Force ou artifices [Lee Bai-Long]

La Onzième Division semblait en bon terme avec la Cinquième.
C’était en tout cas ce que disaient les hommes de Metsudai, affirmant que des séances d’entraînement mixtes les amenaient à côtoyer leurs collègues de la Gobantai. On lui avait aussi fait part de la camaraderie qui unirait apparemment le Capitaine de cette dernière, Kyōakusei Kenshirō, au Vice-Capitaine Kiryū, ces deux jeunes hommes s’avérant faire partie de la même promotion au sein de l’Académie. Cela ne dérangeait nullement le vétéran, bien sûr. Au contraire, lui qui s’habituait à nouveau au rôle d’instructeur, voir de quel bois étaient faites les autres Divisions du Gotei 13 lui permettait d’avoir un meilleur aperçu des capacités de combat réelles du Seireitei.

Aujourd’hui, c’était à lui de superviser quelques-uns de ses hommes au sein du dojo de la Onzième, lequel recevait la visite des surveillants du Rukongai. Devant gérer ces deux groupes simultanément, Metsudai décida de leur faire faire quelques passes d’échauffement au Hakuda avant de commencer les katas de Zanjutsu au shinaï. Il ne s’attendait pas forcément à ce que les Shinigamis de la Cinquième s’en sortent mieux que ses propres subalternes, eux qui se spécialisaient particulièrement dans ce type de combat, mais il eut tôt fait de constater que le niveau était plus ou moins égal, une observation un tantinet amère hélas.

Naturellement, le vétéran repéra certaines personnes dans les rangs qui tiraient leur épingle du jeu, et à l’inverse ceux qui avaient plus de mal, parfois par mauvaise volonté ou simple manque de compétences. Bien sûr, c’était prévisible. Tout le monde n’était pas égaux, qu’il s’agisse de capitaines ou de simples étudiants de l’Académie, d’autant qu’il y avait parmi eux des Sièges des deux divisions, certes pas les plus prestigieux, mais néanmoins des hommes ayant dû prouver leur valeur. C’était eux que le millénaire attendait au tournant. Ces hommes et ces femmes, surtout les plus jeunes, constituaient peut-être l’avenir de la Soul Society.

Vinrent alors les combats au shinai où il put réellement voir la pureté de leurs mouvements. C’était au combat que se démarquaient véritablement les génies. Mais il ne semblait pas en avoir pendant cette séance…Tout du moins, aucun ne trouvait grâce aux yeux du Menos de Sabitsura. Les uns étaient brouillons, les autres lents et prévisibles. Mais il voyait bien d’où pouvait venir le problème… « Du nerf, soldats ! Cela manque d’énergie ! Mettez votre propre âme dans votre épée, ce n’est pas à votre Zanpakutō de tout faire ! » Beugla-t-il au groupe, visiblement gêné par l’exercice de se priver de leurs pouvoirs. Evidemment, les guerriers qui avaient accès au Shikaï finissaient par ne jurer que par lui, laissant les pouvoirs de leur sabre prendre le dessus sur toute maîtrise martiale. Et c’était désolants de constater cet orgueil chez les amateurs, véritable handicap qui les retiendra sur le champ de bataille le jour où ils rencontreront un adversaire aux pouvoirs contrant le leur.

Une heure de combats passa alors, épuisant les membres des deux divisions. Le Troisième Siège tapa alors dans ses mains avant de déclarer la fin de la séance. « Passable, passable, mais je m’attends à beaucoup mieux de votre part ! Je vais demander à augmenter la fréquence de nos séances ensembles, je crois que cela vous fera du bien ! » Mais alors que la plupart repartaient dans leurs quartiers respectif, certains demeurèrent présent dans la salle d'entraînement. Des rumeurs circulaient sur l'officier de l'Achillée… Des rumeurs selon lesquelles certains parmi les plus doués de ses subalternes pouvaient le trouver à la fin de ses cours pour une mise en situation réelle. Il y proposerait alors de véritables combats au Zanpakutō afin de forger le caractère des meilleurs guerriers de la Onzième Division. En un sens, il souhaitait y transformer ses chiots en bêtes féroces dignes des hommes du dernier millénaire. Et aujourd'hui, les sabreurs du Muguet les plus braves pouvaient s'y essayer eux-aussi !

Bien entendu, les participants étaient avertis : ceux qui avaient dans l'idée de croiser le fer devaient aussi accepter l'idée d'y perdre quelques plumes. C'était aussi cela, un combat réel. Le doyen passa le regard sur la poignée de visages qui étaient restés avec lui, dont quelques uns qu'il ne connaissait pas encore. Il étira alors un sourire au coin de ses lèvres.

Bai-Long avait cru ne s'être enfermé que quelques minutes. Près de 12 heures avant le début de l'entraînement supervisé par le nouveau cadre de la XIème division, et alors que ses camarades qui y participeraient s'assuraient de ne pas avoir oublié le peu d'effets personnels dont ils auraient besoin, le XVème siège avait à nouveau essayé de communiquer avec son arme. Il avait passé la semaine précédente à alterner entre l'élaboration de la carte des menaces du Rukongai mentionnée à son capitaine et ces méditations silencieuses qui, jusqu'ici, n'avaient pas abouti.

Cette fois-ci, les choses furent différentes. D'abord, rien d'étrange, et toujours cette quiétude interrompue par moments par des bruits étouffés venant de l'extérieur. Et soudain, alors que le Lee s'apprêtait à interrompre sa transe pour se mettre en route, un nouvel élement sonore, plus régulier, mais impossible à identifier. Pourtant, Bai-Long s'y accrocha, ferma les yeux et, peu à peu, parvint à déduire la nature ce son persistant: il s'agissait du clapotement des vagues. Convaincu que son esprit devait lui jouer des tours pour combler le silence de la pièce, le shinigami rouvrit les yeux pour se retrouver dans un tout autre décor que celui qu'il avait quitté quelques instants auparavant. Il n'était plus plongé dans le noir quasi absolu de la chambre dans laquelle il s'était isolé.

La matière sur laquelle il était assis n'était pourtant pas si différente: en lieu et place du parquet sur lequel il avait médité se trouvait désormais le sol d'une simple barque, autour de laquelle s'étendait un lac à la surface d'un mauve clair et doux. C'était en fait la couleur dominante du lieu, car l'air lui-même semblait chargé d'une très fine brume d'une teinte similaire, qui n'affectait nullement la vision de Bai-Long, tout du moins avant qu'elle n'atteigne ce qu'il estimait être le bord de l'immense lac qu'il naviguait. Là, elle s'épaississait, et arondissait avec douceur les contours de collines environnantes, perceptibles mais proprement indescriptible tant la distance et la brume les rendaient troubles. L'eau, aussi pure soit-elle, était plus réfléchissante qu'à l'ordinaire, tant et si bien que seules les légères ondulations ponctuelles trahissaient sa nature liquide. Ça, et l'ombre géante qui se déplaçait sous sa surface et que Bai-Long venait de remarquer. L'officier se mit sur ses gardes et se prépara au combat, tout démuni qu'il était. Le monstre lui fit au moins la courtoisie de ne pas retourner la barque ou l'engloutir d'un trait, et émergea à la place à quelques mètres du dieu de la mort. Il s'agissait d'un immense serpent, presque d'une sorte de dragon. Sa couleur correspondait à celle du reste du lieu, et il arborait notamment un soyeux plumage qui semblait aussi peu adapté à son environnement que les deux petites cornes fixées d'un côté et de l'autre de sa tête. La bête flottait désormais avec calme, formant des anneaux de son corps longiligne. Son époustouflante beauté couplée à sa passivité apparente permit au Lee de baisser sa garde, alors que ses yeux se perdaient dans ceux du serpent.

Bai-Long dégaina son Zanpakutō et le présenta de manière neutre.

"Aurais-je enfin réussi ?"

Le shinigami aurait presque pu interpréter le son aigu qui lui revint du dragon comme un ricannement féminin.

"Qui sait ? Peut-être ne suis-je qu'un rêve ?"

Si l'intonation joueuse de la bête contraistait déjà avec son apparition sollenelle, ce fut le décalage entre sa stature immense et sa voix crystalline qui prit le Lee au dépourvu.

"Prenons tout de même le risque de discuter. Je me suis assuré d'avoir quelques heures de libre avant de venir."

A nouveau, la créature émit un fin ricannement.

"A ce propos, voyageur, je crains que tu n'ai été plus lent que tu ne veuilles bien le croire. A vrai dire, tu es déjà en retard, et je ne peux que t'inciter à te réveiller prestement pour vaquer à tes obligations."

Bai-Long se dressa sur la barque pour protester.

"Je ne peux pas partir sans ton nom. J'ai essayé de te joindre pendant des années !"

Le dragon replongea sous la surface, et se mit à tourner autour de la barque, formant un tourbillon grandissant, alors que sa voix réosnnait toujours dans la tête de son maître.

"Tu as déjà obtenu ce que tu étais venu chercher, voyageur."

"Non tu..."

Le Lee s'arrêta net. Il se souvenait maintenant. Un nom qui lui semblait aussi vieux que lui, qu'il avait le sentiment d'avoir connu avant celui de sa propre mère.

"Tu as raison. Je te remercie."

La voix de la créature se faisait de moins en moins nette alors que le monde spirituel s'effaçait peu à peu, mais Bai-Long crût y descerner une pointe de satisfaction et de fierté.

"Tu es le seul responsable de cette victoire, voyageur. N'hésites pas revenir me voir."

"Je n'y manquerais pas. A bientôt, Kirinketsu."

Bai-Long réémergea de son subconscient comme il y avait chuté. Dès leur ouverture, ses yeux se posèrent immédiatement sur son arme, qui ne ressemblait en rien à ce qu'il avait l'habitude de voir à sa ceinture depuis quelques années. Le nunchaku qui y était à présent calé s'apparentait plus aux armes de fortune qu'il avait collectionné au cours de sa longue errance dans le Rukongai. Loin de la noblesse et des traditions millénaires incarnées par le sabre et plus proche de la débrouillardise des âmes malmenées et durcies par la violence de quartiers abandonnés à leur sort. Il semblait que ce dénouement donne raison à Shinjiro sur la relation entre les shinigamis et leurs armes.

Bai-Long était déçu de devoir quitter si tôt la compagnie de sa partenaire, mais il se souvint de son avertissement. Alors, le Lee se releva brusquement, et sprinta vers la porte, traversant les quartiers de sa division, puis toute une portion du Rukongai et enfin du Seireitei pour rejoindre la XIème division. Il se faufila de couloirs en couloirs à une vitesse toujours ahurissante, puis s'arrêta devant quelques-uns de ses camarades de la Vème division.

"T'es en retard Bai-Long, c'est finit."

L'officier fronça les sourcils.

"Vous n'êtes pourtant pas au complet."

"Ouais, les autres ont décidé de continuer avec le IIIème siège de la XIème."

"Et pas vous ?"

"Nan, on a du travail au QG. Et puis..."

Le shinigami sembla hésiter un instant.

"Le type qui nous a entraîné était sympa hein, mais il dégage quelque chose de bizarre. Et puis y'a de drôles d'histoires qui traînent sur lui. Tu comptes vraiment te pointer que pour la fin ?"

"C'était le plan, oui."

"Bon, bah sois prudent vieux."

Les hommes échangèrent un dernier signe de tête avant que le Lee ne reprenne sa course folle vers la salle d'entraînement et n'ouvre les portes avec fracas.

"Lee Bai-Long, XVème siège de la Vème division, toutes mes excuses pour le retard."

Les murmures estommaqués de la bleusaille couplés aux ricannements des camarades réguliers de l'officier emplirent la pièce. Bien vite, ces derniers changèrent de ton lorsqu'un détail innhabituel capta leur attention.

"Attends, regarde à sa ceinture ! Il a un shikai maintenant ?"

"Nan, tu déconnes ! Bordel c'est vrai ! Regardez moi ce truc !"

"C'est n'importe quoi, il explosait déjà quasiment toute la division à mains nues !"

Bien vite, le silence retomba, alors que le retardataire allait se placer dans les rangs. Pour une fois dans sa vie, il espérait s'être fait remarquer. Il mourrait d'envie d'explorer le nouveau champ des possibles que lui conférait Kirinketsu, et il ne pouvait qu'espérer que le superviseur de l'entrainement soit à la hauteur des rumeurs qui circulaient sur sa personne.

Tout le monde était prêt.
Il y avait quelque chose qui plaisait à Metsudai dans le regard de certains. Juste avant cela, il apprenait à des hommes et des femmes comment bien bouger. Désormais, il allait enseigner à des bretteurs ambitieux comment tuer. La différence était plus que notable.

« Commençons sans plus attendre. J’imagine qu’il y a parmi vous un volontaire pour me faire face. »

Mais avant que ne réponde qui que ce soit, les portes du dojo s’ouvrirent pour laisser place à un homme à la coupe au bol que n’avait jusque-là jamais vu le vétéran. Les cicatrices qu’il portait sur le peu de peau qu’il laissait à découvert étaient signe soit d’un brave guerrier, soit d’un chanceux faiblard. Mais la pression spirituelle que pouvait ressentir Metsudai mettait cette dernière idée au tapis. Il se présenta en tant que Quinzième Siège de la Cinquième Division sous le nom de Lee Bai-Long.

Un nom venu du Continent ? Voilà qui n’était pas commun. Ses compagnons de division présents au cours de l’escrimeur millénaire commentèrent d’ailleurs sur lui. Il aurait son Shikaï à la ceinture et cela les surprenait. C’était donc assez récent. Un autre se plaignit qu’il était injuste qu’il le découvre en raison de sa force apparemment déjà assez développée pour mettre à l’amande la plupart de ses collègues. Mais dans ce cas, pourquoi un grade aussi bas ? Quoiqu’il en soit, ce n’était ni le lieu ni le moment pour parler potins.

« Silence. »

Invectiva le Menos de Sabitsura à ses élèves qui retrouvèrent le silence. D’un regard, Metsudai pouvait constater la nette différence de niveau entre Bai-Long et les autres guerriers ci-présent. Dommage qu’il arrive trop tard pour le cours commun. Cependant, puisqu’il faut qu’il se rattrape, le repris de justice ne comptais pas le laisser filer.

« Ton retard est plus que conséquent, tu as manqué le cours dans son intégralité. Mais tant que je ferais office d’instructeur, aucun des hommes que je dois entraîner ne sera épargné. »

D’un signe des mains, il indiquait aux autres de se poster de part et d’autre du dojo pour lui faire de l’espace avant de se retourner vers le Quinzième Siège.

« Tu participeras à mon cours particulier de combat réel. Approche. »

Il fit quelques pas, la main posée sur les fourreaux qu’il tenait à sa ceinture alors qu’il ne quittait pas du regard le retardataire qui devait venir à lui alors qu’il lui expliquait ce dans quoi il allait embarquer.

« Ici, les duels se font à Zanpakutō dégainé pour apprendre à gérer une véritable situation de vie ou de mort. Toute forme de combat y est permise : Zanjutsu, Kidō, Hakuda, Shikaï ou Bankaï, bien que je doute d’en voir un ici de sitôt. Nous éviterons les points vitaux, mais il ne faudra pas pleurer si tu perds quelques gouttes de sang. J’espère que tu le comprends bien. »

Cette fois, son regard se posa sur l’arme à la taille de son interlocuteur. C’était… Un simple Nunchaku ? Non, bien sûr que non. Celui-ci devait déceler un quelconque pouvoir. Mais pourquoi n’était-il pas sous forme scellée ? Il l’avait libéré juste avant de se montrer ? Ou bien s’agirait-il d’un Shikaï permanent ? C’était une chose bien rare, mais possible. Après tout, c’était aussi le cas du Vice-Capitaine Kiryū. Quoiqu’il en soit, l’heure était à la leçon.

« Il semblerait que tu viennes de découvrir ton Shikaï, à entendre les paroles de tes camarades. C’est une bonne nouvelle, mais elle signifie aussi quelque chose de fondamentalement dramatique pour beaucoup de guerriers. »

Metsudai pencha la tête sur le côté, la mine grave. Que ce nouveau venu garde bien cela en tête, car l’erreur qu’il allait énoncé avait coûté la vie à plus d’un combattant arrogant. Cependant, il n’était pas le seul que cela concernait. Il prêchait pour tous les Shinigamis qu’il se chargeait d’instruire ici.

« Les capacités spéciales émoussent les mouvements de beaucoup de Shinigamis qui développent la fâcheuse tendance de se reposer sur eux. Ils oublient trop souvent qu’il ne s’agit-là que d’un bonus qui vient compléter leurs capacités déjà existantes. Alors un conseil, pour toi et pour tous les autres ci-présents… N’en attendez pas trop de vos Shikaï. »

Ces derniers mots, il les prononça alors qu’il dégaina avec une lenteur solennelle son Zanpakutō, en même temps que son bokken. Le bruit du métal qui se découvrait était la seule chose qui emplissait l’air à ce moment, et quand enfin les deux armes furent complètements dénudées, Metsudai écarta les bras pour les pointer vers le haut. Une garde des plus singulières, avec laquelle ce dernier fit parler son propre Reiatsu, dont les émanations qui hérissait sa crinière ne signifiaient qu’une seule chose. Il était prêt. Prêt à frapper et à être frappé.


Un instant de sérénité s’installa alors. Des spectateurs ? Un dojo ? Toutes ces données venaient de disparaître aux yeux du vétéran. Il ne voyait plus que Lee Bai-Long dans un océan de vide. Il n'y avait maintenant plus qu'eux deux. Cela n’avait plus rien à voir avec le petit jeu qu’il avait fait avec le jeune Ogasawara. Ca n’avait pas grand-chose en commun non plus avec la courte appréhension du Nécromancien renégat. Il pouvait prendre tout le temps qu’il voulait pour apprécier un face à face réel. En face de lui se tenait un adversaire. Il ne savait pas vraiment ce qu’il valait. Mais il ferait l’affaire. Observant Bai-Long yeux dans les yeux, Metsudai mit sa propre respiration au diapason avec la sienne. Ce calme olympien était radieux, mais il devait laisser la place à une tempête d’acier. C’est pourquoi le membre fondateur lâcha enfin le cri qui servira de top départ aux festivités !

« Hajime !!! »

Qu'il s'agisse du déroulement habituel de ses cours ou d'une punition masquée visant le retardataire, il semblait que l'instructeur vienne de lui lancer un défi. Soit. Tester ses nouvelles capacités dans un combat d'une telle envergure était sans doute quelque peu prématuré, mais cela représentait aussi une intéressante opportunité de s'entraîner contre un individu à la puissance respectable. Depuis son arrivée au Seireitei, le Lee avait été bloqué dans un embarrassant entre-deux, bien grand devant le commun des dieux de la mort mais bien faible face à son élite. Il espérait que ses nouvelles capacités lui permettraient de s'en rapprocher au moins un peu, et il disposait ici d'une bonne occasion de s'en assurer.

Écoutant donc les mots du troisième siège, Bai-Long s'avança de quelques pas, puis hocha la tête lorsque les instructions furent énoncées. Il ne craignait pas la douleur, dans la limite du raisonnable bien entendu. Si la majorité des Vème XIème divisions partageait une expérience commune générale, c'était une jeunesse mouvementée et emplie de violence. Chacun ici savait la vie toujours plus courte qu'on ne pouvait l'anticiper, et tous savaient que les sabres levés tranchaient les plans de leurs manieurs avant de s'en prendre à leur chair. Par chance, les deux officiers étaient des professionnels qui avaient fait du combat leur spécialité, et il y avait fort à parier qu'ils sauraient maîtriser leurs armes et qu'ils auraient la lucidité de ne pas s'appitoyer sur les potentielles cicatrices avec lesquelles ils repartiraient.

Remarquant le nunchaku qui pendait à la ceinture de Bai-Long et prenant en compte les murmures de l'assemblée, Metsudai déploya une curieuse rhétorique qui, dépendamment de l'auditeur, pouvait aller de vieux jeu à carrément anti-shikai. Il y avait pourtant du vrai dans son discours, mais c'était aussi oublier la synchronicité salvatrice de beaucoup de shinigamis, qui n'avaient jamais eu beaucoup d'autres compétences, avec leur zanpakutos. En fin de compte, chacun avait ses forces, et c'était bien là ce qui faisait la puissance du Gotei.

Sur les mots du 3ème siège, l'officier saisit son arme et la fit brièvement tourner par des mouvements précis autour de son torse, avant de la stabiliser devant ses yeux, bras tendus, dans une position stable. La garde de Metsudai, elle aussi était des plus singulières, et aurait pu paraître bien inconsidérée si le guerrier ne venait pas de délivrer un discours martial empli d'une certaine sagesse. Bai-Long avait affaire à un vétéran qu'il ferait bien de ne pas sous-estimer, il en était certain. Heureusement, il n'était pas seul. S'il tendait l'oreille, il pouvait presque ressentir la fraîcheur vivifiante et rassurante émanant de son arme, et entendre le discret claquement des vagues de son monde intérieur. Relevant les yeux, il verrouilla son regard sur celui de son adversaire, et s'élança le premier à son commandement.

Il remit immédiatement son arme en mouvement, et usa de son pouvoir alors qu'il feintait de préparer un coup. Au lieu de passer entièrement derrière son épaule comme l'aurait fait un nunchaku classique, l'arme sembla agripper l'air même et le tirer, le faisant onduler comme une vague afin de briser l'équilibre du vétéran. Arrivé au corps à corps sans interruption, il multiplia les frappes rapides avec son arme, projetant à chaque fois de fines lames d'eau qui, si elles ne tranchaient pas à proprement parler, sauraient certainement accentuer la masse des impacts. Cet effet secondaire s'était produit presque sans que le Lee ne le requiert, mais il n'en fut pas surpris non plus. Kirinketsu semblait se calquer à merveille sur son style de combat et le sublimait avec brio, comme si le Zanpakutō connaissait mieux son maître que ce dernier ne se connaissait lui-même. Son enchaînement achevé, il brisa le rythme en expédiant un dernier coup de pied sur le tibia de son adversaire, de sorte à profiter d’une éventuelle garde trop haute.

L’un face à l’autre, la pression créée semblerait presque faire des étincelles.
Le Quinzième Siège venait apparemment d’apprendre comment libérer son Zanpakutō. Si tel était le cas, alors il se pourrait bien qu’il ne connaisse pas, ou du moins entièrement, les capacités de son Shikaï. Un désavantage ? Peut-être. Néanmoins cela voulait aussi dire que Metsudai aura des difficultés à lire dans son jeu pour prévoir ses attaques. Comment s’attendre à un assaut auquel l’assaillant lui-même ne s’attend même pas ? Voilà quelque chose de bien épineux… Mais cette variable, ce paramètre inattendu, représentait aussi quelque chose de fortement excitant ! L’instinct guerrier du vétéran était curieux de voir ce dont était capable Bai-Long.

Et lorsqu’il prononça le début du combat, il put voir le guerrier de la Cinquième faire un mouvement dans le vide avec son nunchaku. Et, sans même pourtant le toucher, il exerçait déjà son pouvoir sur le bretteur qui, surpris, était comme happé par le courant d’une rivière, amené jusque devant l’homme à la coupe au bol ! De quel sorte de pouvoir s’agissait-il ? Un pouvoir de déplacement spatial ? Non, ce n’était pas simplement cela. Metsudai avait réellement sentit une eau torrentielle le prendre, sans pour autours constater qu’il soit mouillé. Une simple affaire d’illusion ?

Peste, pas le temps de se perdre en questionnement : le retardataire passait directement à l’attaque ! Un coup ! Deux coups ! Trois ! Un enchaînement de frappes vivaces qui plut sur son torse, chacune faisant fi du palace de muscle que s’était construit le millénaire comme pour directement toucher les organes internes ! Mais des coups aussi rapides ne pouvaient de toute évidence pas produire de tels chocs ! C’était sans nul doute une autre des capacités de son Shikaï ! Impressionnant ! Très impressionnant même ! Un Quinzième Siège ne devrait même pas être en mesure de faire le tier de ce que faisait Bai-Long !

Puis Bai-Long tenta de continuer son combo sur un coup de pied bas visant le tibia. Classique. Un poil trop, d’ailleurs. Metsudai avait pu voir ce dont pouvait être capable le jeune homme, mais il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin. Il donna alors un coup de pied à son tour pour dégager la jambe de ce dernier avant de rengainer ses épées, passant sa main gauche sur son fourreau pendant que la droite se porta à la poignée de son arme. Le Menos de Sabitsura n’avait vu qu’une fraction du style de son adversaire, et pourtant il comprenait à peu près quel genre de martialiste il était. Il faisait face à un adversaire agile, précis et mesuré dans son approche. On croirait presque voir un agent de l’Onmitsukidō.

Mais il y avait une chose que ces combattants-là manquaient quelque peu. C’était de puissance brute ! Faisant volontairement appel à son Reiatsu pour le libérer brièvement, Metsudai provoquait consciemment un surplus d’adrénaline dans son organisme ! Il venait de rengainer, et le voici déjà qui dégainait à nouveau ! Pourquoi faire pourrait on se demander ? Le non-initié pouvait aisément voir la première action comme futile. Et pourtant ! Il y avait dans l’art de dégainer tout un aspect que nombreux négligeaient, un art dans lequel l’Iaijutsu a concentré toute son attention !

Au-delà de sortir une arme, avec l’emploi habile des hanches dans une position initialement plus basse et de son bras gauche normalement pris par son bokken, il allait pouvoir produire une coupe bien plus nette qu’avec son bras ! C’est donc avec toute l’allégresse guerrière qu’il déploya son arme dans une frappe horizontale, alliant un Shunpo à la frappe pour finir derrière son adversaire ! La cible n’était autre que le cou, comme s’il tentait de décapiter l’officier de la Cinquième !

« SHUNTETSU ! »

Quelle mouche avait-elle bien pu le piquer ? Mais si le mouvement était d’une vitesse difficilement égalable, celui qui aura l’œil assez vif pour le voir discernera bien que ce ne fut pas le Zanpakutō Ryutsume, mais le simple bokken en bois qui fut sorti, et c’est avec force qu’il allait percuter la gorge du jeune guerrier s’il ne l’arrêtait pas ! Bien moins léthal qu’une véritable épée, un sabre en bois pouvait toujours blesser, surtout lorsqu’il était manié par un Troisième Siège de la Onzième Division. Celui-ci, dans le dos de Bai-Long, se retourna le visage neutre avant de prendre la parole.

« Ton nom est Lee Bai-Long, c’est bien ça ? Tu ferais donc partie du clan Lee ? »

Le ton de sa question ne portait pas de malice, juste de la curiosité. L’ancestral clan Lee… Si la mémoire du sabreur était bonne, il s’agissait là de la petite noblesse, des serviteurs sous les ordres de la maison Shihōin. Voilà peut-être pourquoi l’individu en face de lui se battait comme un agent des Forces Spéciales ! Mais en ce cas, que faisait-il au sein de la Cinquième Division au lieu de la Seconde ? Voilà qui était curieux, en effet…

Si la première phase de l'assaut du XVème siège avait largement réussi, la dernière s'était montrée décevante. Bai-Long avait espéré que l'officier millénaire s'inquièterait de l'enchaînement subit jusqu'à en monter sa garde, mais il fallait croire que son expérience le gardait de telles stratégies. Peut-être qu'un nunchaku était aussi simplement moins menaçant qu'un katana. Quel qu'un fut la raison, la feinte ne prit pas, et la jambe du Lee fut promptement dégagée par celle, plus imposante, de Metsudai.

Ce fut au tour du XVème siège d'être déstabilisé, assez pour que son opposant ait le temps de ranger ses armes en toute tranquillité. Mais pourquoi faire ? Était-il satisfait de ce seul engagement ? Non, la pression qui s'abattit soudain sur les épaules de Bai-Long lui fit au moins comprendre que le guerrier qui lui faisait face était loin d'en avoir fini. A vrai dire, toute la salle devait le ressentir : les hommes de la XIème, ceux de la Vème, les recrues des dojo, et même Kirinketsu elle-même. Zanpakutō en main, Bai-Long pouvait sentir l'attention de son arme rivée sur celle de Metsudai. Il s'attendait à la voir émettre de la méfiance, peut-être de la peur, mais il ne ressentait en Kirinketsu que de la pitié vis-à-vis de l'arme de Metsudai.

Il n'eut pas le temps de méditer sur la question cependant, car le troisième siège repassait déjà à l'assaut. Son centre de gravité considérablement abaissé, il dégaina d'un mouvement véloce et propulsa la lame vers le cou de Bai-Long, avant de disparaître. Bai-Long l'avait bien sûr déjà ressenti dans son dos, mais impossible pour lui de réagir à temps pour lui opposer quelconque résistance. Tout juste savait-il qu'il ne s'agissait que d'un sabre en bois, et il passa donc cet instant suspendu à se préparer à l'impact.

Pourtant, celui-ci se fit attendre. Avant la douleur, vint la confusion. Pourquoi avait-il la tête à l'envers ? Pourquoi l'assemblée semblait-elle si horrifiée ? Enfin, il sentit. Il sentit la chaleur de l'hématome naissant sur son cou, la violence des chocs répétés de ses épaules et de ses hanches contre le bois au sol alors qu'il virevoltait suite au coup, la fraîcheur rassurante du métal dans sa main. Fraîchement sorti d'un énième rebond, il pivota en plein air avant de s'immobiliser d'un trait en se réceptionnant sur ses pieds. Il passa une main sur son cou endolori en répondant à l'officier.

"Voilà déjà bien des siècles que le clan Lee n'est plus. Quelqu'un, quelque part a fait quelque chose, et nous en avons tous payé le prix. Rare sont ceux qui se souviennent de notre nom aujourd'hui."

Il n'avait pas grand chose d'autre à partager sur le sujet, encore moins dans une telle situation et devant une audience si large. Et pour être honnête, il avait bien d'autres problèmes, le premier étant le suivant : comment vaincre ce monstre ? A l'évidence, et bien que sa familiarité avec son arme le surprenne autant que ses pairs, le niveau global du Lee restait bien en dessous de celui du shinigami millénaire. Devait-il se rabattre sur une autre tactique, ou explorer plus encore son étrange connexion avec Kirinketsu. Avant qu'il ne puisse lui-même formuler une réponse, la voix de son arme lui parvint.

"Tu as toute la puissance nécessaire pour ce combat. Nous avons déjà arpenté mille fois le chemin vers la victoire, mais tu ne parvins simplement pas à t'en souvenir. Juste pour cette fois, je te laisserais puiser en ma mémoire."

Le regard du Lee sembla un instant perdre de son éclat aux yeux du monde avant de réapparaître, plus exalté que jamais. D'un mouvement du poignet, il sembla à nouveau frapper l'air alentour, créant comme une sorte d'ondulation qui devait troubler la vision qu'avait son adversaire de lui. Immédiatement après cette énigmatique manoeuvre, il fit tourner l'une des poignées de son arme au dessus de sa tête, avant de l'abattre verticalement, créant dans son sillage une immense lame d'eau qui fusa vers Metsudai. Il s'agissait de sa première utilisation de cette technique, mais il en démontrait une maîtrise presque surnaturelle tant l'exécution pouvait laisser penser avoir été travaillée des milliers de fois.

Visiblement le jeune guerrier n’arriva pas à suivre le Shuntetsu du regard.
Ce n’était pas vraiment étonnant, cet art pouvait même laisser pantois certains lieutenants. Et dans ces cas-là, évidemment, la technique connectait. Et lorsqu’elle se faisait avec une vraie lame, elle emportait bien souvent la vie de ses cibles. Fort heureusement, c’était là un bokken. Un bokken d’excellente facture, cela allait sans dire, sans quoi le bois cèderait sous la force de son manieur… Et ce bokken alla ébranler la pomme d’Adam de l’entraîné pour l’envoyer valdinguer contre le sol.

C’était peut-être sévère pour de simples passes d’échauffement pourraient penser certains poids plume. Et leur opinion était d’une importance nulle. L’excellence ne s’atteint pas à force de modération. Et c’est bien l’excellence que Metsudai entendait inculquer à non seulement l’Achillée, mais aussi à toutes les autres Divisions du Gotei. Et cela incluait cet homme. Mais son nom interpella le millénaire, et son adversaire accepta d’en parler quelques peu après s’être relevé avec panache. Le clan Lee était dissout, donc ?

« Oh ? Je l’ignorais… Mais je ne suis pas assez curieux pour m'enquérir de plus de détails. »

Affirma-t-il simplement alors qu’il cru percevoir quelque chose dans l’iris du Lee l’espace d’un court instant. Le vétéran savait bien de quoi il retournait. Il était ailleurs. Et en plein combat, les Shinigamis qui se retrouvent ainsi sont soit ceux qui perdent simplement leur concentration, soit ceux qui reçoivent une visite imprévue. Il l’avait vu tant et tant de fois. Ces Shinigamis qui se perdent à écouter les mots de leurs épées. Que pouvaient-elles bien leur dire de si intéressant qu’ils en oublient, même le temps d’un infime moment, la situation dans laquelle ils étaient ? Que pouvaient-elles promettre pour qu’elles se mêlent dans ce qui était censé être l’expression de la pureté martiale ?

Que cette notion d’aide extérieure, d’ange gardien ou d’ami imaginaire répugnait le Troisième Siège. Il n’avait que du mépris pour les esprits et leurs murmures sournois. Ils ne représentaient pour lui qu’une gangrène, un poison qui s’écoulait dans les veines de chaque Shinigami et qui ralentissait les progrès de ceux-ci par le biais d’artifices empruntés ! Comment telle chose pouvait-elle simplement être appelée ‘force’ ? C’était incompréhensible. Ces pouvoirs spéciaux étaient bien distincts des compétences guerrières et c’était bien ce que comptait enseigner le guerrier à ses élèves ! Usant de sa détection affûtée du Reiatsu, Metsudai tenta de lire dans le jeu de Bai-Long pour déterminer l’instant même de son prochain assaut pour y répondre au quart de tour.

Mais il y avait quelque chose qui n’allait pas dans sa lecture de sa pression spirituelle. Et c’était en partie dû à l’effet étrange que le Shikaï du jeune combattant donnait à l’air autours de lui. Mais au-delà de ça, il semblerait presque que ses mouvements n’étaient pas réfléchis ! Comme si une ombre s’était jetée sur ses intentions ! Comme si… Ça arrivait ! Les cheveux du Menos de Sabitsura se dressèrent sur sa tête alors que le guerrier de la Cinquième levait son nunchaku ! Il ne savait pas de quoi il s’agissait exactement, mais il savait qu’il allait être touché s’il ne réagissait pas ! C’est donc vers le sol qu’il se dirigea à toute vitesse, désarticulé comme un pantin avant de se ruer sur le côté ! Et il eut bien raison, puisque ce fut une véritable lame aqueuse qui allait s’abattre sur lui. Se redressant net, Metsudai regarda cette technique s’écraser contre le mur, le tranchant net. C’était un technique puissante ! Trop puissante pour venir de quelqu’un qui venait d’apprendre le Shikaï !

Mais autre chose vint attirer son attention. Quelque chose de chaud courrait sur son avant-bras gauche. Et à y regardait, le sabreur n’en croyait pas ses yeux. C’était…Son sang ? C’était son propre sang ? « C’est la première fois… » Naturellement, il n’avait aucun état d’âme à être blessé… Mais il ne se blessait pas face à des Quinzièmes Sièges ! Il ne se blessait pas contre de simples novices ! C’était tout bonnement…

« Voilà 852 ans que j’ai été promu au titre de Troisième Siège… Depuis ce jour, aucun Shinigami en dessous de mon rang n’a jamais su me faire perdre la moindre goutte de sang. »

Un sourire large se dessina alors sur son visage jusqu’alors dangereusement neutre. « Ca me plaît, jeune pousse ! » Eructa-t-il de joie ! C’était tout bonnement prodigieux ! Ce n’était pas un Quinzième Siège ! Ce n’était pas un amateur ! C’était un guerrier accompli qui lui faisait face ! Son sang ne fit qu’un tour alors qu’il fit de nouveau éclater sa pression, lui conférant son surplus d’adrénaline pour foncer au contact ! Dans sa main droite se tenait son bokken. Mais c’est la main gauche qui s’écrasa contre l’onde placée par Bai-Long, pleine d’énergie spirituelle et de férocité, pénétrant à travers pour tenter de s’écraser contre son nez !

Mais il ne comptait pas s’arrêter-là ! Son Reiatsu toujours de sorti, il effectua un simple mouvement avec son bokken. Ou était-ce… Un sabre ?

« Ichi no Inshō… »

Esquivé ou non, il semblera connecter. Tranchant ou non, il semblera avoir frappé la chair. Léthal ou non, il semblera avoir pris la tête du combattant.

« Shudan. »

Et cette tête pourrait presque sentir l’indifférence du sol alors qu’elle tombe à ce qui était ses pieds. Terrifiante vision d’horreur qui frapperait l’esprit, pour la cible comme pour ceux qui pouvait l’apercevoir. Mais c’était tout ce que cela était. Une vision. Une impression. Une pression sur l’esprit. Une pression née de nul autre que l’entraînement acharné de Metsudai. Il ne comptait pas l’utiliser, à la base. Il comptait se retenir contre ce qui n’était ni plus ni moins que des combattants en devenir. C’était-là son erreur. C’était-là son insulte. Et à y repenser, il en était désolé… Désormais, il ne prendrait plus de gants avec Bai-Long. Voici venir l’as dans la manche de l’épéiste, sa réponse aux fantaisies des Zanpakutō.
Voici venir le Kakuhadō !

Bai-Long avait subit le coup le plus violent de l'engagement, mais c'était bien son arme qui avait versé le premier sang. La majorité des duels entre shinigamis se seraient arrêtés sur ce dernier, mais le Lee avait face à lui un adversaire peu commun. Un officier de la XIème division d'abord, et un guerrier millénaire de surcroit. Metsudai était issu d'une époque autrement plus violente ou la vie d'un soldat n'avait de valeur que celle de sa force. Si cette philosophie était loin de résonner avec le XVème siège, il n'en déplorait cependant pas la cause immédiate sur son affrontement: le combat continuait.

Le IIIème siège semblait distrait par la vue de son propre sang, mais il n'était pas un adversaire à sous-estimer. Ainsi, Bai-Long s'en rapprochait, lentement mais sûrement, restant sur le qui-vive afin de ne pas se laisser à nouveau surprendre par la vitesse étourdissante du duelliste. Il fit bien car Metsudai, après une brève exclamation témoignant de son excitation, passa à nouveau à l'offensive, déployant à nouveau ce Reiatsu si lourd, avant d'expédier une frappe en direction du challenger. Se mouvant comme l'eau poussée par un baton, le Lee atténua grandement l'impact en adoptant une trajectoire parallèle à celle de la frappe, tout en mettant son Zanpakutō en opposition. La seule douleur qu'il ressentit initialement fut celle du choc entre les deux armes qui se répandit le long de son avant bras, mais alors qu'il se préparait à partir à l'assaut il se sentit à nouveau basculer dans le vide. Seulement cette fois-ci, et alors que sa vision s'habituait à la vrille dans laquelle elle était plongée, il aurait jurer pouvoir appercevoir son corps encore debout et loin de ses yeux. Insensé, sa conscience l'aurait déjà abandonné depuis longtemps. Il ferma les yeux, s'efforça de sentir sa main non armée, puis s'expédia lui-même une puissante giffle. Il était de retour.

"Quelle singulière façon de combattre. Si c'était la norme d'alors, je m'étonne de ne pas voir les shinigamis millénaires pulluler au Seireitei."

A nouveau, son énergie spirituelle et celle de Kirinketsu s'accordent, vibrant comme à l'unisson. Bai-Long est dans son élement, dans l'oeil du cyclone. Contrastant peut-être avec la passion qui émane du IIIème siège, son regard est froid, innexpressif. Il s'adresse encore une fois à voix basse à son Zanpakutō.

"On y va."

Adoptant une posture basse, le Lee donne, comme au début de l'engagement, l'impression de frapper l'air, ce qui crée contre toute vraissemblance un courant fort sous les jambes de son adversaire. Presque dans le même mouvement, il déploye une autre redoutable lame de fond horizontale, qui se précipite vers Metsudai en distordant l'air. Bai-Long n'en reste pas là, et saute sur la tranche, maintenant un délicat équilibre qui lui permet de surfer sur la vague. Dans le chaos provoqué, celle-ci le dissimule quelque peu aux yeux des plus naïfs spectateurs. Arrivé à bon port, il s'en extrait quelques instants avant l'impact, puis rase le sol et rejoint son adversaire en quelques bons avant de l'assaillir de nouvelles frappes véloces aux rebonds incohérents et imprévisibles. Feintant d'en avoir terminé avec sa séquence, il recule d'un pas, puis pénètre à nouveau dans la zone de danger pour y délivrer une nouvelle averse de coups vicieux.

Enfin, il casse à nouveau la distance, cette fois-ci pour de bon, et agite son Zanpakutō comme s'il aggripait ça et là des fils invisibles. Bien vite, les gouttelettes répandues autour de Metsudai se nourrissent de l'humidité dans l'air, et se lient les unes aux autres, formant un filet d'eau qui vient entraver le IIIème siège. Dans son esprit, il ressent la suprise de Kirinketsu. Il s'agit là d'une initiative personnelle et non d'une technique transmise. Après tout, n'était-ce pas là la volonté de son adversaire ?

Naturellement déboussolé, le jeune homme se mit une claque pour revenir à lui malgré l’expérience troublante que lui imposa le Kakuhadō. C’était une façon de se ressaisir, certes. Reprenant une posture de combat, celui-ci s’étonna de cette capacité avant de remarquer que cette dernière, si elle était un standard d’époque, aurait fait des guerriers du passé des monstres dont la rareté était donc surprenante. Le Kakuhadō, un standard ? Voilà qui était riche !

« C’est vraiment ce que tu penses ? Que je suis une norme d’antan ? »

Demanda le Troisième Siège sourire aux lèvres. Il se craqua alors la nuque d’un côté puis de l’autre alors qu’il faisait rouler ses épaules pour ce qui suivrait. « Crois-tu réellement que les hommes comme moi s’embarrassent d’aussi fragiles notion ? » S’exclama-t-il alors que Lee Bai-Long repartait à l’action ! Cette fois-ci, il ne fit même pas l’effort de lire dans son Reiatsu ou d’initier la moindre défense, remarquant simplement que le martialiste au nunchaku réessayais le pouvoir de son Shikaï lui permettant de conjurer une nouvelle fois ce courant qui happait les jambes du millénaire.

Une nouvelle lame d’eau lui fut alors destinée et l’officier fonça simplement à sa rencontre, la laissant lacérer peau et Shihakushō dans un filet de sang qui ne délaissa pas le guerrier de son sourire alors qu’il gardait ses yeux prédateurs sur le membre du clan déchu, le corps toujours en surplus d’adrénaline. Lee bougeait bien, rapidement et agilement ! Vraiment, c’était un perte pour l’Onmitsukidō de se séparer de talents pareils… Et il ne s’arrêta pas là, criblant le Menos de Sabitsura de coups, et ce en deux enchaînements rapides. Mais comme l’avait remarqué Metsudai, ces frappes-là avaient beau être nombreuses, elles manquaient individuellement d’assez de poids pour sonner plus que cela le sabreur malgré le fait qu'elles malmenaient assez durement sa chair. Il volait comme le papillon, mais ne piquait pas encore exactement comme le frelon.

Et alors que le vétéran allait attraper le col du jeune combattant, ce dernier reprit ses distances pour former à l’aide de ses pouvoirs une sorte de barrière aqueuse encerclant l’épéiste de l’Achillée, qui en prit conscience du coin de l’œil avant de reporter son attention sur Bai-long. Et c’est avec un ricanement que ce dernier la fit purement et simplement voler en éclat d’un coup de poing du gauche provoquant une véritable onde de choc !

« La norme n’a plus prise dans le monde que tu pénètres, Lee ! Tu dois t'en débarrasser ! »

Lâcha-t-il sans gêne alors qu’il marcha simplement vers son adversaire, son Reiatsu toujours en ébullition pour affûter ses capacités. Et c’est à mi-parcours que les jambes de ce dernier se gorgèrent d’énergie spirituelle, le propulsant directement jusqu’au Quinzième Siège où il lui collerait un coup de genou diablement explosif droit au milieu du visage ! Et cette attaque éclair lui laissait non seulement l’avantage de garder ses deux mains disponibles, mais aussi de lui conférer un saut dont il comptait profiter de l’atterrissage ! En effet, lorsque Metsudai reposa son pied gauche sur le sol, ses mains étaient posées sur son sabre de bois au-dessus de sa tête, ne le retenant que par le pouce gauche et l’index droit.


Puis, il posa le pied droit… Ou plutôt, il le frappa avec la force d’un Rikishi pratiquant le Shiko. Et c’est là que le millénaire agrippa fermement son bokken, l’abattant avec une force prodigieuse provoquant un appel d’air démentiel. La force destructrice de cette visiblement si banale technique de Zanjutsu semblait purement abracadabrantesque ! Elle était telle que, dans la main de Metsudai ne se trouvait plus que des copeaux de bois, écrasées par sa poigne, qui lui servaient quelques instant avant de poignée, le sabre en lui-même ayant été simplement pulvérisé par l’attaque qu’une simple épée d’entraînement ne pouvait simplement pas supporter…

Un nuage de poussière et de vapeur s’est levé dans la pièce, faisant tousser les spectateurs qui s’aperçurent à sa dissipation de l’ampleur des dégâts. Le mur était ruiné, et le sol avec. Il n’y avait plus qu’à espérer que celui qui avait reçu cette attaque puisse s’en remettre mieux que le bois. Un rictus au coin des lèvres, Metsudai jeta ce qu'il restait de son bokken par dessus ses épaules avec nonchalance, n'ayant pas de doute sur la capacité de son interlocuteur à se relever de ce choc. C’était d’ailleurs pour cela qu’il se donnait désormais à fond : il avait vu en lui le potentiel d’un guerrier d’exception ! Il avait senti qu’il était différent de cette norme dont il faisait allusion. Il avait senti qu’il était comme lui…

Se débarasser de la norme. Le troisième siège avait à l'évidence une haute image de sa personne, et semblait dans le même temps presque vouloir élever le Lee à son niveau. Soit. Bai-Long ferait honneur à sa volonté. Concentrant son reiatsu, le XVème siège mit fin à tout mouvement, se préparant à encaisser toute la violence des attaques à venir. Et la violence ne manqua pas. Ni dans le coup de genou porté à son visage, ni dans la descente de sabre, heureusement en bois, que la première attaque avait servit à mettre en place. Bai-Long esquiva de justesse la lame en bois qui, fendant l'air et le son, provoqua tout de même une colossale déflagration qui se fit ressentir avant même que l'arme ne se brise sous la force de son propre impact. Pleniement exposé à l'attaque, le XVème siège fut projeté à nouveau à l'autre bout du dojo, jusqu'à s'encastrer dans le mur.

Couvert de sang, Bai-Long s'extirpa de la cloison mi-détruite, avant que Kinrinketsu ne l'interpelle.

"Ça devrait suffir. Nous devrions nous retirer. Tu te mets en danger."

La peur du Zanpakutō était palpable, au moins par son possesseur, mais elle n'avait aucune influence sur ce dernier. Le Lee s'intéressait plus aux mots du guerrier qu'à ceux de l'arme.

"Ce shinigami a raison. Je suis le décisionnaire ici, Kirinketsu. Le combat continue."

D'un mouvement horizontal, le Lee expédie une nouvelle lame de fond, qui vient relever la poussière déjà étalée au sol, l'entraînant dans son sillage. Mais il ne compte pas se camoufler cette fois. Bai-Long déploie son aura et sprint, sautant au dessus de sa propre attaque toujours en mouvement juste avant d'arriver au contact de l'adversaire. Son reiatsu débordant juste devant le guerrier, il cherche à monopoliser son attention en armant son nunchaku au dessus de sa tête, répliquant le doigté particulier utilisé par Metsudai lors de sa dernière attaque. Alors qu'il abaisse enfin son arme, il disparaît, laissant finalement la première lame de fond faire contact, avant de réaparraître juste derrière elle et d'en envoyer une autre, verticale cette fois, créant une sorte de croix aqueuse tranchante.

Constatant de l’étendue des dégâts dans le dojo, le vétéran agita sa main pour dégager la poussière levée. L’attaque n’avait pas touché de plein fouet la jeune recrue, fort heureusement. Sous les décombres, le Quinzième Siège respirait encore… Le problème résidait plutôt dans les décombres en eux-même. « Je vais sans doute me faire réprimander pour ça… Cette technique n’est pas vraiment utilisable avec un sabre en bois, hélas. Cela cause un désordre monstre ! » Nota-t-il avec une pointe d’agacement dans la voix. Eh oui, le Koô était une technique qui concentrait toute sa puissance dans le tranchant de la lame. Un sabre qui en est dénué comme un bokken répartit donc cette force n’importe comment ! Et ce qui devait arriver arriva forcément : le bois ne tînt pas le choc et l’énergie employée dans l’attaque se dispersa n’importe comment ! Le martialiste de la Cinquième, visiblement sonné, se releva néanmoins. Ensanglanté, mais tenant toujours fermement son arme. Souriant devant cet exemple de volonté, Metsudai se pencha en avant.

« Je vois que tu ne baisses pas les bras aisément. Admirable ! »

Affirma-t-il chaleureusement avant de se remettre en garde, la main droite posée sur la garde de son véritable Zanpakutō. Il chargea pile au moment où le Lee entra en action, envoyant sur lui une nouvelle lame aqueuse qui rencontra l’avant-bras du millénaire, tranchant dans sa chair. D’un revers, il la dissipa alors avant qu’elle ne lui coupe radius et cubitus. Mais derrière cette technique, il ne trouvait pas son adversaire : il avait sauté ! La suite viendrait donc d’en haut ! Le vétéran avait suivi du regard le jeune gaillard qui tentait de frapper verticalement. La meilleure chose à faire était donc d’esquiver sur le côt-

Non ! Aussitôt le vieux guerrier avait amorcé un pas de côté, son opposant disparut ! Un leurre ? Cette jeune pousse maîtrisait déjà un Shunpo de ce niveau-là ?! Il n’était pas en l’air, il était à nouveau en face de lui, et il n’avait pas de défense pour s’opposer à ce qui arriverait ! Car en une nouvelle coupe, l’eau fendit l’air à l’horizontal, mordant la chair du Menos de Sabitsura dans un sillon de sang qui s’étendit d’un pectoral à l’autre et cracha une gerbe de sang sur le noble déchu. Et pourtant, le sourire su Troisième Siège ne partait pas. Au contraire même !


Enfin, Ryutsume était dégainée. La pression de l’air semblait monter alors que l’aura du soldat de l’Achillée grimpait en intensité ! « Mais fais-moi donc une fleur. N’en meurt pas… » Rabattant son sabre vers le sol, ses yeux rouges rivés sur le jeune homme se faisaient plus pesant. D’un mouvement de poignet, le fer du sabre refléta la lumière ambiante alors que le vétéran fit un pas. « San no Inshô…» Et avec cet éclair lumineux, Bai-Long pouvait sentir à nouveau sur lui le froid du fer creuser ses entrailles. De l’épaule à la hanche. De la clavicule à l’entrejambe. D’une aisselle à l’autre. De l’oreille à la cuisse. Quatre découpes.

Réduire purement et simplement en morceau. Telle était la Troisième Technique du Kakuhadô ; faire vivre à l’ennemi le moment où tombent au sol ses abats alors que se répandent leurs entrailles. Dans leur tête seulement bien sûr. Mais cette vision cauchemardesque, elle, impactait réellement le champ de bataille ! Elle leur imposait une distraction. Une distraction pendant laquelle fondait sur eux la véritable menace ; Metsudai frappait ! Et encore une fois, il usa de son Zanjutsu puissamment simpliste pour placer un second Koô, lequel devait frapper en diagonale le torse du Lee, concentrant dans son exécution la force précédemment présentée pour entailler aussi prestement que peu profondément son élève du jour. Le but était après tout de lui faire apprendre, pas de le terrasser.

Amorçant un deuxième mouvement en avant, Metsudai réitéra son utilisation du Kakuhadô pour attenter une fois de plus à la clarté d’esprit du Quinzième Siège ! « Shi no Inshô : Edakiri… » lui donnant l’illusion d’avoir eut le mollet droit sectionné par une taillade implacable pour lui faire perdre l’équilibre et ainsi le faire tomber au sol. Plus qu’une volonté de continuer ce combat, c’était plus une incitation qu’autre chose. Une incitation à ne pas s’emporter. Les deux guerriers étaient après tout bien esquintés. C’était déjà difficile à expliquer comme ça aux guérisseurs de la Quatrième pour ne pas en plus rajouter de blessures mortelles au tableau, d’autant qu’il serait délicat pour le millénaire d’expliquer la malencontreuse mort de cet homme plein d’avenir aux chefs de la Cinquième Division.

« Je crois qu’il serait sage de s’arrêter là, tu ne penses pas ? »

Bai-Long avait un instant craint de se retrouver avec la mort d'un officier sur le dos lorsque Metsudai avait, semble-t-il, refusé de se défendre, mais c'était oublier à qui il avait affaire. Le Menos de Sabitsura n'avait à l'évidence pas survécu aussi longtemps en surestimant sa force. Aussitôt l'attaque encaissée, il repartit à l'assaut, infligeant en un éclair une série de terribles taillades. Non, c'était un leurre, Bai-Long commençait presque à en avoir l'habitude. Il chassa l'illusion d'une contraction brute et intégrale de tous ses muscles, et émergea juste à temps pour pouvoir observer la véritable attaque.

Cette fois-ci, il ne l'encaisserait pas. Ses muscles, toujours contractés, entrèrent en action, et de multiples clones semblèrent apparaître, chacun empruntant une direction différente. Le vrai Bai-Long, lui, fit simplement un bond très rapide en arrière, évitant ainsi un contact direct avec l'arme. En dépit de l'esquive, le claquement provoqué par le Koo créa, comme il l'avait fait tantôt, une redoutable bourrasque qui vint frapper de plein fouet le Lee, lui faisant l'effet de cent gifles déposées en même temps sur l'avant de son corps. De quoi le faire tanguer, mais pas flancher. Ni quand la réplique de l'attaque vint, ni quand Metsudai usa d'une nouvelle illusion, destinée cette fois-ci à briser son équilibre.

Plongé dans l'extase du combat, Bai-Long fut pris de cours par la proposition de Metsudai. Quelques instants plus tard, et alors que l'adrénaline retombait, elle lui parut d'un coup bien moins déraisonnable. Il tenait debout, certes, mais lui-même avait du mal à saisir comment.

"Soit. Je ne suis pas certain que l'un de nous deux puisse ressortir parfaitement indemne d'un dernier échange."

D'un dernier moulinet de nunchaku, le XVème siège joint les deux bâtons, puis les glisse à la verticale dans sa ceinture. Un pas après l'autre, il se rapproche de Metsudai, évaluant les environs dans le même temps. Le théâtre de leur affrontement était proprement ravagé, et l'on pouvait lire sur le visage des spectateurs des émotions oscillant de la crainte à la stupeur. Le Lee prenait ainsi doucement conscience d'avoir basculé dans une toute autre dimension. Celle de ceux qui, à deux, pouvaient provoquer plus de dégâts que des armées entières en un temps bien moindre. Celle des leaders et des monstres, des champions et des tyrans. Celle des guerriers dont les noms seront retenus et dont les voix seront écoutées.

"Merci pour cette leçon."

Bai-Long accompagna ces mots d'un salut formel, parvenant difficilement à contenir l'ivresse qui l'envahissait. Certain qu'elle risquait de déborder d'une manière ou d'une autre à, il pivota pour faire face à l'assemblée mesmérisée.

"Jespère que vous avez appris des choses, vous autres."