Mission #4 : "J'adore les Hollow. Dans 20-30 ans y en aura plus"

Il y avait de quoi être surpris. La chose était sortie d’une anomalie majeure dont le danger avait été un point bien appuyé de la discussion. Le simple fait que cela ne survienne avait surpris les plus aux faits de ce trou face à eux. Lui de son côté s’était contenté d’user d’une arme des plus basiques, bien loin de l’impact que pouvait avoir la Grande Cataracte.
Alors pourquoi cette réaction ? Il n’avait pas la réponse, bien qu’il ne pouvait que supposer que cette destruction était du fait de la chose elle-même. Dans le cas contraire, l’explosion aurait été plus simultanée par rapport à l’impact.
Au final, s’en être occupé à distance était certainement une bonne chose. Ils avaient pu se prémunir de la déflagration, cela aurait été plus compliqué si l’angelot avait explosé plus près d’eux.

Les autres devaient être parvenus à une conclusion similaire pour que nul ne fasse de remarque, si bien qu’il se garda également d’en effectuer, s’intéressant à la suite de l’opération. Ou plutôt sa fin. Il ne pourrait exactement dire elle utilité pourrait en être tirée. Après tout, le but restait que The Hierophant puisse constater de ses propres yeux et eux de l’escorter. Certes, cela s’était transformé en échange, mais tel n’était pas l’intérêt premier. Sinon, pourquoi diable ne pas avoir fait venir de Cups ?
La conclusion de tout cela semblait de trouver un nom à cette base. Une première proposition fut partagée. Son supérieur direct ne fit aucun commentaire, soulevant déjà un autre point. Et le dernier participant, de son côté, démontra une nouvelle fois sa incapacité à réfléchir de façon logique.

>> Eh, si le but est de s’en servir pour produire de l’énergie, le but n’est pas de chasser mais de récolter leur Reishi comme on récolte des fruits. Une sorte de ferme donc.

Sur son visage, un sourire amusé. Bien étonnant venant de lui, mais pouvant démontrer ce qu’il pouvait penser de l’idiot. Un profond mépris.

>> Bien sûr, je ne saurais si cela pourrait être techniquement réalisable. Cela dépasse de loin mes compétences. Mais si c’est le cas, la piste pourrait être à creuser. Il ne faudrait pas que cela ne dérange les autres points prioritaires, mais avoir une solution de secours est toujours bon. Et puis… Il faut bien faire quelque chose des perdants dans une guerre non ?

Non pas qu’il était pour réduire les vaincus en esclavage, bien loin de là même. Simplement, il était bien placé pour savoir que lors d’un conflit, le ressentiment chez les perdants était bien souvent présent. Si dans ceux qu’il avait connu jusque là, cela ne posait pas forcément problème de par la nature humaine, quand on faisait face à des bêtes aux capacités aussi importantes, la prudence se devait d’être de mise.

>> Pour la base, et bien je n’ai pas d’avis sur la question. Je n’ai jamais vraiment eu de considération pour les noms. Du moment qu’elle remplit son rôle, c’est le plus important.

L’aspect pragmatique du soldat ressortait en cet instant. Si la mission touchait à sa fin, il ne manquerait pas de constater un peu plus de ses yeux l’infrastructure des lieux, afin de voir si ses connaissances pratique au sein du monde normal pouvaient s’appliquer ici.
Ce n’était pas car il ne possédait pas les connaissances techniques pour les réaliser qu’il ne pouvait avoir des idées. Après tout, bon nombre d’avancées étaient dues à la rencontrer entre les soldats et les scientifiques.

Noda plissa les yeux face à la réponse de l'Ace. Son analogie semblait oublier quelques points clés. Il omettait d'abord que tout hollow installé sur une hypothétique "ferme" devrait être chassé et capturé en premier lieu, puis rechargé une fois à court de Reishi. Cela pouvait être fait soit en attendant qu'il en absorbe dans l'air, un processus parfaitement interminable, soit en le nourrissant d'autres hollows qu'il faudra donc à nouveau chasser. Enfin, les chasseurs devraient limiter au maximum leurs dépenses de Reishi, de sorte à ne pas dépenser plus que ce que les hollows pourraient produire. Tout cela indiquait qu'il serait au final préférable de se contenter d'une technologie de récolte mobile, comme l'avait suggéré le King au tout début de la discussion. Qu'importe, le sourire benêt de Jabbeworck semblait indiquer une grande satisfaction, et Noda n'avait pas de grand intérêt à briser sa bonne humeur ici et maintenant.

Les choses semblaient être arrivées à leur conclusion au Hueco Mundo. Pesant le pour et le contre, Noda se décida à agir immédiatement, et se rapprocha rapidement de Kyoya avant qu'il ne quitte les lieux.

"J'aimerais avoir un mot en privé si vous disposez de quelques minutes, King."

Sa main pointée vers le désert indiquait de façon assez évidente son désir de s'éloigner de la base et des autres cadres de l'UN en leur présence. Chacun d'eux aurait un rôle à jouer en temps et en heure si et seulement si le dernier maillon qu'était Kyoya finissait par rejoindre la machination. Noda avait constaté jusqu'ici un plaisant bon sens dans les propos du surhomme qu'il espérait désormais voir rester constant dans la discussion qui allait suivre. Il était plus confiant sur le sujet qu'il ne l'était lors de leur entrée commune au Hueco Mundo, mais il pouvait toujours être surpris.

En effet, sa récente conversation avec Orias lui avait clairement démontré que si beaucoup, au sein d'Ultima Necat, partageaient ses observations sur ses piètres capacités défensives, tous n'étaient pas prêts à y remédier à la vitesse que Noda estimait nécessaire. Comme il l'avait anticipé, il semblait que les revenants, plus traditionalistes sur la question de la séparation stricte des mondes, soient particulièrement hostiles à l'idée. Qu'importe, il lui fallait essayer, sans quoi l'alliance humaine se retrouverait bien vite assaillit de toutes parts et sans défense. Une fois suffisamment éloigné de potentiels gêneurs, il reprit.

"Je serais bref. Tous nos alliés ne sont pas forcément favorables au projet que je m'apprête à vous présenter, et il me semble innutile de préciser que ces quelques réfractaires ne constituent pas les seules oreilles indiscrètes dans ce désert."

Le PDG sort d'une poche interne de son manteau un dossier de quelques pages somme toute relativement commun, et le tend à son interlocuteur.

"Je serais ravi d'en discuter plus en détail avec vous à Shinjuku, mais il me semble qu'il s'agit d'une affaire pressante, et vous semblez partager mon avis si l'on se fie à notre discussion précédente. Vous trouverez les réponses à la majorité de vos questions dans ce dossier, mais sachez que je ne viens pas à vous ainsi par hasard. Votre passé fait de vous un élement fondamental pour acquérir la... disons "ressource principale" de ce projet."

Un être plus susceptible aurait pu être offensé d'être ainsi ramené au rang de directeur des ressources humaines, mais Noda espérait Kyoya plus raisonnable. Bien sûr, son rôle primordial dans l'acquisition du personnel n'était pas la seule raison de cette prise de contact rapide.

"Je dispose déjà du feu vert de mon propre King, et vos influences combinées devraient permettre à Recca de s'y impliquer aussi. Plus encore si elle s'y retrouve poussée face aux nombre de ressources déjà déployées à ce but."

Le Jack préférait bien évidemment passer par des options plus civilisées, mais il n'excluait pas de larguer 20 000 recrues sur les bras de la Queen si elle se montrait trop hostile à Egide. Si son éthique la poussait à refuser de s'impliquer dans un tel projet, alors Noda n'aura pas d'autre choix que de faire appel à sa conscience professionnelle.

"Si vous ne disposez d'aucune question urgente, je crois qu'il serait préférable que nous en restions là."

Un monde si vide de tout, et pourtant, si riche en opportunités. Il n'y a rien, ici, rien sinon le Graal qui justifie les opérations de l'Ultima Necat: Le Reishi, à profusion. Il se demande, Kyoya... Comment est-ce qu'ils vivent, ces Arrancars ? Qu'est-ce qui défini les contours de ces quatre clans dont il ne sait que trop peu ?

Curiosité. Appréhension. Venin. Ça se mélange dans son esprit, jusqu'à ce qu'une voix le sorte de ses songes.

- Oui. J'ai un moment. Il tourne son regard vers le Jack of Coins, puis le suit. Il connaît l'homme, au moins de nom. Un nom influent. Sans doute que le groupe Kurosawa et le Mitsubishi sont en concurrence sur quelques secteurs du marché. Sans doute qu'il existe quelques accords commerciaux, sans doute que dans le monde tentaculaire des finances, business et industries, des liens existent entre ces deux noms... Or, il ne peut prétendre connaître l'héritier en personne. Pour l'instant.

Il écoute, une neutralité froide sur ses traits. Un dossier passe d'une main à l'autre. En diagonale, il lit, feuillette, tout en même temps qu'il écoute les propos du Coins. De toute évidence, le Kurosawa n'est pas le seul à s'être penché sur la question des défenses, des ressources, des effectifs. Dans son esprit martial, une des grandes failles de l'Ultimat Necat repose dans le manque de troupes régulières, de défense permanente. C'est tel qu'il a pu le répéter ailleurs : Le monde des hommes a son élite, mais n'a pas sa milice, son armée régulière, ses troupes. Les détecteurs de l'Ultimat Necat n'en sont qu'à leurs balbutiements, alors souvent, quand les menaces viennent d'ailleurs, le mal est déjà fait, le temps que les capteurs détectent l'intrusion et que les agents se déplacent.

- En voilà un projet ambitieux. Il commente, sans quitter des yeux les pages du dossier. - J'ai déjà pensé des plans dans un but similaire. Je voulais m'entretenir prochainement avec le King of Cups pour explorer l'idée d'armes et équipements adaptés à usage... Il pause. Cherche le mot. - Civil.

« les mortels », a-t-il pensé. « Les sans-pouvoirs », « ceux qui ne voient pas ». Le garde-manger géant des Hollows, depuis maintenant trop longtemps.

- Disons simplement que je vise un secteur différent, concernant la cible de recrutement.

Kyoya a pensé aux Yakuza. Mais il est perplexe. Aujourd'hui plus que jamais, la majorité des clans ne joue plus le jeu du crime comme à « la belle époque » des Yakuza. Ils se font discrets, ils se mêlent aux business légaux, ils abandonnent la brutalité des précédentes décennies pour des méthodes différentes, indirectes. Sans doute qu'une bonne majorité des Yakuza d'aujourd'hui ne seraient pas à l'aise avec une arme à feu entre les mains, qui plus est considérant les lois japonaises concernant la régulation des armes. Puis, il y a la question du voile. Est-ce qu'il s'agirait de leur dévoiler la vérité du monde ? De les utiliser comme une force armée, les former ?
Il sait comment ça fonctionne. Plus que tout, l'entièreté du clan est fidèle à l'Oyabun. Fidèle à l'excès. Ainsi, une transition réussie passerait par eux, d'une manière ou d'une autre...

Un songe, un silence. Puis, sa voix résonne de nouveau.

- Je propose que l'on rediscute le sujet dans un cadre plus propice, effectivement. Son regard se lève vers l'homme d'affaire. - Après avoir lu les détails plus avant. Il n'a lu que les grandes lignes. Il voit le potentiel, mais il voit aussi les freins. Alors naturellement, il considère les solutions. Les alternatives. - La promesse de base est intéressante. Je m'interroge sur la logistique du projet, cela étant.

ça, et d'autres choses.

- J'aimerais voir l'avancement actuel des opérations. Nous pourrons parler à ce moment. Quand est-ce que ça serait faisable?

Au plus vite, au mieux ça sera.
La guerre n'attend pas.

Comme prévu, Kyoya lui-même avait déjà un projet similaire sur le feu. Noda était cependant en avance, au moins sur le point de la recherche. Lorsque le King of Cups fut mentionné, il réagit.

"Un cadre des Cups, Diamond, y travaille déjà depuis plusieurs semaines, avant même que ce Tanjo n'ait été nommé leader de sa section. Il faudra l'en avertir à un moment ou à un autre, mais gardez à l'esprit qu'il s'agit d'un revenant. Tout scientifique qu'il est, rien ne garantit qu'il soit particulièrement ouvert au progrès."

Encore et toujours, il maintenait cette méfiance face à ces hommes d'un autre temps. Kyoya lui-même en était un aussi, mais pas de la même façon.
Lui avait vu les civilisations humaines dépasser leurs limites supposées pour établir une incontestable hégémonie sur leur environnement. Il ne s'était pas simplement réveillé du jour au lendemain dans un monde changé, mais en avait côtoyé ses bâtisseurs, les avait observé ériger des merveilles aujourd'hui prises pour acquises par les contemporains de Noda. Les revenants connaissaient le résultat de ces siècles d'innovations, et Kyoya le processus. Le PDG était venu à lui en espérant qu'il aurait la foi de penser ce miracle réplicable, et c'était exactement ce que lui avait démontré le King jusqu'à présent.

Kyoya mentionna un autre potentiel vecteur de recrutement, sans approfondir outre-mesure. Noda comprenait bien les réserves que l'on pouvait avoir sur les Yakuzas, mais ce choix, gageant qu'ils seraient bien encadrés et formés, avait au fond plus d'avantages que d'inconvénients. D'autant plus qu'un profil des plus intéressants venait de faire son apparition chez les Clubs. Quoi qu'il en soit, et comme les deux hommes l'avaient exprimé chacun à leur tour, il était en effet sage d'en parler ailleurs, à un autre moment.

"Voyons, King, la logistique, c'est ma spécialité. Tout est en place, ou est en passe de l'être. Tâchons de rester pour l'heure hors des canaux officiels d'Ultima Necat, si vous le voulez bien. Vous êtes en haut de la liste des VIP à l'Eiichi Tower. Passez quand vous le voudrez et je vous rejoindrai en moins d'une heure, quoi qu'il arrive. Le plus tôt sera le mieux."

Ainsi s'en alla Noda. Il comptait pour l'heure échanger quelques mots avec les techniciens de la base avant de rentrer. Il n'espérait pas en tirer grand chose, mais il pouvait toujours être surpris. Quand bien-même, celui qui savait tout du monde humain ne saurait se désintéresser aussi vite d'un paysage si curieux. Après tout, ce n’était pas tous les jours que l’on s’approchait autant de ce qu’avait dû ressentir Neil Armstrong.