Un petit problème de vue [pv Kurosawa

Alice était dans une situation particulière. Elle était une fullbringer artificielle, et découvrait avec le temps que cela impliquait plus qu’un énorme travail physique, c’était surtout psychologiquement qu’il fallait s’armer.

Le problème que rencontrait Alice était peut-être une progression trop rapide. Ou une réaction à un traumatisme récent ? Entre l’incident des abominables et sa dernière mission, c’était tout à fait possible. Cela, ou l'entraînement de la queen de club était particulièrement efficace. Mais développer une capacité n’ayant aucun lien avec son entraînement, ça c’était particulier.

Mais ce n’était pas vraiment une mauvaise chose, car après tout, elle avait déjà vu ce genre de compétence étrange auparavant, actuellement, très récemment. C’est pour ça qu’elle était en direction de la salle d'entraînement, guidée par cette faculté récemment débloquée qui lui causait déjà beaucoup de problèmes.

“[Bonjour] ?”

La personne qu’elle cherchait n’était d’autre que le King of Sword en personne, celui qui avait participé à tuer le précédent, comme dans une culture barbare et archaïque hérité d’une époque où treize criminels pouvaient devenir les figures d’autorité d’un monde secret. Kurosawa Kyoya.

Si quelqu'un peut l’aider, ce sera lui, si elle se fiait à ce qu’elle avait vu lors de leur mission commune et des rapports. Mais pour ça, elle allait devoir lui expliquer pourquoi elle avait les yeux brillant de reiatsu comme ça.

“Hum, comment dire, je n’arrives pas à l’arrêter ? J’ai cru comprendre que vous étiez un expert dans la perception de reiatsu, peut-être pouvez vous m’aider ?”

Elle aurait sans doute pu déranger quelqu’un d’autre, comme Tanjo, ses machines pourraient probablement l’aider, mais elle avait envie d’en profiter pour avec les conseils d’un expert !.. n’étant pas sa reine. Elle voulait garder ça sous le coude pour essayer de l’impressionner.

“S’il vous plaît ?”

Passer de ne pas pouvoir se représenter le reiatsu à le voir à des mètres de distance, sans pouvoir choisir quand ça commence ou quand cela s'arrête, c'était pas simplement épuisant, mais complétement drainant. Elle n'arrivait pas à se concentrer, au point que même maintenir son fullbringer lui demandait plus d'énergie que d'habitude.

Il s'exerce, encore et encore.

Son existence est rythmée par l'effort et les entraînements depuis toujours. Or, récemment, il y met plus de cœur qu'en temps normal. Parce que tout avance vite, parce que la situation les dépasse, parce que s'ils se cachent derrière un comportement passif, ils finiront engloutis par les menacent qu'ils combattent... Par les forces dont ils se cachent. Kyoya sait : le jeu de cache-cache que l'Ultima Necat s'improvise avec la Soul Society ne durera pas. Tôt ou tard - et sans doute plus tôt que tard... Les guerriers en noir sauront. Et alors, il faudra agir.

Agir comment ? Tout dépend des premières vraies interactions.

Mais ils devront être prêts à tout. Conflit armé inclus.
Alors il est là, dans la salle d'entraînement, face aux automates de combat. à la vitesse de l'éclair, il frappe, il se déplace, se défend. Ses mouvements sont fluides, mesurés, puissants. Le poids des années se cache derrière chacun de ses coups. Entièrement concentré sur l'exercice, ça ne l'empêche pas de sentir une présence qui approche.

- Fin de l'entraînement.

Il parle fort, et en réponse, les automates cessent de combattre. Seulement alors, il se tourne vers l'intrus... Il se rappelle d'elle.

-- Alice, c'était bien ça ? Il l'avise du regard, doucement circonspect. Par l'apparence de ses yeux... Puis par ses mots. "Expert" ne serait pas le mot que j'utiliserais. Disons que je suis au-dessus de la moyenne, tout au plus. Mais il est vrai que la perception des énergies est une discipline négligée par beaucoup, si bien que son niveau pourrait en faire un expert, vu sous cet angle... Trop de nouveaux Fullbringers se basent sur la technologie, ça et seulement ça. Lui, il utilise tout. Ce que la science lui donne, ce que le monde des esprits lui donne, ce que sa discipline lui a permis de développer... Tout. Sans exception.

- Étrange. La perception des énergies ne s'accompagne généralement pas de ce genre de... Phénomène. Il la regarde dans les yeux : ces yeux qui sont justement ce phénomène auquel il fait référence. - J'imagine que vous autres artificiels avez votre lot de bizarreries qui accompagnent votre condition.

Il n'est pas au courant des tenants et aboutissants de comment est-ce que l'Ultima Necat est parvenue à créer des Fullbringers artificiels... Mais considérant que les Fullbringers naturels trouvent l'origine de leurs pouvoirs chez les Hollows, ce n'a pu qu'être un procédé sombre, d'une façon ou d'une autre. Il se demande... Les Artificiels de la génération d'Alice, sont-ils les essais perfectionnés, ou les "sujet-test", lancés sur le terrain sans aucune certitude quant à la stabilité de leur pouvoir ?

Quelques secondes de réflexion. Puis, il s'avance vers la sortie.

- Suivez moi.

D'un pas tranquille, il avance entre les couloirs, Mugen rangée dans son fourreau à son flanc. Ce n'est que l'affaire de quelques minutes avant qu'ils arrivent dans la salle de la Matrice, là où quelques scientifiques s'affairent déjà aux écrans.

- Quel est le problème, exactement ? Il sent une énergie concentrée vers ses yeux, mais il préfère être sûr. - Quel est le problème, et comment s'est-il déclaré, pour être précis.

"Ce n'est pas mon rôle", son esprit murmure.
Mais il peut bien prendre quelques minutes de son temps pour aider la jeune femme.

Peut-être cela étant aurait-elle préférée demander à quelqu'un d'autre. Il a déjà sa petite idée sur comment procéder...

Son instinct lui dit que ça ne va pas lui plaire.

Alice était appréhensive d’approcher quelqu’un d’aussi haut gradé dans la hiérarchie de l’organisation avec son problème. C’est quelque chose que l’on devrait consulter des médecins ou des spécialistes plutôt que le dirigeant des forces d’attaques de l’Ultima Necat, mais elle avait visiblement bien fait de se fier à son instinct. Puis, autant elle n’avait rien contre le corps médical, elle ne voulait pas qu’ils l’empêchent de participer à des missions tant que le problème n’était pas réglé, s’ils n’arrivaient pas à le soigner assez vite.

“Je ne peux pas nier que même en étant une de ces artificielles, je n’en sais guère plus que vous sur ce qui m’attends et comment m’y préparer, la preuve.”

Pour dire vrai, la fullbringer artificiel ne savait ni ne pouvait expliquer ce qui lui était arrivé pour en être là aujourd’hui. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle a signé des papiers dédouanant l’organisation en cas de problème, s’est assise puis allongée sur une table d’opération, et voilà. Ne pas le comprendre, pourquoi pas, ce n’était pas un génie, ne pas le savoir, c’était complètement différent.

“Si je le pouvais, je demanderais conseil à un artificiel plus expérimenté, mais je peine à en trouver.”

Mais plutôt que de se diriger dans une autre salle d'entraînement ou dans ses quartiers, les voilà dans la matrice. Un endroit que n’avait jamais visité Alice auparavant, simplement parce qu’il lui faudra dix ans pour simplement comprendre à quel point ce lieu était en avance sur son temps.

“Le problème, c’est que je ne vois plus le monde par réflection de la lumière, mais en voyant les âmes de ce qui m’entoure, constamment, et cela draine mes réserve d’énergie à une vitesse folle.”

Dans l’essence, c’est ça. Elle pouvait voir les esprits comme tout fullbringer, mais là elle avait l’impression d’être un détecteur à âme sans son consentement. Si les objets n’avaient pas eu même une sorte d’âme, elle prendrait tous les murs de la facilité dans la gueule. Encore, cela ne serait pas vraiment un problème, si ce n’était que ça. Cela peut être très utile au combat comme au quotidien, et cela augmenterait encore plus son utilité en temps que sniper ou tireuse longue à moyenne distance. Non, le problème c’est qu’elle ne pouvait tenir la consommation de reiryoku que tout cela demandait.

“Et pour ce qui est du “quand”, je pense que c’est arrivé peu après notre mission, lorsque je m’entrainais à du tir à très longue distance. Je ne tirais même pas avec mon fullbringer, mais j’étais perdu dans mes pensées, et quand je suis revenue à moi, et bien, j’étais comme ça.”

Elle avait tenté de rationaliser ça du mieux qu’elle le pouvait, que ce soit en l'expliquant par un désir caché d’augmenter la précision de ses tirs, ou simplement une évolution hasardeuse du à sa condition d’artificielle, mais la cause lui échappait.

“J’ai tout essayé et je n’arrives à rien toute seule.”

- Oui. Vous êtes tous très récents, alors c'est naturel que l'expérience manque.

L'expérience des choses spirituelles, tout du moins.Le reste, tout dépend du profil. Jabberwock était un soldat avant d'être un Fullbringer, alors déjà, il avait des réflexes nécessaires pour un Swords. Cette Alice ? Il ne sait pas. Kyoya ne la connaît pas, et ill n'a pas lu son dossier. Dans tous les cas, elle a le même problème que tous les autres artificiels : le manque d'expérience.

Le problème est donc... Qu'elle ne perçoit que le spirituel, en permanence. Le King pense, réfléchit, et doit avouer qu'il n'a jamais connu ni vu ce problème ailleurs jusqu'ici. Il se questionne sur ce qui pourrait être l'origine... Manque d'habitude, manque de discipline ? Peut-être un peu des deux ? Après tout, les Artificiels sont propulsés dans un monde complexe de suite après que l'opération ait été terminée. Ils ne sont pas nés avec ce potentiel latent, ils ne voient pas les esprits depuis leur plus tendre enfance. Ils ne sont pas comme les naturels.
Comme lui.

- Je vois. Un songe, puis, une oeillade vers un scientifique non loin. - Vous. Préparez la cuve. Nous lançons une simulation dans les minutes qui suivent. Je superviserai la session. Son regard revient vers Alice. - Vous avez cinq minutes. Les vestiaires sont derrière cette porte.

Il pointe vers une porte métallique un peu plus loin. Alice va devoir entrer dans la cuve, et enfiler le casque. Kyoya a sa petite idée, et la Matrice sera une aide précieuse.

- êtes-vous familière avec la Matrice, ou est-ce votre première utilisation?

Ah bah pour dire toute récente, il était assez léger sur les mots ! C’était un bébé dans le monde des esprits ! Une pauvre âme innocente que l’on jetait sur le champ de bataille … Comment ça elle a vingt-quatre ans ? Bon bah pas si jeune non plus, mais ça faisait à peine quelques mois qu’elle était un fullbringer, donc disons que son âge de fullbringer était à raz des pâquerettes.

Pour preuve, elle ne comprenait rien de ce qu’il venait de dire. Une simulation ? Une cuve ? Pourquoi devait-elle se changer d’ailleurs ? La matrice ce n’est pas seulement la banque de données de l’organisation ? Il y en avait plus derrière ?

“Je, hum … Non pas du tout.”

Elle n’était même pas sûre de savoir en quoi elle devait se changer. Heureusement, une scientifique l’aide en lui donnant le nécessaire, mais c’est bien la première fois qu’elle voit tout ça. Il a bien dit une simulation ? Comme un jeu vidéo ? Elle n’était pas familière avec cette partie de la pop-culture, on perd vite l’intérêt du fictif quand on peut tirer de vraies armes à loisir.

Est-ce qu’elle doit prendre son fullbring avec elle ? Par habitude, on va dire que oui. C’était bien la seule chose qui lui donnait un peu de confort en revenant dans la pièce principale. Ne pas être dans ses manteaux habituels la gênait. Mais c’était pour régler un plus grand problème.

“C’est bien comme ça que cela se porte ?”

Elle s’adressait plus au scientifique demandé de préparer la cuve qu’au king, se laissant guider dans la manœuvre pour s’installer dans la cuve. Tout ça était tellement sûr réellement avancé technologiquement. Alice se pensait dans un rêve, ou dans un film, mais non, c’était sa réalité maintenant.

Installée, la canonnière devait maintenant fermer les yeux, se relaxer. Elle aimerait bien les voir à sa place, paupières closes ou non, elle continuait de voir les âmes qui l'entouraient comme un sonar verrait des objets immergés. Pas que cela servirait à grand-chose de le leur faire remarquer, mais après tout elle était française, se plaindre même intérieurement, était une seconde nature.

...

"[Je suis certaine que je ne rêve pas ?]"

Comprenez là, elle venait de fermer les yeux, et en les ouvrant à nouveau, elle n'était plus dans une cuve, mais ... En faite, elle ne savait pas vraiment où elle était. C'était ça, la matrice ?

Derrière les contrôles et écrans de la Matrice, Kyoya observe. Plutôt que de laisser l'imaginaire d'Alice penser la scène, il paramètre son propre scénario. Ainsi, lorsqu'elle entre dans la cuve pour enfiler le casque, ce n'est pas elle qui est en contrôle. Elle ne voit rien, dans un premier temps. L'abysse, un noir complet sans rien, sans même la moindre aura. Puis, un clignement d'yeux plus tard, le monde change.

Autour, comme immense salle cylindrique, avec des murs fait d'une eau qui cascade depuis le bas vers le haut. Une eau d'un bleu éclatant, opaque : une eau composée de Reishi. Le sol est lui aussi d'eau : une grande flaque qui s'arrête au niveau des chevilles. Si elle regarde au-dessus d'elle, Alice pourra voir le ciel à des centaines de mètre de haut, quelques nuages à peine perceptibles d'aussi loin.

Son arène sera un cylindre aqueux, défiant les lois de la physique.

Puis, petit à petit, ses adversaires se forment depuis le sol de l'arène.
Ils sortent de l'eau aux murs, au sol. Des silhouettes vaguement humanoïdes, composées de cette eau opaque. Sortes d'élémentaires d'eau sans visage, les silhouettes sont toutes tournées vers la Clubs...

Puis, soudain, une détonation dans le dos d'Alice.

La balle fuse, vise sa jambe. Elle ne blessera pas assez pour sérieusement handicaper, mais elle indiquera le danger latent. Depuis l'eau, une dernière silhouette se forme, et cette fois-ci, elle ne reste pas aqueuse. Les contours se dessinent, les couleurs prennent vie, et un Kyoya habillé d'un costume sombre fait face.

- Bienvenue dans la Matrice. Sans arme, sans rien sinon ses mains dans ses poches, il reste planté là, l'armée d'élémentaires pour l'instant immobile. - Tu vas devoir te battre pour survivre. Cette arène est entièrement constituée de Reishi, comme le sont ces adversaires. Jusqu'ici, Alice était habituée au monde des hommes : où le Kishi est une majorité écrasante, tandis que le Reishi est rare. Seuls les choses du monde spirituel pouvaient perturber ses sens. Cette fois-ci ? Tout autour d'elle semble faite du matériau des esprits. De quoi déstabiliser, de quoi changer... De quoi forcer à s'adapter. - Cependant, divers dangers dont je ne préciserais pas la nature vont te harceler tout le temps de ton séjour ici, et tous seront constitués de Kishi. Ainsi, elle ne pourra pas se fier à ses sens spirituels : elle devra se fier à ses cinq sens. Ce serait plus complexe en temps normal, mais... - J'ai paramétré cette session pour que les objets de Kishi n'aient pas d'âme à la ta perception. Des... Constructs morts, en quelque sorte.

Des objets à 100% perceptibles que par les sens humains, donc.

- Je dois t'avertir, puisqu'il s'agit de ta première session dans la Matrice. Cette technologie est si avancée que ton corps percevra les blessures vécues ici comme réelles. Si tu ne prends pas ta situation au sérieux, tu pourrais bien mourir ici.

Puisqu'elle semble ne pas contrôler un sens basique à sa survie au sein du monde spirituel, Kyoya va lui apprendre à maîtriser ce don comme il a dû souvent apprendre au cour de son long vécu : Le risque de mort en guise de professeur, la promesse de survivre en guise de récompense.
Le corps et l'esprit tendent à débloquer leurs réflexes et fonctions dissonantes, quand la préservation est en jeu.

- Bonne chance.

Et aussi vite qu'il est apparu, il disparaît dans l'eau.
Les formes élémentaires se mettent en marche. L'eau semble répondre à leur commande, et déjà, des balles d'eau concentrée sont lancées à haut-vitesse contre Alice.

Déjà, il y a d'autres tirs d'arme à feu qui semblent provenir de derrière les murs de la cascade cylindrique...

Déjà, elle doit commencer à se battre pour sa vie.

Vous savez, il y a des moments où dans la vie, on se dit “est-ce qu’on vit dans le même monde que les autres ?” et bien là, c’est exactement ce genre de moment que vivait notre pauvre et innocente Alice. Se réveiller dans un vide absolu, qui un clignement d’oeil après se transformait en aberration scientifique faisait très mal à sa vision du monde.

Si on mettait de côté tout ça néanmoins, on pouvait comprendre ce qu’était cet endroit, une arène. Et peu de temps après, des ennemis. D’étrange élémentaire de cette eau, Si alice pouvait les voir, c’était qu’ils étaient composés de reishi. Mais si ce n’était que ça, pourquoi ? Son problème n’était pas de percevoir le reishi, mais plutôt de ne plus le percevoir …

Oubliez ça, la réponse venait lorsqu’un tir d’origine inconnue venait lui percuter la jambe, arrachant un “Aye !” de surprise à la fullbringer. Cela venait de derrière elle, mais impossible de voir quoique ce soit avec cette cascade de reishi liquide … Attendez une minute, COMMENT ÇA ELLE POUVAIT MOURIR ?!

“[Est-ce que tous les swords sont des psychopathes en puissance ?!]”

Sérieusement ! Sur les deux swords qu’elle a rencontrés, qui de plus tous les deux étaient king, aucun des deux n’a pas essayé de la tuer ! Cela faisait beaucoup là ! Bon, pas le temps de faire sa française, Il n'y avait pas que les projectiles invisibles qui voulaient sa peau, mais également des blobs humanoïdes. Bonne chance ouais, elle allait en avoir besoin.

“[Déploiement !]”

Au moins, son fullbring était avec elle dans cette simulation. Sans, et bien, bye bye Alice ? Mais bon la situation n’était pas forcément meilleure avec son arme. Elle a bien essayé de tirer sur les humanoïdes liquides… Mais elle l’avait simplement traversé.

“[Et merde]”

Pour continuer de la saouler, alors qu’elle se disait ça, un troisième projectile qu’elle n’arrivait pas à voir lui était tiré dessus. Ooooh elle allait détester cette simulation. Comment faire, elle ne pouvait pas se concentrer sur autre chose que de se défendre des créatures aqueuses, et était prise par surprise par les constructions mortes.

“[Je dois imposer mon contrôle sur mon reishi, d’une manière ou d’une autre …]” Pensait-elle. Une idée lui venait alors à l’esprit. Elle allait arrêter de se défendre avec ses barrières. Mieux, elle allait arrêter d’utiliser son fullbring.

Alice prenait alors une posture de boxe, la savate, et fermait les yeux. Avec ses yeux débordant d’énergie, elle pouvait toujours voir, même les paupières closent. Si les yeux ouverts elle n’arrivait pas à se focaliser sur les objets sans âmes, elle allait se forcer à le faire. Elle devait associer fermer les yeux avec l’utilisation de la détection d’âme. Une méthode pavlovienne pour du court terme dirons nous, qui allait requérir de prendre quelques projectiles de plus.

Kyoya observe depuis la salle de contrôle, stoïque. Il voit ce qu'elle essaie de faire... C'est une approche. Mais c'est aussi son rôle à lui, de ne pas lui faciliter la vie. Si c'est trop facile, elle n'apprendra pas.

Alors il y a trois élémentaires d'eau qui approchent, les espèces d'appendices informes qui leurs servent de bras prennent une définition plus marquée : comme les lames d'eau à haute pression. Les créatures s'approchent, et elles attaquent, un enchaînement au corps-à-corps pour forcer la défense chez la jeune Fullbringer. Puis, en filigrane de ça, deux autres balles tirées depuis derrière le rideau aqueux : une depuis sa droite, une depuis sa gauche.

D'abord, il y a ça. Puis... Il y a autre chose.

Une ombre, un son qui siffle depuis en haut. Là, au-dessus dans les airs, quatre silhouettes qui descendent à grande vitesse. Quatre impacts, quatre éclaboussures quand elles atterrissent. Quatre mannequins de métal : des silhouettes humanoïdes masculines, sculptées pour le combat, grandes et imposantes. Des constructs de Kishi, sans énergie ni âme : sans rien, sinon le son de leurs déplacements et leur silhouette métallique.

Les élémentaires d'eau se mettent en retrait, tandis que deux colosses d'acier arrivent au contact : De poings et de pieds, ils commencent à harceler de coups Alice. Les deux autres en retrait semblent pour le moment stationnaires... Mais la vérité, c'est qu'ils attendent leur moment. Ils attendent une faille dans la défense de la Clubs : au moment opportun, une bille métallique se formera depuis le bout de leur index, et ils tireront.

Un autre projectile, pour se mêler à la pluie de balles d'eau.

Encore plus d'ennemis, et du type qu’elle ne pouvait pas voir en ce moment. Bon, c’était le moment de montrer si elle avait réussi son pari. Entre les coups et les balles, on pourrait croire qu’elle n’avait pas le temps de se concentrer, mais si au départ elle était inquiète que ces créatures soient à son niveau, en vérité, ils n’étaient en aucun cas plus forts qu’elle. Au mieux, et c’était une très généreuse estimation, c’étaient des équivalents aux gillians. Son corps était assez solide pour encaisser l’attaque de deux d’entre eux pour un petit moment.

Elle se concentrait donc, comment utilise-t-elle ses sigils en temps normal ? Était-ce purement instinctif, comme se tenir debout sans perdre l'équilibre ? Ou respirer ? Si c’était le cas, il suffisait de remarquer ce que l’on faisait naturellement et en décider consciencieusement. Plus facile à dire qu’à faire, il est vrai.

Mais au bout d’un moment, elle arrêtait de se prendre des coups inutiles. Les yeux grands ouverts, elle voyait parfaitement les golems de métal qui l’avaient pris pour un punching ball. Elle ne savait pas pour combien de temps, alors elle en profitait pour leur asséner aux deux des sigils via ses coups de pied.

Enfin, maintenant qu’elle les voyait, elle réalisait qu’il y en avait deux autres qui attendaient que ça pour lui tirer dessus. Cela allait laisser des bleus… Bon cela commençait à lui courir sur le haricot.

“Déploiement.”

Maintenant, elle pouvait voir les sniper embusquées qui depuis le début lui tiraient dessus, elle allait leur faire goûter à leur médecine. Une balle chacun, et ça allait moins faire le malin. Même traitement pour les deux autres, mais pour les deux qui la boxaient au corps à corps tout à l’heure, pas besoin. Ils étaient recouverts de sigils, incapable de bouger. Il ne restait plus que les élémentaires.

Fermant à nouveau les yeux, elle réalisait quelque chose. Est ce qu’elle avait besoin d’utiliser ses deux yeux pour ça ? Elle pouvait n’en utiliser qu’un pour traquer les élémentaires, et l’autre pour surveiller les golems, comme si elle visait dans une lunette ! un œil sur la lunette, l’autre pour une vue plus globale. Elle n’aurait jamais pensé que la chasse lui soit utile dans ce genre de situation.

Le mettre en place, c’était une autre paire de manches, mais si elle pouvait utiliser ses sigils sur une jambe et pas sur l’autre, utiliser son reishi sur un oeil uniquement ne devrait pas être bien différent. Elle choisit le droit, c’est toujours celui qu’elle utilise pour viser.

“[Je vous attends.]”

La Clubs apprend.

C'est tel que Kyoya l'avait pensé : une situation d'urgence, sans préavis ni avertissement, pour que les sens n'aient d'autre choix que s'adapter. L'adrénaline, l'instinct de survie, ce sont autant de ressources pour permettre au corps de se surpasser. Parfois, le meilleur entraînement consiste à frôler la mort et en revenir en un seul morceau. "Ce qui tue pas ne rend plus fort", disent-ils.

Pourtant, Alice déchantera lorsque sa vision se précisera : si elle peut désormais voir ses assaillants, elle peut aussi voir qu'il n'y a aucun tireur embusqué derrière le mur d'eau. Les balles qu'elle prend depuis le début se matérialisent d'elle même dans l'air, sans tireur, sans cible : des projectiles créés du néant, pour lui compliquer la vie. Il n'y a que les élémentaires d'eau et les mannequins de métal. Mais déjà, elle commence à gérer ceux-là. Déjà, du progrès.

Il s'agit désormais de maintenir la cadence, et d'en être capable même face à un danger plus concret. Alors Kyoya décide de passer à la vitesse supérieure.

Les deux golems en combat rapprochés semblent se libérer de leurs entraves. Dans le même temps, leur consistance change : de solides, ils passent à semi-liquide. Ils commencent à se rapprocher l'un de l'autre, s'assembler, puis finalement fusionner...

Alors, une nouvelle menace : une silhouette métallique aux contours plus définis, plus agressifs. Plutôt qu'un visage sans trait, il y a ces motifs et contours qui pourraient rappeler un masque de Hollow. Une menace niveau Adjuchas.

Une menace qui tourne son regard sans yeux vers la Fullbringer, et qui lève le bras. Un puissant Cero commence à s'y concentrer... Quelques secondes plus tard, la lumière rougeoyante part en un grand tir d'énergie.

Sans que le barrage de balles ne cesse, depuis l'autre côté du rideau d'eau.

Me dites pas qu’il montait encore le niveau de difficulté ! Cet homme voulait la mort de la club, pas possible autrement. Les deux golems qu’elle avait entravées se retrouvent maintenant fusionnées en un adjuchas de métal, rien que ça ! Bah non, pas vraiment que ça, parce que d’une part les projectiles qui lui cassaient les couilles depuis tout à l’heure apparaissent de nul part, et de l’autre, cette nouvelle menace chargeait un cero !

“[putain !]”

Elle devait réfléchir, réfléchir vite même. Alice percevait ce cero un peu trop bien à son goût ! Attendait, elle le voyait trop bien justement, elle voyait plus que de l’énergie, cela lui donnait une idée … Elle voyait parfaitement où l’énergie se concentrait dans le tir, et donc quel serait l’endroit à renforcer dans sa barrière plutôt que de répartir son énergie homogénéiquement. Elle n’aurait peut-être même pas besoin d’en dresser plus d’une si elle ne se trompait pas, cela valait le coup d’essayer, car elle avait besoin d’autre barrière pour se protéger des balles apparaissant au piffe.

Cela ne coûtait rien d’essayer, elle utilisait donc la version améliorée de son tir de barrage, qui consiste basiquement en bien plus de barrières venant d’une seule balle. Elle concentrait ses efforts sur les points forts du cero, et laissait des barrières moindre la protéger des balles qui pourraient la gêner dans son prochain tir.

Sa nouvelle manière de se défendre étant efficace, elle avait eu le temps de tirer trois balles. Elle n’avait pas beaucoup de variété à son arsenal pour le moment, son pouvoir étant très basique, mais elle compense avec un autre de ses pouvoirs, les sceaux, ou plutôt sigils. La première balle en impose un sur l’adjuchas artificiel, “Entrave”, pour éviter d’être submergée d’attaques. La seconde était sa “one bullet”, une balle à tête chercheuse qui réduirait ses réserves de reiryoku petit à petit, assumant qu’il en ai une. La troisième était une simple balle, dans l’optique que la précédente soit inefficace.

Si a la longue, elle était certaine de gagner contre un adjuchas, virtuellement, celui là pouvait tout bien être inépuisable. Si c’était le cas, Alice ne pouvait pas tenir la distance plus de dix à quinze minutes, même si cette nouvelle faculté lui permettait de se défendre plus efficacement, si elle ne se concentrait pas entièrement sur la défense, des attaques étaient menées à la toucher. Comme par exemple, ce coup de griffe de l’adjuchas qui venait la propulser en arrière alors qu’elle tirait.

“Aow aow aow … Putain pour une simulation le métal semble très réel …”

Comme les balles qui lui laissaient des hématomes à chaque fois qu’elles la touchaient. Est-ce que c’était suffisant d’avoir fait sauter la tête de cet adjuchas et d’être plus bleue qu’une schtroumpf ? Où allait-elle devoir crever dans un monde virtuel pour prouver un point.

"[Monsieur], on peut s'arrêter là ? Je ne penses pas pouvoir maintenir mon fullbring plus longtemps ..."