Les étoiles viennent d'ou ?

La nuit s'approchait de la fin. Quelle nuit ! Les rencontres avec Kenshiro et Shinjiro n'avaient pas été de tout repos. La première avait été de sa faute, au moins au début. Il souriait en soupirant, il avait évité le pire avec le Troisième Siège de la Cinquième Division complètement saoul. Shinjiro avait été le lascar suivant, pas le même style. Il était direct et sans prise de tête. Le règlement de cette histoire avait été intéressante. Il se disait que se balader la nuit était une source de découverte humaine pour le moins insolite.

La vue se dégagea à la fin d'une rue et un grand parc apparut. Ah oui, c'était le début des zones résidentielles de la noblesse et des serviteurs de l'Etat. Il y vivait tout ce qui faisait la grandeur de la Soul Society. Mamoru s'avançait et vit un banc près d'une marre à poissons. Un peu de repos ne lui ferait pas de mal ! Il s'asseyait alors et laissa tomber sa tête en arrière. La voûte céleste apparut sous ses yeux, combien d'étoiles palpitaient dans le ciel ? C'était reposant. Fermant les yeux, il se laissait bercer par cette ambiance douce et un léger vent frais venait rajouter une touche de mélancolie à ce moment là.

Aina Chan...

Ce souvenir sortit de ses lèvres sans qu'il s'en rende compte. Il faisait un cauchemar à nouveau. Tout autour de lui, il n'y avait plus rien que lui et sa peur.

- NOOOON...

Hurlant de douleurs, il ouvrit les yeux brutalement. Ses pupilles ambrées observaient encore le ciel. Où était elle là haut ? Que faisait elle ? Il se sentait seul mais se promettait de la ramener, d'une manière ou d'une autre.

Le cours avait terminé bien plus tard que prévu et il avait veillé à raccompagner ses élèves afin que ceux-ci ne fassent pas n'importe quoi. Une fois cela fait, il en avait alors profité pour se détendre, profitant de la nuit tombée pour laisser ses instincts reprendre le dessus. Puisque le lendemain, il était en repos, il escomptait bien profiter de l'intégralité de sa nuit à sa manière.

Afin de rendre ses mouvements plus fluides, il avait alors enlevé sa veste de shinigami afin de dégager l'intégralité de ses bras et était parti en courant au travers du Seireitei. Entre shunpo et course, entre repos et méditation, il semblait apprécier ces moments presque suspendus dans le temps. Et si la nuit commençait doucement à approcher de la fin, il était temps pour lui de regagner ses quartiers.

Alors qu'il approchait d'un des parcs proche des quartiers résidentiels, il entendit un cri. Son ouïe étant ce qu'elle était, il identifia rapidement la position de l'individu. Ne sachant pas exactement de quoi il retournait, il décida d'accélérer. En quelques bonds, il fut sur place. Pas difficile pour celui qui avait la réputation d'être très rapide. La première chose qu'il remarqua fut la présence d'un homme. Mais personne d'autre autour. Ses yeux, parfaitement adaptés à la vie nocturne, balayait l'espace tandis qu'il reniflait dans l'air pour percevoir d'autres odeurs. Rien. Il s'approcha donc de l'homme. Si sa main n'était pas posé sur son Zanpakutō, cela ne signifiait pas pour autant qu'il était sans défense.

Il s'imaginait sans mal l'allure qu'il devait avoir dans la pénombre. Lui le loup au poil hérissé, blanc et bleu, lui le borgne balafré, qui montrait les dents alors qu'il observait sa proie potentiel. Une apparence bestiale pour un homme-loup qui n'était en réalité qu'un professeur assidu et apprécié de ses élèves.

- Est-ce toi qui a crié ? As-tu besoin d'aide ?

Le loup se rendit compte qu'il était torse nu - comme un animal - et qu'il ne portait pas l'insigne de Troisième siège puisque ce dernier était avec sa veste, dans le sac qu'il portait en bandoulière. Mais la partie basse de ses vêtements et le Zanpakutō dans son dos étaient deux preuves qu'il était bel et bien un shinigami.

Une voix. Quelqu'un lui parlait alors que tout brulait... Son coeur se brisait et il ne pouvait rien faire. Soudain, il se réveilla en essayant d'attraper quelque chose d'invisible devant lui. Une chaleur intense se dégageait de son aura, celle-ci n'avait pas été aussi perturbé depuis quelques jours. Ce fut alors le moment où il se rendit compte qu'une ombre était au-dessus de lui.

Sa tête se tourna lentement vers la source de l'ombre et il écarquilla les yeux en voyant un loup. Reculant par instinct sur son banc, il faillit se casser la gueule. Tout autour de lui, c'était calme. Il y avait juste cette.... chose qui était là. La Voix. Etait-elle venue de lui ? Agité, il avait du mal à se remettre les idées en place. Tout cela signifiait qu'il allait devoir accélérer ses propres recherches sur... Ses pensées revinrent à la raison quand un mot se dessina dans les flammes de son esprit : Komamura.

- Komamura Taichō ?

Cette question était sortie de ses lèvres comme un souffle. Un fantôme de l'ancien Capitaine ? Non. Alors qu'il reprenait ses esprits, il fixait l'animal et comprit. C'était l'un des membres de la famille du célèbre Capitaine. Il se leva alors, un peu gêné.

- Oh pardon, excusez moi. Je ne voulais pas ... Hinotori Sanbantai Fukutaicho... Un plaisir de vous rencontrer et désolé pour ce moment, mes cauchemars deviennent de plus en plus forts avec le temps.

Pendant un instant, c'était le petit Mamoru qui était présent. Encore traumatisé, apeuré. Il n'aimait pas révéler cette faiblesse mais là, la nature l'avait piégé de façon arrogante. Toutefois, il se demandait bien ce qu'il avait crié. Il le saurait rapidement de toute façon.

Un simple grognement répondit à la première question. Il n'était clairement pas capitaine, non, mais cela signifiait que l'homme avait connu son prédécesseur. Il ne pouvait l'affirmer, ce dernier ne l'ayant pas connu en personne. Au sein de sa propre meute, Sajin n'était pas connu et les deux frères n'en avaient véritablement entendu parler que lorsqu'ils avaient rejoins l'académie des shinigamis.

Il s'était toutefois repris assez rapidement en constatant son erreur. Il faut dire que physiquement, Jinro savait qu'il n'était pas du tout comme l'ancien capitaine de la Septième division. Ce qui n'était pas pour lui déplaire. Car en dépit de l'excellente réputation de cet homme loup, il préférait ne rien avoir en commun avec lui afin de ne pas forcer les gens à les comparer. D'autant qu'ils avaient leur propre problème avec Niji.

- Plaisir partagé. Je suis effectivement un Komamura mais pas celui que vous pensiez en effet. Komamura Jinro, troisième siège de la Septième division.

Il continuait de l'observer. Par principe, il était repassé au vouvoiement. Afin de marquer le respect lié à la fonction. Cette aura qu'il avait perçu, elle ne lui disait rien de bon. Il l'avait contenu mais cela n'en restait pas moins une preuve de pouvoir manifeste. Lieutenant de la troisième division. Il prenait note de l'information. Un gradé en ce lieu et si tard dans la nuit, cela n'avait rien de commun. Mais un homme-loup à moitié habillé non plus à dire vrai.

- Des cauchemars, dites-vous ? J'ai cru à une agression, pour vous dire la vérité. J'étais assez loin mais j'ai senti comme un appel de détresse, comme si vous étiez acculé. Enfin, cela ne me regarde sans doute pas.

Il poussa un soupir. S'approchant un peu plus, il se laissa tomber contre le tronc d'un arbre tout proche.

- La nuit a été difficile ? Si cela peut vous aider, nous pouvons parler un peu. Ainsi vos cauchemars devraient vous laisser tranquille.

Intérieurement, un soupir de soulagement le traversa. Il n'avait pas besoin de dévoiler ses angoisses les plus profondes envers un inconnu. C'était donc le troisième siège de la Septième Division. Il nota l'information. On lui avait dit que des "hommes" de ce clan étaient toujours en activité au sein de cette Division mais il n'avait jamais eu l'honneur d'en croiser. Il s'inclina un instant en l'invitant à s'asseoir.

Il fit de même. Retrouvant une certaine sérénité intérieure, il prit une longue inspiration et ce vida de ces flammes qui l'avaient ravagé pendant son sommeil. Comment allait-il expliquer cela ? Il n'avait pas franchement de réponse. Après quelques longs instants de silence, il accepta enfin de parler.

- Vieille histoire.... disons que toute ma famille a été anéanties par les flammes, enfin ma famille proche. Seuls mes cousins, oncles et tantes survécurent comme ils n'étaient pas dans la même aile du palais.

Le ton était monocorde. Tout cela revenait à la surface comme un poison lent. Cela lui brûlait l'âme. Maussade, il avait appris à se battre contre le sommeil afin de ne pas subir ces flammes. Mais, son corps reprenait parfois ses droits et sa décision n'était pas discutable. Toujours sur ses gardes, attentif, cela le rendait souvent nerveux mais il n'y pouvait rien. Il avait appris à vivre avec.

- Combattre ses démons intérieurs... C'est pas le plus évident et je suis malheureux que vous ayez vu cela. Vous devez avoir maintenant une piètre opinion de moi.

Ce n'était pas arrivé depuis des années, le dernier qui l'avait vu ainsi avait été éliminé sans ambages. Mais là. Impossible d'effectuer cette opération. Le terrain était ouvert et des personnes pouvaient arriver à tout moment. Sans compter qu'il ne savait rien de cette personne, enfin, de ce loup. Il fallait espérer que cela reste une affaire de cauchemar et rien d'autres.

- Et pourquoi aurais-je une piètre opinion de vous à ce sujet ?

Le passé avait de l'emprise sur ce Shinigami. Mais il n'était pas le seul à avoir vécu un véritable traumatisme. Jinro avait aussi un passif particulier en lien à sa propre meute, de fait il aurait été malvenu de juger un autre. Les circonstances et les conséquences étaient différentes évidemment. Lui n'avait pas perdu sa famille dans un incendie. Mais il avait eu un père et un frère aîné très violents. Il avait perdu son oeil droit sous les coups de son frère. Sans Niji, il serait sans doute mort aujourd'hui. Alors non, il ne jugeait pas.

Son oeil valide l'observait avec plus de minutie maintenant. Les âmes meurtries possédaient ce parfum particulier, comme une sorte de nostalgie. Pas réellement perceptible, seulement une interprétation de l'homme loup. Quoi qu'il en soit il n'y avait aucune raison de se rendre plus malheureux qu'il ne l'était déjà. Il poussa un simple soupir, dévoilant ses canines.

- Je dirais même le contraire. Il faut du courage pour faire face à son passé et essayer de combattre ses démons intérieurs. Beaucoup abandonne, ou se laisse consumer. Soyez fier plutôt.

La tragédie faisait partie de la vie des Shinigamis. Ils étaient des combattants avant tout, cela incluait donc des risques plus élevés pour eux que pour n'importe qui. C'était aussi pour cela qu'il avait désiré devenir professeur. Pour apprendre aux étudiants à se préparer. Le vice Capitaine de la Troisième division avait des responsabilités. Lui aussi se devait de montrer une image forte. Ce qui expliquait qu'il se soit ainsi excusé, sans doute.

- Certains ont un passé plus difficile que d'autres. Je connais cette sensation d'être tiraillé entre son passé et son présent. Ma meute a connu une histoire tragique aussi dont je porte aujourd'hui encore les stigmates.

Sa griffe passa le long de sa cicatrice. Il eut un sourire sans joie.

- Les cicatrices sont symbole de force et de courage chez nous.

Retrouvant des couleurs, le Vice Capitaine écoutait sagement l'homme bête. Il avait entendu parler de leurs existences mais c'était bien la première fois qu'il en croisait. La question de leurs origines se posait mais il n'avait pas le temps, ni l'envie surtout, d'essayer de comprendre tout ça. Il remercia Jinro avec un sourire et se leva pour faire quelques pas.

L'ai frais lui fit le plus grand bien. Articulant sa nuque de gauche à droite, le sang retrouvait sa vivacité dans son esprit et il se sentait moins fatigué. La soirée avec Kenshiro avait eu son petit effet sur sa résistance à sa nuit de garde. Un sourire imprimait son visage. Combattre ses démons intérieurs ? Hein ? Non. Il les épousait totalement, il s'enivrait avec mais c'était compliqué à expliquer.

- Moui, c'est compliqué. Nous sommes après tout plus humain que nous le pensons. Cela parait ironique d'une certaine façon ! Je vous remercie pour votre écoute, rares sont ceux à prendre la peine de réfléchir.

Sa meute ? Il se demandait combien ils étaient. Cinq ? Dix ? Quinze ? Il était curieux.

- Votre propre rapport au monde n'a pas du être évident. Les insultes quand à votre condition, votre naissance, ont dues être monnaie courante, malheureusement. La Soul Society est comme ça : injuste. Non pas à cause du Gotei XIII qui permet à toute âme ayant un potentiel de s'élever, mais, c'est une exception. Tout le reste est juste... comme ça.

Il observa les cicatrices de l'homme loup. La différence entre lui et Mamoru, c'était que ce dernier voyait cela comme une affliction. Est ce que l'on voyait beaucoup de nobles avec de telles cicatrices ? La réponse était évidente, ceux qui portaient les blessures étaient la piétaille. L'existence de la Onzième Division en était le symbole mais il garda sa vision du Gotei XIII pour lui, il n'en était pas sûr pour l'instant.

- C'est très honorable de votre part. Pour moi, c'est aussi la marque de votre condition. Quand on ne vous donne rien, il est normal de se battre pour quelque chose. Chaque cicatrice devient alors une gloire. Mais, si vous aviez quelque chose vous rendant fier, sans avoir à vous battre, serait ce la même chose ? Evidemment, vous vous battriez alors pour défendre ce quelque chose mais quelqu'un serait alors perdant à son tour... Enfin, ce sont des questions d'un Vice Capitaine ayant peut-être trop bu ce soir, veuillez m'en excuser.

Oh oui ! La nuit avait été longue, Kenshiro, Shinjiro et maintenant Jinro... Heureusement que la dernière rencontre se montrait douce et apaisante. Il en avait bien besoin.

Il haussait les épaules, affichant un sourire étrange. S'il est vrai qu'il avait eu à subir les regards en coin et les brimades, rien de ce qu'avaient pu faire ou dire ces shinigamis n'avaient été à la hauteur de ce qu'il avait subi face à Itachika. La perte de son oeil. Les douleurs physiques. Le fait d'être rabaissé continuellement. Seul Niji pouvait le comprendre, lui-même ayant été un bouclier face à ce déluge de violence. Finalement, le Gotei n'avait pas été si terrible.

Certes, le rapport au monde était différent oui. Mais pas comme l'estimait Mamoru. Il avait parlé de démons intérieurs. Mais ils n'étaient rien face à une existence de souffrance, une vie entière passée à survivre. La vie dans le Royaume des Bêtes n'était pas si évidente. Une simple âme ne pouvait pas le comprendre. Seul ceux qui connaissaient la souffrance intimement avaient une chance d'en saisir les nuances.

- Je ne peux parler d'une chose qui m'est inconnue, je dois l'admettre. Pour un Komamura, l'existence est déjà une épreuve en soi. Alors obtenir quelque chose sans se battre, je ne sais pas ce que cela fait. Et je ne sais pas comment je réagirais si une telle chose m'arrivait. Mais la notion d'injustice est propre à chacun de toute façon. Est-ce juste qu'un petit être naisse dans une famille aisée alors que d'autres voient le jour dans certains des faubourgs les plus dangereux du Rukongai ? Et pourtant, serait-ce juste d'en vouloir à cet enfant bien-né alors qu'il n'y est pour rien ?

Pour lui, seuls les nantis pouvaient parler de cela sans honte. Il ne jugeait pas. Il savait que la naissance apportait son lot de bénédiction ou de malédiction en fonction du rang de la dite famille. La vie n'était pas juste. Alors pourquoi attendre que le Gotei le soit ? Pour sa part, il n'avait pas d'apriori de ce type car il connaissait la valeur de la vie. Du moins estimait-il le savoir.

- La souffrance, qu'elle soit morale ou physique, est une alliée fidèle. Il faut savoir l'écouter pour avancer. C'est une des leçons que je m'évertue de donner à mes élèves en vérité. Mais il est encore difficile de le faire accepter quand on ne l'a pas vraiment connue.

Après tout, la souffrance était elle aussi très différente d'un être à un autre. Il ne put s'empêcher de rire. Un rire qui ressemblait à un grognement.

- Si mon frère me voyait, il ne manquerait pas de me dire que je réfléchis trop. Peut-être le connaissez-vous ? Komamura Niji ?

Mamoru opina lentement à la première partie de l'Homme-loup. Le destin était moqueur. On pouvait naître dans des familles aisées, comme tout son contraire. Ceci étant dit, cette injustice de naissance ne pouvait elle pas être corrigée ? Il le pensait intérieurement, son propre Zanpakutō semblait lui répondre avec la montée d'une légère chaleur, dans l'espace qui les entourait. Voyant une réaction de Jinro, le Shinigami prit la parole.

- Excusez ma lame, elle semble apprécier vos propos. Il est rare d'attiser son attention. Oui, le lieu de naissance ne se décide pas. Mais est ce que cela est pour autant "normal" ? Non, bien évidemment.

Connaissant les lois de la Soul Society, il préférait ne pas aborder ses réelles pensées ou motivations. Il préférait donc ne pas aller plus loin dans ce domaine... Bien des âmes avaient tenté de "défier" les lois et un simple mot pouvait vous envoyer dans les prisons les plus obscures. Ayant gardé parfois ce genre de prison, il en savait quelque chose.

- C'est une noble vision, qui démontre que l'on est vivant quelque part. Une hésitation l'interrompit. Je passe du coq à l'âne, mais.... votre Peuple... Enfin.... Je me suis toujours demandé d'où vous veniez, de quelle terre ?

Le Sanbantai Fukutaicho était clairement ailleurs. De quelle terre venait il ? Cette question avait dû lui être posé cent fois au moins. Mais, le blondinet avait cette nonchalance quand il était curieux. Ce n'était pas agressif, juste une question, comme ca, sans plus. Puis, son regard ambré descendit de nouveau sur la "Bête".

Niji ? Un frère ? Ah oui, ils étaient plusieurs. Mettant le pouce sur son menton, il prit quelques secondes. Un Homme loup vivait dans la Première Division, était ce lui ?

- De réputation, je connais un des vôtres dans la Première Division. Enfin, je sais qu'un officier y vit. Je connais pas son nom et ne peux pas vous le confirmer. De toute façon, réfléchir au monde, à sa naissance comme à sa mort, est une belle chose. La nature rend chacun de nous capable de supporter ce qui lui arrive, après tout...

Il avait ressenti ce brusque changement de température, observant le shinigami sans pour autant émettre le moindre signe de surprise. Pour autant, il n'était pas si courant de percevoir l'aura d'un Zanpakutō si ce dernier était encore scellé. Ce fait arrivait surtout lorsque la lame était en shikai, et il n'existait que peu de cas de shikai permanent au sein du Seireitei. Il enregistrait simplement l'information comme pouvait le faire un professeur face à son élève.

La question sur son peuple le fit sourire. Beaucoup s'interrogeait sur le Territoire des Bêtes mais personne ne s'y rendait vraiment. Ce monde était particulier et dangereux. Et impossible d'accès pour ceux qui n'étaient pas issus de ce monde. L'oeil unique de Jinro se voila un bref instant. Comme s'il se replongeait dans ses souvenirs. De puissants Kekkai bloquaient l'accès aux zones les plus éloignées du Rukongai.

- Nos territoires se trouvent au delà des grands bois, aux confins du Rukongai. Par delà les plaines inhabitées. Au coeur d'un secteur protégé par de multiples barrières en interdisant l'accès.

Ce n'était pas un vrai secret. Il était connu que ce territoire se trouvait par là-bas. Même s'il avait donné la localisation exacte, Mamoru n'aurait pu s'y rendre. Et les Meutes qui défendaient cette zone de non droit pouvaient aisément tailler en pièce le pauvre malheureux qui auraient tout de même réussi à franchir toutes ces sécurités. Son peuple vivait au sein du même monde. Mais sur un territoire qui ne ressemblait en rien au Rukongai ou au Seireitei. Un monde plus naturel. Plus sauvage.

- Alors il s'agit de lui. Komamura Niji, mon frère aîné.

Il n'y avait aucun doute à ce sujet. Il n'y avait aucun autre Komamura pour le moment au sein du Gotei. Aucun autre Komamura libre, il s'entend. Il poussa un petit grognement, difficile à comprendre pour qui ne connaissait pas la nature profonde des Hommes-loup. Il était fier. Fier de son aîné et des sacrifices que ce dernier faisait.

- Au monde ou à autre chose, la réflexion est toujours utile. Elle nous aide à grandir, à comprendre. Mais n'empêche en rien de se tromper, ce qui fait toute la beauté de la chose.

Il ricanait. Combien de fois avait-il fais l'erreur lui aussi de croire que sa propre pensée était la plus juste ? N'était-ce pas finalement le cas de tous ? Même ceux qui agissaient "en faisant de mal" étaient persuadés d'être dans le vrai après tout.

- Je crains de n'avoir trop abusé de votre temps. Je ne vais pas tarder à vous laisser seul avec vos réflexions.

Sauf s'il le relançait sur quelque chose, le Komamura quitterait les lieux comme il était venu. En se laissant guider par ses instincts.

Le Sanbantai Fukutaicho écoutait son interlocuteur avec beaucoup de curiosité. Il existait donc une terre sauvage très loin aux frontières de la Soul Society. Pourquoi la protéger ? Pourquoi mettre les "Loups" en dehors des choses ? Etait ce la volonté des premiers ? Bien des questions le taraudaient mais il se faisait tard et sa nuit d'alcool commençait à le peser lourdement.

- Oui, vous avez raison. Il est temps de reprendre notre marche. C'était un plaisir Jinro San, si vous me permettez de vous appeler par votre prénom. Si un jour, vous avez des soucis avec des Hollows, n'hésitez pas à venir à la Sanbantai, nous vous aiderons alors au mieux de nos capacités.

Il se leva alors et s'épousseta le kimono. Levant la main, il serra celle de l'homme bête et repartit vers sa Division. Quelle nuit fort riche, il était passé successivement de Kenshiro à Shinjiro. Puis, il avait terminé avec Jinro.

Le premier s'était montré.... sous un certain jour avec le taux d'alccol dans le sang. Dur de juger le Shinigami en fait. Bref, il laissait couler une petite affaire afin que tout cela se termina bien. Pour Shinjiro, il avait apprécié sa philosophie mais il trouvait dommage qu'il soit si "obéissant" aux règles de la Soul Society. Pour le dernier, la nature même de Jinro invitait aux mystères. Il était certainement l'être le plus dur à juger qu'il n'avait connu.

Il bailla comme un âne alors qu'il avançait dans les rues. Tout était devenu monocorde avec le soleil s'approchant de son éveil. Les saoulards dormaient et les gardes tentaient de récupérer de leur nuit. Dans une heure, le bal diurne de cette société allait reprendre, avec ses règles et ses iniquités.

- Fin -