it's tough to be a god (yuta)

Midi, attablé, mon nez dans un bol et une paire de baguettes dans ma main droite.

Y a pas à dire, on mange bien ici. Bien mieux que là d'où je viens. Meilleur au goût, meilleur en quantité, la faim n'est plus un problème : c'est un besoin à remplir, mais il n'y a plus de défi, de complications, de chasse au prochain déjeuner, dîner. « Ah tiens, j'ai faim », et aller se servir. Si seulement ça avait toujours aussi simple, hm ?

Seul à ma table, pensif, je fais pas attention à mon environnement. Habituellement, je suis attablé avec d'autres, je discute, je déconne, mais là... Là je suis solo, pensif. Je pense une certaine conversation, dans une certaine division, avec une certaine vice-capitaine, ça tombe bien, on parlait bouffe, là-aussi. Tseh. En quelque sorte.

Je pense, mais je ne pense pas trop longtemps, parce qu'il y a rapidement une voix qui porte au-dessus du reste, qui m'appelle... Une voix que je reconnais.

Qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir aujourd'hui...

Hum. Une bouchée, deux bouchées. Ouais, bonjour aussi, Shira. Je lève le regard de mon bol pour la fixer. Je mâche, mâche, puis finis par poser le bol. Ah, tu vois c'est dommage, j'avais prévu de passer la journée tranquille, patrouiller un coin pépère sans me prendre la tête, 'truc du genre...

Je lui dis ça, mais je la laisse finir, sourire aux lèvres.

Tu devrais pas dire ça comme si c'était une blague. Tu pourrais t'en mordre les dents. Entre orgueil et plaisanterie, ma façon de dire « oh mais Je suis le meilleur adversaire que tu puisses trouver dans le coin ». Quant à toi... Je sais que tu es endurante, mais je ne sais pas encore totalement ce que tu vaux en combat. J'serais presque curieux. Hm. Si j'en crois les derniers commentaires de mes profs à l'académie, la priorité niveau entraînement pour moi ça serait d'entrer en contact avec mon Zanpakutō... Mais j'imagine que tu pensais pas à ça, hein?

ça tombe bien : j'ai pas l'intention de me pencher là-dessus de sitôt.
Je l'observe, je lance un regard par la fenêtre, puis je reviens vers elle. Hm... Techniquement non, je n'avais rien de très important de prévu cet après-midi. Techniquement, me défouler pourrait pas me faire du mal, et techniquement... J'suis peut-être plus que peut-être curieux.

M'allez. Tu m'en devras une plus tard. Et je me lève, puis j'entame la marche jusque vers la salle d'entraînement. Le long des couloirs, mains dans les poches, je lance une oeillade vers elle. J'suis le type vers qui tu te tournes par défaut quand tu t'ennuies et que t'as besoin de te défouler, ou quoi ? J'en serais presque flatté.

Parce que la connaissant, c'est pas tant qu'elle a besoin d'entraînement que c'est qu'elle veut tromper l'ennui. N'est-ce pas ?

Ouais ouais, c'est ça. Allez, bouge, on y va.

Et la marche s'entame vers la salle d'entraînement. Sur le chemin, une réplique, un sourire, une réponse. Eh, jusqu'ici c'est logique : je ne suis pas n'importe qui. Mais ça tu vas vite t'en rendre compte.

On arrive dans la salle d'entraînement. Déjà programmée, elle a l'apparence d'une forêt aux arbres hauts, verdoyante, habitée par l'illusion d'une faune qui grouille entre les feuilles et au-dessus de nos têtes. Heh... J'vais laisser ça, tiens, j'aime bien.

Hmmm... Est-ce qu'on peut dire qu'il est compliqué s'il est inexistant? Un rictus, un regard par-dessus mon épaule. J'attrape le Zanpakutō à mon flanc, tout entier, le fourreau avec : je n'ai de toute façon pas le choix : là où la garde et le fourreau se rejoignent, une épaisse chaîne qui garde la lame scellée.  « Oublie pas que c'est juste en entraînement, mais vas-y à fond quand même ». ça te paraît ok, comme base?

Les voilà, mes règles.

Sauf si tu préfères que je te ménages, bien sûr. J'peux faire un effort si tu demandes gentiment.

Une provocation dans la voix, mon sourire s'étire, mes yeux jouent. Je m'amuse à faire le malin, mais la vérité, c'est que je vais devoir rester vigilant. Je sais pas trop à quoi m'attendre avec elle... Mais c'est ça qui fait tout le piment de la chose, hm ? Alors je t'en prie, surprends-moi donc. Promis, tu seras pas déçue toi non plus.

 « Boh hé, c'est pas juste », tu crois que je vais balancer ça aux types en face quand ça sera un vrai combat? Un rictus, épaules haussées. « Avantage », qu'elle me dit, mais j'attends d'en voir la couleur, de ton avantage. T'inquiète pas pour moi, j'suis un grand garçon.

Une marche qui continue, jusqu'à prendre de l'avance sur elle et me placer à une vingtaine de mètres en face. Mains dans les poches, regard dans la cime des arbres, je lève le menton, un air distrait sur mes traits.

On en reparle si tu arrives à me faire sortir les mains des poches. Puisqu'on est parti dans les petits jeux puérils et les démonstrations de force pour flatter l'Ego, autant commencer par un vieux classique. Tu tombes bien finalement, Shirahime. J'ai peur de commencer à rouiller, si je ne m'exerce pas plus avec d'autres de mon niveau au moins. Voire le niveau au-dessus. Toi ? Toi je sais pas où tu te situes là-dedans. On va être vite fixé j'imagine, hm ?

Bref. J'passerais bien encore quelques minutes à te lancer des provocations faciles, mais j'aimerais rentrer pour dormir avec ce soir. Prête ?

T'as intérêt à l'être.

Puis on finit par passer l'étape des mots et des répliques.

Un silence dans l'air, après les derniers échanges. Je ferme les yeux un instant, lève le menton, soupire un coup. Je rouvre, je regarde le jeu des arbres plus haut. Faux arbres. Je fais le vide, puis... Puis ça commence.

L'aura rouge qui commence à m'envelopper. Un poids, tout autour, mais moi je me sens léger, rapide. Fort. Mes mains sont toujours dans mes poches, mais mon visage retombe, mes yeux rencontrent les siens. Dans ma tête, j'ai pris la décision avant même qu'on soit ici : le plan, c'est commencer par la jauger.

Jauger sa rapidité, ses défenses, si elle est réactive. Alors à plan simple, exécution simple : j'avale la distance qui nous sépare d'une course rapide, très rapide, mais sans Shunpo. J'arrive devant elle, et une fois là à bonne distance, je racle le sol du pied, un geste vif pour lancer ma jambe en l'air et lui jeter de la poussière au visage dans le même geste... Puis, la jambe redescend pour aller frapper la tempe.

Le Zanpakutō est toujours à mon flanc, et il va y rester. Le sien ? Sans doute pas. Tu vas devoir sortir ta lame si tu veux qu'on s'amuse, Shira, parce que sans ça, je vais te plier en deux, sans effort, et pas comme tu aimes. Je doute que tu sois très bonne en Kidō, je doute que tu ailles t'amuser à te camoufler derrière les arbres...

Alors montre-le moi, ton fameux « Avantage », qu'on voit jusqu'où il te mène.

Huh. Un marteau. Non pas que je m'attendais à quelque chose de très subtile, hein...

Marteau, donc. Marteau grand comme celle qui le manie, mais ça l'empêche pas d'être rapide avec. Son geste est fluide, vif, l'arme menace rapidement de s'abattre sur moi. Mais mon geste est tout autant rapide : une unique main qui sort de sa poche, qui se lève, et qui s'oppose au marteau. À l'impact, c'est comme si le coup rencontrait quelque chose d'aussi solide que l'acier du marteau. La force derrière la frappe me fait reculer, pieds plantés dans le sol, toujours droit comme un I, mais avec une grimace sur le visage.

Aie. Un sourire sur mes traits, une douleur dans l'épaule. J'ai atténué le coup en bonne partie, mais le poids derrière la frappe a secoué mon bras défendeur. C'est que ça serait presque dangereux, ton jouet.

Brefs mots lancés sans perdre confiance, sans me départir de cette attitude de « t'inquiète, je transpire même pas là ». Juste ça, avant d'y retourner aussi vite que j'en suis sorti : avant d'ancrer mes appuis dans le sol, fixer mon regard, puiser dans mes forces et gagner encore plus en vitesse.

Toujours, le rouge qui entoure ma silhouette.
Toujours, mes gestes trop rapides pour les autres.
Toujours, les coups qui pleuvent.

La main qui a bloquée le marteau repousse l'arme, et dans le même mouvement, mon corps pivote dans la direction du geste pour que ma jambe se lève et s'abatte soudainement contre sa tempe. La jambe reste en l'air, repliée, et repart chercher sa cible d'un grand chassé au torse pour mettre de la distance entre nous deux... Et vite la reprendre en me ruant sur elle, et en visant l'épaule déjà blessée plus tôt de mon poing fermé : le poing de la main sortie de sa poche.

L'enchaînement est rapide, trop pour l'oeil d'un novice. Poussière soulevée, les vents de Reiatsu autour de ma silhouette s'agitent en réaction à la vivacité du geste. Doucement, je commence à augmenter la pression. Doucement, sans me presser, je commence à aller plus vite, frapper plus fort, dévoiler mon jeu. Et mon jeu tu sais, il est pas si compliqué que ça... Mon jeu, c'est être plus puissant, plus vif, et plus malin que toi. Je n'ai pas de carte piège, de pouvoir surprise, j'ai pas de formule magique pour que ma lame se transforme en marteau, ou en lance, ou un balais-brosse.

J'ai poings, pieds, et esprit. Puis parfois crâne, coudes, genoux... Bref. Tu vois l'idée, non ?
L'idée, c'est que je cogne, et que tu encaisses.

Allez, mange ça et tu m'en reparles.

Tu vois, toi t'as ton marteau. Ton « meilleur ». Moi, j'ai mes poings. Mon « meilleur », c'est moi. La lame à mon flanc, elle dit que je suis un Shinigami, mais elle ne sort jamais. Je n'ai pas besoin d'elle. Et je sais pas comment elle pense, mais de toute évidence elle est d'accord : les chaînes autour de la garde, pour que je ne puisse pas la sortir de son fourreau. Comment elle pense, quel genre d'esprit est-ce que c'est ? J'en sais rien. Je sais même pas son nom. Un jour, peut-être, je saurais. Un jour, j'aurais besoin de briser les chaînes, briser la glace. De l'apprendre.

Un jour. Mais pas aujourd'hui.

Par contre... Par contre toi, tu le connais bien, ton marteau. Peut-être même un peu mieux que ce à quoi je m'attendais. Huh. Tu sais faire ça, toi. Surprise, quand je comprends ce que c'est. Bankaï, hein ? Tseh. Parfait. Puisque tu veux passer aux choses sérieuses, j'vais te rendre la pareille et y aller à fond. C'est une occasion en or, finalement : j'vais pouvoir me comparer à ces types qui sont copains comme chemise avec leur Zanpakutō, et voir jusqu'où je peux aller contre eux.

Alors amuses-toi : Broie, Mujurymachin. Moi aussi, j'vais broyer en retour.

Mais bon, je parle je parle... 'Fait quand même lourd, d'un coup. C'est ça, ton pouvoir ? Je sens, l'air autour, je sens mon corps qui pèse plus qu'il le devrait. Embêtant. Surmontable, mais embêtant... Plus embêtant encore : elle aussi, elle a pris en vitesse. Et son marteau a pas l'air moins gros que tout a l'air. Nah, il tape autant, si ce n'est plus fort, sûrement... Et je la vois qui arme le geste. C'est rapide, mais je suis juste assez réactif pour voir le mouvement, pour réagir, pour opposer mes bras face à l'impact, et bouger dans la même direction. Puis, ça part.

Je sens mes pieds décoller du sol. Je sens la douleur sourde, je sens ce truc qui résonne dans ma tête, je sens le monde qui bouge... Ou alors moi qui est en train de voler. Je sens un second impact, mon dos qui percute quelque chose. Un genou au sol, groggy, je mets un instant avant de me remettre... De pouvoir identifier la situation. Je la vois, à une trentaine de mètres, je vois une traînée de terre au sol entre elle et moi. Je me tourne doucement, et je vois l'arbre dans mon dos, à moitié éventré. À ma tempe, je sens quelque chose de chaud qui coule. Mon bras tremble doucement, mon corps me fait mal... Mais ça aurait pu être pire. Heureusement que j'ai renforcé ma forme avant l'impact.

Ok. à mon tour.

L'aura qui m'entoure regagne en intensité. Mes yeux se rivent sur elle, et ma bouche reste fermée, pour une fois. Il n'y a rien. Rien, sauf l'énergie qui passe comme un courant sous ma peau, dans mon corps, dans chaque fibre de mes muscles. Rien, sauf l'instant. La Vitesse.

Rien, sauf ce bruit sourd quand je disparaîs.
C'est comme un flash. Un coup j'étais là, accroupi contre l'arbre, l'autre je n'y suis plus : Je suis sous elle, dos voûté, jambes pliées, à hauteur de ses jambes. Mon poings est armé, Et il part, comme un coup de tonnerre : l'uppercut vient chercher son menton, puissant, et à peine le coup donné, que déjà, je ne suis plus là encore. Un flash, de la poussière qui se lève. Et si elle est assez réactive, alors elle pourra voir : moi qui arrive sur sa droite si rapidement que la terre se soulève sur mon passage. Elle pourra voir le poing qui cherche sa tempe, elle pourra voir, et de nouveau, elle pourra ne plus voir : une autre disparition, et je suis dans le sens opposé au à la frappe : à sa gauche, semelle levée, prêt à écraser mon pied au milieu de son visage... Puis ça s'enchaîne : Une pluie de coups de pied, avec le dernier qui me voit plonger, pour passer derrière elle et m'éloigner d'une demi-douzaine de mètres.

Mon souffle est court, je sens mon cœur qui bat fort, je sens mon Reiatsu qui devient nerveux autour de ma silhouette. L'adrénaline me tient, mais je sais que je repousse mes limites. Et tu sais quoi ? J'aime ça.

J'en attendais pas moins.

T'en fais pas, tu vas pas tarder à avoir fini.

Elle est coriace. Elle encaisse bien, et elle tape fort en retour. Assez fort ? Pas encore. Pas assez fort pour que j'arrête, pas assez fort pour arrêter le déluge. Elle prend cher, elle saigne, et je serais pas étonné d'avoir déplacé deux-trois trucs sur le passage de mes coups... Mais ? Mais elle est encore là. Bien. J'aurais été déçu que ça finisse si rapidement.

Elle approche, et je sens cette pression qui s'intensifie au fur et à mesure qu'elle ferme la distance. Je me sens plus lourd, moins vivace. Je vois le coup arriver, j'essaie de bouger... Mais je bouge pas assez vite, cette fois-ci : ça a son impact sur mon corps, le pic de vitesse que j'ai atteint plus tôt... Et ça a un impact sur mon corps aussi, quand le marteau cogne. Une fois, deux fois, le second coup beaucoup plus puissant que le premier, assez pour m'envoyer voler contre un arbre arraché par la force de l'impact. Les racines crient à l'aide, le tronc tombe, la forêt hurle. Puis, un silence. J'entends que ma respiration, j'ai la tête dans les étoiles. La douleur est presque anethésiée : je ne sens plus mon corps. Plus totalement. Je sais que je peux continuer, je sais que je peux aller plus loin... Mais est-ce que je devrais ?

Tseh. Tu dois toujours me montrer ton « Avantage », non ?

Je me redresse. Difficilement, du sang qui coule à la tempe, un bras qui refuse de me répondre, mais l'autre encore présent. Je la fixe, un œil à moitié ouvert à cause du flot de sang qui coule non loin... Entre mes dents serrées, un sourire féroce. Elle est sans doute dans ses dernières limites, elle aussi. Alors... Alors autant tout jouer là-dessus.

Mes yeux se ferment. J'inspire, puis expire longuement. Je fais le vide dans mon esprit, et quand je rouvre les yeux, mon énergie se lève avec moi.

Le Reiatsu rougeoyant gagne en intensité... Et il ne s'arrête pas. L'aura ne fait plus que m'entourer comme un contours indistinct : tout autour semble comme baigné dans cette énergie couleur sang qui continue de grandir... J'avance, et le vent gronde autour de moi. L'arbre dans mon dos se désagrège totalement, l'herbe à mes pieds meurt, et tout autour, plus loin, le bois des arbres grince de douleur, l'herbe siffle. Le tissu de mon kimono se désagrège doucement aussi, Et il y a comme cette brûlure sur ma peau... Je serre les dents, je continue d'avancer. Puis j'y vais.

Elle pourra sentir, là, tout proche : sentir l'air violent autour de moi. Pas comme son espèce de poids sur les épaules, plus comme une tempête qu'elle doit affronter. Elle pourra sentir quand je gagne en vitesse, soudainement, et que mes mains se referment sur son crâne : elle pourra sentir la brûlure là où je touche... Et elle pourra voir l'élan que je prends, mon torse qui part en arrière, ma tête aussi... Puis, qui revient brutalement, et le front qui percute.

Un déchirement dans l'air, et le Reiatsu explose dans une grande déflagration d'énergie. Un vent puissant, les feuilles arrachées, tuées, les troncs déplacées, et à l'épincentre de l'impact, la terre affaisée, fissurée sous nos pieds.

J'ai mal. Mais je serais pas le seul à avoir mal dans cette affaire.

 « D'ordinaire, hein ? » T'as souvent eu l'occasion de l'utiliser en situation réelle?

Je suis jeune, mais j'ai eu des leçons sur l'histoire. Je sais les conflits récents et moins récents de la Soul Society, mais j'ai rien vécu de tout ça. Est-ce que tu as déjà eu à te servir de ça dans un vrai combat ? J'me demande. Enfin... Vu l'état dans lequel on est, il était pas si loin que ça d'un vrai combat, cet entraînement.

ça vaaaaaa, j'y ai été doucement, abuse pas.

Je la regarde avec une lueur de malice dans les yeux, un sourire mystérieux aux lèvres. Le genre pour la faire douter : est-ce que je déconne, ou est-ce que j'en gardais encore en réserve ? J'imagine que ça sera à toi de deviner... Heh.

Dans tous les cas, j'ai beau lui dire ça, je suis pas dans un état glorieux non plus. J'ai fait mal, mais t'inquiète pas qu'elle a fait mal aussi. Je pense que la différence entre nos deux état réside surtout dans le carburant qui reste. Je pourrais continuer à cogner encore un petit moment... Elle ? Elle a l'air plus à plat que moi. Un échange de plus et elle aurait cédé.

Huh. Okay. « On a parlé jusqu'à ce qu'il arrête de faire sa princesse », c'est le résumé que j'ai eu de plusieurs personnes sur la question, dans les grandes lignes. J'en parle sur un ton détaché, comme si ça ne m'intéressait pas vraiment. Alors fatalement, quand elle pose la question... Pas plus que ça. J'me suis toujours débrouillé solo. Même à l'époque du Rukongai quand j'avais des gens sur qui compter, j'prenais tous les combats avec la mentalité que je dois pouvoir m'en sortir seul.

Parce que tu contrôles jamais totalement les autres, les circonstancs, les facteurs extérieur. Le reste.

J'ai jamais eu besoin de mon Zanpakutō jusqu'ici. Et franchement, « apprendre à connaître » un espèce d'esprit capricieux qui fait 48 tours autour du pot avant de te donner son pouvoir.... Mouais, ça ira, j'vais me débrouiller sans, hein. J'hausse les épaules. Un jour, peut-être. Pour l'instant, j'ai encore des progrès à faire pour moi-même.

Un jour peut-être, quand je prendrais la dérouillée de trop et que je me dirais « j'aurais pu gagner, avec ça ». Un jour. Pas aujourd'hui.

Breeeef. Je m'étire, et ça fait mal. Mon bras gauche est toujours à mon flanc, je saigne toujours. Mais je me relève, je tends ma main droite. C'est pas tout ça, mais j'préfère pas rester couvert de sang et mes vêtements à moitié déchirés encore longtemps. Tu peux marcher jusqu'à la Quatrième ou je t'appelle un brancard?

ça expliquerait des choses. Si mon Zanpakutō est aussi un connard arrogant trop sûr de lui, il a aucune raison de vouloir dépendre de moi aussi. Je dis ça sur le ton de la blague, léger. T'en fais pas, j'ai suivi les cours à l'académie. Au moins un peu. « Part de toi », tout ça tout ça, je connais la chanson.

Mais j'ai pas attendu d'avoir un lame qui pend à mon flanc pour être moi. Alors est-ce que j'ai vraiment besoin de toi ?

Je fixe mon Zanpakutō un instant. Songeur. J'aurais presque envie de me poser en tailleur dans un coin et commencer à fermer les yeux, tens. Presque. Presque assez curieux. Mais honnêtement, là maintenant tout de suite, la douleur surpasse la curiosité. Donc uh, dans l'ordre de priorité, un passage chez le médecin me paraît être plus important pour l'instant.

 ça serait pas la première fois que je te fais boiter. Je lui lance le sourire du type fier de soi, puis je range ma main. Tarde pas trop quand même, je voudrais pas avoir ta disparition sur la conscience. À plus tard, Shira.

Un signe de la main, puis mon dos se tourne, direction la sortie. Je vais pouvoir m'adonner à ma séance habituelle de « coucou c'est moi, je me suis blessé... Encore » dans les couloirs de la Quatrième. Bon, peut-être que je suis un peu plus amoché que d'habitude en ce moment, par contre... Bwah. C'est leur travail, après, non ? J'vais juste passer un peu plus de temps allongé dans un lit d'hopital, j'imagine. Heureusement qu'ils sont confortables.

Prépare-toi, Yonbantai : j'arrive.