Matryona
Données Spirituelles
Grade: Membre de Las Manadas
Mar 25 Juil 2023 - 3:21 - The Long Dark [libre]
Le temps n'a pas d'importance. Seule la vie, est importante. Mais qu'est-ce que la vie lorsqu'une parcelle de votre âme vous a été arrachée à jamais et vous laisse amputée de ce que vous devriez véritablement être, quelque part sur cette interminable échelle du vivant ? Un chasseur sans arme n'est rien de plus qu'un vagabond errant dans les confins du monde à la recherche d'un gibier qu'il n'arrivera jamais à attraper. Une bête toute parée de crocs et de griffes n'est rien sans son instinct primitif qui la pousse vers les chemins de la traque ou du combat. Elle ne mérite dès lors plus de titre, plus d'appartenance à un quelconque peuple, plus de terre acquise de droit, plus de confort ni même d'ego. Elle n'est plus que l'ombre d'une carcasse molle agonisante, esseulée au milieu du désert sans fin, affrontant la brise nocturne en foulant le sable sans véritablement savoir où ses pas finiront par la mener.
Voilà dans quel état d'esprit se trouvait l'ex Tercera depuis la perte tragique de son enfant le plus virulent de tous, Vinny. Jusqu'alors rien en ce monde n'aurait pu prétendre lui enlever ce bien le plus précieux. Il n'existait nul part un moyen radical et définitif de lui soustraire une facette non négligeable de sa psyché. Surtout pas celle-ci. Et puis vint la Grande Cataracte, cette anomalie spirituelle incomprise de tous. Par orgueil Matryona ne l'avait jamais considérée comme une menace potentielle, allant même jusqu'à s'en moquer auprès de ses congénères. Ce qui n'est pas palpable ne peut me nuire, se disait-elle alors.
C'est pourquoi lorsqu'elle fut envoyée sur place en compagnie d'une paire de guerriers chevronnés n'apparaissant aujourd'hui dans sa mémoire que sous les traits de sinistres silhouettes sans visage ni nom la fougue arrogante l'emporta sur sa raison de toujours. Voyant les autres hésiter elle lâcha sur ce maelstrom de vide imperceptible celui qui, jugea-t-elle, risquerait le moins de souffir des conséquences d'un tel acte. Grave erreur s'il en est car dès l'instant où l'angelot quitta son épaule d'un battement d'ailes furibond son adorable petite ossature décharnée fut comme absorbée, éclipsée du monde pour ne jamais reparaître. Pire encore, le lien spirituel le rattachant à sa mère fut instantanément rompu.
Un coup net qui la laissa sans le souffle, à genoux, absente comme il le devint dans son esprit encore complet quelques secondes auparavant. Imaginez. Imaginez que l'on vous ôte subitement la capacité de rire, de pleurer ou encore de parler. On ne peut réellement se le représenter et pourtant c'est bien ce que l'anomalie venait de lui prendre sans crier gare. Après cet incident tout s'écroula à la manière d'un chateau de cartes. Privée de son instinct combattif Matryona finirait par perdre toute crédibilité aux yeux de ses pairs. Pire encore, elle pourrait devenir une proie pour les plus opportunistes d'entre eux.
Une fois le choc passé, elle se décida donc à faire ce qui jadis lui permit de continuer à vivre tout en progressant dans l'ombre jusqu'à revenir plus forte que jamais : fuir. Fuir pour survivre. Plonger sour le sable du Yermo, s'enfoncer toujours plus profondément dans les limbes. Traverser l'immensité de la forêt souterraine en ne laissant aucun témoin dans son sillage. Retrouver ses sens, des traces laissées par ses soins au creux d'un tronc calciné puis d'une cavité rocheuse creusée à la hâte sous un feu nourri ancestral, se glisser dans des boyaux interminables, déboucher au fin fond des abysses où ne règnent que l'obscurité et la mort, puis enfin, regagner son royaume de toujours. Une fois de plus.
Voilà dans quel état d'esprit se trouvait l'ex Tercera depuis la perte tragique de son enfant le plus virulent de tous, Vinny. Jusqu'alors rien en ce monde n'aurait pu prétendre lui enlever ce bien le plus précieux. Il n'existait nul part un moyen radical et définitif de lui soustraire une facette non négligeable de sa psyché. Surtout pas celle-ci. Et puis vint la Grande Cataracte, cette anomalie spirituelle incomprise de tous. Par orgueil Matryona ne l'avait jamais considérée comme une menace potentielle, allant même jusqu'à s'en moquer auprès de ses congénères. Ce qui n'est pas palpable ne peut me nuire, se disait-elle alors.
C'est pourquoi lorsqu'elle fut envoyée sur place en compagnie d'une paire de guerriers chevronnés n'apparaissant aujourd'hui dans sa mémoire que sous les traits de sinistres silhouettes sans visage ni nom la fougue arrogante l'emporta sur sa raison de toujours. Voyant les autres hésiter elle lâcha sur ce maelstrom de vide imperceptible celui qui, jugea-t-elle, risquerait le moins de souffir des conséquences d'un tel acte. Grave erreur s'il en est car dès l'instant où l'angelot quitta son épaule d'un battement d'ailes furibond son adorable petite ossature décharnée fut comme absorbée, éclipsée du monde pour ne jamais reparaître. Pire encore, le lien spirituel le rattachant à sa mère fut instantanément rompu.
Un coup net qui la laissa sans le souffle, à genoux, absente comme il le devint dans son esprit encore complet quelques secondes auparavant. Imaginez. Imaginez que l'on vous ôte subitement la capacité de rire, de pleurer ou encore de parler. On ne peut réellement se le représenter et pourtant c'est bien ce que l'anomalie venait de lui prendre sans crier gare. Après cet incident tout s'écroula à la manière d'un chateau de cartes. Privée de son instinct combattif Matryona finirait par perdre toute crédibilité aux yeux de ses pairs. Pire encore, elle pourrait devenir une proie pour les plus opportunistes d'entre eux.
Une fois le choc passé, elle se décida donc à faire ce qui jadis lui permit de continuer à vivre tout en progressant dans l'ombre jusqu'à revenir plus forte que jamais : fuir. Fuir pour survivre. Plonger sour le sable du Yermo, s'enfoncer toujours plus profondément dans les limbes. Traverser l'immensité de la forêt souterraine en ne laissant aucun témoin dans son sillage. Retrouver ses sens, des traces laissées par ses soins au creux d'un tronc calciné puis d'une cavité rocheuse creusée à la hâte sous un feu nourri ancestral, se glisser dans des boyaux interminables, déboucher au fin fond des abysses où ne règnent que l'obscurité et la mort, puis enfin, regagner son royaume de toujours. Une fois de plus.