Matryona
Données Spirituelles
Grade: Membre de Las Manadas
Ven 2 Sep 2022 - 12:03 - Matryona [Terminé]
Matryona
Race Arrancar [Vasto Lorde]
Âge Inconnu
Grade Tercera Espada, membre de Las Manadas.
Pouvoir
Resurrección : Mascarilla.
Libération : Escúchalos.
Libération : Escúchalos.
Description
Dans sa forme la plus pure, rien ne laisse présager l'ampleur de la menace que représente Matryona. Avec son allure droite, menton vers le sol, on la voit souvent errer d'un pas lent tantôt dans ce qu'étaient autrefois les couloirs de Las Noches, tantôt le long d'une crète de sable blanc sous le jugement impassible de la lune. De nature discrète elle ne se manifeste souvent que par le doux tintement d'un grelot accroché sur le bord de son jingasa, avec lequel elle se garde bien de confronter le regard des autres. Mais détrompez-vous, car la jeune femme n'est certainement pas une âme fragile ou sensible. Si elle ne vous adresse pas un sourire, si ses mots ne dansent pas dans le vent cela veut simplement dire qu'il n'y a rien à tirer du moindre échange. Ne vous laissez pas avoir par sa faible carrure, pas plus que son accoutrement sorti d'une autre époque. Le silence est un outil dont le prédateur doit se servir pour mieux jauger sa cible. Brisez-le, et alors peut-être qu'elle daignera vous dévoiler l'une de ses nombreux facettes.
Qu'importe le visage qu'elle choisira, la surprise viendra souvent de la douceur et de l'innocence qu'il dégage. Deux très grands yeux presque enfantins semblent ici contenir des pépites d'or liquide. Seuls atours précieux sur un masque de porcelaine, aux joues maquillées de rouge carmin qui encadrent une bouche charnue, dont les commissures laissent très clairement apparaître des cicatrices mystérieuses fuyant sous son menton. Sa mâchoire est entièrement couverte par ce qui ressemble à un hoate fait d'ivoire duquel se décroche une paire d'énormes mandibules osseuses. Quelques mèches de sa chevelure ébène agrémentent subtilement le tout, le reste étant habillement attaché et dissimulé sous un large jingasa dont elle ne se sépare qu'en de rares occasions.
L'ensemble de sa silhouette trahit un relief assurément féminin, à en juger d'abord par son torse presque intégralement mis à nu exception faite de ses bras cachés par d'amples manches tombantes. Un épais cordage se perd à la manière d'un serpent dans les recoins de son buste. Il enroule la jointure des épaules, revient au niveau de la nuque puis disparaît dans le dos sous les plis de son haori pour finalement enlacer sa poitrine à grands renforts de nœuds et d'entrecroisements experts. De là le shibari se sépare et descend de chaque coté des hanches jusqu'à en faire le tour complet comme le ferait une ceinture classique. L'autre point marquant se trouve d'ailleurs ici car la jeune femme ne possède pas une mais quatre lames finement ornées et disposées de part et d'autre de son flanc. Deux katana et wakisashi qui n'ont rien de gadgets d'apparat. Mais ne vous avisez pas de le lui faire remarquer sur le ton de la moquerie pour autant, Matryona n'est pas du genre à apprécier que l'on mette ses compétences en doute et ne manquera certainement pas de vous le prouver à la moindre incartade. Par simple jeu, ou par défi. Elle est cruelle par nature, dotée d'un sang froid exceptionnel bien que totalement instable et imprévisible. Certains racontent que son humeur fluctue en fonction du bruit environnant, d'autres assurent n'avoir jamais été en mesure de l'entendre parler voire même qu'elle serait contrôlée par les étranges créatures aux allures d'angelots qui parfois se promènent sur son corps ou volent autour. La seule véritable façon de se laisser emporter par son timbre cristallin à coup sûr revient aux chanceux qui franchiront le seuil de son établissement situé en plein cœur des ruines de Las Noches. Une curieuse taverne dont elle se revendique propriétaire mais également showrunneuse et où il n'est donc pas rare de la voir se donner en spectacle. Ses talents sont multiples, son aisance pour la représentation n'est plus à prouver, pas plus que son agilité au combat ou lors de certains tours et ce malgré le fait qu'elle ne quitte jamais son hakama noir finement brodé laissant parfois croire qu'elle possède plus de deux jambes tant ses mouvements sont à la fois fluides et silencieux.
L'araignée est très joueuse, cela fait partie intégrante de la chasse. S'il est difficile de lui donner un âge on sent dans le fond de son regard la dureté du diamant et l'aplomb des montagnes avec au plus profond de l'abime un feu qui ne cessera jamais de l'animer. Parfois elle érupte, laisse la fougue de sa jeunesse éternelle jaillir dans un élan de folie passagère. Parfois son rôle de Yojimbo ou de tenancière prédomine, surtout lorsqu'elle organise des parties de Chō-han entre habitués. Mais le plus clair du temps vous ne verrez qu'une coquille semblant vide, froide. Deux explications largement confirmées s'imposeront alors : Soit Matryona est à la recherche d'une nouvelle cible. Soit elle est en chasse, et il est fort probable que ce soit vous, la proie. Ne laissez donc jamais le silence s'installer. Brisez-le avant qu'elle ne le fasse.
Qu'importe le visage qu'elle choisira, la surprise viendra souvent de la douceur et de l'innocence qu'il dégage. Deux très grands yeux presque enfantins semblent ici contenir des pépites d'or liquide. Seuls atours précieux sur un masque de porcelaine, aux joues maquillées de rouge carmin qui encadrent une bouche charnue, dont les commissures laissent très clairement apparaître des cicatrices mystérieuses fuyant sous son menton. Sa mâchoire est entièrement couverte par ce qui ressemble à un hoate fait d'ivoire duquel se décroche une paire d'énormes mandibules osseuses. Quelques mèches de sa chevelure ébène agrémentent subtilement le tout, le reste étant habillement attaché et dissimulé sous un large jingasa dont elle ne se sépare qu'en de rares occasions.
L'ensemble de sa silhouette trahit un relief assurément féminin, à en juger d'abord par son torse presque intégralement mis à nu exception faite de ses bras cachés par d'amples manches tombantes. Un épais cordage se perd à la manière d'un serpent dans les recoins de son buste. Il enroule la jointure des épaules, revient au niveau de la nuque puis disparaît dans le dos sous les plis de son haori pour finalement enlacer sa poitrine à grands renforts de nœuds et d'entrecroisements experts. De là le shibari se sépare et descend de chaque coté des hanches jusqu'à en faire le tour complet comme le ferait une ceinture classique. L'autre point marquant se trouve d'ailleurs ici car la jeune femme ne possède pas une mais quatre lames finement ornées et disposées de part et d'autre de son flanc. Deux katana et wakisashi qui n'ont rien de gadgets d'apparat. Mais ne vous avisez pas de le lui faire remarquer sur le ton de la moquerie pour autant, Matryona n'est pas du genre à apprécier que l'on mette ses compétences en doute et ne manquera certainement pas de vous le prouver à la moindre incartade. Par simple jeu, ou par défi. Elle est cruelle par nature, dotée d'un sang froid exceptionnel bien que totalement instable et imprévisible. Certains racontent que son humeur fluctue en fonction du bruit environnant, d'autres assurent n'avoir jamais été en mesure de l'entendre parler voire même qu'elle serait contrôlée par les étranges créatures aux allures d'angelots qui parfois se promènent sur son corps ou volent autour. La seule véritable façon de se laisser emporter par son timbre cristallin à coup sûr revient aux chanceux qui franchiront le seuil de son établissement situé en plein cœur des ruines de Las Noches. Une curieuse taverne dont elle se revendique propriétaire mais également showrunneuse et où il n'est donc pas rare de la voir se donner en spectacle. Ses talents sont multiples, son aisance pour la représentation n'est plus à prouver, pas plus que son agilité au combat ou lors de certains tours et ce malgré le fait qu'elle ne quitte jamais son hakama noir finement brodé laissant parfois croire qu'elle possède plus de deux jambes tant ses mouvements sont à la fois fluides et silencieux.
L'araignée est très joueuse, cela fait partie intégrante de la chasse. S'il est difficile de lui donner un âge on sent dans le fond de son regard la dureté du diamant et l'aplomb des montagnes avec au plus profond de l'abime un feu qui ne cessera jamais de l'animer. Parfois elle érupte, laisse la fougue de sa jeunesse éternelle jaillir dans un élan de folie passagère. Parfois son rôle de Yojimbo ou de tenancière prédomine, surtout lorsqu'elle organise des parties de Chō-han entre habitués. Mais le plus clair du temps vous ne verrez qu'une coquille semblant vide, froide. Deux explications largement confirmées s'imposeront alors : Soit Matryona est à la recherche d'une nouvelle cible. Soit elle est en chasse, et il est fort probable que ce soit vous, la proie. Ne laissez donc jamais le silence s'installer. Brisez-le avant qu'elle ne le fasse.
Histoire
- Spoiler:
- Hollow Damian
Personne ne semble plus faire attention à Vinny, le plus fougueux de la bande, alors qu'il s'engage comme d'ordinaire dans un ballet aérien destructeur. Les bruits d'ailes précèdent souvent la chute d'un bibelot ou les plaintes de sa soeur Lola, éternelle victime de ses jeux cruels. Leur mère n'en perd pas une miette, bien trop amusée alors que pour accorder le moindre intérêt à son interlocuteur qui lui, reste persuadé qu'elle l'écoute.
- Si j'avais su qu'un truc pareil existait j'aurais signé bien avant ! Comment t'as fait pour transformer c'te ruine en cantine géante ?
- C'est un bar au mieux, mais c'est surtout là où on fait des spectacles pour plus s'ennuyer...
Le Hollow se gratte le masque, accoudé sur le comptoir. Puis il se penche vers Damian d'un air menaçant en sondant les abysses de ses orbites creuses avec les siennes.
- C'est à la patronne que je cause ! Et pourquoi t'irais pas rejoindre tes potes là haut pendant que les adultes y discutent ?
Le petit chérubin dévoile son plus beau sourire carnassier.
- Parce qu'elle te répondra pas, tête d'enclume ! Par contre moi, je peux te raconter d'où ça vient tout ça... Et plus encore !
Tandis que le colosse pousse un long soupir en haussant les épaules, Matryona décroche du plafond puis s'affale sur le bar. Alors qu'elle jette un regard en coin sur la petite créature ailée ses étincelles disparaissent brutalement. Damian est pris d'un soubresaut, avant de bondir sur son séant pour offrir à son nouvel ami une expression de ravissement. Ses deux petites billes mortes sont maintenant aussi brillantes qu'un soleil.
What is normal for the spider is chaos for the fly.
Il n'y a pas que les proies qui se cachent. Beaucoup l'ont appris à leurs dépens. Lorsque l'on est un élément de la chaîne il faut avant tout penser à regarder en haut, l'ivresse des hauteurs peut vite donner le vertige et nous couper de tout raisonnement logique. Cette philosophie est restée gravée au plus profond de mon âme dès lors que l'on m'a offert la possibilité de gravir chaque maillon l'un après l'autre afin de m'extraire de cette fange rampant sous les dunes du Yermo. L'immensité d'un désert ne le rend pas vide, l'univers cherche à combler ce manque par tous les moyens. Ce que vous ne voyez pas, ce que vous n'entendez pas existe et ne fait qu'attendre son moment.
J'ai trop longtemps erré sur le sable stérile avec pour seule compagne la Lune. Le plus petit bruit pouvait facilement annoncer un chaos de sang et de larmes, puis la mort. La leur. Un prédateur sait se taire, immobile, tel que le sera son gibier une fois qu'il fondera dessus. Pourtant tous n'ont pas nécessairement besoin de se salir les griffes. On peut dresser des pièges. On peut lancer sa ligne en espérant que l'autre morde, et là... Le chassé devient chasseur malgré lui. Ma méthode préférée, le contrôle. La toile d'abondance. D'abord vous emprisonnez celui-ci et lorsque vos désirs sont ses ordres il ne vous reste plus qu'à l'envoyer nager sous le sable blanc. Au travers de la surface se cache un autre monde grouillant d'innombrables créatures aussi diverses qu'appétissantes. Un buffet à volonté offert aux plus malins, ceux qui se démarquent par leur ruse ou leur force brute.
Au départ je n'avais aucune de ces deux qualités. Une abomination vaguement bestiale, Adjuchas, tapie dans l'ombre et tiraillée par une faim atroce. En ces temps immémoriaux c'est la solitude surtout qui rongeait cette pauvre petite araignée perdue quelque part au cœur d'une bien curieuse foret. Déjà là se tissaient les premières lignes d'une toile hors du commun. Les disparitions s'enchaînaient sans que cela n'attire l'attention, mais plus surprenant encore le comportement de certaines créatures devenait erratique. Le phénomène prit de l'ampleur au fil des décennies, au point qu'il n'était pas rare de voir le fonctionnement du microcosme se dérégler totalement. Une zone toujours plus vaste rendue inaccessible par une poignée de gardiens semblant protéger un trésor inestimable. Forcément, on cherche à comprendre et outrepasser les règles établies dans le silence. Plusieurs braveront l'interdit, aucun n'en repartira. Impossible de tenir les comptes sur une durée aussi longue, cependant de même que pour la lanterne avec le papillon ces ténèbres insondables firent circuler une rumeur qui traversa les âges faisant progressivement naître dans l'esprit des Menos une obsession.
Un jour où la pression devint trop forte et l'envie trop insistante les gardiens se sacrifièrent face au groupe qui tentait une énième incursion. Mais alors que les assaillants savouraient un festin sur le corps des vaincus c'est là que le piège établi sur plusieurs siècles se déclencha dans la surprise générale. Cela se manifesta d'abord par des rires d'enfants humains, on aurait pu en imaginer des dizaines cachés derrière les troncs immenses. Je pouvais sentir la peur grandir et raidir les muscles de mes proies, je commençais déjà à sentir leur volonté qui d'une simple caresse se désagrégeait tandis qu'un bras après l'autre je m'extirpais de ma tanière. Le misérable insecte que je fus jadis les dominais largement aujourd'hui, je pouvais les toiser de tous mes yeux et me nourrir de cette terreur. L'un d'entre eux tenta malheureusement sa chance mais je ne lui ai pas laissé le temps de regretter. Le pauvre se retrouva démembré en un claquement de doigts, et la vue de ce spectacle me procura une sensation de jouissance bouillonnante, débordante. Les autres auraient bien aimé fuir mais leur corps était les miens désormais. Inutile toutefois de m'encombrer de nouveaux sujets, j'ai donc décidé cette fois de laisser jaillir le feu animant ma poitrine pour le déverser en pluie destructrice, réduisant ainsi à néant toute vie alentour. Exception faite d'une silhouette gigantesque aussi écervelée que ses compagnons mais nettement plus redoutable. Ce combat ne fut pas une mince affaire. Tristement ni sa taille imposante ni sa robustesse naturelle ne le sauvèrent et sa mise à mort signa le début d'un règne très long. Sans merci, sans guerre, sans opposition. Jusqu'au premier grand cataclysme.
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- Spoiler:
- Hollow Damian
Damian termine sur un petit ricanement moqueur, puis avise le colosse totalement absorbé par le récit. Matryona de son coté n'offre qu'une moue de dépit et détourne son regard aveugle de la scène comme si cela allait l'empêcher de subir la suite.
- Attends, mais le feu là, elle l'a sorti d'où ?
Il jette un regard à l'angelot qui lui indique discrètement le buste de la jeune femme derrière. Ses orbites creuses font ensuite le trajet entre son propre corps et celui de la personne désignée de multiples fois. Il réalise, mais n'ose rien dire de peur de finir comme eux. Le chérubin est hilare.
- Une passion brûlante mais limitée, tu devrais voir ce qu'elle sait faire maintenant !
Vinny passe en trombe et s'écrase devant la scène, visiblement à la poursuite d'une créature plus rusée et rapide que lui. Il a délaissé Lola qui en a profité pour rejoindre sa sœur Cecilia perchée sur une traverse.
- Quand on est venu au monde, c'était la guerre là haut. Et pour survivre, faut savoir s'adapter sinon c'est mort ! Donc on a improvisé des trucs...
Son interlocuteur se penche de nouveau vers lui et, d'un signe vague de la main l'invite à poursuivre.
Wherever you go becomes a part of you somehow.
Lorsque la chaîne se brise il existe plusieurs solutions. Soit vous la remplacez par une nouvelle faite d'un matériau plus robuste que l'ancienne. Soit vous rassemblez les morceaux encore intacts et dans un élan d'espoir vous tentez de la réparer, en priant pour que les lois de la nature se chargent de la maintenir en l'état. Mais qu'advient-il de ceux qui, au moment de l'accident se sont retrouvés au point de rupture, coupables d'avoir participé à cet effondrement ou au contraire victimes comme tant d'autres de la brutalité d'un tiers responsable de leur chute ? La réponse est plus complexe qu'il n'y paraît, c'est pourquoi nous allons nous y attarder un instant. Aussi creux que puisse paraître ce monde, il n'en est rien de son histoire.
J'avais passé une éternité à côtoyer la cime des arbres, bien consciente que la vue du ciel étoilé me serait impossible tant que j'aurais à craindre les terribles démons insoumis gouvernant en surface. La flamme de mon ambition comme seule veilleuse je rêvais du supplice de l'existence et du poids de la solitude. Une douce torture dont l'œuvre creusait chaque jour davantage les parois du gouffre béant duquel ne suintaient que colère et mélancolie. Faute d'une véritable compagnie je me suis mise à régner, recluse, sur un royaume qui resterait à jamais aussi vide que mon cœur. Juchée sur un trône de soie glacial sans couronne ni sujets j'exploitais cette absence en contemplant la tapisserie monochrome s'étendant sans vergogne entre les gigantesques piliers intemporels. Un fil pour une vie baignée dans la peur, voilà tout ce qu'ils représentaient à la fin. J'étais devenue une tisseuse de cimetière.
L'endoctrinement n'offre aucun réconfort, pire, il vous berce d'un amour illusoire et de fausses promesses de loyauté. Certes ils agissaient comme autant d'yeux pouvant surveiller les abords du charnier spirituel mais cela ne servait plus aucun but sinon faciliter la chasse. De plus cette méthode n'était pas viable car trop grande consommatrice d'énergie. Un lien n'agit que pour remplir un objectif tant que celui-ci reste bien défini dans le temps. Par soucis de rentabilité et face au besoin toujours plus grandissant de proies il a fallu penser un dispositif plus élaboré, pérenne. A défaut de fonder une famille je pouvais sans mal le prétendre, au prix d'un sacrifice négligeable de ma propre essence. Fausse bonne idée. L'œuf une fois matérialisé devait être habilement dissimulé sans que cela nécessite de trop l'éloigner du sujet ni du réseau. Alors seulement le rituel pouvait opérer. L'asservissement direct d'une âme limitée dans sa conscience relevait déjà du simple exercice mais, une fois l'emprise rattachée au fruit non fécondé d'un sacrifice de chair le charme persisterait à coup sûr. Malheureusement si cela s'avéra efficace sur le court terme, il n'aurait pu être suffisant dans un monde comme celui-ci.
Qu'à cela ne tienne, puisque parasiter l'esprit d'un si grand nombre d'individu au fil du temps ne sert pas seulement d'anesthésiant ou d'adrénaline pouvant contrebalancer le fardeau des remords, que porte non sans un certain fatalisme tout être doué d'une intelligence supérieure. L'empathie tend vers les limbes du jugement lorsque vous ne prenez plus la peine de mémoriser le visage ou encore l'apparence de vos victimes. A terme ils ne représentent que du bétail, un océan d'énergie pure intarissable dans lequel il faut constamment puiser si l'on souhaite rester dans la course. Mais le phylactère de leur méprisable existence contient également le savoir que je ne peux assimiler sans me mettre en péril, cependant à la manière d'une tempête de sable qui disperse les grains de la connaissance il est arrivé parfois que certains d'entre eux se nichent là où je n'y aurais jamais songé. C'est ainsi que l'hypothèse d'autres plans s'est confirmée, tout comme le moyen de s'y rendre.
Excellente observatrice, la tâche visant l'étude du comportement des portails appelés Garganta et leur ouverture ne prit qu'une poignée de jours. Beaucoup de Hollows ici bas partent en excursion solitaire, l'occasion d'en faire autant se présenta bien assez tôt. Et si le voyage ne fut pas de tout repos la destination, elle, dépassa toutes mes espérances. Mes attentes également. Imaginez sortir d'un copieux repas lorsque, vous penchant au dessus d'une épaisse flaque d'un sang encore tiède ce qu'elle reflète est l'exacte inverse du modèle l'original. De l'ombre passe à la lumière aveuglante, de la nuit au jour, du pastel aux couleurs criardes, de l'air vicié aux mille senteurs, de l'endroit à l'envers, du silence au bruit, du vide au chaos vivant. Ne demeurait qu'une constante : l'invisible. La première sortie fut courte, mais rapidement suivie d'une seconde, et d'une ribambelle d'autres. S'acclimater au cœur du maelstrom humain demanda une quantité non négligeable d'énergie. Au départ je me contentais de vagabonder sur les hauteurs en toute discrétion sans interagir ni perturber le ballet éternel de cette masse grouillante et assourdissante. Je pouvais sentir leur peur, leur crainte, leur colère, leur tristesse mais surtout : leur potentiel. Pour les manipuler je devais avant toute chose les comprendre, apprendre à les connaître de la manière la plus intime qui soit. Certains évoluaient seuls. D'autres tissaient des liens éphémères. Il y avait enfin, et cette particularité ne manqua pas d'ébranler toutes mes convictions, de ces créateurs fragiles qui se multipliaient après avoir laissé germer en eux un sentiment encore inconnu jusqu'alors. Je les voyais ainsi grandir, agir comme un seul et même esprit organisé, avant d'éclater et de se diviser à nouveau. Ce jour-là en regagnant ma tanière putride cloisonnée dans un silence de mort la solution éclata comme une évidence.
C'est en fondant une famille que je trouverais le chemin qui me guidera sous la lune, parmi les géants.
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- Spoiler:
- Hollow Damian
- Tu parlais d'une guerre, j'y comprends plus rien à ton baratin ! C'est quoi le rapport avec les humains et l'reste ?
Damian s'interrompt et prend un air vexé. Sa mère, toujours absente, contemple la lune qui les toise. Dans le vent glacial d'une nuit éternelle trois petits diablotins dansent au gré de la brise.
- J'allais y venir, mais faut laisser le suspense s'installer ! En plus j'te fais une fleur, techniquement on était même pas encore là donc tout ça c'est que du bonus...
I'm just a puppet who can see the strings.
La vie terrestre est un cirque où les numéros s'enchaînent dans un ballet incessant. La fascination gagne rapidement sur la simple curiosité maladive, car chacune de ces marionnettes ne se contente pas d'exécuter son tour avant de disparaître dans les coulisses du monde mortel. Elles constituent à la fois le noyau d'une piste toujours en effervescence mais incarnent aussi parfois le spectateur de leur gloire ou déchéance. Il m'était impossible de creuser dans la logique hypothétique d'un sujet ni de la masse. Une fresque organique interminable, l'antithèse de ce avec quoi je composais dans l'Outre Monde. Peut-être existe-t-il une forme de complémentarité, un moyen de combiner les deux univers. D'un coté comme de l'autre la mécanique est imparfaite, injuste, imprévisible et pourtant remarquablement fonctionnelle. Je devais passer au stade supérieur.
S'ajouter dans le schéma minutieusement élaboré d'un monde auquel je n'appartenais pas par nature me demanda d'y séjourner souvent, au détriment d'un royaume déjà bâti mais tombant progressivement en désuétude. Aveuglée par l'inconnu je délaissais ma promise, une main sur son cœur hivernal mais le regard tourné vers une source de chaleur nouvelle. Peut être la solution résidait dans le fait de tisser un pont entre mes deux amants. Trouver un sanctuaire et y installer les bases d'une dynastie. Rien d'insurmontable en théorie, j'avais pris grand soin d'analyser les méthodes de reproduction impliquant la fusion de deux parties. Par expérience la division de soi permet également d'insuffler la vie au travers des œufs, bien que l'emprise sur l'âme n'en fasse un être doué de sa propre conscience. Je décidais donc une fois rentrée de me pencher sur la question. Il m'était impossible seule, d'opérer un miracle. Et du fait de l'asservissement aucun sujet n'était en mesure de combler le vide stérile contenu dans le creux de mes mains. Je décidais alors de prendre un risque considérable. Si l'âme se dilue dans le corps et s'impose par des sentiments, il me suffisait tout simplement d'en extraire un pour l'implanter dans ce qui deviendrait, une fois éclos, ma progéniture.
Toute la palette des sentiments n'est pas nécessaire dans le processus de raisonnement chez la plupart des espèces composant un monde. J'ai pu en ce sens m'amputer d'une bonne moitié d'entre eux qui je l'espérais à l'époque trouveraient leur usage dans l'accomplissement de ma mission première. Dès lors le quotidien au sein du nid s'en était vu chamboulé, les petits avortons ailés forts de leur personnalité unique s'en donnaient à cœur joie au point que ce qui n'était autrefois qu'un cimetière végétal au silence macabre prit souvent des allures de pouponnière. Encore une fois, l'apprentissage allait être long mais fructueux. L'emploi des œufs stériles pour le maintien d'une emprise permanente sur les hôtes s'avéra rapidement obsolète. Une plus grande puissance implique davantage de moyens déployés. Les rejetons étant par essence un fragment non négligeable de mon âme il était devenu envisageable de se passer de lien direct. Ils purent agir selon leur désir sur les Hollow les plus vulnérables dans une moindre mesure, afin d'entretenir la stabilité du réseau. Cela me permit à terme de ne plus nourrir la crainte d'une chute. Libérée de ces tourments et comblée d'une émotion nouvelle bien qu'indescriptible j'étais en mesure de reprendre les voyages au centre de la Terre plus tôt qu'escompté. C'est précisément là, que le problème commencèrent.
J'allais bientôt apprendre à mes dépens que si petit soit le grain de sable il suffit à gripper les rouages de la machine la plus sophistiquée. Broder une surcouche de noirceur, sur une tapisserie composée essentiellement de couleurs éclatantes en perpétuel mouvement revient à faire vibrer la corde sur laquelle vous venez de vous empiéter. Tout bon prédateur saura en tirer ses conclusions. Il n'aura pas fallu longtemps pour éveiller l'attention des protecteurs de ce monde. Mes premières tentatives dans la conception d'une toile d'emprise spirituelles furent un échec retentissant. Sabotage ou simple désynchronisation, difficile d'établir un véritable constat. En conséquence je redoublais d'efforts et d'ingéniosité lors de mes visites successives, travaillent ardemment au maintien d'une relation qui me donnerait l'opportunité de connaître une raison pour laquelle ce bouillon continuait à vivre inlassablement d'une illusion de but existentiel. Mais un jour où enfin je caressais l'espoir de finaliser mes recherches, le responsable de tous mes précédents échecs se présenta devant moi.
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Les mots de Damian résonnent toujours, mais sa voix se répand dans le crâne du Hollow alors que la nuit semble gagner en noirceur, et se troubler.
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