Maître Serpent, sur un gratte-ciel perché [PV Muzan]

À un étage privatisé d'un gratte-ciel au milieu de Shinjuku, ils parlent.

Un meeting entre les différents clans de l'Inagawa-Kai, un des groupes Yakuza les plus importants du pays. Parmi ceux-là, le représentant du clan Kodama, Hiroshi Kodama.

Spoiler:

Hiroshi est récent. Jusqu'à il y a quelques mois, son père menait le clan d'une main de fer, tandis que lui était parmi les cadres de l'organisation. Or, feu Takeo Kodama a quitté ce monde plus tôt cette année, emporté par la maladie. Pas de récits de grande trahison, assassinat, fusillade ou terrible affaire criminelle. Plutôt, la flamme vacillante d'un homme en fin de vie qui finit par s'éteindre.

Parmi les rivaux et alliés du clan Kodama, la nouvelle a été accueillie comme un tournant pour le clan : Affaibli, privé du leadership solide d'une icône Yakuza qui a officié pendant maintenant des décennies, la suite reposait sur les épaules d'Hiroshi. Soit il réussissait à remplir le rôle de son défunt père, soit il échouait, et alors, il emporterait le clan dans sa chute. Peut-être pas au point de la dissolution du clan, mais au moins assez pour entacher le nom Kodama. Perte d'influence, perte de membres, perte de territoire. Ce genre de choses.

Là dans l'ombre, les envieux, opportunistes et ennemis sont prêts à frapper.

Le problème, c'est qu'à la rencontre de ce soir comme à toutes les autres avant, Hiroshi prouve sa valeur, son efficacité. Le problème... C'est le Serpent.

Hebi. Le conseiller masqué qui suit dans le sillage de l'Oyabun Kodama depuis toujours. La tradition remonterait à la création-même du clan : un homme proche de l'Oyabun, un confident, un bras-droit. Personne ne sait qui se cache derrière le masque. Parait-il que l'Hebi d'aujourd'hui est le même que celui de l'époque de Takeo.

Hiroshi a bien été formé. Et même lorsqu'il trébuche, Hebi rattrape ses maladresses.
À lui seul, il représente un vestige de l'influence du vieux Takeo. Un rempart.
Un obstacle.

- Tu n'as pas besoin de moi, Hiroshi. Pas cette fois.
- Je sais. Je pense. Je suis prêt. J'aurais préféré que vous soyez-là, quand même.

Entre les couloirs de l'immeuble, Hiroshi et Hebi discutent. Plus loin d'ici quelques minutes, une réunion des Oyabuns va se tenir, et seuls ceux-là pourront s'y présenter. Alors par de conseiller. Pas d'Hebi.

- Je n'en doute pas.Un rire discret, derrière le masque. - Mais tu dois aussi leur montrer que tu es fort seul.
- C'est vrai. Hiroshi réfléchit, un court instant. Puis, il sourit. - C'est vrai oui. Je vais y aller maintenant.

Il s'incline devant l'homme masqué, puis disparaît à un détour de couloir. Hebi peut désormais laisser le jeune héritier voler de ses propres ailes...

Hebi se dirige alors vers l'ascenseur. Un étage plus bas, la porte s'ouvre. Là, il y croise le chemin d'autres hommes en costume, des badges différents marquant l'appartenance à différent clans accroché à leur col. Quelques regards, quelques signes de respects, quelques autres signes de défiance. Sans s'en formaliser, il avance, jusqu'à la porte de ses quartiers. Il ouvre, puis ferme dans son dos.

La lumière s'allume dans le loft tant spacieux que luxueux. D'un pas lent, reposé, il avance jusqu'au salon. Il dépasse le sofa, la table-basse, continue jusqu'à la baie vitrée, non loin de là où repose un Tachi, exposé sur un support à la verticale. En contrebas, il peut voir l'effervescence de la Tokyo nocturne, active, gigantesque fourmilière de lumière. Dans le reflet, il peut voir les contours du masque d'Hebi : Un masque intégral aux contours et motifs qui rappellent un serpent.

- Alexa, prépare-moi un café.

Sans un regard, il peut entendre la machine qui s'active côté cuisine. Un soupir derrière le masque.
Gérer les affaires du groupe Kurosawa, gérer les affaires du clan Kodama, gérer les affaires de l'Ultima Necat... Il manque définitivement de temps de sommeil.

Heureusement, le café existe.

Quelques rues plus loin, quelques heures plus tôt.

L'homme alluma sa cigarette, posant alors simplement l'allumette utilisée sur le trottoir. Un geste presque normal pour quiconque aurait observé la scène de loin. Bien que l'on soit en droit de se demander s'il n'aurait tout simplement pas été plus rapide de simplement jeter le morceau de bois plutôt que de le déposer de la sorte. Seulement pour celui qui attendait dans l'ombre, il s'agissait d'un signal particulier. Il était le contact.

Une voix se fit entendre derrière l'homme en question. Le faisant sursauter. Alors qu'il se retournait prestement, il put apercevoir la source de la voix. Un homme au costume vert foncé, portant une simple canne, un léger sourire sur le visage alors qu'il observait le contact. L'homme paraissait jeune. Le teint hâlé, la peau mâte. Et surtout un regard franc, perçant, qui donnait froid dans le dos. Au sein de la communauté, on ne connaissait rien de lui. En dehors d'un surnom. Le Corbeau. Un oiseau de mauvais augure pour beaucoup. Mais qui était également un messager.

- Il semblerait que vous ayez quelque chose pour moi, n'est-ce pas ?

Une voix maîtrisée, assurée. L'homme chercha dans sa veste et en sortit une simple enveloppe. Epaisse, visiblement. Il la tendit vers l'homme au costume qui s'en empara délicatement, adressant un simple sourire de remerciement. Quelques personnes, de rares privilégiées, connaissaient son apparence. Désormais ce messager serait l'un d'eux. Il pouvait parler, évidemment. Mais les risques étaient trop grands. Il le savait. Une perle de sueur mourut dans son dos.

- Bien. Vous pouvez disposer. Et n'oubliez pas. Nous ne nous sommes jamais rencontré. Il serait vraiment dommage que je sois obligé de rendre visite à votre charmante épouse et à votre fille.

L'homme tressaillit, inclina la tête et quitta rapidement les lieux. La menace de Muzan était réelle. Tuer pour protéger sa couverture n'ayant jamais été un problème le concernant. Femme et enfant n'étant finalement rien d'autres que des noms à cocher. L'enveloppe, maintenant. Il déchira le sceau et entreprit de lire la missive. Puis, ayant appris ce qu'il devait apprendre, il sortit lui aussi un petit briquet et enflamma l'enveloppe et l'intégralité de son contenu. Quittant les lieux alors qu'un petit morceau de papier s'envolait, s'enflammant elle aussi, laissant apparaître ce simple nom : "Hebi".

Retour au présent

Le bruit de la machine à café emplissait le loft. Alors que l'odeur du puissant nectar commençait à se faire sentir. Comment ses contacts avaient obtenu l'adresse de cette personne, il s'en moquait. Qui il était réellement, visiblement nul ne le savait. On avait juste une adresse et sa consigne était de l'exécuter afin de rendre plus aisé la suite des opérations. De permettre d'atteindre son "maitre". Hebi était un obstacle. Et quand un obstacle entravait la route de son Oyabun, on l'appelait lui. Le Corbeau.

Contrairement à Hebi qu'il observait dans l'ombre, il ne portait pas de masque lui. Inutile puisqu'aucune de ses victimes n'avaient jamais réchappés à ses serres. Lentement, précautionneusement, il sortit de sa veste un lourd poignard incrusté d'un symbole. Le sien. Sa signature en quelque sorte. D'autre aurait prit le temps de parler à l'inconnu. De jouer les machiavéliques pour parler du plan pour les tuer. Ou tout simplement pour partir dans une bagarre dantesque. Mais il ne disposait ni du physique pour ce genre d'action stupide, ni du temps. Il était là pour remplir un contrat. Pas pour parlementer.

Le couteau fendit l'air à vive allure. Visant la nuque adverse. Presque sans un bruit. Presque...

Il entend, avant de voir.

Il voit, avant de se retourner. C'est flou, indistinct, à peine perceptible, mais il discerne les contours d'une silhouette dans le reflet de la baie vitrée. Un mortel ne saurait voir, mais il n'est pas de ceux-là. Années, décennies, siècles : Toute une éternité passée à perfectionner son corps, et donc ses sens. Alors il voit, alors il entend...

Alors il réagit.

Le lancé est précis, vif, létal. L'homme est entraîné, l'homme sait ce qu'il fait. Mais ce jour-ci ne sera pas le jour d'une énième dague plantée dans la nuque. Aujourd'hui, la cible se retourne : aujourd'hui, il y a cette main qui vient s'emparer de la lame en vol. La pointe impacte contre la porcelaine sombre du masque, et le coin supérieur gauche se brise, assez pour dévoiler un œil couleur océan, une peau jeune, des mèches noires.

Le Serpent observe la lame, une lueur analytique dans le regard. Puis, ses yeux se lèvent vers l'homme. Le masque obstrue sa bouche, mais un sourire se devine au coin de ses yeux.

- Je croyais pourtant que le Corbeau ne ratait jamais sa cible.

Une voix forte, neutre, un calme froid dans l'intonation. Il reconnaît le symbole incrusté sur le poignard. Il fréquente ce milieu depuis assez longtemps pour être au fait des petites légendes du crime Japonais. Les grandes figures, les croque-mitaines, les mythes à l'aura presque surnaturelle... Pour certains, une exagération. Pour d'autres, une réputation méritée. Se trouve-t-il que le Corbeau ne lui est pas inconnu. Dés son arrivée à l'Ultima Necat, Kyoya s'est renseigné, notamment sur les effectifs des Clubs. Ils sont la seconde section combattante de l'organisation, donc naturellement, des gens à garder à l’œil.

Ce n'est pas la première fois que son œil voit ce visage.
La première fois, c'était dans un dossier, là-bas, dans les locaux de l'Arcānum.

Hebi fixe, Hebi pense. Puis, un geste vif, soudain : la lame est retournée à l'envoyeur d'un lancé éclair, surhumain. Le couteau passe prés de l'épaule du Corbeau, puis se plante dans une colonne métallique non loin. Le couteau est intact, mais il y a cet impact dans le métal du pilier : comme si une force excessive avait impacté à un point précis.

- Réessaie.

Aussi sérieux et composé puisse-t-il être, Kyoya aime s'amuser, à sa façon. Puis... Il se dit que c'est une façon comme une autre de tester un agent à son insu.

D'un pas assuré, il se déplace sur le côté, jusqu'à arriver au Tachi sur son flanc. Lentement, il sort la longue lame de son fourreau : plus longue et courbée qu'un katana, cette arme typique de l'ère Sengoku pourrait avoir sa place dans un musée, si elle n'était pas si dangereuse entre les mains de son propriétaire...

Une tentative d'assassinat. Il n'est pas totalement surpris, bien que la pratique soit de plus en plus rare. Ça ne sera pas la première...

Ni la dernière.

Il était extrêmement rare pour une de ses cibles de s'en sortir comme Hebi venait de le faire. D'ailleurs, cela n'était jamais arrivé jusqu'à présent. Et sans doute que s'il avait eu des émotions, Muzan aurait été bien en peine et déstabilisé de ne pas pouvoir abattre sa cible du premier coup.

Seulement la grande force du "Corbeau", c'était précisément cette gestion des sentiments, des émotions. Pas un sourire. Mais aucune crainte non plus sur ce visage aussi dur et froid que la glace. Lui savait qui il était visiblement, ce qui n'était pas un mince exploit. Il faut dire que si sa réputation est connue au sein du milieu, les "rumeurs" restent souvent une excellente couverture tant elles peuvent se contredire les unes les autres. Mais pas ici. Pas face à lui. Il comprenait d'autant plus la nécessité de le faire abattre.

Car Hebi était dangereux.

- Tu es bien renseigné. Preuve que tu n'es décidément pas n'importe qui. Il est vrai que je ne rate jamais ma cible. Il faut croire qu'il y a un début à tout.

Bavard ? Pas vraiment. Mais remettre les choses dans leur contexte était important, surtout face à un adversaire digne de ce nom. Et il l'était sans le moindre doute. La suite ne le fit pas bouger. Pas qu'il n'en eut pas le temps. Seulement il était aisé d'apprécier la trajectoire d'une lame que l'on connaissait. Toutefois cette vitesse. Cette justesse. Il haussa un sourcil. Quelque chose clochait nettement. Et pas seulement parce qu'il avait échoué à le surprendre.

Il attrapa la poignée et la retira de son point d'impact. Quelle force... Réessayer ? Inutile de demander. Car si le Serpent est dangereux, surtout avec cette lame au clair désormais, le Corbeau ne lâche pas pour autant sa proie. Mais cette fois, autant y mettre un peu plus du sien. De la triche ? Pas réellement. Mais ce sentiment étrange. Il allait lui aussi tester un "petit quelque chose". Il attrapa la pointe de la lame. Et toujours cette absence d'émotion sur son visage. Un adversaire préparé était d'autant plus difficile à surprendre. Ainsi allait-il changer la donne. En manipulant l'âme de la lame. Et en déviant sa trajectoire au dernier moment. Du moins était-ce l'objectif.

L'autre parerait son coup. Du moins le croyait-il. Mais un brusque changement de direction en plein vol ? Impossible à prévoir. Il viserait le coeur. Mais ferait remonter la lame dans sa gorge au dernier moment. Quand il amorcerait son mouvement défensif.

- Le serpent est vif et à la hauteur de sa réputation également. Crois-bien que je n'ai aucun plaisir à te tuer aujourd'hui. Je respecte les gens comme toi. Nous sommes bien trop peu nombreux désormais. Ceux qui agissent comme nous. Mais...

Le travail est le travail après tout. La lame partit à une vitesse proprement surhumaine. Et cette fois, pas question de le louper. Un oeil averti comprendrait qu'il y avait plus qu'un simple lancer ici. Mais Hebi n'était pas comme lui. Si ?

Il y a un début à tout, oui.

Par exemple, tomber sur un autre humain à pouvoir lors d'une confrontation.
Parce qu'il a vécu longtemps, il a déjà eu à gérer ce cas de figure. Les gens comme eux sont rares, et ils étaient plus rares encore il y a un temps de ça. Alors souvent, les quelques uns des Fullbringers investis dans les métiers et arts de la mort ne rencontrent jamais personne qui possède les mêmes capacités, la même origine. Souvent, il s'agit de la longue et extraordinaire carrière d'un surhomme qui ne rencontre que d'autres humains normaux. Des mortels.

La masse.

Or, Kyoya n'est pas de ceux-là. Aujourd'hui est l'un de ces jours où deux Fullbringers se confrontent malgré eux.
Il reste silencieux face aux premiers mots. Immobile, lame en main, il entend, il attend. Il n'y a pas de nervosité dans sa posture, dans ses yeux. Il est froid : le froid d'un homme calme, en contrôle. Il se demande si Muzan a compris... S'il sait ce qu'il est. Bien assez tôt, il aura la réponse.

Tandis que les derniers mots du Corbeau résonnent dans l'air, Hebi ferme les yeux.
Sans yeux, pour mieux voir.

Voir Muzan, voir l'énergie autour de lui, voir le monde sans poussière, sans ces choses impures qui empêchent d'apprécier ce qui compte vraiment. Il voit le lancer, et il est bien assez rapide pour y réagir... Ce qui aurait pu poser problème, c'est le changement de direction soudain. Mais puisqu'il voit le monde, Kyoya peut voir le Reishi qui se rassemble autour de la lame, avant même qu'il fasse effet. Il peut reconnaître la manipulation d'âme : une discipline qu'il ne maîtrise que peu, mais qu'il comprend.

Il avait entamé un mouvement pour opposer sa main à la lame. Mais alors qu'il voit la trajectoire changer, sa tête part en arrière pour esquiver, juste à temps pour que la lame laisse une grande fissure dans le masque, plutôt qu'un grand trou sous son menton. Dés lors Kyoya bouge, rapide : Il n'attends pas, il ne laisse pas l'assassin se reprendre, enchaîner. D'un mouvement trop vif pour être humain, il approche : pourtant, pas de Bringer Light, pas de d'énergie spirituelle – il ne doit sa vitesse qu'à l'anormale puissance de son corps.

Là, à portée, sa lame vise l'épaule droite. Vif, il assène une frappe puissante : si le Corbeau ne se défend pas, il risque son bras.

Là tout proche, Muzan pourra remarquer quelque chose : le masque est tombé. Il ne tenait plus qu'à un fil, et la vitesse du déplacement a suffit à le faire tomber. Deux morceaux de porcelaine au sol, tandis que le visage du King of Swords est à découvert.

Sa vitesse n'était pas humaine et les doutes de Muzan furent dissipés. Il avait à faire à un initié de son milieu. Quelles étaient les probabilités pour que cela arrive réellement ? Elles devaient être basses, forcément. Ce fut le maque qui prit le gros de l'attaque, évitant au Serpent de se faire transpercer. Les choses allaient clairement se compliquer désormais. Tuer un homme parce qu'il y avait un contrat sur sa tête, c'était une chose. Mais lui, il était différent. Mais ce fut le contre qui prit de court le Corbeau.

Aux aguets, Muzan perçut le mouvement. Mais pas du tout au ralenti, contrairement à ce que l'on pouvait voir dans les films. Détermination, puissance et précision. Il y avait de tout dans le mouvement qui lui arrivait dessus. Seulement s'il existait une faiblesse évidente chez lui, c'était précisément sa dextérité au corps à corps. Son adversaire du moment ne paraissait pas soumis à la même faiblesse que lui. Par réaction, ce fut la manipulation de l'âme qui prit le dessus. Une coque protectrice l'enveloppant, se servant des objets autour comme d'un récepteur.

La lame l'atteignit. Sans le transpercer. Seulement, c'était comme subir un coup de feu alors qu'on avait un gilet par balle. Le gilet arrêtait la balle mais pas l'impact. Ici, nous étions dans le même cas de figure. Le choc fit reculer Muzan de plusieurs pas, son dos frappant un des murs proche de lui, générant une douleur plus que désagréable.

Et alors qu'il levait les yeux, main agrippée sur sa canne, prêt à libérer son pouvoir sans lequel il n'était finalement rien face à un adversaire possédant les mêmes prédispositions que lui, il aperçut le visage de l'homme. Et retint son geste. Le masque était tombé. Et le visage d'un homme qu'il connaissait apparut. Il ne s'était jamais vraiment croisé. Mais un gardien de la ville se devait de connaître les visages des King et des Queen de l'organisation.

- King of Swords, Kurosawa Kyoya.

Il murmura le nom. Plus pour lui que pour l'autre. La mission était dès lors terminée, il le savait. Inutile d'aller plus loin. Non seulement il était un King réputé mais en plus sa puissance dépassait de loin la sienne. Il avait perdu avant même que le combat commence. Il poussa finalement un soupir, levant sa main gauche en signe d'abandon.

- Pardonnez moi, King. Je ne savais pas que celui que l'on nomme Hebi appartenait en réalité à notre branche et qu'il était si haut placé. Vous devez sans doute déjà le savoir mais je suis Koganei Muzan, Five of Clubs. Un contrat a été mit sur votre tête et je suis celui qui a été engagé pour régler le problème.

Il n'échouait jamais. Une première. Cela ne minait pas son moral plus que cela toutefois. Il allait simplement devoir trouver une raison.

- Que faisons-nous, maintenant ?

Vraie question. Il ne connaissait l'homme que de réputation. Mais ne savait pas ce qu'il ferait de cette situation toute particulière. Rien ne l'empêchait finalement d'essayer de le tuer.

- Bonne défense.

Une maîtrise plutôt solide de la manipulation des âmes : assez pour tenir un assaillant à distance sans utiliser son Fullbring... Tout le monde n'est pas capable de ce genre de prouesse – Mais le Corbeau n'est pas « tout le monde ».

Quelques mots, une main levée, et alors le Kurosawa reprend une posture plus décontractée. Le masque est levé, brisé, l'homme est reconnu, le grade aussi. Dés lors, ce début d'affrontement n'a plus lieu d'être : même dans l'éventualité où son identité n'avait pas été révélé, il aurait rapidement coupé court, l'objectif n'étant pas de s’entre tuer entre gens du même milieu.

- Il n'y a pas de mal. Un contrat est un contrat. Kyoya n'est pas homme à prendre les tentatives d'assassinat personnellement. Après tout, il Veut qu'on le cible lui, plutôt que le reste du clan. Lui, plutôt que sa lignée, ses gens. Alors il se pose en figure anonyme et indispensable au sein du clan : un homme utile, un homme masqué, une épine dans le pied. Quand les gens cherchent une pièce à effacer de l'échiquier du clan Kodama, ils finissent souvent par le trouver lui. - Ce ne sera pas le dernier.

D'autres viendront, et d'autres échoueront. À ceci prés qu'eux autres seront des mortels – il n'auront pas l'ombre d'une chance.

Le Corbeau pose la question qui importe vraiment. Alors, Kyoya réfléchit. Il considère le masque brisé au sol... Il considère ses propres affaires sur le feu. - Si nous n'avions pas d'intérêts communs en dehors du monde des Yakuza, la réponse serait vite trouvée. Un regard entendu. Muzan n'est sans doute pas dupe de ce qui attend les assassins en temps normal : Kyoya ne prend pas les atteintes à sa vie personnellement, certes, mais ça ne veut pas dire que s'essayer à lui arracher la vie est sans conséquences. - Mais puisque nous sommes entre gens qui voient...

Kyoya comprend les difficultés d'une vie en balance entre le monde criminel et le monde spirituel. Déjà, il a pu utiliser son influence dans le milieu pour faciliter les choses à Emiko, sa Ten of Swords. Marcher le monde des hommes lorsque l'on voit le monde des esprits, c'est une épreuve à part entière... Raison de plus pour s'entraider entre Clairvoyants.

- Je peux vous fournir un corps. Ou plutôt, une cible. Une pause, un regard. - Vous avez déjà un masque brisé. À ça, l'on ajoutera un cadavre qui porte mes vêtements, pour faire bonne mesure. Il donne son plan, puis il détaille. - J'ai quelqu'un dont je dois me débarrasser, sur le côté. Une gêne, mais heureusement, quelqu'un que les gens ne connaissent pas de visage. Débarrassez vous-en pour moi, et nous mettrons en scène la mort d'Hebi. Temporairement. Un fin sourire sur ses traits. - D'ici une semaine, Hebi réapparaîtra avec un nouveau masque. Il dévoilera que l'homme qui est mort ce soir était un Faux : un pantin derrière le masque. Un Sosie sans visage, dira-t-on.

Un bip sonore. Son café est prêt.

- Vous aurez rempli votre contrat. La cible est morte : la faute revient à votre informateur pour avoir désigné une fausse cible, pas à vous. Ainsi, la Réputation du Serpent et celle du Corbeau sont toutes deux préservées. Une oeillade. - Est-ce un arrangement qui pourrait vous convenir?

D'un pas lent, il se déplace pour aller récupérer sa tasse.

- Bien sûr, il faudrait alors agir vite. Le Faux doit mourir ce soir.

- En effet.

Un tel pragmatisme le faisait sourire, car cela faisait évidemment écho à ses propres pensées. Hebi était réputé dans le milieu et il avait certainement fait l'objet de multiples tentatives d'assassinats. Ce n'était pas la première et comme il le disait, certainement pas la dernière. Mais au vu de sa force, il comprenait pourquoi personne n'y était parvenu. Et aussi pourquoi on avait fait appel au Corbeau pour régler le problème.

Quant à la réponse suivante, elle avait autrement plus d'importance le concernant. Et maintenant ? Certes, Kyoya devait certainement mettre un point d'honneur à abattre ceux qui attentaient à sa vie. Seulement ici, quel intérêt ? Eux, ils voyaient. Eux, ils savaient. Eux, ils appartenaient à une organisation qui dépassait le cadre de la mafia à Tokyo. N'en déplaise aux grands pontes qui n'avaient pas conscience de la guerre invisible qui avait lieu au sein de leur propre ville.

Il y avait une chose importante aux yeux de Muzan. La réputation du Corbeau. Pas par égo, cela était trop dangereux d'en avoir dans sa profession. Mais plutôt par pragmatisme. Son travail était utile. Il en avait besoin. Un échec n'était pas envisageable sauf à servir d'autres intérêts. Et le King comprenait ce milieu. Il en faisait parti, sans doute depuis plus longtemps que lui d'ailleurs. Ainsi appréciait-il la proposition.

- Cet arrangement me semble tout à fait viable. Il n'est pas rare que les informations soient erronées. Je devais prendre la vie d'une personne ce soir. Que ce soit le véritable Hebi ou un autre, tant que cela sauve ma crédibilité, je n'y vois aucun inconvénients.

Parler de la mort d'un homme avec tant de légèreté lui ressemblait. Il n'avait aucun état d'âme, ce qui faisait de lui le tueur parfait. Alors que Kyoya approchait pour son café, il désigna la machine.

- Puis-je ?

Discuter autour d'un bon café, il n'y avait rien de mieux en réalité. En attendant, le Corbeau pesait le pour et le contre. Accepter lui paraissait le plus logique. Même si Hebi ressortait plus tard, cela servirait ses intérêts. Et il y avait autre chose, évidemment.

- Et puis j'ose supposer que cette mort temporaire va vous laisser les coudées franches pour agir dans l'ombre avec plus de facilité.

Agir ce soir. Oui, c'était des plus évidents. Et si pour préserver l'anonymat des informations reçu, il devait aussi se débarrasser du premier coursier, alors il agirait ainsi.

- Qui est ce malchanceux qui va servir de bouc émissaire et où puis-je le trouver ? Je ferai en sorte de régler cela dans les heures qui vont suivre.

Une telle assurance. Mais Hebi comme Corbeau savaient pourquoi.

- Heureux qu'on se comprenne.

Kyoya préfère les gens raisonnable. Non pas qu'il ne sache pas gérer les irrationnels et les abrutis, mais en affaires surtout, le temps est une ressource précieuse : entre personnes efficaces, c'est une vérité acquise qui encourage à ce que le temps de personne ne soit gaspillé. Ainsi, proposition lancée, réputations sauvées, termes acceptés. Ne reste qu'à définir les contours de cette petite affaire...

- Bien sûr.

Un hochement de tête, Kyoya laisse la machine aux bons soins de son invité, tout en même temps qu'il se déplace jusque vers un des fauteuils qui entourent la table basse au centre du salon. Installé, il écoute la suite... Il sourit.

- Vous supposez bien.

Le Corbeau n'est pas dupe : autant le Kurosawa propose-t-il un arrangement à l'amiable, et des termes somme toute raisonnable... Autant il entend bien tirer son épingle du jeu dans cette affaire. «Parait faible quand tu es fort, fort quand tu es faible », disait Sun Tzu. Ils sous-estimeront un clan Kodama supposément privé d'un de ses plus influents acteur... Alors qu'il n'en sera rien, qu'il sera toujours là dans l'ombre, à jouer le jeu du pouvoir.
Sa survie restera un secret même parmi ses collaborateurs, hormis l'Oyabun. Ce sera une occasion de peut-être déceler quelques pommes pourries.

- Quant à votre alibi de ce soir... La cible, l'épine dans son pied. - Il s'agit d'un hacker qui remue un peu trop la terre autour de mes intérêts. Une personnalité virtuelle, cachée derrière son anonymat... Mais pas assez bien cachée. Depuis sa poche intérieure, il sort stylo et calepins. Kyoya est le premier à user et abusers des avantages de cette ère technologique... Mais il n'oublie pas les bienfaits de la méthode traditionnelle. l'intraçabilité, par exemple. - Ce soir, son bouclier se retournera contre lui : c'est justement parce qu'il n'est personne que sa mort nous est utile.

Un homme sans visage, c'est exactement ce dont ils ont besoin.

- Il se fait appeler Daibā. Ce n'était pas facile, mais j'ai trouvé sa position. Il écrit, puis arrache la page. Il pluie, puis lance, pour faire glisser le morceau de papier de l'autre côté de la table. - Son adresse.

Un coin perdu dans le quartier populaire de San'ya, là où les plus démunis de la capitale se rassemblent et se ressemblent.

- Il a un arrangement avec un gang local pour assurer sa sécurité. Rien de bien intimidant, mais autant que vous sachiez à quoi vous attendre. Jusqu'ici, une affaire somme toute sans grande difficulté. - J'aimerais que sa mort ne soit pas trop rapidement révélée. Son visage est inconnu, mais sa réputation le précède. Je doute que quiconque puisse faire le rapprochement entre sa mort et la mienne si elles survenaient le même soir... Mais je suis un homme de précautions.

Son corps lui a donné sa longévité, mais elle n'aurait pas servi les desseins d'un homme sans prudence. Ne pas vieillir, ce n'est pas ne pas mourir... Un Kyoya sans sagesse aurait disparu maintenant depuis des siècles.

- Je doute qu'il agisse à son propre compte. Si vous me fournissez l'identité de son commanditaire, j'ajouterais un bonus. Au travers des mots, une évidence : il entend payer le Corbeau, quand bien même cette affaire est un arrangement à l'amiable. Des questions?

Dans le milieu qui était le leur, ce genre d'arrangement comportait toujours des bénéficies multiples. Ils y gagnaient tout deux. Mais il était amusant de voir à quel point Hebi avait pu retomber sur ses pattes. Serpent ou chat, la question se posait. Muzan s'était rapproché du centre du salon, prenant le temps de se poser comme il le fallait. Si en mission, il se devait d'être un roc, la discussion actuelle lui permettait de prendre ses aises. Sa canne posée contre le bras du fauteuil, il sentait les effluves de café qui se libéraient de la tasse, tout en écoutant attentivement l'homme face à lui.

L'information était une vraie ressource pour eux. Et visiblement, le King savait où chercher pour obtenir les éléments dont il avait besoin. Il n'était jamais évident de mettre la main sur ces fameux Hackers. Bien protégés, ils couvraient leur trace et ils étaient souvent suffisamment malins pour ne pas se mettre en danger inutilement. Celui-ci avait visiblement fait une erreur. En attirant l'attention de la mauvaise personne d'ailleurs.

Il notait. Et alors que le papier lui arrivait, le Corbeau l'attrapa et en lut l'inscription. L'adresse. Mémorisant celle-ci, ainsi que son nom, il plia le morceau de papier et exerça une simple pression spirituelle sur ce dernier. Doucement, il semblait se décomposer dans sa main, pour n'en laisser qu'un petit tas de poussières.

- Il se trouve que je connais les lieux.

Simple constat. Le quartier populaire de San'ya, où les moins nantis se regroupaient pour survivre ensemble, en quelque sorte. Un endroit dangereux. Pour qui ne connaissait pas. Mais le Koganei avait déjà travaillé dans ce coin. Et son réseau lui permettrait aisément de passer outre quelques difficultés passagères.

- Sa mort - enfin la vôtre - n'a d'intérêts que pour mon employeur. Que je lui rapporte la preuve à lui, sans que le corps ne soit réellement retrouvé de suite, cela ne posera aucun problème. D'autant que je n'ai pas pour habitude de laisser des corps bien en vue. Même les meilleurs peuvent laisser des traces, par lassitude, par fatigue. Autant qu'il n'en reste rien.

Il eut un léger sourire. La terre était son pouvoir. Et la terre se nourrissait de cadavre pour se développer. Il était amusant de constater que son pouvoir collait tant et si bien à ses activités "civiles". Il était en quelque sorte le jardinier du Crime. Et s'en amusait.

- Ses protecteurs ne seront pas un problème mais j'apprécie la mise en garde. Quant au commanditaire... Et bien, je verrais ce que je peux faire. Cette information pourrait même avoir de l'importance pour mon propre employeur, qui sait. L'information est parfois plus utile que l'argent. Même si les petits bonus sont appréciables.

Autant dire qu'il acceptait d'être rétribué pour cette mission annexe. Il n'avait rien à perdre pour le coup. Ce ne serait finalement guère plus difficile que ses précédentes missions. A cela près qu'il y avait une variable qui avait changé : simuler la mort de sa véritable victime pour tenter d'obtenir des informations dans l'ombre et permettre à un autre éveillé, un King par dessus le marché, d'utiliser l'information à sa guise. Hebi était un homme intelligent. Et très précautionneux.

- Une seule. Appelons cela de la curiosité professionnelle. Pour vous avoir vu bouger et éviter mes attaques, vous pourriez tout aussi bien vous rendre là-bas et le neutraliser vous-même. Sans que personne ne le sache. Et obtenir les réponses à vos questions, sans le moindre doute. Si je comprends l'idée de la mise en scène concernant mon propre employeur, je dois admettre ne pas saisir votre inaction concernant ce Hacker avant ?

Il était en droit de ne pas lui répondre, évidemment. Mais de professionnel à professionnel, avoir son avis sur la question l'intriguait. Lui même aurait déjà agi dans l'ombre pour neutraliser la menace et identifier ceux qui lui voulaient du mal. Et de ce qu'il avait cru percevoir, Hebi était d'un tout autre niveau que le sien.

Il n'avait aucun mal à l'admettre.

- Parfait.

Kyoya s'attendait à ce que ses demandes soient rencontrées sans trop de souci : le Corbeau est un professionnel, et le contrat ne représente finalement pas un terrible défi pour un homme de son calibre. Le genre de tâche qui aurait pu être confiée à quelqu'un de Normal, pourvu qu'il soit du métier.

Reste la curiosité du Clubs. L'ombre d'un sourire sur ses traits, Kyoya considère l'homme en face, le temps de quelques secondes... Puis, une gorgée à sa tasse, et il se lève pour revenir à sa position d'origine : debout devant la baie vitrée, le paysage d'une Tokyo nocturne en contrebas.

- Daibā a eu une opportunité. Il n'a la pas saisie. Quelques mots encore flous, tandis que les souvenirs lui reviennent. - Cette adresse n'est pas la première qu'on lui connaît. Avant ça, il était ailleurs. Dés qu'il a commencé à agir contre moi, mes hommes se sont chargés de refermer la faille de sécurité qu'il a exploité, et le localiser. Ce n'était pas facile - l'homme a un certain talent dans sa discipline... Mais l'information a finie par tomber.

Il raconte, mais n'en dit pas trop. Il donne une histoire, mais il ne donne pas d'information : en funambule sur un fil dangereux, pour ne pas se dévoiler trop aisément. Aujourd'hui ils trouvent un accord, mais qu'en est-il de demain ?

- Il a reçu un message. Une offre. Sa paie doublée, pour agir à mon compte, plutôt qu'à celui de mes opposants. Je n'ai jamais reçu de réponse. Il a disparu de la circulation, changé de planque, il s'est fait discret quelques temps. Un rire à voix basse. - J'ai pris ça pour un non.

En somme... Hebi a tendu la main, et l'autre lui a craché dans la paume. Alors naturellement le Serpent est obligé de sortir les crocs.

- L'information de sa nouvelle planque m'est arrivée récemment. Disons que... Le timing de notre rencontre de ce soir est une chance, par certains aspects. Depuis le haut de cette tour, il peut voir le quartier de San'ya, à l'horizon. Il fixe, une lueur dans le regard. - Si ça n'était pas vous dans quelques heures, ça aurait été deux berlines noires au pied de son appartement le lendemain soir.

En somme : Daibā était déjà un homme mort, et c'était déjà une histoire vouée à se régler dans les 24 prochaines heures.

- Je ne suis pas étranger aux secondes chances, pourvu qu'il y ait un intérêt... Mais jamais plus. Jamais trois. - Il était talentueux, donc il aurait pu avoir une place dans mes plans. Il a refusé, donc... Il aura toujours une place. Simplement, une place différente.

Une œillade par-dessus son épaule, pour aller chercher le regard de l'assassin. En un sens, un récit similaire à celui de ce soir, concernant leur rencontre.
En un sens, un récit qui en dit long sur comment les choses se seraient résolues, s'ils n'étaient pas tombés d'accord.

- Il devait être mon ticket vers l'information. Au lieu de ça, il sera mon ticket vers une démonstration de force.

Dans son regard, une malice féroce, dangereuse. Il n'en dit pas plus, ses traits suffisent à se faire une idée de l'ampleur. Bientôt, Hebi sera déclaré mort, et alors les rats se dévoileront. Puis, quand le Serpent renaîtra de son ancienne peau, alors il saura.

Alors les têtes tomberont.

Il écoutait, patiemment. Il n'avait pas eu la garantie d'avoir une réponse mais le King était un homme intelligent, pragmatique. Sans doute pesait-il le pour et le contre de ce qu'il disait, nuançant forcément les propos. Jetant un voile sur ce qui ne méritait pas d'être dit. Le strict nécessaire finalement mais le Corbeau n'avait guère besoin de plus. Sa curiosité était satisfaite. Il en comprenait les grandes lignes.

On ne tournait pas le dos au Serpent. Sans quoi...

Reposant la tasse sur la petite table, il se redressa et s'avança doucement vers la baie vitrée lui aussi. Le bruit de sa canne s'élevant doucement au rythme lent de ses pas. L'homme était important. Il connaissait sa position et savait prendre des décisions rapidement, sans pour autant dévier des plans qui étaient les siens. Ici, finalement, l'occasion était juste trop belle d'agir sans se salir les mains lui même. Lui donnant certainement la possibilité de lancer un message fort.

- Il est parfois nécessaire de remettre les choses à leur place pour éviter les malentendus de ce genre. C'est une chose que je comprends. Et bien, je crois que nous nous sommes tout dit. Considérez dès à présent que votre problème est résolu. Nous nous reverrons en temps voulu pour cette notion de bonus, lorsque je serai parvenu à le faire parler.

Lentement, il se détourna de la baie vitrée et commença à s'éloigner. Seulement pas un bruit. Pas même la canne sur le sol. Si le King se retournait maintenant, il ne verrait plus de trace de l'homme avec qui il venait d'échanger. Ni du couteau qui avait tracé ce sillon dans le mur.

Le Corbeau s'était envolé.

Fin du rp