Une nouvelle venue

- Oui. Oui évidemment. Non, ce n sera pas nécessaire. Faites lui simplement savoir que je viendrais ce soir. Horaire habituel. Qu'il ne me fasse pas attendre.

Alors que les portes des locaux de l'Ultima Necat s'ouvrait sur lui, Muzan terminait sa conversation téléphonique, prenant alors le soin de couper son téléphone et d'enlever la puce afin que nul ne puisse l'espionner de quelque façon que ce soit. Certes, les locaux garantissaient une totale sécurité mais Muzan n'était pas homme à se laisser aller à la confiance, même au coeur d'une telle forteresse.

Il ne revenait pas souvent au quartier général. Il faut dire que ses missions lui prenaient plus de temps que de raison et depuis son retour, le Five avait repris contact avec ses employeurs. Eux aussi avaient besoin de lui et de ses capacités. Mais aujourd'hui, il n'était pas ici pour une simple visite de courtoisie. Une nouvelle venue avait été affecté à son unité et en sa qualité de Five, on lui avait demandé de l'accueillir. Si cela ne le dérangeait pas en soit - ce n'était pas la première fois évidemment - il ne pouvait s'empêcher de faire le parallèle avec un autre petit génie qui avait disparu depuis lors.

Dire qu'il en était attristé aurait cependant été un mensonge. Il trouvait cela dommageable mais ne ressentait aucune émotion particulière concernant sa probable mort. Peau mate, yeux vert, cheveux noir corbeau et habillé d'un magnifique costume, il détonait clairement avec le physique habituel de ceux que l'on voyait dans le coin. Boitillant pour se rendre dans l'espace alloué aux Clubs, il s'aidait de sa canne en bois sombre surmonté d'une fleur en métal. Il avait reçu une photo et aperçu la jeune femme non loin de lui. S'approchant, il prit la parole :

- Mademoiselle Alice, je présume ? Je suis Koganei Muzan, le Five Of Clubs. Pour aujourd'hui, je serai un guide pour vous. Si vous avez des questions, n'hésitez pas. J'y répondrais du mieux que je le peux. Suivez-moi, nous allons nous asseoir si vous le voulez bien. La position "debout" n'étant pas la plus confortable pour moi.

Il ne souriait pas. Ne paraissait pas chaleureux pour un sou. Et pourtant on ne pouvait clairement rien voir de mauvais dans son attitude ou dans son regard.

En dehors peut-être d'une profonde indifférence pour ce qui l'entourait.

Ces dernières années, beaucoup de réponses à des questions dont ne se posait pas la jeune L’Epervier lui avaient été données. Il existait un monde pour les morts, un endroit où toutes les âmes, en théorie, se retrouvaient une fois l’arme passée à gauche. Les fantômes existaient également, et elle pouvait les voir désormais. Des hommes, des femmes, des enfants, avec une chaîne au torse qui vagabondaient.

Avec eux, existaient leur prédateur naturel. Les creux, les hollows, les monstres aux masques blancs. Ils s’en prenaient aux morts, ainsi qu’aux vivants, sans discrémination. Ou plutôt, si, en choisissant par simple plaisir du goût. On lui avait expliqué ce qu’on savait d’elles, des créatures sans logique ou conscience, lorsqu’elles sont faibles, et grandissantes en des monstres humanoides dévoués de pitié, mais non sans un intellect égal à celui de l’humain.

Dire qu’il en existait toute une dimension, c’était effrayant, oui, mais pas le genre de peur qui te laissait sombrer dans le désespoir. C’était comme elle l’avait lu dans de nombreux retour d’expérience. Il y a un chez-nous, un chez-eux, et chez-eux il n’y a que des menaces à notre espèce.

Elle entendait son nom être appelé, cela faisait un petit moment qu’elle attendait, mais elle pensait devoir patienter quelques minutes de plus. Elle n’était pas seulement perdu dans ses pensées, à vrai dire, elle ne se laissait jamais aller à ses inlassables questions sur le monde, encore plus depuis qu’il est devenu d’un jour encore plus vaste qu’elle ne se l’imaginait. Alice lisait une espèce de guide, détaillant ce qu’était un fullbringer, un quincy, un hollow. Un guide pour les nouveaux, dirons-nous.

- Oui Monsieur.

Pouvant tenir debout pour un très, très long moment, cela ne l’aurait pas dérangé de rester debout un livre à la main, et sa balle dans l’autre. Elle avait eu le temps de l’attacher à un collier grâce à un étui, mais elle avait encore du mal à considérer tout ça réel. Cette nouvelle vision du monde, c’est comme si un septième sens s’était éveillé en elle, et cela la dépassait.

Elle reposait le petit bouquin, lâchait enfin son pendentif et assurait la posture d’un soldat. Le dos droit, le regard devant soit, et les bras le long du corps. Cet homme était un mystère pour elle, même si elle n’était pas mieux, elle savait adopter un visage plus accueillant. Mais ce ne sont pas les facettes de sa personnalité qui l'intéressait.

Il disait être un Cinq de club, elle sait qu’elle est un Deux de club, elle avait compris que la hiérarchie ici se basait sur un jeu de cartes. Mais est-ce que cela concernait également les quincys ? Ou simplement les fullbringer ? Dans ce nouveau monde, un boiteux était autre chose qu’un gratte papier dans une organisation paramilitaire ? C’était si déroutant.

Simple et concis. Une seule réponse et rien d'autre. Cela promettait d'être simple finalement. Si elle n'avait aucune question, aucune remarque, pas même un autre mot, alors sa présence en ces lieux ne revêtait finalement aucun intérêt. Et si tel était le cas, alors il prendrait tout simplement congés. Muzan n'étant pas des plus bavards de base non plus, la rencontre serait certainement brève.

Posé, il l'observait. Il ne connaissait rien d'elle à dire vrai et n'avait que peu lu le dossier. D'expérience, il savait qu'il était plus simple de se faire son avis seul plutôt que de se fier à un simple petit papier. On ne disait pas tout à ceux qui nous interrogeaient, ne serait-ce que par principe.

- Inutile de m'appeler "Monsieur". Muzan suffira. Certes, je suis le Five mais je n'ai rien à voir avec ceux qui sont plus hauts dans notre hiérarchie. Faisons les choses simplement, si vous le voulez bien.

N'ayant pas de problème d'égo, Muzan n'avait aucun souci à ce qu'on l'appelle par son prénom. Après tout, ils appartenaient au même groupe armé. Car finalement, c'est ce qu'ils étaient : des soldats. Mieux habillés que ceux que l'on avait coutume de voir mais finalement le travail était le même. La défense du pays. Du monde ?

- Que pouvez-vous me dire de vous ? Intégrer l'Ultima Necat n'est jamais une décision qu'il faut prendre à la légère et je sais comme la plupart des nôtres ont une histoire difficile, les ayant poussés à venir ici. Peut-être est-ce votre cas ?

Une mise en situation. Histoire d'ouvrir la voie à une réelle discussion ?

La soldate n’appréciait guère appeler quelqu’un autre chose que monsieur, ou à la limite madame, et encore plus dans cette situation. Si cela n’était pas évident, Alice n’était pas japonaise, elle était française jusqu’au bout des ongles, et jusqu’à l’année dernière, les deux dernières si on était généreux, elle ne comprenait pas un broc de japonais. Après un certain délai ou elle traduisait ce qu’on lui disait minutieusement, elle répondait.

“Peut-être inutile, mais préféré.”

Respecter la hiérarchie était ancrée dans les nécessités d’un soldat, appeler quelqu’un monsieur, qu’il le veuille ou non, c’était une marque de respect, et également une indication silencieuse de garder les choses professionnelles. Alice n’était pas dupe, elle ne sentait pas particulièrement que cet incitation à la familiarité soit là pour entamer une amitié. A vrai dire, elle ne savait pas pourquoi il voulait être appelé par son prénom.

“Pourquoi ?”

Est-ce qu’elle n’avait pas répondu à ces questions lors du test psychologique ? Peut être que cet homme ne les a pas lus. Après tout, il était simplement trois places de plus que lui, non ? Probablement qu’en peu de temps, elle aura une position similaire, dans ce cas, il ne doit pas non plus avoir des accréditations plus élevées que ça, au point qu’il sache tout ce qui entre et sort de l’organisation.

“Ultima Necat est la seule option. Pour affronter les [creux]*”

Ses traits se renfrognaient. La vengeance était un vilain sentiment, certes humain, mais quelque chose dont l’humanité devait se débarrasser. Elle avait essayé de considérer la mort extraordinaire de son père comme cela, quelque chose qui aurait pu arriver à n’importe qui, un coup du sort, une calamité. Mais si elle avait réussi cela, elle ne serait pas là.

“J’ai lu. Les fullbringers normaux existent car un [creux] a attaqué leur [mère] lors de la grossesse. Un [creux] a pris mon [père], mais il doit être mort. Mort mort.”

Ne pouvant donc combler son vilain péché, les swords n’étaient pas son objectif. Non non non, si elle était dans les clubs, c’était pour faire ce qu’elle avait appris, contre ces monstres qui voient les humains comme des casse-croûtes. Pour ce faire, elle a changé sa nature, passée d’humaine à fullbringer, même si cela semblait lui coûter plus que prévu.

“[Pardonnez] ma curiosité, mais … Comment un fullbringer fait pour dormir avec tout ce bruit ?”

Hors Rp:

- Comme vous le souhaitez.

Il éluda simplement sa question. Lui répondre à ce sujet ne ferait que relancer la discussion sur quelque chose qui n'avait de toute façon aucun intérêt de base. Elle souhaitait l'appeler Monsieur ? Grand bien lui fasse finalement, cela ne l'empêcherait pas de dormir.

C'était surtout la suite qui l'intéressait. Ainsi donc il s'agissait là d'une option pour combattre les Hollow. La seule, disait-elle. Encore une inexactitude à dire vrai mais il n'était pas ici pour soulever le problème. Elle entrait de fait dans la catégorie la plus commune de ce groupe. Ceux qui cherchaient à se venger. Ou plutôt à punir. C'était évidemment assez rare qu'ils le reconnaissent mais dans les faits, c'était exactement cela qu'ils recherchaient. Et une fois encore, il n'émettait aucun jugement à ce sujet. A dire vrai, sans doute n'était-il pas si différents d'eux.

- C'est très certainement le cas, en effet. Un trait commun à beaucoup des nôtres.

De nouveau, son visage n'affichait aucune émotion. D'ailleurs, il n'éprouvait aucune peine en écoutant l'histoire sommes toute classique de la jeune femme. Des cas comme le sien, il en existait autant qu'il existait de Fullbringer, ou peu s'en faut. Sa dernière question toutefois...

- Mais de quel bruit parlez-vous ?

Sans doute que j'y suis trop habitué. Mais je ne vois pas de quel bruit elle parle. Je dois dire que je ne sais pas trop quoi penser d'elle. Je tends l'oreille toutefois. A moins qu'elle ne sous entende les bruits "du quotidien" ?

Près de la table sur laquelle il s'était posé se trouvaient deux verres et de l'eau. Doucement, Muzan servit l'eau dans les deux verres et poussa le premier vers son invitée du jour. Lui même attrapa le sien et le porta à ses lèvres, se désaltérant. Si l'Ultima Necat avait besoin de nouvelles recrues, il était néanmoins rare qu'elles arrivent du Vieux Continents. En un sens, il lui souhaitait de bien s'acclimater. Ce n'était pas forcément évident.

Il n’entendait donc rien, ce n’était pas de sa faute, mais celle du pauvre language d’Alice qu’il ne comprenne pas ce qu’elle veut dire. Elle aurait déjà du mal à l’expliquer dans sa langue natale, alors dans une autre, c’était un peu peine perdue. Pas dit qu’elle ne pouvait pas essayer.

“Le leur.”

Disait-elle donc tout simplement en pointant différents objets, dont le verre d’eau. D’ailleurs, elle appréciait beaucoup le geste, l’eau c’est bien. Elle souffrait sans doute de petits effets secondaires après avoir passé l’opération. Si ce n’est que ça, quelque part, cela la rassurait.

“Cela va me passer, si vous ne les entendez pas.”

Que l’on soit devenu une arme anti-hollow ou non. Enfin, non, cela serait très mal pris par ceux étant des fullbringer de naissance et n’ayant rien demandé. Que cela soit même possible est assez ahurissant pour Alice. Que de telles créatures fassent partie de l’équilibre naturel des choses … La nature était parfois bien cruelle.

“D’autres questions peut-être ?”

Si c’était un second interrogatoire pour vérifier son état psychologique après l’opération, malheureusement cet homme n’en tirera pas grand chose. Alice avait beau afficher un peu plus d’émotion que ce dernier, elle ne devait pas en être moins professionnelle.

“Sur mon fullbring, peut-être ? Il est encore jeune, mais je penses pouvoir l'utiliser.”

- Oh, je vois.

La voix des objets autour d'elle. Sans doute était-ce cela qu'elle percevait. Certains étant plus sensibles que les autres, il comprenait qu'ils puissent percevoir les choses avec plus d'intensité. Il fallait apprendre à se fermer à ce qui était inutile. Mais cela, c'est avec l'expérience qu'elle apprendrait. L'expérience restait intéressante quoi qu'il en soit. Heureusement, lorsqu'on apprenait à manipuler les âmes, on apprenait aussi à ignorer ce qui n'avait que peu de substance. Par commodité.

Toutefois, l'une de ses dernières remarques lui fit comprendre une chose. Elle semblait se méprendre sur les raisons de sa présence. Pourtant il lui semblait avoir expliqué le pourquoi de sa venue. Soit elle n'avait pas écouté, soit elle se méfiait tout simplement. Si la méfiance était importante, il fallait savoir aussi s'ouvrir à ceux qui appartenaient à l'Ultima Necat. Là encore, le temps ferait son office.

Beaucoup confondait nécessité et amitié. Pour Muzan, le premier correspondait mieux à ce qu'il attendait. Finalement il n'était réellement proche de personne au sein de l'organisation. Pas au sens premier du terme.

- Avez-vous compris la raison de ma présence ?

Il joignit ses mains l'une à l'autre, s'adossant plus confortablement dans son fauteuil. Sa canne reposait désormais en travers de ses cuisses et le contact avait quelque chose d'apaisant pour lui. Les tics nerveux et la communication non verbale parlerait pour elle. Bien plus que les mots qui sortaient de sa bouche. Mais puisqu'elle avait ouvert une porte, il comptait bien s'y engouffrer.

- A dire vrai, je ne me posais pas vraiment la question concernant votre pouvoir. Je suppose, peut-être à tort, que vous êtes effectivement capable de l'utiliser. Sans quoi votre rang serait inutile et votre présence en ces lieux inadapté. Notre organisation n'est certes pas parfaite mais elle n'envoie pas les débutants incapables de se défendre sur le terrain.

Aucun intérêt. Pour autant, elle paraissait effectivement assurée lorsqu'elle avait parlé de son fullbring. L'objet de pouvoir n'était généralement pas un secret. Mais il appartenait aux membres de se dévoiler à ce sujet s'ils le désiraient. Pour quelques-uns, c'était une volonté de ne rien dévoiler par principe. Le culte du secret.

- Quel que soit votre niveau réel, seul le terrain et les entraînements vous permettront de déployer votre plein potentiel. Je pourrais vous y aider également, si un jour le besoin se ressent.

Le but de sa visite, et bien il avait annoncé que c’était pour servir de guide ou quelque chose du genre. Le problème c’est que les livres étaient assez explicites sur ce qu’était cet endroit, son but, et toute l’anatomie d’un fullbringer. Qu’est-ce qu’elle pouvait demander d’un monde qu’elle ne connaissait pas ?

“Être un guide …”

Et les questions n’arrivaient pas à sortir. Pas qu’elle n’en avait pas, mais qu’elle en avait trop. Si elle devait toutes les poser, elle en aurait pour des heures rien qu’à les formuler. Peut-être que plutôt que d'essayer de comprendre sa nouvelle nature avec cet homme, comme il semble désintéressé en ses nouvelles facultés, elle devrait voir les choses de façon plus humaine..

“Je vois. [Dans ce cas], est-ce que les autres membres du club ont une formation militaire ?”

Cela faciliterait son intégration à l’unité, elle y retrouverait des valeurs familières. Même si ces valeurs ne semblaient pas être partagées pas l'humble supérieur qu'elle avait en face d'elle.

"Autrement, peut-être du coup une visite des lieux ? Je ne sais pas si j'ai de dortoir ou autre."

Elle avait bien de l'argent après avoir revendu presque l'intégralité de ses biens, mais acheter un appartement ou une maison n'allait pas se faire en une semaine, encore moins comprendre comment la vie au Japon se déroulait.

Elle allait passer de vivre à la campagne depuis sa tendre enfance à être dans une campagne sans beaucoup de voisins. Peut être même en complexe avec du coup des voisins dans toutes les directions. Pour sûr, cela allait être une expérience novatrice. Plus que celle de son hôtel actuel.

"[J'y repense], j'ai noté des questions sur les livres d'instructions. Attendez."

Elle en retrouvait deux, principalement des termes techniques qui l'avaient laissé perdue lors de sa lecture et des relectures suivantes.

" Reiryoku et reiatsu, je ne comprends pas la différence entre les deux. Et je ne comprends pas ce qu'implique "manipuler les âmes""

Elle semblait se détendre, ce qui était mieux. Pour tout le monde. A sa question, il prit quelques instants avant de répondre. Il paraissait évident à sa manière de se poster, à sa manière d'observer, qu'elle était elle-même concernée par la catégorie mentionnée. Une militaire donc ?

- Je ne les connais pas tous. Mais je crois savoir qu'il y a assez peu de soldats dans notre groupe. Peut-être que quelques-uns ont fait un service militaire mais ils ne doivent pas être légion.

Mais pouvait-on réellement parler de véritables formations militaires ? Sans doute que cela avait aidé certains à comprendre certaines stratégies de combats mais en réalité, Muzan était convaincu que c'était l'expérience sur le terrain qui avait formé la plupart d'entre eux. Lui le premier. Quant à la visite, elle faisait effectivement partie de la suite de l'entretien. Mais elle n'aurait pas lieu avec lui en direct. Une autre personne s'en chargerait, personne qui attendait déjà plus loin. Discrète, elle restait à l'écoute de la gestuelle du Five.

- Madame Kosuke s'occupera de la visite avec vous. Au regard de mon infirmité, je préfère qu'une personne plus apte vous accompagne. Ce sera sans doute plus agréable pour vous. Nous possédons presque tous des logements à l'extérieur de ces locaux mais pour ceux qui le désirent, nous disposons effectivement de dortoirs, de chambres, pour se reposer.

Il lui adressa un sourire. La canne et le fait qu'il boite étaient deux indices évidents qui justifiaient sa réponse. En désignant le nom de la personne, il désigna l'emplacement où elle se trouvait. La question suivante toutefois lui arracha un léger rire. Il n'y avait nulle condescendance dans ce dernier toutefois.

- Et bien voilà une question intéressante. Les termes sont un peu techniques, je vais donc essayer de simplifier cela pour que ce soit le plus compréhensif possible. Le Reiryoku est l'énergie que nous possédons en nous, que ce soit par notre corps ou par notre âme. Une énergie que nous accumulons. Le Reiatsu quant à lui est la pression qui est exercée par cette énergie sur un être. La différence est un peu la même qu'entre énergie et puissance.

Quant à manipuler les âmes, il allait le lui montrer. De la main, il fit un geste en concentrant son énergie vers le verre posé sur la table. Une lueur étrange apparue, comme si elle était appelée par l'aura du Five. L'âme de l'objet en quelque sorte, lui permettant alors de manipuler le verre en question. Comme de la télékinésie en sommes.

- La manipulation des âmes, c'est cela. Et quand tu seras entraîné, elle te permettra de faire bien des choses. Je ne suis toutefois pas le plus grand expert dans cette catégorie et d'autres que moi seront plus à même de t'aider.

Madame Kosuke approcha, s'inclinant devant la française.

- Navrez de vous déranger, Monsieur Koganei. Souhaitez-vous que je débute la visite avec Mademoiselle ?

Le regard de Muzan se porta sur la Française. Histoire de savoir si elle désirait parler d'autres choses. Le cas contraire, elle serait alors libre de suivre sa guide.

Enfin un peu de lumière sur ces concepts complètement obscurs qui commençaient à rendre anxieuse la fantassin. Leur description dans les livres était bien plus ésotérique que de les comparer à de l’énergie et de la puissance. L’électricité, elle connaissait un petit peu, les notions d’énergie et de puissance n’étaient donc pas aussi complexe de prime abord que reiatsu et reiryoku.

C’était la bonne nouvelle, la mauvaise, c’est qu’il n’y avait pas suffisamment de fullbringer ayant suivi un entraînement militaire pour se sentir dans son élément. Elle s’était toujours bien entendu avec les militaires, car son père en était un et l’avait élevé avec ces valeurs. Alice était même cent pourcents certaine d’être mieux formée que n’importe quel soldat humain, et encore mieux éduquée.

Aussi décevante que cela été, elle ne doutait pas que cela viendra à changer à l’avenir, ou que si cela reste ainsi, qu’elle arrive à s’y adapter. Au minimum, elle pouvait rester dans un calme relatif une fois dans ses quartiers en gardant certaines distances avec les autres membres.

“Je vois, tout cela rends les choses plus [claires]”

La démonstration de la manipulation des âmes était assez … décevante. Mais ce n’était peut-être pas flatteur car comme l’a dit Muzan, il n’était pas un expert en la matière. C’était dommage, les possibilités semblaient nombreuses, pour quelqu’un qui en faisait sa spécialité cela va sans dire.

Néanmoins, même si elle était du coup curieuse de savoir quelle était la spécialité de cet homme, elle sentait que la conversation se dirigeait vers sa fin. Elle ne pouvait s’en plaindre, ses questions étaient répondues, elle avait une meilleure idée de ce qu’être un fullbringer pouvait impliquer. Sa seule déception étant qu’ils n’étaient pas tant une armée organisée qu’une organisation comportant une armée.

“[Très bien]. Je n’ai pas d’autre question. Merci beaucoup pour votre temps.”

Koganei Muzan. Elle notait son nom une seconde fois avant de se relever. C’était dommage qu’il ne puisse continuer le tour, mais elle comprenait. Elle se contentera de prendre le relai avec la nouvelle venue.

“[Passez une bonne journée monsieur.]”