it's work we go (william)

Lorsque tu n’es pas dans ton laboratoire, à travailler sur ta dernière invention, tu es ailleurs dans l’Arcānum, à rencontrer différentes personnes, aux membres de l’Ultima Necat. Et, aujourd’hui, c’est exactement ce que tu fais, ayant laissé derrière toi ton sarrau blanc pour arpenter les longs couloirs de votre base d’opération. Un membre des Coins avait demandé à te voir et, n’ayant pas vraiment obtenu plus d’information, tu as remis à plus tard tes projets tests en laboratoire pour libérer un peu de temps dans ton horaire et ainsi avoir l’opportunité d’aller le voir.

C’est donc ce qui t’amène dans l’ascenseur pour te mener à l’étage des Coins, endroit que, tu te dois de l’admettre, tu ne fréquentes pas souvent. D’ordinaire, ce sont eux qui viennent à toi, lorsqu’ils ont besoin d’équipement spécialisé, un peu comme le font les Swords pour des raisons similaires. Tu travailles aussi beaucoup avec les Clubs, ton intérêt grandissant pour ce qui pouvait bien se passer dans le Hueco Mundo, cet autre monde que tu as découvert en même temps que tu as appris ce dont il retournait vraiment de ces tests qu’ils ont effectué sur toi, il y a de ça quelques années maintenant. Car encore aujourd’hui, tu en apprends un peu plus tous les jours, sur tout ce que tu ignorais lorsque tu n’étais encore qu'une humaine lambda.

Et parfois tu te demandes où tu en serais.
Si tu étais restée une humaine lambda.

Or, la question n’a pas besoin de se poser, tu ne l’es plus. Les portes de l’ascenseur s’ouvre et, traversant encore quelques couloirs, tu atteints finalement le lieu de rendez-vous donné par le fullbringer. Arrivée avec un peu d’avance, tu l’attends, ton regard balayant l’endroit jusqu’à ce que finalement tu poses le regard sur lui. Et, contrairement à ton habitude, tu te retrouves à baisser les yeux vers celui qui fait son apparition et que tu reconnais comme celui ayant demandé à te voir, le saluant poliment d'un signe de tête.

- Puis-je savoir l’objectif de cette rencontre ?
Tu n’es pas connue pour t’embarrasser de fausse politesse, encore moins pour perdre ton temps.

Sans passer par quatre chemins, qu’un signe de la tête en guise de salutation, voilà qu’il ne manque pas de te reprendre pour ton manque de politesse. Tu te retiens de rouler des yeux, te contentant d’afficher ce même sourire agréable devenu un peu plus faux dans l’espace de quelques instants à peine. - Il n’était pas pertinent de me présenter comme vous savez déjà qui je suis, si vous avez demandé à me voir. Le ton assez plat. Calme. - Quant aux banalités… Est-ce que ça vous intéresse vraiment de savoir comment est-ce que je vais ? La question est sérieuse, dénonçant l’hypocrisie de ces questions dont tu ne t’embarrasses pas.

- Enchantée. Que tu lui accordes tout de même, avant de sembler surprise par la demande qu’il te fait. - Des… Écrans ? Tu te demandes vaguement s’il sait ce qu’il te demande. Et à qui, aussi. Car à l’entendre, tu n’es pas certaine de savoir s’il veut ça pour son utilisation personnelle et récréative ou s’il y a une réelle envie de travailler avec ces écrans. - Et c’est pour quoi exactement ? Une question qui a le mérite d’être posée et qui contribue beaucoup plus à votre discussion actuelle qu’un banal : comment allez-vous ?

- Parce que bon, je ne vous cacherais pas que ce n’est pas trop mon domaine. Pour ne pas dire que tu n’es pas certaine d’avoir du temps à perdre dans ton horaire pour une question d’écran. Mais tu restes polie, courtoise, intéressée, même, par ce qu’il te dit, n’écartant pas l’idée aussi que tu puisses faire fausse route.

T’es rapide, à juger les autres.
C’est ce que ça fait, d’être toujours enfermée ici.

Autre quelques collègues de travail que tu côtoies ici, entre les murs de l’organisation, tu n’as pas la vie sociale la plus palpitante. Même qu’elle est assez inexistante, à bien y penser, et ce… Depuis presque toujours. - Mais je peux voir ce que je peux faire pour vous aider. Et si tu n’as pas écarter l’idée de possiblement faire fausse route, tu gardes aussi en tête la possibilité de refiler sa demande à l’un de tes subordonnés.

Ça a quelques avantages, que d’être Jack.

La meilleure chose à faire est de ne pas lui répondre. Là où il y voit une nécessité, tu y vois une perte de temps, aucun de vous deux réellement intéressé par la réponse sincère de l’autre. Après tout, qu’aurait-il fait si tu lui avais dit non ? Il aurait sans doute été mal à l’aise. Aurait regretté d’être venu. Serait peut-être même reparti sans ce pour quoi il est venu jusqu’ici aujourd’hui. Enfin, ce n’est pas bien important, qu’un vague haussement d’épaule, presque un peu importe que tu n’articules pas.

Tu t’assurerais seulement de le saluer, la prochaine fois.
Histoire de t’éviter un mal de crâne.

Tu le laisses parler et t’expliquer ce qu’il a en tête, pas certaine encore de si tu seras celle à l’aider ou si tu ne vas pas simplement te contenter de lui dire d’aller voir l’un de tes collègues. Après tout, des écrans affichant des enregistrements en temps réel… Il veut quoi ? Des caméras de surveillance. Tu sembles cependant beaucoup plus intéressée lorsqu’il ajoute une information importante : ces écrans, ce sont pour des enfants coincés dans tes hôpitaux. Et tout de suite, ça te parle un peu plus, bien que tu te dis que toi aussi, t’en aurais sûrement besoin, de ce genre d’écran. Au moins pour pouvoir prétendre voir le soleil un minimum, chose qui n’est actuellement pas le cas.

- Ça demanderait cependant d’avoir l’autorisation de poser des caméras à l’extérieur des hôpitaux. Mais si ça c’est possible, alors oui, il ne devrait y avoir aucun problème. Tu fais mine de réfléchir. - Puis on peut même fixer des capteurs aux caméras, qui pourraient nous avertir s’il devait y avoir un souci. Comme un peu trop d’énergie spirituelle que supposée dans les environs, par exemple. - Par contre, vous voulez quoi exactement, comme écrans ? J'ai pas tout suivi l'histoire de thermo-dynamisme... Quelque chose de plus sophistiqué que des télévisions, que tu te dis, mais quoi, exactement ?

Car autrement, il ne serait pas venu ici pour acheter quelques télévisions et les installer dans les chambres d’enfants.

Des écrans plats. Tout simplement. Tu te retiens de lui demander pourquoi est-ce qu’il est venu jusqu’ici, dans vos laboratoires, pour de simples écrans plats que, tu es convaincue, peuvent désormais s’acheter un peu partout. Tu te contentes d’hocher de la tête tout en t’intéressant à ce qui pourrait vraiment demander de votre savoir faire, à vous les Cups. - Je m’occuperai alors des caméras ainsi que des capteurs. Une science que tu ne maîtrises pas encore parfaitement, y voyant donc là l’occasion d’améliorer votre façon d’obtenir de l’information sur le terrain. Après tout, il était difficile d’avoir de l’information dès lors que vous vous éloignez de votre base d’opération et il pouvait donc être intéressant d’avoir de ces informations près d’un grand hôpital de la ville.

Pour ça, tu ne pouvais que saluer son initiative.

- Pour les écrans, vous pourrez toujours voir avec l’hôpital ce qu’ils préfèrent et vous procurer ce dont vous avez besoin en conséquence. Et il n’y aurait sûrement aucune difficulté à obtenir le financement nécessaire à quelques écrans avec l’argument qu’en plus mettre de l’avant l’organisation officielle et de leur faire une belle publicité, ça pourrait vous aider grandement lors de vos interventions. Après tout, il n’y a rien de plus dommage que d’arriver trop tard. - Et je verrai pour faire des écrans liés aux mêmes caméras qui pourront diffuser ce qu’elles voient ici, en plus de nous donner l’information en temps réel de ce que les capteurs remarquent.

Une tâche un peu plus difficile que de demander à des écrans d’afficher ce qu’il n’est pas possible à voir à l’oeil nu. Pour le commun des mortels, du moins. L’énergie spirituelle. Même toi tu faisais partie de ceux qui, jusqu’à assez récemment, ignoraient tout de ça. Un nouveau monde qui s’est ouvert à toi lorsque les tests effectués en laboratoire sur ta personne ont commencé à faire effet.

- Puis-je demander s’il y a un intérêt plus particulier derrière cette demande ?
Ou s’agit-il seulement d’une bonté d’âme sincère et d’une envie d’aider ces enfants malades ? Pas que ce soit une mauvaise raison, au contraire, tu trouves ça tout à fait louable.

Tu as juste trop souvent la tête dans tes recherches pour vraiment t’intéresser aux autres.

Pour des enfants ayant été victimes des attaques de hollows. Et aussi froide tu peux sembler, très souvent très peu intéressée par les autres, la tête dans tes bouquins et tes rapports, tu ne peux toutefois pas rester insensible à ça. À ces enfants qui n’ont rien demandé et qui se sont retrouvés victimes de créatures qu’ils ne peuvent même pas voir. Des monstres de ces histoires que ta grand-mère te racontait lorsque tu étais plus jeune et dont tu étais convaincue qu’ils n’existaient pas réellement, eux en avaient été victimes. Et ça te désole. Tout comme ça te motive de faire un peu plus encore, pour tenter de les protéger.

Eux et tous ceux qui pourraient être en danger.

- Je suis certaine qu’ils vous seront reconnaissants. Sur un ton plus doux, semblant beaucoup apprécier l’idée. Comme quoi la cause des enfants malades peut même toucher les coeurs les plus froids. Jusqu’à ce qu’il reprenne la parole et que tu te retrouves à froncer des sourcils, perdant ce sourire plus chaleureux que tu as eu l’espace de quelques secondes. Tu écoutes la critique sans broncher, ton regard passant de son visage à son cigare, avant qu’un long soupir ne s’échappe de tes lèvres.

- Vous m’excuserez… William. Tu as failli oublier son nom. - Mais voyez-vous, je suis ici, avant toute chose, comme ingénieure en armement militaire. Tu commences lentement, te retenant de venir te pincer l’arête du nez et d’afficher une expression dépitée. - Au fil du temps, j’ai aussi appris à me spécialiser dans d’autres domaines qui me permettent de remplir au meilleur de mes compétences les tâches qui me reviennent. Et celles-ci consistent principalement, d’abord en tant que Jack, à veiller sur le travail des autres Cups mais aussi, plus personnellement, à faire les recherches nécessaires pour améliorer notre capacité à intervenir sur le terrain, notamment au travers nos équipements et la technologie qui ne cesse d’évoluer. Tu t’exprimes d’un ton calme, bien que semblant toujours aussi surprise de ses précédents propos.

- Et donc, si l’installation de capteurs à énergie spirituelle est un projet qui vient rejoindre mes propres recherches, je me dois cependant de vous annoncer que la fabrication d’écrans plats n’est pas un projet qui nécessite ni mon attention, ni mon expertise. Après tout, s’il est nécessaire d’avoir nos connaissances en énergie spirituelle pour fabriquer les capteurs, n’importe quel ingénieur lambda. Ne faisant donc pas parti de votre organisation, donc. - Peut vous offrir un résultat identique pour les écrans.

Un faible soupir s’échappe de tes lèvres, ne t’étant pas imaginée devoir tenir un tel discours. Et sans doute aurais-tu pu t’en passer, si ce n’était de l’agacement injustifié que tu avais ressenti de ta part. À quoi s’était-il attendu ?

- Oh et, merci de ne pas fumer si près de nos laboratoires.
En désignant ce cigare t’agaçant depuis son arrivée en ces lieux.

As-tu été trop dure avec lui ? Peut-être bien, oui. Tu as aussi sûrement été trop froide. Touchée, certes, pas son histoire d’enfants blessés, coincés dans un hôpital, mais peut-être pas assez, finalement. Pas autant qu’il l’aurait voulu. Car il te demande des écrans et tu lui proposes simplement d’aller s’en procurer. Pourquoi ? Parce que tu as mieux à faire. Et ça peut sembler terrible dit comme ça, mais au final, c’est tout ce qu’il y a à comprendre. Tu as déjà trop de projets en cours, de projets importants, qui pourraient impacter positivement la façon dont vous vous y prenez, lors de vos interventions.

Et tu n’as pas de temps à perdre sur de vulgaires écrans.

- Comme je vous ai dit, je me chargerai des senseurs. Car tu y vois là un réel intérêt scientifique, et pas juste connecter ensemble quelques câbles derrière un écran. Et tu es tentée de rouler des yeux, lorsqu’il vient critiquer ton travail. Ta section. Envie de rire, aussi. De rire jaune, avec un peu de sarcasme, lorsqu’il semble tenter de prétendre qu’il est meilleur que vous, et ce, en ayant pris la décision d’aller ailleurs que chez vous. Parce que lui préfère l’Homme aux machines.

Tant mieux.
C’est justement pour protéger l’Homme que tu fais tout ça.

Et finalement, ce rire t’échappe bien malgré toi. - C’est la vieillesse qui vous rend aussi borné ? Tandis qu’il quitte la pièce. Semblerait-il que ce n’est pas donné à tous de prendre quelques secondes pour considérer une situation dans son entièreté.

Peut-être qu’il n’est pas assez grand pour avoir assez de recul.

Parce que les gens t’intéressent. Et tu te soucies de ces gens. C’est pour ces gens, après tout, que vous vous enfermez dans ces laboratoires. Pour trouver une façon de les protéger. De mieux, les protéger. Lui s’inquiète de ces enfants à l’hôpital, et vraiment, tu trouves cette mission qu’il s’est donnée louable. Mais toi ? Tu veux t’assurer qu’il y en ait moins, de ces enfants dans les hôpitaux. Et pour ça ? Et bien, il vous faut savoir comment vous défendre. Avoir les armes pour le faire.

Dans un soupir, tu quittes le lieu de rendez-vous, direction ton bureau.
Tu as encore trop à faire pour t’attarder plus longtemps sur le cas d’un vieux se refusant de faire preuve d'un peu d'ouverture d'esprit.