A la recherche du Loup

La Yarqa s'avançait dans les profondeurs de la forêt. Des entretiens récents avec quelques Hollow, venant acheter ses parfums, lui avaient mentionné une curieuse information. L'ancienne Primera Espada d'Aizen avait vécu dans la Forêt il y avait bien longtemps. Était ce vrai ? Farasha n'avait aucune réponse mais il n'était pas du genre à laisser une information sans vérification. C'était la raison pour laquelle il était arrivé dans cette partie de la forêt.

Tout ici était ancien, ombrageux, peut-être même plus qu'à l'accoutumée. La Chenille prit quelques cristaux de quartz sur quelques arbres afin de les tester plus tard dans son laboratoire. Ses sens en éveil, il vérifia que personne n'était présent avant de projeter son aura sur plusieurs dizaines de mètres. Il voulait savoir si des odeurs inconnues remontaient à la surface. Soudain, il en repéra une. Sa faufilant comme un serpent entre les branches, il trouva une étrange ruine au coeur de la forêt. Du sable ? Etonnant. Un ancien village Hollow que la forêt avait digéré avec le temps, surement.

Farasha entra donc dans les lieux et vit qu'il n'y avait que quelques murs éparses. Sa faim le rongea brusquement. Encore. Il sentait la douleur qui le perçait comme un insecte dans chaque partie de son corps. Une rage bestiale voulait en permanence en sortir. Se frappant le côté droit, il retrouva un peu ses pensées. Ses pupilles se concentrèrent sur un rocher au centre des restes de ruines. Un trou béant était présent sur une pierre dressée, comme un Cero... Sa troisième main sortit un petit scalpel et il se mit à gratter la roche.

Soudain, un bruit attira son attention.

Son dos se tourna sur lui même afin de voir d'où venait cette sensation. Quelque chose était en train d'arriver. Ses mains s'agrippèrent à des branches de quartz. S'élevant dans les airs, elle pouvait voir maintenant la source de son dérangement.

- Qui êtes vous ? Nous ne voulons pas de souci. Êtes le gardien de cette partie de la Forêt ?

Ses aventures souterraines n’avaient pas été de tout repos. Forcément, il était vu ici comme un intrus, et il avait dû à plusieurs reprises rebrousser chemin, changer d’itinéraire, même si parfois il lui avait suffit de se montrer pour ce qu’il était : un humble voyageur qui ne cherchait de mal à personne. Il n’ignorait pas les raisons poussant des êtres à s’enfouir sous terre. La peur. La peur des combats, la peur de l’ennemi, la peur des nombreuses créatures en surface, désireuses de s’affirmer comme les plus puissantes, comme le prédateur ultime, que le cannibalisme leur soit encore nécessaire ou non. Sans compter les différentes invasions bien sûr dont il avait pu entendre parler mais qu’il n’avait pas vécu lui-même, n’étant revenu au monde qu’il y a quelques années à peine.

Il lui fallait donc jongler, entre savoir ne pas se montrer comme une menace, sans toutefois se laisser représenter comme une proie. Car la peur n’enlève pas la faim bien entendu… L’érudit n’avait pas un net penchant vers le combat, mais savait au moins se défendre, condition indispensable à une aussi longue survie. Enfin… depuis qu’il s’était soumis au rituel de la lune, les choses avaient changé, et son cœur s’apaisant son manque d’intérêt pour l’affrontement avait forcément amené un manque de pratique qu’il risquait de payer un jour. Tout comme son incapacité à ressentir avec précision les autres formes de vie l’entourant, s’étant fait surprendre plus d’une fois, bien qu’heureusement il restait vigilant.

Ce fut une fois de plus donc. Avec chance il tomba sur des constructions anciennes. Son instinct lui dicta qu’il risquait de ne rien y trouver, les bâtisses étant au premier coup d’œil pas assez antiques et surtout de trop petite échelle pour correspondre à ce qu’il cherchait. Néanmoins il était préférable de ne laisser filer aucune occasion, aussi inspecta-t-il l’endroit malgré tout. Rien de nouveau pour lui, mais au moins aurait-il essayé. C’est alors qu’il repartait vers d’autres hypothétiques trouvailles qu’il fut interpellé.

- Je ne suis rien d’autre qu’un vagabond de passage, qui s’apprêtait à reprendre sa route. Je ne cherche pas plus d’ennui que… toi.

Le « vous » lui resta en travers de la gorge. Un Hollow, même pas un Menos de toute évidence. Trop peu digne d’intérêt sans doute. Au moins cette créature parvenait-elle à s’exprimer, cela changeait des hurlements vains. Il ne resserra même pas sa prise sur la lance qu’il tenait à la main, et dont il usait comme d’un bâton de marche.

Un vagabond ? L'inconnu semblait de nature pacifique, ce qui changeait clairement des ennemis potentiels de cette partie de la forêt. Silencieux quelques instants, la Yarqa prenait le temps de calculer la situation et observa les alentours afin de se rassurer quelque peu. Puis, soudain, elle se décida à s'exprimer.

- Nous voyons rarement des Vagabonds dans cette forêt, ou, alors, peut-être trop depuis quelques semaines... Un léger sourire pouvait se comprendre la fin de sa phrase. Pour notre part, nous cherchons la raison de ces étranges ruines. C'est comme si la forêt avait avalé ces dernières pour les cacher aux yeux des profanes.

Autant mettre les choses au clair quand à ses intentions, c'était bien souvent le mieux à faire pour faire taire certaines appréhensions. En tout cas, cet Arrancar ne lui disait rien et il se rendit compte qu'elle n'avait même pas fait les présentations d'usage.

- Nous nous appelons Farasha, vagabond comme vous...

La vérité était celle là. Farasha n'avait jamais eu de réel foyer et se laissait guider dans ce nouveau Monde, à la recherche de nouvelles fragrances. Il était donc curieux de découvrir un Hollow qui suivait des traces similaires. Cependant, poser trop de questions amenait à la suspicion et aux risques de combat. Dans un premier temps, il allait se contenter de cette première phase dans la rencontre.

Un instant, il sembla peser de la suite à donner à cette rencontre fortuite. De toute évidence il n’y avait plus rien à trouver ici. Mais peut-être y avait-il d’autres traces à découvrir ailleurs ? En outre, il y avait dans les paroles de cette créature des traces de curiosité quant au monde l’entourant. Ainsi que des pistes qui provoquaient la sienne, de curiosité. C’était là un point qu’il avait parfois du mal à réprimer, qui pourrait se targuer de ne pas l’être tout en se qualifiant d’érudit ? Il fallait vouloir creuser les choses, apprendre, se questionner et chercher à trouver des réponses.

- Plus de passage que de coutume, dis-tu ? En quête de ces ruines justement, d’après toi ?

C’était une mauvaise de nouvelle. Plus il y avait de passage, et plus il y avait de chances que ce qu’il pourrait avoir à y trouver ait déjà disparu. Bon, il ne suffisait pas d’être le premier, il fallait aussi être assez intelligent et patient pour trouver ce qui pouvait y être caché. Lui-même pouvait très bien passer à côté de quelque chose. Dans tous les cas, mieux valait qu’il soit le premier afin d’augmenter considérablement ses chances de trouver quoi que ce soit. Malheureusement, dans la plupart des ruines il n’y avait jamais rien eu d’autre à trouver que des murs antiques. Malgré des siècles de recherches, il n’avait trouvé que deux endroits recelant des secrets, l’un d’eux étant le ziggurat, et le second là où il perdit ses bras, désormais d’obsidienne.

- Le désert enfoui tout, vorace et insatiable. Parfois son appétit dépasse ce que même lui peut ingérer, alors est-il bien obligé d’en rendre un peu. Malheureusement celles-ci me semblent vides d’enseignement...

De nouveau, un ange passe, alors qu’il se questionne sur l’intérêt de donner son nom. Peut-être obtiendrait-il des informations intéressantes, s’il se donnait la peine de donner le change ? Il lui était parfois difficile de se mêler aux autres. Surtout lorsqu’ils ressemblaient à ça.

- Cimériès Alastor. C’est mon nom, mais il importe peu. À ta connaissance, la forêt a-t-elle rendu d’autres ruines que celle-ci ? Plus profondes peut-être ?

Plus profondément c’était enfoui, plus ancien c’était, en principe. Et donc plus à même de l’intéresser...