UN vs Acuerdo groupe #1 : abords de la Grande Cataracte

▬ Le moment est enfin venu, on dirait...

Du haut d'une dune plus élevée que les autres, le nouveau Primera prit le temps d'observer de loin la Grande Cataracte, essayant de déterminer si elle s'était encore agrandie depuis sa dernière visite.
La vérité, cependant, c'était qu'il n'y avait aucun moyen d'en juger : la façon dont la simple proximité du phénomène modifiait son environnement - brouillait les distances et déformait les proportions - rendait difficile, voire impossible, d'en cerner les contours avec exactitude... Ce qui était déjà bien assez préoccupant pour prendre des mesures.
Aujourd'hui, ils allaient finalement en avoir l'occasion. Laissant là ses observations, il se retourna vers l'autre Arrancar :

▬ Désolé de t'avoir fait demander, mais je me suis dit que tu apprécierais de prendre part à cette opération. Enfin, si tu es là, j'imagine que je ne me suis pas trompé...

L'Espada d'aujourd'hui ne leur permettait pas de se donner des ordres entre eux, mais cela ne les empêchait pas de faire des demandes. Et en l'occurrence, Artemio avait souhaité que Borick soit celui à l'accompagner jusqu'ici, pourvu qu'il accepte sa proposition.
Il n'avait pas beaucoup d'amis parmi les numéros inférieurs, et si considérer comme tel l'ancien Primera était peut-être un peu présomptueux de sa part, il restait le meilleur choix s'il lui fallait impérativement un partenaire. Au moins ne pourrait-on pas l'accuser de refuser de travailler avec les autres factions.
Et surtout, pour avoir déjà eu l'occasion d'en discuter et ce dès leur première rencontre, il savait qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes concernant les incursions humaines au Hueco Mundo. Être officiellement mandatés pour y mettre un terme les satisferait donc aussi bien l'un que l'autre. On les avait prévenus qu'ils risquaient de rencontrer de la résistance si des mortels étaient encore présents sur place, mais c'était de l'ordre du détail.

▬ Je sais que tu n'aimes pas trop te salir les mains, mais... Sortant l'une des siennes de sous sa cape, il forma immédiatement un Cero, dont les lueurs pourpres se reflétèrent son visage, mettant en valeur un sourire cruel. ...Je me disais que tu aurais peut-être envie de faire une exception. C'est une grande occasion, pas vrai ?

Sans attendre de savoir si Borick allait se joindre à lui, il décocha son tir en direction des diverses machines placées de part et d'autre de la distorsion dans un concert d'alarmes et autres signaux. Bien évidemment incapable de comprendre la fonction de chacune d'elles, encore moins d'un simple regard, il ne voyait pas d'autre option que de toutes les détruire.
Alors, et seulement alors, leur monde pourrait-il commencer à guérir...

Lui aussi observait la scène, écoutant les paroles du Primera. Il n'avait pas hésité une seule seconde à le rejoindre suite à son invitation. Un autre que lui n'aurait peut-être pas été écouté. Mais les circonstances ici étaient intéressantes pour lui. Il eut un sourire alors qu'il posait son regard sur Artemio.

- Tu as vu juste, nul besoin d'excuse. Et puis ce sera aussi l'occasion de marquer les esprits de ces pauvres fous. Pour les avoir croisé récemment, j'estime que le temps des avertissements est révolu. Il nous faut passer aux châtiments, je le crains.

Pour cela, il savait qu'il allait devoir faire plus que ce qu'il avait montré au cours du tournoi précédent. Faire appel à son pouvoir n'était pas une chose qu'il faisait à la légère mais ici, il n'avait guère le choix. Artemio avait d'ailleurs bien cerné son caractère et savait qu'il n'était pas habituel pour l'Empereur d'agir directement. Sauf quand les circonstances l'exigeaient.

- Et puis, qui a dit que j'aurai à me salir les mains directement ?

Cette petite phrase énigmatique le fit sourire. Et la Primera Espada comprendrait très bientôt la raison de ces paroles. Alors que le Cero filait tout droit, il ne put s'empêcher de sourire. Le comité d'accueil était déjà là visiblement et le premier visage qu'il perçut n'était évidemment pas étranger. Alors qu'elle prenait la parole, il ne put s'empêcher d'incliner légèrement la tête dans sa direction, en guise de salutations. Il comprenait son désarroi. Après tout, ce pacte les avait jusque là préservé. Mais les temps changeaient, surtout lorsqu'on savait qu'ils étaient responsables d'une partie de leurs maux.

- Quel plaisir de te revoir, très chère Reine. Je dois toutefois admettre que cette fois, les circonstances qui m'amènent ici sont différentes de la dernière fois. J'en suis terriblement désolé.

Seulement son visage n'affichait rien d'autre qu'une certaine forme d'amusement. S'il avait apprécié la teneur de ses échanges précédents avec elle, il n'en oubliait pas qu'elle avait clairement affiché à l'époque son envie à elle et aux siens de prendre possession de ces terres, sans la moindre ingérence des Arrancars. Des propos qui lui avaient évidemment fortement déplus à l'époque.

- Artemio, laisse moi te présenter Recca. Une des Reines de leur précieuse organisation.

Il ne paraissait pas agressif. Mais restait sur ses gardes évidemment. A sa ceinture apparaissait clairement son propre sabre, aussi blanc que la tenue qu'il portait. Mais en dehors de cela, rien ne laissait entendre qu'il était près au combat si nécessaire. Toutefois, les paroles à suivre permettraient certainement de comprendre un peu plus la raison de leurs présences à tout deux.

- Comme je te le disais, nous ne sommes plus ici en qualité de protecteur. Ce pacte vous concernant ne semble plus vraiment d'actualité. Surtout si l'on se base sur les événements récents. Malheureusement, la confiance que mon peuple vous porte s'est effritée. Il est temps pour nous de reprendre possession de ces terres qui nous appartiennent.

Il n'y avait aucune place à la négociation ici. Le tir d'Artemio avait marqué les esprits mais les paroles de l'Empereur confirmaient sans doute les craintes de la douce Recca. Artemio paraissait plus enclin à frapper qu'à discuter. Il ne doutait pas que cela risquait de finir ainsi, étant donné leurs ordres.

A peine avait-il eu le temps de finir ses propos que déjà les hostilités débutaient. L'Empereur ne pouvait toutefois pas jouer la carte de la surprise étant donné que son partenaire avait ouvert les hostilités. Certes, cela n'avait été que des dégâts matériels mais il ne pouvait nier le caractère belliqueux de cette simple action. Cette poussière lui paraissait dangereuse mais semblait prendre pour cible la Primera, qui serait aisément susceptible de s'en défaire. Son attention se portait donc sur l'homme nouvellement arrivé. Et sur sa compagne.

Seul un soupir s'échappa de sa bouche alors qu'il tirait sa lame de son fourreau. Cette fois, nulle hésitation. Le combat était inéluctable et s'il rechignait à dévoiler son pouvoir aux autres Arrancars, il n'avait aucun mal à le faire face à des ennemis de son peuple. Alors que la phrase de libération était prononcée, les effets de celle-ci furent rapidement visible. Sa tunique blanche s'était désormais allongée pour former dans son dos quatre membranes grises ressemblant à des ailes étranges. Ces dernières enveloppant son corps, formant une sorte de cape qui lui donnait alors l'allure d'un prince. Son masque prenait également plus de place sur son visage tandis que son Hierro recouvrait une grande partie de ses membres, formant au bout de ses mains des griffes recourbées, comme des serres.

- Je déteste ces manières. Mais je crains qu'il ne nous faille défendre notre demeure.

Les pulsations qui s'échappaient de son corps semblaient attirer des créatures autres que les deux Arrancars présents, comme si ces Menos Grande étaient attirés par une balise. Plusieurs d'entre eux arrivaient déjà derrière l'Empereur alors que leur cri se faisait entendre tout autour. Un cri qui était là pour perturber la cible choisie. La Reine, ici. Cri Hollow

Quant à l'autre humain, il allait goûter à une de ses spécialités. D'un simple mouvement de la "main", il fit apparaitre plusieurs disques d'énergie qui filaient déjà vers le nouvel arrivant. Dans le but évident de l'entailler de toutes parts. Sur ses gardes, l'Empereur était prêt pour la suite. Il le savait, il le sentait même : ce combat serait pénible. Et ses Serviteurs allaient être mis à rude contribution.

▬ Je te remercie d'avoir voulu faire les présentations, dit-il à Borick. Mais à vrai dire, je ne suis pas intéressé. Après tout, ce n'est pas comme si nous allions les revoir lorsque nous en aurons terminé.

D'une manière ou d'une autre. Et puis, tout monstre qu'il soit à leurs yeux, ne pas nommer ce qui allait constituer son prochain repas semblait être une question de bon sens.
Car s'il s'était pour sa part contenté d'attaquer leurs maudites infrastructures, à l'origine de leur contentieux, eux choisirent de s'en prendre à lui directement. Et puisque le premier sang était versé par leur faute, il n'avait désormais plus aucune raison de les épargner.
À la bonne heure.

▬ Oh, mais c'est qu'il y en a d'autres ! s'exclama-t-il, chassant distraitement la poussière qui s'était déposée sur son accoutrement, sans trop se soucier de celle qui essayait de se frayer un passage à travers son Hierro. Nous faisons bien de venir les déloger, encore un peu et ils allaient se croire en camp de vacances...

N'ayant jamais assisté en personne à leurs allers-retours entre le monde des humains et le Hueco Mundo, Artemio ignorait de combien de membres étaient composées leurs délégations, d'ordinaire ; en ce qui le concernait, deux, c'était déjà deux de trop. Les seuls humains à avoir droit de séjour était ceux que l'on ramenait de la chasse en attendant de les dévorer.
Une opinion qu'il garderait pour lui, doutant que Borick apprécie sa barbarie - même si lui aussi avait autrefois bien dû se nourrir, pour en arriver à ce qu'il était aujourd'hui. Et si, en temps normal, il était peu disposé à assumer sa nature bestiale, l'Empereur parut pour cette fois être prêt à faire une exception.
Pour sa part, il se contenta de sourire ; s'il admettait volontiers qu'ils devaient poursuivre leur évolution en arrachant leur masque - ne s'y était-il pas lui-même résigné ? -, c'était encore sous cette forme qu'ils étaient le plus fidèles à eux-mêmes. N'en déplaise aux poseurs de La Cámara.

Ce fut alors au tour de la demoiselle, activant son propre pouvoir, de lui jeter un sort ; n'ayant jamais encore été confronté à l'un d'entre eux, il choisit de le recevoir de face, curieux d'en faire l'expérience. À l'évidence, il s'agissait d'une sorte de tentative de déconcentration, ou peut-être d'hypnose ; à part cligner des yeux, il ne sut pas trop comment il devait y réagir. Ce n'était bien sûr pas très agréable, mais l'on ne pouvait pas dire que ce soit douloureux.
Soit. C'était assez décevant.

▬ Je ne crois pas, non...

D'un geste souple, il extirpa sa lame de son fourreau, jusqu'alors à l'abri des regards sous sa vaste cape, et d'un « Calcine, Resplandor » plein de flegme, procéda à sa Resurrección. Sa peau parut alors se craqueler, noircir sous l'effet de la chaleur intense qui s'était déclarée sous elle, avant d'enfin se rompre pour permettre à la taille autrement plus massive de sa forme vraie de prendre toute son envergure.
Devant eux se tenait un géant haut de plusieurs mètres, à la couleur écarlate et à l'aura si brûlante qu'on l'aurait cru fait de feu solide ; un spécimen unique parmi les Arrancars, à n'en pas douter.


Il reprit alors, sans changer de timbre, chaque syllabe désormais réverbérée et amplifiée par la protection qui avait recouvert ses lèvres, et avec elles l'ensemble de ses traits :

▬ Je pense plutôt que nous vous attaquerons, avec toutes nos forces s'il le faut, pour vous assurer que vous ne remettiez plus jamais les pieds ici. Nous ne sommes que l'avant-garde. Bien que son visage masqué à nouveau soit dépouillé de quoi que ce soit ressemblant à une bouche, du moins de prime abord, son sourire se devinait dans sa voix - de même que le mépris qui lui succéda. Nous vous avons déjà laissé rester beaucoup trop longtemps. Estimez-vous heureux que notre patience ait duré jusqu'à maintenant.

Qu'espéraient-ils ? Qu'à deux, ils réussiraient à tenir ce poste de garde si l'Espada entière devait déferler sur leurs positions ? C'était bien optimiste de leur part. Croyaient-ils encore qu'ils agissaient seuls, sans l'accord de leur hiérarchie ? Si c'était le cas, ils risquaient de déchanter rapidement.
Bien sûr, Artemio avait bien l'intention de leur infliger seul - ou, puisqu'il était là de toute manière, avec l'aide de Borick - la correction qu'ils méritaient, mais il ignorait si d'autres de leurs petits camarades se cachaient encore parmi leurs outils, ces machines qu'il ne comprenait que trop peu.
Ces futurs amas de boulons, de métal fondu qui étaient en vérité ses premières cibles. Les humains qui les gardaient n'étaient qu'un bonus agréable, qu'il prendrait plaisir à se mettre sous la dent une fois l'effort achevé.

▬ Roi, reine... Ici, vous savez, nous en avons au moins quatre. Ne m'en voulez donc pas s'il m'est difficile de paraître impressionné...

Et si sa taille désormais considérable - près de cinq fois celle de n'importe quel combattant, à l'exception des Menos que Borick avait appelés en renfort - aurait facilement laissé entendre qu'il pouvait être plus lent, étant le dernier à réagir,il n'en était rien en vérité.
Preuve en fut de la vivacité avec laquelle il pointa un doigt - ou fallait-il parler de griffe ? - en direction de son agresseur et décocha un Cero, ignorant le temps de préparation qu'aurait dû demander pareille arcane à n'importe quel membre de son espèce.
Le faisceau n'était pourtant qu'une modeste diversion ; s'il avait pris la peine de se métamorphoser, ce n'était certainement pas pour se contenter de ces banalités. Ainsi, de sa peau ardente se détachèrent de minuscules fragments ; autant d'étincelles qui jaillirent de lui pour mieux fondre sur sa cible, à la manière d'un déluge incandescent - d'une pluie de feu et de destruction.
Même s'il devait en réchapper, ce ne serait sans doute pas sans d'abord avoir récolté d'ignobles brûlures ; la monnaie de sa pièce, en quelque sorte. À la manière pleine de fierté qu'avait eu sa compagne de le présenter, tout portait à croire qu'il était le plus important d'entre eux, comme sa masculinité le laissait deviner ; l'éliminer en premier tombait sous le sens.

▬ Mais puisque vous tenez apparemment à faire connaissance, sachez que vous avez affaire à Artemio Vittoria. Primera Espada.

Une partie du masque de Borick tombait au sol sous l'effet de sa propre technique tandis que les techniques se déchaînaient de part et d'autre. Si les paroles de la Reine l'amusaient, il n'en montrait rien. Il faut dire qu'il était étonnant de croire que même en cas de défaite, cet endroit pourrait rester sous la domination des humains. D'ailleurs Artemio s'évertuait à déchaîner sa fureur ici, réduisant peu à peu les différentes pièces en charpie.

Quant à ce roi dont elle paraissait si fier, il ne dégageait rien de spécial selon lui. Certaines créatures pouvaient se prévaloir d'un certain charisme, d'un petit quelque chose qui les hissait au dessus du lot. Mais ici, ces Seigneurs de l'autre monde ne dégageaient qu'une bestialité similaire à celle de ces pauvres Hollows sans âme. Qu'importe finalement, il fallait aller au bout même s'il détestait en venir aux mains.

Cette lumière était déstabilisante et le blondinet en convenait aisément. Il n'appréciait pas ce procédé mais savait qu'il pourrait quoi qu'il en soit poursuivre son propre combat. Et pour cause puisque ses propres créatures seraient ses yeux et ses oreilles. Temporairement. Il ne pouvait donc s'attarder sur ce petit jeu de lumière. Pourtant, il sentit sa propre puissance en pâtir alors qu'un des Menos se faisait dévorer par cette étrange poussière. La force et la faiblesse de son propre pouvoir résidant précisément dans le contrôle qu'il avait de ces créatures, si elles étaient touchées, il l'était par leur intermédiaire. Le cri d'un des Menos continuait de résonner sur la place, se focalisant toujours sur Recca tandis que le regard de l'Empereur se posait sur le Roi.

- Lui !

Du bout de sa griffe, il désignait la cible de la prochaine attaque tandis qu'il sentait ses propres forces se faire aspirer par le Gillian. Ce dernier ouvrait grand la gueule, faisant naître la fameuse sphère rouge si connue des ennemis des Hollow. Un Cero plus puissant que la normale puisque le Quinta déversait son énergie vitale dans l'assaut pour tenter de surprendre. Seulement il ressentait aussi les effets pervers de la technique de Recca. Qu'importe, les dés étaient jetés. Le rayon se précipitait déjà sur l'homme. Suivit immédiatement de plusieurs Bala qui prenaient eux aussi la même direction, cherchant simplement à faire déferler l'enfer sur l'humain qui était ce jour son ennemi.

Pour le moment, Borick restait statique. Ses attaques n'avaient pas besoin de l'obliger à se déplacer et il observait la scène dans son ensemble. Juste derrière lui, un grand Menos restait lui aussi figé. Ultime garde du corps. Pour l'heure, il n'était pas encore nécessaire de faire appel à plus de pouvoir.

▬ Depuis le temps que vous souillez notre paysage, vous devriez le savoir... L'aube ne se lève pas au Hueco Mundo.

Le sable, en revanche, se teinterait volontiers d'une belle couleur écarlate. Ne serait-ce que du sang des malheureux qui occupaient apparemment la structure, et dont les râles de douleur et d'agonie ne lui parvenaient que maintenant. Il n'avait pas particulièrement cherché à les tuer, mais qu'y pouvait-il s'ils étaient incapables de survivre à un malheureux Cero ?
Oui, les humains étaient si fragiles... Enfin, à l'exception peut-être des deux spécimens qui se dressaient devant eux, que leurs pouvoirs rendaient étonnamment tenaces. Leurs semblables pouvant parfois périr du simple fait de se tenir en sa présence s'il n'y prenait pas garde, écrasés par son pouvoir, il n'était aucunement préparé à rencontrer une telle résistance de leur part.

Le monde avait bien changé en son absence : depuis quand est-ce que le gibier savait se défendre ? Ce manque de prévoyance de sa part - comment aurait-il pu s'y attendre ? - le mena à recevoir des dommages considérables, ne dressant que dans l'urgence un ersatz de défense, les contours d'un gigantesque Negación à sa mesure se dessinant autour de lui pour mieux disparaître une fois arrivé au bout de sa résistance.
La soi-disant « défense invincible » des Hollows ne l'était que tant que l'on ne frappait pas assez fort pour la traverser ; il n'était pas sans le savoir, pour avoir lui-même, au temps jadis, dévoré nombre de Menos s'étant crus à l'abri derrière sa protection. Que des mortels en soient capables était néanmoins un indicateur inquiétant : pour qu'ils aient pu amasser tant de puissance, eux autrefois si misérables, c'était que leur peuple les avait laissés en paix beaucoup trop longtemps. Voilà ce que l'on gagnait à se prétendre civilisé...

▬ Et bien, vous voilà bien silencieux, tout à coup... Je croyais que vous vouliez des explications ? lâcha-t-il malgré le sang qui, sous le masque, avait empli sa bouche.

Dans ces circonstances, il semblait malavisé de révéler sa pleine puissance. D'une part parce que ce serait leur révéler une précieuse information - si lui ignorait l'existence de la Segunda Etapa il y a encore peu de temps, quelle chance y avait-il pour qu'eux, vulgaires terriens, en aient entendu parler ? -, et d'autre part parce que sa négligence lui avait déjà coûté trop cher pour qu'il puisse le faire sans se mettre en danger.
Non seulement l'atteindre prendrait du temps - une poignée de secondes, peut-être, mais c'était déjà beaucoup -, et ce serait également infliger à son corps un fardeau qu'il n'était pas sûr de pouvoir encaisser à sa guise. Il n'avait jamais encore cherché à la revêtir en situation de combat réel, et « s'entraîner » ne faisait pas vraiment partie de ses habitudes ; en somme, c'était trop dangereux pour s'y hasarder.

Et qu'il s'en fasse la réflexion mit en évidence un constat effarant ; qu'il se sentait menacé.
Que lui, considéré comme un Dieu parmi les siens, Primera Espada, était mis en péril. Par eux, par ces êtres inférieurs tout juste bons à assurer leur subsistance - à leur servir de nourriture. C'était un sentiment dont il n'avait aucunement l'habitude, s'étant toujours trouvé en position de force, de supériorité écrasante - et l'on ne pouvait pas dire qu'il apprécie la découverte.

Tiraillé entre l'orgueil féroce qui lui dictait de répondre à cet affront et l'instinct primal qui voulait le pousser à la retraite, il laissa exploser toute l'ardeur de son aura pour en accabler leurs adversaires, mettant sans nul doute un peu plus à mal la piétaille qui se cachait encore derrière eux. Le Hueco Mundo n'était pas un endroit accueillant, et s'ils y étaient restés longtemps, sans doute avaient-ils dû prendre leurs précautions ; néanmoins, rien n'aurait pu leur laisser entendre qu'ils devraient avoir de quoi survivre à une vague de chaleur.
Puis, un orbe pourpre vit le jour au cœur de chacune de ses paumes, alors qu'il armait non pas un, mais deux Ceros ; une attaque qui, pour lui, n'avait rien de très impressionnant, mais dont l'ampleur lui permettrait de causer des dégâts significatifs à son environnement, même à faible puissance.
Leur but n'était pas tant de les exterminer - quand bien même il n'avait rien contre - que de les empêcher de continuer leurs opérations douteuses sur leur territoire ; cela au moins serait fait, d'une manière ou d'une autre.

▬ Ce monde n'est pas le vôtre. Notre bienveillance à votre égard n'a que trop duré, et elle nous a coûté trop cher pour que nous daignions vous tolérer plus longtemps. Maintenant que nous en avons la permission, nous détruirons sans relâche tout ce que vous abandonnerez sur nos terres. Obstinez-vous donc, si vous le voulez, et nous nous assurerons que vous ne retrouviez que des cendres.

Il déclencha son tir, les deux faisceaux fusant en direction de l'homme - de ce roi de pacotille, qui devrait déjà être mort - pour s'entrecroiser, se renforçant mutuellement avant l'impact, les lui destinant moins qu'à toutes les constructions qui tenaient encore debout derrière lui et à leurs pathétiques pensionnaires.
S'il pouvait faire d'une pierre deux coups, néanmoins, il n'avait pas de raison de s'en empêcher - pas plus qu'il ne se priverait de commander à la chaleur ambiante de s'abattre plus durement sur sa cible, de l'assécher au point que même son aura puisse s'enflammer malgré lui comme du vulgaire bois mort. Nul besoin d'être tangible pour prendre feu, si telle était sa volonté.

La situation échappait à leur contrôle. Qui aurait pu s'attendre à ce que des humains - de misérables, pitoyables humains - s'avèrent être des adversaires aussi redoutables ?
Même Borick, alors pourtant qu'il les connaissait, semblait pris au dépourvu, ayant, sous le feu ennemi, brièvement relâché son emprise sur les Menos constituant sa garde rapprochée.
Certes, il était à prévoir que les « rois » de leur organisation - fassent preuve d'un peu plus de valeur que la piétaille ordinaire, mais de là à ce qu'ils soient de taille à rivaliser avec les membres de l'Espada... Avec lui, quand bien même il n'était pas au summum de son pouvoir...

▬ Désolé de te décevoir, mais j'ai vécu plus de mille ans... Ce n'est pas une petite péronnelle comme toi qui aura raison de moi ! gronda-t-il malgré la douleur qui lui tordait les traits sous le masque écarlate.

Oui, décidément, il avait du retard à rattraper. Malgré son peu d'intérêt pour la race humaine - qui s'intéresse au devenir du bétail ? -, peut-être allait-il devoir se renseigner ; cela lui éviterait d'être ainsi pris de court, la prochaine fois.
Car prochaine fois il y aurait. S'i y avait bien une chose dont il était certain au milieu de toute cette débâcle, repoussé par les assauts ennemis, c'était qu'ils allaient revenir, mieux préparé, et feraient en sorte que ces punaises prétentieuses regrettent le jour où elles avaient cru bon de venir infester leur territoire.
Plus meurtri qu'il ne l'avait été depuis longtemps - plus longtemps qu'il ne pouvait s'en souvenir, il décida de renoncer à sa Resurrección et au gigantisme qui l'accompagnait avant qu'elle ne cède par elle-même, reprenant son visage d'adolescent au milieu de la poussière soulevée par l'impact des attaques successives et des débris vermeils de son Negación mis à mal.

Il ne prit pas la peine de faire l'inventaire de ses blessures, trop nombreuses pour qu'il puisse les compter, et ça n'aurait fait que les rendre plus pénibles encore ; qu'entamer un peu plus le peu d'endurance qu'il lui restait. Débarrassé de ses griffes acérées, il eut tout le loisir de porter la main à son épaule, soutenant un bras trop ballant pour être en bonne santé.
Qu'il tienne encore debout relevait du miracle - quoique l'orgueil, lui non plus, n'y soit pas étranger ; il refusait de leur donner la satisfaction du moindre signe de faiblesse supplémentaire, sa cape empourprée trahissant déjà bien assez les lésions dont sa peau était parsemée. Avoir la vue troublée par la douleur n'était heureusement pas suffisant pour le réduire au silence, car il lui restait des choses à leur dire...

▬ Oh non, je t'assure qu'il n'y a aucune erreur de notre part... fit-il, souriant d'un air mauvais en passant la langue sur ses lèvres, goûtant pour la première fois depuis des siècles à la saveur de son propre sang. Nous savons parfaitement à qui nous devons le trou fait dans notre monde, qui sont les parasites que nous devons en extraire... Mais oui, cela devra attendre une prochaine fois. Après tout, il convient de prendre le temps de prévoir vos funérailles.

Pour l'Acuerdo, cet échec constituerait sans doute une forme de déshonneur : leurs Primeras - ancien comme nouveau - n'étaient pas parvenus à déloger leurs invités, devenus indésirables. Mais n'était-ce pas leur faute pour leur avoir permis de rester, en premier lieu ? Pour leur avoir laissé le temps de consolider leurs défenses - de se préparer au moment où ils ne seraient plus les bienvenus ? Qu'ils récoltent la monnaie de leur pièce ; cela leur apprendrait à marchander avec n'importe quoi, et surtout n'importe qui.
Et si dire que lui-même s'en réjouissait serait excessif, il ne haïssait pas cette situation autant qu'il aurait pu le penser de prime abord. Habitué, des siècles durant, à tout écraser sur son passage, à ce que rien ne le stimule, à ce que nul ne soit digne d'être appelé son « adversaire »... Il ne lui était pas forcément désagréable de constater que quelqu'un pouvait encore lui offrir un combat digne de ce nom. Il aurait préféré l'apprendre en d'autres circonstances, que ce soit quelqu'un d'un peu plus digne, mais il devrait s'en contenter.

▬ D'ici là, commencez donc par celles de vos laquais, je crains qu'ils n'aient pas supporté le climat local... fit-il difficilement, réprimant une quinte de toux ensanglantée. Car si eux étaient en mesure de se défendre, on ne pouvait en dire autant de tous les domestiques entretenant ces étranges machines - pour celles d'entre elles qui avaient résisté aux attaques lancées directement contre la structure. Sentant sa conscience s'étioler, il estima qu'il était temps de partir, tant qu'il en était encore capable. Borick, allons-nous-en.

Ce qu'il fit pour sa part d'un simple Sonido, n'étant de toute façon pas capable de plus et encore moins dans son état, doutant que celui qu'on appelait El Emperador - guère mieux loti que lui après ces confuses passes d'armes - tienne à poursuivre jusqu'à tomber sous leurs coups.
Leur but premier était après tout d'interrompre leurs expériences ; ce serait fait jusqu'à ce qu'ils trouvent le moyen de faire venir plus de domestique pour assouvi leurs basses besognes. D'ici là, qu'ils savourent donc leur semblant de victoire : elle serait de courte durée.

Les précédentes attaques atteignirent Borick sans même que ses Menos n’aient le temps de protéger leur Empereur. Et cette fois, il le sentit passer. Certes, ses forces étaient toujours là, bien présente, mais se faire surprendre de la sorte n’était clairement pas une habitude le concernant. La raison de cet écart ? Elle lui échappait. Un court moment, son esprit avait été comme emporté. Ailleurs.

Il n’avait pas l’habitude de saigner. Et pourtant c’était ici le cas. Ses plaies, nombreuses et douloureuses, eurent au moins l’effet de le ramener à la réalité. Se redressant – l’impact l’ayant projeté au sol – il déploya ses ailes. Désormais l’Empereur ne possédait plus cette « cape » caractéristique, alors que de nouveau une partie de son propre masque tombait au sol.

Artemio paraissait quant à lui encore plus mal en point. Sa taille avait fait de lui la cible préférée de la Reine Rouge. Sans compter les provocations que ces deux là ne cessaient de se balancer. Borick poussa un simple soupir alors que de nouveau, il était pris pour cible.

- Pas cette fois, non.

Le Menos derrière lui semblait sortir de sa torpeur précédente. Un rayon d'énergie pure enveloppait l'Empereur tandis que le corps de la créature faisait barrage lui aussi. La protection reconnue des Menos Grande pouvait arrêter n'importe quelle attaque, ce qui fut le cas ici. La contrepartie fut néanmoins la disparition de la créature, trop faible pour résister à ces attaques dont Recca l'abreuvait. Sa protection céda. De son côté, Artemio venait de quitter le combat, trop blessé pour poursuivre, préférant certainement la fuite à la mort. Ce qu'il comprenait. La mission était en partie réussie grâce à ses attaques ciblées. Cependant le Quinta ne pouvait que reconnaître ici qu'ils avaient été surclassés par la Reine. Et par son compagnon.

Il n'était donc plus nécessaire pour lui de garder cette apparence qu'il n'appréciait que peu. Son pouvoir se brisa. Son apparence redevenant celle que les autres avaient l'habitude de voir. A la différence que ses plaies, toujours présentes, l'amenuisait clairement. Son épée était revenue dans sa main alors que son masque se brisait complétement, que ses ailes se fondaient de nouveau en lui. L'Empereur était revenu. Et les créatures sous son pouvoir redevenaient sauvages. Elles n'eurent toutefois pas le loisir d'attaquer.

- Me voilà seul face à vous. Autant dire que je n'ai désormais plus la moindre chance, n'est-ce pas ? Bien que vous n'en ayez pas besoin, permettez moi au moins de vous débarrasser de ceux-là. En guise de félicitations, dirons-nous.

De la pointe de son sabre, il désignait tour à tour les rares Menos restants. Une étrange lueur enveloppait l'Espada ainsi que les monstres restants. Ces derniers poussèrent alors un étrange cri tandis qu'ils tombaient en poussière. Dans le même temps, certaines des plaies les plus graves du blondinet se refermaient, comme s'il aspirait la force de ces créatures pour se régénérer.

Il rengaina son sabre, essayant aussi de remettre un peu en ordre sa tenue. Il se sentait nettement mieux après ce "repas" improvisé. Techniquement, il se savait encore capable de combattre. Mais si cette rixe était déjà mal engagée au départ, ce ne serait ici qu'un suicide de s'opposer à ces deux là seul. Il inclina seulement la tête dans la direction de Recca.

- Très chère Reine, ta victoire est totale et indiscutable, je n'ai nulle honte à l'avouer. Il semble que nous ayons mésestimé les forces qui sont les vôtres. Une erreur qui ne se reproduira pas. Artemio n'oubliera pas cet affront, je suppose. Quant à moi ? Je vais vous laisser ici. Mourir n'étant pas dans mes projets.

Orias comme Recca étaient encore en droit de le poursuivre. Mais à en croire l'état des lieux, ils allaient avoir du travail. Et même eux devaient comprendre que sous peu, l'arrière-garde de l'Acuerdo déferleraient ici. S'ils devaient encore sauver quelque chose, c'était maintenant. Tant qu'ils le pouvaient.

De nouveau, il inclina la tête vers eux, une main sur son supposé coeur. Un sourire aux lèvres. Son corps le faisait souffrir, ses plaies saignaient encore. Il allait devoir se soigner. S'ils avaient des choses à dire, c'était maintenant. Car après, l'Empereur tirerait sa révérence. Avec grâce. La seule chose qu'il lui restait ici.