Instable anomalie [Intervention #2]

La visite du groupuscule au Hueco Mundo avait pour but de récolter des informations sur la Grande Cataracte. La Queen of Clubs avait elle-même monté l’équipe suite à ses inquiétudes sur la sécurité de ses agents sur place. Et pour le moment elle ne doute pas de l’intérêt ni de la motivation de ses compagnons de voyage. Voilà quelques jours, déjà que l’équipe de l’Ultima Necat était arrivée pour y mener ses expériences et mesures. Les membres scientifiques sous la direction de la Jack semblaient avoir assez bien progressé. Recca était restée à l’écart, ne comprenant de toute façon pas grand-chose à tous ces appareils et les données brutes récupérées. De son côté, elle a géré le visiteur représentant de l’Acuerdo et a pu profiter d’un peu de temps libre pour aller poser quelques questions aux autochtones quand elle n’était tout simplement pas à surveiller les alentours.

La rouquine s’approche de l’endroit où les capteurs ont été installés et où elle est certaine de trouver la Jack qu’elle a laissée en compagnie de Connor. Il y a un lien entre eux qu’elle n’a pas eu le temps encore d’approfondir, mais elle a remarqué qu’ils se connaissaient. Au moins, elle comprend mieux l’inquiétude de la bonde lorsqu’elle a compris l’identité du Two. Mais soit, ainsi en le laissant près d’elle, elle peut être rassurée de l’avoir toujours à l’œil quand ce n’est pas Recca elle-même qui le garde à ses côtés.

- Quelqu’un a vu Diamond récemment ?

L’inquiétude du jour, parce que oui elle se pose la question, persuadée qu’il s’est fait la malle, prit d’un besoin irrépressible d’exploration. Bien qu’elle comprenne, s’il lui arrive quelque chose, que l’on ne vienne pas le lui reprocher. Elle a bien fait comprendre à tout le monde que s’éloigner était dangereux. À partir de là… C’est un grand garçon, il doit assumer.

Mais cela n’est pas la raison principale de sa venue. Son regard se pose un instant sur l’adolescent afin de jauger son humeur, est qu’il pétille toujours autant ou bien est ce qu’il commence à s’ennuyer. Regarder des scientifiques à l’œuvre ça ne doit pas être passionnant pour tout le monde.

- ça va, tout se passe bien pour toi ?

Puis elle s’adresse à Hanae, cheffe des Cups ici-bas.

- Où en êtes-vous ? Avez-vous eu des résultats ?

Après t’être aventurée avec Miyu près du phénomène pour vous permettre à toutes les deux d’installer des capteurs tout en faisant quelques autres tests qui demandaient une présence physique, tu es retournée à vos installations, cherchant à tout mettre en place pour ainsi vous assurer de recevoir les informations que vous êtes venus récolter ici. C’est donc assise, tablette à la main, ton regard fixé sur une application que tu as ouverte, que tu t’occupes à instaurer le réseau entre les capteurs et l’appareil.

Tu veux pouvoir faire des observations en continu.
Des analyses sur le long terme.

Et c’est donc ce que te permet de faire ces capteurs sur lesquels tu as travaillé et qui sont désormais disposés autour de la Grande Cataracte. Ou presque. Vous n’en aviez pas encore fait le tour, Miyu et toi, évoquant cependant la pertinence de prendre les mesures pour ainsi la modéliser en trois dimensions et vous permettre une toute autre compréhension du phénomène. Mais ça, ça demanderait sans doute d’autres préparations et un autre voyage ici, au Hueco Mundo. Alors pour le moment, tu ne peux qu’observer les données que tu reçois, pour l’instant toutes assez stables, ou presque.

Les sourcils froncés, tu vois qu’il y a des données qui diffèrent, varient un peu trop par rapport à d’autres et, tentant d’isoler l’endroit, tu te lèves de ta position, toujours la tablette à la main. - Connor. Croisant la route du jeune adolescent. - Tu veux bien me suivre ? Tu préfères ne pas y aller seule et, Mickael et Miyu n’étaient pas dans les environs, c’était là la seule personne apte à t’accompagner. Et si tu n’aimes pas l’idée de l’approcher du danger, tu n’es pas contre celle de le garder à l’oeil.

Il vous faut donc quelques temps de marche avant d’arriver au capteur en question, celui qui a observé une certaine instabilité ? T’es même pas certaine de comment est-ce que tu dois prendre ça. D’abord qu’avec Connor, à qui tu as demandé de monter la garde, c’est la voix de Recca que tu entends finalement. - Non. Il m’a dit vouloir explorer, alors je lui ai demandé de placer plus de capteurs en chemin. Ce qu’il avait fait.

- Pour le moment, tous nos capteurs sont installés. Enfin, ceux de Miyu et moi, j’attends la confirmation de Mickael. On a pu mesurer, dans une certaine mesure, la distance qui sépare l’extrémité de la Grande Cataracte et là où l’énergie s’efface. Donnant ainsi un petit compte rendu à la Queen quant à ce que tu as pu faire depuis votre arrivée ici. - Et si je pensais qu’il allait nous falloir du temps et de longues observations pour voir quelque chose… Sache que ce capteur-ci. Tu désignes d’un geste de la main l’appareil, tenant dans ton autre main ta tablette. - A perçu un… Changement ? Les valeurs ont changé très rapidement, et encore en ce moment ne restent pas très fixes.

Et ça, tu n’es pas certaine de ce que ça veut dire.

Parti explorer, c’est bien ce qu’elle pensait. Et bien, espérons pour lui que tout se passe bien et qu’il revienne en un seul morceau. La Queen n’a eu l’occasion de le croiser qu’une fois mais c’est assez pour imaginer qu’on pourrait difficilement le faire tenir en place ou même lui proposer un accompagnateur. Il n’aimerait pas être trop materné.

Hanae commence ses explications et désigne un des capteurs proches d’elles. La rouquine s’accroupit et observe ce dernier avec attention. Évidemment, elle ne ressent rien, mais ces petites choses sont capables de percevoir bien plus. Si la Jack peut suivre avec détails les données reçues de ces dispositifs, Recca, quant à elle, peut en juger sans avoir à lui emprunter sa tablette en observant la led dont l’intensité varie en fonction des fluctuations d’énergie. Durant un court instant elle observe jusqu’à en retenir la séquence qui semble se répéter inlassablement.

- Je vois ça effectivement, c’est bizarre. Mais regarde, on dirait que les variations d’énergie sont régulières, le schéma se répète.

Elle garde pour elle la comparaison qu’elle pourrait faire à des battements de cœur parce que ce serait flippant de s’imaginer que ce truc pourrait être vivant d’une certaine manière. La rouquine quitte le capteur du regard et cherche des yeux un autre un peu plus loin. S’attardant sur la lumière qu’il émet, elle constate le même phénomène.

- Tiens regarde celui-là aussi clignote. Il faudrait s’approcher, mais je pense que tous ceux que vous avez installés au plus proche de la Cataracte doivent indiquer la même chose.

Ils ont peut-être eu un peu de mal à se mettre en route, raison pour laquelle ils commencent à peine à repérer les pulsations. Après tout elle ne leur avait donné que trop peu de temps pour les fabriquer, cela pouvait expliquer qu’ils soient longs à la détente si c’est la première fois qu’on les initie et qu’il n’y a pas eu de test avant. Enfin bon, simple supposition, elle ne s’y connaît pas après tout même si elle a fait son maximum ces dernières semaines pour potasser des bouquins afin de ne pas paraître complètement à la ramasse, ce n’est pas en quelques jours que l’on devient un génie, loin de là. Quoi qu’il en soit. L’unique capteur ayant perçu l’activité du phénomène semblait ne plus être le seul désormais et Recca serait prête à parier que tous, ou au moins ceux aussi proche que lui, devaient donner le même résultat à présent.

- J’aimerais voir cela de plus près. Il n’y a pas eu de réaction lorsque vous les avez posés ? Je me demande si elle réagirait si on attendait un peu plus longtemps.

Loin d’oublier son Two, elle s’adresse à lui ensuite.

- Rien à l’horizon ça va ? Tant mieux si les Hollow nous laissent tranquilles aujourd’hui.

Approcher ne lui dit rien qui vaille, elle a encore en mémoire son King disparu dans ce flou. Pas de raison qu’elle joue les casse-cou à son tour, mais elle peut au moins aller jusqu’au capteur le plus proche.

- Vous restez là ? Je vais voir en tout cas.

Et elle ira.

Tes yeux quittent difficilement la tablette que tu tiens, jaugeant ainsi les variations qui, effectivement, t’apparaissent régulières. Tu vois les valeurs monter, puis redescendre, et ça ne concerne pas que le capteur qui se trouve à vos pieds. Tu hoches de la tête aux paroles de la Queen, approuvant ce qu’elle te dit, tout en portant un regard prudent autour de vous.

- Ils sont plusieurs, oui. Tu tournes alors la tablette en direction de Recca qu’elle puisse voir les nombreux chiffres changer encore et encore, sur ce rythme qui ne semble pas varier. Tu essaies d’en comprendre quelque chose, sans pour autant savoir ce que c’est supposé représenter. - Il ne s’est rien passé de notable lorsqu’on a installé les capteurs. Jusqu’à il y a quelques instants, tout était parfaitement stable. Était-ce une erreur de ta part ? La programmation de tes capteurs ? Tu ne penses pas, pas tant faute d’une confiance mal placée que parce que, et bien, ils ont quand même enregistré quelque chose, avant maintenant.

À quoi donc était-ce dû ?
Est-ce votre présence qui a perturbé l’environnement ?

Tu fronces des sourcils, incertaine vis-à-vis de l’actuelle situation et semblant en profonde réflexion. - Attends. Que tu demandes à Recca avant qu’elle ne s’avance trop loin. - J’ai testé pour savoir jusqu’où on peut s’avancer, or, je ne suis pas certaine de si c’est une donnée constante. Et tu préfères éviter qu’il lui arrive quelque chose et qu’elle connaisse le sort de son prédécesseur.

Tu glisses donc ton sac de ton épaule jusqu’à ta main avant d’en sortir un petit drôle. Tu l’actives avant de tendre les contrôles à Recca, avec au centre de la télécommande un petit écran relié à la caméra du drône. - Fais-le voler à une dizaine de mètres de toi. Le dernier que j’ai envoyé a simplement disparu. L’expérience que tu as fait la veille.

- Donc, si tu perds la connexion, c’est que tu vas trop loin et qu’il faut rebrousser chemin.
Tu préfères sacrifier le drône plutôt qu’elle.

Bonne idée ce petit drone. D’un humble hochement de tête, la Lunaire remercie la Jack et prend la télécommande qui va avec. Comme elle s’y attendait de son Two, ce dernier trépigne d’impatience. Ce n’est pas drôle de faire le guet, ça, elle peut le concevoir, après tout, elle a été à sa place. Il y a peu encore elle avait été envoyée ici durant tout un mois. C’est fou ce que les jours peuvent paraître long lorsqu’ils se ressemblent tous et que l’on a pour seule compagnie nos pensées la majorité du temps. La Queen pose sur lui un regard bienveillant. Elle n’est probablement pas aussi maternelle que la Cups, mais elle n’est pas moins protectrice des siens.

- Ton devoir, c’est de la protéger.

Et le sien de les protéger tous. Un non à peine déguisé, mais qu’elle est certaine qu’Hanae approuverait. Le pauvre, il n’est pas rendu avec ces deux-là. Mais puisque la scientifique restait à distance, elle n’allait pas la laisser seule.

- Il n’y a pas grand-chose à voir, tu sais, ce n’est que du flou et je ne vais pas si loin.

Quelques mots de réconfort, mais si elle n’est pas très douée et qu’ils ne feront pas beaucoup d’effet. C’est comme chercher à éteindre un incendie avec une pelle et la terre à disposition, seul. Mais peut-être se montre-t-elle trop pessimiste ? Les missions ne sont pas toujours fun, il n’y a pas toujours d’action, c’est comme ça. Peut-être se serait-il davantage amusé sur terre, qui sait.

Alors elle pilote le petit drone, avançant pas à pas. Arriver jusqu’à la balise la plus proche du phénomène n’est pas trop difficile. C’est là qu’elle s’arrête, car plus loin, elle le sent, et le voit surtout, cet aspirateur de matière grignoter l’appareil qui perd son équilibre, tombe au sol et disparaît complètement en l’espace de quelques secondes. Le but était de venir voir la LED du dernier capteur, mais elle n’a même pas le temps de baisser les yeux.

- Je les sens.

C’est à la fois spectaculaire et terrifiant, ces vagues qui pulsent lentement et la font frissonner. D’autres paniqueraient, partiraient en courant guidé par l’instinct de survie. D’autres encore seraient pétrifiés de peur. Pour sa part, c’est son sang-froid et l’adrénaline qui ont pris le dessus. Se tournant à demi vers les autres, elle parle fort pour se faire entendre.

- Là, je perçois les pulsations ! Vous les sentez vous aussi d’où vous êtes ? J’ai l’impression que la Cataracte réagit à notre présence et à l’activité que vous avez pu avoir près d’elle. Comme si elle se réveilait.

Le combat principalement. En-tout-cas, elle ne voit pas d’autres raisons dans l’immédiat. Peut-être qu’Hanae aura une meilleure hypothèse. Et maintenant, elle doit faire quoi ? Si la chose s’est activée, qui sait quelle réaction pourra-t-elle avoir. Cette expédition, était-elle une erreur finalement ? Ont-ils provoqué plus de mal que de bien ? Elle doit en avoir le cœur net, ne bouge donc pas de là où elle est, observant davantage. Toutefois, elle n’est pas téméraire, n’a pas envie de mourir aujourd’hui, car pour une fois, elle a quelqu’un qui l’attend. Un nouvel aspect dans sa vie qui lui fait chaud au cœur. Elle est la Queen of Clubs n’est ce pas ? Alors il est temps de le montrer. Par la force de sa volonté, elle manipule l’âme de l’air pour solidifier cette dernière en une grande barrière transparente placée entre elle et le phénomène. Assez grande pour la couvrir non seulement elle, mais les deux autres restés en arrière également. Une sécurité qu’elle n’hésitera pas à redéployer aussitôt détruite, autant de fois qu’il le faudrait pour laisser le temps à ses protégés de prendre la fuite.

En lui donnant ainsi la télécommande du drône, tu permets ainsi de s’assurer qu’elle ne s’aventure pas trop loin. Car s’il y a des indices visuels, ne serait-ce que par ce brouillard qui se dressait devant vous, vision perturbée jusqu’à en devenir aveugle, votre inexpérience dans les environs rend difficile de savoir jusqu’où est-ce que vous pouviez aller. Il t’apparaît donc comme une bonne idée de vous assister de ce que tu as amené jusqu’ici, n’ayant aucun problème à sacrifier ces outils, et ce, peu importe le temps que tu avais passé à les créer.

Tu pourrais toujours en refaire d’autres.
Contrairement à si Recca était celle à s’aventurer trop loin.

- Je reste ici aussi. Que tu dis à Connor tandis que la Queen s’avance et que tu surveilles sa progression. Tout comme tu surveilles tes capteurs qui continuent d’afficher ces changements réguliers, fluctuations que tu as cru anormales, au début, mais qu’actuellement te semblent presque… Maîtrisées ? Presque par réflexe, le rythme de ta respiration en vient à suivre celui de ces pulsations, et ça ne fait que soulever plus de questions encore dans ton esprit. S’était-il passé quelque chose ? Était-ce la faute de votre affrontement, à Miyu et à toi ? Est-ce que nourrir le phénomène d’autant d’énergie spirituelle avait apporté un changement qui ne se déclenchait que maintenant ?

Un frisson parcourt ta peau de façon assez désagréable tandis que tu vois Recca s’arrêter puis se retourner vers vous. Tu l’entends, les idées filant dans ton esprit à vive allure. Il y a un mot qu’elle a employé qui s’accroche à ton esprit et y tourne en boucle. Pulsations. C’est ça, le sentiment que tu as eu, ce frisson désagréable. Tu as l’impression qu’il y a quelque chose dans votre dos. Un souffle presque menaçant d’une créature qu’il n’est pas possible de voir. - Recca, recule ! Ta voix plus forte. - Je pense pas que c’est une bonne idée d’utiliser notre énergie spirituelle ici !

Au cas où c’était réellement ça, le problème.

- Le rythme. Que tu dis, les sourcils légèrement froncés, avant de regarder tout autour de vous. - Serizawa a émis la théorie que la Grande Cataracte puisse se déplacer. On n’a absolument rien pour confirmer ça encore mais c’est quelque chose qu’elle voulait observer. Une étude qui pouvait s’avérer intéressante, et ce, même si finalement il s’avérait qu’elle était statique. Ne serait-ce que pour mieux comprendre le phénomène.

Or, à l’heure actuelle, tu as personnellement une autre théorie.
Et si c’était vivant ?

Le jeune Connor ne croit pas si bien dire. Le pire pour aujourd’hui, est à venir. Hanae demande à la Queen de reculer, mais elle persiste, pas longtemps cependant car une puissante vague d’énergie vient la balayer, détruisant son Kekkai au passage. Projetée dans les airs, elle retombe lourdement quelques mètres plus loin. Même en essayant d’être préventive, elle n’a pas pu prévenir tout ça. Le souffle coupé, elle met un peu de temps avant de pouvoir se redresser. La douleur se ressent dans tout son corps et elle se sent drastiquement affaiblie.

Mais l’heure n’est pas à l’apitoiement. Sa première pensée est pour ses camarades. Comment vont-ils ? Ses yeux ambrés les cherchent et lorsqu’elle les trouve, elle jauge de leur état.

- ça va ?

Les sens toujours en alerte, elle se tourne vers la Grande Cataracte, constate que les pulsations ont cessées. C’est au moins ça, se dit-elle. Si elles préviennent l’arrivée d’un tel phénomène destructeur, alors ça veut dire que dans l’immédiat, ils ne risquent plus rien et qu’à l’avenir, ils pourront anticiper une prochaine déflagration. Par contre, les capteurs n’ont pas l’air d’avoir survécu de ce qu’elle peut en voir. Hanae devrait confirmer cela.

Tournant la tête vers les installations, elle grimace. Les dégâts sont visibles. Pour l’heure, elle ne se rend pas compte de ce qu’ils impliquent dans la poursuite de l’exploitation de Reishi. Son cerveau bouillonne de pensées alors qu’elle reste là, allongée, seulement appuyée sur ses coudes. Le boucan que ça a fait a dû alerter bien plus que ses agents et la prochaine visite des autochtones risque de ne pas être très amicale.

- Et merde.

Elle devrait se relever, organiser la suite, tout préparer. Préparer l’accueil à venir, ou plutôt la défense si son intuition est juste. Pourtant elle se rallonge, pose sa tête sur le sol et observe la lune du monde creux. Avant que ce ne soit le branle-bas de combat, elle s’octroie un peu de paix et en profite pour écouter ce que ses camarades pourraient avoir à dire. Les inquiétudes et les théories d’Hanae, puis la frayeur de son Two certainement. Elle aimerait qu’il retourne sur Terre, le savoir en sécurité là-bas. Là-bas… Ce n’est pas tout de suite qu’elle y retournera. Son cœur saigne à cette pensée parce qu’« il » lui manque et qu’en cet instant la seule chose qu’elle voudrait, c’est d’être à « ses » côtés. Son king… Que pensera-t-il lorsqu’il recevra le rapport détaillé qu’elle et la Jack devront rédiger à l’adresse de toutes les « têtes » de l’organisation ?

Des battements de coeur répétés. Comme si ce phénomène devenait quelqu’un. Une entité propre plutôt qu’un amas d’énergie. Ou l’absence d’énergie ? Tu ne saurais dire. Tu sais juste que le sentiment est étrange, particulier. Comme si le phénomène avait pris vie.

Un mauvais pressentiment, que dit Connor.
Il ne saurait pas si bien dire.

Car l’instant suivant, voilà qu’une déflagration vous propulse vers l’arrière. - Recca ! Inquiète pour celle qui se trouvait tout à l’avant du groupe et qui a sûrement été la plus touchée dans ce qui vient de vous balayer pour vous envoyer valser plus loin. Tu t’écrases douloureusement au sol, presque tentée de fermer les yeux pour te reposer quelques instants, avant de te dire que ce n’est ni l’endroit, ni le moment. Alors tu te contentes de répondre, non sans un grognement de douleur. - Ça va. Plus épuisée, ne t’étant pas vraiment remise de tes différents tests en compagnie de Miyu et soudainement beaucoup plus épuisée.

Tu tentes de te relever, la chose difficile, mais capable tout de même de te remettre sur tes jambes. Laissant à la Queen la tâche de s’inquiéter de son Two, pour ta part, ton attention est immédiatement portée sur les appareils qui, de toute évidence, ont été détruits. - Bordel de merde. Tu te montres rarement vulgaire, toutefois, tu te dis que la situation s’y prête. - Plus rien ne fonctionne. Du moins, tu ne reçois plus aucun signal.

Voilà des heures perdues, des jours même, tout ce que vous avez installé, Miyu et toi, désormais hors service. Tout le temps passé dans ton laboratoire avant votre départ vient de se volatiliser. - Jusqu’à confirmation, je suggère fortement qu’aucune utilisation d’énergie spirituelle ne soit fait dans les environs de la Grande Cataracte. C’est ta première théorie qu’il te faudra rapidement vérifier.

Que votre présence, en plus de l’affrontement entre ta Six et toi-même, ait contribué à ce qu’il vient de se passer.

Et tu préfères être prudente.

Le matériel est HS. Ceux qui n’ont pas été engloutis par l’agrandissement du phénomène en tout cas. Le juron lâché par sa comparse ne fait pas lever le moindre sourcil à la rouquine. Même si c’est étonnant de sa part, elle a déjà entendu pire, cela ne peut pas la choquer. Et puis c’est normal. Qui ne péterait pas un plomb après avoir vu des heures et des heures de travail réduites à néant ? Beaucoup de questions vont se poser, mais il y a des choses plus urgentes à gérer. C’est pour ce genre de cas de figure que les protocoles existent.

La Queen opine. Ne plus faire usage d’énergie spirituelle, c’est OK. « ça roule. » Un équivalent moins joli qu’un simple : pas d’objection, ou autre.

Two reste silencieux. Peut-être est-il trop blessé. Peut être a-t-il été assommé dans sa chute ou bien n’y a t’il là que le choc qui lui coupe toute capacité à réagir. Quoi qu’il en soit, sa cheffe se lève, puisant dans ses dernières forces pour venir à son aide. Il faut déguerpir de là sans tarder. Son état l’inquiète grandement, au point qu’elle se demande si la Jack n’avait pas raison, si venir ici n’avait pas été une mauvaise idée en ce qui concerne l’adolescent. Pourtant à l’entraînement il était parvenu à encaisser les ondes de choc un peu similaires qu’elle lui avait balancées. Mais là, ce n’est pas l’entraînement, c’est la réalité, alors forcément, cela doit avoir une saveur différente. On ne s’y attend pas. L’effet de surprise joue pour beaucoup. D’autant plus que la Grande Cataracte n’avait jamais eu ce genre de comportement auparavant.

L’adolescent est soulevé, porté à demi sur son épaule et emporté tant bien que mal jusqu’aux restes des installations. Pourvu qu’il n’y ait pas de blessés, ou du moins, que ça ne soit pas trop grave. Il faut que l’on puisse s’en remettre, c’est une nécessité.