le mien, gardant mon bec et mon visage de forme aviaire, et ma personnalité a subsisté.
Il m'a fallu, encore bien plus tard, passer Adjuchas pour avoir l'occasion de parcourir plusieurs recoins de ce plan de l'existence aux propriétés particulières, et enfin constater que la Terre sur laquelle j'étais né était vraisemblablement ronde, tu te rends compte ?"
Dans un éclair d'autodérision, le blondinet se désopile brusquement, riant de son propre retard sur les découvertes du monde des humains. La situation, avec du recul et telle qu'il l'avait formulée, lui paraît hilarante. Reprenant le fil de la conversation par l'une des conditions auxquelles il peut s'identifier, le mastodonte partage au chef de meute son sentiment.
"Tu m'étonnes, c'est un vrai délire, cette manière-là de passer d'une forme de Hollow à un autre. Quand j'étais un Gillian, les voix des autres voulaient pas la fermer. Elles me rendaient dingue. Si seulement cette terrible dalle te prenait pas constamment quand t'es Adjuchas, je pense que ça aurait été un putain de soulagement pour moi."
Alors que le second d'Al Jera se contente de lever les sourcils d'un air approbateur, le Novena Espada se permet d'apporter une nuance.
"La faim, véritablement, ou cette crainte de la décroissance définitive vers ce qu'on voit comme un échelon inférieur ? Un peu des deux, j'imagine. Je crois qu'on est rassurés par ce qui se rapproche plus de ce qu'était notre condition d'être humain, en fait."
L'autre rebondit, curieux d'avoir la suite du récit de son comparse du désert.
"J'ai pas eu la chance de savoir ce que ça faisait d'être Vasto Lorde. J'ai brisé mon masque par accident bien avant ça. C'est pour ça que je nourris peu d'espoir quant à la possibilité de devenir une vraie force armée de l'Acuerdo. Mais toi, me dis pas que t'as pas connu cette phase ? Je veux bien croire que t'es un Arrancar récent, même si ça me troue de le concevoir, mais y a des limites."
Le détenteur de Cobalta Pluma regarde son interlocuteur dans le blanc des yeux quelques secondes avant de satisfaire son appétence d'informations.
"Oh, j'ai été Vasto Lorde, mais ça a été très court. En fait, la majeure partie de ma "vie" ici, je l'ai passée en tant qu'Adjuchas. Une sorte de version plus élancée, plus intimidante et beaucoup plus colorée de ma forme Hollow de base. Et comme tu dis, c'est pas l'étape la plus agréable : impossible de te reposer, surtout lorsque tu dois en plus assumer ton désir presque incontrôlable d'examiner tous les recoins du désert. J'ai failli finir en pâture à énormément de reprises, en vérité, que ce soit en m'exposant à des meutes trop puissantes ou trop nombreuses pour moi ou, plus récemment, en m'approchant trop près des nobles de La Cámara. Heureusement que les machines de cette Grande Cataracte étaient pas encore en place. Pas une minute pour souffler, je te le fais pas dire.
C'est aussi pour ça que je refusais catégoriquement de tenter d'arracher mon masque tant que j'avais pas transcendé la condition d'Adjuchas. Je jugeais ça beaucoup trop risqué, et même lorsqu'il m'a semblé avoir vu tout ce que j'avais à voir sur cette terre, je continuais à fantasmer sur de nouvelles trouvailles, peut-être même des recoins que j'aurais été le seul à découvrir. C'est comme si peu à peu, mon envie d'expédition devenait mon poison."
Le gros costaud souffle du nez suite à cette remarque.
"J'ai enfin trouvé un moment d'accalmie lorsque j'ai pris mon courage à deux mains, après des siècles à consommer des Hollows insectes et autres créatures plus imposantes. Je te rassure, c'est une vilaine habitude qui relève du passé, maintenant."
Sans s'en rendre compte, Al Jera vient d'attraper une guêpe squelettique et est en train de dévorer son dard au moment précis où il dit ses mots. Si la discussion était allé dans ce sens, il se serait défendu en disant qu'il déguste désormais les bestioles de manière récréative et qu'il ne s'agit plus d'un besoin primaire. Mais la discussion ne va pas dans ce sens.
"Comme je passais près de l'arène où les prétendants au titre d'Espada se réunissent pour combattre et acquérir la gloire qu'ils convoitent, j'ai attendu patiemment l'un d'entre eux à la sortie, et je l'ai attaqué sans merci pendant un long moment, qui m'a pourtant paru durer une microseconde. Lorsque j'ai senti qu'il se débattait de moins en moins, j'ai directement refermé mon bec sur la partie supérieure de son crâne. Là, il s'est écroulé. Je me suis bien sûr dépêché d'engloutir le reste de son corps, mais avant que je puisse finir, je sentis déjà mes serres s'allonger, le sable s'éloigner de mon champ de vision et mon appétit sans limites enfin s'affaiblir.
Là, j'ai senti que c'était le moment. Que quelque chose, quelque part, voulait que je continue à subsister et à progresser, au fond. J'ai pas attendu avant de me retirer plus loin, d'attraper mon masque avec ma serre et de l'extirper d'un coup sec."
L'autre grimace et réagit instantanément, connaissant nettement la sensation que l'Arrancar blond évoque.
"Aïe."
La Novena Espada sourit d'un air compatissant.
"Douloureux, hein ? Peut-être la pire souffrance que j'ai jamais eue à endurer, et je compte clairement mon assassinat dans le lot. Mais lorsque vient le calme après la tempête... Quel sentiment de puissance et d'apaisement, si on se concentre là-dessus, pas vrai ? Quelle satisfaction ! Finies les personnalités cohabitant dans le même corps, finie la lutte perpétuelle pour rester en un morceau, finie cette insatiété insupportable.
Juste un dernier souci à régler, me concernant. Alors j'ai fait une première chose. Enfin, une deuxième chose. J'ai détaché définitivement ce goût néfaste, maladif et irrationnel pour l'aventure de mon âme, et c'est comme ça que ces deux petites canailles agitées sont nées."
Le blondinet lève les yeux, désignant d'un hochement de tête bref les deux petits passereaux osseux qui tournoient et qui sifflotent joyeusement au-dessus de lui.
- Alica & Alinto, Fracciones:
Le demi-visage s'exclame d'un "oh", comme si l'une des interrogations coincées dans son esprit venait de s'envoler.
"D'accord, les pigeonneaux sont tes Fracciones ! Je comprends mieux. Mais attends, si t'as des Fracciones, ça veut dire que t'es..."
D'un coup, l'autre devient comme livide. Lui laissant un temps pour compléter sa phrase avant de réaliser qu'il ne le fera pas, le chef de meute s'esclaffe de nouveau, posant la main sur son ventre.
"Ça y est, tu as tilté ? Tu es un sacré numéro, toi ! Même si j'aime pas trop m'en vanter, c'est un fait. Pour être franc, tout part de lui."
L'Espada désigne du doigt son fidèle acolyte, qui reste silencieux et garde une expression amorphe derrière le masque blanc ivoire qui couvre sa mâchoire.
- Domuyo, dit "l'Ahuri":
Le gros lascar tourne timidement la tête vers le bras droit, qui commence à craquer ses phalanges en toisant de manière insistante dans sa direction. L'Arrancar volatile convainc son confrère de se calmer d'un simple geste de la paume, et s'explique encore une fois.
"J'ai rencontré Domuyo et sa petite clique quelques jours après ça. Comme ses amis avaient le ventre vide à en mourir, ils ont de suite essayé de lancer l'assaut contre moi. Je leur en ai pas vraiment voulus, au final.
On a fini par parcourir le désert ensemble avant de s'installer définitivement près de ce qui était autrefois Las Noches. Au fur et à mesure, on a croisé quelques autres âmes en perdition. On les a recueillies, et on a décidé de faire de cet emblème celui du clan Gorrionito, notre meute. C'est un tout petit clan, je dirais qu'on est pas plus de quinze, et seulement quatre Arrancars dans le lot. Les autres sont encore des Adjuchas pour le moment."
L'autre, s'impatientant, n'ose piper mot, mais son bouillonnement transparaît à travers une perlée de sueur. Son vœu finit par enfin être exaucé.
"C'est peu après que Domuyo a finalement réussi à me motiver pour m'inscrire au tournoi de sélection des Espadas. Je te mens pas, les seuls êtres que j'avais combattus de front jusqu'ici étaient des Hollows basiques ou des membres de meutes de Las Manadas, alors j'étais pas serein."
Retrouvant sa langue, le gros gaillard répond comme un journaliste impétueux qui a enfin l'occasion de passer à la question suivante.
"C'est exactement ce que j'étais en train de penser, ouais ! T'es malade de concourir à ce genre d'événements sur un coup de tête ? T'aurais sérieusement pu dire adieu à ton existence, que ce soit ici ou ailleurs !"
Le détenteur de Cobalto Pluma plonge la main dans le sable, comme pour raviver ce sentiment d'accroche dont il avait eu besoin le jour J, et qui avait pris forme sous les traits de ses compagnons de meute et de ses deux passereaux. Il avait d'ailleurs confié les deux petits volatiles à son second pour l'occasion.
"Sincèrement ? La première et dernière de mes inquiétudes, c'était de me faire attraper en sortant par un Adjuchas aussi inconscient et téméraire que je l'étais à l'époque ! Le reste m'importait peu. Même après avoir remporté mon match et être devenu l'aspect "Altération" de la mort, je savais que j'aurais pas l'aura de la Louve ou même du type aimanté, mais ça m'affolait pas plus que ça."
Après un nouveau rire presque puéril de la part de l'Arrancar ailé, l'autre se décide à recentrer la conversation sur le sujet initial.
"N'empêche que je vois vraiment pas ce que ce ciel a d'extraordinaire. Y a même pas d'étoiles, d'ailleurs."
Le regard d'Al Jera s'illumine d'un coup.
"Pas d'étoiles, en effet. Formidable, non ? Toutes les questions que j'ai passé ma vie terrestre à étudier n'ont plus lieu d'être. Où est-elle, à quelle distance, quelle taille fait-elle, quelle forme a-t-elle, est-elle encore vivante, quel nom peut-on lui donner ? Autant de zones dans mon esprit qui connaissent enfin la paix. Quelle libération..."
L'autre hoche la tête, comme pris dans le discours de sa nouvelle rencontre.
"Ouais. Et puis y a quand même cette lune, après tout. D'ailleurs, on sait toujours pas si c'est vraiment un astre, une projection ou autre chose ?"
Le blondinet observe le mastodonte du coin de l'œil, d'un regard discret bien que complice, presque mesquin. Lui le sait. Lorsqu'il a été débarrassé de son masque complet de Hollow, il a décrété de lui-même qu'il était désormais suffisamment fort et endurant pour partir en excursion aérienne jusqu'à atteindre cette nouvelle lune. Ce que lui et ses deux passereaux ont fait. Mais de ce vestige de son ancien attrait malsain, il ne dira rien. Cette histoire n'est pas pour aujourd'hui.
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