Gotei groupe #2 : Quartiers nobles

L’obscurité se dissipe, la frappe projette l’inconnu au loin et son corps gît au sol. Il ne se relève pas. Est-il sonné, évanoui ou juste mort, telle est la question. En tant que médecin, elle serait bien allée vérifier les signes vitaux par elle-même de plus près. Mais dans ce temple éphémère les ordres diffèrent. Le Capitaine se charge lui-même d’aller voir leur attaquant. Soit. Elle n’en prend pas ombrage. Ce n’est pas comme s’il savait qu’elle était une ancienne de la Quatrième division ou parce qu’elle ait des capacités de soin elle avait des tâches qui lui incombaient particulièrement. Mais sa nature curieuse et l’intérêt personnel qu’elle portait à cette mission lui donnait envie de fouiller l’homme elle-même. Cependant on lui a appris à ne pas discuter et à faire ce que l’on attend d’elle pour le bien de tous.

« Bien Capitaine. » Dit elle d’un ton neutre tout naturel. Mais avant d’aller vérifier les alentours, de sa place elle se concentre en premier lieu sur l’homme. En évaluant son énergie spirituelle, elle pourra avoir une petite idée de son état de santé et ainsi prévenir Igarashi s’il le fallait, si piège il y avait.

La Shugoshin ne doute pas qu’il puisse se défendre par lui-même, son Bankai étant toujours actif, mais la prudence n’était jamais de trop. « A-t-il quelque chose sur lui ? »

Sans aller jusqu’à donner un ordre, de façon subtile, elle suggère à Sora de fouiller ses poches si d’aventure l’homme était bien a minima dans les pommes. Ce qu’il avait prévu d’ailleurs semblerait-il puisqu’il l’examine de près. De son côté, elle se concentre à présent sur les environs, tentant de détecter les énergies spirituelles proches. Elle se déplace en un large cercle autour des deux hommes, puis se hisse en hauteur, de préférence au sommet du temple lui-même afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble.

Retourner l’accusation, une défense basique. Cela pouvait être du bluff, bien entendu. Se présenter comme les véritables victimes afin d’inverser les positions. Le soucis était que nulle preuve n’était apportée. Allait-elle se contenter de croire leur parole sans discuter ? Et surtout, se laisser endosser toute une responsabilité alors que ses actes étaient entièrement justifiés ?
Aucune chance. Surtout que, dans leur volonté de porter le discrédit sur le Gotei, et elle en particulier, ils avaient enfin donné une information qui, pour le coup, pouvait avoir une véritable importance. Un nom, qui permettrait alors enfin d’avancer. Pas forcément dans l’immédiat de cette conversation, mais cela permettrait d’appuyer autrement que par des paroles.

La maison Kamiyama.
Bien entendu que notre hôte savait de qui il s’agissait. Famille appartenant à la noblesse. Bien que d’un rang inférieur à la notre, elle était assez respectée. Suffisamment pour pouvoir dire qu’elle avait une certaine influence, bien que les connaissances à son sujet n’étaient pas beaucoup plus étendues.
Est-ce que cela serait surprenant que son dirigeant ait engagé une équipe en marge de l’enquête officielle ? Cela ne le serait d’aucun représentant de la noblesse. Ce qui pouvait rendre ce discours crédible.
Mais au moins, notre porteuse avait une voie sur laquelle avancer.

>> Vous savez, ce qui est toujours amusant avec les maisons nobles, et je suis bien placée pour le savoir, c’est que, à différents degrés, toutes pensent pouvoir agir selon leurs propres règles. Heureusement, ce n’est pas le cas. La protection du Seireitei est de la compétence du Gotei 13. Si certains nobles peuvent avoir leur milice, il va de soi que cela doit rester de façon à ce que cela ne gène pas celle de notre armée.

Là était toute la nuance n’ayant pas été respectée en cette nuit, s’ils disaient la vérité bien entendu. Et l’arrogance de la noblesse transparaissant dans leurs paroles, elle ne serait pas surprise qu’il y ait une part de véridique dans celle-ci. Le tout était donc de savoir à quel point.

>> Opérer une enquête en parallèle sans prévenir l’autorité compétente, se dresser sans un mot en face d’une équipe en pleine opération s’attendant à une possible attaque. Des erreurs qui auraient pu être évitées en ravalant un orgueil mal placé. Ma réaction était donc des plus justifiée, surtout que mon coup n’était pas de nature à mettre en danger la vie de votre compagnon. Vous pouvez même aller voir, nulle blessure ne sera présente de mon fait.

Quoiqu’il puisse en penser, la Capitaine n’était pas idiote et jamais elle n’aurait attaqué mortellement un individu n’étant pas un adversaire avéré. Et ce même si elle doutait toujours que ces hommes n’étaient pas réellement les responsables.
Se présenter sans un mot au lieu de directement attaquer était en effet une attitude pouvant paraître étrange, mais cela l’était tout autant si leurs intentions étaient louables.
Tout en leur attitude était donc suspecte.

>> Mais si vous n’avez en effet rien à vous reprocher, je suppose que vous n’aurez rien contre le fait de nous accompagner à la Neuvième Division afin de s’assurer de tout cela. Et que nous puissions vérifier également vos dires auprès de votre Seigneur. Libre à vous ensuite de faire votre plainte auprès de qui de droit.

Refuser ne serait que se rendre plus suspects. Et n’empêcherait en rien l’enquête de se faire. Bien entendu, qu’ils mentent ou non, elle ne doutait nullement que cette nuit aurait des conséquences et qu’elle aussi serait l’objet de recherche. Heureusement que nul dégât n’était réellement présent de son fait, diminuant d’autant les risques qu’elle encourrait.
Tournant alors le regard vers son alliée de l’instant, qui ne devait pas trop savoir ce qu’elle pouvait faire dans une telle situation, la Capitaine pris de nouveau la parole.

>> Commandante en second Yane, est-il de nouveau possible de contacter nos alliés ? Afin de vérifier si le problème pourrait en effet venir de leur côté. Et voir s’il est toujours présent. De plus, je suppose que de notre côté rien de notable n’arrivera dorénavant.

Si véritable affrontement il devait y avoir, les individus n’auraient certainement pas perdus autant de temps à la discussion. Elle n’emploierait même pas la force pour les forcer à l’accompagner. Un refus serait après tout bien plus dommageable pour eux que pour elle.
Bien sûr, cela ne l’empêchait pour autant pas de garder son arme à la main, sous sa forme libérée. Il serait bien idiot de relâcher maintenant sa garde.

Des chiens de garde de la noblesse, bah voyons.

En entendant l'argument, proféré sur un ton accusatoire, Yoru ne peut s'empêcher de souffler avec mépris. Voilà qui sent les emmerdes. C'est bien connu : y a pas pire qu'eux pour agir comme bon leur semble, au mépris de tout ordre établi et en dépit du bon sens.

C'est donc avec surprise qu'elle entend la Capitaine retoquer cette tentative de faire valoir leur prétendue supériorité, avec tout le bon sens et la clarté d'une personne qui se trouve aux premières loges pour savoir de quoi elle parle. Il faut l'avouer, cette auto-critique sur les failles de la noblesse la fait remonter dans l'estime de la brune, qui voit là s'effacer certains des préjugés qu'elle avait jusqu'ici à l'égard de la gardienne de la Justice au Seireitei. Pour la première fois, elle est contente d'être accompagnée d'une - non, de LA - représentante de la Neuvième Division : quel plaisir d'être enfin protégée, et non accablée !

Mais voilà que Nozomi lui suggère de tenter à nouveau d'établir une communication avec l'autre équipe. Avec méfiance, son regard s'attarde sur le type qu'elle utilise encore comme canapé. Jusqu'ici, elle n'en était pas certaine, mais il ne bouge pas d'un pouce malgré l'inconfort de la situation et la douleur causée par le talon de la Nécromancienne sur son poignet, laissant suggérer que son évanouissement n'est pas feint. Bien - elle pourra donc se concentrer sur les communications sans crainte. Malgré tout, elle ne relâche pas prise : une intervention extérieure pourrait toujours arriver, visant à libérer cette proie.


- Je vais essayer, répond-elle à la Capitaine, tandis qu'elle se retrousse à nouveau les manches. Oh, au fait, en parlant du type en dessous de moi : il est dans les vapes. Puisqu'il a été... blessé... durant notre opération, j'imagine que personne ne voit d'inconvénient à ce qu'on prenne nos fameuses responsabilités pour l'emmener nous-mêmes recevoir des soins ?


Et hop, on se glisse dans la brèche ouverte par Nozomi. Yoru se doute que les petits copains de la Belle au Bois Dormant vont tenter de le récupérer - d'où la nécessité de leur couper l'herbe sous le pied en avançant un argument qui justifierait le fait de leur confier, à elles deux, la responsabilité de ce blessé. Bien sûr, l'essentiel est avant tout de pouvoir l'isoler du reste du groupe et, à son réveil, l'interroger en solo...

Elle lève un bras, paume vers l'avant, gardant son autre main fermement resserrée sur le manche de son arme. Le Tenteikûra est établi, et elle tente de joindre le Capitaine Igarashi pour lui faire part du statu quo et demander, au passage, un état des lieux. En effet, il est étrange qu'il ne soit pas déjà là : si sa vitesse va de pair avec sa fonction, il ne devrait pas tant traîner, suite au hurlement diffusé à la cantonade. A-t-il eu un empêchement? Pour l'instant, difficile de le savoir - la communication est encore poussive, et elle ne saurait dire avec précision si le message a pu, ou non, être transmis. Il n'y a plus qu'à attendre une éventuelle réponse pour être fixée.

Mais au fait, en parlant de Sora...

Un détail lui revient subitement. Qu'est-ce qu'il a dit, déjà, l'homme mystère? "Peut-être votre équipe rencontre-t-elle un problème inattendu, ce qui rendrait votre aide plus utile à leurs côtés qu'ici", quelque chose comme ça?

Elle se plonge dans ses pensées. D'un point de vue extérieur, elle pourrait tenter de communiquer avec n'importe qui : par exemple, une personne restée bien à l'abri pour recevoir et retransmettre l'état de la situation. La formule employée, en revanche, ne prend pas cette option en considération. Conclusion hâtive, ou glissade révélatrice du fait qu'ils en savent plus que ce qu'ils devraient? L'une des deux gradées a-t-elle seulement mentionné l'existence d'une seconde équipe déployée, à leurs côtés, sur le terrain, et qui pourrait "avoir besoin d'aide"? De mémoire, Yoru serait bien tentée de répondre non. Même son alerte, diffusée via son Shikai, ne pouvait vendre la mèche de façon concrète.

Là, ça commence à faire beaucoup. Elle relève la tête, sourcils froncés. Doit-elle dire quelque chose? Non, pas pour le moment... Autant jouer à l'idiote et voir, avant toute chose, s'ils vont leur obéir docilement, ou trouver une excuse pour se défiler. Si cette phrase les a bien trahis, autant ne pas davantage éveiller leur méfiance avant de pouvoir les mettre en cause de façon formelle.

▬ Et merde.

Que restait-il d'autre à dire ? Non seulement la cible - la véritable cible - avait-elle réussi à leur fausser compagnie, mais en plus s'était-elle arrangée pour le forcer à causer des dommages collatéraux.
Et non des moindres, puisque malgré sa connaissance limitée de la noblesse, il savait qui était cet homme, pour avoir récemment tout lu à son sujet dans leur base de données. Au moins cela confirmait-il qu'ils étaient sur la bonne piste ; néanmoins aurait-il préféré pouvoir la remonter sans être accusé d'un meurtre, quel qu'en soit le degré...
Immédiatement conscient du pétrin dans lequel il s'était fourré, il relâcha sa prise sur le macchabée - pour ne pas aggraver son cas, mais aussi pour ne pas risquer d'effacer d'éventuels indices.

Par le plus grand des hasards, c'est à ce moment exact que choisit un autre homme pour faire son apparition - en l'occurrence, l'un de ses subordonnés. Son nom ne lui revenait pas dans l'immédiat - d'autant qu'il lui était difficile de discerner son visage, entre le masque et l'obscurité -, mais le son de sa voix lui était familier.
Toutefois, pour avoir lui-même émis l'hypothèse que des traîtres pouvaient se trouver dans leurs rangs, ce n'était pas forcément de nature à le rassurer, quand bien même celui-ci ne lui donnait pour l'heure aucune raison de se méfier...
Il désactiva son Bankai avant toute chose, laissant les bâtiments supplémentaires que celui-ci avait fait pousser dans les parages retourner vers le néant - ou les profondeurs de son Monde Intérieur. De la même manière disparurent les éclats de lumière encore plantés dans le corps frais du noble ayant servi de bouclier.

Dans le même temps lui parvint une transmission de la part de Yane, l'informant des dernières avancées de leur côté. Les choses semblaient mieux se dérouler - ce n'était pas difficile -, quand bien même la situation n'était pas simple non plus. Il lui était cependant difficile d'épiloguer, fut-ce par la pensée, et qui savait si ces communications ne pouvaient pas être interceptées...
Shimura Ashido vient de mourir. Nous avons été piégés.
Ces renseignements lapidaires - et pour le moins inquiétants - risquaient de ne faire qu'accroître la confusion des destinataires, mais au moins sauraient-elles ne pas devoir compter sur leur aide ; ils n'étaient pas près de pouvoir se regrouper.
Remettant son sabre au fourreau pour ne pas paraître plus menaçant qu'il l'était au naturel, il s'adressa ensuite au nouveau venu :

▬ Il y a un sicaire en liberté dans le Seireitei. Il n'avait pas bougé de là où il était, ni n'avait même pris la peine de se retourner ; le moment n'était pas aux gestes brusques. J'ai essayé de l'arrêter.

Il n'en dirait pas davantage, laissant le soin à la Troisième Siège de compléter - ou non - ce début d'explications. Il n'y en avait de toute façon aucune qui plaiderait en sa faveur. S'il devait avoir des comptes à rendre, ce ne serait certainement pas à l'un de ses propres subalternes ; les membres de la Chambre des 46 devraient lui faire l'honneur de mobiliser leurs augustes fessiers. Hélas, dire que c'était un accident risquait de ne pas suffire à passer l'éponge après avoir privé une famille noble d'un de ses membres... À moins d'avoir un autre coupable à leur proposer.

▬ Je peux savoir ce que tu fais ici ? Je ne me rappelle pas avoir demandé d'assistance. Enfin, il daigna darder un regard vers le membre de l'Onmitsukidō par-dessus son épaule. Je te conseille de la relâcher. Elle va devoir aller prévenir la Quatrième Division qu'ils ont un corps à examiner.

L’homme est mort. Elle en a la certitude. Et si elle n’a aucune information sur son identité pour l’heure, elle se questionne. Pourquoi riait-il ? Pourquoi semblait-il si sûr de lui alors qu’il a été si facilement terrassé. Bon une frappe d’une telle ampleur ce n’est pas rien, mais alors elle ne comprend pas tout. Peut-être est-elle trop étrangère aux émotions humaines pour saisir, ou bien des informations lui manquent.

Alors qu’elle inspecte les alentours, elle ne perçoit rien, ni personne. Du moins pas jusqu’à ce qu’une lame se trouve en travers de sa gorge. La jeune femme n’esquisse pas le moindre geste, ce dernier pouvant être mal interprété. Il ne faut pas se précipiter. Si elle devait mourir, ce serait déjà fait. Des questions lui sont posées, et elle ne voit pas l’intérêt de garder le silence ou de mentir.

« C’est lui-même. J’ignore l’identité de son adversaire. »

Ah. La voix du Capitaine résonne dans son esprit alors que cette identité est révélée. Le dernier disparu en date. Ce n’est pas bon du tout. Comment cela peut-il être possible ? Se serait-il fait volontairement passé pour disparu, ou était-il sous le contrôle mental de quelqu’un d’autre ? Akemi n’en est pas au point d’imaginer qu’il ait pu être substitué physiquement à leur agresseur initial comme le pense Igarashi. Ce dernier intervient d’ailleurs alors que toute trace de son Bankai est dissipée.

« En effet, un homme nous a cerné de ténèbres. Il nous tournait le dos, riant de nous avoir piégés. Il portait une veste, cheveux noirs partiellement coiffés en chignon. Le Capitaine nous a apporté ses lumières. Voyez le résultat par vous-même. »

Les faits, elle se cantonne aux faits. Si Sora ne lui avait pas déjà demandé ce qu’il faisait ici, elle l’aurait demandé elle-même. Sans se départir de son sang froid, elle attend d’être libérée pour pouvoir aller voir le corps, sous prétexte de devoir le porter à la Quatrième tel que le demande Sora. Et là elle regardera attentivement si celui qu’elle a vu de dos est bien le Shimura Ashido mort à l’instant ou s’il s’est échappé comme le suggèrent les mots du Capitaine. Puis elle tentera de voir si certaines blessures ne seraient pas plus anciennes, bref, tout indice que son expertise pourrait lui permettre de trouver avant de bouger le corps.

Drapés dans leurs certitudes, accabler de critiques les actes de la Capitaine semblait être la seule chose qu’ils avaient l’intention de faire durant cet échange. Sûrs d’eux, ils n’en étaient pas pour autant aussi intelligents qu’ils pouvaient vouloir le penser. Aussitôt ils réfutaient la mention d’une enquête. Cela aurait pourtant été bien simple de confirmer que tel était leur but. Cela leur aurait donné une raison parfaite à leur présence.
Il n’en fut rien. Cela pouvait donc signifier plusieurs choses. Deux principalement, de ce qui venait à l’esprit de la noble.
Ils pouvaient être là comme simple milice de protection. Auquel cas, si leurs intentions étaient véritablement louables, il aurait été bon de se présenter, à défaut de se déclarer, plutôt que de faire une entrée mystérieuse de la sorte.
Ou alors, et c’était l’option qui restait majoritairement présente dans l’esprit de la Shinigami, ils étaient véritablement les coupables qu’ils recherchaient.

Sa main sur son sabre, elle était prête à agir de nouveau tandis que son alliée faisait part de la volonté d’amener eux-mêmes leur allié auprès de personnes à même de s’occuper de lui. Et cette simple mention fut de nature à déclencher la suite des événements.
L’annonce concernant la mort de l’individu, la réaction instantanée dudit défunt. Instinctivement, une sphère de protection électrique se forma autour d’elle, la protégeant de l’explosion. La Nécromancienne étant plus proche de la source qu’elle, jamais la Capitaine n’aurait eu le temps de la protéger. Et encore aurait-il fallu que ses défenses soient moins personnelles.
Il ne restait donc plus qu’à espérer que celle s’étant spécialisée dans les explosions, selon son dossier, avait également développé une façon de s’en défendre efficacement.

La colonne foudroyante, le cri dans la nuit, l’explosion.
La discrétion n’était clairement plus au rendez-vous. Relâchant sa défense tandis que les conséquences de la détonation ne retombent, Nozomi gardait son Shikai à la main, afin de définitivement s’assurer que nul danger ne subsistait.

>> Commandante en Second Yane, vous allez bien ?

S’assurer que son équipière était en état. Puis seulement, dans l’affirmative, elle lui demanderait de prévenir la Neuvième Division tandis qu’elle même rechercherait le moindre indice sur place, notamment au niveau de la source de l’explosion.
La suite allait demander de l’organisation. Les paroles des inconnus avaient au moins donné une piste. Kamiyama Seijuro. Elle ne pouvait exclure qu’il n’était pas réellement leur Seigneur, révéler son identité ainsi pouvant être bien imprudent, mais il était clair qu’il ne pouvait être ignoré. Investigateur de l’histoire ? Prochaine cible ? Bouc émissaire ? Trois possibilités, trois raisons de le surveiller et d’en découvrir plus sur cette famille, quitte à jouer des connexions qu’elle pouvait avoir.
Il y avait aussi le cas de se défendre s’ils entendaient réellement se plaindre aux autorités des actes de la Shinigami. En ce sens, exécuter leur allié était une erreur. Les capacités de la Capitaine de la Neuvième n’étaient pas forcément un secret et il était dans ses habitudes d’agir pour capturer et non exécuter.
Quant à Yoru… Et bien si les explosions ne lui étaient pas étrangères, elle aurait un témoin pour la défendre en cas de besoin.

Mort? Comment ça, mort?

Son regard se porte sur le type qui lui sert de paillasson, juste à temps pour voir les traits de celui-ci se déformer - sa main libre s'arrache au Bakudō qui entravait son corps, se porte à sa gorge, comme pour chercher de l'air. Le prisonnier enfle, et vite ! Pas le temps de se soustraire à ce qui s'annonce comme une explosion : la vitesse de déplacement n'est pas le fort de la Nécromancienne. En revanche, sa vivacité d'esprit et un entraînement rigoureux à la rapidité d'exécution compensent amplement ce désagrément; se projetant en arrière pour ne pas être prise à bout touchant, elle arrache son Shikai d'une main, conjure son meilleur kekkai de l'autre.

Boum.

Malgré sa défense, certes résistante mais érigée dans l'urgence, l'impact lui coupe le souffle et l'envoie voler droit dans la toiture d'un bâtiment voisin, qu'elle dégomme en percutant la tuile de plein fouet. Des éclats d'ardoise jaillissent, retombent en cascade autour de son corps endolori, et il lui faut un instant pour reprendre ses esprits. Se redressant avec précaution, elle constate que seules des blessures superficielles ont meurtri sa chair, marquant sa peau de brûlures légères et d'entailles peu profondes. Rien dont elle n'a pas déjà l'habitude, en définitive.

Elle regarde autour d'elle, cherche les ninjas du regard. Volatilisés, bien sûr.


- Putain de merde, les connards. Je vais bien, je vais bien... Vous avez vu, hein, j'y suis pour rien? Pour celui-là, en tout cas, parce que si je les chope, je peux rien garantir pour les suivants !


Sous la frustration, jurons et menaces sortent tout seuls. Histoire d'évacuer. Tout aurait pu tellement mieux se passer ! Mais ce qui est fait est fait...

D'un revers de main, elle essuie le sang dont elle a été maculée lorsque le corps a éclaté comme un ballon, avant d'examiner les symboles encore visibles sur ses bras. En un clin d'oeil, elle en rétablit les parties abîmées dans le feu de l'action, avant de passer un nouvel appel, sur les instructions de Nozomi. Cette fois, c'est l'un des sièges de la Neuvième, étonné de recevoir une communication de cette fauteuse de troubles notoire dont le nom ne lui est pas inconnu, qui est succinctement mis au courant de l'affaire.

Une fois la commission passée, la brune s'étire et empoigne son arme, sans la sceller pour autant. Il reste un sujet à aborder - et pas des moindres.


- J'ai pas eu le temps de vous passer le message, mais on n'est pas les seules à être dans la merde. J'ai reçu une réponse du nin... du Capitaine Igarashi. Shimura Ashido est mort, et leur duo a été piégé. Je vais pas vous servir à grand-chose par ici, alors si ça tenait qu'à moi, je partirais à leur recherche... mais je pense pas que filer seule et vous abandonner ici soit l'idée du siècle. Même si je m'attends pas à avoir une seconde visite des guignols en pyjama ce soir...


A une autre époque, elle se serait lancée sans rien demander, mais cette fois-ci, elle préfère faire part de son intention à la Capitaine. Ce coup-ci, elle a eu de la chance que cette scène se soit déroulée sous les yeux de Nozomi, qui pourrait lui servir de témoin; en revanche, le Capitaine Igarashi a également parlé de piège, ce qui semble décidément être le thème de la soirée. Inutile, donc, de se séparer pour s'exposer bêtement en solo.

Sora n'ignorait pas à quoi cela pouvait ressembler d'un œil extérieur.
Sora n'ignorait pas non plus que toute cette affaire ressemblait de plus en plus à une macabre machination dans laquelle ils pourraient bien devenir des dommages collatéraux, s'ils n'y prenaient pas garde. Il ne saurait le supporter.
Patiemment, il attendit donc que son interlocuteur ait ôté sa lame de la gorge de la Troisième Siège pour reprendre la parole, mettant ce temps à profit pour mieux l'observer ; guetter dans son comportement le moindre signe suspect - non que sa soudaine apparition l'arme à la main, ô combien opportune, ne le soit pas déjà.

▬ Notre assaillant a utilisé un pouvoir d'obscurité, sans doute le fruit d'un Zanpakutō puisqu'il n'existe aucun sort de Kidō conventionnel qui y ressemble, pour essayer de nous emprisonner. Je l'ai attaqué avant qu'il n'en ait l'occasion.

Sora n'en démordrait pas : Shimura Ashido n'était pas la personne qui s'en était prise à eux - pas plus que celle qu'ils avaient attaquée en retour. Pour commencer, il avait vu le corps de près et avait pu constater qu'il ne portait aucune arme, aucun artefact qui puisse être à l'origine de cette vague de ténèbres qui les avait enveloppés.
S'il n'était pas totalement impossible que sa technique - tout de même issue d'un Bankai - ait pu le projeter, il serait tout de même étonnant qu'il n'en ait pas trouvé trace... Et pour peu qu'ils la fassent constater assez vite, la pression spirituelle qui s'était répandue autour d'eux lors de cette échauffourée devrait pouvoir le prouver.
Mais s'il n'avait effectivement pas l'intention de s'étendre sur le sujet, quelle que soit l'autorité au nom de laquelle son vis-à-vis prétendait agir, le forcer à s'en expliquer lui disait tout ce qu'il voulait savoir : qu'il n'était pas venu parce qu'il avait été alerté par les explosions mais parce qu'il était déjà sur place.
Réagir aussi vite aurait été surprenant mais pas impossible de la part d'un membre éminent d'une unité connue pour sa célérité ; en revanche, qu'il ait été soi-disant mandaté pour les épier était autrement plus suspect.
Ce pourquoi il se garda de rengainer son sabre ; celui-ci était peut-être scellé, mais restait plus qu'il n'en fallait pour se défendre si nécessaire. Après tout, c'était lui qui, le premier, avait émis l'hypothèse - si répugnante soit-elle - que l'Onmitsukidō accueillait peut-être des traîtres en son sein.
La question se posait donc : Kuzu Ryū était-il un pantin, ou tirait-il les ficelles ?

▬ Oh, je sais... Tout comme je sais que si le but n'était que d'observer, ils avaient d'autres choix à leur disposition. Donc je te pose la question encore une fois : qu'est-ce que tu fais là ?

Au même moment, une violente explosion se fit entendre dans le lointain...

De nouveau libre, elle scelle son Zanpakutō et le range dans son fourreau. S’il faut dégainer de nouveau, elle n’hésitera pas, mais pour l’heure elle cherche davantage à montrer patte blanche. Cela étant, elle ne baisse pas sa garde, toujours attentive à ce qui l’entoure et aux mouvements de l’homme de l’Onmitsukidō.

« Ce n’est pas ce que j’ai dit. »

Comme si elle n’avait pas été suffisamment claire, ou qu’il entendait ce qu’il voulait bien entendre, ou encore qu’il n’écoutait qu’à moitié. Le Capitaine se charge d’expliquer plus clairement ce qu’il s’est passé. Cela lui passe au dessus. Elle lui laisse bien volontiers se charger du reste de la discussion. Les histoires de confiances, de traîtrise interne potentielle, tout cela ne la concerne pas directement. Dans cette mission, elle a l’impression de ne pas avoir servi à grand-chose, à part avoir apporté les dossiers et les avoir examinés. Elle observe donc le corps du défunt puisque c’est là tout ce qu’il lui reste à faire, et ne peut que conclure que c’est bien celui qu’ils ont vu de dos et qui a été touché par la frappe du Bankai d’Igarashi.

« Il est fort probable que l’on ait été piégés. Ils savent, les kidnappeurs, qu’on est à leur recherche, alors ils ont monté ce coup pour nous discréditer et tenter de nous mettre hors course. J’en conclu que nous sommes tout proches d’une piste qu’ils ne souhaitent pas que l’on suive... »

Une explosion se fait entendre et la Shogoshin tourne aussitôt la tête dans cette direction. La seconde moitié de l’équipe semble en difficulté.

« Je suggère que l’on retrouve nos camarades et qu’ensuite nous allions tous faire un rapport à la Chambre des 46. »

Un bon moyen pour mettre fin à ces suspicions mutuelles lui semblait-il.